Actarius
Depuis des semaines, lexcitation sétait installée dans la Vicomté du Tournel. A des lieues à la ronde, les mots « festivités » et « réjouissances » résonnaient à un moment ou à un autre dans chaque conversation. Un tel événement navait rien de courant, il était même inédit dans cette région encore sauvage. Les rumeurs allaient ainsi bon train, portées non seulement par lenthousiasme mais également par les plus farfelus fantasmes. Des Princes fouleraient bientôt les routes tourneloises, les plus grands et renommés jouteurs se mesureraient sur la lice, au pied de la forteresse. Un tel rassemblement de noms prestigieux, de têtes couronnées, de puissants avaient de quoi donner le vertige à des gens habitués à la quiétude, tout juste troublée par quelques convois de marchands et des groupes éparses de voyageurs. Plus quun vertige, car, à la vérité, le simple berger tournelois ne connaissait pas même la première lettre dun seul de ces noms, ne reconnaîtrait les moindres couleurs exposées au gré du vent, il sagissait dune forme de prestige, de fierté. Dans une terre dabondance, où le Seigneur navait rien dun cruel tyran, bien au contraire, voir se réunir tant de personnes de haut rang exaltait le sentiment de participer à un moment dimportance. Au cur des crânes locaux, se dessinait jusquà la chimère dun instant dhistoire, dun instant unique. Enlevée par cette émotion grandissante, par cette sensation de contribuer à quelque chose de grand, la gens de la haute-vallée du Lot sétait soulevée dun élan commun et avait littéralement métamorphosé les lieux.
Il y avait eu les aménagements pour le campement principal bien entendu, les travaux sur les voies daccès, lacheminent fastidieux de réserves inconcevables de nourritures et de boissons. Tout sétait conjugué au temps de labondance et du faste. Jamais les sous-sols du château navaient regorgé de tant de marchandises. En parallèle, tant le château que le bourg du Tournel avaient changé. La grisaille de la pierre avait pris des couleurs. Le rouge, celui du Languedoc, se voyait partout ou presque. La croix occitane était devenue marraine, gardienne des lieux allant jusquà disputer la domination de la pointe dargent, elle aussi bien en évidence. Mais lhabit festif ne sarrêtait pas aux façades.
Le Castel, où logeraient les Princes et leur suite, la famille du Phénix, maître des lieux, les régnants des Provinces voisines et larchevêque de Bourges, avait été totalement réaménagé. Le donjon avait été réquisitionné et transformé en second logis où les Salmo Salar, invités dhonneur, pourraient prendre leur aise. Le logis lui-même était devenu un véritable havre de paix, décoré avec soin et sobriété, où se disputaient une dizaine de suites et dappartements particuliers. Il avait paru à ce point inconcevable à l'hôte dinviter de si prestigieuses personnes sans leur offrir un confort qui rendrait leur séjour agréable, quil avait redoublé defforts poussant le « vice » jusquà dépenser dimportantes sommes pour que tout fût parfait. Las, le Castel ne pouvait offrir de refuge à tous les invités. Ainsi, le bourg avait subi lui aussi quelques transformations. Celui-ci sétait développé au pied de lenceinte, au sud de léperon. Il dominait directement le Lot et sépanouissait sereinement dans lombre de limprenable forteresse. La seule auberge du Tournel avait été transformée en une espèce dhôtel particulier de campagne. Ce serait là le séjour de la Prinzessin, de ses proches. Cet édifice-là avait fait lobjet dune surveillance quasi constante. Le parfait ne suffisait pas pour lêtre aimé, pour le pilier de ces festivités, pour celle sans qui rien naurait été possible. Pour elle, il fallait le plus-que-parfait. LEuphor aurait été inconsolable de lui offrir le moindre sujet de déception. Il désirait quelle fût fière de lui et heureuse dêtre là. Et cela, il sen assurerait en personne le moment venu.
En somme, tout était prêt pour accueillir et loger les invités personnels. Ne manquait plus que lhôte. Celui-ci justement avait opté pour une stratégie relativement ingénieuse étant donné le nombre dinvités prévus. Après une dernière inspection sur le campement, il sétait positionné sur la route de lest avec une petite escouade, non loin du pont de pierre. Ainsi, il ne pourrait manquer les arrivées, puis après les salutations et un accueil cordial, pourrait les confier à un membre de cette petite troupe pour les guider au Castel ou au bourg du Tournel. A ses côtés, se trouvait également sa jeune protégée, qui assurément, avec son sourire, offrirait de cette chaleur que le Comte avait à cur de transmettre à ses invités.
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Il y avait eu les aménagements pour le campement principal bien entendu, les travaux sur les voies daccès, lacheminent fastidieux de réserves inconcevables de nourritures et de boissons. Tout sétait conjugué au temps de labondance et du faste. Jamais les sous-sols du château navaient regorgé de tant de marchandises. En parallèle, tant le château que le bourg du Tournel avaient changé. La grisaille de la pierre avait pris des couleurs. Le rouge, celui du Languedoc, se voyait partout ou presque. La croix occitane était devenue marraine, gardienne des lieux allant jusquà disputer la domination de la pointe dargent, elle aussi bien en évidence. Mais lhabit festif ne sarrêtait pas aux façades.
Le Castel, où logeraient les Princes et leur suite, la famille du Phénix, maître des lieux, les régnants des Provinces voisines et larchevêque de Bourges, avait été totalement réaménagé. Le donjon avait été réquisitionné et transformé en second logis où les Salmo Salar, invités dhonneur, pourraient prendre leur aise. Le logis lui-même était devenu un véritable havre de paix, décoré avec soin et sobriété, où se disputaient une dizaine de suites et dappartements particuliers. Il avait paru à ce point inconcevable à l'hôte dinviter de si prestigieuses personnes sans leur offrir un confort qui rendrait leur séjour agréable, quil avait redoublé defforts poussant le « vice » jusquà dépenser dimportantes sommes pour que tout fût parfait. Las, le Castel ne pouvait offrir de refuge à tous les invités. Ainsi, le bourg avait subi lui aussi quelques transformations. Celui-ci sétait développé au pied de lenceinte, au sud de léperon. Il dominait directement le Lot et sépanouissait sereinement dans lombre de limprenable forteresse. La seule auberge du Tournel avait été transformée en une espèce dhôtel particulier de campagne. Ce serait là le séjour de la Prinzessin, de ses proches. Cet édifice-là avait fait lobjet dune surveillance quasi constante. Le parfait ne suffisait pas pour lêtre aimé, pour le pilier de ces festivités, pour celle sans qui rien naurait été possible. Pour elle, il fallait le plus-que-parfait. LEuphor aurait été inconsolable de lui offrir le moindre sujet de déception. Il désirait quelle fût fière de lui et heureuse dêtre là. Et cela, il sen assurerait en personne le moment venu.
En somme, tout était prêt pour accueillir et loger les invités personnels. Ne manquait plus que lhôte. Celui-ci justement avait opté pour une stratégie relativement ingénieuse étant donné le nombre dinvités prévus. Après une dernière inspection sur le campement, il sétait positionné sur la route de lest avec une petite escouade, non loin du pont de pierre. Ainsi, il ne pourrait manquer les arrivées, puis après les salutations et un accueil cordial, pourrait les confier à un membre de cette petite troupe pour les guider au Castel ou au bourg du Tournel. A ses côtés, se trouvait également sa jeune protégée, qui assurément, avec son sourire, offrirait de cette chaleur que le Comte avait à cur de transmettre à ses invités.
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