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[RP] Tic Tac lève toi c'est l'heure...

Souffle_anonyme
Maman, Maman Lève toi !
Il est 5h45 Maman, alors lève-toi !
Tic- Tac c'est l'heure.
Tic Tac lève toi c'est l'heure... (*)

Tu l'auras peut etre senti profondément en toi.
Quand tu t'es couchée cette nuit là le dos rompu.
Je n'ai guère plus de place , j'ai perdu mon panache sans guère te laisser plus de paix.

J'aurai voulu m'annoncer.
Frapper à la porte comme je le pouvais naguère de mes petit pieds contre ton abdomen.
Te torturer un peu avant que de m'imposer à toi.
Je n'ai pas compris ce qui m'avais mis la tête a l'envers mais à présent,
comme un invité grossier je me présente.

Il est 5h45.
Je n'ai pas prévenu, tu me pardonnes, je n'ai pas choisi non plus.
L'aube est belle mais je n'arriverai peut être qu'a la nuit.
Vois tu trouveras le répit.

J'ai peur.
Est cela que de partir ?
Me trouverai je mieux entre tes bras que dans ton ventre ?
ce monde que j'ai tant espéré m’accueillera t'il à la hauteur de mes espérance ?

J'ai peur.
Je voudrais que tu me caresses.
Me rassure...

Il est 5h45, alors maman lève toi.




(*) librement inspiré de " Panam Lève toi" Sexion d'assaut.
Desiree.
Lève toi, lève toi ! T'en as de bonnes, toi !
Faudrait pouvoir, déjà.
Avoir envie, surtout. Et en l'occurrence, jeune effronté, ce n'est pas du tout le cas.

La blonde roule.
Se tourne.
Rejette ses draps.
Les tire jusqu'à son menton.
Les repousse à nouveau.

Bref, elle ne sait pas ce qu'elle veut.
Enfin si. Dormir.

Ce n'est pas la première fois que son rejeton lui fait le coup des contractions de bon matin, voyez vous.
Elle ne se laissera pas avoir encore une fois.
Non non non.
Dors.
Il est tôt, je suis fatiguée. Dors, et laisse moi dormir, là.

Sauf que bon.
Le rejeton semble en avoir décidé autrement.
Il est l'aube à peine, et son lit se retrouve brutalement souillé.
Quelle plaie !
Il fallait bien sur qu'ils soient en voyage. Loin d'Ingrid et Gossuin, loin de la rassurante Genève et de tout ce qui pourrait s'apparenter à de la famille ou des amis.
Elle n'a pour tout contact ici que deux jouvencelles engrossées, à qui il n'est pas question d'imposer le traumatisme d'une naissance. Il y aurait de quoi en perdre leur enfant.

La blondine roule hors des draps trempés et retire tant bien que mal sa chemise de nuit. Après tout, Artur était passé sans problèmes. Un peu en avance, certes, mais vu le géant qu'il a pour père, il valait mieux. Comme pour celui ci, d'ailleurs. Sauf que celui là, il devait être plus gros. Et elle, elle était bien plus fatiguée que neuf ans plus tôt.

Changer de chemise, déjà. Lentement. Inspirer. Expirer.
Changer de chemise.
Voilà. Ça, c'est fait.

Réveiller Artur, maintenant, et l'habiller. Lentement. Lui expliquer. Doucement.
Inspirer. Expirer.
Ne pas lui montrer la douleur des crampes qui lui vrillent le ventre.

Voilà. Elle s'assoit sur le lit.
Inspirer, expirer. Et caresser le front de son bébé. De son ainé.


Artur, réveille toi. Artur. Lève toi mon grand, tu dois aller...

Inspirer, expirer. Ne pas lui montrer la souffrance que cause déjà ce petit frère pressé.

Tu dois t'habiller en vitesse et aller chez dame Prunille trouver Maureen. Tu resteras là bas jusqu'à ce que ton petit frère soit né, ça peut prendre un petit moment, tu sais. Allons, habille toi, je vais chercher Asla.

Pousser la porte de la chambrine de la servante, la secouer et l'envoyer réveiller le cocher pour faire préparer l'attelage qui conduira son fils loin d'elle, c'est fait.

