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[RP] Sur l'éperon rocheux - réception des invités personnels

Actarius
Depuis des semaines, l’excitation s’était installée dans la Vicomté du Tournel. A des lieues à la ronde, les mots « festivités » et « réjouissances » résonnaient à un moment ou à un autre dans chaque conversation. Un tel événement n’avait rien de courant, il était même inédit dans cette région encore sauvage. Les rumeurs allaient ainsi bon train, portées non seulement par l’enthousiasme mais également par les plus farfelus fantasmes. Des Princes fouleraient bientôt les routes tourneloises, les plus grands et renommés jouteurs se mesureraient sur la lice, au pied de la forteresse. Un tel rassemblement de noms prestigieux, de têtes couronnées, de puissants avaient de quoi donner le vertige à des gens habitués à la quiétude, tout juste troublée par quelques convois de marchands et des groupes éparses de voyageurs. Plus qu’un vertige, car, à la vérité, le simple berger tournelois ne connaissait pas même la première lettre d’un seul de ces noms, ne reconnaîtrait les moindres couleurs exposées au gré du vent, il s’agissait d’une forme de prestige, de fierté. Dans une terre d’abondance, où le Seigneur n’avait rien d’un cruel tyran, bien au contraire, voir se réunir tant de personnes de haut rang exaltait le sentiment de participer à un moment d’importance. Au cœur des crânes locaux, se dessinait jusqu’à la chimère d’un instant d’histoire, d’un instant unique. Enlevée par cette émotion grandissante, par cette sensation de contribuer à quelque chose de grand, la gens de la haute-vallée du Lot s’était soulevée d’un élan commun et avait littéralement métamorphosé les lieux.

Il y avait eu les aménagements pour le campement principal bien entendu, les travaux sur les voies d’accès, l’acheminent fastidieux de réserves inconcevables de nourritures et de boissons. Tout s’était conjugué au temps de l’abondance et du faste. Jamais les sous-sols du château n’avaient regorgé de tant de marchandises. En parallèle, tant le château que le bourg du Tournel avaient changé. La grisaille de la pierre avait pris des couleurs. Le rouge, celui du Languedoc, se voyait partout ou presque. La croix occitane était devenue marraine, gardienne des lieux allant jusqu’à disputer la domination de la pointe d’argent, elle aussi bien en évidence. Mais l’habit festif ne s’arrêtait pas aux façades.

Le Castel, où logeraient les Princes et leur suite, la famille du Phénix, maître des lieux, les régnants des Provinces voisines et l’archevêque de Bourges, avait été totalement réaménagé. Le donjon avait été réquisitionné et transformé en second logis où les Salmo Salar, invités d’honneur, pourraient prendre leur aise. Le logis lui-même était devenu un véritable havre de paix, décoré avec soin et sobriété, où se disputaient une dizaine de suites et d’appartements particuliers. Il avait paru à ce point inconcevable à l'hôte d’inviter de si prestigieuses personnes sans leur offrir un confort qui rendrait leur séjour agréable, qu’il avait redoublé d’efforts poussant le « vice » jusqu’à dépenser d’importantes sommes pour que tout fût parfait. Las, le Castel ne pouvait offrir de refuge à tous les invités. Ainsi, le bourg avait subi lui aussi quelques transformations. Celui-ci s’était développé au pied de l’enceinte, au sud de l’éperon. Il dominait directement le Lot et s’épanouissait sereinement dans l’ombre de l’imprenable forteresse. La seule auberge du Tournel avait été transformée en une espèce d’hôtel particulier de campagne. Ce serait là le séjour de la Prinzessin, de ses proches. Cet édifice-là avait fait l’objet d’une surveillance quasi constante. Le parfait ne suffisait pas pour l’être aimé, pour le pilier de ces festivités, pour celle sans qui rien n’aurait été possible. Pour elle, il fallait le plus-que-parfait. L’Euphor aurait été inconsolable de lui offrir le moindre sujet de déception. Il désirait qu’elle fût fière de lui et heureuse d’être là. Et cela, il s’en assurerait en personne le moment venu.

En somme, tout était prêt pour accueillir et loger les invités personnels. Ne manquait plus que l’hôte. Celui-ci justement avait opté pour une stratégie relativement ingénieuse étant donné le nombre d’invités prévus. Après une dernière inspection sur le campement, il s’était positionné sur la route de l’est avec une petite escouade, non loin du pont de pierre. Ainsi, il ne pourrait manquer les arrivées, puis après les salutations et un accueil cordial, pourrait les confier à un membre de cette petite troupe pour les guider au Castel ou au bourg du Tournel. A ses côtés, se trouvait également sa jeune protégée, qui assurément, avec son sourire, offrirait de cette chaleur que le Comte avait à cœur de transmettre à ses invités.

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Lacoquelicot


    La Protégée en question était là, perchée en amazone sur la monture d’accoté, fermement agrippé au cavalier à qui on l’avait confié pour l’occasion. A bientôt treize ans la demoiselle ne maîtrisait point encore l’art de l’équitation. Il faut avouer qu’ Ella n’en avait jamais vraiment eu besoin auparavant. Les chevaux faisaient partis des nombreuses choses que le Cœur d’Oc avait amené dans sa vie en la recueillant. Les robes, les châteaux, les chausses, les rangs sociaux… Tant de choses dont la jeune rousse ne se souciait pas jusqu’ici et qu’elle assimilait en douceur depuis plusieurs mois maintenant. Et aujourd’hui était le jour d’une grande leçon pour la demoiselle…

    Le Vicomte l’avait choisis pour accueillir avec lui, les invités de marque, la crème de la crème, le gratin de la noblesse française et étrangère. Si l’idée d’être préférée à Melisende pour cette tâche lui avait secrètement réchauffé le cœur, l’office en lui-même l’angoissait beaucoup. Il faut dire que la demoiselle, bien que très sociable et d’un naturel souriant, était encore novice dans l’art et la manière de côtoyer les grands de son monde. Surtout ceux qu’elle ne connaissait pas… Et ces erreurs durant ces précédent essais de «cotoyage de hautes gens» n’avait pas été de franche réussite. Aussi, voilà plusieurs jours, qu’un nœud c’était formé dans ses entrailles à mesure que l’échéance approchait et que les tentes se montaient sur la grande plaine du Tournel. Alors que le tourment la gagnait, submergeant son esprit de craintes et de questionnement sans fin et sans fondement, la vision de l’Euphor s’imposa à elle et l’esprit de la jeune enfant s’apaisa quelques peu. Juché sur son destrier, le dos droit et le visage rayonnant, le colosse semblait scruter le paysage alentour. Il avait de quoi être fier de ce qu’il avait réalisé en si peu de temps, et les festivités s’annonçaient déjà comme un succès avant même d’avoir commencées.

