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[RP fermé] Petite sauterie à la Novgorod

Raymond_dict_machin


Est-ce que c’est la m.erde ? Carrément et pas qu’un peu. Est-ce qu’il va mourir ? Sur le moment, il l’a bien cru le Raymond… Rien que le rire du « Roi » le fit suffoquer alors quand il le saisit par le col, il frisa la liquéfaction comme ses braies auréolées en illustrèrent l’intensité. Il se garda bien de la ramener, en mode « carpe asphyxiée » il essayait vainement de suivre le colosse ; la poigne puissante ne lui laissait guère d’opportunités et le pleutre oublia tout espoir de fuite avant même qu’il naisse dans son crâne.

Cependant, la fouine n’oublia de profiter du spectacle ; la proximité de la donzelle excitant ses pulsions autant que les frères l’épouvantaient… c’est qu’il en connaissait une tranche le Raymond, il en avait gouté de la greluche et pas toujours bien fraiche. L’œil bovin apprécia les courbes de la rousse, presqu’il en aurait bavé et, d’ailleurs, il salivait plus que de raison mais parvenait –par miracle sans doute- à déglutir en silence. Pis elle se rebellait la putrelle, et par les burnes du Sans Nom, il voulait bien être une hyène ou n’importe quelle bestiole, pourvu qu’on l’autorise à la visiter.

Sauf que ça ne semblait pas au programme des slaves. Il se crispa en apercevant le sourire du « Prince », celui-là voulait toujours l’occire et encore à cet instant ; lui crever les yeux, nouvelle idée tordue sauf que la Divine n’était pas là pour l’en préserver… Maydé, Maydé ! Et Machin de chouiner comme une fillette :


Hein ? Quoi ? J’dirais rien, j’regarderais plus… j’vous jure… Je m’en vais tiens ! Hein, j’file et j’sais rien, j’ai rien vu, j’ai rien entendu… mais m’faites pas d’mal…

Il se tut sitôt la proposition de Sergueï entendue, digérée, comprise… une comparaison ? Entre lui et eux ? Eux et lui ? S’il n’était pas si peureux, il en aurait ri et, bien sur, il aurait sauté sur l’occasion à défaut de sauter la victime. Le délire fut éphémère, la menace de Nikolaï réelle et la douleur cuisante ; le cri monta dans sa gorge mais un éclair d’intelligence l’obligea à l’étouffer et il se laissa tomber lourdement contre l’arbre, bien heureux qu’on s’en prenne à la rouquine : c’était tout de sa faute après tout !

Il la regarde le borgne, pendant que son œil pleure du sang ; pendant qu’il sanglote de douleur et de rage ; l’autre, le sain, lui envoie toute sa haine… Si elle pouvait lire les pensées, Ode entendrait « c’est toi qui paieras pour ça, garce ! »
Serguei_et_ode
    [Oui, mais c´est la faute à Ève
    Il n´a rien fait, lui, Adam…]


    Jubilatoire, la blessure du larbin ; jouissif, ce que le carmin brun foncé s’écoule de son œil porcin, et souille sa joue ; même son sang semble boueux, aussi crotté que ses habits, que ses chausses trouées. La douleur se fait entendre, et c’est un sourire satisfait ainsi un regard plein de folie violente qui accueillent celle-là, avec un plaisir non feint.

    Le Tigre a pris en main le destin funeste de l’importun et opportun voyeur, ce sale petit rat d’égout qui, comme le parasite qu’il est, rampe toujours aux murs, pour s’insinuer près des femmes ; il paiera, lui aussi. Car lui aussi est coupable, autant qu’elle, la rouquine, qui s’est amusée à lui échauffer les sens ; qui dormirait, nue, le corps ainsi offert au regard, si proche, des deux fauves ? Elle aura ce qu’elle a cherché ; son refus, sa lutte apparente est feinte, assurément… Elle s’amuse à le titiller, et le Lion, les femelles qui minaudent trop, il n’aime pas cela. D’ailleurs, ce petit jeu commence à lui agacer les sens, un peu trop, et ça fait monter la violence, et ça rend l’esprit sourd à toute raison. Il la veut, il l’aura, de gré ou de force…

    Car c’est la force, qui imprègne ses gestes maintenant, et plus qu’auparavant ; le bassin est plaqué à nouveau contre elle, le bombé plus virulent encore qu’il l’était, quelques instants plus tôt, et l’emprise sur ses poignets, plus serrée, à s’en blanchir les phalanges. Tout s’accélère comme elle gémit, la rousse, et contre lui ; son sang ne fait qu’un tour, son torse est renversé d’excitation, et ses tempes martèlent cette idée qui depuis qu’il a vu son corps près de l’onde, l’habite. La faire sienne. Totalement. Profiter de son corps. Jusqu’à plus soif. Ici, maintenant, et demain encore. Encore. Et encore. A jamais.

    Il brûle, il étouffe, il perd pied, plus tellement conscient de ce qui se passe ; un sourire fou pare ses lèvres ; la douleur de ce qu’une est fendue se réveille aussitôt, nourrit la rage sourde qui lui mange le ventre, qui lui échauffe le cœur et le corps. La garce a osé l’atteindre, lui ; que croit-elle, qu’elle peut se battre, qu’elle peut résister, lui refuser ses charmes, après avoir affiché son habit de chair à son regard ? Elle joue…Elle perdra ! Et ces quatre mots scellent son destin, ce « je vous en prie », mi supplique, mi demande ; trop de confusion, trop de jeu sur les mots, trop, trop, trop d’ambiguité. Pour lui, c’est la goutte d’eau, celle du non retour. D’un geste vif, il la tourne vers lui, et lui assène un aller retour magistralement puissant de sa rampe droite, avant de la jeter vers le sol et de hurler, furieux :


    - Cesse-là ce petit jeu, femelle ! Trop de fois tu as attisé et repris, trop de fois tu t’es jouée de mon esprit… Sorcière !