L'enfant partira avec elle, et elle restera... Seule, avec la servante et une matrone inconnue pour mettre au monde le second fils de Thorvald. Son troisième, si l'on compte celui d'Aubanne. Certainement le dixième, s'il sème aussi aisément chez elle et Aubanne, il doit y avoir une tripoté d'enfants De la Lande de part le monde.

Bref.

Ne pas penser à ça.

Ne me tue pas, mon Inconnu.

Ne pas penser à ça.

Ne pas y penser, mais comment faire ?

La blonde marche. Elle fait les cent pas. Elle sait que cela facilite la venue de l'enfant. Pourvu que cela finisse vite. Pourvu que cela s'achève pour le mieux. Que l'enfant soit beau et fort. Et qu'elle survive. Pourvu...

Ne pas y penser.
Et attendre.
En marchant.

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© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Artur
Se lever ? Déjà ? Mais il est tôt. Trop tôt.
Le gamin tire la couverture un peu plus sur lui et se retourne. Il n’a pas envie de se lever. Pas tout de suite. Il veut dormir encore un peu, juste un peu…
Et la main de sa mère sur son front lui fait ouvrir les yeux. Il la regarde puis sourit. Il baille, se frotte les yeux et se lève enfin.

Avant de partir s’habiller, il enlace sa mère et la câline. Il ne sent pas sa souffrance. Il est loin d’imaginer que sa petite sœur puisse faire autant de mal à sa maman.
Artur lâche sa mère et file se préparer, sans broncher. Il sourit lorsque sa mère lui dit que son « petit frère » allait arriver. Il ne dit rien. Il est persuadé qu’il aura une petite sœur. Il a espéré tellement fort que cela ne pourrait en être autrement…

Un signe de la main plus tard et le petit garçon rejoint la voiture qui le conduira vers sa grande sœur. Il n’est pas inquiet pour sa mère. Une maman, ça ne peut pas mourir. C’est immortel, une mère. La sienne l’est, en tout cas. Il en est persuadé.
Artur est à la limite de s’endormir lorsque la voiture s’arrête. Il bondit dehors et court à l’intérieur pour chercher son aînée.
Et de crier, alors qu’il entre dans la demeure :


Maaaaaaaaaau ! Ma petite sœur va bientôt arriveeeeeeeeeeeeer.
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Gautier.de.vaisneau
Nooooon. Trop, beaucoup trop tôt. Gautier avait un sommeil très léger, souvent insomniaque, alors si on le réveillait quand il dormait profondément, ça n'allait pas du tout le faire.
Comme à l'habitude, il couchait avec la brune. Chastement, certes, mais sa présence restait plus agréable que la solitude d'un grand lit. Il ronchonna un peu, encore à moitié endormi.


- Mau'... laisse moi dormir.

Avant de comprendre que le bruit ne venait pas d'elle mais d'un enfant... Artur ! Surement que Désirée... Le jeune Vaisneau se leva d'un bon et secoua Maureen.

- Réveille toi ! Désirée accouche.

On a vu mieux niveau tendresse au le réveil, en effet. Après s'être assuré que la de la Lande avait bien ouvert les yeux, Gautier rejoint Artur dans l'entrée, en chainse et de belles cernes sous les yeux. Il a toute la journée le corniaud et il choisi l'aube pour sortir, un chieur en perspective.

- Déjà, ce sera un garçon.

Rectification indispensable.

- Tu peux aller finir ta nuit dans notre lit, Artur. Je ne sais pas combien de temps ça va durer mais en tous cas il vaut mieux que tu restes ici.

Puis Gautier revint dans la chambre pour s'habiller. Avec gout ? Non, trop fatigué pour y penser.

- Je t'accompagne à l'auberge, Maureen ?

Et pas dans la chambre, il sait, parce que les hommes ne sont pas les bienvenus aux accouchements. Comme s'il voulait voir ça.
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Souffle_anonyme
Tu penses.
Même si je suis sur le chemin de la sortie je t'entend.
Et j'ai peur.
ça pousse, ça s'agite.
Ma tête cogne autant que mon coeur bat la chamade.
J'ai l'impression d'imploser comme de m'expulser.
Il ne reste de mon océan de félicité que des vestiges.
Entre les chairs et les os je n'imagine pas les chemins.

