Enzo
- Oustau de Château-Thierry Demeure des Blackney*
Le voilà à peine annobli que le jeune Blackney avait des idées de grandeur. Maintenant marié, il fallait bien offrir une demeure convenable à sa femme. Devant les sinoples et un petit sourire narquois se dessinait donc lOustau de Château-Thierry. Situé dans le centre de la majestueuse ville de Montpellier, lOustau, ou lHostel, selon le langage utilisé se positionnait près de la Mairie et la Cathédrale, non loin de la demeure de Compostelle ainsi que de celle des Von Frayner. Quartier de nobles, quartier luxueux, quartier pour un Blackney. Déchu ou pas. Le jeune homme fixa les fenêtres salies par le manque dactivités et du fait quelles étaient encore neuves dhabitation. Moins dépérie que les débuts de lOustau de Mortain à Orthez appartement de son père lOustau de Château-Thierry devait subir quelques menus changements, mais devant soccuper de sa Seigneurie de Falmignoul avant, le jeune homme y penserait plus tard. Limportant cest quelle était habitable. Lidée de faire venir du marbre de noir de la Principauté de Dinant où se trouvait sa seigneurie fit sourire le jeune homme, malgré sa mauvaise humeur actuelle. Faut dire que ses affaires maritales nallaient pas au mieux Autour de lui, quelques légers bruits du réveil de Montpellier, alors que le soleil levant venait découper la toiture de la bâtisse et affirmer le porche qui semblait séveiller avec la ville. La tour quand à elle la seule, contrairement aux Von Frayner qui en avait deux se faisait présomptueuse en étant tournée vers la rue. Elle aurait droit à quelques travaux de maçonnerie, mais Enzo en restait bien fier. Une tour à son époque était chose très classe, et il le savait très bien. De plus, elle saurait très bien garder la demeure et protéger les affaires du jeune homme et de sa femme. Bien entendu pas là pour linstant à cause dun fâcheux évènement.
Les murs arboraient les armoiries du Blackney tant ceux de sa famille que ceux de sa Seigneurie à Dinant. Soutenant son regard sur le porche, Enzo sy avança lair agacé, tandis quun Nortimer empressé sagitait à ouvrir à son jeune maitre. Au delà se dessinait la cours, quelques arbres et fleurs languedociens qui sanimaient sous le climat sec du Languedoc. Climat très différent de la Normandie, et même de Béarn, mais ne déplaisait toutefois pas au jeune normand. On sy habituait, et il sy plaisait. Ça nétait pas pour rien quil sy était installé à peine marié. Et ça nétait pas nécessairement pour faire plaisir à son insolente de femme qui semblait bien apprécier Montpellier. Il avait hésité entre Mende et la Capitale, et cette dernière avait gagné par ses étalages qui avait semblé à Enzo être plus garnis et plus diversifiés. De plus, le port naval le faisait envier, et lespoir davoir son propre bateau avait aidé à balancer son choix. Lair marin, était chose quil adorait respirer, au contraire de certaines personnes. Pénétrant dans la cours où se taillaient quelques arbustes pour délimiter et faire plus joli, Enzo indiqua dun geste sec de refermer derrière lui. À sa droite se trouvait les écuries pouvant accueillir un maximum de trois à quatre chevaux, mais des anneaux de métal avaient été aussi disposés sur le mur de pierre entourant la demeure. De lespace pour déventuels carrosses avaient été mis à disposition, et tout était placé pour permettre une circulation fluide dans la cours. Cette dernière nétait pas aussi grande que celle quil avait connue à lOustau de Mortain et ne laissait guère de place pour sentraîner, mais le jeune homme était ambitieux. En temps et lieux, et lorsque ses bourses se seront stabilisées, il veillerait à organiser un espace pour, ce même si pour ça il devait acheter la demeure voisine. Mais il nen était pas encore là.
La cuisine, dans les dépendances, à la droite du jeune Blackney donc qui saventurait tout droit, vers le Logis, nétait pas encore tout à fait adaptées pour le couple, mais des fourneaux y étaient déjà installés, permettant de garder une certaine chaleur dans la demeure en hiver, ce qui nétait pas négligeable. Il fallait juste adapter le tout pour permettre une bonne circulation, et surtout avoir une utilisation optimale par le cuisinier quil devrait embaucher, ce qui fit soupirer le jeune homme rien quà lidée. Tout près, toujours dans la cours se trouvait un puit pour permettre de garder le bâtiment propre, et surtout davoir de la flotte à disposition plus facilement, ce qui semblait pour le jeune homme un luxe non négligeable quil savait apprécier à sa juste valeur et ce même sil était actuellement fort mécontent. Dune démarche rapide, quoiquun peu chancelante à cause des quelques verres ingurgités auparavant, le jeune homme se dirigea donc vers le Logis qui faisait face au porche, malgré les plusieurs mètres qui les séparaient, puisque la cours se retrouvait à être devant, donnant la forme dun U à la demeure. Le logis, quand à lui, donnait sur trois étages où se trouvait principalement la grande salle, ainsi quun bureau de travail où étaient étalés quelques courriers quEnzo navait pas encore lus, en ce qui concernait le rez-de-chaussée. Le deuxième étage était peut utilisé, disposant de plusieurs pièces bien éclairées par les fenêtres à meneaux donnant sur la cours et larrière de la demeure. Les pièces se trouvant être des chambres communes et privés, pour la plupart inoccupées pour linstant, le jeune Blackney nautorisant toujours pas Gabrielle à avoir sa propre pièce.
