Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3, 4   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Le Tact : Une Aptitude au mensonge...

Johanara
Moult légendes entouraient la jeune femme dans les bas-fonds du bourg en aval de son Château en Berry. Des soudards, des repris de justice, de la racaille des hameaux voisins venus se réfugier à Lignières, connu pour l’indulgence et la générosité de la maîtresse des lieux. Non seulement elle fermait les yeux sur leurs petits larcins mais le dimanche après la messe elle leur distribuait du pain et des vêtements chauds.

On disait chez les plus superstitieux et les plus ignares que la jeune femme était une sorcière dont les longs cheveux roux se muaient en vipères voraces dès la nuit tombée. Ou bien encore que ses grands yeux limpides et du plus doux des verts attiraient les hommes comme des phares venimeux et qu’elle leur dévorait le cœur.

En vérité, la jeune Baronne était ruinée. A force de recueillir tous les nécessiteux, de les nourrir et de leur donner des gages, elle avait dilapidé en quelques années la fortune familiale. Ses rentes bien qu’élevées ne suffisaient plus à entretenir tous les orphelins et les veuves qu’elle avait ramassé au gré de ses voyages et de ses pérégrinations. Si le Castel nécessitait une dizaine de valets et de chambrières, elle en employait le triple juste pour pouvoir fournir de l’ouvrage aux éclopés, aux lépreux et aux crève-la faim des alentours. Le Domaine grouillait d’enfants abandonnés et de mendiants.

Il lui faudrait bientôt sacrifier son train de vie fastueux , ses toilettes luxuriantes si elle continuait à se prendre pour Sainte Jojo des pouilleux.

Surtout qu’à Limoges, les dépenses allaient bon train. Les sœurs de la Baronne plus nombreuses de jour en jour nécessitaient moult dépenses. Sans oublier les marmots… Les siens, ceux de sa sœur numéro 2, et les quatre bâtards de la chambrière que Johanara gâtait comme s’ils furent les siens.

Une vieille tante bretonne , la bien nommée, Almodie Jacquemine de Pince-Alouette, avait été mandé pour tenir le Castel tandis que la jeune Baronne vivait de folles aventures loin du Berry puisque le vassal était mort. Très souvent, elle écrivait à Johanara et tenait les registres de la comptabilité d’une main de fer. Sa nièce avait donné des ordres clairs : « Tentez de redresser la situation de mes terres mais qu’il ne soit congédié aucun domestique ni renvoyé aucun orphelin. »

C’était bien sûr chose impossible et Almodie l’Alouette s’arrachait les cheveux de son chignon poivre et sel tout en essayant de freiner les dépenses de la Maisonnée Lignières.

Il advint qu’un matin le billet de la fâcheuse fut d’un autre acabit. Point de menaces ni de larmes. Guère de tableau alambiqué avec les dépenses fantasques de la Baronne.


Citation:
De nous Almodie Jacquemine de Pince-Alouette, Chatelaine de la Souche au boulier ailé,
A votre Rousseur, ma chère nièce dépensière, Johanara Bérénice d’Ambroise, Baronne au grand cœur,

Vous êtes sauvée ! Vous, vos sœurs et toute cette racaille que vous ne cessez de recueillir. Nous allons pouvoir rénover le Château, prendre des vassaux, nourrir les bêtes et les paysans.

Par quel miracle me direz-vous ? En me penchant sur les registres et les archives de Lignières afin de découvrir quelque dette d’un jeune seigneur oublié que j’aurai pu réclamer pour combler la Trésorerie baronnale, j’ai découvert l’existence d’un vieux testament. Un certain Henri Picard, qui avait servi sous les ordres de feu votre père. Il lui lègue absolument tout.

J’ai poussé mes recherches, le pauvre homme est mort depuis longtemps. Mais vous pouvez prétendre à une somme tout à fait honorable auprès du notaire, pour ne pas dire mirobolante –Je ne sais dans quelle magouille trempait ce Picard, mais cela lui a réussi ! – car vous êtes l’Ainée. Vous serez une femme riche, Baronne. Vraiment riche. Peut-être pas autant que ce vieux coquin de Poilu, mais vous serez certainement la seconde fortune du Berry.

Je vous imagine couiner de joie ma tendre nièce. Mais… Car bien sûr il y a un mais. Il y a une close. Le Notaire n’est autorisé à vous donner votre part de l’héritage que si vous vous rendez à son cabinet accompagnée de votre époux. Je n’ignore évidemment pas votre veuvage, je n’ai donc que deux mots à vous dire …

Prenez mari !