Je t'avais promis la fierté.
Jamais tu ne mettra au monde un bébé plus potelé que moi.
J'y ai mis tellement de zèle que je me sens confiné, dans l'espace étriqué dont j'ai avalé les moindres recoins.
Et la j'ai peur.
Et si je n'y arrivais pas ?
Si je ne savais pas comment sortir ?
Et si je n'étais pas prêt...

Chacun de tes pas pourtant m'est une balise.
Je les ressens comme un massage sur mon corps qui s'offre à la vie.
Des vibrations qui m'indiquent le chemin...
Je ne peux plus que descendre vers cette terre ou tu m'attires.

Doucement... Doucement s'il te plaît...

Desiree.
Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Voilà ce qu'elle voudrait hurler.
Elle se retient.
Inspirer. Expirer. Faire encore un pas. Puis un autre. Puis un autre. Encore.
Et encore.

Asla est revenue, avec la matrone.
Ça veut dire que son bébé est en sécurité, avec sa sœur aînée et son beau frère.
Que s'il lui arrive quelque chose, il sera protégé. Éduqué. Ramené à son père.

Elle salue la femme.
Vu son âge, elle doit avoir vu à peu près tous les cas de figure.
C'est rassurant.
En quelque sorte.

Ou pas.

Marcher.
Un pas. Un autre. Encore.

Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !



Mon Inconnu, cesse ça. Sors. Sors ! Et ne me tue pas.



Ne pas parler.
Ne pas émettre une plainte.
Ne pas grimacer quand les doigts de la vieille viennent fouiller son ventre.
Elle a connu pire intrusion, après tout.

C'est pour bientôt, déjà, dit la matrone.
Tant mieux. Elle en a marre de marcher, et ses jambes ne la soutiennent plus qu'avec peine.

Un pas. Un autre.
Les minutes passent, au bras d'Asla qui l'aide comme elle peut.



Sors, mon Inconnu. Sors.
Tu seras un fils.
Tu seras beau. Tu seras fort.
Un vrai chevalier.
Tristan.
Un chevalier légendaire, de la cour de ce Roi Arthur dont on parle tant aux veillées.
Un chevalier pour jouer avec ton frère.
Sors, s'il te plait. Ne me tue pas.



La matrone s'agite dans la chambre.
Les nœuds sont défaits. Partout.
Plus rien ne retient les rideaux. Aucun lacet ne ferme sa chemise.
La natte blonde est défaite. Les cheveux fins, peignés.
Ça occupe. Ça distrait, entre les moments où il faut se concentrer pour souffler dans la douleur.
Des linges sont empilés. De l'eau chaude, versée dans une vasque.
Le feu ravivé.
Il ne faudrait pas que l'enfant ait froid à sa sortie dans le monde.
La blonde évite de regarder les fioles et les simples. Le fil de soie et la lame acérée d'une minuscule dague.
Marcher, encore et encore.

Jusqu'à ce qu'après l'avoir fouaillée une seconde fois, la matrone décide qu'il allait être temps de pousser.



Ne me tue pas, mon Inconnu... Ne me tue pas...

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© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Souffle_anonyme
Je ne t'entend plus.
je suis seul.
Les moments ou je m'agite s'alternent avec ceux ou je sombre dans un doux sommeil. Mon dernier en ton sein.
ça se précipite et plus à l'étroit je me sens.

Je m'eveille et je relève la tête. ça tire, ça s'écarte, tu vas devoir pousser.
Aide moi à naître, aide moi à sortir de ta matrice.
Sa passe difficilement.

Je te l'ai promis, le gabarit est au rendez vous.
Et j'ai mal déja de te faire mal.

Je ne veux pas que tu meures.
Je ne veux pas être responsable de cela.
Je veux te connaitre, partager encore des moments avec toi.

Tu m'as haie par moments je le sais.
Mais je te promets la félicité et déja je m'y presse.

Pousse maman, aide moi.
Encore, bientot, ensemble...

