Ingeburge
[Cour du château, deux jours plus tôt]
Toujours assise à l'intérieur de son coche, la duchesse d'Auxerre attendait que l'on vînt lui signifier que ses appartements étaient désormais disponibles. Ses doigts jouaient nerveusement avec le chapelet qu'elle tenait entre ses mains. Les raisons de ce retrait et de cette nervosité étaient les mêmes : elle n'avait nulle envie de croiser le comte du Languedoc avec lequel elle avait voyagé depuis Mende. Quelle drôle d'idée avait-elle eue de lui faire savoir qu'elle se rendait en la capitale et quelle drôle d'idée elle avait eue d'avoir accepté de loger au château comtal. Elle ne s'inquiétait pas de ce que l'on dirait, elle n'était pas seule, bien plus entourée que lors de son premier séjour languedocien et l'Euphor lui-même, en sus de son train habituel, était accompagné de sa fille Mélisende et de sa protégée Ella. En outre, personne importante, elle avait déjà résidé au castel, sur invitation d'Adrien Desage et dans sa préoccupation, elle oubliait un peu que celui-ci était fiancé puis marié à l'époque, ce qui était loin d'être le cas de son hôte du moment. Elle haussa les épaules sans s'en rendre compte, agacée, ne faisant que suivre le cours de ses pensées. Elle aurait pu taire son séjour montpelliérain mais il en aurait eu vent, tôt ou tard et si cela n'avait pas été le cas, sachant qu'il y avait les allégeances à préparer, il se serait bien douté qu'elle quitterait Mende pour Montpellier. Alors, pourquoi n'être pas descendue sans rien dire? Car elle voulait le voir. Lui désormais sur le trône, il n'aurait que peu d'occasions d'être ensemble, en dehors des interminables cérémonies d'ores et déjà fixées et le meilleur moyen le seul d'augmenter considérablement les chances de rencontre, c'était de se trouver là où il était, quand il y était et accepter de loger au château était en ce sens un bonus dont elle avait bien entendu l'intention de profiter.
Oui, être avec lui était sa motivation. Mais pas aujourd'hui. Pas plus qu'hier ou avant-hier. Non. Elle était bien trop fâchée. Une vingtaine de jours depuis Agulhete, une vingtaine! Et si elle attendait, là, à ruminer, c'était parce qu'il y en avait que pour lui, pour cet homme qu'elle avait encouragé à régner et que la valetaille se pressait de recevoir. C'était normal et elle aurait été outrée qu'il en allât autrement mais patienter dans le cours, à ses côtés, non! D'un geste rageur, elle lança son chapelet devant elle; le collier se fracassa contre le pan de bois. Nul n'avait été témoin de la scène, elle avait congédié tout le monde, refusant la compagnie de ceux qui étaient avec elle, voyageant seule dans son coche depuis Alais et ce mouvement qu'elle venait d'avoir ne l'avait en rien calmée. Ses mains crispées formèrent des poings et elle se contraignit à respirer plus lentement. Observant ses doigts repliés, elle aperçut la bague qui lui avait offerte, ce saphir coupable qui remplaçait le saphir de son anneau de cardinal. Elle serra les poings, à s'en blanchir les jointures et ce fut dans cette posture que la trouva un valet venu l'informer que les pièces qui lui avaient été réservées pouvaient désormais la recevoir.
Quelques minutes s'écoulèrent entre le moment où le domestique s'était retiré et celui où elle mit pied à terre. Un Lombard l'avait aidée à descendre et les quatre autres l'encadrèrent aussitôt. Empoignant un pan de son manteau, elle avança, droit devant, sans un regard pour ceux qui étaient là, que ce fut Aelith, Assyr, Isora, Matthys ou Actarius, Ella, Mélisende, ignorant tout à fait s'ils étaient effectivement là. Hiératique et impassible, elle s'engouffra dans le château. Seul le léger frémissement des commissures de ses lèvres pouvait traduire sa grande exaspération. Parvenue à sa chambre, elle ôta le saphir de son annulaire droit et le lança dans la pièce avant de se jeter toute habillée sur sa couche.
[Appartements de la duchesse d'Auxerre et de sa suite]
Ingeburge était revenue à de meilleurs sentiments depuis son arrivée au château. Etalée comme une masse sur son lit, elle avait fini par s'endormir pour plusieurs heures. A son réveil, toujours irritée mais calmée, elle avait fait appeler deux servantes pour l'aider à se changer et avait entrepris de chercher la bague jetée dans un mouvement de colère. La tâche s'était révélée ardue : la pièce était pleine de malles, de coffres, de sacs posés au petit bonheur car la valetaille n'avait osé déranger leur maîtresse assoupie. Aussi, au milieu des bonnes déballant les effets de la duchesse, celle-ci, à quatre pattes, avait frénétiquement fouillé tous les coins et recoins.
