Johanara
Moult légendes entouraient la jeune femme dans les bas-fonds du bourg en aval de son Château en Berry. Des soudards, des repris de justice, de la racaille des hameaux voisins venus se réfugier à Lignières, connu pour lindulgence et la générosité de la maîtresse des lieux. Non seulement elle fermait les yeux sur leurs petits larcins mais le dimanche après la messe elle leur distribuait du pain et des vêtements chauds.
On disait chez les plus superstitieux et les plus ignares que la jeune femme était une sorcière dont les longs cheveux roux se muaient en vipères voraces dès la nuit tombée. Ou bien encore que ses grands yeux limpides et du plus doux des verts attiraient les hommes comme des phares venimeux et quelle leur dévorait le cur.
En vérité, la jeune Baronne était ruinée. A force de recueillir tous les nécessiteux, de les nourrir et de leur donner des gages, elle avait dilapidé en quelques années la fortune familiale. Ses rentes bien quélevées ne suffisaient plus à entretenir tous les orphelins et les veuves quelle avait ramassé au gré de ses voyages et de ses pérégrinations. Si le Castel nécessitait une dizaine de valets et de chambrières, elle en employait le triple juste pour pouvoir fournir de louvrage aux éclopés, aux lépreux et aux crève-la faim des alentours. Le Domaine grouillait denfants abandonnés et de mendiants.
Il lui faudrait bientôt sacrifier son train de vie fastueux , ses toilettes luxuriantes si elle continuait à se prendre pour Sainte Jojo des pouilleux.
Surtout quà Limoges, les dépenses allaient bon train. Les surs de la Baronne plus nombreuses de jour en jour nécessitaient moult dépenses. Sans oublier les marmots Les siens, ceux de sa sur numéro 2, et les quatre bâtards de la chambrière que Johanara gâtait comme sils furent les siens.
Une vieille tante bretonne , la bien nommée, Almodie Jacquemine de Pince-Alouette, avait été mandé pour tenir le Castel tandis que la jeune Baronne vivait de folles aventures loin du Berry puisque le vassal était mort. Très souvent, elle écrivait à Johanara et tenait les registres de la comptabilité dune main de fer. Sa nièce avait donné des ordres clairs : « Tentez de redresser la situation de mes terres mais quil ne soit congédié aucun domestique ni renvoyé aucun orphelin. »
Cétait bien sûr chose impossible et Almodie lAlouette sarrachait les cheveux de son chignon poivre et sel tout en essayant de freiner les dépenses de la Maisonnée Lignières.
Il advint quun matin le billet de la fâcheuse fut dun autre acabit. Point de menaces ni de larmes. Guère de tableau alambiqué avec les dépenses fantasques de la Baronne.
On disait chez les plus superstitieux et les plus ignares que la jeune femme était une sorcière dont les longs cheveux roux se muaient en vipères voraces dès la nuit tombée. Ou bien encore que ses grands yeux limpides et du plus doux des verts attiraient les hommes comme des phares venimeux et quelle leur dévorait le cur.
En vérité, la jeune Baronne était ruinée. A force de recueillir tous les nécessiteux, de les nourrir et de leur donner des gages, elle avait dilapidé en quelques années la fortune familiale. Ses rentes bien quélevées ne suffisaient plus à entretenir tous les orphelins et les veuves quelle avait ramassé au gré de ses voyages et de ses pérégrinations. Si le Castel nécessitait une dizaine de valets et de chambrières, elle en employait le triple juste pour pouvoir fournir de louvrage aux éclopés, aux lépreux et aux crève-la faim des alentours. Le Domaine grouillait denfants abandonnés et de mendiants.
Il lui faudrait bientôt sacrifier son train de vie fastueux , ses toilettes luxuriantes si elle continuait à se prendre pour Sainte Jojo des pouilleux.
Surtout quà Limoges, les dépenses allaient bon train. Les surs de la Baronne plus nombreuses de jour en jour nécessitaient moult dépenses. Sans oublier les marmots Les siens, ceux de sa sur numéro 2, et les quatre bâtards de la chambrière que Johanara gâtait comme sils furent les siens.
