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[RP] Casser la croûte, boulangerie fine

Simeon.got
Les mots étaient dits, la sentence était tombée! Enfin ça faisait belle lurette qu'elle était tombée la sentence en ce qui concernait la décision arbitraire prise par les hauts dignitaires de l'église aristotélicienne romaine par rapport aux moines de tastevin...mais bon, là à l'instant ça donnait froid dans le dos d'être confronté à la réalité, du coup, notre frère toque en déglutit avec difficulté, épouvanté qu'il était...

Le moine replet se dit" là mon vieux, t'as intérêt à marcher sur des oeufs ou t'es fait comme un rat! Marmiton était d'une nature grincheuse et plutôt poltronne, néanmoins, il avait su se tirer d'embarras à de nombreuses reprises grâce à sa roublardise, il faisait aisément l'âne pour avoir du son....Marmiton n'était pas tout à fait démuni de munitions, ah que nenni!

Effectivement, car Il était évident que l'archevêque semblait aux abois, pour la bonne raison qu'en Artois il ne pleuvait pas des clercs à tout va et en tant que recteur, le moine en savait quelques chose.

Alors, le moine n'essaya pas de contredire l'archevêque, il abonda dans son sens sans honte, l'archevêque n'entendrait que ce qui lui conviendrait et le frère toque serait dans la place sans heurts.


Grand Dieu oui Moncheigneur, j'les ai d'jà rencontrés en taverne avec leurs airs de n'pas y toucher mais quand j'entre y ch'méfient d'moi, y voient bien que j'chuis pas dupe d'leur jeu, d'ailleurs chi vous voulez, j'peux m'occuper d'l'église moi, j'ferai barrière d'mon corps pour les empêcher d'invechtir la plache... Et ce fut là que marmiton se rappela son acte d'héroïsme à la cathédrale du Mans, comment n'y avait-il pas pensé avant?

Ben oui Moncheigneur, y a deux trois ans, l'évêque du Mans, de ch't'époque là, Moncheigneur Honoré Chaint Chyr disait une meche à l'occasion du printemps, la meche du r'nouveau, j'étais là voyez-vous quand des angevins venus piller l'comté avec leur chef d'file Finam ont invechti l'lieu chacré, ben j'ai pas hésité d'leur ruer dans les plumes pour qu'l'évêque puiche faire évacuer les perchonnes présentes par l'arrière d'la cahédrale.

Marmiton n'avait pas l'étoffe d'un héros mais cette histoire était réel...


Figurez-vous qu'y m'vaient laichés pour mort, m'a fallu des mois pour récupérer, j'ai fait une convaleschenche dans un monachtère, c'est là qu'j'ai un peu pris goût à la vie r'ligieuse!

Et marmiton se perdit quelques instants dans ses pensées...
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Adso


En quelques instants, Adso était passé du découragement à l'espoir le plus démesuré. Non seulement il avait trouvé quelqu'un pour dire les messes à Arras, mais en plus, celui-ci se montrait disposé à s'opposer fermement aux hérétiques, et donc à celui qui avait menacé récemment d'investir la paroisse. Il faisait d'une pierre deux coups.

Il ouvrit grand les bras et s'avança vers le boulanger :
Dans mes bras, que je vous embrasse !

Fort heureusement, Adso se repris juste à temps et revint à une retenue qui lui était plus habituelle. Il stoppa son mouvement, se racla la gorge puis baissa les bras et, pour faire oublier son geste premier, les occupa à défroisser des plis imaginaires de sa robe.

Aheum... Je voulais dire... Voilà qui m'enlève une épine du... bras... en solutionnant un problème qui m'embarrassait. Cà sonnait un peu bizarre, mais au moins ça ressemblait à sa précédente intervention. Ce que je veux dire, c'est que je suis très heureux d'apprendre que vous voulez vous occuper de la paroisse.

Si vous êtes si motivé, je m'en vais de ce pas officialiser votre nomination. Tout en disant cela, l'archevêque farfouillait dans sa robe, d'où il tira un rouleau de parchemins liés et son nécessaire d'écriture de voyage. Pour ceux qui connaitraient Adso, s'était là le minimum vital (en plus des réserves de provision pour quelques heures) de ce qu'il emportait toujours avec lui. Il s'installa sur la table, sortit une belle feuille de parchemin du paquet ainsi que sa plume, qu'il trempa dans l'encrier. Il commença à écrire mais s'arrêta soudain. Il releva la tête vers son hôte, l'air soucieux :

Hum... C'est embarrassant, mais, je crois que j'ai oublié votre nom... Pourriez-vous me le rappeler, je vous prie, j'en ai besoin pour l'acte de nomination...


