Actarius
La bonne humeur demeura fermement ancrée dans le coeur du Mendois. Il ne prit pas ombrage de ce départ, pas plus qu'il ne remarqua l'oubli de celle que ses yeux ne purent quitté qu'une fois la porte fermée. Il y avait du respect, de la tendresse, de la pudeur dans ces iris de Sienne étincelants, mais aussi une lueur de repentance et de regret pour la négligence qui étaient sienne à l'endroit de celle auprès de qui il aurait dû couler la majeure partie de son temps. Le pan de bois grinça et avec ce bruit, son attention se reporta sur sa fille et sa protégée. Il avait prévu de faire ce tour d'inspection et il le ferait avec elles. Le sourire toujours accroché aux lèvres, il se tourna vers les deux demoiselles et les invita à le suivre. La protégée, point encore rompue à l'équitation, monterait avec lui et la fille sur un autre cheval. Mais cela ne serait qu'après avoir dégusté un peu de l'eau citronnée que venait de rapporter, en version moins acidulée, un serviteur.
Quelques minutes étaient passées lorsque le convoi quitta le Castel par le sinueux chemin qui les mènerait au bourg. Il y régnait une intense ambiance d'activité, les couleurs fleurissaient de ci, de là et les salutations aussi respectueuses que cordiales se multipliaient dans les ruelles. La gaité était générale, ainsi que l'enthousiasme qui avait saisi toute la vallée. Seigneur sévère, droit, mais généreux et franc, le Phénix jouissait du respect de la plupart de ses gens. Il avait redonné à ces terres un lustre presque oublié. Les famines étaient rares, l'enrichissement fréquent. Puis, la possibilité de voir un de leurs enfants évoluer aux côtés d'un Pair de France offrait aux notables de joyeuses perspectives. Les crimes, les vols existaient bien entendu, ils demeuraient rares cependant tant les châtiments se révélaient terribles. La puissance militaire du Comte du Languedoc, que trahissaient les nombreuses patrouilles, rassérénait également les sujets. Les grandes entreprises, comme les travaux d'aménagements des routes principales, le développement des mines de plomb argentifère ou les joutes, attisaient un sentiment de fierté et dans les esprits les plus loyaux autant de reconnaissance que d'admiration. En son fief, le Phénix était aimé, apprécié et cela se voyait dans la déférence et les sourires des habitants.
Sur le chemin, ainsi qu'il le devenait souvent, il se montra bavard. Il évoqua le sacrifice de Privat face aux hordes de sauvages pour venir en aide à la population de Mende, il aborda l'histoire des mines exploitées autrefois par les Sarrasins, il parla des antiques rûchiers des Cévennes, de l'art, mêlant habileté, prudence et patience, nécessaire à la récolte du miel, il se répandit sur les vicissitudes par delà lesquelles était passée la haute vallée du Lot, il s'égaya sur chacune de ses particularités, et plus spécifiquement sur les nombreux conflits d'autrefois. Il se dévoila érudit, ainsi qu'on ne pouvait le croire lorsqu'on apercevait sa carrure de guerrier, son allure farouche. Mais cette terre était la sienne, elle l'avait façonné et lui semblait s'efforcer de le lui rendre avec la passion qui harmonisait chacune des inflexions de sa voix ensoleillées.
Il parlait avec chaleur ne s'interrompant que lorsque des gens croisaient leur route, ce qui n'était pas rare. Après leur avoir adressé une salutation aimable, un mot amical ou d'encouragement s'il s'agissait de travailleurs, il reprenait le fil de son récit sur lequel il paraissait intarissable. Au fur et à mesure de la progression, du futur campement à Saint-Julien, il se colorait avec un bonheur quasiment parfait, un peu comme si ce n'était pas seulement ses terres qui se préparaient à rayonner, mais son coeur également. Ainsi se déroula l'inspection et à la mine satisfaite qu'il arborait, au faible nombre de consignes, de remontrances qu'il adressa aux travailleurs, on pouvait sans peine deviner une profonde, inébranlable conviction: Le Tournel serait prêt. Dans quelques jours, il aurait revêtu son habit de fête et rayonnerait comme rarement auparavant.
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Quelques minutes étaient passées lorsque le convoi quitta le Castel par le sinueux chemin qui les mènerait au bourg. Il y régnait une intense ambiance d'activité, les couleurs fleurissaient de ci, de là et les salutations aussi respectueuses que cordiales se multipliaient dans les ruelles. La gaité était générale, ainsi que l'enthousiasme qui avait saisi toute la vallée. Seigneur sévère, droit, mais généreux et franc, le Phénix jouissait du respect de la plupart de ses gens. Il avait redonné à ces terres un lustre presque oublié. Les famines étaient rares, l'enrichissement fréquent. Puis, la possibilité de voir un de leurs enfants évoluer aux côtés d'un Pair de France offrait aux notables de joyeuses perspectives. Les crimes, les vols existaient bien entendu, ils demeuraient rares cependant tant les châtiments se révélaient terribles. La puissance militaire du Comte du Languedoc, que trahissaient les nombreuses patrouilles, rassérénait également les sujets. Les grandes entreprises, comme les travaux d'aménagements des routes principales, le développement des mines de plomb argentifère ou les joutes, attisaient un sentiment de fierté et dans les esprits les plus loyaux autant de reconnaissance que d'admiration. En son fief, le Phénix était aimé, apprécié et cela se voyait dans la déférence et les sourires des habitants.
Sur le chemin, ainsi qu'il le devenait souvent, il se montra bavard. Il évoqua le sacrifice de Privat face aux hordes de sauvages pour venir en aide à la population de Mende, il aborda l'histoire des mines exploitées autrefois par les Sarrasins, il parla des antiques rûchiers des Cévennes, de l'art, mêlant habileté, prudence et patience, nécessaire à la récolte du miel, il se répandit sur les vicissitudes par delà lesquelles était passée la haute vallée du Lot, il s'égaya sur chacune de ses particularités, et plus spécifiquement sur les nombreux conflits d'autrefois. Il se dévoila érudit, ainsi qu'on ne pouvait le croire lorsqu'on apercevait sa carrure de guerrier, son allure farouche. Mais cette terre était la sienne, elle l'avait façonné et lui semblait s'efforcer de le lui rendre avec la passion qui harmonisait chacune des inflexions de sa voix ensoleillées.
Il parlait avec chaleur ne s'interrompant que lorsque des gens croisaient leur route, ce qui n'était pas rare. Après leur avoir adressé une salutation aimable, un mot amical ou d'encouragement s'il s'agissait de travailleurs, il reprenait le fil de son récit sur lequel il paraissait intarissable. Au fur et à mesure de la progression, du futur campement à Saint-Julien, il se colorait avec un bonheur quasiment parfait, un peu comme si ce n'était pas seulement ses terres qui se préparaient à rayonner, mais son coeur également. Ainsi se déroula l'inspection et à la mine satisfaite qu'il arborait, au faible nombre de consignes, de remontrances qu'il adressa aux travailleurs, on pouvait sans peine deviner une profonde, inébranlable conviction: Le Tournel serait prêt. Dans quelques jours, il aurait revêtu son habit de fête et rayonnerait comme rarement auparavant.
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