Ygerne.de.vaisneau
"Jamais on a vu, jamais on ne ve''a..."
Petite voix enfantine qui égaye la grand salle du Castel de Beaumont. Allongée sur le sol, l'enfant aux mèches de Jais chantonne gaiement, malgré son problème de prononciation en "R", courant à cet âge.
Insouciante, elle survole un manuscrit illustré, et fort couteux, chipé dans la bibliothèque du château.
Bien sûr, elle n'y comprend goute, se contentant de détailler les images et gravures, bien sûr, comme tout petit être qui se respecte elle étale sur chaque page une bonne couche de gras, à la base sur ses deux menottes encore barbouillées de la brioche goutée plus tôt.
"La famille to'tue cou'i' ap'és les 'ats..."
Déjà ennuyée de cette activité, elle se lève, époussette sa chaisne, et détaille la salle, à la recherche d'un autre jeu, d'une autre occupation, ou mieux encore, d'une autre bêtise à faire.
Inconsciente, l'enfant laisse à même le sol le précieux manuscrit pour se diriger vers le boudoir de sa mère de substitution...
"La maman to'tue et le papa to'tue et les enfants to'tues..."
Elle galope l'infante, dans les couloirs, portées par ses deux jambes boulottes, lil noisette vif et rieur. Heureuse? Sans aucun doute, Maud de Saint Anthelme était une tutrice merveilleuse, attentive et généralement de bonne humeur...
"... S'en vont toujou's au pas...."
La porte lui fait maintenant face, elle se hisse sur la pointe des pieds pour atteindre la poignée, et quand c'est chose faite, elle pousse la porte du bureau pour venir se camper devant la jeune noble.
Mains sur les hanches, posture volée à la Beaumont quand elle se fâche, regard qui se veut sévère mais qui a pour résultat de mettre d'avantage en avant la fossette héritée de son père, la mini Baronne d'Ittre, la sublissime Ygerne de Vaisneau-Blanc-Combaz, trois ans, s'exclame, la voix impérieuse -et ca c'était un trait de caractère qui avait appartenu aux deux parents, pour le malheur de la Bourguignonne faiseuse de boudin.
"Tata Maud, faut qu'on pa'le!"
Remplacer chaque ' par un R