Rosalinde
[Juillet]
Alors c'était ça, Courceriers ?
Bon, elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait pas été prévenue. Judas lui avait décrit la chose comme un amas de ruines, force était de constater que... C'était un amas de ruines. Avec un toit au dessus. Peut-être exagérait-elle un peu, mais un tout petit peu alors, car elle ne se connaissait pas d'origines marseillaises. Bref. Elle allait devoir vivre là-dedans pendant au moins... Une semaine. Avec le nouvel intendant. Le maître des lieux l'avait envoyée en inspection de son travail, officiellement. Officieusement (c'est à dire, la version non-communiquée à Isaure), il souhaitait que Rose, qui à l'époque traversait une phase d'abstinence aigüe, ce qui la rendait d'humeur infâme (et la prédisposait à être portée sur la bouteille), couche avec Mortimer. Rien que cela.
Arrivée à l'entrée du castel, juchée sur son fidèle destrier qu'elle appelait pour le moment Christos (quelle divine plaisanterie que de penser qu'elle montait le second prophète !), elle hésita un instant avant de franchir les quelques mètres qui la séparaient de la porte. C'est qu'elle était sensée être arrivée depuis deux semaines déjà. Le Von Frayner avait du se faire un sang d'encre, car elle n'avait donné signe de vie pendant tout ce temps.
C'est que mademoiselle, vexée qu'on la congédie de Petit Bolchen pour une mission qui l'irritait plus que tout, avait décidé de lever le camp sans attendre les gardes qui étaient sensé lui servir d'escorte. Au final, elle avait été brigandée par une bande d'affreux margoulins qui avaient eu la décence de lui laisser son cheval (il fallait dire qu'elle s'occupait de lui pendant qu'ils lui avaient dérobé ses affaires), et avait, après une journée de marche à la recherche d'une âme charitable pour lui offrir le dîner, décidé de squatter un bon moment chez un jeune curé de campagne (on connait son attirance pour les hommes d'église) qu'elle s'amusait à tenter entre deux sermons. Tout en redécouvrant la Divine Comédie assise à l'ombre d'un prunier.
Miséricordieuse (et toujours sous le coup de son voeu de chasteté), elle avait décidé d'abandonner son prêtre avant qu'il n'y tienne plus, et avait repris la route en direction du Maine.
Trêve de tergiversions. Elle s'avance, et va vigoureusement frapper contre la porte d'entrée.
- Holà, du château ! C'est messire Judas qui m'envoie !
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Alors c'était ça, Courceriers ?
Bon, elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait pas été prévenue. Judas lui avait décrit la chose comme un amas de ruines, force était de constater que... C'était un amas de ruines. Avec un toit au dessus. Peut-être exagérait-elle un peu, mais un tout petit peu alors, car elle ne se connaissait pas d'origines marseillaises. Bref. Elle allait devoir vivre là-dedans pendant au moins... Une semaine. Avec le nouvel intendant. Le maître des lieux l'avait envoyée en inspection de son travail, officiellement. Officieusement (c'est à dire, la version non-communiquée à Isaure), il souhaitait que Rose, qui à l'époque traversait une phase d'abstinence aigüe, ce qui la rendait d'humeur infâme (et la prédisposait à être portée sur la bouteille), couche avec Mortimer. Rien que cela.
Arrivée à l'entrée du castel, juchée sur son fidèle destrier qu'elle appelait pour le moment Christos (quelle divine plaisanterie que de penser qu'elle montait le second prophète !), elle hésita un instant avant de franchir les quelques mètres qui la séparaient de la porte. C'est qu'elle était sensée être arrivée depuis deux semaines déjà. Le Von Frayner avait du se faire un sang d'encre, car elle n'avait donné signe de vie pendant tout ce temps.
C'est que mademoiselle, vexée qu'on la congédie de Petit Bolchen pour une mission qui l'irritait plus que tout, avait décidé de lever le camp sans attendre les gardes qui étaient sensé lui servir d'escorte. Au final, elle avait été brigandée par une bande d'affreux margoulins qui avaient eu la décence de lui laisser son cheval (il fallait dire qu'elle s'occupait de lui pendant qu'ils lui avaient dérobé ses affaires), et avait, après une journée de marche à la recherche d'une âme charitable pour lui offrir le dîner, décidé de squatter un bon moment chez un jeune curé de campagne (on connait son attirance pour les hommes d'église) qu'elle s'amusait à tenter entre deux sermons. Tout en redécouvrant la Divine Comédie assise à l'ombre d'un prunier.
Miséricordieuse (et toujours sous le coup de son voeu de chasteté), elle avait décidé d'abandonner son prêtre avant qu'il n'y tienne plus, et avait repris la route en direction du Maine.
Trêve de tergiversions. Elle s'avance, et va vigoureusement frapper contre la porte d'entrée.
- Holà, du château ! C'est messire Judas qui m'envoie !
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