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Simeon.got
Marmiton était resté perdu dans son passé héroïque, il n'avait donc pas pris la mesure des débordements de joie de l'archevêque par rapport à ce qu'il venait de lui proposer. C'est quand l'archevêque sortit son nécessaire de scribe en annonçant qu'il allait officiliaser sa nomination, que notre moine reprit contact avec la réalité, que penser? qu'il avait gagné?

Cette décision si prompte aurait pu faire exploser le frère toque de bonheur mais le moine se laissait rarement gagner par la liesse du moment parce que en général une bonne nouvelle en cachait une mauvaise, ce n'était pas normal que ce soit si simple.

Il ne croyait pas si bien penser, la minute d'après le prélat demanda à Marmiton de lui rappeler son nom afin qu'il l'inscrive sur le parchemin d'officialisation.... Ben la voilà la mauvaise nouvelle se dit le moine accoutumé à ces retournements de situation, dont il était tout de même un peu l'instigateur puisque depuis plus deux heures il menait le prélat en bateau...On peut aisément certifier que là notre moine potelé est au pied du mur!


Le frère toque fut tout d'abord prit de panique, il lui fallait à nouveau gagner du temps, il répliqua donc à adso:

Offichialiser ma nominachion pour quoi faire Moncheigneur? j'vais pas dire d'mèche, j'vais juchte préparer l'église pour les recueillements et pour donner du poids à son argumentation, il ajouta:

Et churveiller attentivement ch'lieu chacré! et là sa malice se réveilla... Puis, cha pach'rait plus inaperchu si j'étais incognito, vous n'penchez pas?

Pendant que l'archevêque se penchait sur la question, l'esprit du moine se mit en action pour faire défiler des noms qu'il pourrait communiquer à Adso, Gédéon Got comme son père ou masculiniser le nom de sa mère et devenir Chrétien Paquin ou chrétien got ou Gédéon paquin, au fur et à mesure le visage du moine enflait et devenait rouge, il était au bord de l'auto-combustion parce qu'il ne savait plus ce qu'il avait exactement révélé à Adso dans sa lettre sauf qu'il avait dû signer de son vrai nom, c'est à dire Simeon.got, c'était un vrai casse-tête...
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Adso


Adso réfléchissait... Hum... l'idée était assez séduisante... Son hôte n'avait pas l'air de briller par ses compétences théologiques, de toute façon... Il n'avait peut-être même pas ouvert le recueil de sermons qu'il avait en gardiennage... Mais s'il pouvait s'occuper d'entretenir l'église d'Arras, et surtout la surveiller pour éviter que les suppôts de Tastevin ne s'en servent pour leur propagande...

Et effectivement, sa mission pourrait être d'autant mieux remplie que personne ne saurait sa réelle fonction...

Toppez-là, mon cher... euh... Comment dois-je vous appeler, alors ?

En tous les cas, faisons comme vous avez dit : vous vous occupez d'entretenir l'église d'Arras, et vous empêchez les forces du Sans-Nom d'y entrer. Et vous me prévenez en cas d'assaut sur l'église, évidemment...

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Simeon.got
L'archevêque sembla peser le pour et le contre mais le frère toque était un homme qui avait toujours l'impression d'être abonné à la scoumoune plutôt qu'à la baraka, aussi, quand il vit Adso s'approcher de lui pour faire un tapez-là allant à l'encontre des usages, il en resta complètement baba...

Mais il y eut rapidement un revers à sa bonne fortune, ce sacré nom revînt sur le plat...Le moine passa en revue tous les sobriquets dont on l'avait pourvu, Frère Marmiton pour ses talents de coq et à l'abbaye de Tastevin c'était le frère toque . Rares étaient ceux qui le connaissaient sous son nom de baptême, sinon les artésiens qui fréquentaient l'université et à sa connaissance, il n'y avait pas encore croisé Adso puisqu'il venait de prendre sa charge de recteur...

