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Famille, je vous (h)ai(s)

Scath_la_grande
Titre inspiré d'une citation d'Hervé Bazin lui même inspiré d'André Gide


_____________~ Hostel Castelmaure – mi-août ~


La lumière se délie de son serment avec le jour pour étreindre à petits pas l’obscurité crépusculaire. Il fait chaud en ce début de soirée à Paris, la touffeur semble se concentrer dans les venelles exiguës bientôt délaissées par le populaire.
Ce qui, une poignée d’heures plus tôt, ressemblait à une fourmilière grouillante et bigarrée ne sera plus que désert une fois l’opacité de la nuit abattue dans les rues.
De partout, on se hâte de rejoindre la sécurité d’un foyer. La Musteile ne déroge pas à cette règle tacite qui veut qu’en Paris on ne traîne plus une chausse dehors dès le soleil rentré à pénates.

La bestiole rousse juchée sur sa monture, grogne, grinche, peste.
L’humeur est vinaigre, les contrariétés dans son existence ne cessent de cumuler et finissent par la toucher, alors que de coutume elle n’y porte aucun intérêt.
Le fait même qu’elle soit montée à la Capitale la rend bileuse, sa visite chez son banquier et l’inspection du livre de ses comptes n’ont rien arrangé. Pour clore les divers débours à mettre au compteur d’une patience sacrément élimée, des rumeurs à propos de son paternel, un rouge qui a quitté le nid de Mâlin sans lui dire mie et ce foutu Hostel de Castelmaure introuvable.
Excédée et fourbue de la journée qui ne fut que déceptions en tout genre ; l’œil, presque par hasard, trouve le lieu niché dans un recoin presque insensé, comme mis au ban de la cité.
Là encore, le heurtoir à maintes fois malmené ne lui attire que les regards méfiants des serviteurs qui hésitent devant les trois cavaliers vêtus de sombre et leurs quatre montures.
Le sésame est obtenu par la lettre écrite de la main de l’Infant, qui failli tout de même être enfoncé de force dans la gorge du portier inquisiteur.

La valse des ordres s’entame dès que la Frayner pose pied à terre. Ses hommes resteront au soin des montures et dormiront avec n’ayant qu’une fiance limitée dans le personnel de son Altesse. Ses malles devront être montées dans la pièce dévolue pour l’invitée surprise ainsi de quoi se laver instamment. Puis l’ultime requête, la plus importante, posée d’un ton revêche :


« Est-ce que monsieur mon oncle se trouve à demeure ? »

Parce qu’il ne manquerait plus que ça ! Que le chef de la meute Frayner ne soit pas là. Et avant qu’une ébauche de réponse soit faite, elle ajoute brutalement :

« En tout cas, je te le souhaite ! »

La phrase est lâchée, toute en promesse de représailles.


Il est beau, le résultat
Je fais rien que des bêtises,
Des bêtises quand t'es pas là...*


*Sabine Paturel - Les bêtises
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[Reprise doucement des Rps ~ Rp - 2 avant d'être à jour]
Charlemagne_vf
L'oncle se trouvait à demeure. Mais à la nuit tombée, l'oncle ne reçoit plus. Comme l'on ferme les portes de cités, comme il fait baisser les herses de ses domaines lorsque la lune paraît, l'Hôtel Castelmaure, engoncé dans un Paris dangereux et mal famé, est une forteresse, close et imprenable, sous le regard d'un Fervac assoiffé du sang de quelques habitants des Miracles, ou d'un Louveterie méfiant.
Les Nivernais tiennent les portes. Les valets ont ordre de ne laisser entrer personne. Pourtant, le sésame de la Von Frayner suffit à les faire tomber, et alors que Charlemagne monte à sa chambre, éclairé par un laquais en livrée portant une bougie, il croise une chambrière.
Les imprudents ont allègrement oublié que leur Maître aurait pu être prévenu de la venue de sa nièce. Ils l'installe comme si elle était Duchesse du Nivernais, sans rien demander.
Un instant, l'Infant reste carrément pantois. Est-il bien chez lui ? Rien n'est moins sûr en cet instant. Puis, après avoir cligné, et clos à demi ses yeux guiséens, il s'informe. Quoi de plus normal ?


Aurions-nous un invité ?