Une vieille tante bretonne , la bien nommée, Almodie Jacquemine de Pince-Alouette, avait été mandé pour tenir le Castel tandis que la jeune Baronne vivait de folles aventures loin du Berry puisque le vassal était mort. Très souvent, elle écrivait à Johanara et tenait les registres de la comptabilité dune main de fer. Sa nièce avait donné des ordres clairs : « Tentez de redresser la situation de mes terres mais quil ne soit congédié aucun domestique ni renvoyé aucun orphelin. »
Cétait bien sûr chose impossible et Almodie lAlouette sarrachait les cheveux de son chignon poivre et sel tout en essayant de freiner les dépenses de la Maisonnée Lignières.
Il advint quun matin le billet de la fâcheuse fut dun autre acabit. Point de menaces ni de larmes. Guère de tableau alambiqué avec les dépenses fantasques de la Baronne.
Citation:
De nous Almodie Jacquemine de Pince-Alouette, Chatelaine de la Souche au boulier ailé,
A votre Rousseur, ma chère nièce dépensière, Johanara Bérénice dAmbroise, Baronne au grand cur,
Vous êtes sauvée ! Vous, vos surs et toute cette racaille que vous ne cessez de recueillir. Nous allons pouvoir rénover le Château, prendre des vassaux, nourrir les bêtes et les paysans.
Par quel miracle me direz-vous ? En me penchant sur les registres et les archives de Lignières afin de découvrir quelque dette dun jeune seigneur oublié que jaurai pu réclamer pour combler la Trésorerie baronnale, jai découvert lexistence dun vieux testament. Un certain Henri Picard, qui avait servi sous les ordres de feu votre père. Il lui lègue absolument tout.
Jai poussé mes recherches, le pauvre homme est mort depuis longtemps. Mais vous pouvez prétendre à une somme tout à fait honorable auprès du notaire, pour ne pas dire mirobolante Je ne sais dans quelle magouille trempait ce Picard, mais cela lui a réussi ! car vous êtes lAinée. Vous serez une femme riche, Baronne. Vraiment riche. Peut-être pas autant que ce vieux coquin de Poilu, mais vous serez certainement la seconde fortune du Berry.
Je vous imagine couiner de joie ma tendre nièce. Mais Car bien sûr il y a un mais. Il y a une close. Le Notaire nest autorisé à vous donner votre part de lhéritage que si vous vous rendez à son cabinet accompagnée de votre époux. Je nignore évidemment pas votre veuvage, je nai donc que deux mots à vous dire
Prenez mari !
Je ne veux plus entendre ces sornettes dAmour et de Prince Charmant. Si vous ne recouvrez pas la raison Baronne, jen aviserai votre oncle Le Poilu. Il vous mariera de force à un vieux berrichon à sa botte et fera main basse sur la rondelette somme dargent.
Voulez-vous voir Lignières tomber en ruine ? Souhaitez que vos enfants fassent la mendicité ? Comment allez-vous subvenir aux besoins de votre Maison ? Les dots ? Les trousseaux pour vos surs ? Jinsiste, car je vous connais. Vous avez la tête dure !
Vous navez plus le choix, votre Rousseur. Votre situation financière est désespérée.
Avez-vous dans votre entourage quelque noble bien fait de sa personne qui consentirait à ses épousailles ? Vous êtes la plus belle femme du Berry, nul doute que les fiançailles se feront sous peu et que nous irons ensemble pavoiser dans le bureau du notaire.
Jattends votre réponse avec la plus grande des impatiences. En attendant je vais tenter de sauver ce quil reste de votre haras.
Prenez soin de vous ma nièce et freinez les dépenses !
Almodie
A votre Rousseur, ma chère nièce dépensière, Johanara Bérénice dAmbroise, Baronne au grand cur,
Vous êtes sauvée ! Vous, vos surs et toute cette racaille que vous ne cessez de recueillir. Nous allons pouvoir rénover le Château, prendre des vassaux, nourrir les bêtes et les paysans.