    Et sans doute que les prochains jours seraient riche en évènement tant pour lui que pour elle, alors la jeune demoiselle voulait profiter de ces derniers instant seule avec lui, avant que le manège des joutes se mette en branle et que les animations les emporte. C’est donc d’une voix douce, qu’Ella déchira le voile de silence qui recouvrait la scène.
    Votre Seigneurie... J’ai un peu peur, voyez-vous... La voix était étrangement calme, et le regard vert d’eau de la jeune fille se posa sur le chemin qui s’étendait devant eux. Peur de ne pas être comme il faut et de vous décevoir… Maigre aveux dont il connaissait déjà la teneur mais qu’elle avait tenu à exprimer de nouveau à celui à qui elle devait tout. Qui attendons-nous exactement ? Histoire que je connaisse mieux l’épreuve qui m’attends.

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Image: Jenifer Anderson - Texte: La rue Kétanou
Alcalnn
[Le Chat montre ses moustaches…]



La barbe grisonnante d’Alcalnn avait été soigneusement taillée et peignée, rincée de la poussière du voyage lors de sa brève halte à Sent-Julian. On ne se présentait pas chez un ami, fut-il un frère d’armes avec qui on avait pataugé dans le sang et la boue, comme le dernier des mendiants. L’âge avait appris au duc qu’on faisait un effort sur sa personne, non pas pour soi, mais pour les autres. D’autant qu’au Mont, sa forteresse entre terre, ciel et mer, de grands princes venaient régulièrement profiter de son arbitrage pour régler pacifiquement leurs querelles, faides et autres guerres privées. Alors l’écumeur de charge, le guetteur de cliquetis, le pisteur de sang avait appris à paraître. Mais paraître seulement. Si politesse et vesture allaient de soi, les manières efféminées et hypocrites de la cour n’avaient pas franchis l’acier de son harnois. A son âge, il eut été de toute manière difficile de redresser le tir, tant il était un personnage entier.

Après donc une longue demi-lieue de chemin sinueux, car tel était le paysage de cette haute vallée du Lot, il finit par entendre, car on entend et sent avant de voir, le bourg castral du Tournel. C’est alors qu’on lui signala que le Coms était allé attendre ses invités de marque sur un pont qui franchissait le Lot passablement réduit plus à l’est. Le duc n’hésita pas. Quand bien même il n’était pas attendu, il n’avait pas fait un si long chemin depuis la Normandie pour ne pas aller directement saluer le maitre des lieux. Et tant pis si il lui arrivait dans le dos. Un chat surprend toujours… Après quelques instants de chevauchée ils finirent par voir une troupe de cavalier qui semblait tenir le pont. En d’autres moment il aurait réfléchit rapidement sur le moyen d’enlever le passage, mais on n’était point en guerre. Aussi ne fit-il preuve d’aucune discrétion lorsqu’il s’approcha :


-Bon jorn a bos, noblas gens.* fit-il en gascon…


*bonjour à vous nobles gens
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Keridil


[De Montpipeau au Tournel, d'un foyer à un autre.]

Depuis quelques jours, Keridil d'Amahir-Euphor était libéré de la Couronne d'Orléans. Il était redevenu, un temps, le simple Vicomte de Montpipeau. C'était donc avec délectation qu'il s'était glissé dans le costume d'un vassal de la Couronne qui n'était plus Grand Feudataire.
Seul dans sa forteresse - la plus grande de l'Orléanais - le brun avait savouré un repos mérité. Il n'avait plus de couloirs à parcourir, plus d'élus à aiguiller, plus de conseils à recevoir, plus de parchemins à lire, écrire ou sceller. Une retraite s'imposait, mais pas avant d'avoir pris le chemin du Sud.
Invité par son cousin à participer aux Joutes du Tournel, qui avaient d'ailleurs été l'objet d'un marketing et d'une propagande intense, il n'avait su refuser. Ce serait là l'occasion de retourner en terres languedociennes, qu'il n'avait plus foulées depuis une chasse avec l'un de ses défunts cousins. Jamais, du reste, il n'avait eu l'heur de poser le pied sur le sol de son manoir, offert généreusement par le Pair de France en cadeau de noces. Il escomptait saisir l'occasion, et s'offrir, en quelques sortes, des vacances à durée indéterminée.
Toutefois, il avait fallu s'occuper de faire atteler tout ce que l'on attelle. Il avait fallu prévoir des haltes, des itinéraires : Séverin de Volvent, secrétaire de Montpipeau, avait écopé des basses besognes. Ainsi la mesnie avait pris la route du Sud Ouest : Della, exilée en Bourgogne avec un marmot dans le bide et un autre dans les bras, devait les rejoindre en Bourbonnais.
La suite du Vicomte était encore celle d'un Duc. Secrétaire, chapelaine, maître d'armes, écuyer, quelques pupilles, palefreniers et gardes.
Des gens qui seraient plus volontiers invités à crécher au campement que dans les appartements que daignerait leur offrir leur hôte.

Après une longue route, passant de la douceur à la chaleur, traversant quelques averses, profitant de retrouvailles avec une épouse enceinte, qui ne manqua pas de le disputer pour quelques menues affaires vassaliques et nuptiales, le Castel de l'Euphor apparut.
Le carrosse aux armes vicomtales fut dirigé vers le pont de pierre, à l'est. L'organisation du Phénix ne souffrait pas l'imperfection : l'on roulait mieux que dans Paris.
Si le jeune Euphor avait du se résoudre au carrosse plutôt qu'à l'honneur d'une arrivée à cheval, c'était qu'il ménageait une jambe semi-folle, souvenir de guerre, qui lui serait somme toute plus utile en bonne humeur pour jouter que malmenée.
Actarius à vue, il fit arrêter le cocher pour aller au devant de son cousin, à pied.
Il n'était pas seul, et le Magnifique risquait d'être rapidement inondé. Toutefois, sans la moindre gêne, il fut gratifié d'une accolade après qu'un salut fut fait au supposé gascon, que l'Amahir ne connaissait pas.


Mon cousin. Le plaisir est immense, autant que votre absence nous fut lourde.

Et de fait, à Montpipeau, l'on chérissait cousin-Acta.
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En deuil, mais de sa chienne de chasse.
Lacoquelicot


    [Salutations: 1/10, pour l'effort...]


