Cali
La jeune femme blêmit. Non pour les menaces, car elle avait pris ce risque depuis longtemps déjà, mais en entendant le choix fait par Judas.
Sa voix était ténue quand elle lui répondit:
- Vous... vous n'avez aucune idée de ce que vous me demandez de faire... ni ce que ça me coûte.
Abattue était sûrement le mot qui convenait le mieux à son état quand elle se rendit près de l' âtre , au dessus de la marmite d'eau bouillante apportée par le serviteur, et dont elle enleva lentement chaque instrument de chirurgie à l'aide d'une longue pince..
Son maître, son mentor lui avait enseigné cette règle d'hygiène. Ou était-il ce vieux fou à présent? Celui que l'on surnommait maintenant " Le Boucher" ou " le bouffeur de chat".
Il se produisit alors un événement qui passa inaperçu, sauf pour Cali. Alors qu'elle essuyait ses mains sur son tablier, elle sentit un objet dans la poche de ses braies.
Tâtonnant, sa main trouva sous ses doigts l'arrondi lisse d'un petit caillou.
La jeune femme sourit aussitôt pour elle même. Son adorable compagnon avait eu cette idée un jour qui aurait pu passer pour anodine, de lui glisser un petit caillou dans ses poches, quand elle avait un accès de mélancolie ou lorsqu'ils étaient séparés. Ou tout simplement pour lui faire savoir qu'il pensait à elle.
Trouver ce petit caillou oublié au fond de sa poche eut un effet saisissant, lui redonnant la force d'accomplir la tâche ingrate imposée par le blessé.
- Bien... Il sera fait selon votre désir. Vous avez parlé de reconnaissance?
Cali eut un triste petit sourire.
- Vous me maudirez bien avant de ressentir une quelconque reconnaissance.
Malgré qu'il eut recraché la moitié de la potion anti-douleur, la médicastre lui en prépara une seconde dans un godet, ajoutant une dose de teinture d'Opium.
- Je vous conseille fortement de prendre cette médication. Je vous promets que vous ne dormirez pas. Vous ressentirez moins la douleur.
Puis elle se défit de sa ceinture de cuir qu'elle posa à côté du godet.
- Et mordez la dedans quand la douleur sera insupportable . Même avec le Laudanum... elle le sera à un moment donné.
Les mâchoires contractées, le visage emprunt de détermination et de concentration, la jeune femme ne dit plus mot, attelée à la tâche de sa charge.
Elle ôta le pansement désinfectant. Renonçant aux écarteurs, malgré l'étroitesse de la plaie, elle introduit lentement une pince dont elle dut jouer un peu à travers la plaie pour atteindre le bout de fer figé dans l'épaule.
Son appréhension était que le fer se soit fiché dans l'os, ou qu'elle sectionne une artère, contrariée aussi par la contrainte de judas de lui imposer ce travail dans de telles conditions.
La main plaquée sur l'épaule du blessé pour empêcher les mouvements involontaires, lentement elle tira le bout de fer coincé entre les deux bouts de sa pince, sourde à tout cri ou juron que Judas pourrait proférer.
La jeune femme souffla doucement, satisfaite de ne pas avoir provoqué d' hémorragie en extrayant la pointe d'une lame d'un poignard.
Sans attendre, tant que la plaie était encore une peu béante, elle sema de la poudre cicatrisante qui commencera à faire son effet avant qu'elle ne le recouse.
Consciencieusement, les doigts fins s'activèrent comme des petites abeilles pour enfiler un mince fil de lin huilé dans le chas d'une aiguille courbée, brodant dans la chair ensuite ce qui deviendrait avec le temps la légère trace d'un mauvais souvenir.
Ce n'est qu'à ce moment là que Cali leva les yeux vers Judas. Puis elle épongea avec douceur le front en sueur du blessé à l'aide d'un linge humidifié.
