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[RP Ouvert] Flammes, fumée et cendres.

Jakobe

    « La jouissance ne vient jamais avant la consumation. »


[Dans la nuit du 19 au 20 août 1460, dans la Cathédrale de Montpellier.]

Je confesse à Dieu Tout-puissant,
À tous les Saints,
Et à vous aussi, mes Amis,
Parce que j'ai beaucoup péché,
En pensée, en parole, en action.
Je supplie tous les Saints,
Et vous, mes Amis,
De prier le Créateur pour moi.
Que le Très Haut nous accorde le pardon,
L’absolution et la rémission de tous nos péchés...


Les yeux bleu clair de Jakobe se lèvent vers l'Autel. Un bref instant. Léger sourire amer. Il n'aime pas les Églises. Encore moins les Cathédrale. Et pourtant il y est. À réciter le credo, comme une injure. Je fais la prière, mais j'en ris avec mépris. Un ricanement froid va se cogner contre les murs de la Sainte Cathédrale. Vide. Bien entendu. Rien de plus normal vu l'avancer de la nuit. S’il est rentré, c’est qu’il avait une raison, l’allemand. Il avait grandit quelque année au Puy avant de fuir. Et les années avaient passé avec cette haine contre le monde. Contre son père. La marque le long de son avant-bras gauche lui rappelait toujours l’horreur de se dernier. Il l’avait entaillé profondément lui faisant risquer l’amputation à cause de l’infection. À son propre fils, qui a l’époque n’avait que six ans.

Il observa la cicatrice sur lequel il passa ses doigts fins, un rictus sur le visage. Après le Puy, Jakobe avait erré ici et là. Il avait apprit le Françoys à force des années. Avait piquer, avait fait parti de quelques casse-cou pillant ici et là. Ses cheveux bouclé et très noir s’était allongé, et avait débouclé à force des quelques coupes, ce même s’il restait des vagues et quelques ondulations rappelant ses boucles d’enfants. Il avait les mêmes yeux très clairs qui contrastaient avec ses cheveux foncés. La même allure fine, même si quelques muscles paraissaient sous ses vielles fringues. Il avait vieillit. Gagné pratiquement vingt de plus. Ça n’était plus un petit homme. Mais un vrai. Aux visage stricte et peu souriant. Il n’avait aucune nouvelle de son cadet. Onill. Qui devait bien avoir dans les quinze ans maintenant. Abandonné en Franche-Comté après l’arrestation de leurs père. Était-il toujours avec cette femme qu’il avait fuit, malgré le gît qu’elle lui avait donné ?

Ça n’avait plus aucune importance pour Jakobe. Il détestait la vie. Le monde. Méprisait les gens, et n’avait qu’une envie, c’était de jouer avec le feu. De mouvements amples et lents, l’homme se releva avant d’observer autour de lui. Vide. Toujours. Parfait. Il tourna les talons et rejoignit le couloir qui menait à l’Autel. Ce qu’il ne remonterait jamais pour se mettre la corde au cou. La langue alla claquer contre son palais avant de se glisser sur ses lèvres, regard plus ou moins salace. Il n’avait plus rien à faire dans cette cathédrale. Il glissa une main dans une des poches de ses braies et retira un briquet à silex. Sourire machiavélique…


[Dans la nuit du 19 au 20 août 1460, à l’extérieur.]

Du foin, ça ne se trouve pas toujours comme on veut. En pleine nuit surtout. Et faut pas se faire remarquer par les miliciens. Toutefois, Jakobe prévoyait son coup depuis quelques jours. Une envie qui lui était venu, depuis son retour dans le Languedoc. Il était resté caché et avait créer un plan. Ramener du foin. Et le jour était venu. Le tout était placé à des endroits bien stratégiques. L’homme regardait, souriait et laissait aller un rire rauque et froid. Les mains s’agitèrent avec le briquet à silex sur les différent tas de foin. Et le dernier et non le moindre, directement dans la Cathédrale. Les bougies sont lancées dans une violence et une folie. Dans un ricanement dans une danse étrange.

Brûle ! Brûle !


Et il rit. Et il envoie des bouts de bois enflammé dans la cathédrale. Qu’elle crame cette merveille. Qu’elle se consume comme les derniers soupirs des amants ! Qu’elle jouisse de ses derniers instants avec les flammes. Avec la vie. Et Jakobe rit narguant l’Autel et toute ses parures que l’on retrouve dans une Église ! Mais il est temps de s’éloigner et regarder son art de loin. Avec son regard d’artiste, et ce sourire satisfait sur le visage. Et Jakobe sait que le mieux c’est de monter sur le toit d’une demeure assez loin pour jouir de cette scène de théâtre si vertigineuse ! Alors c’est ce qu’il va faire, en courant, en riant. La joie de vivre, il l’a retrouve que dans les flammes. Quand ça prend et ça créer un si merveilleux spectacle. Éphémère mais si jouissant !

Brûle ! Brûle Merveille ! Oh oui ! Consume-toi. Offre ta dernière danse avec les flammes devant tout ce petit peuple méprisant ! Dévoile l’art du feu !

Et un autre rire, tout aussi machiavélique, alors qu’il déplace ses cheveux longs vers l’arrière de ses oreilles. Les jambes dans le vide, sur un toit, le corps penché un peu par avant, les mains jointes, Jakobe sourit. Fier. Il observe et ne partira pas tant que ça ne sera pas fini. Il veut voir tous ses mouvements des gens pour éteindre le feu. Il veut entendre les gens crier. Les enfants pleurer. Le peuple vibrer de peur devant son art enflammé. Dans ses braies ça devient dur. Et le Jakobe s’excite du spectacle. Mais il faut que ça tienne. Alors il ne se touche pas. Les pupilles s’agrandissent, et la gorge laisser aller quelques ricanements glauques. Peut-être qu’il y a le curé dedans. Ou bien un petit caché quelque part pour la nuit. Ou peut-être bien qu’il y aura un imbécile pour pénétrer dans l’Église et qui se perdra dans les flammes. Jakobe s’en fiche.

Il aime être flambeur.


Je l'ai mis en gargote pour donner la possibilités à plus de gens de jouer. Possibilité qu'on chope mon Jakobe vers la fin - Et qu'il soit jugé RP etc. - La Cathédrale brûle. Je vous laisse jouer pour le reste. S'il y avait des blessés et/ou des morts - En PS, ou PJ comme vous voulez - ça serait pas mal. Bon jeu !
Naudeas
Facile de savoir qu'une Cathédrale avait prit feu, au pire la charpente et les prie Dieu, la structure serait intacte, principalement faites de pierre, chose étonnante la pierre ne brûle pas fichtre, ah si la porte c'est du bois. En revanche ca n'a rien d'étonnant en revanche quand la Congrégation de la Sainte Inquisition est dans le coin qu'elle se repose tranquillement après des mois passés sur la route. Décidément des crétins y en avaient, mais s'attaquer à une Cathédrale, ca mériterait bien pire. C'est ainsi que Naud vint constater les faits, regardant les dégâts. De toute façon, il fallait y laisser brûler ça ne servait à rien de perdre bien des gens inutilement, le feu finirait par s'éteindre de lui même.

L'inquisitrice regarda ainsi ce qu'il se passait et c'est ainsi que sur son écritoire, elle nota et afficha ceci

Citation:


Enquête de la Congrégation de la Sainte Inquisition,

Moi, Naudeas La Barillère, Procureur Général Adjoint de la Congrégation de la Sainte Inquisition, Procureur détaché au greffe de la Congrégation de la Sainte Inquisition, Préfet à l'enseignement de la Congrégation de la Sainte Inquisition, demandant à chaque habitant s'il a vu les faits qu'ils viennent témoigner, pour que justice soit faite.

Et condamne toute personne qui sera responsable de cette ignominie, on ne s'attaque pas impunément aux biens de Notre Sainte Mère l'Eglise sans subir la peine qui encourt. Si toutes personnes est complice en cachant les vilains de cet acte seront punis également.


Ad Claram et Sanctam Veritatem

Fait en ce jour du 20 Aout 1460 sur la ville de Montpellier


_________________
Alphonse & Ben Hur, incarné par Morphee
« Un ivrogne, ça raconte n’importe quoi, surtout la vérité. »

Le soir de l'incendie

Retrouvons ici Alphonse & Ben Hur, nos rescapés du Puy... Ils écumaient les routes, buvaient plus que de raison, travaillaient comme journaliers dans les champs... Après la perte de leur ville, ils étaient devenus des Sans Domaine Fixe.

Leur visite à la Capitale avait été une folie furieuse, et les comparses, après avoir dépensé leurs écus chèrement gagnés en alcool et jeunes femmes peu farouches, s'en repartaient... par quelque part.

Car Ben Hur, propriétaire de la Charette, ne savait plus trop ou il fallait aller pour sortir de l'enceinte de la ville. Ils quittèrent donc la taverne du dict Mordric le fantôme et tournèrent à droit à la première intersection de la rue Asmodée, remontant lentement, la bouteille à la main, chantant quelques chansons que les petits enfants n'auraient pas osé réciter sans s'en voir coller une...


Ben Hur?

Oui Alphonse?

On s'est ti pas perdu? L'aurait pas du tourner plus loin Tudieu.

Oh j'en sais de rien, on a qu'à continuer pi on verra bien. Yaura ti une ribaude dans l'coin pour nous dire qu'ou qu'on doit passer.

Ben?

Quoi COR!

Voix agacée

Zont pas prévu de brûler des zérétiques c'soir hein?