Bim. La chambrière manque de tomber à la renverse.
La pauvre femme n'y est pour rien, et elle sait pourtant que sous cette phrase anodine et pleine d'innocence se cache le courroux d'un Aiglon en mal de mouches à martyriser.
La mesnie en prendra pour son grade, et l'Ombre, le Chien, celui qui a les faveurs du Maître se fera un plaisir de châtier ceux qui ne les ont pas. Déjà, elle rougit, puis bredouille.

Teuh...Votre Altesse, bah sa nièce.

Un sourcil se soulève. Le diaphane reste perplexe. Une nièce, une Altesse. Soit. Cela ne l'aide pas. Alors, après un long soupir en disant long sur les capacités intellectuelles qu'il prête à ses serviteurs.
Le Prince fait volte face et descend jusqu'à l'entrée. Là, la lourde porte est tirée, donnant sur une Cour exiguë où l'on s'active comme si le Castelmaure lui-même venait de prendre ses quartiers. Le ciel est sombre, il a la couleur des yeux de Charlemagne. Il ne lui faut pas longtemps pour identifier la nouvelle venue.
Oui, il l'avait autorisée. Profondément routinier, malgré sa jeunesse, l'Héritier n'aime pas que l'on déroge à ses habitudes. L'hôte surprise n'avait pas envoyé de billet précisant la date de sa venue : il l'avait oubliée, comme il avait oublié qu'il l'avait autorisée à s'installer même en son absence.
Faute de s'en vouloir, il lui en voulut à elle. La bâtarde d'un bâtard se piquait d'avoir la suite d'une Comtesse, et la mise d'un soldat. C'était presque répugnant.
Du chef, il fit signe à Scath de le suivre jusqu'à un salon pourpre, où se trouvait un fauteuil d'un luxe sans pareil, dessinant désormais le fessier mouillé d'Aimbaud de Josselinière. Il la fit s'asseoir, et l'imita.


Ma nièce. Vous vouliez un entretien, alors dites. Demain, je joue à la paume.

C'était là le seul plaisir que l'on pouvait trouver à Paris, et l'idée d'une salle de paume germa dans la petite tête de l'Impérial. Il lui en fallait une à Nevers.
L'idée placée dans un coin de la cervelle princière, le regard du Prince se posa sur la rousse.


Vous ne ressemblez pas à mon Frère.

Elle n'avait pas même les cheveux noirs.
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Jehan.fervac
Le Garde garde.

Dans l'ombre toujours, emboîtant le pas de ce valet qui d'une main tremblante guidait dans la lumière sa royale majesté. Les bottes ne font pas de bruit, elles ne claquent pas, elles se font douces au contact de la pierre. Feutré est le bruit.

Mais voilà, la chambre ne sera jamais atteinte. Une chambrière est malmenée, et la petite troupe tourne les talons. Tous. L'un rase les murs, l'autre avance vaillamment & le dernier suit comme un bon petit chien.
Truffe en l'air, patte savamment posée sur la garde d'une épée, le Cabot surveille.

Une femme. Une Rouquine. Une Rouge. Une Nièce. Enfin, parait-il.

Le Chien se met a la niche. Il laisse le petit Oncle bavarder. Il est trop tard pour se soucier de qui est qui, du moment que ce Qui ne s'approche pas du Duc, il n'y aura pas le moindre problème.

Alors l'Ombre s’appuie contre le mur, bras croisés sur la poitrine, il observe, il renifle.
Il y a une odeur de sang. Une odeur de sang qui provient de la femelle...

Qui est-elle ? Hormis la nièce du Prince...
Une question qui devra trouver réponse, aussi vite que possible. Quoi qu'il en soit, elle est bien roulée la Rouge. Un petit regard approbateur, dans le dos de Charly, évidemment car sans cela, le Prince aurait probablement fait sauter les deux yeux de l'Ours a la petite cuillère.

L'Ombre est sage.
Et le Garde garde.

