Souffle_anonyme
Maman, Maman Lève toi !
Il est 5h45 Maman, alors lève-toi !
Tic- Tac c'est l'heure.
Tic Tac lève toi c'est l'heure... (*)
Tu l'auras peut etre senti profondément en toi.
Quand tu t'es couchée cette nuit là le dos rompu.
Je n'ai guère plus de place , j'ai perdu mon panache sans guère te laisser plus de paix.
J'aurai voulu m'annoncer.
Frapper à la porte comme je le pouvais naguère de mes petit pieds contre ton abdomen.
Te torturer un peu avant que de m'imposer à toi.
Je n'ai pas compris ce qui m'avais mis la tête a l'envers mais à présent,
comme un invité grossier je me présente.
Il est 5h45.
Je n'ai pas prévenu, tu me pardonnes, je n'ai pas choisi non plus.
L'aube est belle mais je n'arriverai peut être qu'a la nuit.
Vois tu trouveras le répit.
J'ai peur.
Est cela que de partir ?
Me trouverai je mieux entre tes bras que dans ton ventre ?
ce monde que j'ai tant espéré maccueillera t'il à la hauteur de mes espérance ?
J'ai peur.
Je voudrais que tu me caresses.
Me rassure...
Il est 5h45, alors maman lève toi.
(*) librement inspiré de " Panam Lève toi" Sexion d'assaut.
Souffle_anonyme
Tu penses.
Même si je suis sur le chemin de la sortie je t'entend.
Et j'ai peur.
ça pousse, ça s'agite.
Ma tête cogne autant que mon coeur bat la chamade.
J'ai l'impression d'imploser comme de m'expulser.
Il ne reste de mon océan de félicité que des vestiges.
Entre les chairs et les os je n'imagine pas les chemins.
Je t'avais promis la fierté.
Jamais tu ne mettra au monde un bébé plus potelé que moi.
J'y ai mis tellement de zèle que je me sens confiné, dans l'espace étriqué dont j'ai avalé les moindres recoins.
Et la j'ai peur.
Et si je n'y arrivais pas ?
Si je ne savais pas comment sortir ?
Et si je n'étais pas prêt...
Chacun de tes pas pourtant m'est une balise.
Je les ressens comme un massage sur mon corps qui s'offre à la vie.
Des vibrations qui m'indiquent le chemin...
Je ne peux plus que descendre vers cette terre ou tu m'attires.
Doucement... Doucement s'il te plaît...
Souffle_anonyme
Je ne t'entend plus.
je suis seul.
Les moments ou je m'agite s'alternent avec ceux ou je sombre dans un doux sommeil. Mon dernier en ton sein.
ça se précipite et plus à l'étroit je me sens.
Je m'eveille et je relève la tête. ça tire, ça s'écarte, tu vas devoir pousser.
Aide moi à naître, aide moi à sortir de ta matrice.
Sa passe difficilement.
Je te l'ai promis, le gabarit est au rendez vous.
Et j'ai mal déja de te faire mal.
Je ne veux pas que tu meures.
Je ne veux pas être responsable de cela.
Je veux te connaitre, partager encore des moments avec toi.
Tu m'as haie par moments je le sais.
Mais je te promets la félicité et déja je m'y presse.
Pousse maman, aide moi.
Encore, bientot, ensemble...
Et déjà une partie de moi regrette.
Ce bonheur liquide, ou moi crevette flottait en toi.
Ces heures simples ou je m'amusais du peu de ce qui me parvenais, minces rais de lumière, légers filets de voix...
Mon frère sera t'il là pour m'accueillir ?
Et mon père ?
Je n'ai plus peur.
Mais...
Que se passe t'il ?
Ma descente est ralentie.
J'ai la tête prise en étau, encore un peu de place mère...
Un effort s'il te plait...
s'il te plait... sois forte, encore un peu...
Souffle_anonyme
[ ... soudain dans un souffle...je naquis.]
ça y est je passe.
Merci mère.
Ne meurs pas s'il te plait.
ça glisse.
C'est étrange.
Ces chairs qui m'expulsent dans ces odeurs amniotiques troublées de fer.
Mais déja, je n'y pense plus.
Il y a ce souffle qui me pénètre.
Je n'ai pas mal, j'ai peur.
ça s'engouffre, ça brule un peu, et ça ressort.
J'exhulte, et pour la première fois je crie.
J'entend mon propre cri et je sais...
Je sais que je suis en vie.
Je respire.
Me vois tu ?
Comme j'ai hâte...
On me frappe.
Pourquoi ?
Je pleure.
J'essaie de me souvenir, mon voyage qui s'achève.