T'crois qu'vont faire ça dans la nuit, quand les gosses y dorment? C't'un Spectac! Tout l'monde il y va!

Alors pourquoi qu'ya d'la fumée vers la Cathédrale?

Ben fit avancer la carne et arriva devant la Cathédrale, pour découvrir de nombreux départs d'incendie...

Oh P'tain ça r'commence!! Vont nous péter la terre, les vaches vont tourner l'lait Oh Bourdel vont qu'on préviende tout l'monde!!

Et aux deux paysans de brailler, se séparant dans des rues différentes!

YA L'FEU A LA CATHEDRALE! AU S'COURS! V'NEZ AIDER!

FAUT D'LEAU! LA CREATURE SANS NOM ATTAQUE MONTPELLIER! YA L'FEU! Y DETRUIT TOUT!!


Car des maisons étaient accolées à la Cathédrale... Subiraient-elles le même sort?

*Daniel Pennac
*Plan de MP
Gabrielle_montbray
« You know that it would be untrue
You know that I would be a liar
If I was to say to you
Girl, we couldn't get much higher
Come on baby, light my fire
Try to set the night on fire »

- The Doors -


Les gens considéraient souvent que Gabrielle avait épousé un sale type et s’interrogeaient souvent sur ce qu’elle avait bien pu lui trouver, en dehors du fait qu’il était incontestablement beau gosse, ce qui est certes plaisant mais bien insuffisant tout de même. Parfois, Gabrielle elle-même s’interrogeait sur les raisons de sa folie pour cet homme arrogant et renfermé, violent et possessif. Mais là, en cet instant précis, alors qu’ils sortaient tout juste de ce qui avait été une des plus grosses engueulades de leur histoire, alors qu’Enzo avait disparu quelques jours et rentrait à peine, alors qu’ils avaient longuement discuté à coup de « je t’aime moi non plus », oui, en cet instant précis, Gabrielle était loin, très loin de ces interrogations. Enzo était revenu, ils avaient parlé, puis avaient décidé d’aller admirer les étoiles sur le toit presque plat de leurs écuries, une manière comme une autre de signer l'acte de paix entre eux.

Et puis… et puis, Enzo avait eu l'envie d’emmener sa femme voir d’autres étoiles. Rien de tel que l’amour après la haine, le rapprochement des corps après l’éloignement des âmes, la douceur des langues après la dureté des mots, la main caressante après la gifle cinglante. Oui, en cet instant, Gabrielle ne pensait à rien, ne disait rien, elle soupirait et gémissait sous les ardeurs de son mari, elle frémissait sous son souffle rauque et alors qu’elle s’apprêtait à toucher la voute céleste, des cris se firent entendre dans les rues.


« YA L'FEU A LA CATHEDRALE! AU S'COURS! V'NEZ AIDER! ».


Gabrielle soupira… mais plus de plaisir, non. Un soupir de frustration et d’agacement.


« FAUT D'LEAU! LA CREATURE SANS NOM ATTAQUE MONTPELLIER! YA L'FEU! Y DETRUIT TOUT!! ».


La brune se détacha alors tout à fait, et à regret, du corps de son mari qu’elle repoussa doucement sur le côté.

Enzo…

Elle se leva, debout sur le toit, nue, et put en effet apercevoir les flammes, la cathédrale n’étant qu’à une rue de chez eux.

Holly s*hit ! Ca brûle vraiment !

Et d’enfiler rapidement braies et chemise, en espérant qu’elle ne soit pas à l’envers, de sauter dans les bottes, de descendre du toit et de courir vers la cathédrale en flammes. Mais à part regarder le spectacle, que faire ?

*traduction de la citation :
Tu sais que ça ne serait pas vrai
Tu sais que ça serait un mensonge
Si je devais te dire
Chérie, on ne peut pas aller beaucoup plus haut
Allez, bébé, allume ma flamme
Tente de mettre le feu à la nuit
* En anglois : bordel de m*erde

_________________
Isleen
Pendant que les champs brûlent
J´attends que mes larmes viennent,
Et quand la plaine ondule
Que jamais rien ne m´atteigne...

Pendant que les champs brûlent - Niagara

Haïr, détester, et l’instant d’après regretter, belle errance que voilà dans les rues sombres de la ville, il serait encore avec elle qu’il l’aurait traité de folle, d’inconsciente, le danger est partout, et elle ressemble trop à une souris innocente pour se promener seule dans les rues. Oui mais il aurait été là, elle ne serait pas parti errer incapable de trouver le sommeil, il aurait été encore là, elle s’en serait moquer de les savoir à nouveau ensemble , un étage ou deux plus bas, il aurait été encore là, à défaut de sommeil, elle se serait réchauffée à lui, blottie dans sa chaleur et ils auraient enflammés l’air autour d’eux. Mais voilà, elle est seule et les savoir ensemble à nouveau, là ce soir elle ne pouvait pas le supporter, l’imaginer. Non qu’elle ne soit pas contente pour Gab ou même pour Enzo, mais sa propre solitude, voilà vers quoi les ébats des jeunes mariés la renvoyaient, et cette nuit là encore plus que d’habitude. Alors elle les avait détester, haie d’avoir ce qu’elle n’avait plus, et s’était détester de cela, surtout qu’elle les appréciait, même le Grand et son fichu caractère un brin identique au sien, et surtout Gab, devenue une amie, la seule d’ailleurs.

Elle avait donc fuit l’hostel des Blackney, son troisième étage, pour l’air frais et anonyme de la nuit, c’est rassurant, grisant, y évoluer vous donne une impression de liberté, de maitrise sur les choses, sur la vie. Nul peur et nul doute dans l’esprit de l’irlandaise, seul les animaux de la nuit pour la saluer sur son passage. Elle est seule et puis non, soudain un cri qu'elle entend un peu au loin.


YA L'FEU! Y DETRUIT TOUT!!

Qu’est ce qui se passe encore ? Oui elle sait, y a le feu, mais ou ? Comment ? Pourquoi ? Rouquine presse le pas, se hâte, se dépêche, bifurque vers la rue des Jacobins et s’arrête de stupeur !

Tanaí an ardeaglais! *

Pendant que la cathédrale brule, la rouquine se balade, elle qui trouvait la nuit claire, avec un tel feu c'est logique. "Pourvu qu’on me colle pas ça sur le dos ! " Pensée immédiate du minipouce, c’est qu’avec son accent d’étrangère, sa crinière rousse, plus d’une fois on a eu envie de la cramer comme créature du sans nom, alors elle a tendance à se méfier plus que de raison.

Pour’vu qu’y ai personne d’dans !

Les mots sont sortis plus pour elle que pour une oreille quelconque. Un curé endormi, un poivrot cherchant refuge pour la nuit, peut de chance de s’en sortir vivant, un aller direct vers le créateur, pas la plus belle façon de finir ses jours. Si il y a quelqu'un là dedans, elle le plaint d'office. En tout cas, elle ne s'y risquera pas pour le vérifier!
Mais comment donc est-ce arrivé ? Le curé avait-il trop de mis de cierges à flamber pour le Très Haut et trop près d'une tenture ?


*Mince…la cathédrale !
_________________
Mathilde, incarné par Gabrielle_blackney


J’te regarde, je plante mes yeux sombres dans les tiens, plus clairs. Des yeux gris vitreux, comme tous les bébés, ça m’serre un peu le coeur de me dire que je saurais jamais leur couleur définitive mais j’oublie. J’ai pas le choix de toute façon… Et pourtant je t’aime tu sais. J’crois bien que j’t’ai aimé dès que j’ai su. Y’a des femmes qui sont faites pour être mère. J’crois bien qu’c’est mon cas. Mais j’peux pas t’garder. Alors j’te regarde et je te souris. J’ai envie de pleurer mais j’me dis que la dernière image que tu garderas de moi, c’est mieux si elle est pas trop triste quand même.

J’voulais te laisser sur le parvis, mais je m’suis dit que… enfin, je sais pas trop mais le parvis, c’est dehors, t’es pas un chien, tu mérites mieux. Alors j’ai poussé la porte, ça fait un peu peur une cathédrale la nuit, mais depuis qu’t’es là, j’ai moins peur. J’te serre contre moi, j’en profite, dans quelques minutes on sera séparé pour toujours et je saurais plus qui es, qui tu vas devenir, comment s’ras ta vie, j’espère qu’elle sera plus belle que la tienne. Tu sais, fille de chambre, c’est pas si mal. Non, ça j’supporte, faut bien des gueux pour faire le travail des riches. Et puis j’avais une bonne place…

Et puis, ça a changé. Les hommes, ma fille, ou j’dis ma fille parce que j’men fiche de c’qu’on pourra bien penser, t’es ma fille à moi, que j’te laisse là n’y change rien. Les hommes j’disais, surtout les riches, ils ont tous les droits, enfin chais pas s’ils ont le droit mais ils le croient. Et il est venu, moi j’y connaissais rien tu sais, il ets venu la nuit, il s’est glissé dans la chambre, il m’a plaqué une main sur la bouche et il s’et glissé en moi, et il a recommencé en m’disant que sa femme était malade et que moi j’étais bien jolis. C’était bizarre, parce que moi j’aimais pas ça, mais en même temps ça m’plaisait bien qu’il m’dise ça.