Je ne veux plus entendre ces sornettes d’Amour et de Prince Charmant. Si vous ne recouvrez pas la raison Baronne, j’en aviserai votre oncle Le Poilu. Il vous mariera de force à un vieux berrichon à sa botte et fera main basse sur la rondelette somme d’argent.

Voulez-vous voir Lignières tomber en ruine ? Souhaitez que vos enfants fassent la mendicité ? Comment allez-vous subvenir aux besoins de votre Maison ? Les dots ? Les trousseaux pour vos sœurs ? J’insiste, car je vous connais. Vous avez la tête dure !

Vous n’avez plus le choix, votre Rousseur. Votre situation financière est désespérée.

Avez-vous dans votre entourage quelque noble bien fait de sa personne qui consentirait à ses épousailles ? Vous êtes la plus belle femme du Berry, nul doute que les fiançailles se feront sous peu et que nous irons ensemble pavoiser dans le bureau du notaire.

J’attends votre réponse avec la plus grande des impatiences. En attendant je vais tenter de sauver ce qu’il reste de votre haras.

Prenez soin de vous ma nièce et freinez les dépenses !

Almodie
.

La Baronne froissa la lettre avec un rictus mauvais.

Pour qui se prenait cette vieille chouette ! Lui donner des ordres ! Non, non , non ! Elle n’épouserait personne !


Mathilde ! Mathilde !!!! Je deteste avoir à crier ! Fais moi couler un bain de lait d’ânesse, veux tu. Je suis à bout !

La jeune bonne rosit, effrayée à l'avance par les colères de sa volcanique maîtresse.

C’est que… Ma dame… Nous n’en avons plus. Ni de lait tout court d’ailleurs. Votre fille a du boire de l’eau. L’argent nous manque ce mois ci. Nous aurons encore du choux-fleur pour le souper. Dois je noyer un ou deux de mes enfants ??

Pour toute réponse, la sublime berrichonne renversa deux vases et piétina les fleurs avant de relire la lettre de la vieille tante…
_________________
Almodie, incarné par Johanara
La vieille tante n’était guère dupe. Elle connaissait sa nièce et son entêtement légendaire. Aussi était-elle partie en même temps que la missive. Quelques effets, une tenue de voyage stricte, de bonnes chaussures de marche.

Car Almodie tenait à faire le voyage à pied plutôt que de réquisitionner un autre attelage et engendrer d’autres dépenses. Le seul luxe qu’elle s’était permis, c’était sa compagne de voyage : Fredegonde, une petite lingère de 13 ans qui l’avait supplié de l’amener en voyage car elle voulait voir le monde.

Et la vieille femme avait accepté, ravie de pouvoir bavasser sur les routes de campagne.

Les ordres avaient été donnés à Lignières. En l’absence d’Almodie, l’intendant devait éviter toutes dépenses inutiles.

Sur le trajet, elles firent une halte à Bourges, Capitale du Berry. On les renseigna bien vite sur la direction à prendre pour atteindre les Louviers, l’Hotel particulier de Nathan Sidjéno d’Ambroise, le cousin adoré de la rousse et l’arme secrète d’Almodie pour convaincre cette dernière.

La vieille femme savait que sa nièce, aussi têtue soit elle, tenait au berrichon fortuné comme à la prunelle de ses yeux, et qu’elle se rangerait finalement à son avis, s’il savait y faire. Elle-même affectionnait son neveu qui partageait certaines de ses valeurs, comme une discipline de fer.


Nathan mon neveu préféré, quelle joie de faire ce voyage avec vous. L’heure est grave ! Votre cousine… Non pas celle la… La Baronne.. est totalement ruinée. Vous savez qu’elle va vous ponctionner comme une vache à lait… Mais j’ai une solution qui nous sauvera tous ! Lisez dont !


Et de lui tendre la lettre et les archives.
Nathan
« Le luxe, c'est comment dire, une liberté d'esprit, une indépendance nous permettant de vivre à notre guise dans le faste et la démesure, bref le politiquement incorrect. Tout cela est normal pour nous. Sauf que nous, membre de la Haute Bourgeoisie, ne devons pas avoir les bonnes mesures de la normalité. » Nathan.



L’ambiance à Louvières s’était calmée, laissant ainsi place au calme, au luxe et à une consommation ostentatoire exacerbée. Nathan dépensait sans compter, l’argent affluant dans les caisses, il le jetait avec allégresse en répétant « Il ne faut pas rechigner à dépenser ses écus, sinon ça fait petit bourgeois. » Et cela était le fil conducteur de sa douce vie, loin des membres indigents de sa famille.
Malgré cette vie bien rôdée, les soucis revinrent très vite. Et la personne qui ouvrit le chemin, fut son estimée tante, qu’il affectionnait sans modération. La surnommant avec le plus grand des respects « Ma tante de fer ». Elle était l’une des personnes qui avaient incité Nathan à s’ouvrir sur le monde économique, et il lui était infiniment reconnaissant.