    Et ça s’enchaîne, et ça accélère, et ça sombre dans la destruction ; il la rejoint au sol, et se rive à elle ; plus jamais Ode ne jouera.


Infernal, non, pire que ça. L’Enfer doit être doux à côté de ce que les blonds me réservent.

Et tu vacilles Ode, entre les bras du géant. Et tu hurles, rouquine, dans cette danse assassine.

Je ne veux pas mourir, je veux plus que ça.
Mon corps s’arque, sous les violentes intrusions qui me font taire.
Le silence n’aura jamais été aussi terrible qu’en ce jour.
Je la sens, « Elle » qui apprécie ; pourtant, moi, je serre les cuisses, je tente de repousser cette masse de muscles qui me cloue au sol.
Il me salit, me souille, son odeur s'incruste dans ma peau et mes ongles s'enfoncent dans mes chairs comme pour retirer ce parfum qui m'imprègne.

Je tourne la tête, refusant de voir les azurs satisfaits, pour assister au jeu du tigre avec Machin. Mes jades rencontrent un instant l’acier, je trésaille.


Il est beau non Ode ? Ils sont beaux.

Cette pensée me renvoie sur le lion, dont j’attrape la crinière dorée pour tenter de ralentir ses ardeurs qui me tuent.

Il me tue, oui, car Elle prend de plus en plus de place.
Et Elle rit, donc je ris.


Arrête ça Ode ! Il va nous faire plus mal encore.

Comme en réponse à cette pensée, un coup est assené, mon corps vibrant de douleur.
Quelque chose se brise. Si profondément que j'ai du mal à en saisir l'importance. Pourtant, pourtant, je sais que je ne suis plus.

Et elle, Elle prend de plus en plus ses marques.


Profite, moi j’adore ça !

Je gémis de douleur. Elle de plaisir.
Je me tends de rejet, Elle d’envie.
Je frissonne de dégoût, Elle de désir.
Je le frappe par fureur, Elle par passion.

Tout est flou autour de moi. Les odeurs de sang, d’homme, de sueur me donnent la nausée. Je me mords la lèvre, m’obligeant au silence complet. Peut-être ainsi se découragera-t-il ?


Pourquoi le décourager Odalie ? Chante ! Chante avec moi ! Montrons lui combien nous lui sommes reconnaissante de son attention ! Nous qui n'avons connu que l'indifférence !

Mes jades sont noyées, les larmes contenues. Le corps est crispé, la douleur tue.

Or dans ma tête, le combat fait rage. Elle, veut profiter, Elle, veut jouer, Elle, s’immisce dans mes yeux, glissant dans la prunelle, une étincelle nouvelle.

L’espace d’un instant, j’échappe à mon contrôle.
L’espace d’un instant, mes lèvres se scellent à la lippe slave.
L’espace d’un instant, je me sens très calme.

Un air s'imprime dans mon crâne, joyeux hymne de victoire.

"J'ai les sens emmêlés
Le coeur sucré, salé

Je vis la démesure
Entre clair et obscur"*

Elle gagne, je perds.


    Il n’a jamais autant mérité ce surnom du « Lion ». Il est cruel, brutal, impérieux ; il règne sur un paysage qu’il a lui-même investi, et sur lequel il refuse de lâcher prise. Ode, elle, a cette dualité de la nature : elle est à la fois attrayante et effrayante ; hostile et farouche, bien qu’irrésistible. Elle le déstabilise par cette façon d’être « à demi » ; comme si elle souhaitait ce qu’elle tente de repousser de toutes ses forces ; comme si elle réclamait ce sort injuste, et le possédait, lui, alors qu’elle agrippe sa crinière, comme le ferait une amante lâchant prise et s’abandonnant à l’étreinte.

    Animal. Il ne l’a jamais autant été qu’à cet instant, comme il force sur les chairs qui se débattent, dans un dernier espoir de se libérer de son joug. Le jeu, s’il a été amusant un temps rend maintenant la colère sourde, et c’est vivement qu’après avoir libéré la fougue masculine de sa prison de tissu, il plaque rudement ses mains au sol. Fou de lion, qui se veut dompteur, quand il est lui-même la proie des plus abjectes des pulsions ; il est au cirque, à dévorer le gladiateur qui s’est pourtant fièrement battu, et se rend ivre de se donner en spectacle, aux yeux de son Roi de frère. Ire et rire, fous, déments. Force et violence caractérisent l’assaut ; brûlante, la fusion tant désirée et enfin assouvie.

    Il l’a frappée, au rire qu’elle a osé laisser éclater, dédaigneuse, méprisante ; comment ose-t-elle une telle provocation, une telle impertinence ? Il l’a meurtrie… combien de fois, avant qu’elle cesse de se battre et lui abandonne ce qu’elle a si longtemps tenté de protéger ? Combien de gifles assénées, de poings martelés, pour que le corps enfin, crie reddition, se trahissant et se fourvoyant lui-même ? Elle s’est tue d’elle-même, et a retenu ses larmes. C’est mieux. Plus servile, plus docile. C’est mieux. Il ne dit rien non plus, la scène est surréaliste de silence, comme on devine les pensées ; seuls sont audibles les soupirs et le souffle saccadé du slave, qui s’épuise au rythme régulier de ce qu’il s’échoue au corps féminin, encore, et encore, jusqu’à… la fin, jusqu’à l’échappée virile. Il lui a semblé, chose étrange, que la jeune femme, d’une certaine façon, lui répondait, et lorsqu’elle scelle ses lèvres aux siennes, celles-ci lui semblent être glacées, tant il frissonne de stupeur. D’un mouvement, il se redresse, et la regarde, médusé. Finalement, comme pour se rassurer, il pense à ces baisers vassaliques ; elle l’aura finalement admis, alors : il est son Seigneur.

