Alix_ann
- « jhabite un vouloir obscur
jhabite un long silence
jhabite une soif irrémédiable »
Calendrier lagunaire de Aimé Césaire
Silencieuse, les mains jointes et la tête baissée Alix prie. Depuis l'annonce de la maladie de son frère toutes ses pensées lui étaient dédiées. Elle ne connaissait pas le credo, elle le trouvait barbant, trop long. Elle ne connaissait pas le credo mais s'était fait la promesse de l'apprendre par coeur un jour, surement dans longtemps. La jeune bretonne avait choisit la chapelle qui se trouvait sur le domaine de Chateau Gontier, celle de sainte Hildegarde de Bigen Patron des Herboristes et des Guérisseurs. Elle était là, assise sur le prie Dieu simple mais élégant à l'image de la chapelle qui était très peu meublée. Un autel et d'autres prie dieu comme celui qu'elle avait investie. Une chapelle sobre avec deux verrières, dont une d'un grand maître d'après Yolanda. Ici, elle s'adressait à Dieu, elle lui adressait toutes ses prières pour que son frère se rétablisse, pour qu'elle puisse revoir la demi-pair qui avait quitté le paysage il y a une année, autant dire une éternité pour la jeune pousse qui se mourrait privée de sa moitié.
« Ne me le reprenez pas... »
Pas celui sur qui elle comptait tant, pas cette relation qui n'avait pas flanchée sous la menace d'un mariage dissolut, pas ce frère, cet ange blond à qui tout devait sourire, cet aîné qui avait pour tache de la protéger, de la guider dans la pénible corvée qu'était vivre. Ce qui l'attendait, c'était la grande mort. Et tout son corps fulminait contre ce malheur. Mais la révolte d'une enfant qui n'ayant même pas sept ans pèse mince, elle n'est pourtant pas moindre cette révolte qui la prend au ventre pour s'étendre dans tout son être.
Douée pour les lettres malgrès son jeune age elle avait cherché dans les textes et dans le dogme, elle avait retenu cette phrase de Jeandalf à propos de la doctrine de la mort, elle avait retenue qu'« Il semble acquis et indéniable que tout nest pas explicable et que la volonté divine est supérieure aux lois de la vie. » elle avait retenue qu'il ne lui restait plus qu'à s'en remettre à Dieu, elle avait retenue que seule sa volonté pouvait calmer la maladie de son frère et tous ces horribles malheurs qui s'abattaient sur sa tête blonde.
Le silence était lourd dans l'enceinte du lieu saint, lourd comme l'épée de Damoclès au dessus de sa tête qui à tout moment menaçait de s'abattre et de ternir une nouvelle fois une vie qui s'annonçait si dorée.
« Ne le reprenez-pas... C'est tout ce dont je demande. »
Aucune supplication dans cette voix candide mais pourtant décidée. Aucune supplication pour celui qui lui avait déjà mené la vie dure, aucune supplication pour celui qu'elle mépriserait jusqu'à ce qu'il décide d'abréger sa vie si il lui considérait que son jumeau serait mieux à ses cotés. Alix est une enfant désabusée par la vie qui ne lui faisait aucun cadeau, Alix, c'est une gamine qui se retient d'éprouver de la haine ne serait-ce qu'un peu. C'est un sentiment dangereux à son age. Mais la colère, elle ne peut sempêcher de la ressentir, elle est déjà là.
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