Par quel miracle me direz-vous ? En me penchant sur les registres et les archives de Lignières afin de découvrir quelque dette dun jeune seigneur oublié que jaurai pu réclamer pour combler la Trésorerie baronnale, jai découvert lexistence dun vieux testament. Un certain Henri Picard, qui avait servi sous les ordres de feu votre père. Il lui lègue absolument tout.
Jai poussé mes recherches, le pauvre homme est mort depuis longtemps. Mais vous pouvez prétendre à une somme tout à fait honorable auprès du notaire, pour ne pas dire mirobolante Je ne sais dans quelle magouille trempait ce Picard, mais cela lui a réussi ! car vous êtes lAinée. Vous serez une femme riche, Baronne. Vraiment riche. Peut-être pas autant que ce vieux coquin de Poilu, mais vous serez certainement la seconde fortune du Berry.
Je vous imagine couiner de joie ma tendre nièce. Mais Car bien sûr il y a un mais. Il y a une close. Le Notaire nest autorisé à vous donner votre part de lhéritage que si vous vous rendez à son cabinet accompagnée de votre époux. Je nignore évidemment pas votre veuvage, je nai donc que deux mots à vous dire
Prenez mari !
Je ne veux plus entendre ces sornettes dAmour et de Prince Charmant. Si vous ne recouvrez pas la raison Baronne, jen aviserai votre oncle Le Poilu. Il vous mariera de force à un vieux berrichon à sa botte et fera main basse sur la rondelette somme dargent.
Voulez-vous voir Lignières tomber en ruine ? Souhaitez que vos enfants fassent la mendicité ? Comment allez-vous subvenir aux besoins de votre Maison ? Les dots ? Les trousseaux pour vos surs ? Jinsiste, car je vous connais. Vous avez la tête dure !
Vous navez plus le choix, votre Rousseur. Votre situation financière est désespérée.
Avez-vous dans votre entourage quelque noble bien fait de sa personne qui consentirait à ses épousailles ? Vous êtes la plus belle femme du Berry, nul doute que les fiançailles se feront sous peu et que nous irons ensemble pavoiser dans le bureau du notaire.
Jattends votre réponse avec la plus grande des impatiences. En attendant je vais tenter de sauver ce quil reste de votre haras.
Prenez soin de vous ma nièce et freinez les dépenses !
Almodie
.
La Baronne froissa la lettre avec un rictus mauvais.
Pour qui se prenait cette vieille chouette ! Lui donner des ordres ! Non, non , non ! Elle népouserait personne !
Mathilde ! Mathilde !!!! Je deteste avoir à crier ! Fais moi couler un bain de lait dânesse, veux tu. Je suis à bout !
La jeune bonne rosit, effrayée à l'avance par les colères de sa volcanique maîtresse.
Cest que Ma dame Nous nen avons plus. Ni de lait tout court dailleurs. Votre fille a du boire de leau. Largent nous manque ce mois ci. Nous aurons encore du choux-fleur pour le souper. Dois je noyer un ou deux de mes enfants ??
Pour toute réponse, la sublime berrichonne renversa deux vases et piétina les fleurs avant de relire la lettre de la vieille tante
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La Baronne froissa la lettre avec un rictus mauvais.
Pour qui se prenait cette vieille chouette ! Lui donner des ordres ! Non, non , non ! Elle népouserait personne !
Mathilde ! Mathilde !!!! Je deteste avoir à crier ! Fais moi couler un bain de lait dânesse, veux tu. Je suis à bout !
La jeune bonne rosit, effrayée à l'avance par les colères de sa volcanique maîtresse.
Cest que Ma dame Nous nen avons plus. Ni de lait tout court dailleurs. Votre fille a du boire de leau. Largent nous manque ce mois ci. Nous aurons encore du choux-fleur pour le souper. Dois je noyer un ou deux de mes enfants ??
Pour toute réponse, la sublime berrichonne renversa deux vases et piétina les fleurs avant de relire la lettre de la vieille tante
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