    Vient le tour du Roi.


* extrait de la chanson "Lunatique" de Jenifer


Nikolai.
La femelle était abandonnée aux griffes fraternelles, le sombre observe avec un calme effrayant ce que la folie habite son cadet, la trogne arbore ce sourire si particulier, seul le coin des lèvres recueille la jubilation, à peine s’il découvre la nacre d’une canine offensante. L’acier glacial contemple la lutte, inégale de force alors qu’il peut percevoir l’aliénation de chacun, la renarde résiste quand un instant plus tôt elle quémandait, vile créature qui perdra son âme à défaut de la vie, il ricane le Tigre du spectacle concupiscent offert par le Lion.
La large paume se pose contre l’arbre, la botte s’abat violemment sur la gueule du rat, s’il a vagi, c’est le bruit de l’affrontement entre son frère et la rousse qui berce son ouïe, le slave ne concède le moindre regard au larbin, l’argent abyssal ne renvoie que la domination féline, l’intérêt du ténébreux sur la peau laiteuse qui s’agite sous la carcasse masculine. Et la cruauté s’amplifie à mesure que ses braies contraignent sa virilité, il échappe un soupir rageur, la main ceint la gorge du borgne alors que son genou s’écrase sur le torse chétif et que la voix rauque de sadisme commande :


Regardes larbin ! Nourris ton œil et ton esprit de c’que tu n’auras jamais !

Rinces-toi l’œil pendant que tu le peux encore Machin, les doigts se crispent sur la pomme d’Adam comme il pèse lourdement sur la cage thoracique, le prédateur prend l’ascendant sur l’homme, l’animal s’insurge contre l’once de lucidité qui persiste mais la victime qu’il malmène n’est pas l’ultime objectif. Ode. Une flamme vacillante anime les prunelles argentées, l’esprit s’échauffe davantage et déjà, la lame réapparait. Ode. Le rire guttural résonne alors, plus malsain et inhumain que jamais, Nikolaï délaisse la vermine ensanglantée, il se redresse pour s’adosser au tronc, attend patiemment la lassitude du Prince.

Cука !*

Sortie des enfers, la voix éraillée conspue la rouquine dans un murmure comme le titan s’arrache à l’arbre, le regard obscur ne prédit que supplice à qui se perdra dans les profondeurs funestes, le baiser qu’elle échange avec son frangin scelle définitivement son sort et le fauve sibérien d’approcher lentement. Le gibier est épuisé peut-être, une autre le serait surement, celle-là se cherche encore, elle se ment par autoprotection sans doute, flamboyante sorcière qui git à ses pieds maintenant et qu’il laisse récupérer subrepticement. Les traits arborent la cruauté, le visage aussi séduisant renvoie à ce qu’il est impitoyable, les lèvres s’étirent d’un rictus féroce alors qu’il évalue la résistance de la créature d’un coup de botte.

Longue période d’observation qui débute, le prédateur se repait de la silhouette féminine ainsi abandonnée, elle exsude des fluides mêlés telle les catins entre deux clients, il ricane à cette pensée. Dégradant spectacle que tu offres, Ode. Fière et frondeuse dans le verbe, reine dans ta suffisance, te voilà ramenée à moins que rien belle Ode, vulgaire trainée quand la professionnelle aurait gagné sa pitance et le respect. Il gronde son courroux le Tigre, les genoux se ploient comme, d’une paluche puissante, il la fait virevolter, lui fait baiser le sol violemment.

Les doigts se mêlent à la tignasse, ils dégagent la nuque délicate et la bouche, avide de pouvoir, en goute à nouveau la peau douce, les crocs s’y plantent avec gourmandise, l’implacable ne lui laisse nulle chance de rédemption alors que son corps entier appelait à la luxure, sur ce rocher, avant la traque. Il respire le parfum de la donzelle, union obscène de sueur, de semence, de jouissance partagée même. Le sombre supplicie un lobe alors que sa lourde carcasse couvre la frêle, il force sans difficulté les cuisses opalines des siennes, plus solides, dans un souffle :


Belle enfant… nôtre, à vie !

*chienne/garce

_________________
Ode..
"Prise dans l’enfer de ma chair
Perdue à la frontière des folies ordinaires
Je n’attends rien de demain
Montre moi le chemin vers la fin" *

Si ce monde fut un jour beau, je n’en ai aucun souvenir.
Si cette journée eut un début ou une fin, je ne m’en rappelle pas.
Si cet acte s’était enfin achevé, je ne m’en rends pas compte.

Mes jades fixent le ciel, déjà le soleil est à son apogée comme sa chaleur se fait oppressante.
Aveuglée, je me force à garder ce repère flamboyant en ligne de mire. Des tâches se forment dans mes yeux, je tente de leur trouver des formes.
La douleur est sournoise et tellement insupportable que mon corps en tremble. Mon esprit fracassé ne sait plus quoi penser, qui écouter.


Laisse-moi te relayer, fais le vide, je m’occupe de nous Ode.

"Jamais, jamais, jamais"… Je pense.


Jamais, jamais, jamais, je murmure.

Mon sort semble être enfin achevé, le poids sur moi se fait moins lourd, mais je refuse de regarder, de peur de voir dans leur regard, l’amplitude de mon humiliation.
Mes yeux me brûlent, une larme aussi.
Ce qui me sert d’enveloppe charnelle me fait pour l’instant penser à un lourd fardeau de chair et de sang dont la peau se marbre de tons bleus, verts ou noirs, tel un tableau morbide d’inspiration slave.
Je pense que je gémis, je ne m’en préoccupe pas.
Je sens quelques coups portés, comme pour vérifier mes réactions.