Tant qu'à faire, le moine se dit que ça ne venait plus à un et le seul qui lui passa par l'esprit fut celui-ci:


Ah oui j'chuis l'père Cache-croûte Moncheigneur, tout l'monde m'appelle comme cha ichi!Notre moine dont les fesses étaient plus que serrées se permit même ce trait d'humour:

Vaut mieux cha qu'le père cache-pieds hein Moncheigneur?

Cette fois ça cassait ou ça passait, chaque poil du moine avait sa goutte aurait-on pu dire...
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Adso


Père Cache-croûte, dites-vous ? Va pour père Cache-croûte, alors... Adso, qui n'avait pas tenu compte du défaut de langue de son interlocuteur, se dit qu'il comprenait le surnom : des bonnes choses qu'il lui avait proposé, aucune n'était encore dans son ventre... Il en avait bien vu passer, mais ça avait été assez furtif, il faut bien l'avouer...

Bon...

L'archevêque espérait bien pouvoir se mettre un petit quelque chose sous la dent, tout de même...

Bon...

Si vous n'avez plus rien à me dire...


Après une nouvelle pause destinée à laisser au Père Cache-croûte le temps de se rappeler ce pour quoi ils étaient venus dans sa boulangerie:
De quoi étions-nous donc en train de discuter avant de s'engager dans ces histoires de gardien de l'église d'Arras ?


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Simeon.got
Oui le boulanger avait effectivement dit le père Cache-croûte et ça lui sembla douteux que l'archevêque répéta textuellement son nom, comme s'il avait fi de son défaut de prononciation ou alors il se moquait et si c'était le cas, ça laissait entrevoir qu'il n'était peut-être pas tout à fait convaincu de la véracité de ce qui n'était tout de même qu'une pure invention...

Le moine se mit à nouveau à gamberger, d'autant que le prélat paraissait perdu dans une profonde réflexion et le fait de souhaiter savoir s'il n'avait plus rien à lui dire, tendait à laisser imaginer qu'il s'attendait à une confession, Marmiton se répéta intérieurement "ça n'annonce vraiment rien de bon"....

Finalement, le prélat sortit de cette réserve inquiétante et demanda au moine quel était le sujet de discussion avant qu'ils ne prennent le tortueux chemin du gardiennage de l'église...Marmiton était si paniqué qu'il allait jusqu'à accomoder les paroles de Adso à sa sauce "mauvais augure".

Tout à coup, l'estomac du moine se mit à émettre des borborygmes, c'était un rappel qui tombait à point nommé, il aurait bien répondu au prélat, on en était à l'indispensable, le principal, ce en quoi ma foy est inébranlable, la boustifaille mais sa pensée fut traduite en ces quelques mots:


Mon Dieu! Moncheigneur j'manque à tous mes d'voirs, avec tout cha on a pas pu cacher la croûte, oui oui j'vais vite récupérer ch'que j'ai mis d'côté, chauchichon et fromage, j'vais auchi vous r'chervir un godet d'Bourgogne!

Le moine regarda le godet tout collant, il fit une grimace de dégoût avant de s'en saisir puis en deux coups de cuillère à pot, une corbeille de pain frais accompagné de toute une panoplie de bonnes choses fut déposée sur la table, le moine alla également récupérer deux autres godets et un pichet de Bourgogne...

Rechtez pas là Moncheigneur, Acheyez-vous Moncheigneur, on n'va pas ch'laicher abattre hein?

Le frère toque allait pouvoir souffler quelques instants pendant qu'ils se sustenteraient, après il ferait l'impossible pour pousser le prélat vers la porte de sortie. Le moine avait surtout besoin de reprendre des forces et il soupira de contentement en mettant ses pieds sous la table, c'était son seul moment de bonheur.
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Adso


Citation:
Mon Dieu! Moncheigneur j'manque à tous mes d'voirs, avec tout cha on a pas pu cacher la croûte, oui oui j'vais vite récupérer ch'que j'ai mis d'côté, chauchichon et fromage, j'vais auchi vous r'chervir un godet d'Bourgogne!


Mais c'est qu'il y tenait, à "cacher la croûte" ! A moins que... Adso se trouva fort confus en se rendant compte que le défaut de langue de son interlocuteur avait probablement encore frappé. Ainsi donc, il avait probablement affaire au "Père Casse-croûte". C'était toujours bon à savoir. Pour les correspondances, surtout; c'était plus facile pour que le courrier arrive à son destinataire.