    La question de la jeune demoiselle eut à peine le temps de se perdre dans l’immensité de la vallée du Lot qu’un homme les prit à revers… Ô surprise ! Ella n’aimait guère que le plan dévie, que la vie dérape. L’angoisse monta donc d’un cran resserrant encore le nœud de ses entrailles. Quelle idée d’arrivée par derrière aussi… Mais qu’importe ce n’est pas si futile chose qui allait mettre en déroute la cavalerie tourneloise. Un ballet de chevaux se mit en branle au rythme des sabots afin que le noble inconnu et Actarius puissent échanger quelques mots sans avoir à hurler. Et la Fleur sur son quadrupède n’aurait qu’a sourire en silence comme une parfaite poupée. Le plan B dans le crane de la Coquelicot était parfait, si ce n’est à un détail près.

      Son regard croisa celui de l’illustre anonyme… Zut !

    Il lui fallait parler, répondre au moins, conversé au pire. Et tout cela sans pouvoir mettre un nom sur ce visage soigné et cette allure distingué. L’homme comme la majorité des hautes personnalités du pays en imposait. Et c’est une Ella intimidée qui tenta sa chance en bafouillant c’est quelques mots.


    Lo bon jorn, votre Majesté.

    Majesté. Car cela ne pouvait être que le roi aux yeux de l’ignorante protégée. Ce n’était pas faute de s’être renseigné auprès de quelques personnes pour reconnaitre les rangs de chacun au premier coup d’œil, mais aucune couronne ne semblait avoir eu l’idée de ceindre le front du mystérieux invité. Alors quitte à se tromper autant que cela soit flatteur ! Ne pouvant rattraper sa méprise, la demoiselle inclina la tête et sourit. C’était encore le plus sage.

    Mais son calvaire ne semblait que commencé. Déjà une seconde personne s'approchait de l’attroupement, dans le bon sens cette fois! Et si la demoiselle ne devinait encore pas le rang de celui-ci, le Phénix sur la bannière lui sauta immédiatement aux yeux. Ce mystérieux là était donc de la famille. Un Euphor. Aux vues de sa jeunesse, un cousin ou un neveux sans doute... A l'instar du supposé roi, le jeune homme fut gratifié d'un sourire mais cette fois les lèvres purpurines de la jeune enfant restèrent close. Prudence étant mère de sûreté, n'est ce pas!


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Image: Jenifer Anderson - Texte: La rue Kétanou
Alcalnn
Un bruissement d’aile, un son cristallin, suivit immédiatement d’un grand éclat de rire. Alcalnn, à pleine dent, riait à gorge déployée, les yeux humectés de larmes, les rides d’expression bien marquées. Essayant de reprendre son souffle et le contrôle de son corps, il s’avança au pas pour donner l’accolade à Actarius. Cela faisait longtemps qu’il n’avait vu son ami. L’âge et le poids des charges l’avaient lui aussi rattrapé. Il ne savait plus s’il était plus jeune que lui ou s’ils étaient du même âge. Mais comme seul les gens droits et valeureux peuvent l’être, il conservait une force qui transparaissait de son port. L’Euphor, le Phénix, pouvait mourir, renaitre de ses cendres, mais ne perdait jamais de sa superbe. A côté de lui se trouvait une mésange, un rouge-gorge qui pour l’occasion semblait perdue. La jouvencelle était à l’origine de l’orage joyeux qui avait précédé aussi se tourna-t-il vers elle et inclina gaiement la teste en signe de salut :

-Madamisella, no soy lo rey, nostre sobiran senhor, sobre un paubre capitan que voy solamment grebar los jobenes que pensan estre los melhores a cabat cum una lanssia en la man.*


Il se tourna avec un clin d’œil pour son hôte, assurant là une complicité dans cette humilité feinte. Grand serviteur de l’Etat, il avait eu son heure de gloire et se contentait maintenant de visiter les vieux amis, veiller à sa famille –avec quelques désolations- et batailler, car la guerre était pour lui une amante exigeante, jalouse, possessive et cruelle. Il sourit en coin en se tournant vers Actarius :


-Tu as su me caresser dans le sens du poil pour m’attirer ici. Je n’avais pas remonté le Lot depuis ma jeunesse. Cela m’a fait remonter des souvenirs fugaces, bons dans l’ensemble, car les périodes noires de la grande guerre s’estompent peu à peu lorsque je ne cauchemarde pas la nuit.


La grande guerre, qui avait vu le duché de Guyenne tomber dans l’escarcelle du roi de France, entre le Lys et le Léopard. Nombreux étaient les lignages du pays qui, par sécurité, ne sachant qui de Sent Miqueu o Sent Jorge l’emporterai, avaient placés au moins un enfant dans l’autre camp, pour que, si d’aventure les choses tournaient mal, il puisse aider ses parents captifs et recueillir légalement l’héritage. Si son père avait soutenu le Lys et le Dauphin, Alcalnn lui, avait eu à soutenir le Léopard, combattant souventefois avec la noblesse et bourgeoisie bordelaise, qui elles, ne souffraient pas de pareils stratagèmes ; leurs terres étant exclusivement dans le giron du rey-duc.

C’est alors qu’arriva un parent du Phénix. Il le connaissait de vue mais n’avait jamais vraiment pu l’encontrer de mieux et discuter avec lui plus en avant.


-Lo bon jorn monsenhor d’Amahir-Euphor.
Le salua-t-il poliment.

Alors que ce dernier présentait ses respects au maitre des lieux, Alcalnn décida de rompre le mystère et de révéler son identité à la jeune damoiselle, espérant ainsi saisir au vol, la sienne. Si comme beaucoup d’oiseau superbe, elle semblait craintive au premier abord, elle était visiblement avide de profiter du moment présent en écoutant, voyant et ressentant tout ce qu’elle pourrait. Le monde s’offrait à sa jeunesse et c’était un spectacle toujours agréable à voir, notamment pour un homme qui fut jadis et qui voyait plus le couché de soleil que l’aube se lever.


-Pardonne moi, madamisella, pour tout à l’heure, je n’ai pas menti, je ne suis pas nostre souverain seigneur, mais simplement Alcalnn Blackney. Mais toi, damisella, quel nom porte-tu ?


Les titres, il en avait assez, pas la peine de les égrainer, des juges de lice s’en chargeraient bientôt de les répéter à qui mieux mieux.


