Luisa.von.frayner
- - "Vous avez des manières de gueuses, vous serez jamais des vraies dames, et vous vous marierez jamais, et vous aurez jamais d'enfants, parce que vous faites des choses vraiment pas belles, et pas nobles, et totalement criminelles."
- "Vous devriez avoir honte tellement vous déshonorez vos familles en agissant aussi mal, on dirait des gueuses !"
- "Dtfaçon, vous connaissez rien de rien à la vie, alors partez avec ta copine, ça me fera de lair. Pis hein Vous avez pas lâge de plus parler comme des bébés ?"
Pas qu'elle - et surtout ses parents - n'y avait encore jamais pensé ! Non, au contraire, voilà plus de six mois qu'on avait examiné les différentes voies d'éducation, pour se tourner finalement vers le Collège Saint-Louis. Plus de six mois également qu'on avait écrit au recteur de celui-ci, et plus de six mois qu'on réécrivait dans l'espoir d'une date de rendez-vous. Et aujourd'hui encore, rien.
Voilà pourquoi il fallait agir. Heureusement pour elle, Luisa n'était pas la seule dans cette situation, qui touchait également son amie de quelques années son aînée, Elendra. Après de longues lettres d'indignation, de propositions, de concertations avec leurs parents respectifs, enfin, Elendra lui présentait LA solution : combiner l'ambiance de groupe du Collège avec l'activité et l'efficacité des précepteurs personnels. Très rapidement, tout fut mis en place, tenant en deux parchemins : un pour recruter des élèves, un pour recruter des précepteurs. La répartition des tâches s'était faite doucement au fur et à mesure, en toute évidence, sans rien convenir et à vrai dire, ce ne fut qu'au terme de la démarche qu'elles le constatèrent : la d'Acoma s'occupait plutôt des lettres d'élèves, la von Frayner de celles des précepteurs (la riiiime).
Si celle-ci savait donc exactement à quoi s'attendre quant à l'enseignement que le groupe s'apprêtait, en ce premier cours, à recevoir et cernait approximativement le caractère de "Nayena de Tallayalaland", elle ignorait entièrement combien d'enfants seraient au rendez-vous, mise à part la présence évidente d'Elendra, et celle de sa nouvelle amie à qui elle avait proposé de participer, Ella. Même la présence d'Elfry ne lui était pas certaine. Aucunement déconcertée par ce "mystère", Luisa était même plutôt impatiente à l'idée de faire de nouvelles rencontres, espérant bien secrètement trouver de quoi se disputer, parce que les tensions, c'est bon !
[ Bon, et si on commençait ? ]
La préceptrice (Ayena), la discipline (danse & autres joyeusetés), la date (hum), l'heure (tôt le matin, on déconne pas avec l'enseignement), l'endroit (Languedoc, Château de Charmes sur les terres de Crussol, chez la préceptrice...bon, ça va, vous plaignez pas déjà, on fera un tournus !) ayant été choisis, une lettre avait été envoyée, plein de jours avant le jour J, à chaque participant pour lui transmettre les informations.
Pour cette fois-ci, la jeune von Frayner était, d'une certaine manière, la plus hôte parmi les élèves, puisqu'elle-même vivait à Montpellier et qu'elle serait la seule à n'avoir que quelques minutes de chevauchée pour atteindre le lieu du cours, le château de Charmes. Chacun son tour, je vous parle pas de quand elle devra aller jusqu'en Franche-Comté ou dans le Maine...
Une embrassade aux parents, une course aux écuries, un bond sur Cobalt, son précieux cheval-nain-albinos et la longue chevelure blonde sautait en direction du château.
Quelques pataclo-op plus tard, alors qu'on pouvait commencer à discerner Charmes, le sourire d'impatience qu'affichait Luisa commença à se raidir. Le nom du château avait beau être mignon à souhait, les tentures de deuil qui l'entouraient lui donnait un aspect un peu...sinistre. D'abord à la limite d'être apeurée, Luisa se rappela qu'Ayena avait perdu son époux très récemment, et une nouvelle fois, la panique s'empara d'elle.
L'époux d'Ayena, la mère d'Elendra, les parents d'Ella...Quand la mort viendrait-elle s'emparer de ses proches, à elle ? Trop tôt, "trop bientôt", elle en était sûre. Quelques tremblement qu'elle atténua en s'accrochant ferme à Cobalt, une larme qu'elle essuya brusquement de sa manche, et l'angoisse était repartie. Pas trop loin, mais partie, laissant une Luisa équilibrée et souriante, comme si ces quelques minutes n'avaient pas été. Heureusement, puisque la demoiselle arrivait au terme de sa chevauchée.
Un saut de son cheval pour le confier à qui de droit, quelques époussetages pour lisser les plis de sa jôlie tenue cousue par Elisel - cours de danse oblige - et quelques pas avant de s'annoncer.
- Bonjour ! J'suis Luisa von Frayner, et puis je viens parce que Nayena de Tallayelalaland va me donner un cours, à moi et puis à d'autres enfants qui vont arriver, aussi, sauf s'ils sont pas encore déjà là. Et puis elle sait qu'on doit venir, et elle nous attend sûrement !
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