C’est ainsi, que le mélodieux son provenant de la cloche de Louvières retenti. Nathan dans son bureau apprit que sa tante était chez lui, il ne fallut pas le dire une seconde fois, que sa blondeur était déjà en train de la saluer « Ma Tante, que me vaut l’honneur de votre visite ? ». Il n’eut pas de réponse à cette question, mais plus un enrôlement de force dans un voyage à ‘ennuies’ comme il le disait si bien. Sa tante lui dit « Nathan mon neveu préféré, quelle joie de faire ce voyage avec vous. L’heure est grave ! Votre cousine… Non pas celle la… La Baronne… Est totalement ruinée. Vous savez qu’elle va vous ponctionner comme une vache à lait… Mais j’ai une solution qui nous sauvera tous ! Lisez dont ! »


Le blond n’eut pas le temps de prononcer un mot qu’il avait déjà le document sous les yeux. Et tel un esprit créatif, il vit des écus s’envoler loin de lui. Il répondit : «
Laissez-moi le temps de me préparer, voilà longtemps que je voulais voir ma cousine, vous me donnez une bonne raison ! Nous allons voyager en coche. Je fais venir quelques domestiques avec nous. En attendant je vous en prie, prenez quelques pâtisseries. J’ai failli en oublier mes bonnes manières ! » Oui bien sûr il était parfait… Il se gavait de pâtisseries alors que des loqueteux crevaient de faim dans les rues.


Une demi-heure plus tard, Nathan était prêt à partir, ayant revêtu un bel apparat se vantant allégrement du prix auquel il l’avait acheté. Les protagonistes montèrent dans le coche, très luxueux comme tout à Louvières. Et voilà qu’un convoi, composé d’un coche… On évitera de faire le détail vu que Nathan avait quasiment emporté tout Louvières !


Dans le coche les sujets de discussions allaient de bon train, la tante et le neveu partageaient les mêmes points de vue sur les questions économiques et surtout sur la baronne.


Enfin ils arrivèrent à Limoges, au lieu où résidait Johanara, le trajet fut très court pour la tante et le neveu, ce n’était pas le cas des domestiques.

_________________
Johanara
La lettre avait finalement été brûlée. Déchirée en menus morceaux, d’abord puis jeté au feu.

Pour sûr, Johanara ne laisserait pas quelques soucis d’argent lui ruiner la vie ! S’il le fallait, elle vendrait l’argenterie et quelques toilettes, mais on ne la marierait pas de force avec un crétin mal embouché. Elle avait passé l’âge pour ces sornettes. A 21 ans, veuve et mère de deux enfants, personne ne lui dicterait sa conduite, foi de Lignières.

Ses épousailles avec Valezy d’Emerask lui semblaient si lointaines à présent. Comme elle avait été heureuse, éblouie par la lumière azuréenne des grands yeux safres de son mari. Coup de foudre absolu, bonheur fusionnel, désir ardent, passion dévastatrice souffrance et haine… Leur histoire d’amour était unique, et la belle ne laisserait personne la mener derechef vers l’Autel.

Il avait été son tout. Brisée par le doute, les incertitudes et le poison mortel de la jalousie, leur flamboyante liaison avait pourtant pris fin quelques temps avant la mort du beau Seigneur. Mais de cela, la rousse ne voulait guère se souvenir, sublimant son histoire et s’y accrochant pour nier l’évidence : il lui faudrait bientôt se remarier pour sauver sa Maison.

Johanara y avait songé parfois. Un mariage de raison, loin du tumulte amoureux et des affres de la passion. Un ami sincère avec qui couler des jours paisibles et heureux, le cœur enfin guéri de toute folie affective.

Ses pensées vagabondèrent vers son jeune nobliau. Qui n’était plus sien à présent que dans ses pensées. Humiliée, délaissée… Il avait tout bonnement disparu. Probablement dans son nouvel office de bourgmestre. Comment avait-il pu lui faire ça ? Mélancolique, elle repensa les yeux brillants de quelques larmes à leur dernière conversation.

J’aimerai ne plus jamais en aimer un autre…

J’aimerai tellement que vous disiez vrai Johanara…

Son prénom sur ses lèvres ne l’entendrait elle plus jamais ? Un profond soupir franchit la barrière corail de sa lippe, elle s’enfonça dans le velours confortable et moiré d’un vieux fauteuil.
Elle se résignerait oui…

Mais… Lorsqu’on lui annonça la visite de sa tante, la Pince-Alouette, et de son merveilleux cousin dont elle ne connaissait que trop le goût pour le fast et l’argent, ses bonnes résolutions fondirent comme la neige sous les assauts d’un soleil brûlant.