*Mademoiselle, je ne suis pas le roi, notre souverain seigneur, seulement un pauvre capitaine, qui souhaite simplement crever les jeunes qui pensent être les meilleurs à cheval lance à la main.
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Namaycush
La Remonte



Un été s’achève dans la canicule, l’heure d’un rendez-vous, l’heure d’une amitié à partager sonne. A l’instar des grands anadromes qui bientôt entameront la remonte vitale des cours d’eau pour s’y reproduire, l’automne était saison de saumon, l’automne était source d’inspiration pour le roi des cours d’eau et sa queue en frétillerait de plaisir tandis que son échine fendrait la surface de l’onde courante.
Notions de géographie réduites au plus simple, l’anatomie de la France recelait bien d’inconnues pour le Carmin qui jamais au grand jamais, n’avait mis le bout d’une botte dans une école. Mu par la logique des coquelicots et des talus, il décida tout naturellement de rejoindre la rivière Lot et de la remonter en grand équipage.

Bannerets nommés, les oriflammes, à défaut de claquer, n’imprimaient qu’un léger mouvement dû au déplacement d’air de leur déplacement. Obligation de la fonction d’Imperator, les lys de France menaient le train, suivis des couleurs familiales de la famille du roi, Salmo Salar, battues en plein par son statut de patriarche et de frère aîné, puis la tête de lynx de la célèbre *Memento Mori*.




Deux voltigeurs, à quatre heures de la colonne principale reconnaissaient le terrain, marquant le chemin de branches cassées en quinconce d’un côté, d’un amas innocent de galets de l’autre, désignant parfois un repaire de flacons blancs de Bourgogne baignant dans l’eau afin de les rafraîchir.
Carmin était coriace, mais Carmin avait toujours soif, de justice, de sang ou de vin. La route se balisait de signes invisibles pour le commun des mortels, qui tant qu’ils naissaient à droite ou à gauche, signifiaient périmètre sécurisé.

Près de Saint-Cirq-Lapopie, la colonne mit pieds à terre pour emprunter un magnifique chemin de halage, taillé dans le roc, ce qui leur donna encore plus soif. Maugréant, il pensa à Gorborenne qui peut-être fera haler son bâtiment sur ces mêmes pierres.

Jusqu’à environ deux lieues en aval de Mendes, les eaux du Lot, grossi par le Bramont, jolie rivière très calcaire, à l’origine cristallines, devenaient plus opaques et chargées en limon. Le chevesne, ce cochon des rivières, affirmait sa présence de toute part, confirmée par des gobages bruyants que ce goinfre sans noblesse provoquait lorsqu’il avalait tout ce qui passait à sa portée.

Entre Mendes et Ste Hélène le Lot prenait un cours sage. Les zones de rapides alternaient avec les zones calmes et les gourgs profonds. Le lit de la rivière se constituait de blocs, de graviers et de sable granitiques parmi lesquels apparaissaient de moins en moins d’éléments calcaires et ses berges boisées offraient un abri de fraîcheur à ces voyageurs hors du commun qui remontaient son cours au plus grand plaisir des chevaux, dont les sabots dérangeaient chabots, vairons, goujons, truites et tacons.

Entre Sainte Hélène et Chadenet, la rivière sur un terrain granitique alors que la pente s’accroîssait brusquement. Le Lot avait creusé dans ce granit une gorge profonde et tourmenté, seul lieu de cette haute vallée où il prenait un caractère que l’on pouvait imaginer torrentueux et sauvage en période de forts débits, à l’extrême de l’étiage qui laissait deviner tous les secrets de sa faune piscicole et son intimité constituée de “lauzes” glissantes.

La trinité des frères Salar se réunirait, sans que rendez-vous fixe se fût fixé, unie par une rivière pépinière de ceux de leur race.

Pontoise profita de l’encaissement de l’endroit pour faire donner du cor auquel les frangins, s’ils étaient dans le coin, feraient écho.


Paouuuuuuuuuuuuuuuuuu Paouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu Paouuuuuuuuuuuuuuuuuu

Trois tirades pour trois frères…
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Alcyone
[Dax, quelques jours auparavant... Ou quand l'ire carmine est le plus puissant des moteurs!]

La rouquine avait pris un peu brusquement "congé" de Memento, quelques jours auparavant. C'est-à-dire que ce n'était pas voulu, mais la bohèmitude chronique dont elle souffrait avait fait en sorte qu'au détour d'un chemin, elle avait quitté l'armée à l'insu de son plein gré. Et tant qu'à se retrouver plantée toute seule comme une conne au beau milieu de nulle part, elle avait décidé d'obliquer vers Dax, histoire d'aller se ravitailler et se refaire une beauté. Parce que les campagnes en armée, ça n'aide pas à conserver un teint pâle et frais de jouvencelle. Namay rirait et râlerait encore du fait que sa bohème s'était ENCORE perdue en route, mais tant pis!

Ayant ainsi donc gagné la quiétude de leur domaine dacquois, Alcyone prenait le temps de prendre le temps. Peinarde. Jusqu'à ce matin où un pigeon lui livra une missive. Carmin à Carmine, évidemment, elle reconnut la calligraphie typique de son Aimé au premier coup d'oeil.

Le sourire se crispa au fur et à mesure de la lecture. Son mari lui rapportait une petite discussion qu'il avait eu récemment.


Citation:
Dis moi chérie, le Grand Ecuyer de France, Guillaume de Jeneffe sous-entend ceci

blablabla...

Pourrais-je savoir de quoi il en retourne ?

Je n'aime pas les prisons, alors je ne mets pas de cage aux autres mais... il y a des choses que j'aime savoir.

Namay !


De rage, elle chiffonna le vélin. Une histoire de cornes, suggérant une infidélité de la rouquine! En voilà deux qui allaient apprendre à connaître la Carmine, puisqu'apparement, ce n'était pas encore le cas! Il était aussi question de quelques festivités en Vicomté de Tournel, chez Actarius. Alors elle irait retrouver là-bas son mari et de Jeneffe, histoire de leur expliquer à tous deux sa façon de penser!

Sans prendre le temps de répondre à Namay - manquerait plus que ça, d'ailleurs, qu'elle prenne la peine de répondre à CA! - elle empaqueta quelques affaires pour se mettre au plus vite en route. La géographie n'était vraiment pas le fort des Salmo Salar, mais la colère était un GPS efficace.



Le Tournel

La beauté des paysages avait quelque peu adouci les humeurs massacrantes de la rouquine. Mais juste un peu hein. Parce qu'elle n'était pas insensible à l'harmonie des couleurs, à la magie des cours d'eau, à la majesté des a-pics vertigineux qui jalonnaient son parcours. L'endroit où ils allaient être accueillis grouillait de vie, on devinait au travers des récents aménagements le long des routes et des ponts tout l'investissement, tant personnel que financier, que le maître des lieux avait fourni.