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Scath_la_grande
[Alea jacta est - Le sort en est jeté]


A peine a-t-elle le temps de retirer la vêture de voyage, cape et brigandine, laissant à son passage un effluve singulier animal quoiqu’encore point trop désagréable au nez, qu’on la réclame.
Le museau se fronce, elle est contrariée de se montrer ainsi, sans même avoir pu se départir de la sueur et de la poussière, avec la mise d’un mercenaire plutôt que celle austère qu’elle affectionne tant, significative de son état, son crin roux en désordre, exalte un étrange parfum de lavande qui vient des soins qu’elle y porte pour éviter des hôtes gênants.
Bien que dans une posture qui ne lui sied guère, la Frayner n’en semble éprouver de la gêne, agissant comme à son habitude, impérieuse, surplombant avec une grâce naturelle ces quelques soucis du paraître.
La silhouette se déplace alerte, ondulante comme un petit félin, le nez est hautain, le regard cauteleux s’éclipse sous une paupière basse, qui observe, jauge dans le moindre détail les gens et leurs gestes.
Sans mot, sans politesse aucune la Musteile s’en fait presque docile en suivant cet oncle déconnu qui n’est que noms et titres sur un arbre généalogique où la bonne ou male fortune l’y a déposée et comme résignée prend le siège que lui a désigné l’Aiglon.

Les ardents fauves ne prêtent aucune attention à la pièce, bien trop distraits à bailler des œillades gourmandes au fidèle garde. Le genre d’homme dont elle ne fait qu’une bouchée.
La voix de l’Infant la tire de l’onirique friandise déjà consommée en pensée. La bouche se tord, la lippe se fait maigre et pâle quand le jeune Frayner dépose une preuve de plus du mépris familial.


« Grand bien vous fasse de jouer à la paume, vous avez bien besoin de vous faire du muscle ! »

Alors son regard qui a la même couleur que la robe des fauves se pose, languide, sur l’Altesse, curieux d’abord.
Elle le fouille, cherche, elle aussi les ressemblances avec son père, avec elle, et ne trouve que dissemblances béantes. Puis d’œil à œil, la Belette envisage dans le bleu profond de l’Aigle ce que le masque de cire de son visage occulte. Qui est ce petit prétentiard ? Tout le monde a ses masques.


« Vous non plus… vous ne lui ressemblez guère, je ne sais si c’est un bien ou un mal et puisque nous parlons de lui, je vais sans délayer et prendre plus outre sur votre temps, m’ouvrir de la raison de cet entretien. Je sens que bientôt le regret de m’avoir offert logis s’en fera plus amer que de présent mais demain tel de l’éther je me serai dissipée… je ne serai qu’un souvenir mauvais que vous vous empresserez d’oublier. »

C’est dans cet instant qu’elle regrette que son oncle ne se soit pas montré plus hospitalier et ne le lui ait pas offert de quoi rincer son gosier.

« Monsieur, en votre qualité de chef de famille que j’ai reconnu, à vous je livre ma décision. Je renie à présent mon père et renonce à ce lien filial. De ce fait, je ne me présenterai plus sous le nom des Von Frayner, je n’userai plus du nom de votre famille. Vous devez bien en être aise, je ne suis qu’une bâtarde de plus qui souille le prestige de votre sang. Voilà, je vous le rends. »

Ah ! Charlemagne, vois, tout Prince, tout chef de famille, tout Duc aux multiples terres que tu sois, vois comme une simple bâtarde te prive de tes choix, que de son âme libre, c’est elle qui a décidé à ta place, usurpant ton pouvoir en brisant d’elle-même son joug.
Elle ordonne, elle agit à sa guise et à ta barbe.


« L’affaire étant réglée, et vous, ayant à batailler l’esteuf demain, je vais vous laisser… »