La grande rousse pénétra la salle où l’attendait sa famille comme une tornade, sa lourde crinière rousse volant autour de son minois exquis. Ses mirettes lançaient des éclairs et la tendre ligne de ses lèvres cinabre semblaient tordues par un vilain rictus :


Vous avez fait le chemin pour rien ! Riennnn !!! Reprenez cette fichue paperasse, je n’en lirai pas un mot ! Pas un mot vous m’entendez !!! Oh Nathan comme vous êtes mignon dans ce mantel brodé !!! Pas un mot !!!! Et que ce trognon de notaire aille au diable ! Je ne mettrai pas les pieds dans son cabinet ! Encore moins avec un manche impotent d’époux ! Vous n’avez qu’à vous marier tous les deux et empocher l’héritage, grand bien vous fasse !!! A moins que vous ne soyez venu me proposer votre aide mon cher cousin ? Une aide pécuniaire j’entends….

Le trait dur de la bouche fit prestement place à un sourire enjôleur, tandis que le regard se fit caresse. La démarche féline, et le port altier, la gracieuse baronne papillonnait autour du blondinet pour le débarrasser de son manteau et en profita pour lui susurrer à l’oreille :

De grâce Nathan, au nom de notre amitié et de notre affection, débarrassez moi de ce vautour d’Almodie qui ne songe qu’à me jeter dans les bras du premier venu !
_________________
Nathan
« Ne jouez pas à la riche. Vous êtes juste une noble désargentée » Nathan.




Sa tante et lui-même, entrèrent dans un genre de salon. Le blondinet s’attendait à une pièce bien décoré tels les goûts de sa cousine que nenni ! La pièce était froide et d’apparence inconfortable. Nathan ne put empêcher de dire à sa tante : « Il était vraiment temps que l’on arrive, la baronne vit dans des conditions très précaires. Regardez-moi l’état de cette pièce ! Je n’ose imaginer les autres. Que pensez-vous de loger chez un de nos amis… Nous devons bien en avoir un ou deux dans cette ville ! »


Juste après cette phrase, la baronne arriva, la partie pouvait commencer ! Johanara visiblement énervée déclama «
Vous avez fait le chemin pour rien ! Riennnn !!! Reprenez cette fichue paperasse, je n’en lirai pas un mot ! Pas un mot vous m’entendez !!! Oh Nathan comme vous êtes mignon dans ce mantel brodé !!! Pas un mot !!!! Et que ce trognon de notaire aille au diable ! Je ne mettrai pas les pieds dans son cabinet ! Encore moins avec un manche impotent d’époux ! Vous n’avez qu’à vous marier tous les deux et empocher l’héritage, grand bien vous fasse !!! A moins que vous ne soyez venu me proposer votre aide mon cher cousin ? Une aide pécuniaire j’entends… » Puis lui susurrant à l’oreille tout en minaudant « De grâce Nathan, au nom de notre amitié et de notre affection, débarrassez-moi de ce vautour d’Almodie qui ne songe qu’à me jeter dans les bras du premier venu ! »


Nathan ne réagit pas aux dires de sa cousine, il fallait dire qu’il avait l’habitude de l’entendre crier. Ce n’était pas les premiers cries de Johanara ni les derniers malheureusement pour les tympans de sa famille et de son entourage de manière plus générale. Le jeune Blond esquissa un léger sourire pour le compliment sur son mantel. Une fois la Baronne calmée pour un cours laps de temps, imperturbable il lui dit d’un ton calme et sérieux « Donc c’est ici que vous vivez ? Norf, je vous avais connu beaucoup plus… Matérialiste ? Mais à ce que je vois, vous êtes toujours aussi coquette. Merci pour le mantel, je l’ai fait importer de Milan, je ne vous raconte même pas le prix. Je m’égare. Johanara, notre tante et moi-même ne sommes pas venu pour rien. Il est temps que vous redescendiez sur Terre ! Je suis prêt à passer toute la nuit avec vous pour vous forcer à lire les comptes de vos finances qui sont désastreuses ! »


Il posa sur un guéridon un imposant dossier et reprit : «
Vous n’êtes plus une enfant. Le caprice vous va si mal. Et je ne vais pas encore vous aider de manière pécuniaire. Cette fois-ci, vous allez réagir comme une Baronne digne de ce nom et non pas comme une enfant pourrie gâtée. Vous devez prendre mari cela est indéniable. Si Sainte-Jojo veut une situation stable elle va devoir suivre à la lettre les instructions de sa tante. »