Pis après, toi t’es arrivée et forcément, c’est compliqué. J’ai pas d’écus, pas d’mari, j’ai rien, j’peux pas t’garder. Alors j’me suis dit que la cathédrale, c’était bien, comme j’suis pas fière de faire ça, j’suis venue la nuit, on risque pas d’me voir. T’inquiète pas, demain matin tôt, on te trouvera, et ça ira. Voilà que j’pleure, j’suis désolée, j’voulais pas. Et toi tu tètes mon sein en serrant tes p’bread poings, ça sera mon dernier geste d’amour pour toi, après j’te reposerai dans ton panier, j’te mettrai devant l’hotel et j’partirai. Mais en attendant j’te garde un peu au creux de mes bras et j’essaie de te sourire malgré les larmes qui viennent s’écraser sur ton front. J’me suis cachée derrière l’autel, chais pas pourquoi, j’veux pas qu’on m’voit si on entre, j’veux me cacher et rester pour toujours avec toi, j’veux pas t’laisser, j’veux pas partir.
J’entends du bruit, un peu, j’ose pas regarder, j’te serre juste un peu plus fort en espérant que celui qui ose rire dans un lieu pareil parte vite, encore un ivrogne, respectent rien ce gens là, ça entre dans les églises avec des catins et parfois, ça pisse dans le bénitier. J’espère qu’il va vite finir sa p’tite affaire que j’puisse te dire adieu.

Et puis le calme, presque trop calme, le calme et autre chose. Alors j’passe une tête par d’ssus l’autel et j’reste comme une bête avec toi dans les bras. J’regarde les flammes et j’comprends pas bien. Enfin si, j’comprends mais c’est comme si mon corps refusait de bouger, j’voudrais crier mais rien ne sort, j’voudrais courir mais j’reste figée. J’pense qu’à une chose : toi. J’veux pas qu’tu meurs, pas comme ça, c’est trop injuste. J’t’arrache du sein, tu t’mets à pleurer, j’voulais pas j’t’assure, pleure pas mon bébé, j’vais revenir, regarde, j’te pose là avec mon foulard, j’vais revenir j’te promets.

Et je cours, mais le feu, c’est ravageur et traitre, ça va vite, y’a d’la fumée, ça pique la gorge et les yeux, mais j’avance, j’arrive à une porte sur le coté, celle par laquelle arrive l’curé pour la messe, mais elle est fermée, j’tape, j’tape, j’tousse aussi, ça sert à rien, j’peux rien faire contre une porte d’église fermée, j’sais pas bien quoi faire, il fait chaud, je tousse, ça m’brûle à l’intérieur et toi, tu pleures toujours, j’regarde partout, j’ai plus envie de pleurer, j’ai plus envie d’crier, j’ai juste envie de dire que la vie est injuste, et j’pense à toi, alors je passe la fumée et les flammes, j’retourne derrière l’autel, j’te reprends dans mes bras et je te souris.

On va mourir ma fille, j’suis tellement désolée, j’voulais pas j’te jure. Viens contre moi, laisse moi respirer tes cheveux, laisse moi toucher ta peau si douce une dernière fois, on est en train de mourir, j’me sens partir, toi tu pleures plus, j’ose pas regarder, p’t’être bien que t’es déjà plus là. Mais tu sais quoi, je meurs avec un petit sourire, parce que toi, au moins j’sais que tu seras un ange, le plus beau des anges. Je lâche ta petite main, j’ai trop mal ça me brûle comme l’enfer que je suis en train de rejoindre mais toi, vole, mon enfant, ma fille, mon bébé, oui, vraiment tu es déjà le plus beau des anges.
Enzo
Il était revenu, et ça suffisait. Pour l’instant. Il lui fallait passer à la discussion, moment qu’Enzo détestait le plus. Après la dispute, bien sur. Parce qu’il ne fait pas oublier que le jeune Seigneur préfère toujours faire comme rien ne s’était passé, et s’excuse très rarement. Sauf qu’il y a des histoires comme ça qu’il faut absolument terminé par une discussion, et c’était le cas, ici. Il avait disparu quelques jours, le temps d’aller se changer les idées et voir s’il n’y a pas meilleur ailleurs. Quelque chose pour le calmer surtout. Elisabeth notamment. Mais ça n’avait plus d’importance à l’heure actuelle car ils avaient discuté, et tout semblait s’arranger – de nouveau. Ses angoisses étaient calmes pour l’instant et donnaient un temps de repos au jeune homme d’humeur inégale depuis plusieurs jours, voir des semaines. L’arrivée des joutes venait accentuer le stress de jour en jour. Non qu’il craignait le jeu – même si c’est dangereux. – mais c’était surtout une rencontre possible avec son géniteur qu’il craignait. Son géniteur et celle qui fut sa sœur. Était toujours par le sang, mais plus au regard de… de d’autres choses. Il était renié. En ce cas, il n’était plus rien. Plus un Blackney. Mais pour l’heure même ça, ça n’avait plus d’importance. Le jeune homme était revenu, avait discuté avec sa femme, quelques ton plus haut, quelques marmonnements et pensée déviantes, puis finalement quelques paroles plus décentes venant sceller une part de paix entre les deux. C’est donc pour se reposer – en premier lieu – l’esprit qu’Enzo trouvait l’idée de regarder les étoiles tout à fait adaptée. Ça lui rappellerait la fois où il avait regardé les étoiles sur le toit d’un taverne. À Montpellier aussi, peut-être. Il ne souvenait pas très bien. Ils avaient monté via l’extérieur et escalader le mur jusqu’au toit. C’était avant. Avant leurs mariage. Et avant certaines choses. Du temps où tout était encore clandestins, et les mots cachetés, les moments à deux très rare.

Sauf qu’à force de regarder les étoiles, et un peu honteux de ce qu’il avait fait quelques jours auparavant, plus la lettre de Gabrielle qu’il avait lu, que le jeune homme avait décidé d’amener sa femme voir un au autre ciel étoilé. Pour se faire pardonner son infidélité ? Par amour ? Parce qu’il voulait prouver à Gabrielle qu’il tenait à elle ? Qu’il reviendrait toujours même si l’idée lui prenait d’aller voir ailleurs ? Rien n’était bien sur. Les baisers s’étaient donc éternisés, et les mains s’étaient faites baladeuses – mais pas trop, c’est Enzo quoi – les corps rapprochés, etc. Oublier un peu l’autre blonde pour se consacrer à sa femme. Le Seigneur de Falmignoul oublie donc un peu de ses soucis contre sa femme, laissant son souffle rauque caresser la peau nue de Gabrielle. À n’en point douter, c’est toujours mieux de faire l’amour plutôt que de se faire la guerre. Précisons aussi, pour flatter un peu qu’Enzo n’apprécie la chose qu’avec Gabrielle, car il n’avait jamais été porter à, par crainte de perdre le contrôle et parce qu’il associait déplaisir plutôt que le contraire. Un besoin bestial a assouvir. Alors qu’avec sa femme, c’était autrement. Même avant…

Sauf que des cris se font attendre, et alors qu’Enzo tente de ne plus y penser et continuer, voilà que l’attitude de Gabrielle change et que ses soupires prennent une autre forme, au grand déplaisir du grand, qui tente tout de même de pas lâcher prise. Non, parce que ne faut pas déconner quand même ils y étaient presque ! Il tentait – pour une fois – d’y arriver en même temps qu’elle et tout. C’est qu’il faisait des efforts surhumains et que ça allait venir sa petite affaire. – Qu’il retenait de tout son possible déjà ! - Sauf que ça hurle encore, ça parle de feu, et Enzo se frustre et grommelle littéralement quand sa femme se détache et le repousse. Non mais ! En plus, une douleur vient le prendre entre les jambes et fait grimacer le Blackney déchu qui doit ravaler sa frustration, mais garde les sourcils froncés. La mine boudeuse, il regarde à peine Gabrielle quand elle dit son prénom. Ça ne pouvait pas attendre quelques minutes, à peine ! Il la regarde tout de même se lever, espérant que personne ne la verra nu, car ils sont quand même sur le toit de leurs petites écuries. Puis sursaute quand elle sort son juron en anglais, enfilant ses braies pour se lever à son tour et constaté les paroles de Gabrielle.


- « Eh défection ! C’est la cathédrale ! »

Ouais, c’est qu’occuper à… bien vous le savez, il n’avait pas vraiment entendu ce qui était cencé brûlé. Et la Cathédrale, c’est que ses près de chez eux. Alors Enzo enfile ses bottes, attrapant sa chemise au passage. – Il se la mettra en courant pas de temps à perdre – défection la douleur… c’est pas le moment, alors Enzo quitte aussi le toit, et court à son tour.

- « Attendez-mois, Gabrielle ! »


Mais bon, il a vite fait de la rattraper, avec ses entrainements. C’est que ça crame solidement, et Enzo ne sait pas bien si ça tiens bien une cathédrale, mais ce qui l’inquiète surtout ce sont les demeures près. La mairie n’est pas spécialement loin non plus. L’Oustau, l’Hostel des Von Frayner etc. Passant une main dans ses cheveux, le jeune homme panique quelques minutes avant d’intervenir. C’est qu’il faut bien faire quelque chose… si personne le calme les flammes elles progresserons, et pourrait bien ravager Montpellier, la chaleur de l’été n’aidant à rien l’apaisement de ce genre de brasier.