Oh Ode, qu’as-tu fais à notre corps ! Pourquoi ne les as-tu pas accueillis avec le respect qu’ils méritent ?

"C’est mon corps !! C’était mon corps, je ne voulais pas leur offrir."

Qu’importe, ils l’ont pris maintenant, soignons-nous, bientôt ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir pour toi.

Le grondement du tigre me ramène à la réalité, me sort de mon inconscience momentanée.

Oh oh ! Je crois que c’en est pas fini de nous ! Allez viens là mon beau !

Je hurle. Une fois, une seule. Aucun son n’en sort, je reste figée dans cette grimace d’horreur quand je finis par manger la poussière.
Chaque fois qu’il me touche un peu plus, je me hais davantage. Lamentable jouet, prêté d’un frère à l’autre dans leur amour inconditionnel et irrationnel.
L’autre n’en lâche pas une miette, je sens son odeur non loin. Jamais plus je n’oublierai leur parfum.

Moi non plus ! On les retrouvera plus vite pour en profiter d’une autre façon ainsi !

Assommée, je suffoque contre la terre que je crache. Je n’ai plus rien d’une jolie femme. Mon visage est barbouillé, mon corps vandalisé.
Mes ongles ont tellement griffé et s’agrippent à présent tellement fort dans le sol, qu’ils s’y cassent, augmentant mon supplice.
Mais ils sont la seule réaction visible de ma lutte psychique.
Mon corps, lui, est livré entièrement au blond qui vient suivre les traces de son frère.


Pour de bons chasseurs, j’trouve qu’ils laissent un peu trop de marques tu n’crois pas ? J’leur en ferai part à tête reposée. M’enfin en attendant, mmmh ! Il a un certain style qui ne laisse pas indifférente non ?

"tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi !!! Non ! VIENS !! "

Aujourd'hui, j'ai été violée. Non pas deux, mais trois fois. Je ne sais si ce sont les slaves ou Elle, qui auront été le pire. Aujourd'hui, je nais. Mais pour l'heure..je disparais.


*extrait de « Tu me tues » de Christopher Lohr.

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Raymond_dict_machin


Cette fois, c’est la me.rde ! Il va me tuer ce cinglé ! J’étouffe, il voit pas que j’vire au bleu ? Maydé… y’a personne sur la ligne !!! Mais où qu’elle est la Platine ? Du calme Raymond, elle va arriver, elle arrive toujours à temps pour me sauver, il FAUT qu’elle arrive avant que l’autre taré me brise la nuque !

Il a peur, il a mal, et il est persuadé de vivre sa dernière heure, minute même. Il prie tout et n’importe quoi avant que l’irrigation du cerveau ne cesse, appel de détresse qui ne reste que pensée et le seul œil valide de s’écarquiller d’effroi. Le slave lui parle, enfin il ordonne surtout et le larbin d’obéir comme il peut… c’est officiel, il va m’buter, mortecouille ! j’veux pas crever comme ça, pas maintenant, j’suis trop jeune… Le Tigre l’écrase, le Tigre l’étrangle mais la fouine ne pense même pas à se débattre ; il attend que ça se termine, juste, il attend de mourir puisque la benjamine ne semble pas décidée à se pointer.

Mais ! Au moment, que dis-je, à l’instant où le larbin croyait émettre son dernier souffle, voyez pas que le dément le libère… La poitrine comprimée peine à recevoir l’air que le borgne s’acharne à vouloir inspirer, il tousse et sitôt ferme les yeux ; la trouille que l’autre lui retombe dessus mêlée à l’espoir de survie. S’il ne voit pas le « Roi », peut-être que le «Roi » ne le verra plus ? Regain d’enfance Raymond, t’as largement passé l’âge de jouer comme les enfançons ! Alors l’unique œil regarde la donzelle et l’infect se jure de se venger, si toutefois ils y survivaient tous les deux.
Nikolai_et_serguei
Le sombre est calme, le bassin se meut sans précipitation comme il revient, avec une régularité singulière, s’échoir à la Renarde dont le corps n’est plus qu’un réceptacle vicié. La brutalité est inutile, la femelle est dominée, la souris est épuisée par le jeu pervers des félins, seule la large paluche contraint encore la tignasse avec fermeté, l’acier dépourvu d’émotion jouit ainsi de la nuque laiteuse, alors vierge des stigmates perfides que le Ténébreux érige dans son mutisme effrayant. Les gestes sont tempérés, dénués de la violence couvée par le slave, pourtant, la rouquine l’endure totalement, cette sauvagerie naturelle qu’il dompte volontairement, dans une nouvelle humiliation, comme il affecte la douceur dans un baiser narquois sur la peau convoitée.

La carcasse se détache de la frêle, il l’abandonne à sa souffrance comme il rejoint l’onde tranquille, les rampes s’y plongent pour rafraichir la trogne, le rinçage lapidaire épure le visage dur qui se tourne vers le Lion, l’argent brille de sadisme comme le timbre rauque résonne de cruauté :


Dans mon bissac, prends la bouteille Sergueï !

L’ombre du Tigre couvre bientôt la silhouette étendue, le rire funeste retentit dans le silence comme la lame retrouve sa paume.


["Dans un spectacle, dans un bal, chacun jouit de tous." Charles Baudelaire]

Sergueï, quant à lui, s’est nourri de l’air tant saturé qu’il a raidi chacun de ses muscles de cruauté et de jouissance malsaine ; d’acteur, il est passé à spectateur, et, à l’instar de ceux des jeux du cirque, lors a les prunelles dilatées d’excitation morbide. Comme ces gens qui savent être complaisants, doux en règle générale, la démonstration de violence exacerbe le pire, pour atténuer le meilleur. Les yeux rivés à l’arène, il mire la corrida des corps ; cette fois, pourtant, c’est le Taureau qui achève le danseur.