Elle aurait bien ajouté avec ironie qu'elle a demain, cour de poney.
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[Reprise doucement des Rps ~ Rp - 2 avant d'être à jour]
Charlemagne_vf
L'Aiglon, peu habitué aux badinages de cour, ne nota pas le jeu entamé entre la mangeuse d'homme et le coureur de femmes, aussi n'eut-il pas une raison supplémentaire de mépriser sa nièce.
Son ton, toutefois, et ses propos, suffisaient à attiser la colère naturelle de l'Infant orgueilleux. Non, il ne ressemblait pas à Sancte, parce que Sancte avait du Guise sur le visage, et lui, il n'en avait que les iris. Sa beauté juvénile et sa pâleur, il les tenait de Béatrice : une femme. Aussi, lui rappeler qu'il n'avait pas les traits forts de son père l'installait dans de fort mauvaises dispositions.
Il croisa les doigts, affichant une moue.
Elle n'avait pas encore exposé le motif de sa venue, et le Prince regrettait déjà de lui avoir offert le logis. On l'avait dérangé à une heure qu'il jugeait tardive. Une bâtarde jugeait son visage. Elle pensait même disposer encore du droit de partir. Mais non, ceux que reçoit Charlemagne ne partent qu'après son accord : un congé, une permission, mais jamais une initiative. Ainsi, tel l'éther, elle ne se dissipera pas : on la mettra en bouteille.
Elle l'appelait "Monsieur". Comble du vulgaire. Il tolérait ce titre dans la bouche de son frère. C'était tout. Elle n'était qu'une vulgaire imitatrice de la figure paternelle qu'elle était venue rejeter.
Le rejet d'ailleurs, du Père comme du nom, tira un rictus certain à l'Infant. Ainsi, l'on se donnait des airs de renier Von Frayner avec une morgue affichée. Qui était-elle, cette pauvre fille issue d'un fondement inconnu et sans doute trop visité ? Elle n'avait rien d'une Aigle.
Le jeune Duc se fichait du nombre de noms portés à son arbre généalogique : il en aurait rayé une vingtaine pour en gagner un de qualité. Alors, perdre un peu de la honte familiale ne pouvait guère lui nuire. Toutefois, il s'agissait certes du chef de famille et de la bâtarde, mais il s'agissait aussi du Resplendissant.


L'affaire n'est en rien réglée, et la paume attendra.

Et c'était sans appel. Un regard à Jehan suffit à s'assurer qu'il ne laisserait pas partir la rousse sans qu'on l'aie autorisée à sortir.

Je me ferai une joie de faire mander missive à Strasbourg aux fins que vous perdiez incontinent notre nom et nos armes. Vous savez bien votre valeur.

C'était en effet la bâtarde de plus qui souillait le prestige de son sang.

Mais...je ne saurais laisser rompre le lien qui vous unit à votre Père sans qu'il en soit l'acteur. Il est trop simple d'agir sans lui. Trop simple pour vous que de venir ici, pour vous laver de ce qui vous fait horreur.
Osez donc l'affronter.


D'un geste, le Prince se fit porter plume, encre, et le reste. Il griffonna quelques mots à la hâte, dessina le monogramme de l'Empereur Charlemagne qu'il s'était octroyé.

Faites porter ceci à mon Frère. Sancte.

Un laquais en livrée nivernaise s’exécuta, et le regard marine fondit à nouveau sur Scath.

Il vous faudra supporter ses murs encore un peu, ainsi que mon nom, qui est celui de votre Père.
Et sachez que même renié, il n'en sera pas moins celui qui vous aura faite.


Et l'Altesse se leva, lasse à l'idée de supporter la chevelure agressive de sa parente pendant les quelques jours qu'il faudrait à Iohannes pour se manifester.
C'était tout.

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Scath_la_grande
[Je n'ai plus rien à exposer dans la galerie des sentiments*]


L’Infant se lève, la voix de l’impudente s’élève, impérieuse et ferme.

« Non »

Pas un « non » de provocation juste le « non » d’une certitude acquise qu’elle n’aurait aucun entretien avec ce parjure de père.
La paupière s’abaisse comme pour prendre un temps de réflexion, puis les fauves s’érigent jusqu’à atteindre le bleu du Prince.


« Non, je ne suis point ployable à votre volonté, et appuyant bien sur le mot qui semble tant l’irriter « Monsieur ». Je n’ai pas envisagé de rester et par la force forcée je ne m’y plierai pas ! »

Lentement la rousse tourne son museau vers le fidèle garde, la mine amusée, se gaussant en dedans de la prétention du jeune Aiglon de le mettre en travers de sa volonté. Bien mal il la connait et ne sait ni de quelles ruses, ni de quelles chattemites la créature usent pour parvenir à ses fins.
Soupir.


« Je vous sais tout raffolé de monsieur votre frère, car oui déjà le voilà banni du vocabulaire filial, mais ne vous donnez pas cette peine vous risquez d’être déçu pour notre affaire. Il ne se déplacera pas. Jà il a trouvé remplaçante à son indocile bâtarde frondeuse en donnant à qui veut l’ouïr en Flandres des « ma fille » à une parfaite inconnue avec lequel il ne partage ni nom, ni sang. Peut-être vous sied-t-il d’avoir une adoptée au lieu d’une bâtarde, « ça fait mieux » dans votre bel arbre que d’en choisir les fruits. »

La bestiole se soulève avec nonchalance, et dans la stature verticale retrouve son port hiératique qui s’était un peu affaissé à l’assise.