Et déjà une partie de moi regrette.
Ce bonheur liquide, ou moi crevette flottait en toi.
Ces heures simples ou je m'amusais du peu de ce qui me parvenais, minces rais de lumière, légers filets de voix...

Mon frère sera t'il là pour m'accueillir ?
Et mon père ?
Je n'ai plus peur.

Mais...
Que se passe t'il ?
Ma descente est ralentie.
J'ai la tête prise en étau, encore un peu de place mère...
Un effort s'il te plait...
s'il te plait... sois forte, encore un peu...
Desiree.
Non.

Non !

Sors !

Mon Inconnu, ne reste pas là !
Mon Tristan, mon beau chevalier, mon fils...
Ne me tue pas...


La blonde panique, entre les bras de la matrone. S'épuise. Le temps passe.
Des heures semble-t-il.
Probablement beaucoup moins.
Mais la souffrance est telle...
Jamais elle n'avait connu ça.
Maudit soit le géant. Car maudite est son engeance !
Cet enfant là est bien trop gros pour la frêle matrice de la blonde.
Peut-être Deos la punit-il d'être maquerelle.
Peut-être le Très Haut la punit-il d'oser le nommer Deos.
Elle ne sait pas.
Elle n'en a pas la moindre idée.
Tout ce qu'elle sait, c'est que la matrone une nouvelle fois la fouille, la fouaille, assouplit les chairs dans l'espoir de frayer le passage pour cet enfant trop gros.
Pousser, pousser, elle en avait de bonnes la matrone !


Ne me tue pas, mon Inconnu.
Je t'en supplie.
J'aime la vie depuis si peu de temps.
Ne me tue pas.
Ne me saigne pas.
Mon Inconnu, viens. Viens, viens retrouver ton frère.
Ne me tue pas...
Je t'en supplie...


Je t'en supplie...


Avait-elle réellement prononcé la dernière supplique ?
Elle n'en savait plus rien.
Elle voulait juste que ça s'arrête.
Elle a d'abord injurié le géant, tout ce qu'elle pouvait.
Elle s'était juré de ne pas crier, comme pour Artur, et que tout se passerait bien.
Elle s'était promis...
Mais dès l'instant ou l'étau de ses chairs avait refusé de libérer l'enfançon elle avait beuglé à s'en arracher les cordes vocales.
Elle gémissait, maintenant.
Elle n'avait plus la force pour autre chose.

Et quand un dernier cri finit de déchirer ses entrailles, suivi par un soulagement et un flot de liquide, elle s'en remit au Divin, quelque soit son nom.
Elle n'avait pas besoin de savoir que le flot liquide était rouge.
Sa faiblesse lui suffisait.
La panique autour d'elle le lui prouvait.

Elle...
Elle s'en moquait, maintenant....
Elle flottait.
Lentement.
Doucement.
Un cri aurait du l'informer que son enfant était en vie.
Elle s'en moquait.
Elle flottait.
Lentement.
Doucement.
On tournait et virait autour d'elle.
Elle était insensible à toute douleur.
Elle flottait.
Lentement.
Doucement.

Longtemps...

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© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Souffle_anonyme
[ ... soudain dans un souffle...je naquis.]

ça y est je passe.
Merci mère.
Ne meurs pas s'il te plait.
ça glisse.
C'est étrange.
Ces chairs qui m'expulsent dans ces odeurs amniotiques troublées de fer.
Mais déja, je n'y pense plus.
Il y a ce souffle qui me pénètre.
Je n'ai pas mal, j'ai peur.
ça s'engouffre, ça brule un peu, et ça ressort.
J'exhulte, et pour la première fois je crie.
J'entend mon propre cri et je sais...
Je sais que je suis en vie.
Je respire.
Me vois tu ?
Comme j'ai hâte...
On me frappe.
Pourquoi ?
Je pleure.
J'essaie de me souvenir, mon voyage qui s'achève.
Mais doucement s'estompe mon périple.
Le souffle anonyme qui faisait mon essence s'élève.
Je me voix forme rose et poisseuse entre les mains de l'étrangère qui me malmène.
Je te vois... je vois ton essence, qui doucement s'échappe.