Le saphir avait retrouvé sa place et brillait à cette main blanche qui écrivait quelques missives. La duchesse d'Auxerre après avoir pesté et maugréé deux jours durant s'était remise à ses affaires et préparait ainsi la cérémonie d'allégeances. La rédaction des convocations l'absorbait toute et si elle n'avait pas donné de consignes pour qu'on la laissât tranquille, elle jouissait en sa chambre d'un calme bénéfique et apaisant. Du château, elle n'avait pas vu grand chose, restant cantonnée à l'aile qui lui avait été destinée. Une antichambre, une grande salle, un salon pour recevoir, des chambres pour chacun de ses compagnons et elle, un cabinet de toilettes, privé; là était pour l'heure son univers. Mais elle finirait bien par sortir de son trou et par se risquer à pointer le bout de son nez ailleurs, ne serait-ce que pour aller à l'église respectant pour l'heure chaque temps de prière chez elle. Oui-da, elle sortirait, devant notamment se rendre aux cuisines afin de donner des instructions relatives aux délices servis durant la cérémonie. Ou pour traîner innocemment du côté du bureau du comte. Elle était certainement en colère et refusait de le voir alors qu'elle n'avait envie que de cela mais le masochisme connaîtrait tôt ou tard ses limites.
[Petite précision préalable : RP ouvert à tous dans la mesure où votre personnage peut évoluer à l'intérieur du château des comtes du Languedoc, à Montpellier. L'idée est de jouer l'envers du décor tout en créant des interactions entre des personnages qui ne se fréquenteraient pas ordinairement. Sont donc invités à y participer tous ceux qui pourraient être concernés.
La seule demande, outre la cohérence, est que vous balisiez votre post pour savoir où évolue votre personnage. Ainsi, s'il se trouve dans le bureau du comte, vous l'indiquez et cela permettra de situer chacun comme cela permettra de ne pas bloquer l'évolution du RP en un endroit et de proposer diverses scènes.
Je reste disponible par mp si besoin est.
Merci et bon jeu à tous!]
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Retour tout doux, merci
Toujours assise à l'intérieur de son coche, la duchesse d'Auxerre attendait que l'on vînt lui signifier que ses appartements étaient désormais disponibles. Ses doigts jouaient nerveusement avec le chapelet qu'elle tenait entre ses mains. Les raisons de ce retrait et de cette nervosité étaient les mêmes : elle n'avait nulle envie de croiser le comte du Languedoc avec lequel elle avait voyagé depuis Mende. Quelle drôle d'idée avait-elle eue de lui faire savoir qu'elle se rendait en la capitale et quelle drôle d'idée elle avait eue d'avoir accepté de loger au château comtal. Elle ne s'inquiétait pas de ce que l'on dirait, elle n'était pas seule, bien plus entourée que lors de son premier séjour languedocien et l'Euphor lui-même, en sus de son train habituel, était accompagné de sa fille Mélisende et de sa protégée Ella. En outre, personne importante, elle avait déjà résidé au castel, sur invitation d'Adrien Desage et dans sa préoccupation, elle oubliait un peu que celui-ci était fiancé puis marié à l'époque, ce qui était loin d'être le cas de son hôte du moment. Elle haussa les épaules sans s'en rendre compte, agacée, ne faisant que suivre le cours de ses pensées. Elle aurait pu taire son séjour montpelliérain mais il en aurait eu vent, tôt ou tard et si cela n'avait pas été le cas, sachant qu'il y avait les allégeances à préparer, il se serait bien douté qu'elle quitterait Mende pour Montpellier. Alors, pourquoi n'être pas descendue sans rien dire? Car elle voulait le voir. Lui désormais sur le trône, il n'aurait que peu d'occasions d'être ensemble, en dehors des interminables cérémonies d'ores et déjà fixées et le meilleur moyen le seul d'augmenter considérablement les chances de rencontre, c'était de se trouver là où il était, quand il y était et accepter de loger au château était en ce sens un bonus dont elle avait bien entendu l'intention de profiter.