- « De l’eau ! IL FAUT DE L’EAU ! »


Comment ? Une chaîne. C’est la seule solution. Des sceaux, des hommes et on enchaîne pour jeter l’eau sur le feu. Que pouvait-il bien faire d’autres ? Ils allaient quand même pas rester là à regarder le spectacle. Il espérait juste que personne n’était à l’intérieur. Enzo sursauta quand un vitrail explosa, ce qui lui semblait être de mauvaise augure pour la suite.
_________________

©JD Marin
Kaelig
[Tard dans la nuit - Château de l’Ousteau, demeure des Blackney]

Impossible de dormir. Le môme se tournait, se retournait dans son lit mais le sommeil ne semblait pas prêt à venir. Il se sentait mal. C’était à cause d’Ella et de Luisa, il en était sûr. Parce qu’Ella boudait tout le temps, et qu’apparemment Luisa n’était pas une vraie amie. Et toutes ces histoires embêtaient bien le petit homme qui ne voyait pas trop quoi y faire. Il se tournait d’un côté, et voyait Ella et son sourire d’avant, de quand ils s’étaient rencontrés. Et de l’autre il voyait Luisa qui allait lui montrer comment danser. Alors il ordonna à son corps de s’arrêter. Il resta plusieurs minutes dans la même position, sur le dos, bien droit, les yeux vers le ciel tel un cadavre. Mais l’esprit, lui, n’était pas immobile. Il essayait pour la cinquantième fois de la nuit les différentes techniques qu’on lui avait apprises.
Compter les moutons… L’image d’un petit mouton qui marchait s’installa dans l’esprit. Un. Et puis voilà qu’un deuxième, un peu plus grand, suivait le premier. Deux. Trois. Quatre. S’il continuait, il atteindrait très vite la barrière des chiffres qu’il ne connaissait pas. Et en plus, pendant qu’il dénombrait les animaux, il ne s’endormait pas.
Se chanter une chanson… Sauf que des chansons, il n’en connaissait pas des masses. Il avait entendu quelques troubadours, une ou deux fois en taverne. Ah, si, il y avait bien cette comptine qu’un ancien ami lui avait apprise. Il entama les premières notes de l’air mais se rendit vite compte que chanter dans sa tête, ce n’était pas facile. Il avait maintenant envie d’ouvrir les lèvres et de laisser la mélodie s’échapper. Mais Gabrielle et Enzo dormaient probablement, du moins dans l’esprit du gamin, et il ne prendrait pas le risque de les réveiller.

Une église des environs venait de sonner. La fenêtre de la chambre du petit protégé des Blackney était positionnée pile vers l’édifice religieux. Ce qui arrangeait bien le môme. Il était exactement deux heures du matin. L’enfant n’avait jamais mis autant de temps à s’endormir, du moins il ne s’en souvenait pas. Alors il finit par se lever, revêtit simplement des braies - la motivation de trouver une chemise et de l’enfiler dans le noir complet manquant -, et sortit de sa chambre. Sur la pointe des pieds, il parcourut les couloirs jusqu’à la porte. Là, il fit quelques pas dans la rue. Il comptait aller jusqu’à la cathédrale, ni trop loin ni trop près du domaine, puis de retourner dormir. Mais quelques pas seulement lui firent comprendre que quelque chose était anormal. L’odeur. Une forte odeur de brûlé s’était engouffrée dans la rue de la Liberté. Le nez se retroussa, la bouche pencha dans une grimace caractéristique, signe que quelque chose ne lui plaisait pas. Alors que ses yeux étaient encore à moitié fermés, endormis, ses pas devinrent plus rapides, ses foulées plus longues. Sa curiosité l’entraînait vers l’édifice religieux. Kaëlig n’était pas très observateur. Il lui aurait suffit de lever la frimousse vers l’horizon pour voir les flammes, et le bordel vers lequel il fonçait tête baissé, bordel qu’il aurait pu éviter s’il était resté bien sagement dans son lit.


[Dix minutes plus tard - Devant la cathédrale]

- YA L'FEU A LA CATHEDRALE! AU S'COURS! V'NEZ AIDER!

Il aperçut Gabrielle, puis Enzo. Il fallait qu’il coure vers eux, vite. Qu’on lui explique ce qui se passait, pourquoi la moitié de Montpellier était maintenant sur les lieux et criaient. Pourquoi il y avait le feu, d’abord ? Et puis surtout, il fallait qu’il la rejoigne, elle, pour la protéger. Il était son apprenti chevalier, il devait protéger les filles, et Gabrielle Blackney en priorité. Sur la liste des personnes à protéger, Luisa et Ella venaient juste après. Alors il tourna la tête de tous les côtés pour tenter de les voir. Mais au milieu de la foule qui ne cessait de s’agrandir, le môme ne les aperçut pas. Elles devaient toutes les deux sagement dormir, loin de l’accident, tant mieux.

La naissance d’une idée est quelque chose de fascinant. Surtout dans la tête d’un gosse. Ca ne part de rien, et ça devient tout. Une obsession. Et une fois que ça a germé, on ne peut plus s’en défaire. Dans ce cas présent, l’idée qui peuplait maintenant tout l’espace intellectuel du petit garçon, était tout sauf sympathique. Alors qu’il nageait littéralement entre les gens, qu’il tentait de se frayer un chemin, qu’il se faisait marcher sur les pieds par tous les Grands… Ses deux amies n’étaient pas là. Et si, au lieu d’être dans leur lit, elles étaient dans la cathédrale, encerclées par le feu. La probabilité était moindre, certes, mais il devait en avoir le cœur net. Gabrielle semblait aller bien, à distance encore raisonnable du feu. Et puis, Enzo était là pour la protéger en cas de soucis. Même si Kaëlig s’était persuadé qu’ ne s’agissait pas d’un vrai chevalier, il serait bien obligé de venir en aide à son épouse. Tout le monde était amassé autour de l’immense porte. Des hommes tentaient d’éteindre le brasier avec des seaux d’eau, d’autres vidaient leurs gourdes, dans un infime espoir d’efficacité au milieu de cette panique. Mais c’était inutile. L’homme en miniature devait entrer dans le lieu, se faufiler entre les flammes et vérifier qu’il n’y avait personne. Ni Ella, ni Luisa, ni aucune fille dans les parages. Et oui, l’enfant était naïf, persuadé qu’il ne risquait rien et s’en sortirait indemne. Alors il courait vers la porte, bousculait les gens du mieux qu’il le pouvait. Mais un homme à la carrure impressionnante, qui se tenait en tête de la chaîne d’eau donc face à la porte, l’attrapa par le col de la chemise.


- File rejoindre ta mère p’tit môme, et t’approche pas.

Il aurait voulu répliquer, lui envoyer un coup de pied dans le tibia comme il s’était si bien entraîné à faire sur Enzo. Mais ce n’était pas le moment, et il risquait encore de s’attirer des ennuis. Alors une idée lui vint. Il connaissait assez le lieu – pour y avoir dormi quelques fois – pour savoir qu’il y avait une petite porte sur le flan du monument. Et là, personne ne pourrait l’empêcher d’aller sauver les demoiselles en détresse. Il courut aussi vite que ses petits pieds nus en étaient capables, pour contourner l’édifice. Et puis il poussa la porte. Fermée. Il aurait du s’en douter. Il poussa un peu plus fort. Toujours rien. La porte était en bois, et le feu devait déjà la consumer de l’intérieur. Et puis, l’adrénaline aidant, il prit quelques mètres d’élan et fonça dans la porte, épaule en avant. Le premier choc ne fut pas le plus rude. La porte avait cédée, sans prêter une résistance trop grande. Par contre, l’élan prit par l’enfant venait de le projeter dans la cathédrale, au sol, et une vive douleur se faisait sentir dans l’épaule qui s’était prise le carrelage de plein fouet. Il serra les mâchoires et se releva. Il allait tenir le coup. Il rouvrit les yeux et parcourut du regard tout ce qui se trouvait dans son champ de vision. Le spectacle était plus macabre encore qu’à l’extérieur. Les bancs brûlaient, les prie-Dieu de même, mais ce n’était pas le plus grave. Le tabernacle, fait de bois, ne tarderait pas à y passer, et les poutres commençaient déjà à prendre feu… Si le feu ne s’éteignait pas, il faudrait beaucoup de chance pour que toute la cathédrale ne s’écroule pas. Il faisait une chaleur étouffante, et la fumée brûlait les narines de quiconque oserait s’avancer un peu trop loin dans le brasier.

Et c’est ici même, figé, au cœur de ses réflexions plus ou moins scientifiques, qu’il l’aperçut. Une femme, recroquevillée sur un morceau de tissu. Pas de Luisa, ni d’Ella en vue. Peut être y avait il d’autres gens, la cathédrale était tellement grande, mais c’était elle qu’il fallait sauver. Elle s’était cachée derrière l’autel, pensant bien faire. Mais la nappe de l’autel s’était déjà embrasée. Le temps d’un centième de seconde, Kaëlig se toisa. Pas de chemise, ni de chausses. Juste des braies. Rien pour se masquer le visage de la fumée. Le preux chevalier qu’il rêvait d’être aurait probablement trouvé une solution, arraché une tapisserie à moitié enflammée et se serait brûlé le visage dans l’unique but de sauver cette inconnue. Mais un enfant n’a pas cette présence d’esprit. Il se jeta dans le brasier, courant avec toute la force qu’il avait en lui vers l’autel. Il avait trop chaud, suffoquait, toussait un peu plus à chaque pas qu’il faisait. Malgré tout cela, malgré les gouttes de transpiration qui innondaient son visage, rien ni personne ne pouvait plus empêcher le gosse de progresser. Lentement, mais sûrement.