Il reprit son mantel et lui dit «
Vous choisissez chère cousine. Vous acceptez mes dires et mon soutien qui sera peut-être monétaire. Ou alors vous sombrez dans la pauvreté et assurément, j’aurais honte de dire que vous êtes ma cousine. La balle est dans votre camp. Et vue l’état de votre habitat… Bref ! Vous allez sombrer à un moment ou à un autre sans notre aide. »


Il avait fait exprès de la provoquer, cela marchait à coup sûr, généralement il se prenait une baffe, mais après Johanara culpabilisait et tenait compte de ce que son cousin lui avait dit. Les deux avait une relation très ambiguë que certain qualifieraient d’inceste ! Mais rien ne s’était jamais passé, ils flirtaient ensemble, histoire de se divertir tant bien que mal !


Nathan se gardait de toucher quoique ce soit, c’était si… moche ?

_________________
Johanara
« Ne jouez pas à être adulte, vous n’êtes qu’un gamin prétentieux ! Vous avez encore du lait derrière les oreilles ! » La Baronne.

La grande rousse pesta in petto tout en écoutant le sermon de son cousin. Ses remontrances intempestives et ses exhortations fâcheuses lui firent battre le sang aux tempes.

Gardez vos homélies pour quelqu’un d’autre Nathan ! Vous êtes de mèche avec l’Almodie ! Vous mon allié de toujours, vous mon plus fidèle ami

Mais les flagorneries n’empêchèrent guère le jeune blond de la ramener pour tout. L’intérieur, les fauteuils, les bibelots, le bougre n’en finissait plus de se rependre en admonestation tout en scrutant d’un œil torve la maisonnée du cousin Jehan.

Ce n’est pas chez moi ici, crème d’anchois. Vous savez bien que Lignières, du moins du temps de son apogée ne souffrait aucune comparaison en matière de luxe et de fast. Nous sommes icelieu chez notre cousin Jehan. Qu’attendiez-vous d’un vieux garçon qui a toujours le museau fourré dans les archives et la paperasse ?? Que son intérieur soit digne de la « Fashion Brouique* »???

Loin de s’émouvoir, l’éphèbe plein de morgue enchaîna, le ton mielleux de condescendance. Cette fois, la belle rousse laissa éclater son ire, et se mit à hululer tout en tirant sur le précieux Mantel importé de Milan :

Pardon ? Pardon ??? Enfant pourrie gâtée ??? Moi ??? Qui suis la matriarche d’une famille nombreuse depuis mon plus jeune âge ? Qui suis un modèle de bienséance et de vertu pour mes cadettes ? Plait il ? Oh le maraud ! oh le faquin ! Je vais hacher menu ce mantel Nathan, si vous persistez à jouer les Père la Morale ! Saint Jojo n’épousera personne !

Et paf le soufflet !



* Semaine de la mode berrichonne

_________________
Nathan
« Et si la richesse était synonyme d’être adulte ? » de Nathan.



Oh le vil soufflet qui lui avait été apposé avec la plus grande des fureurs sur sa douce joue. Cela signifiait qu’une seule chose, elle avait pris mouche malgré elle ! Nathan se frotta délicatement la pommette et lança un regard si noir, que le sans-nom pouvait aller sonner Pâques chez les Auvergnats. Il enfila son mantel avec diligence ne lâchant pas son regard. Puis il dit « Allez au diable Johanara ! Débrouillez-vous. Vivez dans ce trou à rat ! Je ne connais pas ce Jehan, notre famille était très bien dispersée. Mais votre égo mal centré a fait que vous l’avez rassemblé et maintenant vous en payer les conséquences. Rangez votre boîte à inepties elle vous apporte que des malheurs. La « Fashion Brouique » vaut bien mieux que vaut toilettes toutes plus extravagantes et laides les unes que les autres ! »


Nathan était juste vexé qu’elle le gifle en présence de sa tante. Très peu de personne pouvait frapper Nathan, ils pouvaient être compté sur les doigts d’une main. Il reprit plus énervé que jamais «
Au nom de Dieu, ne vous faites pas passer pour la victime de cette histoire ! Vous l’avez cherchée, cessez de vous voiler la face ! Aaah que je perds mon temps ici ! Vous n’êtes qu’une ingrate ! Je pars. »


Et c’est ainsi que le jeune blondinet replaça sur sa tête, telle une couronne ducale, son chapeau à plume. Tournant des talons il quitta la petite pièce en criant : «
Si vous devenez intelligente avant demain soir chère cousine. Venez me trouver à l’hôtel Saint-George. Je quitte Limoges dès demain. »


Ultimatum ! Avec Johanara rien n’était jamais simple, et leurs caractères ne faisant rien pour y arranger, il fallait toujours en venir aux extrémités.