- Fini... ça va ? Il ne reste plus qu'à panser votre blessure. Le plus gros est passé.
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Sa voix était ténue quand elle lui répondit:
- Vous... vous n'avez aucune idée de ce que vous me demandez de faire... ni ce que ça me coûte.
Abattue était sûrement le mot qui convenait le mieux à son état quand elle se rendit près de l' âtre , au dessus de la marmite d'eau bouillante apportée par le serviteur, et dont elle enleva lentement chaque instrument de chirurgie à l'aide d'une longue pince..
Son maître, son mentor lui avait enseigné cette règle d'hygiène. Ou était-il ce vieux fou à présent? Celui que l'on surnommait maintenant " Le Boucher" ou " le bouffeur de chat".
Il se produisit alors un événement qui passa inaperçu, sauf pour Cali. Alors qu'elle essuyait ses mains sur son tablier, elle sentit un objet dans la poche de ses braies.
Tâtonnant, sa main trouva sous ses doigts l'arrondi lisse d'un petit caillou.
La jeune femme sourit aussitôt pour elle même. Son adorable compagnon avait eu cette idée un jour qui aurait pu passer pour anodine, de lui glisser un petit caillou dans ses poches, quand elle avait un accès de mélancolie ou lorsqu'ils étaient séparés. Ou tout simplement pour lui faire savoir qu'il pensait à elle.
Trouver ce petit caillou oublié au fond de sa poche eut un effet saisissant, lui redonnant la force d'accomplir la tâche ingrate imposée par le blessé.
- Bien... Il sera fait selon votre désir. Vous avez parlé de reconnaissance?
Cali eut un triste petit sourire.
- Vous me maudirez bien avant de ressentir une quelconque reconnaissance.
Malgré qu'il eut recraché la moitié de la potion anti-douleur, la médicastre lui en prépara une seconde dans un godet, ajoutant une dose de teinture d'Opium.
- Je vous conseille fortement de prendre cette médication. Je vous promets que vous ne dormirez pas. Vous ressentirez moins la douleur.
Puis elle se défit de sa ceinture de cuir qu'elle posa à côté du godet.
- Et mordez la dedans quand la douleur sera insupportable . Même avec le Laudanum... elle le sera à un moment donné.
Les mâchoires contractées, le visage emprunt de détermination et de concentration, la jeune femme ne dit plus mot, attelée à la tâche de sa charge.
Elle ôta le pansement désinfectant. Renonçant aux écarteurs, malgré l'étroitesse de la plaie, elle introduit lentement une pince dont elle dut jouer un peu à travers la plaie pour atteindre le bout de fer figé dans l'épaule.
Son appréhension était que le fer se soit fiché dans l'os, ou qu'elle sectionne une artère, contrariée aussi par la contrainte de judas de lui imposer ce travail dans de telles conditions.
La main plaquée sur l'épaule du blessé pour empêcher les mouvements involontaires, lentement elle tira le bout de fer coincé entre les deux bouts de sa pince, sourde à tout cri ou juron que Judas pourrait proférer.
La jeune femme souffla doucement, satisfaite de ne pas avoir provoqué d' hémorragie en extrayant la pointe d'une lame d'un poignard.
Sans attendre, tant que la plaie était encore une peu béante, elle sema de la poudre cicatrisante qui commencera à faire son effet avant qu'elle ne le recouse.
Consciencieusement, les doigts fins s'activèrent comme des petites abeilles pour enfiler un mince fil de lin huilé dans le chas d'une aiguille courbée, brodant dans la chair ensuite ce qui deviendrait avec le temps la légère trace d'un mauvais souvenir.
Ce n'est qu'à ce moment là que Cali leva les yeux vers Judas. Puis elle épongea avec douceur le front en sueur du blessé à l'aide d'un linge humidifié.
- Fini... ça va ? Il ne reste plus qu'à panser votre blessure. Le plus gros est passé.
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Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo