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[RP] J'ai deux mots à te dire.

Moran
[Nevers, fin de soirée. Une auberge.]


Une nouvelle fois, elle s'était mal comportée.

Le grand brun ne pouvait la laisser blasphémer de la sorte. Elle devait rejoindre le droit chemin. Par sa faute, elle s'en était détournée il y a de cela bien des années à présent. Il était doublement de son devoir, en tant que frère, de redresser les torts de sa sœur.
Et ce, par tous les moyens qui soient. Après tout, le salut de la cadette en dépendait, et - presque - rien n'avait davantage de valeur à ses yeux.

Ce soir-là ils étaient rentrés ensemble, après des instants en taverne agités. Il ouvrit la porte de leur chambre sans frapper, la rouquine ayant rejoint la pièce quelques instants plus tôt. Parfois, lorsque le boiteux n'occupait pas ses nuits avec d'autres, il lui arrivait de dormir avec elle. Si ces deux-là n'étaient pas proches..



Hermana*, il faut que l'on parle. J'ai deux mots à te dire.


Le ton était volontairement autoritaire. Elle n'y échapperait pas. Il fallait savoir être dur parfois, même avec ceux auxquels on tient le plus.

Pour leur Bien, évidemment.


*Sœur
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Shirine
Shirine s'ennuyait à mourir à Nevers. Loin de Genève, où elle connaissait tout le monde, obligée d'être sage, de ne pas toucher, ni même aguicher les hommes... Et désormais sans Rosalinde ni Iris, depuis que Moran s'était fâché avec la première et s'était fait remercier par Judas.
Il ne lui restait décidément plus que son géant de frère et, par frustration, elle était devenue impatiente. L'air de rien, elle avait essayé de diriger leurs pas vers la cité Réformée, sans succès. Elle en était devenue terriblement aigrie et sortait les griffes à chaque femme qui s'approchait de Moran, craignant que l'une d'elle ne la ralentisse dans ses plans...
Il n'était pas temps de lui parler de jalousie. Elle, possessive d'un homme qu'elle haïssait plus que tout ? Jamais ! C'est si beau de se voiler la face...

Ce soir là, il avait suffit d'une contrariété de plus pour qu'elle attrape une bouteille de vin et la siffle en un quart d'heure. Shirine, habituellement, tenait bien l'alcool, parce qu'elle savait boire. Lors d'une soirée, elle buvait régulièrement, mais à petite dose, lui permettant ainsi de tenir sur la longueur et de ne pas se retrouver sous la table avant tout le monde. Cette fois-ci, elle avait bu vite, par envie d'oublier qu'elle était en train de dépérir...

Elle ne tient pas debout, alors il la ramène. Elle s'assoit sur le lit et y reste prostrée, la chambre tournoyant autour d'elle. Elle ne s'aperçoit pas qu'il sort un instant, elle l'a oublié. Dans son cerveau c'est le néant, tout s'est éteint, même l'Archange et le Prince-démon se taisent. Elle ferme les yeux et n'entend pas la porte s'ouvrir en face d'elle.
Ses paupières se relèvent pour que les émeraudes puissent se poser sur Moran. Ses mots arrivent tardivement dans sa tête.

    Léviathan : « Ah, voilà le beau et terrible boiteux... »
    Gabriel : « Sois attentive Zoé, ce peut être important. »


Elle va faire ce qu'elle peut pour l'être... Il semble contrarié. Elle sourit en coin. Elle sait ce qu'elle a dit et ne le regrette pas. Elle n'avait fait qu'être elle : impulsive et cynique. Demain, elle s'en voudrait de l'avoir fâché, craignant qu'il décide de s'éloigner d'elle et qu'elle ne puisse se venger.


Je t'écoute.
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Moran
La petite idiote.

L'alcool était toujours mêlé à son sang et lui brouillait le cerveau, sa voix flottant. Pourquoi avait-elle bu ainsi ? Elle n'avait pu s'empêcher de dire des bêtises.
Croyait-elle que son frère apprécie de la gifler ? Certes que non..

Alors l'hispanique s'approcha de leur couche pour la regarder, pour voir ses yeux et ses expressions, pour la sonder, essayer de la comprendre au mieux. Il s'assit juste à côté d'elle. Elle était ce qu'il avait de plus cher au monde et à la fois son point faible. Double raison pour lui prêter attention.

Il la trouva belle, la rouquine d'hérétique, peut-être trop belle, là. Il n'avait plus qu'elle, maintenant qu'il n'était plus responsable de Petit Bolchen, qu'il n'avait plus à se préoccuper du passionné Von Frayner et de son harem de cabossées.
Et pour finir, encore mieux, plus de Rosalinde prête à le saigner pour un rien. Et ça, c'était une lame de moins dans le ventre.
Terminés les longs trajets, terminées les histoires folles du nouveau seigneur de Courceries, terminée l'aventure.
Est-ce que ça commençait à lui manquer ? Aucune chance voyons. Était-il lui aussi à nier la vérité ? Tu-tu-tu..

Et ainsi il n'y avait donc plus que Zoé, l'ancienne Shirine, l'ancienne mauvaise femme, l'ancienne mauvaise aristotélicienne. Car oui, tout cela était du passé à présent, dans l'esprit masculin.
Si son éducation avait été mal faite, le boiteux avait décidé d'y remédier, à sa manière s'il le fallait. Et qui ne sait pas que Moran Lisreux aime faire les choses avec application ? Surtout lorsque la dite chose lui tient tant à cœur..


Qu'est-ce qui t'a pris tout à l'heure ? Ne sais-tu donc pas ce qu'il se passe lorsque l'on boit tant et si vite ? Regarde-toi à présent, on dirait une mi-morte.

Aborder l'état de sa sœur en la voyant ainsi commençait déjà à l'agacer. Qu'est-ce que ça pouvait être pitoyable. Elle avait intérêt à réussir à s'exprimer convenablement et surtout de manière satisfaisante.
Parle, parle vite Zoé. Tu as déjà bien entamé la patience de ton " hermano " chéri ce soir.

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Shirine
    Léviathan : « Ma parole ! Il te parle comme à une gamine ! Où était-il, ce lâche, quand tu avais l'âge qu'on te parle ainsi ? ! Il ne mérite rien d'autre que tu le saignes et que tu pendes ses tripes par la fenêtre ! »
    Gabriel : « Il essaye simlement de se rattraper et de bien faire. Accorde-le lui Zoé. Il est maladroit sans doute de te parler ainsi, mais ses intentions sont bonnes... »
    Léviathan : « Si c'est ouvrir la bouche pour déblatérer autant de conneries à la seconde, tu ferais mieux de te la fermer Gabriel. Shirine s'est très bien débrouillée sans lui pendant 17 ans. Elle peut continuer ainsi. Elle n'a pas besoin d'un moralisateur qui pense qu'elle lui appartient alors qui l'a abandonnée. »
    Gabriel : « Tu es toujours aussi mauvais et... »
    Shirine/Zoé : « C'est pas bientôt fini oui ? ! »


C'est qu'ils sont encombrants... Même s'ils ont raison, tous les deux, et même si Shirine est plus encline à penser comme Léviathan...

Il s'assoit près d'elle, presque épaule contre épaule. Son regard le suit, même s'ils ont l'air d'être deux. Elle affiche un sourire qu'elle veut goguenard, l'alcool ne la poussant pas à être raisonnable.


Bien sur que si je sais tout ce qu'il peut se passer quand on boit trop... Si tu savais hermano, tout ce que j'ai fait de déplacé dans ma vie. Tu m'étranglerais surement sur place !

Elle rit, pauvre inconsciente. Elle le provoque.

    Jusqu'où vont tes limites Moran... ?


Mais tu m'aimes quand même hein ?

Sa main droite se pose sur sa joue légèrement barbue, la caresse tendrement et descend dans son cou. La rousse se redresse alors pour se mettre à genoux sur le bord de la couche, lui permettant ainsi plus de liberté dans les gestes qu'elle destine au géant. La main gauche rejoint aussi le visage du frère, et glisse le long de l'arête de la machoire. Puis elle se penche pour l'embrasser au coin des lèvres.

Hein, dis, tu m'aimes ? Souffle-t-elle à son oreille.
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Moran
Moran concentrait toute son attention sur elle lors de son approche. Il n'était pas dupe, ayant souvent côtoyé les femmes, leurs habiles manipulations déguisées ne lui étaient pas étrangères.
Non, ce soir, il ne fallait pas rompre, ni même se tordre, mais lui tenir tête. D'habiles caresses ne le feraient pas dévier de sa quête moralisatrice, il en était convaincu.

Mais elle choisit le quolibet, la petite effrontée.
Encore ! Toujours à le provoquer ! Mais que cherche-t-elle à faire, mis à part à attiser son courroux ?
Peut-être que l'ivresse allégeait la perception de ses propres paroles, mais c'était loin d'être une excuse suffisante !
Et alors que la colère montait en lui comme la lave d'un volcan en éruption, elle se fit câline. Ces caresses délicieuses qu'il redoutait autant qu'il affectionnait.
Sa sœur saisit son visage de ses mains mais il n'oublia pas l'affront qu'elle lui avait fait un instant plus tôt. Croyait-elle qu'il aura déjà oublié ? Qu'un ou deux gestes seraient suffisants pour effacer l'ardoise ?

Ce sont les lèvres, posées à la commissure des siennes, salement, odieusement, qui le firent exploser. Comment pouvait-elle oser !
Sa main s'abattit rageusement sur la joue de la jeune femme, lui laissant à peine le temps de prononcer quelques mots, qu'elle vacillait, pour tomber sur la couche.

Dominé par la colère, il se plaça tout près d'elle à genoux, en position dominante, une main saisissant son épaule pour qu'elle le regarde, droit dans les yeux.


Je t'étranglerai si tu continues de la sorte ! Tu n'es plus Shirine ! Tu es Zoé ! Zoé Lisreux, ma sœur, et je t'ordonne de cesser de te conduire comme une soularde !, s'exclama-t-il.

Car oui, sa vie à Genève n'était plus que passé aux yeux de l'ibérique et la cadette recommençait une nouvelle vie avec lui, comme une seconde virginité, cette fois-ci sous sa juste et douce protection.

Les derniers mots de la dominée lui revinrent à l'esprit, elle disait qu'elle l'aimait et qu'elle ne souhaitait qu'entendre la réciproque. Et que venait-il de faire ? De la blesser par sa main.
Il ne voulait pas, il ne désirait que son bonheur, la voir souffrir le répugnait. Il aurait tant aimé que Zoé le gratifie d'un sourire. Comme il aimait que sa sœur lui en accorde. C'était pour lui la preuve que son changement de vie lui était bénéfique, au final, que tous ses efforts n'aient pas été vains.
Il se pencha sur elle, presque allongé, changé. Ses mains se firent douces, ainsi que sa voix.


Mi hermanita querida*.. Je t'aime tant, tu sais.., à voix basse, près de son oreille, à son tour.

Oui, petite rouquine, ton frère t'aime, à sa façon.



Ma petite sœur chérie *
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Shirine
Les gifles reçues du Lisreux, elle ne les compte plus. Souvent, d'ailleurs, elle les attend. C'est le châtiment qu'il lui réserve lorsqu'elle dépasse les bornes, elle le sait, et elle franchit souvent la limite, c'est une seconde nature chez elle. Elle prend même parfois un malin plaisir à le pousser à bout.

Par contre, cette torgnole là la surprend. L'alcool, surement, qui ralentit le fonctionnement et l'anticipation de son cerveau. L'alcool, surement, qui la rend trop sure d'elle et étanche à tous les dangers.
Elle en lâche un cri de surprise et s'étale sur le lit. Ses cheveux s'éparpillent sur la couverture et elle reste coite. Ses yeux brumeux cherchent ceux de Moran et implorent une explication.

    Qu'ai-je fait de mal... ?


Il se penche sur elle et elle semble se recroqueviller comme une petite fille, terrifiée de se faire disputer. Des larmes lui en montent même aux yeux. Il finit toujours par la désarmer et la démunir. Elle est soudain envahie par l'angoisse de le perdre, qu'il s'en aille, excédé, et l'abandonne pour de bon.

Une grosse larme perle dans le coin de l'oeil et dévale la tempe pâle de Shirine lorsqu'il redevient doux et murmure à son oreille.
Et c'est d'une voix cassée d'émotion qu'elle lui répond, les yeux rivés au plafond :


Lo siento, hermano, te quiero también...*

D'un éternel recommencement... Elle le provoque, il la punit, elle rampe à ses pieds implorant le pardon...

*Je suis désolée, mon frère, je t'aime aussi...

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