Le jeune blond savait pertinemment que la tâche allait être ardue mais à ce point… La rousse avait pris du poil de la bête.

_________________
Almodie, incarné par Johanara
La vielle tante était rusée. Elle les avait laissés donner de la voix, sans mot dire, presque tapis dans l’ombre. La rousse s’époumonait, le blond fanfaronnait, elle en avait l’habitude.

Et lorsqu’ils eurent meuglé de tout leur saoul, Almodie se plaça entre eux, avec l’air d’être la sagesse incarnée et les exhorta au calme :


Allons mes agneaux. Ne vous disputez pas. Nathan, ne dites point toutes ces vilénies à votre cousine. Baronne, ne vous emportez pas. Votre caractère est la source de tous vos maux. Ecoutez nous, apprenez. Nathan gère admirablement bien ses gens et sa maison.

Ce pécule que l’on vous promet de Bretagne est une bénédiction. Une aubaine ! Vous pourrez assoir votre position sociale, marier vos sœurs et leurs dots éblouiront n’importe Duc ou Marquis. Quant à vos enfants, vous leur assurerez prospérité et abondance. Je vous sais bonne mère. Je vous ai connu bonne épouse. Vous ne serez guère obligée


Elle fit une pause et planta ses prunelles grises dans les larges iris de sa nièce.

Faites la paix ma douce. Votre cousin vous aime et ne souhaite que votre bonheur. Dans un monde meilleur, vous vous seriez mariés tous les deux. Mais Nathan est déjà bien assez fortuné. Trouvez un petit seigneur, docile et beau garçon qui vous mènera jusqu’à l’autel. Puis payez le pour qu’il se retire en ses terres et que vous ayez la paix.

La jolie jeune femme bien que très contrariée, tendit sa main liliale vers son cousin qui affichait une adorable moue boudeuse.
Manny_caolan



L'irlandais eut tout juste le temps de virevolter sur le parquet ciré du couloir, le plumeau déjà en action sur un vase, rescapé des ventes à l’encan, sauvé par sa mocheté le bibelot, à la limite de fixer un nouveau degré dans l'immonde. Manny jette en regard en coin vers les mollets, moulés dans la soie, du blondinet s'éloignant à petites enjambées pressées, petites car décidément l'abus d'encaustique reste une marque de noblesse mais rend le sol un tantinet glissant, surtout lors, au bout de trois pas, le cousin, dans un envol de mantel, se retourne prestement et réintègre la pièce, fausse sortie mais vrai calcul à n'en pas douter. L'irlandais se permet un sourire discret, l'avantage du larbin c'est son invisibilité quasi constante, faut vraiment se foutre dans leurs pattes pour que les aristos calculent la domesticité, tant qu'ils n'en ont pas un besoin immédiat, et tant qu'elle semble affairée bien sûr.

Encore qu'il n'avait rien à redire sur la Baronne, une vraie agitée, de la langue en passant par les pattes et jusqu'au bocal, mais le cœur dans la pogne, facile de se faire embaucher, elle recueille, sans à y regarder plus avant, tout les traînes-savates ayant l'idée de siffloter un air affligé sous ses fenêtres, une vraie abèqueuse à pouilleux. Autant dire que le mot s'était répandu chez les mouscailleurs et les flemmardines à la vitesse des marées d'équinoxes, ça radine de tout les coins, une nuée des cafards affamés, prêt à boulotter tout les rogatons de ce festin de miettes à misère.

Ce qui a largement simplifié le travail de Manny, et apaisé d'autant sa tranquillité d'esprit, vu que décevoir le patron serait de la dernière bêtise, dernière au sens littérale. L'irlandais secoue sa tignasse avec affection, non pas un tendre le boss, mais au regard de ce qu'il a dégusté, il lui reste assez de mousse pour se tirer une tripotée de pintes. Et à l’œil encore.

En attendant de pouvoir regagner peinard ses quartiers, il essaye d'ordonner ce que son écoute attentive a glané. Y'a écrevisse sous galets, une question de mariage et d'héritage, bizarrement dans cet ordre, la Baronne s'en cogne, la tantine s'y accroche à plein dentier, et le cousin se pose en intermédiaire désintéressé. Enfin, il a surtout l'air de vouloir éviter que la Baronne se suspende à ses crochets. Du louche, mais qui va faire bicher le patron, va peut-être même le faire réagir, ce qui serait pas du luxe, déjà trois mois que Manny se coltine le service de la gironde rouquine, et il commence à avoir les esgourdes fatiguées, rapport à l'expansivité des vocalises de sainte Jojo.

