Yuliya
[ Lourdes Une auberge ]
C'était un jour comme un autre sur la ville béarnaise. Un jour calme, paisible, un jour où le soleil avait fortement brillé au point de rendre toute sortie fatigante en raison de la chaleur qu'il abattait sur les âmes. Yuliya avait quant à elle prit soin de s'enfermer dans la chambre d'auberge qu'elle partageait avec son fiancé tout le temps de leur séjour à Lourdes, mais surtout jusqu'à ce que leur champ soit vendu à Tarbes. Du temporaire qui devenait de plus en plus perpétuel, ce qui avait le don de décourager la jeune femme qui se demandait comment faire pour emménager le plus vite possible à Lourdes, sans pour autant perdre l'argent de leur lopin de terre tarbais. Une question parmi tant d'autres qu'elle se posait ces derniers jours où méditer était la chose la moins épuisante qu'il était possible de faire.
Une autre question lui brûlait les lèvres. Qui ? Qui était-elle ? La rousse n'avait jamais pu dire d'où elle venait, faute de le savoir elle-même. Pourtant, la clé de ce mystère était peut être avec elle depuis toujours, dans une lettre déposée dans un coffret argenté, accompagnée d'un anneau surmonté d'une pierre bleutée. Une lettre et une bague, biens maigres souvenirs, d'autant plus que la lettre était illisible en l'état, codée avec soin. En connaître son contenu avait longtemps été le but de la Flamme, comme aimait à la surnommer Syd, avant qu'elle ne finisse par le délaisser, se préoccupant enfin plus de son avenir que de son passé. Jusqu'à ce que Syd découvre de son côté son identité, oubliée après un guet-apens. Si Yuliya était absolument heureuse pour lui, cette nouvelle avait réveillé en elle le dilemme qui la rongeait depuis des années : décoder ou abandonner la lettre au fond de son coffret pour ne plus jamais y retoucher. Hésitation liée à la peur, celle de connaître le passé de sa famille qui pouvait être plaisant comme détestable. Elle avait pu se forger seule, grandir de façon autonome et vivre pleinement indépendante, en apprendre plus sur son histoire n'effacerait pas tout cela, mais l'amènerait à reconsidérer ce qu'elle était.
Assise par terre, adossée contre un des murs de la chambre, Yuliya regardait le coffre argenté, posé au sol, contre le mur opposé. La Tarbaise ne quittait pas l'objet des yeux, son visage impassible. Pourtant sa tête fourmillait de questions qui nécessitaient des réponses depuis bien longtemps. Mais les voulait-elle ces réponses ? Rien n'était sûr. Elle seule pouvait prendre la décision de rechercher sa famille, mais elle en était incapable. La rousse avait besoin de lui, lui qui saurait la conseiller, la soutenir, lui qui l'aimait. Syd saurait trouver les mots, lapaiser, lui donner le courage d'aller de l'avant après avoir hésité si longtemps. Tandis que les idées s'entrechoquaient dans sa tête, presque de façon assourdissante, Yuliya replia ses jambes, les entoura de ses bras et posa son menton dessus, comme lorsqu'elle était contrariée quand elle était petite. A présent elle ne l'était plus, allant bientôt se marier, projetant de fonder une famille. Il était temps qu'elle sache, qu'elle laisse partir la petite orpheline qu'elle avait toujours été, la petite orpheline étrangère à sa propre histoire.
La Flamme resta longtemps assise ainsi, son regard finissant finalement par se décrocher du coffre de temps en temps pour guetter la porte à sa droite, espérant la voir s'ouvrir sur Syd. Les fourmis finissant par investir ses longues gambettes, la rousse les retendit sur le sol. Elle souriait d'ailleurs en coin en imaginant son tendre arriver dans la pièce et la voir assise par terre à regarder un coffret qui, par son état, semblait avoir beaucoup vécu. Il risquait de se moquer, et Yuliya se disait qu'il n'allait pas avoir tort de le faire. Penser à lui la rassurait, comme sa présence la rassurait toujours depuis qu'ils se connaissaient, et lui faisait un peu oublier l'amertume de sa longue hésitation. Il était celui qui la connaissait le mieux et elle avait confiance en son jugement, nul doute quil lui serait dune grande aide. Il ne lui restait plus quà passer la porte.