Me vois tu ?
Je suis enchantée ma mère.
Mais alors que je suis rappelée à ce qui sera désormais mon enveloppe charnelle, je te vois qui t'en vas...
Si j'avais des mains...
Peut etre en ai je, qu'en sais je ?
Je les tendrais pour t'attraper... te retenir...

Non...
Non!
NON!
Reviens!!! Tu m'entend ?
Tu m'en...

Le silence.
Et ce corps lassé qui m'enferme.
J'oublie. Je nais sous une autre identité.
Je ne suis plus qu'une page blanche.
Je suis ta fille.
S'il te plait, ecris moi.
Ne meurs pas...
Maman...



**************************

[ Premiers cris...]

Dans les bras de la matrone, la petite fille se calmait doucement de son cri premier. Les grand yeux d'un bleu limpide s'ouvraient sur un monde nouveau, aux formes trop grandes, trop étirées, encore floues.
Elle s'agite a nouveau. Il n'y a rien de familier qui puisse la rassurer.
Les odeurs l'assaillent, autant que la voix tonitruante de l'accoucheuse.
A nouveau... c'est un cri de détresse qui passe les lèvres aux gencives à nu, fripant le visage aux traits fins.
Les petits doigts se crispent, tendus, appelant la douceur maternelle, innocence ignorante de l'épée de Damoclès qui menaçait de son couperet la mère.
Desiree.
Voilà, je flotte.
Je suis bien, ici, dans le rien qui m'entoure.
M'entend-tu, Maman ?
Je sais que tu es là, quelque part entre le rien et moi.
M'entends-tu ?
Regarde comme c'est beau.
Regarde tout ce rouge qui m'entoure.
Je suis bien.
Je flotte au sein de toi. Ou de rien, je ne sais pas.
C'est un peu flou, encore. Mais j'aime ces bercements quand tu marches, Maman.
Ces gargouillis sont plus désagréables, tu sais ?
Et cette agitation, aussi.
Je vais m'endormir, Maman.
Je suis tellement bien...
Je vais rester là.
Flotter.
Éternité.


Et renaissance.
Dans le sang et les larmes.

Combien d'heures, combien de jours, depuis que son fils est né ?
Elle se sent si faible, quand elle ouvre les yeux.
Il fait noir.
Une unique chandelle brûle, et dans un fauteuil une forme somnole.
Elle voudrait lever la tête pour observer, pour chercher son enfant du regard.
Elle ne peut pas.
Elle est trop faible.

Elle se résout donc à supplier, d'une voix croassante.


Mon fils...
C'est une fille, madame. Il vous faut la nommer.


Vite, avant que les enfers lunaires ne se précipitent sur l'enfant sans nom.
Tristan aurait été son fils. Sa fille sera donc


Iseult.

Et soudain l'on s'agite. La forme se lève, allume une seconde chandelle. Elle reconnaît enfin la matrone, et sent son ventre gronder quand celle ci apporte un bol de potage bien gras.
Elle mange. Nourrie comme une enfant malade, elle lape toutes les cuillères que la femme lui présente. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas mangé ?

La vieille finira par le lui dire. Sa fille est née au petit jour. L'aube est proche.
Il est temps de nourrir l'infante.
L'engeance du géant.
Elle ne peut même pas la soutenir contre elle.

C'est la matrone, qui avec un fier sourire tient l'enfant contre son sein nu. Et qui annonce. Neuf livres. Neuf livres !
Autant dire le poids de deux bébés.
Cette Iseult là entre dans la vie avec des réserves.
Celles que sa mère n'a plus.

Je flotte.
Je suis bien.
Si bien...
Doucement ballottée par les flots qui m’enivrent.
M'entends-tu, Iseult ?
Tu étais là !
Tu étais là !
Iseult!


Les yeux s'ouvrent brusquement.
Le gris sondent la pénombre.
Entre les volets fermés, on aperçoit la violence de la lumière.
Sur le fauteuil, la forme est toujours là.