Toujours est-il qu'enfin l'archevêque put goûter à toutes les bonnes choses qu'on lui avait promis. Il était temps. Cà, pour sûr, il n'allait pas se laisser abattre. Adso rendit l'honneur qui se devait à la table de son hôte. Si bien qu'il fut bientôt repu, et se sentit revenir un courage qui avait légèrement fait défaut un peu plus tôt à l'église d'Arras. A vrai dire, il se sentait même plein d'énergie, prêt à réaliser de grandes choses. Il se leva et remercia son hôte comme il se devait :

Père Casse-Croûte, voilà une collation qui vous honore ! Mais il serait temps de nous en retourner protéger l'église des entreprises de ces hérétiques de malheur.

A vrai dire, si j'osais... Non... je ne voudrais pas abuser de votre bonté...

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Simeon.got
L'archevêque mangea de bon coeur, il ne pouvait en être autrement puisqu'il n'y avait que des bonnes choses à déguster, inutile de préciser qu'à l'instar du prélat le moine mangea lui aussi avec appétit...ah que oui!

Quand l'archevêque eût terminé et qu'il se leva de table, le frère toque se dit : "ça y est il va prendre la porte et j'en serai débarassé" mais c'était sans compter sur l'obsession de l'archevêque, celle de chasser les créatures du sans nom.

Cet interlude gustatif n'avait fait que lui redonner l'énergie nécessaire pour retourner à l'église avec le couteau entre les dents, après la bonne bouffe, la guerre!

Le frère toque se serait largement contenté des remerciements parce que à part quelques fleurs sèchées et un peu de poussière, il n'y avait rien à chasser dans l'église, les chimères que Adso poursuivaient lui faisaient face, lui le moine de tastevin, boulanger, grognon et gourmand mais certainement plus inoffensif qu'un agneau....Le moine soupira discrètement et il pensa: "je n'ai fait que reporter le problème en me piégeant moi-même"...il aurait pu ajouter: C'est la faute de la nourriture mais jamais le moine replet n'aurait pu incriminer son Dieu, plutôt mourir, c'était son refuge, sa foy et voilà qu'il venait de la donner en pâture à l'archevêque qui en avait profité pour nourrir sa haine, alors que le moine alimentait le peu de bonheur qu'il était capable de ressentir...

Le moine était rarement assailli par ces considérations purement philosophiques, pour lui un chat était un chat et tout le reste n'était que divagation mais là, sa foy venait d'être ébranlée, il venait d'essayer de détourner l'attention de l'archevêque avec sa croyance profonde, ça avait si bien fonctionné que l'archevêque se confortait dans son combat contre les suppôts de la bête sans nom...Les masturbations de l'esprit ne durèrent pourtant que quelques minutes car le moine balaya ces intrusions de sa caboche d'être simple, à quoi bon pousser la réflexion plus avant puisque ce n'était pas de son ressort...

Malgré ça, les oreilles de notre bon moine étaient restées attentives à la moindre intervention de l'archevêque, voilà que tout d'un coup, le prélat battait du plat, qu'allait-il bien pouvoir demander à Marmiton? Le moine n'osa imaginer la suite, pour sentir le roussi, ça sentait le roussi, le frère toque se dit: "fais le sourd mon frère, fais le sourd"...Toutefois, s'attendant à recevoir le ciel sur la tête, il répondit sur un ton craintif:


Ben j'chais pas Moncheigneur, z'êtes bien mychtérieux? dites toujours chans cha j'peux rien vous dire hein?
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Adso


Adso s'empressa de détromper son interlocuteur :

Oh, non, il n'y a rien de mystérieux. C'est juste que vous m'êtes fort sympathique, mais j'hésite à abuser de votre bonté... C'est-à-dire que, j'ai crû comprendre que cet hérétique qui m'a écrit a été nommé recteur de l'université. Or il est impensable qu'un hérétique puisse utiliser cette position pour faire pénétrer ses thèses impies dans les têtes de nos universitaires, vous serez d'accord avec moi...

Il faudrait donc que j'aille voir le comte, pour lui signaler le problème, et lui suggérer de changer de recteur. Et je me disais que si nous étions plusieurs, bien déterminés à protéger la Foy et le Salut des Artésiens, ça aurait plus d'impact... J'avoue que parfois j'ai l'impression de prêcher dans le désert, on me laisse parler, mais on ne tient pas compte de ce que je dis. Or donc, si d'autres fervents aristotéliciens venaient avec moi pour parler au comte, nous aurions plus d'impact.