De plus, la perspective de s'amuser et passer de bons moments en famille, de retrouver des amis, si l'on excluait ce mécréant de De Jeneffe, n'était pas pour lui déplaire. Et surtout, par respect et sympathie pour leur hôte, elle n'allait tout de même pas débarquer comme une furie mal embouchée prête à casser la vaisselle dans des joutes conjugales. De par son impulsivité et sa franchise excessive s'exprimant de façon... fleurie, un certain Drago l'avait autrefois traitée de poissonnière, au conseil Limousin. Normal, pour une Salmo Salar, me direz-vous. Mais aujourd'hui, si son caractère n'avait pas changé d'un poil, le fait de porter un titre princier la poussait à un peu plus de retenue, en public, du moins.

C'est donc une Alcyone tout sourire qui entra en ville. Levant les yeux vers le Castel, elle retint à grand peine un sifflement d'admiration. Pas très féminin. Mais la bâtisse était toute pomponnée, c'en était même touchant, en fait. Le nez en l'air, elle faillit passer littéralement sur les pieds des quelques nobles personnes déjà attroupées sur le chemin avant de se rendre compte qu'elle donnait matière à tous les machos qui pensent que les femmes ne peuvent qu'être moins bonnes qu'eux à la conduite d'une monture.


- Oups! Veuillez pardonner ma distraction. Alcyone Salmo Salar, enchantée!
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Princesselaure



Quand la Duchesse du Bourbonnais ~ Auvergne est invitée d’honneur !Mais que le qu'on sort fait autrement !


Voilà déjà quelques temps que la famille ducale avait franchi les frontières du Languedoc ! Les tentes étaient déjà en place… Enfin quand on dit tente ! On pense à toile, une couche de paille sur le sol et voilà ! Oui mais non quand on est Duchesse, Vicomtesse, Baronne & Dame… Et en plus Régnante ben on ne vit pas comme cela ! C’était un mini château qu’abritait la toile ! Une couche royale ! Des meubles, des tableaux ! Bref un château de petite envergure ! Mais un château quand même ! Puis il y avait une seconde plus petite abritant les affaires du Duc et de leur fils… Héloïse elle, tout comme maman ne voyageait guère léger ! Pis pourquoi faire ? Ce n’est pas nous qui portons les malles lui avait elle rétorqué lors du départ de Souvigny ! Pas faux ma fille.

Une fois le campement installé sous les ordres de son époux, elle se décida à marcher un peu… Plus en direction du Rocher… Le château était beau, revêtu des couleurs languedociennes… Majestueux ! Tenant fermement la main de la petite, ne s’agissait pas de la perdre !

De pas en pas, à force de marcher, s’étant éloignée du camp, elle vit un attroupement de nobles, enfin plus nobles encore que les nobles de tantôt ! C’était donc là ! La crème de la crème devait séjourner là ! Donc moi aussi ! S’agenouillant devant sa fille, un sourire au coin des lèvres roses !

Mon enfant, nous allons jouer un tour à ton père, tu vois ce château, c’est ici que normalement nous devons séjourner, mais comme à l’accoutumée, le Duc consort n’a point jugé utile de me concerter ! Et a ordonné l’installation du campement ! Alors nous allons nous avancer, logiquement je suis invitée d’honneur… Quoi qu’avec la chance que j’ai, ils auront oublié de m’inscrire sur le registre ! M’enfin bref, si toutefois c’est bon, nous enverrons les cinq gardes qui nous suivent depuis notre départ du camp, rechercher toutes nos affaires, il sera plus aisé de changer de robes dans une chambre que dans une tente n’est-ce pas !

Pfff quelle discrétion… Genre tu te retournes, ils se retournent aussi en sifflotant et faisant genre d’être attirés par… Un arbuste ! Arfff autant ils sont bons au combat et la défense de leur Duchesse, autant niveau discrétion c’est zéro pointé ! Mais bon ne s’en souciant guère elle continue de se rapprocher du groupuscule… Elle s’avança un peu… Puis écouta… Attendant surtout qu’on l’aborde !
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Ingeburge
[Eperon rocheux, côté sud – les Auxerrois sont dans la place]



Finalement, Ingeburge et sa suite avaient migré au Tournel même. Sur les terres d'Actarius d'Euphor depuis quelques jours maintenant, la duchesse d'Auxerre s'était donc vue déplacée du bourg de Saint-Julien à celui du Tournel, sis sur le promontoire schisteux accueillant également la forteresse vicomtale, au sud de celle-ci et en dehors des murs l'enserrant. La gêne ressentie depuis son retour sur le territoire de l'Euphor s'était accrue de plus belle, voilà maintenant qu'elle avait droit à un village pour son seul usage. La tentation de refuser avait été grande, Saint-Julien n'était pas sur le site même des festivités mais au moins elle serait perdue parmi d'autres invités. Là... son rang pouvait expliquer le traitement de faveur, sa charge de Roi d'Armes également; après tout, ce n'était pas tous les jours que Montjoie elle-même arbitrerait un tournoi. Mais tout de même. Pour couper court à la querelle qui aurait pu naître de son refus, elle s'était contentée de suivre et ainsi donc, elle avait déménagé en hauteur et à l'écart et appréciait cette quiétude qui lui était offerte, bien plus que les attentions qui l'accompagnaient. Du reste, il serait temps, plus tard, de se mortifier, de chercher des noises et de regretter : il y avait matière bien plus importante et préoccupante en cette journée.

Dans sa chambre à l'étage, Ingeburge fixait d'un regard vide un objet de forme oblongue. Plus tôt, une gamine était partie au campement afin de faire savoir que la duchesse d'Auxerre participerait à la course tourneloise. Pourquoi? Parce qu'elle en avait envie. Depuis sa plus tendre enfance, Ingeburge avait suivi ses désirs et rien ni personne n'avaient tenté de décourager ce penchant égoïste, bien au contraire. Et lui offrir un village n'arrangerait rien à son tempérament. Bref, elle avait envie d'être de l'Ingathlon. Sauf qu'il y avait un problème de taille et c'était celui qu'elle contemplait, intriguée. S'en emparant enfin sans trop savoir comment le tenir, elle sortit résolument de chez elle pour gagner la grande salle du rez-de-chaussée. Là, sur la table, elle lâcha ce qu'elle tenait comme si l'objet lui brûlait la paume et les doigts et à un domestique qui passait par là, elle lança :

— Il me faut mes vassaux, maintenant. Enfin, trouve-moi tout le monde et le plus vite possible.