Un bruit fracassant inonda soudainement la cathédrale. Là, bas, près de la grande porte, un vitrail avait éclaté. Des bouts de verres étaient projetés, partout. L’attention du gamin avait été détournée de son objectif. Alors qu’il tournait le dos à l’inconnue à secourir, une braise sortit de nulle part et jaillit vers lui. Un hurlement. Douleur. Il ne fallait pas pleurer, non. Un chevalier ne pleurait pas. Pleurer aurait été prouvé au monde entier qu’il n’était pas capable d’être un chevalier, un vrai. Pleurer, c’était renoncer à secourir cette femme, qui n’avait rien demandé, s’était juste trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Douleur. L’avant-bras gauche du garçonnet avait reçu le tison de plein fouet. Douleur. La peau était brûlée, laissant couler une quantité phénoménale – du moins aux yeux du gosse – de sang. Réfrénant du mieux qu’il pouvait ses larmes, il courut vers l’autel. Il n’avait plus rien à perdre. Sa vie défilait devant lui, au rythme de ses foulées. Il était né avec tout. Des parents, un logis. Il avait tout perdu, mais il ne savait ni pourquoi, ni comment. Il s’était simplement réveillé, en pleine rue, loin de sa famille. Et puis il y a quelques jours seulement, il avait tout retrouvé. Montpellier. Gabrielle et Enzo Blackney, dont il était devenu l’écuyer et le protégé. Luisa von Frayner. Ella, presque-fille d’Actarius. Et bien d’autres. Sa vie avait pris un tout autre côté, il était maintenant au service des riches, oubliant en quelques jours ce qui avait été son quotidien de miséreux. A cette époque, il n’avait rien à perdre et sa vie n’avait que peu de valeur. Mais aujourd’hui, il avait à perdre tout ce qu’il avait acquis. Il ne voulait pas mourir, pas maintenant, alors que la vie commençait enfin à lui sourire.

Un deuxième cri sortit de ses lèvres. Douleur. Il chassa toutes ses pensées, tenta d’oublier son bras meurtri et se jeta littéralement au pied de l’autel, près de la femme qui tenait le chiffon informe. Chiffon informe qui, de loin, paraissait n’être qu’un tas de tissu mais, de près, s’avérer être un homme miniature. Encore plus miniature que Kaëlig. Il en avait déjà vu, quelques fois, et avait surnommé ces choses étranges « les monstres qui gigotent ». Il paraît même que Gabrielle en avait un dans son ventre, mais ça le petit ne l’avait pas encore bien acquis. On lui avait dit que c’était positif, alors il se contentait de sourire quand on en parlait et de dire que c’était une bonne nouvelle. Revenons à l’instant présent. Qu’est ce que faisait cette inconnue avec son truc qui gigote entre les bras ? Question qu’il poserait plus tard, une fois qu’il l’aurait réveillé. Car elle paraissait endormie, et pas qu’un peu. Le petit garçon, le visage dégoulinant de sueur, la peau rouge et les poumons irrités, assena un coup de coude à sa voisine et lui murmurant, simplement parce que sa gorge n’avait pas la force de parler plus fort.


- Hého. Toi, faut qu’tu t’réveilles et qu’tu dégages d’ici 'vec l’monstre qui gigote t’sais. Viens, j’t’emmène dehors.

Il aspira quelques bouffées d’air, grave erreur puisque ses poumons rejetèrent de suite tout la fumée qu’ils venaient d’ingurgiter. Et puis il trouva, par un miracle qui ne peut arriver que dans une cathédrale, la force de se relever. Ses jambes tremblaient sous le poids du petit corps, mais il fallait tenir. Il attrapa la main de l’inconnue et la glissa dans la sienne avant de lui intimer l’ordre de se lever. Mais rien n’y faisait, elle ne bougeait pas. Était-il déjà trop tard ? Ou était-elle simplement dans un état léthargique, auquel l’enfant pouvait faire quelque chose ? Alors qu’il secouait de toutes ses faibles forces la main qu’il tenait, il regarda autour de lui. Les flammes peuplaient quasiment tout l’espace et tracer un chemin entre elles seraient encore plus rudes qu’à l’aller. Les oreilles du petit garçon souffraient le martyr à entendre les crépitements interminables du bois. Et pourtant, il restait encore de l’espoir de sauver un peu de l’édifice, ou du moins d’empêcher le feu de se propager. La chaîne de sceaux d’eau mise en œuvre par le grand Blackney semblait avoir fait son effet et le feu à l’entrée était beaucoup moins impressionnant qu’au départ. Mais pour sa situation, et celle de l’inconnue et de son bébé, l’espoir était beaucoup moins évident. Ils étaient à l’opposé de la cathédrale, le petit garçon n’avait pas eu l’intelligence de prévenir qui que ce soit qu’il allait jeter un œil à l’intérieur. Et si l’inconnue ne se bougeait pas, qu’est ce qu’il allait bien pouvoir faire pour s’en sortir tout seul ?
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Gamin de dix ans
Futur chevalier
Kaëlig parle en rouge foncé, parce qu'il le vaut bien.
Lacoquelicot


    [Château des comtes du Languedoc…]

    C’est une soirée sans nuage qui recouvrait Montpellier ce soir-là. A la lueur scintillante des étoiles, Ella était rentré de son escapade nocturne pour se coucher sagement dans sa chambre du château des comtes. Il se faisait tard et la journée avait été riche en émotion. Enzo, Luisa, Kaelig… Tant de nom qui lui alourdissait le cœur ces derniers temps. Sur la pointe des pieds la frêle silhouette s’était faufilé jusqu’à sa couche. Les épaisseurs de vêtements et d’apparat avaient été silencieusement ôtées pour ne laisser son corps recouvert que d’une simple chainse de lin, bien trop épaisse pour les chaleurs qui recouvrait le Languedoc ces derniers temps. A genoux, près de son lit une maigre prière avait été récitée. On n’avait pas voulu d’elle en pastorale alors les formules consacrées avait été remplacé par des formules bien plus personnelle et tout allait bien comme ça. Ella, dans ses murmures, réclamait le bien et la joie pour tous. Un gros chapitre concernait Actarius pour qui elle s’inquiétait de plus en plus. Un autre pour ses amis de Mendes, Déa et Franc surtout, et un suivant pour ceux de Montpellier. A la fin quelques mots pour elle seulement. Principalement, pour qu’en rêve elle puisse voir l’image de ses parents. Des vrais de vrai. Et pour que plus tard elle est une famille aussi. Les soirs de grandes fatigues, ses joues se voyaient imbibé de larmes silencieuses comme ce soir-là. Une main rageuse effaça d’un revers ce chagrin stupide et la jeune enfant se releva pour se mettre au lit. Et c’est là que tout dérapa… Droit devant elle, par la fenêtre, le brasier illuminait les cieux. La cathédrale brûlait au loin dans un silence presque parfait mise à part l’écho de quelques cris. Le sans nom attaquait la maison du seigneur alors qu’ici tout le monde dormait…

    Au feeeuuuu !!!! Debouuut ! Pourvu qu’Acta se lève, pensa-t-elle bien égoïstement.

    La Frêle s’élança vers la porte et s’engouffra dans le couloir en hurlant à l’incendie espérant réveiller le plus de monde. Ses pieds nus dévalèrent les escaliers et traversèrent la cour sans même qu’Ella ne s’en rende vraiment compte. Il fallait qu’elle voit. Qu’elle aide. Qu’elle sauve. Elle l’impie qu’on n’avait refusé en pastorale. Il le fallait. Tel une Banshee opalescente sous la lune ronde, la maigre rousse dans sa longue chemise blanche avait traversé la capitale en courant, trébuchant parfois, hurlant souvent. Son affolement semblait l’avoir déconnecté doucement de la réalité et dans sa course effrénée la jeune fille ne sentait même plus ses poumons qui brulait, ni le souffle froid de l’air sur ses bras nus. Rien de tout cela ne comptait plus jusqu’à ce qu’après plusieurs minute de sprint, la jeune fille tombe nez à nez avec le brasier.



    [Cathédrale.]

    Tout se tut. Plus un seul son ne parvenait aux oreilles de la demoiselle. Plus un mouvement ne semblait attirer son attention. Immobile, les yeux braqués sur les grands vitraux, Ella était autant subjugué que terrorisé par ce macabre spectacle. Une chaine humaine semblait s’être crée du côté de la grande porte, et si l’esprit disait d’aller aider, le corps lui ne répondait plus, préférant avancer pas par pas vers l’hypnotique lueur des vitraux sacrée. Que c’était beau une cathédrale en flamme ! Un morceau de poutre tomba au sol dans un fracas, faisant voler tout autour des cendres incandescentes comme une pluie d’étoile. Ella sourit à ce moment, l’esprit ailleurs, la môme perdait pied peu à peu… Il faisait chaud, c’était si bon.

    Ella voulait voir à l’intérieur…


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Langueman


LangueMan rêvait. Il chevauchait un fier destrier, lui qui dans la vie était bien piêtre cavalier, il était plus jeune, plus mince, son masque étincelait de mille feux et il partait à la rescousse de jeunes et jolies demoiselles qui se pâmaient sur son passage, il s’apprêtait à lécher la douce joue d’une jolie blondinette quand il entendit un cri.

AU FEU !

Le héros soupira et ne prêta point attention à l’opportun qui venait ainsi l’ennuyer au moment crucial et se reconcentra sur la belle dame.

AU FEU ! LA CATHEDRALE !


Il était dit que ça ne serait pas ce soir que… Une odeur. De la fumée, ou ça sentait la fumée, LangueMan regarda la jeune femme qui était dans ses bras mais voilà qu’elle avait disparu. Ca alors ! Mais où…


AU FEU !


Et LangueMan se réveilla en sursaut. Les cris n’étaient pas dans son rêve, non, ils étaient bien réels. Notre héros s’extirpa de son lit, encore un peu endormi, et regarda par la fenêtre. Il ne voit pas les flammes de là où il était mais il saisit une agitation inhabituelle dans les rues et constate que le ciel était bien plus clair que d’ordinaire .