« Et puis, monsieur votre frère est très occupé à faire la nounou exclusive pour sa « soit-disant majesté » . Vous comprendrez que je n’ai guère envie de déranger cet oiseau de basse-Cour qui se croit Renard au poulailler à se laisser plumer. Je ne suis céans que par le fait que j’entretiens encore du respect à votre encontre, ne le méprisez pas ou il vous en cuira un jour. »

Sur quoi, elle se tient coi et immobile, l’œil félin et brillant à nouveau s’approprie l’Infant.
Sa tête se penche légèrement sur le côté comme à chaque fois qu’elle s’interroge avec sérieux, la lippe se plisse, question houleuse en perspective.


« Dieu m’a faite libre. Et de vous, qu'a-t-Il fait ? »

Laquelle de Ses deux créatures est la plus bénie et laquelle est la plus à plaindre ? Celui qui a terres et couronnes ne pouvant se délier du poids de sa destinée ou celle issue de rien qui peut s’affranchir de tout lien ?


* Petit matin 4.10 heure d'été - H.-F. Thiéfaine
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[Reprise doucement des Rps ~ Rp - 2 avant d'être à jour]
Charlemagne_vf
S'il était un mot que Charlemagne ne tolérait dans nulle autre bouche que la sienne, c'était "Non".
L'on ne refuse rien à l'Aiglon, et moins encore sous son toit, alors, devant l'impudence et l'audace de la Rousse, il tient droit, le regard ardant. Péché de colère, si commun, si naturel, si familier à ce sang bleu.
Les lèvres du Prince sont pincées, les joues rosies, car elles ne sauraient s'empourprer. L'oeil marine fusille la traîtresse à son sang. La main pâle fait un signe au Fervac. Tu vas avoir ton dîner, mon Ours. Après tout, le sang des parjures peut bien couler, puisqu'ils n'en sont pas digne.
Elle le défiait. Pire, elle le jugeait "tout raffolé". Raffolé de Sancte. L'idée était amusante.
Certes, l'Infant pardonnait tout à son aîné. Il lui pardonnait sa basse naissance comme ses extravagances. Il n'en était pas pour autant aveugle : il savait les corruptions du Resplendissant, il savait ses alliances douteuses : il les désapprouvait même, parfois.

Qu'elle était bavarde...

Jusqu'à la question qu'elle devait tenir pour un morceau de bravoure. Elle tira un rictus au Prince. Que pouvait lui importer la façon dont elle fut faite ? Dieu l'avait faite libre, la belle affaire. Du reste, c'était à prouver. Alors le Fils de France se déploie, haussant le menton dans un geste d'orgueil, car il ne saurait se taire, alors.
Il lui faut se faire obéir. Qui le ferait, si sa propre bâtarde de nièce ne le faisait ? C'était une effrontée, et rien d'autre. Une renarde en mal d'amour, qui pleurait un Père qui la délaissait sans doute, effrayé par l'ingratitude de son visage, ou quelque chose du genre. Il en faudrait peu pour la dresser, l'Infant en est persuadé.


Mon consentement vous importe quand il s'agit de rendre votre nom, mais vous ne m'êtes pas ployable ? Est-ce donc là votre liberté ? Si vous en étiez si convaincue, Scathach, vous ne m'auriez pas même écrit. Si votre liberté était si évidente, vous n'auriez pas eu besoin de moi pour vous convaincre de votre bon droit.
Je me fiche de ce que fait mon Frère, et avec qui, tant qu'il ne m'en impose pas la vue. Il viendra, car je l'ordonne. Vous l'attendrez, car je l'ordonne.
Vous pourrez lui dire votre amertume d'avoir été remplacée par une flamande : n'est-ce pas là ce qui chagrine votre petit coeur ? Vous aimez votre Père, et il n'a pas le luxe d'être mort. Alors vous pouvez le haïr sans honte.
Vos passions sont basses, mais bien l'apanage des bâtards. Je serai clément.