Oui, être avec lui était sa motivation. Mais pas aujourd'hui. Pas plus qu'hier ou avant-hier. Non. Elle était bien trop fâchée. Une vingtaine de jours depuis Agulhete, une vingtaine! Et si elle attendait, là, à ruminer, c'était parce qu'il y en avait que pour lui, pour cet homme qu'elle avait encouragé à régner et que la valetaille se pressait de recevoir. C'était normal et elle aurait été outrée qu'il en allât autrement mais patienter dans le cours, à ses côtés, non! D'un geste rageur, elle lança son chapelet devant elle; le collier se fracassa contre le pan de bois. Nul n'avait été témoin de la scène, elle avait congédié tout le monde, refusant la compagnie de ceux qui étaient avec elle, voyageant seule dans son coche depuis Alais et ce mouvement qu'elle venait d'avoir ne l'avait en rien calmée. Ses mains crispées formèrent des poings et elle se contraignit à respirer plus lentement. Observant ses doigts repliés, elle aperçut la bague qui lui avait offerte, ce saphir coupable qui remplaçait le saphir de son anneau de cardinal. Elle serra les poings, à s'en blanchir les jointures et ce fut dans cette posture que la trouva un valet venu l'informer que les pièces qui lui avaient été réservées pouvaient désormais la recevoir.
Quelques minutes s'écoulèrent entre le moment où le domestique s'était retiré et celui où elle mit pied à terre. Un Lombard l'avait aidée à descendre et les quatre autres l'encadrèrent aussitôt. Empoignant un pan de son manteau, elle avança, droit devant, sans un regard pour ceux qui étaient là, que ce fut Aelith, Assyr, Isora, Matthys ou Actarius, Ella, Mélisende, ignorant tout à fait s'ils étaient effectivement là. Hiératique et impassible, elle s'engouffra dans le château. Seul le léger frémissement des commissures de ses lèvres pouvait traduire sa grande exaspération. Parvenue à sa chambre, elle ôta le saphir de son annulaire droit et le lança dans la pièce avant de se jeter toute habillée sur sa couche.
[Appartements de la duchesse d'Auxerre et de sa suite]
Ingeburge était revenue à de meilleurs sentiments depuis son arrivée au château. Etalée comme une masse sur son lit, elle avait fini par s'endormir pour plusieurs heures. A son réveil, toujours irritée mais calmée, elle avait fait appeler deux servantes pour l'aider à se changer et avait entrepris de chercher la bague jetée dans un mouvement de colère. La tâche s'était révélée ardue : la pièce était pleine de malles, de coffres, de sacs posés au petit bonheur car la valetaille n'avait osé déranger leur maîtresse assoupie. Aussi, au milieu des bonnes déballant les effets de la duchesse, celle-ci, à quatre pattes, avait frénétiquement fouillé tous les coins et recoins.
Le saphir avait retrouvé sa place et brillait à cette main blanche qui écrivait quelques missives. La duchesse d'Auxerre après avoir pesté et maugréé deux jours durant s'était remise à ses affaires et préparait ainsi la cérémonie d'allégeances. La rédaction des convocations l'absorbait toute et si elle n'avait pas donné de consignes pour qu'on la laissât tranquille, elle jouissait en sa chambre d'un calme bénéfique et apaisant. Du château, elle n'avait pas vu grand chose, restant cantonnée à l'aile qui lui avait été destinée. Une antichambre, une grande salle, un salon pour recevoir, des chambres pour chacun de ses compagnons et elle, un cabinet de toilettes, privé; là était pour l'heure son univers. Mais elle finirait bien par sortir de son trou et par se risquer à pointer le bout de son nez ailleurs, ne serait-ce que pour aller à l'église respectant pour l'heure chaque temps de prière chez elle. Oui-da, elle sortirait, devant notamment se rendre aux cuisines afin de donner des instructions relatives aux délices servis durant la cérémonie. Ou pour traîner innocemment du côté du bureau du comte. Elle était certainement en colère et refusait de le voir alors qu'elle n'avait envie que de cela mais le masochisme connaîtrait tôt ou tard ses limites.
[Petite précision préalable : RP ouvert à tous dans la mesure où votre personnage peut évoluer à l'intérieur du château des comtes du Languedoc, à Montpellier. L'idée est de jouer l'envers du décor tout en créant des interactions entre des personnages qui ne se fréquenteraient pas ordinairement. Sont donc invités à y participer tous ceux qui pourraient être concernés.
La seule demande, outre la cohérence, est que vous balisiez votre post pour savoir où évolue votre personnage. Ainsi, s'il se trouve dans le bureau du comte, vous l'indiquez et cela permettra de situer chacun comme cela permettra de ne pas bloquer l'évolution du RP en un endroit et de proposer diverses scènes.
Je reste disponible par mp si besoin est.
Merci et bon jeu à tous!]
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Retour tout doux, merci