Bénie soit la matrone. Loués soient tous les saints du Très Haut et de Déos.
Blondine est riche.
La matrone la gardera en vie.
La voilà qui ouvre un œil elle aussi. Et qui à nouveau s'en vient la nourrir. D'abord elle. Du bon bouillon gras, du vin coupé. De la volaille.
Elle mâche.
Lentement.
C'est bon. C'est bon de manger.
C'est bon d'avoir une femme pour veiller sur soi.
Ingrid lui manque.
Mais cette matrone est bénie.

Iseult.
Cette fois, ses bras arrivent à entourer le bébé. Ceux de la matrone l'aident.
Iseult.


Ma fille...

Iseult est sa fille. Le duvet de son crâne est d'un blond presque blanc. Ses yeux bleus de bébé virent déjà au gris lorsqu'elle pleure.
Une réplique d'elle même en miniature.
Et en mieux.
Elle en est convaincue.
Sa fille.

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© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Souffle_anonyme
Elle a pleuré, s'est époumonnée, ballotée plus que bercée par la matronne.
Elle a ressenti une sensation étrange. L'estomac vide, oisillon attendant la becquée.
L'esprit lui n'est encore que subconscient dans un corps qui tente d'apprivoiser la vie qui doucement s'écoule dans le petit être.
Anonyme, sans plus être ce souffle qui a longtemps habité les entrailles maternelles, le jour s'écoule pour la petite fille qui lasse a fini par s'endormir.


Dans le sommeil déchirant de mon corps si petit mais déja si lourd, je te cherche.
Pourquoi m'as tu laissée seule et sans nom ?
Ou est tu ? Maman...

Le nourisson n'a pas encore la notion du temps.
Elle est tirée de son sommeil par les grandes mains qui la pressent avec une douceur qui se devine plus qu'elle ne se ressens.
Iseult.
L'enfant a entendu son prénom, l'âme l'a adoptée.
Iseult est, Iseult sera.
Iseult pleure. Encore et toujours, s'égosille tel l'oisillon oublié dans le nid.

Enfin le contact se fait.
Les présentations formelles débutent.
Quand les odeurs maternelles sont venues chatouiller le nez délicat, la petite fille s'est sentie rassurée.
Les pleurs se calment.
Iseult soupire et babille doucement.

Je te connais, je sais que c'est toi...

Elle se laisse bercer par le regard maternel tandis que ses grand yeux hagards et pétillants s'emplissent du visage le plus attendu et le plus aimé au monde. Celui de sa mère.

Iseult est bien, enfin Iseult se présente, fière des promesses tenues. Bébé gras et potelé dans les bras de la mère.
Iseult est belle, Iseult est a cet instant le plus beau bébé du monde.

Mais Iseult a faim, Iseult apprend, la vie...

Iseult pleure, encore.
Artur
Gautier venait d’illustrer à la perfection ce qu’Artur se disait depuis qu’il avait conscience de ce qui l’entourait : « les adultes, ils sont bêtes ».
Le gamin regarda le jeune homme les sourcils arqués et leva les yeux au ciel, lâchant un « pfff » exaspéré. Bien sûr que non que le bébé à venir ne serait pas un garçon. Mais tout le monde semblait persuadé du contraire. Môman la première.
Après un haussement d’épaule et un bisou baveux à son aînée à moitié endormie, Artur partit finir sa nuit dans le lit de Gautier pas plus inquiet que cela quant à l’accouchement de sa mère.

Premier jour…



Deuxième jour…



Et ce ne fut qu’au troisième jour qu’au l’autorisa à retourner auprès de sa mère. Dans la voiture qui l’emmena à l’auberge, on lui annonça qu’il avait eu une petite sœur. Ce à quoi il répondit « je sais », tout sourire. Artur était impatient à l’idée de retrouver sa mère et sa sœur. Il aurait voulu crier au cocher d’aller plus vite. Mais il prit son mal en patience et attendit sagement que la voiture ne soit immobilisée pour sauter de celle-ci et de courir vers la chambre où se trouvaient Désirée et le nouveau-né.
Doucement, le gamin ouvrit la porte et s’approcha de sa mère. Elle semblait fatiguée. Epuisée, même. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer. Mais Artur ne dit rien. Il grimpa sur le lit pour s’y asseoir et regarda la petite fille, dans les bras de sa mère. Et tout bas, regardant Désirée :


Elle est belle…
Comment elle s’appelle ?