Il regarda le boulanger, espérant qu'il comprenait ce qu'il voulait. Puis il se décida à se montrer plus direct :

Par conséquent, auriez-vous l'extrême obligeance de m'accompagner pour aller demander audience au Comte ?

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Simeon.got
L'archevêque ne tergiversa pas, sous ses airs de généreux aristotélicien qui sait reconnaître les vertus d'un des siens, il entra directement dans le vif du sujet.

Pendant un instant le frère toque avait imaginé qu'il lui demanderait l'hospitalité durant quelques jours, mais ce qu'il lui confia fut encore plus inconcevable, il avait l'idée de solliciter une audience auprès du comte d'Artois et inlassablement le moine se répétait "demander une audience au comte..demander une audience au compte" Pitié, arrêtez ce supplice! Le frère toque fut complètement abattu, heureusement qu'il était toujours attablé parce que s'il avait été debout il aurait chu après ce nouveau coup porté..

le moine était blême et il était certain que son malaise n'avait pu échapper à Adso, il lui fallait rapidement réfléchir pour ne pas perdre la face, la bataille était rude mais son adversaire n'avait pas encore gagné...Il faut reprendre du poil de la bête se dit le frère Toque.

Naguère, le moine se serait signé après avoir osé laisser cette expression traverser son esprit mais feu son mentor lui avait expliqué que selon une croyance populaire, le poil d'un animal qui nous a mordu, appliqué sur la plaie, aurait le don de la guérir; il avait également ajouté qu'au sens figuré, cette expression pouvait signifier qu'après s'être laissé abattre par un événement particulier, il faut se ressaisir et aller de l'avant, ne pas hésiter à se confronter à la cause de ses soucis.

Afin de ne pas laisser l'archevêque se poser trop de questions quant à son silence, le frère toque s'exprima non sans bégayer:


Gueuhn beuh gueuh... d'mander une audienche au Comte? beuh gueuh, j'chuis qu'un chimple boulanger chans hichtoire Moncheigneur!

Néanmoins, tous les sens de Marmiton s'étaient mis en éveil pour aller à la quête d'un détail qui lui aurait échappé, il lui fallait prestement riposter et il passa l'archevêque en revue en se remémorant la plupart des mots qu'il venait de débiter. Une phrase en particulier titilla la mémoire du moine replet, ça y était, il tenait le bon bout, il avait à nouveau de la matière à travailler, laissons venir Adso pensa le frère Toque...
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Adso


L'archevêque se méprit sur la raison du trouble qu'il devina sur le visage du Père Cache... euh Casse-croûte.

Mais non, ne vous laissez pas intimider par le fait que vous n'êtes qu'un moins-que-rien ! C'est justement ça qui est important : le Comte verra ainsi que des gens simples, des gens du peuple, pas trop fut... euh... d'une éducation très sommaire, se préoccupent de la préservation de la Foy dans notre comté. Si j'y vais avec un autre clerc, il va penser que c'est de la malveillance...

Adso n'avait aucune conscience de ce que certaines personnes auraient pu mal prendre ce genre de propos à leur sujet. Un peu comme à son habitude...

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Simeon.got
Le frère toque aurait pu laisser libre cours à sa colère après avoir entendu les propos de l’archevêque dont le mépris n’avait d’égal que la suffisance mais ça faisait longtemps qu’il s’était résigné au fait de passer pour un être insignifiant doublé d’un physique ingrat. En effet, jamais il n’avait été épargné par les brimades ou l’indifférence la plus totale, il se serait bien vu créer une famille, avoir une femme et des enfants mais dés son plus jeune âge on l’avait repoussé ou même ignoré. Son seul refuge avait été la nourriture et sa mère, plutôt bonne cuisinière, en avait profité pour l’initier à la cuisine. Au fur et à mesure, il s’était avéré que le garçon possédait au moins ce don, l’art d’accommoder les aliments et de les savourer.

Consciente que son fils Siméon ne serait jamais estimé à sa juste valeur, Chrétiennote Paquin l’avait fait entrer dans un monastère dés sa quinzième année afin qu’il y trouve le réconfort et le goût à la fraternité, en somme, elle espérait le sociabiliser. Elle n’avait jamais su si son unique enfant s’était réellement adapté à cette vie monacale, le jeune homme ne s’étant jamais plaint de son sort en sa présence. Pourtant, Cette vie d’austérité n’avait pas épanoui notre bon moine, il avait heureusement pu échapper à son désespoir en mijotant des plats, coq il était devenu à la joie de ses frères de l’époque.