Tout en continuant à épousseter vaguement l'abomination en céramique, il se questionne à nouveau sur l'intérêt de son boss dans l'affaire, au départ il pensait débarquer dans une sombre affaire de délicatesses affectives, du tire-larmes au vide poche, mais à force de lorgner sur les traits de la Baronne, une puce commence à lui grattouiller méchamment l'occiput, des chances que le pire soit envisageable, et qu'il se retrouve embringué dans un enfer très particulier, celui des affaires familiales.

Il étouffe un frisson, presque possédé par la nostalgie du gnouf, et de sa simplicité sanglante. En attendant il essaye de picorer encore quelques échos de voix, histoire d'étoffer son rapport hebdomadaire qu'un pigeon portera en Alençon, tout en songeant au dîner, ou à son absence, ces temps-ci la marmite a une nette tendance à sonner creux, et à sa future expédition nocturne dans les caves, à la recherche de boutanches oubliées par le museau des huissiers. Pauvre Baronne, dans tout les sens du terme. Mais Manny Caolan pressent pourtant que ça renifle à peine le début des embrouilles.


_________________________________________

Trois sortes d'hommes ne comprennent rien aux femmes : les jeunes, les vieux et ceux entre les deux.
Johanara
« Choisir c’est renoncer. Entre la liberté et l’aisance, j’ai choisi de me couper les ailes, plutôt que les vivres… » La Baronne

La jeune noble cessa soudain de gesticuler. Le trouble ombra un instant ses mirettes tandis qu’elle fixait son cousin qui s’était derechef égaré en diatribes.

Etait-elle vraiment responsable de ce marasme ? Aurait-elle mieux fait de demeurer en son Castel à Lignières, seule, sans tendre la main à son prochain, sans chercher à réunir sa fratrie ? Pourtant, malgré le pécule fuyard et la monnaie facétieuse, sa famille lui apportait un ravissement incommensurable.

Le sacrifice lui paraissait à présent envisageable. A mesure que son cousin l’acculait, son cœur se serrait de culpabilité. Et lorsque vint le tour d’Almodie Jacquemine de Pince Alouette –Je ne me lasserai jamais d’écrire son doux nom- elle joua, pernicieuse, sur la corde sensible : l’instinct maternel de la Baronne.

Bien qu’elle n’ait jamais tenu particulièrement à enfanter, la Flamboyante se voulait corps et âmes dévouée à sa rousse progéniture.

L’amour d’une mère, à nul autre pareil …

Surtout pour la petite Daria. Non pas qu’elle l’aimait plus que son fils aîné, mais Alexander était un enfant légitime, alors que Johanara avait jeté dès sa naissance, l’opprobre sur la poupée âgée de 6 ans à présent.
Fruit des amours clandestines de Messiah de Penthièvre et de la Baronne, cette dernière tentait de rattraper l’ignominie de la naissance d’une bâtarde en la maintenant loin des turpitudes de la vie. Daria, ainsi que le reste du monde, se pensait la fille de Valezy d’Emerask grâce aux mensonges éhontés de sa mère.

Il lui fallait défier le Destin qui avait fait de sa princesse, une vulgaire bâtarde. Si ce simulacre de mariage pouvait la rendre riche alors il fallait au moins y réfléchir.

Qu’avait-elle à perdre ? L’amour n’était-il autre chose que le sublime mensonge de deux êtres qui voudraient se donner l’un l’autre un bonheur auquel chacun d’eux ne croit plus. Si Johanara avait connu les folies d’un amour absolu, elle n’y croyait guère à présent.

A 21 ans, le roman de sa vie semblait clos. On la menait en pâture, on la sauvait d’elle-même. Johanara se rêva martyr un instant et songea à son épitaphe : « La femme qui épousa un bulot pour sauver sa famille . »

Triste sort.

Mais avec toute la thune qu’elle allait se faire, la pierre tombale serait d’or !

Nathan fulminait le regard empli de courroux, elle sourit attendrie de voir la mignonne frimousse déformée par les brimades et l’ire.
Une main tendue en signe de drapeau blanc…

Et des mots assenés en guise de défaite.


J’y consens. Je sens déjà les émanations froides et humides de la terre où l'on creusera ma tombe .
_________________
Nathan
« Je suis l’objet de toutes les convoitises ! Considérons cependant qu’objet est ‘être’, sinon ce serait trop péjoratif ! » de Nathan.