C'était le drame d'un Oedipe inaccompli. Charlemagne avait ardemment aimé et admiré ses parents, mais n'avait pas eu le temps de nourrir sa haine et sa rébellion. Enfermé dans un deuil interminable, il était voué à les admirer pour la vie, sans jamais les honnir ailleurs qu'in petto.
Il n'enviait pas la Rouge d'avoir un Père. Il la méprisait de vouloir s'en défaire si facilement, et c'était là pire offense que de rejeter le nom de Von Frayner.
Et puis il y avait la morgue du Sang Pur, de la légitimité, de la noblesse : aimer, quelle horreur. L'Infant s'y était piqué, assez peu, mais il s'en flagellait souvent. Mais rien ne devait laisser paraître la roture en lui. Son regard ne chercha pas même celui de Jehan.
Aimer ses parents est une perversion : qu'ils meurent, il suffit de les pleurer.


S'il le faut, vous resterez donc par la force forcée.

L'Ours pouvait rugir, à moins que l'illégitime ne plie.
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Scath_la_grande
S'il est un mot que la Musteile se plait à mettre à son bec, c'est bien « Non ».
D’autant plus lorsqu’il suscite froissement à son interlocuteur, même minime.
Qui est-il pour croire qu’il peut faire plier l’imployable, c’en est navrant de naïveté et cette idée attire à sa lippe un sourire audacieux.
L’indocile relève le museau de toute son arrogance, les fauves dardant sans vergogne ceux plus altiers de son Altesse d’oncle.


« Non. »

C'est une poupée qui fait non,non,non,non
Toute la journée elle fait non,non,non,non*


« Non, vous ne pouvez m’ordonner, je n’ai que Dieu en maître et point béjaune de votre grain, vous devriez savoir qu’ayant héritée de la complexion de votre sang, on ne me fait pas plier par la badine. »

Morgue sur la face pour celer la déception qui ombrage sur l'heure son regard, qu'elle balaie dans un battement cil.
Dieu que ce prince est con !

« Ah Monsieur, je vous croyais plus docte à ne point confondre respect et consentement à une demande que je ne vous fais nullement. N’apprend-t-on rien à l’élite de votre caste ? L’un n’a rien à voir avec l’autre, le premier vous venez de le perdre, le deuxième que vous me le bailliez ou non, je m’en gaudriole sévère. »

Le fin visage se referme sur quelques pensées qui obscurcissent son âme. De ce père-là, elle n’attend guère mais garde un vif sentiment à son égard. Et plus vifs sont ses émois, plus grande est la détestation. Ainsi est toute l’ambiguïté de son caractère, comme si elle rendait coupable l’objet d’être aimé.
Se ressaisissant à plein, la Musteile tranche net le silence instauré par sa voix coupante.


« Cessons là nos petits commerces. L’affaire est faite céans.
Je n’ai pas eu de père pendant vingt ans, je puis m’en passer de lui pour vingt autres années. »


Et allant se retirer incontinente, le gratifiant à peine d'un salut bref.

« La bonne nuit vous sied… »

*Polnareff
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[Reprise doucement des Rps ~ Rp - 2 avant d'être à jour]
Charlemagne_vf
Ce fut un rictus sur le visage adamantin. Désabusé, et un peu las, Charlemagne donna le congé à sa nièce d'un geste nonchalant de la main. Capricieux, il se fatiguait vite de ces joujoux offerts par la fortune. Scath était de ces présents qui trompaient l'ennui permanent de sa vie réglée. De plus en plus, il cherchait à s'enivrer du monde auquel il s'ouvrait. L'avenir en ferait un échec provisoire. En marge du temps, et dans un état de deuil permanent, il ne pouvait sans transgresser la norme faire une apparition en splendeur.
Son esprit, étriqué, peinerait à supporter des oppositions comme celle de sa nièce. Il le découvrirait tôt.
Pour l'heure, il prit son effronterie pour une crise de jeunesse. Ne savait-il pas ce qu'est l'absence d'un père, l'ingratitude d'une mère ? Si fait, et mieux que quiconque.