Il en a presque envie d’applaudir, et en Prince de stupre, en premier gladiateur, le Lion tourne, retourne, se meut, félin, sans quitter des yeux la cruelle fantasmagorie. Ô le délicieux divertissement, l’exquis crissement des ongles sur le sol poussiéreux, l’orgastique martèlement charnel et fraternel, violent de lenteur, cette célérité douce à l’œil rubicond, vultueux de flammes infernales allumées d’admiration pour le Roi et l’usage tout personnel de son sceptre au trône Odéen !



["Heureux les yeux qui n'ont pas besoin d'illusion pour voir que le spectacle est grand." Maurice Maeterlinck]


Et il est Grand, le Tigre, il est puissant, impérieux ; et l’agneau innocent, soumis à son joug, comme il a déjà essuyé une défaite léonine. Cette fois encore, le triomphe est assuré et les barrières morales repoussées, comme autant de pont-levis vainement dressés pour protéger les remparts d’un château bientôt occupé. La tour d’ivoire du corps diaphane est tombée, et n’offrira plus de refuge qu’une folie salvatrice ; violée et cette fois par son propre esprit, l’idée en est jubilatoire, comme si la jeune femme, après avoir injustement subi une fougue qu’elle n’a pas provoquée, se fourvoyait elle-même pour prolonger le combat, ironiquement. N’y tenant plus, il éclate de rire, les yeux injectés d’amusement pervers, et de sadisme sauvage : son sourire brutal répond à la grimace qu’elle imprime, et son rire encore, au cri silencieux qui déforme sa bouche. Surplombant le couple, les muscles bandés de ce qu’il observe, il sent son cœur cogner en sa poitrine au rythme du bassin fraternel et s’allier à sa danse macabre. Gigue sans joie, sinon pour les frères, valse de tourments, fox trot de crispations, il jubile, le Lion danseur, il se mêle au spectacle, comme si son frère, à l’instar de ces comédiens qui dirigent leurs répliques au public à l’insu d’un autre personnage, s’adressait, complice, à lui, lui offrant partie prenante dans la tragi-comédie se tramant sous ses yeux.

L’ordre tombe, comme une invitation, et bientôt, Sergueï rapporte à son frère le contenant réclamé, comme un disciple fournirait à l’expert l’instrument de son art.



[Oui, les Toréros peuvent s'entendre
pour plaisir, pour plaisir, ils ont les combats le cirque est plein, c'est jour de fête,
le cirque est plein du haut en bas,
les spectateurs perdent la tête,
les spectacteurs s'interpellent à grand fracas.
apostrophes, cris et tapages,
poussés jusque à la fureur.
car c'est la fête du courage,
c'est la fête des gens de coeur!
allons! en garde! allons! allons! ah!

toréador en garde
toréador, toréador!
et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
toréador!

l'amour, l'amour t'attend
tout d'un coup on fait silence
on fait silence, ah, que se passe t-il?
plus de cris, c'est l'instant
plus de cris, c'est l'instant
le taureau s'élance en bondissant hors du toril
il s'élance, il entre, il frappe,
un cheval roule, entraînant un picador
"ah! bravo! toro!" hurle la foule
le taureau va..il vient..il vient et frappe encore!
en secouant ses banderilles
plein de fureur il court,
le cirque est plein de sang!
on se sauve, on franchit les grilles...


...c'est ton tour maintenant…]*



Il s’est agenouillé, le Lion, près de la jeune femme, a écarté quelques mèches qui couvrent son oreille et y chuchote, doucereux :

- Oh oui c’était ton tour, Ode… C’était ton tour… Survis à cela, vis avec cela… Pas la mort, non…

Dispense notre valeur d'un combat inégal ;
Trop peu d'honneur pour nous suivrait cette victoire :
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
On te croirait toujours abattue sans effort ;
Et nous aurions seulement le regret de ta mort.**

Et tu le sais, Ode, hein, tu le sais ? … ce n’est qu’un commencement…


Regard à son frère, et le Lion de hocher la tête : vous dansiez ? Eh bien marquez, maintenant !***

Il se doute que le cadet, peut-être, regrettera cet épisode déraisonné, dont le sombre s’est fait l’acteur insensible. La renarde n’est pas la première victime de ses pulsions bestiales, elle ne sera sans doute pas la dernière, et l’homme ne compte plus les créatures qu’il a détruites, pour apaiser sa haine, calmer sa colère ou, simplement, par plaisir, comme autant de trophées au mur de la fierté, un recueil de minois d’une liste anonyme. Se souvient-il seulement de toutes les femelles ? Non, bien sur que non, il s’en moque éperdument, tandis qu’un sourire ou même un parfum lui rappellera un corps exposé, tantôt dans des draps défaits, tantôt abandonné au bord d’un chemin, mais chacune privée du souffle salvateur et, souvent, maculée d’un carmin obscurci d’avoir trop coulé.

La rouquine est différente, elle aura bataillé pour sa survie et, d’autant, elle a une dette envers sa Précieuse. Bienvenue dans les ténèbres Novgorodiennes, belle Ode ! Le combat contre la Divine n’aura été qu’une brève mise en bouche et ton orgueil t’aura couté cher, ta rédemption le sera davantage encore. L’acier glisse doucement sur la peau laiteuse, marbrée ça et là d’une teinte plus brunâtre, où les coups se sont faits plus durs, où les entraves étaient plus fermes, la langue humecte la pulpe avant que l’argent trouve l’azur fraternel, un regard pour unique information quant au dessein du Tigre.