Ni une , ni deux, LangueMan saute dans ses braies, enfile une chemise, des chausses et enfile le premier masque qui lui tombe sous la main. C’est qu’urgence ou non, quand on est le seul et unique héros du Languedoc, on doit tout de même tenir son rang.
Il dévale ensuite les escaliers qui relient la pièce dans les combles qui lui sert de maison à la rue et se hâte tant qu’il peut vers la cathédrale.

Il reste un instant saisi devant le spectacle de la grande dame de pierre en prise avec les flammes. Ca serait beau si ça n’était pas funeste. LangueMan croit aux signes et une église qui crame ça ne peut pas être bon, une manifestation du Sans Nom assurément. Notre héros se sent un peu perdu devant ces gens qui courent, une chaine s’est formée et les seaux d’eau passent de main en main, gueux, artisans, bourgeois, nobles, peu importe, l’eau passe et c’est ce qui compte.

LangueMan reconnaît des visages, même s’il n’est pas toujours capable de les relier à un nom. Il y a les deux du Puy, le grand beau gosse, la petite brune, des enfants… des gens partout. Et puis il la voit, là bas, loin, trop loin, pas bien haute une silhouette toute fine, des cheveux roux, alors il essaie de la rejoindre et l’appelle à travers la fumée, les cris, le chaos.


« Petite ! Hé… N’avance pas ! »


Gabrielle_montbray
« Je me crois en enfer, donc j’y suis »
- Arthur Rimbaud –

Enzo l’avait vite rejointe mais il semblait moins désarmé qu’elle face au brasier. Il organisa avec d’autres habitants une chaine, les seaux passaient, l’eau était jetée, cela semblait inutile et vain contre le gigantisme de l’incendie mais il fallait au moins essayer. Gabrielle regardait, un peu hébétée, elle reconnue les cheveux de feu d’Isleen et se dit que si quelqu’un tentait de lui faire porter le chapeau, il tâterait de son épée. Elle regardait autour d’elle, désemparée, impuissante, inutile.
Elle cherchait dans la foule, à travers la fumée, la nuit, le fracas des vitraux qui explosent, le claquement du bois qui s’effondre, elle cherchait des visages amis, voir s’ils allaient bien. Elle se rassurait en se disant qu’au moins à cette heure-ci personne ne devait se trouver dans la cathédrale.

Elle leva les yeux pour quitter un peu la vision des flammes qui lui brûlaient les yeux et laissa son regard errer sur les toits et les étoiles. Elle vit cet homme assis et qui regardait. Comme elle, un inutile qui ne savait pas quoi faire et préférait regarder de loin, et Gabrielle l’enviait un peu de son refuge d’où il pouvait contempler l’agitation sans y prendre part.
Puis Gabrielle soupira et reposa les yeux en enfer. Elle crut voir la silhouette de Kaëlig, mais secoua la tête, le petit devait certainement dormir. Qu’est-ce qu’il ferait ici, pieds nus, torse nu avec juste des braies ? Elle secoua la tête puis reposa les yeux sur le gamin. Sh*it*, il avait disparu, et avec toute cette agitation, difficile de savoir si elle n’avait pas rêvé l’apparition.

Mais quand même, ça ressemblait bien au petit écuyer, alors Gabrielle avança, le chercha parmi la foule, l’appela, ce qui ne servait à rien vu le brouhaha. Elle bousculait des gens, des gens la bousculait mais elle restait fixée sur un objectif, retrouver le gamin, qu’il fut Kaëlig ou non. Elle le vit, un instant seulement, petit gamin brun qui contournait l’édifice, elle se dirigea vers là où elle venait de l’apercevoir ou cru l’apercevoir. Un homme l’arrêta, lui collant un seau dans les mains, elle le regarda un moment, interloquée, l’esprit occupé par le gamin et non par ce feu qu’il fallait éteindre. Elle regarda l’homme, lui plaqua le seau contre le torse et tourna les talons et entendit à peine la volée d’insultes à son égard. Elle avait envie de hurler et de demander aux gens de la laisser passer, elle avait de leur dire qu’il y avait cet enfant là bas, près des flammes, mais non, elle avançait. Elle fut de nouveau arrêté par un bras. Elle leva les yeux. Un sourire, léger. Enzo. Elle le fixa un instant et tendit la main vers le coté de la cathédrale.


-Enzo… Kaëlig… par là. Va le chercher… S’il te plait. Il ne faut pas qu’il entre...
Il ne faut pas qu'il brûle.

Non, Kaëlig ne méritait pas de mourir, il aurait bien le temps pour l'enfer. Bien le temps.

* M*erde
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Enzo
    « L’essentiel en enfer est de survivre. »
    de Michel Audiard


Il avait prit les choses en main. Il ne savait pas bien pourquoi. Il le faisait juste, même si ça lui semblait bien inutile. L’intérieur de la Cathédrale serait entièrement détruire, laissant sans doute que des cendres et la pierre. Mais ce qui importait au jeune Seigneur c’est que le feu ne se propage pas aux maisons, à la ville, à la mairie. Ne se propage pas tout court. Des villages ravager par les flammes laissait toujours un froid derrière, et beaucoup de maladie. Le jeune homme ne voulait pas que ça soit le cas de Montpellier. Ça non plus, il ne savait pas bien pourquoi. Lui fier normand, portant le sang gascons dans ses veines, était-il devenu fier Languedocien depuis son installation. Peu importe. Le chaos s’installe, les gens arrivent, aident. La chaîne humaine transportant les sceaux d’eau s’agrandit, gueux, bourgeois et noble tous ensemble. Un drôle de spectacle d’ailleurs. Il est toujours plus ou moins comique de voir comment on oublie les distances et les politesses quand une tragédie arrive. Alors Enzo dirige par la force des choses. Il voit LangueMan, il voit Ella qui s’avance un peu trop vers les flammes… mais l’homme au masque semble s’en charger. Parfait. Isleen est là aussi… Il cherche alors Gabrielle des yeux quand il la voit qui semble s’agiter, et Enzo de s’approcher et l’arrête. L’agitation ne sert à rien, et même si le cœur cogne dans sa poitrine et qu’il aurait envie lui aussi, peut-être de fuir, incertain de ce qu’il doit faire, il agit. Il agit parce qu’il ne sait pas faire autre chose.

- « Kaëlig ? »

Le regard vert va se poser vers la direction que lui pointe Gabrielle. La Cathédrale ! Non, ce mioche n’est quand même pas aller dans les flammes ? Qu’elle sotte idée ! Panique général pendant quelques instants, alors qu’Enzo plante sa femme là, sans mot dire, rejoint alors Isleen qu’il secoue un peu, comme pour s’assurer qu’elle n’est pas obnubilée par les flammes. C’est qu’il n’est pas bête le Enzo, avec ses canons et ses machines d’artillerie il connaît ce genre de spectacle qui détruit tout. Cette chaleur et cette odeur qui prend dans les poumons. Ça a toujours quelques choses d’enivrant.

- « Occupez-vous de ça ! »

Pointe les gens qui transportent les sceaux.

- « Assurez-vous que ça circule et vite. Que personne ne s’approche et surtout… Que Gabrielle ne tente rien de risquer. Compris ? Je vous fais confiance sur ce coup, Isleen. »

Il lui donnait toujours des ordres étranges à la rousse, souvent pas du tout dans le domaine dans lequel elle excellait, mais c’était ça ou laisser personne s’assurer de la protection de tous. Et comme il ne voyait personne de l’armée, et que Langueman, quoique héros, il ne le connaissait pas bien, il préférait donner les clés à Isleen.

- « Je rentre là-dedans ! Ne venez pas me chercher. »

Oui, c’est con… mais s’il y avait vraiment Kaëlig, il ne pouvait pas décemment laisser son jeune escuyer mourir dans les flammes. Alors Enzo sous l’adrénaline – concept toutefois que nous ne connaissons pas au moyen-âge – va vers la cathédrale, cherchant le gamin des yeux. Il espère qu’il n’est pas réellement dans les flammes, et surtout qu’il soit en vie. Sauf qu’une fois dans les flammes on y voit rien. Que du feu, une fumée qui vient brûlé les poumons, des poutres qui tombent, des peintures qui brûlent et des carreau qui se cassent. Si la chaîne d’eau qu’il avait mise en place laissait l’entrée plus libre, en ce qui concernait l’Autel c’était carrément enflammé. Alors le jeune homme entre un peu plus profondément dans la cathédrale jetant un regard ici et là, une main sur la bouche et l’autre qui s’agite pour tenter de voir quelques choses et surtout ne pas se prendre une poutre sur la gueule.

- « Kaëlig ! »


Parler, crier, hurler, respirer. Ça n’est jamais une bonne idée quand on est dans un endroit en flamme, mais que pouvait-il faire d’autre ? S’il ne le voyait pas, il pourrait au moins l’entendre si le jeune homme était encore en vie. – Ce que le jeune Seigneur espérait ! Puis des cris ? Enzo déglutit et s’enfonce vers l’autel, du mieux qu’il pouvait, contournant les obstacles, s’arrêtant net lorsqu’une poutre passa proche de lui tomber sur la tête, sursautant quand des vitraux explosait, sentant sa peau qui brûle quelque peu à la chaleur, et son corps être tremper de sueur. Éviter de trop respirer et s’enfoncer encore semblait mission impossible. Définitivement. Un regard vers l’entrée de la cathédrale s’assurer qu’il pourra toujours sortir. Mais voilà qu’avec ses secondes d’inattention, voilà qu’un bout de bois venait de lui tomber sur l’épaule. Les flammes ravageaient les blancs d’Église, et semblait entourer Enzo, tandis qu’au loin tout semblait se détruire et se réduire en cendre. Bloquer par le bout de bois, le jeune homme tente de pousser avec ses brais pour se déloger, tandis que ses poumons s’irritent et que ses yeux le piquent. La faiblesse le prend, comme s’il avait envie de dormir, soudainement. Sauf qu’il y Gabrielle dehors. Isleen. Audoin. Et puis ce que sa femme portait en son ventre. Alors le jeune homme relève un peu la tête, et tente de nouveau de se déloger de sous le bois qui s’effondre sur lui.