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C'était un jour comme un autre sur la ville béarnaise. Un jour calme, paisible, un jour où le soleil avait fortement brillé au point de rendre toute sortie fatigante en raison de la chaleur qu'il abattait sur les âmes. Yuliya avait quant à elle prit soin de s'enfermer dans la chambre d'auberge qu'elle partageait avec son fiancé tout le temps de leur séjour à Lourdes, mais surtout jusqu'à ce que leur champ soit vendu à Tarbes. Du temporaire qui devenait de plus en plus perpétuel, ce qui avait le don de décourager la jeune femme qui se demandait comment faire pour emménager le plus vite possible à Lourdes, sans pour autant perdre l'argent de leur lopin de terre tarbais. Une question parmi tant d'autres qu'elle se posait ces derniers jours où méditer était la chose la moins épuisante qu'il était possible de faire.
Une autre question lui brûlait les lèvres. Qui ? Qui était-elle ? La rousse n'avait jamais pu dire d'où elle venait, faute de le savoir elle-même. Pourtant, la clé de ce mystère était peut être avec elle depuis toujours, dans une lettre déposée dans un coffret argenté, accompagnée d'un anneau surmonté d'une pierre bleutée. Une lettre et une bague, biens maigres souvenirs, d'autant plus que la lettre était illisible en l'état, codée avec soin. En connaître son contenu avait longtemps été le but de la Flamme, comme aimait à la surnommer Syd, avant qu'elle ne finisse par le délaisser, se préoccupant enfin plus de son avenir que de son passé. Jusqu'à ce que Syd découvre de son côté son identité, oubliée après un guet-apens. Si Yuliya était absolument heureuse pour lui, cette nouvelle avait réveillé en elle le dilemme qui la rongeait depuis des années : décoder ou abandonner la lettre au fond de son coffret pour ne plus jamais y retoucher. Hésitation liée à la peur, celle de connaître le passé de sa famille qui pouvait être plaisant comme détestable. Elle avait pu se forger seule, grandir de façon autonome et vivre pleinement indépendante, en apprendre plus sur son histoire n'effacerait pas tout cela, mais l'amènerait à reconsidérer ce qu'elle était.
Assise par terre, adossée contre un des murs de la chambre, Yuliya regardait le coffre argenté, posé au sol, contre le mur opposé. La Tarbaise ne quittait pas l'objet des yeux, son visage impassible. Pourtant sa tête fourmillait de questions qui nécessitaient des réponses depuis bien longtemps. Mais les voulait-elle ces réponses ? Rien n'était sûr. Elle seule pouvait prendre la décision de rechercher sa famille, mais elle en était incapable. La rousse avait besoin de lui, lui qui saurait la conseiller, la soutenir, lui qui l'aimait. Syd saurait trouver les mots, lapaiser, lui donner le courage d'aller de l'avant après avoir hésité si longtemps. Tandis que les idées s'entrechoquaient dans sa tête, presque de façon assourdissante, Yuliya replia ses jambes, les entoura de ses bras et posa son menton dessus, comme lorsqu'elle était contrariée quand elle était petite. A présent elle ne l'était plus, allant bientôt se marier, projetant de fonder une famille. Il était temps qu'elle sache, qu'elle laisse partir la petite orpheline qu'elle avait toujours été, la petite orpheline étrangère à sa propre histoire.
La Flamme resta longtemps assise ainsi, son regard finissant finalement par se décrocher du coffre de temps en temps pour guetter la porte à sa droite, espérant la voir s'ouvrir sur Syd. Les fourmis finissant par investir ses longues gambettes, la rousse les retendit sur le sol. Elle souriait d'ailleurs en coin en imaginant son tendre arriver dans la pièce et la voir assise par terre à regarder un coffret qui, par son état, semblait avoir beaucoup vécu. Il risquait de se moquer, et Yuliya se disait qu'il n'allait pas avoir tort de le faire. Penser à lui la rassurait, comme sa présence la rassurait toujours depuis qu'ils se connaissaient, et lui faisait un peu oublier l'amertume de sa longue hésitation. Il était celui qui la connaissait le mieux et elle avait confiance en son jugement, nul doute quil lui serait dune grande aide. Il ne lui restait plus quà passer la porte.
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