Gabrielle_montbray
« Elle passe sa vie à l'attendre
Pour un mot pour un geste tendre
Elle le suivrait jusqu'en enfer
Et même l'enfer c'est pas grand chose
À côté d'être seule sur terre
Elle l'aime, elle l'adore
Plus que tout elle l'aime
C'est beau comme elle l'aime
Elle l'aime, elle l'adore
C'est fou comme elle aime
C'est beau comme elle l'aime »
- Michel Berger -
Pour un mot pour un geste tendre
Elle le suivrait jusqu'en enfer
Et même l'enfer c'est pas grand chose
À côté d'être seule sur terre
Elle l'aime, elle l'adore
Plus que tout elle l'aime
C'est beau comme elle l'aime
Elle l'aime, elle l'adore
C'est fou comme elle aime
C'est beau comme elle l'aime »
- Michel Berger -
Citation:
A vous
De moi
"Crevez alors".
Vraiment?
Et si je vous prenais au mot?
Et je me laissais tenter par l'attraction du sol vu du haut des remparts?
Ou par les marécages un peu au sud?
Ou par les eaux du port?
Ou par la froideur et la gentillesse de ma lame?
Voire, puisque j'ai toujours vos clés, par l'acidité d'un poison?
Le poison ne me tente pas... c'est trop... fade. Si je dois crever par vous, ça sera violent. Sanglant. Passionnel. Ca vous ressemblera. Ca sera beau et terrifiant comme un orage d'été. Brûlant et piquant comme la première gorgée de Calvados. Une mort arrogante. Une mort orgueilleuse.
"Crevez alors".
Vous me tuez déjà Enzo. Tous les jours. Un peu. Vous creusez ma tombe plus sûrement que le plus expérimenté des fossoyeurs. Vous m'arrachez l'âme, le coeur, le corps.
Et j'aime ça.
"Crevez alors".
Si tel est votre bon plaisir, mon Seigneur et Maitre...
... mais pas cette nuit.
Je vais crever en vous attendant. Crever de peur en attendant les coups. Crever d'angoisse en attendant les paroles dures. Crever d'espoir en attendant votre baiser. Vous savez de ceux que vous m'accordez parfois. De ceux qui me vrillent le ventre et me retournent l'esprit. De ceux dont vous ignorez le pouvoir... Vous ne voyez rien. Et pourtant, Enzo...
Je crève déjà.
De moi
"Crevez alors".
Vraiment?
Et si je vous prenais au mot?
Et je me laissais tenter par l'attraction du sol vu du haut des remparts?
Ou par les marécages un peu au sud?
Ou par les eaux du port?
Ou par la froideur et la gentillesse de ma lame?
Voire, puisque j'ai toujours vos clés, par l'acidité d'un poison?
Le poison ne me tente pas... c'est trop... fade. Si je dois crever par vous, ça sera violent. Sanglant. Passionnel. Ca vous ressemblera. Ca sera beau et terrifiant comme un orage d'été. Brûlant et piquant comme la première gorgée de Calvados. Une mort arrogante. Une mort orgueilleuse.
"Crevez alors".
Vous me tuez déjà Enzo. Tous les jours. Un peu. Vous creusez ma tombe plus sûrement que le plus expérimenté des fossoyeurs. Vous m'arrachez l'âme, le coeur, le corps.
Et j'aime ça.
"Crevez alors".
Si tel est votre bon plaisir, mon Seigneur et Maitre...
... mais pas cette nuit.
Je vais crever en vous attendant. Crever de peur en attendant les coups. Crever d'angoisse en attendant les paroles dures. Crever d'espoir en attendant votre baiser. Vous savez de ceux que vous m'accordez parfois. De ceux qui me vrillent le ventre et me retournent l'esprit. De ceux dont vous ignorez le pouvoir... Vous ne voyez rien. Et pourtant, Enzo...
Je crève déjà.
Voilà la lettre que Gabrielle fit porter à Enzo à la taverne de Traverse dans laquelle il salcoolisait probablement plus que de raison.
« Crevez alors ». Les derniers mots quelle avait entendu. Elle avait préféré quitter là. Le quitter lui. Pas définitivement, elle en était bien incapable, mais pour le reste de la nuit.