- « Kaëlig ! »


Et paf ! Ça s'éclate comme du petit popcorn, et Enzo, essoufflé, d'envoyer valser ce qui le bloquait - remercions ici ses entraînements, mais surtout l'adrénaline qui réalise souvent des choses impressionnantes - se grattant les yeux d’une main, et tentant de se relever de l'autre. La faiblesse dans le corps, ayant de plus en plus de difficulté à respirer, le jeune homme avance vers l’autel ou il semble entrevoir entre la fumée et ses yeux qui piquent les boucles brunes de son Escuyer. Sauf qu’il n’est pas seul. Une femme et un bébé. Il déglutit. Il ne peut pas transporter tout ce bon monde. Alors le Blackney déchu prend la main de son escuyer qui semble tout aussi faible que lui, se penchant que quelques secondes vers les deux autres. Un haut de cœur le prend soudainement en touchant le bébé. Corps mou, aucune réponse, malgré les cris et les bruits. Prendre le bébé, au moins ?... Non. Il ne peut pas. Alors il tire un peu Kaëlig qui semble de surcroit blessé.

- « Kaëlig. Elles… Elles sont ...Elles sont mortes. Nous devons sortir… et vite. »


Que le Très-haut lui pardonne d’abandonner une femme et son bébé, mais il ne peut rien faire, malgré le corps qui se crispe, les tripes qui se nouent et le cœur qui se serre. Il n’est qu’un humain après tout. Et malheureusement, l’essentiel actuellement c’est que lui et son escuyer survivent, qu’ils ne leurs arrivent pas la même chose qu’à cette femme et son bébé…
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©JD Marin
Isleen
* Fire and ice
Some say the world will end in fire,
Some say in ice.
From what I've tasted of desire
I hold with those who favor fire.
But if it had to perish twice,
I think I know enough of hate
To say that for destruction ice
Is also great
And would suffice.

ROBERT FROST

L’enfer a-t-il le même attrait, la même fascination sur les êtres que ces flammes qui dévorent, brulent tout ce qu’elles peuvent, sans sentiments aucun ? L’enfer aura-t-il la même fascination sur elle que ces flammes qui l’hypnotisent, l’attirent presque à elles si bien qu’elle esquisse un pas dans leur direction, sans penser aucunement au danger qu’elles représentent ? Un jour la réponse à cette question viendra, s’imposera à la rouquine, car nul doute qu’elle est damnée depuis la naissance. Tuer sa mère à peine née fut son premier acte vers l’enfer, dérober ces petits rien auxquels tiennent les autres dans le but vain de combler un manque d’affection, furent les suivants, laisser mourir Phyl, fut le dernier en date, l’irlandaise bien qu’absolument pas responsable d’une telle chose, ne s’en considère pas moins comme coupable . Quitte à être damnée, autant l’être avec application.

Il fallut bien un Grand pour la secouer, la faire revenir au présent, de deux mains chaudes sur ses épaules, d’un simple ordre dont elle eut un peu de mal sur le coup à comprendre le sens, jusqu’à ce que ses onyx prennent la même direction que ces émeraudes. Ha ça ! Un hochement de tête, pas de soucis, ca circulera comme s’ils avaient le feu aux fesses ! Une lueur agate et rieuse dans les onyx de l’irlandaise alors qu’elle retient sa pensée. Pour Gab…bien moins évident ça, mais nouveau hochement de tête, elle allait gérer aussi.


Pas d’soucis boss, j’m’en charge.

Il confit, elle fait, dans ses cordes ou pas, la question ne se pose pas, lorsque l’on a eu un début de vie comme la sienne, on s’adapte à tout ou l’on crève, alors mener une troupe d’arroseur du dimanche tout en empêchant Gab de faire une bêtise quelconque elle devrait pouvoir s’en tirer.

Quoi, il veut rentrer là dedans ! Le fou ! L’imbécile ! Homme stupide ! Elle en a des qualificatifs pour décrire Enzo à ce moment là. D’ailleurs pourquoi donc va-t-il là dedans avec toutes ses flammes de façon pleinement consciente et raisonnée en plus , rien à voir avec la fascination dont elle avait été prise un instant plus tôt, hein pourquoi ? Et il ne veut pas que l’on vienne le chercher ! Les hommes ont-ils tous cette proportion au dramatisme et aux accents théâtraux ? De toute façon, elle le voit bien dans son regard, la décision est déjà prise, il va se jeter au feu, alors le pourquoi n’importe plus trop maintenant. Nous dirons donc qu’il a une bonne raison, mais qu’elle ne la connait pas. Et l’irlandaise de se détourner d’une seule femme de la cathédrale en flammes, pour ne plus regarder que les volontaires et leurs seaux d’eau, pour appréhender la situation.


ALLEZ DU NERF ! COURAGE !

La rouquine et sa taille de lilliputienne remonte la file des volontaires, les encourage, les secoue, les rabroue, les encourage à nouveau, qu’ils la détestent s’ils le veulent d’être ainsi, de la voir prendre la direction des opérations, elle s’en moque, ils arroseront jusqu’au bout de la nuit s’il le faut. Elle remonte la file et s’arrête aux cotés de Gab.

Il reviendra Gab… - a ce moment précis, la rouquine ne sait toujours pas pourquoi Enzo est entré dans la cathédrale, mais elle se doute qu’il faut occuper son amie, l’empêcher de penser à ce qui peut bien se passer dans cet édifice en flammes, remplir sa mission aussi, bref la routine quoi. - il y a trop d’enfants ici, t’veux bien t’charger de les éloi’gner ? De vérifier qu’aucun soit assez bête pour s’appro’cher ?

Elle aurait voulu consacrer du temps à son amie, mais elle n’a pas le temps, et cette dernière lui en voudra à mort, si elle ne maintient pas le rythme de l’arrosage, empêchant Enzo de sortir, d’ailleurs, elle vient de surprendre l’affaiblissement du bras de quelques volontaires, si bien qu’elle n’attend pas la réponse de Gabrielle et se dirige à nouveau vers la file alignée.

On n’s’arrête pas, BANDE DE MOLLASSONS, on continue sinon c’est la ville qui flambera ! Allez cou’rage ! On va y arri’ver, COURAGE !'

L’irlandaise distribue autant du bâton que de la pommade pour encourager la troupe de volontaire qui grossit de plus en plus, si bien qu’à un moment il eut assez de personnes et de seaux pour une deuxième file. Une deux, une deux, une deux, tels des galériens dans leur navire, entendant le chef leur donner du « ramez et vous vivrez », les volontaires arrosaient encore et encore, Isleen aurait presque pu dire « arrosez et vous vivrez ».

En parlant de vivre, pourquoi donc le Grand n’est-il pas encore sorti ? Qu’est ce qu’il fout donc encore à l’intérieur ? Il est tombé, il lui est arrivé quelque chose, il faut aller le chercher cet imbécile, quoi qu’il en dise, mais il ne faut absolument pas que ce soit Gab, sinon il ira la jeter lui-même dans le bucher s’il s’en sort vivant, et elle ne connait personne qui se portera d’office volontaire. Soupire exaspérer, soupire résigné, soupire décidé, la rouquine réquisitionne dans une maison voisine trois couvertures, qu’elle plonge allégrement dans l’eau, se couvrant d'une elle, elle entre à son tour dans la fournaise , dire qu'elle avait pensé il n'y a pas si longtemps que l'on ne verrait pas s'y risquer.


BOSSS ? c'est pas l'mom'ent roussir ici ! BOSSS ?

Fasciner par les flammes je fut, jusqu'au moment ou je du m'y plonger par devoir, amitié ou quel qu’autre sentiment étrange en moi, là à ce moment précis, la fascination disparu, regrettant que ce ne soit pas la glace qui ravage l'édifice. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il ne soit pas loin, car peut importe ce qui pousse a agir l'instant d'avant, l'instinct de survit est le plus fort, et très vite il reprend le contrôle.



*Traduction approximative
Feu et Glace
Certains disent que le monde finira dans les flammes,
D'autres dans la glace.
De ce que j'ai goûter du désir
je suis de ceux qui penchent pour les flammes.
Mais s'il devait mourir deux fois,
Je pense en savoir assez sur la haine
Pour dire que la destruction par la glace
Est aussi efficace
et suffirait.

_________________
Kaelig
[Et pendant ce temps, à l'intérieur]


- Réveille toi ! Allez, debout ! Viite !