L’ombre pèse davantage sur la femelle comme le sombre s’agenouille sur sa croupe, point de fornication cette fois, les braies font de nouveau rempart entre les corps, l’excitation est toute autre, l’acier rivé à la nuque qu’il a convoité sitôt la provocation de la rouquine émise. Il a promis dans la menace et, jamais, un Novgorod ne faut à sa parole. La cascade cuivrée est repoussée sur le coté, la bouteille débouchée, alors les lèvres s’ourlent d’un rictus conquérant comme le rire funeste retentit encore, plus effrayant sans doute pour la fragile, soumise à la folie masculine.

Les regards félins se croisent, nulle parole nécessaire pour se comprendre, un même sang les unit, l’abysse originelle d’une dominance innée que la renarde regrettera d’avoir perçue, ou, peut-être, y trouvera-t-elle sa libération, en demi-teinte.

Un grondement échappe aux lèvres du slave, la dague prend position pour agresser la peau diaphane, supplicier la chair tendre et, bientôt, un « N » sanguinolent trône un peu plus haut que la naissance des épaules. Sans compassion ni remord, l’alcool coule sur la plaie qu’il frotte doucement, l’épurant d’éventuelles souillures, avant d’abandonner leur « chose » à sont triste sort. Le Tigre pose un ultime regard méprisant sur la délicieuse rouquine et la voix rauque de sarcasme :


Ton supplice est terminé belle Ode, te voilà gratifiée d’un splendide ornement !

Attentif, le Lion suit la griffe ferrée du Tigre graver la peau féminine ; suprême ironie que celle où les animaux marquent les hommes, les rend siens, imprimant à leur enveloppe de chair même l’allégeance, l’appartenance. Ode déjà, n’est plus la même, et Sergueï suit des yeux un moment le sang qui a perlé, jailli, maculé la peau, encore. Contrairement aux bleus et meurtrissures, celle-là ne disparaîtra pas, comme s’il avait fallu ajouter au souvenir impérissable une immuable signature du méfait. On dit que le coupable revient toujours sur les lieux du crime ; peut-être abritera-t-elle encore en son sein les fureurs indicibles Novgorodiennes, peut-être… Pour l’heure, le temps est à l’abandon de la carcasse ; plus prédateurs que charognards, ils laissent à la hyène borgne le soin, ou non, de se repaître de leurs restes. Les félins ne partagent pas, ils prennent leur dû ; aux autres, aux petits, de faire le ménage derrière eux.



*BIZET, Carmen "Votre toast je peux vous le rendre"
**CORNEILLE, Le Cid, II, 2,modifié.
***Allusion à LA FONTAINE, La cigale et la fourmi.
Ode..
Je me perds dans les limbes de mon esprit.
Il y fait doux, bon et surtout rassurant.
J'ai envie qu'elle sache, qu'elle sente, qu'elle palpe notre corps déformé.
Je me retranche, au bord de la folie, en proie au désemparement le plus total.
Quitte à ne plus avoir le contrôle de mon corps je préfère que ce soit Elle qui se rende compte de notre impuissance.
Mon courage a disparu avec ma dignité et je me replis dans les tréfonds de mon âme à la recherche d’un abri contre le prochain coup porté.

    [Dans la peau de mon hôte]


Je prends enfin possession de ce corps que je vois se détruire. Malheureusement, la souffrance sera mon premier ressenti.
Le goût de terre imprègne mes papilles, l’odeur de sang et de sécrétions en tout genre, dérange mes narines, et les bleus ne sont rien à côté de la douleur que je ressens au creux de mon intimité, de notre intimité.
J’aurais pourtant apprécié, si j’avais eu le temps de m’y préparer.
Elle, butée, n’a songé qu’à se débattre, croyant faire le poids face à deux géants.
J’attends qu’elle m’injure, mais il fait calme dans ma tête. C’est le silence complet.
Elle tremble quelque part en moi et, traumatisée, refuse de refaire surface.
Elle semble même percevoir qu’un dernier clou sera porté à notre supplice…

Le corps du Tigre pèse sur le mien, m’empêchant de respirer, m’empêchant de réfléchir. Je pense « Tu n’es qu’une idiote, nous aurions pu éviter cela ».
La tête me tourne, pour avoir pris en pleine volée sa panique, son trouble.
Mais, à peine l’acte achevé, les slaves ont déjà d’autres projets, un ultime en réalité.

Je les écoute, rivée au sol, incapable de me relever, pas tout de suite, pas maintenant. J’ai juste besoin de quelques minutes, d’un peu de temps, pour soulager mon corps meurtri, mon esprit violenté, et trouver la force de me redresser.
Je n’arrive pas à les entendre, comme si Elle avait tissé un cocon autour de notre tête, afin de nous protéger d’une quelconque nuisance sonore.
Cela m’agace, les sons me sont vitaux, ils me permettent d’être plus futée, d’inventer une ruse, pour nous sortir d’un mauvais pas.
Prisonnière de moi-même, je recrache la boue formée entre mes lèvres et j’attends…

…pas longtemps. Le poids retombe sur moi, quand une nouvelle douleur saisissante se laisse sentir.
Vicieuse, elle s’ancre contre ma nuque comme une morsure à laquelle nous ne pouvons échapper.
Elle hoquète, je serre la mâchoire, me mords la langue à sang et étouffe un cri.
Je me rends alors compte qu’ils me marquent. Je suis devenue une bête, leur bête, leur appartenance, leur jouet.

« C’est de Ta faute Ode ! »
Je n’identifie pas la forme du dessin.
L’artiste ne m’en dit pas plus d’ailleurs. Mais autant, je pouvais pardonner l’intrusion physique et charnelle, autant cette marque vient déclencher une haine violente.
L’alcool brûle mes chairs, consume ma volonté, enflamme mon ire.