« Crevez alors ». Pourquoi ? Parce quelle lui avait dit non. A lui, Enzo, son Seigneur et Maître. Sa raison de vivre autant que son bourreau. Authentique salaud, parfait petit con, beau comme un Dieu, charmant à ses heures, mais sale type odieux. Gabrielle lui refusait peu de choses, lui pardonnait tout, acceptait beaucoup. Trop disaient les autres. Mais les autres que pouvaient-ils bien y comprendre ? Ils nétaient pas là le soir au fond des tavernes, au fond de loustau, au fond des lettres quils sécrivaient. Personne ne pouvait comprendre, parce que les gens avaient une vision de lamour que Gabrielle trouvait morne et fade. Pour elle lamour cétait un sentiment violent, destructeur, un sentiment qui la dévorait, qui la brûlait, qui lépuisait. Elle ne voulait pas quEnzo lui offre des fleurs, elle ne voulait pas quil lui tienne tendrement la main, elle voulait encore moins quil lui murmure des « je taime » rougissants. Non, elle voulait quEnzo laime violemment, durement, passionnément. Elle voulait quil la remue, la fasse vibrer, elle voulait le haïr parfois pour mieux ladorer ensuite. Enzo était sa folie, son opium, son alcool violent. Il était son complément dâme, son tout et son absolu. Oui, il était son Seigneur et Maître. Mais elle nétait pas son esclave, sa soumission à elle était une forme de jeu, une soumission volontaire qui avait ses limites. Elle lui tenait tête, souvent, et le faisait flancher, parfois.
Il lavait emmerdé pour une histoire de colle pour sa maquette. Une putain dhistoire de colle pour une saloperie de maquette ! Lengueulade la plus minable qui soit. Mais elle avait dit non. Et on ne dit pas non à Enzo sans en subir les conséquences.
Elle ne savait pas encore ce quelles seraient. Des coups, du mépris, des paroles atroces ? Peu lui importait, elle attendait, dans la chambre de lOustau, seule. Un mélange de peur et dinquiétude lui vrillait lestomac. Elle espérait son retour autant quelle le redoutait.
Elle sursaute, juste un peu, quand elle entend la porte dentrée souvrir avec fracas. Des cris. De lagitation. Une chaise qui a volé probablement. Dautres cris. Des éclats de voix. Un piaillement. Agnès. Cette idiote a du avoir un geste ou un regard malheureux. Gabrielle sen fout. Elle ira la voir demain. Elle trouvera les mots et ça passera. Un bruit de verre brisé. Un calme relatif. Un cri. Enzo. Un cri de douleur. Le corps de Gabrielle se tend mais elle résiste. La mesnie est là. Quils sen occupent tous. Des objets qui se fracassent. Bois, métal, verre. Le Maitre des lieux saccage ce quil peu semble-t-il. Gabrielle tremble légèrement, elle se dit que la fureur pourrait bien sabattre sur elle. Plus rien. Elle reste aux aguets, tendant de savoir ce qui se passe. Puis un bruit sourd dans lescalier et un juron. De nouveau cette envie daller voir. Mais non. Crevez alors.
Le temps semble long parfois. Les minutes s'étirent. Gabrielle attend toujours. Elle entend les pas. Elle reconnaît les voix dAnastase et de Robin qui chuchotent. On frappe à la porte. Forcément. Il faut prévenir madame.
- Entrez.
- Madame .
Pathétique. Il est pathétique. Soutenu, presque porté, par les deux gardes, la main droite en sang, lil vitreux, les cheveux en bataille. Il pue le whisky, pire quun marin anglois après sa première nuit de retour au port.
Gabrielle le regarde et secoue légèrement la tête.
Un signe aux deux gardes. Un geste de la main, désabusé.
- Installez-le sur le fauteuil et sortez.
Gabrielle hésite.
- Robin ? Vous resterez en garde devant la porte.
Des fois que. Des fois quil recommence. Des fois quil la crève vraiment.
Les gardes sortis, Gabrielle regarde Enzo, avachi dans le fauteuil. Il est complètement fait. Elle ne sait même pas si elle la déjà vu dans cet état là. Une pauvre histoire de colle, un refus et Gabrielle regarde son mari en se demandant combien de temps encore elle pourra tenir.
Crevez alors.
Sale type. C'est beau comme je t'aime. Mais tu ne le vois pas.
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