Plus tard, allongé dans son lit, la tête contre le torse de Jehan, l'Infant pensa rejoindre sa parente, et lui parler non en Prince, non en Chef de Famille, mais en orphelin. Après tout, elle l'était un peu. Mais l'Aiglon préféra trouver le sommeil. Il s'était abhorré, le temps d'une seconde, à l'idée même d'éprouver de la compassion pour un être bâtard. Elle n'était rien, ou alors une potentielle main à solliciter un jour prochain. Elle ne méritait ni le pardon pour son offense, ni le regard de son oncle. Ainsi en avait décidé Charlemagne, et ainsi en serait-il.
Le lendemain matin, le Prince demanda toutefois à être introduit dans la chambre occupée par sa nièce. Qu'elle soit ou non sur le départ ne l'intéressait pas : il était impatient de tout, et surtout d'exposer les conseils apportés par la nuit, et pour certains, murmurés par son Ours.
En ombre, il se glissa jusqu'au feu luisant des cheveux de la Belette.


J'ai pensé. Votre Père, s'il daigne venir, ne le fera pas avant des jours, peut-être des semaines. Il serait stupide de l'attendre.

Il disait ça pour le moment, il le disait pour toujours. Sa mère, il l'avait attendue des jours, des heures, des mois, des semaines. Il avait espéré ses baisers entre deux allégeances, ses caresses entre deux traités. Sancte n'était finalement qu'une Béatrice de champ de bataille. Un absent pour qui le désire.

Ne rendez pas votre nom, car il est illustre, et qu'il est votre seul apanage. C'est celui de votre Père, mais c'est celui du mien, et c'est le mien. Lorsqu'il faut s'accommoder de ce que l'on abhorre, et quoi que je peine à imaginer haïr ce nom qui fait mon honneur et qui je suis, il convient d'y trouver son parti. Prenez les avantages, défaites-vous du reste. J'y consens parce que vous êtes la fille de mon frère, et que je l'aime.

Un instant, il se tut, fixant ses iris sur le nez de sa parente. Elle avait des airs de Von Frayner. Sauf ce roux qu'aucun Aigle n'arborait en couronne. Ce rouge qui était la marque de sa naissance pécheresse, mais qui n'était hérésie aux yeux du Prince que pour la corruption de son sang, et en aucun cas pour le fait religieux auquel il n'entendait pas grand chose.

Consentez-vous à ce marché ?
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Scath_la_grande
Je dérègle mes sens et j'affûte ma schizo
Vous est un autre je et j'aime jouer mélo




- Consentez-vous à ce marché ?

L’œil d’ambre se relève, arrogantes prunelles qui d’un battement de cil viennent éclairer un museau enfermé dans un semblant de docilité.
Sans déclore le bec et la paupière abaissée, elle a écouté les désidératas princiers dans une impassibilité feinte.
Consentir au marché ? L’inconscient.
Le regard s’attache au sien, altier par-dessus tout.
Négocier avec Scath c’est négocier avec le diable, on y perd toujours un peu de son âme si ce n’est plus.
La langue claque contre son palais, sèchement, d’une contrariété mal ravalée.


« La prochaine fois, attendez au moins que je me mette quelques attifurs sur le dos. »

Et d’un mouvement agacé de la main démontre qu’une chainse de lin n’est pas un outil décent pour une conversation, fut-elle des plus dénuées de protocoles.
Nan mais c’est vrai quoi ! Quelles sont donc ces manières de venir la cueillir à la pique du jour adoncques que cette dernière réfléchissait tout à plein à une évasion possible de ce lieu sous la coite, les yeux clos.
Parce que ouais, Musteile ne traîne jamais au lit. JA-MAIS !
Mensonge éhonté que de l’affirmer.

L’impudique créature s’ébranle légèrement, s’approchant de son pas félin de sa proie, pour seul atour une lippe renardière vissée à sa face.
A-t-il vu le geste imperceptible de sa menotte, senestre leste à l’ouvrage qui se pose négligemment sur la dextre ? Peut-être…
Anodin ? Certainement pas.