Je ne parviens pas à poser mes doigts sur la plaie, seulement à sentir le liquide carmin glisser sur ma peau comme de l’acide.
Je respire fort, j’ouvre la bouche et j’happe tout l’air que je peux lorsqu’enfin le slave me libère de son corps lourd.
Un cri de rage vrombit de mes lèvres comme pour mieux supporter cette souffrance, juste avant que je ne perde conscience.
Combien ? Deux minutes ? Quinze ? Trente ?

Assez pour que le climat autour de moi ai changé.


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Natasha
[Un Novgorod peut en cacher une autre…]


Machin !

La voix douce et délicate résonna dans la nature ; la Platine, furieuse, cherchait le larbin depuis bien trop longtemps à son gout… ce dernier osant répondre aux appels par le silence, et pour cause. L’allure féline et le pas assuré, c’est une blonde impétueuse qui déboula sur les rives du lac ; l’ambre balayait la berge en quête dudit Machin quand elle aperçu quelques étoffes sur des buissons. Méfiante par nature, elle s’approcha lentement et sans bruit - bien que la discrétion fut inutile au vue de son arrivée tonitruante, mais que voulez-vous, n’est pas blonde qui veut !- avant que la stupéfaction ne l’immobilise.

Là, étendue sur le sol, Ode. La surprise passée, elle se précipita sur le corps offensé qu’elle retourna délicatement ; la senestre repoussa doucement quelques mèches du visage blême et la slave de vérifier que les battements perduraient dans la poitrine… Soulagée, malgré le pitoyable tableau, elle chercha du regard un éventuel responsable ; un éclair haineux traversa les prunelles assombries alors qu’elle distingua la fouine, qui tentait vainement de se dissimuler. Celui-là ne manquerait pas de morfler, mais plus tard et l’attention de se reporter sur la silhouette féminine.

La peau laiteuse proclamait la violence endurée, les ecchymoses trop nombreuses dont les teintes, là céruléennes, là pourpres alertaient de leur jeunesse ; un filet vermillon dont elle ignorait encore l’origine, la conforta dans son raisonnement… Leur duel passé n’était pas la source des maux ; la rousse avait subi l’assaut d’un prédateur, proie déjà fragilisée par son échec au combat.

Un soupir passa les lèvres carmines alors qu’elle gagna le bord de l’eau ; l’irascible déchira le bas de sa chemise, humidifia les lambeaux de tissus et rejoignit la rouquine. Avec finesse, elle purifia la pulpe souillée et rinça le minois, où perdurait une légère inflammation due aux coups ; le timbre se voulut rassurant quand elle murmura :


Réveilles-toi, Ode… ça va aller maintenant.

Quelle éloquence Natasha…

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Ode..
Froid.
J'ai soudain très froid. Mes lèvres sont humides, des mains me soutiennent.
J'ouvre mes paupières lourdes et cligne plusieurs fois des yeux pour me rendre compte que la Platine s'occupe de mon cas.
Longtemps, je reste là, contre la terre, qui me parait bien plus chaude maintenant que j'y ai moulé mon corps.

Je suis stupéfaite.. non, Nous sommes stupéfaites en réalité. Le ton est doux, les gestes précautionneux et malgré tout je gémis légèrement tandis que je ressens chaque parcelle de ma peau à vif.

Ma première réaction est de vouloir me relever, mais je vacille sur les bras, alors que le sang me monte d'un coup à la tête.
Je la regarde, je ne dis rien. Mes yeux sont fous, mes jades sont vides.
Ma pudeur revient, alors qu'elle me nettoie et je recroqueville mes jambes, les enlace, pour cacher chaque partie intime à la vue de la soeur de mes bourreaux.
Une larme unique s'écoule sur ma joue, interminable, dernière rescapée d'une rivière asséchée par la haine.

Muette, ma gorge est douloureuse, ai-je seulement crié ?
Nous sommes en cet instant mêlées. Nous vivons ensemble la même chose avec deux points de vue. Elle les hait pour leur viol. Je les maudits pour leur marque.
Mes prunelles fixent Natasha, sans réellement la voir, tout en gardant pour point de mire, cette chevelure blonde, si semblable à celles fraternelles.
Je suis absente, prise dans les limbes d'une folie protectrice.

Doucement, je glisse mes doigts sur ma peau, prenant conscience de mes blessures, laissant la pire de toutes pour la fin.
La marque Novgorodienne est finalement atteinte, mes cheveux repoussés et c'est avec un regard inexpressif que je la présente à ma soigneuse.


Regarde Natasha, l'oeuvre de tes frères. Regarde ce qu'ils pourraient te faire si un jour tu te montres faible.

Je ne dis rien, tout est là. Je ne supporte pas qu'elle me touche mais je la laisse faire, pragmatique, consciente qu'elle me sera d'une grande aide pour me remettre plus rapidement.

J'ai oublié la présence d'un élément pourtant : Machin.
Mon esprit n'y vient pas tout de suite.
Le calme avant la tempête.
C'est exactement l'état d'esprit dans lequel je me trouve, bien que le calme ici soit plus proche du vide, du néant.
Un trou béant au creux de moi, comme si on venait de m'arracher toute une partie de mon être.

Je tends mon bras vers la tresse blonde, en effleure les fils d'or très légèrement et finalement je murmure d'une voix rauque.

J'ai soif...

Donne-nous à boire, nous avons tant hurlé en silence, tant pleuré en dedans, hydrate-nous avant que la folie ne le fasse.

Tout devient hostile, à mesure que ma conscience se ré-installe.
La terre dure sous mon corps, l'air frais sur ma nuque, l'eau salée sur ma joue, le feu violent de mon coeur.