Réquisitionner tous ceux qui l'accompagnaient était nécessaire car sa détresse était bien réelle. L'air embêté, elle fixa à nouveau la rame des yeux. Car c'était bien une rame qui absorbait toute son attention.
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[Indispo pas prévue, rattrapage en cours.]
Vonafred
Point de mijaurées ou minois fardés mais Escuyers et Reitres ferrés.
Harnois de guerre et bassinets lustrés, l'équipage Royal à bride abattue montait au Tournel.
Frugale chevauchée ou de haltes savoureuses il ne fut point question.
Fessards en feu et mines de vainqueurs, étendard au ciel...



... braillant chants de guerre, la sauvage équipée menait train d'enfer.

On Démonte

Le Roy grisé avait pris avance.
Larrons sur un pont eurent prétention,
on éxige droit de passage.
"Joyeuse" fit épicurien féstin,
Tripaille, cervelle et intéstins,
Dieu que le Salar aime l'odeur de la boyasse au petit matin...

-Le Droit c'est moi pendards.

On poursuit et ...on ouï...
Citation:
Paouuuuuuuuuuuuuuuuuu Paouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu Paouuuuuuuuuuuuuuuuuu


Tel Roland un frère aymé fait sonner raliement.
Sourire félin du Salar qui fait répondre à coups de buccin.
Un court un long un court.
On éperonne, on s'époumonne...

-Salar Salar Salaaaaaaaaaaaaaar
Aymé ou redouté, honni ou adulé c'est en Roy et frere aymant qu'il se précipite vers son ayné.
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Lacoquelicot


    [Avec Alcann Blackney…]

    L’inconnu avait du coffre et ce rire-tempête surpris le moineau qui fut secoué d’un léger sursaut. Se moquait-il d’elle? Se serait-elle tromper? Lui en voudrait-on? La Fleur n’osa pas hasarder un regard vers son protecteur de peur d’y voir du courroux. Les sinoples restèrent donc fixement plantés sur la silhouette imposante de l’étranger qui tenta une explication dans une langue barbare que la demoiselle ne comprit pas. Sauf peut-être quelques mots. «Madamisella, Senhor, Paubre capitan» Pas de quoi la renseignez vraiment sur le charismatique personnage. Et il sembla à la jeune fille qu’elle n’aurait pas plus ample information de la part du zig. Le seigneur, maniant à la perfection sa monture, s’approcha de l’Euphor pour le saluer bien familièrement. Serait-il donc un ami très cher, plutôt qu’un roi. Cela lui donnait très certainement plus de valeur aux yeux du tournelois… Quoiqu’elle n’en savait rien. Et tous ces riches et nobles personnages qui commençaient à s’amonceler près de ce pont de pierre lui donnait légèrement le vertige, lui brouillait l’esprit. Ecoutant d’une oreille la conversation des deux amis, la môme se contenta de sourire et d’offrir quelques signes de tête aux personnes dont elle croisait le regard tant dis qu’au loin résonnaient des « Paouuus » étranges. Une nouvelle arrivée sans doute… L’honneur d’accueillir avec l’Euphor se faisait peu à peu calvaire pour la jeune rousse. Et le chat s’approcha de nouveau de notre pauvre Rouge gorge. La tempêté de son rire avait disparu et c’est d’une voix paisible cette fois qu’il renoua le dialogue avec celle qui se sentait comme un cheveu sur la soupe.

    "Pardonne moi, madamisella, pour tout à l’heure, je n’ai pas menti, je ne suis pas nostre souverain seigneur, mais simplement Alcalnn Blackney. Mais toi, damisella, quel nom porte-tu ?"


    Blackney ! L’espace d’une seconde les sourcils s’arquèrent, le regard d’émeraude s’arrondit d’étonnement. La surprise était visible chez la jeune fille. Blackney, comme Enzo… A l’évocation de ce nom, les mots terribles de ce dernier revinrent à l’esprit de la Fleur. «Tu deviendras une catin.» Et la géhenne lui pinça douloureusement le cœur. Jamais personne ne l’avait blessée autant que Blackney fils la veille au soir et la filette n’en était pas encore remise… Mais loin de vouloir s’apitoyer sur elle-même en pareil moment, Ella releva les yeux sur le roi du Mont. Bien que la curiosité soit un vilain défaut, elle ne put s’empêcher, et d’une voix sans émotion, questionna : Vous êtes le père d’Enzo n’est-ce pas ? La Fleur était bien consciente que sa question était déplacé mais elle avait besoin de savoir. Un sentiment étrange l’envahissait, la méchanceté du fils la poussait à aimer ce père pourtant inconnu. Moi je suis Ella, mon seigneur. La… fille? Elle aurait bien aimé. …protégée de sa Seigneurie. Etait ce vraiment bien cela qu'il faille réponde. Il lui sembla que c'était la première fois qu'on lui porte assez d'interet pour lui demander son nom... Et de nom, elle n’en avait pas à offrir.

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Image: Jenifer Anderson - Texte: La rue Kétanou
Actarius
[Près du pont de pierre]


La rousse protégée émit de profondes inquiétudes. Son trouble était palpable et comment le Mendois aurait-il pu l'en blâmer ? Elle avait quitté sa vie miséreuse pour une existence bien différente, dont les contours s'esquissaient à peine dans son esprit encore jeune. Le Comte, toujours juché, sur sa monture approcha et d'un sourire, d'une caresse du revers de la main sur la joue innocente se voulut rassurant. Il allait ajouter quelques mots, mais le "Chat" aussi félin qu'imprévisible les surprit à revers. Sur un champ de bataille, ils seraient morts. Mais tel n'était pas le cas. Ella s'essaya à l'accueil et s'égara. Mais il ne lui en fut pas tenu rigueur, d'autant plus qu'un nouvel équipage arrivait de l'est cette fois. Le son ne trompait pas, il serait bientôt au pont. Il laissa l'échange se faire, puis intervint au moment opportun.