Pour ce qui était des gens qui entretenaient lendroit, des chambres communes et certains aménagements pour les « familles » avaient été fait dans les dépendances pour permettre une séparation entre les gens et les propriétaires. Seul Audoin avait droit à une chambre commune même sil y dormait seul pour linstant, dans le Logis. Ce qui avait de la gueule tout de même. La garde-robe y était aussi située. Une armurerie serait mise à disposition au rez-de-chaussée plus tard, dans une des grandes pièces encore inutilisées. Pour ce qui est du troisième étage, il était complètement désert. Autant de vie que de meubles. Il faut dire que la demeure était habitée depuis peu, et quelle faisait encore un peu vide. Entre Montpellier et Falmignoul, le jeune Blackney navait guère le temps dadapter son Oustau. Ne serais-ce que la cave qui nétait pas du tout faite pour accueillir les bons alcools de ce Royaume pour linstant. Mais cela viendrait, à force, tout comme la construction dun corps de garde lui semblait être une bonne idée. Toutefois, lhumeur du jeune Seigneur nétait point aux grands projets, ni même à ses idées de construction ou autres. Effectivement, cest dhumeur massacrante quil fit claquer quelques portes à peine rentre dans le Logis, osant même envoyer valser le verre de vin quon lui présenta presque gentiment. À ses côtés sagitait un Nortimer qui semblait avoir un message à délivrer au grand malheur de ce dernier, et dEnzo dailleurs. Faut dire que la dispute avec sa Femme qui navait aucune envie de rentrer faisait grave crisper le jeune homme. Vrai quil lavait baffée, mais ça nétait point une raison pour ne pas écouter son mari ! Surtout quelle navait encore jamais visité la demeure à son souvenir, puisquils dormaient plus ou moins encore à lauberge le temps que les meubles arrivent et soient mis en place. Les déménagements nont rien de très facile.
- « Monseigneur »
- « Quoi ! »
- « Je »
- « Jai pas que ça à faire ! Dites. Et où avez-vous mis le tonneau de cidre ! Jai soif ! »
- « »
- « Nortimer, Parlez !
- « Une missive pour vous. À propos de rumeur »
- « Quelles rumeurs? »
- « Celles à propos du fait que vous êtes déshérité Monseigneur »
- « Quoi ? »
- « »
- « »
Le jeune homme sempara dun geste brusque de la missive et en fit sauter le sceau pour lire à toute vitesse. Effectivement, la rumeur disait bien quun crieur du Mont Saint-Michel avait hurlé la nouvelle, en les terres qui avaient vu grandir le jeune homme, quil était maintenant déshérité. Fronçant un peu les sourcils, Enzo envoya la lettre choir sur le sol, tandis quil se déposa lourdement sur la première chaise quil eut à sa disposition, sans omettre de donner un coup de pieds dans le mobilier et de jurer sans scrupules. La question était déjà de savoir comment son père avait til pu être au courant de son mariage secret avec Gabrielle. Vrai que pour que la rumeur de son déshéritage vienne jusquau Languedoc, les crieurs devaient bien se transmettre les messages, mais reste néanmoins que son mariage avait été secret, et les bans publiés de façon à ce que rien ne sébruite. Cétait invraisemblable. Si les sinoples montraient un gros agacement depuis linstant quil les avaient pointés sur le porche, là ils étaient carrément en colère. Des émotions diverses sentretuaient dans sa tête, mais surtout une image se dessinait dans sa tête : Tout était de sa faute à Elle. La question étant le regrettait-il ou pas. Enzo jeta un il sombre à Nortimer, qui, entre ses doigts,froissait sa chemise.
- « Quest-ce que vous faites encore là ! Bougez ! »
- « Oui mais où ? »
- « Imbécile ! Bougez ! Arrangez vous pour quAudoin me ramène ma femme. Et vite ! »
- « Mais »
- « VENTRE-DIEU ! FAITES SI VOUS NE VOULEZ PAS QUE JE VOUS ÉVENTRE LÀ, MAINTENANT ! »
*Je remet à qui de droit : JD Ludwig Von Frayer. En espérant qu'il ne se vexera pas de cette reprise que j'aimais bien.
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©JD Marin