« Ainsi donc votre verbiage a changé, le voilà miel lors que hier il n’était que fiel…
Vous me mandez si je consens ?
Ricane un petit. Le Prince demande donc à la bâtarde que je suis son consentement… ai-je bien ouï ? »

Les fauves se braquent sur l’Adamantin, la silencieuse carcasse s’est approchée de trop à son rivage, semonce d’un dangereux accostage.
La démarche languide laisse place à la diligence d’une senestre se plaquant sur sa bouche, la dextre œuvrant de concert ayant sorti une fine lame de sa manche qu’elle applique comme un licol tranchant sur le velours de sa peau.
Musteile menace et accule son gibier imprudent, la bestiole de tout temps a toujours été armée, relent d’une existence de proscrite et mercenaire.
Triomphale, la rousse le fait choir sur la coite, le souffle court de sa réussite, l’esprit ne pensant pas à un éventuel retournement de situation, elle le maîtrise, il est faible.
Territoire princier qu’elle conquit en Amazone, le chevauchant pour assoir le grêle ascendant qu’elle possède, la chattemite dans le regard, le goguenard aux babines rosées.


« Monsieur mon oncle est dans l’erreur… mon nom n’est pas mon seul apanage… j’ai dans mon escarcelle des ressources insoupçonnables et que jamais…. Jamais vous ne pourrez posséder tout or et titres que vous ayez… »

La fine membrature se penche sur le Charly, sa suave féminité épousant, pernicieuse, le gabarit de l’Aiglon. Une Belette ça doit bien bouffer du piou-piou à peine sorti de son nid ? A voir.
Assurant sa prise plus fermement, la voix se veloute dans son bec amusé.


« Sachez que le respect que je vous porte n’est pas issu de vos titres, peu m’en chaut de vos couronnes et tortils, simplement… vous êtes pour l’heure le seul qui ne m’ait pas déçu. Gardez-le pour dit… De mon respect vous en tirez bien plus de profit que de mon déprisement. »

La gueule se fend d’un sourire mutin.

« Tout négoce se doit être scellé, n’est-il pas ? La senestre s’allège avant de se retirer dans un souffle. Huchez et je vous saigne, je ne crains pas la hart Monseigneur. »

Les lèvres viennent s'accidenter, se bousculent dans un baiser plus audacieux que passionnel, pour elle ce n’est qu’un jeu, une friandise au goût exquis d’interdit.
Le Castelmaure porte encore sur lui l’odeur des nuits fauves qui enhardisse le pécher de gourmandise de la Musteile, dont le joug s’amollit.

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[Reprise doucement des Rps ~ Rp - 2 avant d'être à jour]
Sancte
Aanor est un formidable cordon bleu. Mais sa cuisine a toujours eu le redoutable défaut de se révéler trop épicée aux yeux du « père l'embrouille ». Elle est là, et pourtant, rien ne le prédispose à l'idée de la voir lorsqu'il claque derrière lui la portière du coche qui l'amène à l'hôtel Castelmaure. Jamais il ne peut oublier cependant le frissonnement si particulier qu'il ressent au dessous de la ceinture lorsqu'il est en présence de ce parfum qui l'a contaminé lors d'un fauviste jour de printemps en la cité des saules.

« Nous étions six sur le coffre à l'homme mort ! Yo-ho-ho ! Et une bouteille de Rome ! »

Il chantonne dans les couloirs du Palais qu'il découvre pour la première fois, après qu'on lui ait indiqué le chemin où il est attendu. Il chantonne mais son épouvante grandit pourtant, jusqu'à tomber brusquement dans un abîme de certitude quand il se pointe à l'encadrement de l'entrée du salon pourpre, pour tomber nez-à-nez avec une scène étrange, mais qui suscite pourtant en lui non pas de la colère, mais un curieux élan de modération.

« Tout négoce se doit être scellé, n’est-il pas ? »

A la lueur de la liberté d'Aanor concernant le respect des mœurs familiales, son cœur s'attendrit. Les vices sont toujours mieux acceptés lorsqu'ils se déroulent spontanément en famille. Finalement, c'est peut-être cela, l'esprit de clan. Le droit de franchir la ligne jaune parce qu'entre nous autres, nous ressentons un peu moins cette irrépressible nécessité de camoufler que nous sommes de profonds dégénérés.

« Eh bien monsieur mon frère, mademoiselle ma fille, quelle juteuse affaire fête-t-on ici présentement, que je n'en ai point été averti ? »

On le dit peu soucieux de sa famille, mais ce n'est pas toujours vrai. Il peut même être très envahissant, PARFOIS.


Tu veux jouer ton aventure,
Mais t'en crèves au réveil.
Tu fais semblant de rien,
Tu craques ta mélanco.

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