Mais doucement s'estompe mon périple.
Le souffle anonyme qui faisait mon essence s'élève.
Je me voix forme rose et poisseuse entre les mains de l'étrangère qui me malmène.
Je te vois... je vois ton essence, qui doucement s'échappe.
Me vois tu ?
Je suis enchantée ma mère.
Mais alors que je suis rappelée à ce qui sera désormais mon enveloppe charnelle, je te vois qui t'en vas...
Si j'avais des mains...
Peut etre en ai je, qu'en sais je ?
Je les tendrais pour t'attraper... te retenir...
Non...
Non!
NON!
Reviens!!! Tu m'entend ?
Tu m'en...
Le silence.
Et ce corps lassé qui m'enferme.
J'oublie. Je nais sous une autre identité.
Je ne suis plus qu'une page blanche.
Je suis ta fille.
S'il te plait, ecris moi.
Ne meurs pas...
Maman...
**************************
[ Premiers cris...]
Dans les bras de la matrone, la petite fille se calmait doucement de son cri premier. Les grand yeux d'un bleu limpide s'ouvraient sur un monde nouveau, aux formes trop grandes, trop étirées, encore floues.
Elle s'agite a nouveau. Il n'y a rien de familier qui puisse la rassurer.
Les odeurs l'assaillent, autant que la voix tonitruante de l'accoucheuse.
A nouveau... c'est un cri de détresse qui passe les lèvres aux gencives à nu, fripant le visage aux traits fins.
Les petits doigts se crispent, tendus, appelant la douceur maternelle, innocence ignorante de l'épée de Damoclès qui menaçait de son couperet la mère.
Souffle_anonyme
Elle a pleuré, s'est époumonnée, ballotée plus que bercée par la matronne.
Elle a ressenti une sensation étrange. L'estomac vide, oisillon attendant la becquée.
L'esprit lui n'est encore que subconscient dans un corps qui tente d'apprivoiser la vie qui doucement s'écoule dans le petit être.
Anonyme, sans plus être ce souffle qui a longtemps habité les entrailles maternelles, le jour s'écoule pour la petite fille qui lasse a fini par s'endormir.
Dans le sommeil déchirant de mon corps si petit mais déja si lourd, je te cherche.
Pourquoi m'as tu laissée seule et sans nom ?
Ou est tu ? Maman...
Le nourisson n'a pas encore la notion du temps.
Elle est tirée de son sommeil par les grandes mains qui la pressent avec une douceur qui se devine plus qu'elle ne se ressens.
Iseult.
L'enfant a entendu son prénom, l'âme l'a adoptée.
Iseult est, Iseult sera.
Iseult pleure. Encore et toujours, s'égosille tel l'oisillon oublié dans le nid.
Enfin le contact se fait.
Les présentations formelles débutent.
Quand les odeurs maternelles sont venues chatouiller le nez délicat, la petite fille s'est sentie rassurée.
Les pleurs se calment.
Iseult soupire et babille doucement.
Je te connais, je sais que c'est toi...
Elle se laisse bercer par le regard maternel tandis que ses grand yeux hagards et pétillants s'emplissent du visage le plus attendu et le plus aimé au monde. Celui de sa mère.
Iseult est bien, enfin Iseult se présente, fière des promesses tenues. Bébé gras et potelé dans les bras de la mère.
Iseult est belle, Iseult est a cet instant le plus beau bébé du monde.
Mais Iseult a faim, Iseult apprend, la vie...
Iseult pleure, encore.
Souffle_anonyme
Les yeux bleus sont ouverts.
Grands, trop grands pour un visage si petit, si fin.
Les bras maternels ont été un océan de douceur pour la petite fille perdue.
Elle a repris des repères, découvre le monde nouveau qui s'offre à elle.
La douceur des doigts qui la détaillent et vérifient.
Deux yeux, un nez, une bouche, deux oreilles, aucune infirmité.
Bébé avait promis, bébé fait.
Neuf livres, et pas encore de dents!
La chair tendre est pincée et sucée, alors que le lait s'ecoule dans la gorge neuve de tout. C'est bon. C'est maman.
Apaisée, elle s'est endormie.
C'est une fois douce et fluette qui la tire des reveries dont seuls les nourissons ont le secret.
Curieuse elle observe, étrangement sérieuse.
Cette voix elle la connait, et le ton des confidences aussi.
Sois une fille sitoplé...
Oh oui elle s'en rappelle.
Bonjour, enchantée, moi c'est Iseult...
Elle a promis, elle est.
Elle s'en satisfait dans son coccon encore si peu accessible aux autres.
Les voix la bercent.
c'est bon.
Iseult s'endort.