Bonjorn Alcalnn, benvenugts ! Son regard revint au vieil ami. Je suis heureux et honoré de t'accueillir. Le son de la voix du Phénix flottait encore dans l'air lorsque l'attelage "pressenti" arriva finalement. Descendit de la voiture son cousin nouvellement boiteux. Toujours en selle, le Magnifique se plia en deux, faisant preuve d'une certaine souplesse, pour lui offrir l'accolade. Il allait passer aux présentations, mais la jeune rousse avait pris les devants et se débrouiller plutôt bien. Ainsi, se mura-t-il dans un silence bienveillant, le regard caressant. Quand l’échange se termina, il reprit la parole. Ella voici, mon cousin Monseigneur Keridil d'Amahir-Euphor, Vicomte de Montpipeau en Orléans. Keridil, je te présente ma jeune protégée. L'Euphor tout court leva la main et un garde approcha. Accompagne mon cousin au Castel. Alors retentirent soudainement au loin trois appels du cor. Sans en avoir l'absolu certitude, le Mendois aurait néanmoins volontiers juré avoir déjà entendu cette résonance-là. Il caressa l'encolure de son andalou de parade, visiblement intrigué et excité par le lointain écho et reporta son attention sur les personnes présentes.

J'ai hâte que ces festivités commencent, une messe sera donné sur la lice mardi matin ! Soyez présents et ne manquez pas d'errer sur le campement, une grande taverne a été installée sous toile, j'y serai souvent ! Apparut alors une dame apparemment légèrement distraite par la contemplation de l’éperon. Le Comte eut un léger doute, ce visage ne lui était pas inconnu. Et cette impression se confirma dès lors qu’elle se présenta. Votre Altesse, bienvenue sur mes terres. Nous n’avons jamais eu l’heur d’une vraie rencontre. Actarius d’Euphor enchanté. Un de mes gens va vous escorter jusqu’à ma forteresse. Dois-je mander un garde près de votre époux… à ce mot, jaillit la lumière. Voilà pourquoi ce cor retentissant par trois fois à l’ouest lui était familier. Il fit signe à deux membres de son escorte d’approcher. Il leur murmura quelques mots dans sa langue d’oc, puis reporta son regard sur la princesse. Veuillez me pardonner, j’espère que votre séjour au Tournel sera des plus agréables ! Ses yeux furent alors attirés par une dame et sa jeune enfant, probablement, qui approchaient du rassemblement. Le Phénix les gratifia d’un large sourire. Votre Grasce, Demoiselle, soyez-les bienvenues ! Il avait reconnu sans peine la duchesse du Bourbonnais-Auvergne, aperçu au conseil des Grands Feudataires et déduisit rapidement qu’elles venaient du campement. Il n’était d’ailleurs point besoin d’être fin limier pour le deviner. Vous avez établi vos quartiers ici ? Si vous le préférez, comme je vous en avais avisé, des appartements vous attendent en mon Castel. Mes gens se feront un plaisir de vous y conduire. Assurément, il voulait les soigner ses invités.
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Kahhlan
{Et quelle meilleure occasion pour retrouver Son Père !}

{Bien avant le Tournel ......}



Il lui avait fallu attendre un peu avant de quitter les Flandres pour rejoindre son père en Toulouse …
Si elle se sentait capable de faire la route seule, attendre toutefois la sortie de retraite de son « compagnon » afin qu’il n’est pas la désagréable surprise d’un mot en guise de retrouvailles …
Durant ce temps, elle avait fait connaissance et plus ample connaissance avec une jeune femme , en lien avec son passé Castillonais et de son ami.

Les jours passant, d’un jeu au départ, l’homme se proposait « Escorteur » Oh .. rien qu’un aller et retour Tournai Dunkerque et pour finir c’est cinq personnes qui auront quittés les Flandres direction le Sud …

Une halte fut programmée en Bourgogne, Tonnerre pour être plus précis, le temps pour elle d’honorer ses obligations en prières au monastère pour une dizaine de jours … Consignes avait été données au petit groupe et chacun vaquerait comme il l’entendrait, aucune obligation non plus de l’attendre et elle savait aussi que l’un des leurs les quitterait pour rejoindre le Périgord Angoumois, où il la remplacerait en Chancellerie.

Les portes du couvent s’ouvrirent un soir de lune, elle quittait l’endroit fébrile un peu … s’en remémorant les premiers jours et nuits … ces leçons qu’elle avait emporté consciencieuse et qui ne lui avait pas déplût d’exécuter, du moins les premiers jours, ensuite c’est le moteur à ses motivations qui lui avait manqué … et ses prières ça ….. elle n’aura rien oublié .. ni personne .. !
Et premier flop, plus que trois sur quatre, c’est elle qui avait reçu un mot du monastère pourtant voisin du sien, lui annonçant une très très très oui bin une très longue retraite voilà ! Épée léguée et panier de fruits accompagnant le mot …. Il lui restait la nuit pour digérer la nouvelle à défaut des fruits qu’elle préférait garder pour la route … Un mot envoyé en retour et le sentiment de frustration de n’avoir pas pu dire de vive voix tout ce dont elle avait réfléchi au couvent …. Tant pis ou tant mieux … dormir un peu et ne surtout pas s’encombrer l’esprit pour la suite du voyage …

Retrouver dans la matinée son escorte, apprendre de la voix joyeuse de Lis qu’elle attendait une pelle, Sa pelle et la première qui serait mise en vente à Tonnerre , enfin la seconde , le maire ayant pris les devants pour la prime … Plus timide ensuite elle lui appris qu’il fallait attendre encore deux jours pour l’obtenir … Bah .. elle ne pouvait certainement pas lui refuser ce plaisir et durant ces deux jours Tonnerre ne parlait plus que de Cette pelle et de la jeune femme dans la bonne humeur …

{Bourgogne - Languedoc .....}

Si les paysages changeaient au fil des lieues parcourues, les journées se ressemblaient, le mini convoi se composait d’une voiture légère attelée par un roncin qu’elle s’était procuré en Flandres sous les conseils avisés du maréchal-ferrant de Tournai, Faenora sa lusitanienne qu’elle montait selon ses envies, la monture de son escorteur, lui toujours en selle ouvrant la route et d’une charrette tirée par deux bœufs dans laquelle s’entreposait malles et ravitaillement pour tous.
Albert conduisait la voiture et son fils ainé muet par naissance qu’il nommait et pour cause, « le muet », la charrette. Ces deux hommes avaient été eux aussi embauché en Tournai. Voyager à plusieurs nécessitait un minimum en logistique et ses années d’intendance au service de son père lui auront été bénéfiques quant à l’expérience.