Mais nous n’allons peut-être pas pousser le bouchon jusqu’à verser une petite larme, que nenni, car tout insignifiant et replet qu’il était, notre bon moine avait réussi à en tirer parti, il s’était forgé une carapace et avait la capacité de passer partout sans qu’on s’attarde sur sa personne. Quant à savoir s’il jouait consciemment de cette faculté quand c’était nécessaire, nous abuserions en l’affirmant, or, il est évident que c’est la raison qui fait que Marmiton est totalement rivé sur lui-même, le désintérêt de ses semblables ayant généré son égocentrisme.

Toujours est-il que le prélat était en train de lui refiler tous les atouts qu’il possédait dans son jeu, le frère Toque avait tout à coup le vent en poupe et pour cause, il se mit à réfléchir à sa situation, il alla même jusqu’à simuler en pensée l’éventuelle face à face, s’il se trouvait devant le Comte d’Artois en personne, ce dernier ne serait pas en mesure de le reconnaître puisqu’il ne l’avait jamais rencontré.

Assurément, l’officialisation de sa charge de recteur s’était effectuée par missives interposées et quant bien même il le croiserait plus tard dans les couloirs de l’université, le Comte ne ferait jamais le rapprochement entre le simple boulanger à l’allure quelconque et le recteur d’Artois qui était supposé être un homme instruit, ne disait-on pas que l’habit ne faisait pas le moine ? Et marmiton avait une tenue et une toque pour chacune de ses fonctions, dans certaines contrées on appelait cette manie du « brachettisme ».

Il était également un deuxième atout qui était à prendre en considération, le fossé qui existait entre l’Artois et l’aristotélicisme, le moine avait rapidement perçu que le temporel et la foy ne faisaient pas bon ménage en Artois. Il était donc tout à fait possible que le comte ne daignerait pas rencontrer l’archevêque et quant bien même, Adso venait de l’avouer sans honte, le comte pourrait non seulement prendre ça pour de la malveillance mais en plus, l’archevêque risquait de se heurter à un mur d’indifférence vu que le comte serait susceptible de le recevoir pour la forme mais pas pour l’écouter et ce n’était certainement pas notre moine dodu qui prendrait la parole.

Néanmoins, le moine grassouillet se voulait circonspect, « n’oublie pas le revers de la médaille » pensa-t-il. Il lui fallait trouver une alternative avant d’en arriver à ces extrêmités, la théorie qu’il venait de développer en pensée n’était qu’une supposition, qu’allait-il pouvoir proposer à l’archevêque en échange sans que son encombrant hôte n’en prenne ombrage ? « Réagis Marmiton ou l’archevêque va s’impatienter de ta trop longue interruption »…la lumière vînt éclairer le caboche embuée de notre moine, la clé du problème était le manque de vocation en Artois et si les instances temporelles avaient réellement souhaité s’investir pour régler le problème, Adso ne serait pas aux abois, le moine se risqua donc à faire une nouvelle suggestion non sans peser ses mots :


Moncheigneur, en voyant les choses d’chette fachon, chah pourrait porter ches fruits, d’un aut’côté, chi j’en crois la rumeur, l’hérétique en quechtion a posé cha candidature par défaut, j’veux dire qu’y avait pas d’aut’candidat, ch’est des affaires du temporel, cha nous r’garde pas hein ?

Tout en observant les réactions de l'archêvêque, marmiton poursuivit:

Par contre, ben on pourrait churveiller l‘église pendant quelques temps, moi j’travaille d’nuit, j’chuis donc dichponible pour rechter dans la chacrichtie durant la journée et pendant ch’temps-là j’en profiterais pour préparer l’église, et vous vous rechteriez la nuit chur qu’chi vot’recteur nous voit occupé là, il n’inchicht’ra pas, puis il aura d’aut’chats à fouetter, faut avoir tous les atouts d’not’côté, ‘fin moi ch’que j’en dis !

Toutes ces paroles avaient donné grand soif au moine, il attrapa son godet et but son vin de Bourgogne d'un trait...
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Adso


Adso leva les yeux au ciel : comment expliquer à un simple boulanger la distinction entre ce qui relevait du temporel et ce qui relevait du spirituel ?