Puis, tout bas, assez pour que sa mère n’entende pas, Artur murmura au creux de l’oreille de sa sœur.

Merci d’être une fille.
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Desiree.
Iseult.

Iseult, elle s'appelle Iseult. Ma fille blonde aux yeux clairs. MA fille. Ta sœur. Elle est mienne, de sexe et d'apparence, elle est moi. Ma chair et mon sang. Mon sang, surtout.

La blondine aux yeux cernés retient une grimace quand son fils grimpe sur le lit. Elle ne lui montrera pas qu'elle souffre mille morts à chaque instant. Qu'elle n'a pas quitté le lit depuis trois jours et que la matrone le lui interdit formellement de toutes façons. Et qu'elle n'en aurait pas la force.

Elle sourit.
Elle est fatiguée, meurtrie, mais pour l'instant elle est vivante, et elle compte bien le rester.
Un bras blanc enlace le gamin et l'attire contre elle.


Tu t'es bien amusé avec Maureen?

Elle caressa la joue de son fils, et sourit à nouveau, avant de dénuder un sein pour nourrir sa fille, sous le regard approbateur de la matrone.

Et as tu choisi un cadeau pour ton anniversaire ?

La journée des neufs ans de son fils avait passé. Depuis la veille, ou l'avant veille. Elle n'était pas bien certaine, son fils était né au cœur de la nuit, neuf dans plus tôt.

Voudrais-tu une nouvelle paire de chausses ? Un joli pourpoint ? Un jeu ? Des friandises ? Un ami pour ton chien ?

Il pouvait aussi bien réclamer tout cela à la fois, elle le lui offrirait. Rien n'était trop beau pour son fils. Ou pour sa fille.
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© ~elkinimage, création Atelier des Doigts d'Or
Artur
C’est beau. Dit le gamin en se redressant. Il sourit à sa mère et l’embrassa sur la joue. Petite moue à la question. Artur secoua négativement la tête. Non pas qu’il ne s’était pas amusé avec sa sœur mais il ne l’avait pas beaucoup vu. Comme d’habitude. Rares étaient les moments où il se retrouvait avec son aînée.

Elle était pas beaucoup là, Mau. Je me suis un peu ennuyé.

Et de soupirer doucement. Le gamin était pressé de quitter Arles pour retrouver Genève et son petit frère. Au moins, il aurait quelqu’un avec qui s’amuser.
Le petit garçon retrouva bien vite le sourire lorsqu’il fut question de son cadeau d’anniversaire. Vrai qu’il venait d’avoir neuf ans. Il était grand. Et fier.
Et après quelques secondes :


Je peux avoir un autre copain pour Chépa stôplait ? Chépa étant le chien et le meilleur ami du gamin.

Un nouveau sourire avant de s’allonger contre sa mère. Et dans quelques jours, ils prendraient enfin la route pour Genève.
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Souffle_anonyme
Les yeux bleus sont ouverts.
Grands, trop grands pour un visage si petit, si fin.
Les bras maternels ont été un océan de douceur pour la petite fille perdue.
Elle a repris des repères, découvre le monde nouveau qui s'offre à elle.
La douceur des doigts qui la détaillent et vérifient.
Deux yeux, un nez, une bouche, deux oreilles, aucune infirmité.
Bébé avait promis, bébé fait.
Neuf livres, et pas encore de dents!
La chair tendre est pincée et sucée, alors que le lait s'ecoule dans la gorge neuve de tout. C'est bon. C'est maman.
Apaisée, elle s'est endormie.

C'est une fois douce et fluette qui la tire des reveries dont seuls les nourissons ont le secret.
Curieuse elle observe, étrangement sérieuse.
Cette voix elle la connait, et le ton des confidences aussi.

Sois une fille sitoplé...

Oh oui elle s'en rappelle.

Bonjour, enchantée, moi c'est Iseult...

Elle a promis, elle est.
Elle s'en satisfait dans son coccon encore si peu accessible aux autres.
Les voix la bercent.
c'est bon.
Iseult s'endort.
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