Bientôt, il me faudra consumer autre chose que moi-même...

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Natasha
Elle leva les paupières, enfin, et les lèvres carmines de s’étirer légèrement ; le sourire se voulait apaisant alors que l’oisillon geignait aux contacts du linge… La platine atténua d’autant ses effleurements sur la peau meurtrie que la rousse s’évertuait à lui dérober ; elle savait l’aversion d’Ode quant aux touchers mais la larme, qu’elle cueillit d’un pouce respectueux, relança les interrogations.
L’onyx scruta le minois un instant, consciente de l’isolement salvateur qu’elle maintenait entre elles ; le regard suivit les doigts terreux de la rousse, comme s’ils évaluaient les blessures dans un ordre croissant… Lorsqu’ils atteignirent la crinière cuivrée, qu’ils en dégagèrent la nuque vandalisée, la slave retint sa respiration ; les prunelles s’enflammèrent d’une colère muette, quand la caboche comprit. Elle était victime d’un de ses frères au mieux, des deux au pire.

Nulle plainte ne passa plus la pulpe de la roussette ; nul mot de parvint à écarter celle de l’irascible… C’est le silence qui les enveloppa soudain, chacune atteinte de mutité ; quand l’une subissait les soins de l’autre. La crinière couvait l’orage quand la fragilisée en frôla la tresse aurifère ; le geste, assez surprenant, retint l’attention de la louve qui se pencha légèrement afin de saisir les paroles.
Un simple hochement de tête en guise de réponse, incapable d’émettre le moindre son ; elle se leva en caressant la joue purifiée et se hâta vers le bivouac…

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Ode..
La silhouette de la Platine s'éclipse et je laisse échapper un soupir presque aussi infini que le vide que je ressens.
J'attrape le linge et continue le nettoyage minutieux de mon corps.
Non, en réalité, je frotte ma peau jusqu'à ce qu'elle devienne rouge, jusqu'à ce que je ressente la brûlure de mon geste.


Frotte plus fort ! Je les sens encore ! Arrache !

Elle est anéantie et moi, je suspend mon geste, la fureur resserrant mes doigts sur le tissu à m'en blanchir les phalanges.
Je me relève, ferme les yeux un instant pour m'empêcher de rejeter le contenu de mon estomac et je m'avance pour récupérer mes affaires.
Il faut que je me couvre. Non pas par pudeur, ça c'est sa crainte à Elle. Non c'est parce que les vêtements me donnent l'impression d'être plus forte, moins vulnérable.
Un bruit me fait me redresser, mais ma main fouille ma besace pour trouver mon petit couteau que je sors vivement.
Devant moi, le larbin s'approche, l'oeil restant, luisant de cruelles intentions.

Elle frissonne, mon corps en frémit.


Oh non.. tue-nous ! C'est un vrai cauchemar !

Mais plus j'observe Machin, plus ma rage devient palpable. Le goût de la vengeance se pose sur ma langue avec une amertume désagréable.
Mes lèvres s'étirent en un rictus mauvais.


Sale rat, tu crois pouvoir récupérer les miettes ?

Mes jades s'obscurcissent à mesure que ma détermination grandit. Mon corps est épuisé, mais autant que le sien finalement. Mon esprit en revanche, est bien plus puissant que cette pseudo colère que j'aperçois dans la prunelle.
Nous nous sommes rapprochés. Si je tremble c'est de haine et lui, lui semble me détester comme si j'étais responsable de sa blessure.
A croire que j'étais la cause de tout.


Oui, c'est à cause de nous qu'ils nous ont attaqué.. on..je..nous les avons provoqués avec notre corps. Et lui.. c'est pareil, il aurait encore son oeil sans cette altercation... tout est de notre faute.

Je me fige et cette fois, les jades voient rouge. Mon arme s'abat sur l'infâme serviteur dans un élan qu'il ne peut prévenir.
Nos corps s'entrechoquent et tombent au sol alors que je pousse un hurlement sauvage et que ma lame sort et rentre dans les chairs inlassablement.
Mon corps entier se teint de pourpre, Machin tressaute, suffoque, s'agrippe à a peau, m'offrant de nouvelles marques et finalement rend l'âme.
Mais je continue et dans ma tête, c'est Elle que je rêve de tuer.
Elle qui se soumet, abandonne, Elle qui n'a aucune dignité, aucune valeur. Elle qui a donné à notre corps des allures de victime.

Crève ! Lâche !

Elle, d'abord s'insurge, me supplie d'arrêter puis se tait. Doucement, je me rends compte qu'elle commence à y prendre plaisir, malgré le dégoût que cette idée lui apporte.
Ça lui fait du bien, ça nous comble ce vide créé par les Novgorod.
Elle est à l’affût, elle n'intervient pas et me regarde attraper la main de cet amas sanguinolent qui gît sous moi.
Je n'ai qu'une envie, les lui couper. Comme j'aurais aimé couper celles qui m'ont marqué à vie.
Machin le remplacera. Mon couteau n'est pas arme à démembrer, aussi la lame vient se glisser à la base de l'index droit et d'un geste je le sectionne avec un sourire particulièrement malsain.

L'enveloppe carmine qui recouvre mes chairs est chaude, m'habille en quelque sorte.
Elle pense que je suis folle.


Tu es folle. Regarde dans quel état nous sommes.

Nous sommes souillées c'est un fait. Pas par le sang, mais par la honte. Et c'est bien là que divergent nos opinions.
Je m'éloigne finalement du cadavre, m'accroupis devant l'eau et observe mon reflet pendant de longues minutes.
La fureur est passée, je m'apaise. Mais déjà je sens qu'il me faudra bientôt recommencer.

Ode renaît.

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