Hum... comment vous dire... Si le comté veut prélever des impôts sur les fours à pain, ça, ça relève du temporel. Décider du contenu des messes, ça relève du spirituel. Si le comté se met à taxer uniquement le pain de messe, ça relève du spirituel. Et mettre un hérétique à la tête de l'université d'où il pourra corrompre les étudiants et les professeurs, ça regarde aussi le spirituel !

Donc votre idée de l'empêcher de mettre les pieds dans l'église est tout à fait pertinente
(bien qu'Adso se disait qu'il avait un peu autre chose à faire que rester toute la nuit dans l'église, et surtout qu'il avait tout un diocèse à administrer, lui; mais bon, il trouverait toujours quelqu'un d'autre pour le remplacer). Mais il n'en restera pas moins indispensable de déloger cet empoisonneur d'âme de son poste de recteur. Il en va de la survie spirituelle de tous les intellectuels artésiens, et par contagion, de celle de tous les artésiens !

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Simeon.got
Et voilà que l’archevêque commença à expliquer au moine les différences qui existaient entre ce qui relevait du temporel et ce qui relevait du spirituel mais c’est qu’il s’en battait les coilles le marmiton…C’est alors que la moutarde lui monta au nez, ça faisait des heures qu’il composait et ça commençait sérieusement à lui prendre le chou cette histoire.

Tout ça parce qu’il avait bêtement envoyé une missive à l’archevêque pour qu’il lui permette de prendre en charge l’église Saint-Vaast afin que les arrageois puissent se recueillir dans un endroit décent , enfin, aux yeux de Marmiton c’était surtout pour le bien de son âme, mais puisque il en était ainsi, au diable son âme, d’autant que l’archevêque n’avait plus qu’une envie, le faire déboulonner de son poste de recteur, pas que le moine y tenait à tout prix mais c’était une honte, un abus de pouvoir…Alors, nenni il n’allait pas aller voir le comte pour soutenir les inepties de l’archevêque et d’ailleurs il n'y serait pas allé même si le recteur avait été un autre que lui, que nenni non mais !....

Le moine était surtout connu pour son côté acariâtre et après s’être contenu si longtemps, inutile de vous dire que sa délivrance était imminente car là il fulminait, or, il fallait malgré tout rester calme pour ne pas éveiller le moindre soupçon chez Adso. C’est alors que le leitmotiv de feu son mentor lui traversa l’esprit. En effet, le moine l’avait souvent entendu discuter de ce sujet avec Irella ou lorsqu’il enseignait les pastorales, Marmiton ne manquait jamais de coller l’oreille contre la porte de la petite salle pour écouter ce qu’il se disait.

Le moine prit donc une grande inspiration avant de s’adresser à l’archevêque, néanmoins, il ne réussit pas à complètement cacher qu’il était agacé, il était sur le point d’envoyer paître le prélat :


Ben tout compte fait Moncheigneur, j’n’ch’rai pas votr’homme, ch’que j’veux dire qu’ch’est dans la vie tout est quechtion d’équilbre, ch’est pas à vous qu’je dois l’dire hein ? chi vous voulez aller trouver l’comte pour qu’il renvoie l’recteur, ben ch’est d’vot rechort pas du mien, appelez l’inquisichion chi vous voulez mais moi j’rechte ici et pour la churveillanche d’léglise, ch’t’à prendre ou à laicher, chi l’hérétique pointe l’bout du nez, je lui f’rai pacher un chi mauvais quart d’heure, qu’il criera après cha mère..ça sent le vécu mais avec marmiton dans le rôle du couard….hum, l’est pas prêt d’m’oublier!…Le moine buvait ses propres paroles et il n’attendit pas la réaction de l’archevêque pour surenchérir :

Maint’nant chi cha vous convient pas, on ch’chert la pinche et on en rechte là!…Puis le frère toque prit une dernière minute pour réfléchir et afin que l’archevêque croit qu’il faisait preuve de bonne volonté, il ajouta donc:

J’peux juchte encore vous proposer une dernière cholution, trouver un aut’larron pour faire la churveilanche d’léglise mais ch’est mon dernier mot !

Poltron peut-être mais fallait pas pousser le bouchon, le marmiton avait horreur des contrariétés et là il était particulièrement servi…
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