Le ciel apportant son lot de surprises en nouvelles, elle profitait des haltes nécessaires aux soins des bêtes et de leur propre estomac en nourriture, pour prendre son écritoire, se posant adossée à un arbre protecteur de soleil.
C’est avec un plaisir non dissimulé qu’elle avait répondu par l’affirmative lorsqu’elle sut qu’elle était conviée aux festivités organisées par le Comte du Languedoc, pair de France, Sa Seigneurie Actarius d’Euphor, c’est encore avec plus de plaisir qu’elle avait appris qu’elle retrouverait Son père en la Vicomté du Tournel, rendez-vous étant fixé aux abords de l’Eperon Rocheux.
Son père s’occupant ou ordonnant car elle ne l’imaginait pas faire lui-même, que ses effets personnels de joutes soient de son propre convoi, qu’il lui prévoyait également un écuyer pour l’aider à « s'enharnacher » de son armure. Elle n’avait plus qu’à avertir ses compagnons de voyage de cette halte distractive en Languedoc.
Si Lis avait répondu par un grand Oui , son escorteur restait égal à lui-même fort modéré lui signifiant qu’il assurerait sa sécurité où qu’elle se trouve, elle commençait à s’habituer à son statut de « personne à protéger » n’étant dupe de rien et vice versa et, c’est de bon gré et complice qu’ils continuèrent la route jusqu’au Languedoc.

Le premier jour fut passé à étudier la carte pour se rendre dans la Vicomté de Sa Seigneurie et ça tombait bien ils devaient visiter Alais pour que Lis puisse se recueillir en l'endroit où les cendres de son ami furent dispersées.


Jour J : Le Tournel { Non loin du pont de pierre }


Fruit du hasard ou pas, elle n’arriverait pas en retard et enfin la petite troupe franchissait les derniers virages menant au sommet, elle montait sa jument, chevauchant auprès de la voiture trop énervée pour rester à se faire cahoter, lorsque son escorteur en chef vint prévenir qu’un attroupement aux couleurs de sa famille stationnait et même les Royales couleurs ….

Ravaler sa salive … ça elle savait faire … revoir son père, se souvenir du dernier courrier envoyé … joie mêlée d’appréhensions … une chose aussi qu’elle devait impérativement dire à Yira ….
Chevauchant .. retenant sa monture qui tout comme elle se sentait nerveuse .. elle put lui glisser qu’il ne fallait surtout pas ici et devant tous qu’il la nomme « Princesse » qu’il le fasse pour le plaisir si il le souhaitait mais certes pas en public, elle lui avait expliqué qu’elle n’était la fille du Prince de Pontoise que par adoption et ne méritait donc pas ce titre .. À l’époque il n’avait rien voulu savoir et cela l’avait amusé mais ici … tsssss taratata !

Puis entendre le fameux cor, dieu que cela lui avait manqué !

Sourire et, pour ne pas laisser la voiture et sa passagère qui devait ne pas en mener large non plus, en arrière, arriver au petit trot s’arrêtant suffisamment près pour que son père et son Royal oncle puissent l’entendre …


Majesté, Mon Oncle la jeune Salar vous salue !
Sourire franc, voix claire et sincèrement heureuse puis se tournant vers son père, dieu qu’il était !!!! Lui quoi ! cœur débordant mais qu’elle saurait faire taire …

Votre Altesse, Mon Père ,
La jeune Salar votre fille vous salue et ne cache pas la joie de vous revoir en bonne et saine santé !

Petit sourire malice … d’employer dignement elle l’espérait le vouvoiement pour s’adresser à son Cap de père …
Puis de continuer ..

Mon Voyage fût bon et sans encombre grâce à mon escorte et suite qui m’accompagne et me soutiendra durant ces joutes auxquelles j’ai hâte de défendre nos couleurs.
Inutile de vous dire qu’il me tarde également d’embrasser votre Carmine épouse …


Il lui démangeait de sauter à bas de sa monture pour aller l’embrasser lui mais … plus tard comme pour tout le reste d’explications à venir …
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Lisbelle
La vie peut en réserver, des surprises. Et ce n'est pas la petite blonde qui dirait le contraire. La voici là, dans cette voiture, à regarder les paysages défiler. Il était rare de voir la jeune fille dans tel moyen de locomotion, habituée qu'elle était à voyager à la seule force de ses pieds. Mais ce n'était pas désagréable, bien au contraire.

Pour une fois, elle gardait le silence. Trop occupée à penser. Au départ, le voyage aurait du s'arrêter à Alais, où elle souhaitait se rendre, afin de se recueillir à l'endroit où Jean reposait à jamais. Elle l'imaginait très bien voler, invisible, dans les airs, gardant un œil protecteur sur son Etoile, la douce Helma, et sur elle, qui avait été sa fille, même si ce ne fut jamais officiel. Oui, elle était certaine qu'il était tel Eole, le dieu grec du vent, à jouer avec les feuilles des arbres, à présent accompagné de la marraine de Kahhlan, Jennsen, qui fut une très bonne amie de la petite fille qu'elle était alors.

Mais les choses changèrent, et l'escorte continua son chemin, accompagnant la nièce du Roy jusqu'au bout de sa destination. Ce voyage aura permis une chose, apprendre à mieux connaître cette femme à qui elle devait une fière chandelle, grâce à qui elle avait pu retrouver sa soeur, bien des années plus tôt. Et la reconnaissance se transforma en un début d'amitié.

Les yeux fixés sur le paysage, elle redécouvrit le Languedoc, qu'elle avait connu plus jeune. Peu de choses avaient changé. Certains détails lui revenaient en mémoire, comme si elle n'avait quitté ce comté que la veille. Ici il y avait tel point d'eau, là ce serait une prairie qui se montrerait à eux, et là l'église au cloché cassé...
Puis son regard passa du monument dont elle se souvenait, à Yira, droit sur son destrier, qui ouvrait la route. Un léger soupir franchit ses lèvres. Depuis quelques jours ils s'évitaient, ou ne parvenaient pas à se parler sans hausser le ton. Pourtant elle aimerait que tout cela s'arrête, et si elle savait reconnaître ses torts, elle aimerait que lui en fasse de même... Mais elle savait bien que ce serait difficile, buté qu'il était.

Le son d'un cor la tira de ses pensées. Lisbelle se pencha sur le côté pour regarder par-dessus le bord de la voiture, et sut qu'ils étaient arrivés.
Tout un attroupement se tenait devant eux, couleurs chatoyantes et conversations entraînantes. Donc c'était ici qu'allaient se dérouler ces fameuses joutes. Elle n'en avait encore jamais vu. Elle savait également qu'il y aurait une course, mais y aurait-il encore d'autres activités? Oh sûrement, et elle était bien curieuse de voir lesquelles.

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