Et c'est ainsi que le petit écuyer, à bout de force, continuait de murmurer inlassablement à l'oreille inerte. Il fallait la réveiller. À force de répéter les mêmes paroles, il ne savait plus bien lui même s'il attendait encore une réponse ou s'il était entré dans un délire lointain, très lointain, une route lointaine qui le mènerait droit vers la mort. Dans cette seconde hypothèse, il ne restait probablement que peu de temps avant qu'il rejoigne l'état de l'inconnue et son bébé - sans réaction physique, impossible à réveiller, probablement déjà mort. Les phrases laissaient peu à peu place aux mots. Les mots à des voyelles prononcées, sons incompréhensibles. Au murmure s'était substitué un chuchotement inaudible, puis un souffle vague parfois plus ou moins fort. Sa respiration, sifflante, s'était apaisée. Il ne sentait plus ni son bras ensanglanté, ni ses poumons brûlés, ni même la chaleur qui irradiait sa peau. La souffrance avait atteint son point culminant, devenue trop insupportable pour un être du gabarit de Kaëlig. Les larmes coulaient depuis un moment sur ses joues et se mêlaient à la sueur. Des larmes qui n'était pas dues à une quelconque douleur, ou à la détresse. Ce n'était pas des larmes de sentiments. Non, simplement la preuve que ses yeux irrités étaient la dernière marque de réaction du corps.

Il se laissa tomber un peu plus sur le dallage en pierre. Sa tête vint, dans une lenteur qui paraissait voulue, rejoindre l'épaule de la jeune mère. Il toussait et toussait encore, inlassablement. Et puis, alors que de nombreuses minutes s'étaient écoulées, le petit Kaëlig se posa une question. La dernière. Celle qu'un être humain se pose quand il sait que tout est fini. La dernière question à laquelle un mortel tente de répondre. Du moins un croyant. Sa courte vie ne lui avait pas permise d'étudier en profondeur les questions de Foi. Il y croyait un peu. Après tout, si tout le monde y croyait et consacrait du temps à la prière, c'est que ça ne pouvait être que la vérité. Y croire l'arrangeait bien dans certaines situations. On lui avait même dit un jour qu'allait à la messe chaque dimanche, ça faisait "bien". Je m'égare... Revenons à notre fameuse question avec laquelle nous avons laissé le môme. Le suspense est à son comble (si vous n'avez toujours pas compris de quoi il s'agissait)... Roulement de tambours...

Paradis ou Enfer ? Enfer ou Paradis ? Et oui, une question toute bête mais pas si simple que ça...  Au milieu de la fumée, derrière l'autel, la réflexion fut intense. Prenant exemple sur les poutres, le cerveau chauffait et bouillonnait. Mais il était déjà loin de ce qui l'entourait, son esprit se perdait dans un monde imaginaire, ou il n'y avait aucun incendie, ni aucune chaleur insupportable, et où ses yeux pouvaient rester grands ouverts sans devenir douloureux. Et à chaque nouvel essai d'hypothèse, ses pensées arrivaient à une même conclusion, simple et indiscutable : tout cela était injuste.

Un homme qui mourrait à 45 ans, après avoir servi son pays et défendu les frontières à l'armée, qui avait donné toutes ses richesses à des gueux et élevé ses enfants dans l'amour de son prochain, méritait incontestablement le Paradis. De même que cette inconnue, qui mourait aux prises des flammes avec son enfant, nul doute qu'elle monte au Paradis.
Un brigand sanguinaire qui avait vécu dans le luxe, la débauche et l'excès, ayant acquis sa fortune en volant, tuant et violant à tout va méritait l'Enfer. Et l'auteur de cet incendie - si tant est qu'il y en ait eu un, et l'idée n'avait pas effleuré L'esprit du gamin - se devait de croupir sous terre. C'était parfaitement juste. Mais alors un jeune écuyer, gueux d'hier et ami des riches aujourd'hui, que méritait-il ? L'enfer aurait été trop sévère, car après tout il avait toujours fait de son mieux pour protéger la gente féminine et se préparait un avenir de chevalier exemplaire. Le Paradis trop démesuré, lui qui n'avait jamais accompli d'acte exceptionnel et qui avait passé plusieurs années de sa vie à voler des pommes à d'honnêtes commerçants. Alors que méritait-il ? Ni le Paradis, ni l'Enfer. Finalement, il ne méritait pas de mourir carbonisé. Ne méritait qu'une chose : vivre. Mais à ce moment précis, alors que la mort s'emparait peu à peu de son corps, toutes ses pensées furent arrêtées par une simple constatation : ce brasier et cette douleur n'était rien de plus qu'un aperçu, une introduction à l'Enfer qui l'attendait.

L'espoir faiblissait, la respiration ralentissait encore, les yeux se fermaient complètement lorsqu'il entendit des bruits nouveaux. On venait de lui parler. Non, il ne rêvait pas. Il ouvrit péniblement l'oeil droit et se tourna vers sa camarade inconsciente. Était-ce elle qui avait parlé ? Pourtant son état ne paraissait pas changé. De nouveau, il entendit son prénom retentir. La voix était familière. Il ne la reconnut pas tout de suite. Il l'avait déjà entendue mais il s'agissait de quelqu'un qui ne prenait pas souvent la parole. Les miettes de force qui lui restaient lui permirent de se tourner. Enzo. Enzo, qu'il se devait de protéger et qui, paradoxalement, venait lui sauver la vie.


- « Kaëlig. Elles… Elles sont ...Elles sont mortes. Nous devons sortir… et vite. » 

Incapable de répondre, il se contenta de lui adresser un regard ahuri. On ne pouvait pas les laisser ainsi. Mais déjà la main du Seigneur avait saisi la sienne et le tirait légèrement. Péniblement, il rampa pour se dégager du refuge que la femme s'était trouvée. Elle n'était plus sa priorité. Il fallait qu'il s'en sorte, il ne voulait pas mourir. Et Enzo aussi, devait sortir de ce cauchemar. Une once d'espoir était revenue, lui apportant une bouffée d'égoïsme qu'il n'aimait pourtant pas. Il ne voulait pas se résigner à ce que ces deux inconnues soient mortes. Mais sauver sa peau était la seule chose qui importait. 

Alors, dans un geste extrêmement lent, il réussit à se hisser sur ses jambes. Il tenait fermement la main de son maître. La douleur de son bras revint tout à coup. Il l'avait presque oubliée. Les larmes repartirent de plus belles, flots intarissables exprimant cette fois le désespoir et la souffrance. Il avait mal. Il voulait qu'on s'occupe de lui, qu'on le soigne. Mais il était perdu dans cette grande cathédrale. Dents serrés, il fit quelques pas en direction de la porte par laquelle il était entré. Il tourna la tête vers la femme et son enfant. C'était cruel. Tentant de ne pas y penser il regarda le feu qui s'était propagé à l'intérieur de l'édifice. Se frayer un chemin au milieu de tout cela serait bien plus difficile qu'à l'aller. Et puis il pensa à Gabrielle, à Luisa, à Ella, à tout ce qui l'attendait dehors.  À la vie qu'il voulait mener. Il fallait qu'il sorte. Regard vers l'homme bien plus grand que lui. Que faire ? Il tenta de trouver un peu de salive au fond de sa gorge pour murmurer, espérant qu'on l'entende :


- Et maintenant... On fait quoi ...? J'te suis moi...

Le tutoiement était arrivé, naturellement. Il passait peut être les dernières minutes de sa vie en compagnie de ce noble. Et, alors que c'était lui qui l'avait déjà sorti de sa cachette, il attendait que le Blackney lui dise quoi faire, qu'il lui donne des repères dans cette situation où il était perdu, tout simplement. Et, au moment où il chuchotait, une voix féminine se fit entendre. Cela venait-il de dehors ? Pourtant cela semblait vaguement proche. Il ne cerna qu'un léger "boss". Un délire de son imagination, probablement... Il ne devait s'agir que d'un crépitement un peu plus puissant que les autres.
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Gamin de dix ans
Futur chevalier
Kaëlig parle en rouge foncé, parce qu'il le vaut bien.
Lacoquelicot


    Ses pieds semblaient décidés à avancer malgré la chaleur qui lui brûlait la peau. Le spectacle de cette cathédrale en feu est beau, presque poétique. Autour d’elle, les flammes dansent frénétiquement aux sons des crépitements du bois et des craquements de la pierre. Au-delà de cette symphonie, l’agitation humaine, les cris, les pleurs, lui parviennent à peine. Ainsi, l’homme qui hurle à quelques mètres d’elle, n’a pas tellement d’effet sur son inconscience. Telle une somnambule, Ella continue sa marche.

    Petite ! Hé… N’avance pas !
    Mmh… Oui…


    Le bras esquisse de lui-même un geste pour signaler à l’inconnu qu’elle l’a entendu, mais le corps sous sa fine couche de lin blanc continue d’avancer lentement vers l’édifice. Ella n’aurait pas pu dire pourquoi mais l’envie de pénétrer dans la cathédrale était plus fort que tout. Et la vision de Kaelig, d’Enzo et d’Isleen qui pénètre dans cette cathédrale non loin d’elle ne font que décupler cette envie. Il faut qu’elle y aille… qu’elle voit ce qu’il se passe… qu’elle vive ce moment... La mort n'est pas envisagé cependant. Ella ne se sent pas en danger. Allez savoir comment, mais les flammes lui ont ôté tout capacité de raisonnement clair et précis. Un maigre pas est donc esquissé juste au moment où une poutre s’effondre. Un lambeau de bois ne manqua pas de lui égratigner la jambe, déchirant d’un coup sa chainse du genou à la cheville, lui brulant aussitôt la chair.

    AAAAaah !!!

    Sous la surprise, le corps choit dans les cendres et les débris, et l’esprit se rend compte de nouveau du drame qui se joue autour d’elle, du danger qu’elle coure à l’instant même. Le cul au sol, la Fleur recherche des yeux, l’origine de la mise en garde qui a eu lieu quelques instant plutôt. Langueman, mon super héros, ou es-tu ? Y a quelqu’un ?

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