Nathan était déplacé et repositionné tel un objet à la guise de ces dames, puis rattrapé comme un vase de porcelaine d’une valeur sentimentale élevée ou d’un poids économique important. Quoiqu’il en soit, il était revenu à sa position de départ. Nathan avait toujours occupé une position délicate à tout point de vue, qu’il mettait en valeur avec un déluge d’idées piquantes et originales, faisant de sa famille des spectateurs de sa vie tout en étant quémandeurs de sa fortune. Il aimait donner de son argent pour le rappeler après, mettant ainsi dans l’embarras plus d’une personne. Il avait brillé dans les affaires malgré son jeune âge et de ce fait il était en position de force dans les litiges familiaux.


Le jeune blond devait tenir tête à la baronne, personne ne le faisait et seul lui le faisait avec tant de prestance, il la connaissait par cœur, de long, en large et en travers. Johanara n’était pas sa cousine pour rien, l’air de famille se faisait surtout entendre, autrefois en Berry aujourd’hui en Limousin et après ? Qui sait ce que l’avenir nous réserve, Nathan n’étant pas de ceux qui croyait en une destinée croisée, trouvant frustrant le fait de ne pas être aux commandes de sa vie.


Johanara s’était calmée, capitulait-t-elle ? Non, elle donnait toujours le dernier coup, qui se fit sentir dans une capitulation avec des paroles ironiques. Comment pouvait-elle refuser de gagner de l’argent ? Il y avait toujours eu un fossé entre eux concernant cet épineux sujet, pour Nathan l’argent était capital alors que pour elle, il était secondaire. Tout cela animant de vifs débats lors des repas que les deux considéraient comme des terrains de jeux envahit par la nourriture.


Elle tendit la main, c’était amusant, elle le faisait pour toute la racaille, partant de ce principe, son expression faciale montra un dégoût très prononcé. Se demandant pourquoi au final il était là, alors qu’au final elle manierait le tout à sa sauce, comme elle manie si bien la volaille lors des festins. Donc une ironique capitulation, une main tendu et en conclusion de cette monstrueuse symphonie, Nathan avec pragmatisme et lassitude : «
Ma chère cousine, je savais que vous n’étiez pas sotte. Vous avez assurément fait le meilleur des choix possible en acceptant de prendre mari. On aurait pu se marier, mais cela se serait conclu par un suicide de l’un de nous deux. Il est évident que nous sommes juste fait pour être cousin. Avec une affection qui dans bien des cas nous a fait sourire. »


Il arrêta de parler et esquissa un sourire. Elle était, elle aussi, l’objet de toutes les convoitises et naturellement l’objet chez elle était un être profondément remarquable, ayant façonné un tantinet Nathan.

_________________
Johanara
« Juste cousins ? Il y a quelques années, vous ne disiez pas ça, résidu de poulpe blond ! » La Baronne


- En Berry , l’adolescence… Souvenirs. –

Etendue dans les hautes herbes, la jolie pucelle tenait de la dextre une petite Margueritte, et de la senestre, la main de son bien-aimé cousin qui partageait tous ses jeux et ses confidences depuis qu’elle était sortie du couvent.

Enfant malingre, à la tignasse écarlate et aux genoux cagneux, essuyant quelques quolibets, Johanara ne comprit guère l’engouement soudain et féroce de la gente masculine à son égard.


Cousin ? Tu as déjà embrassé une demoiselle ? Je t’avais déjà dit que ce merveilleux vicomte me contait fleurette mais j’ai peur de lui offrir un baiser… Si je le faisais mal ! Entrainons-nous, veux tu!

Le tout jeune homme s’empourpra, et commença par protester. Mais déjà la rouquine collait ses lèvres charnues et purpurines à la lippe du pauvre bougre qui ne souhaitait pas la contrarier, ses colères étant déjà à l’époque, immodérées. Ils se volèrent mutuellement leur premier baiser.

Ce n’est pas désagréable. On met la langue pour voir ? … Mais on la met où ? J’essaie, ouvre grand ! Norf, je sens tes dents c’est rigolo !

Quelques années s’écoulèrent, le blondinet succomba aux charmes baronnesques. Leurs baisers n’étaient plus ceux de deux enfants mais la belle l’éconduit. Pour mieux revenir plus tard. Mais ce fut le tour de Nathan de se dérober, son cœur battant ailleurs. Auraient-ils été heureux en ménage ou comme l’assurait Nathan, l’un d'eux serait mort, assommé par les palabres incessants de l’autre. Et vice versa.


- Limoges, De nos jours.

La Baronne s’était murée dans un mutisme inquiétant, pour qui la connaissait elle, et son babillage incessant. A présent qu’elle avait capitulé, sa tante pavoisait. Et s’égarait en détails futiles comme l’organisation des épousailles ou le choix de la robe de mariée.

La belle s’avança, altière, le regard déterminé si bien que ses prunelles semblaient de glace. Les mains sur ses hanches chaloupées, elle annonça le ton morne :


Je vous arrête immédiatement. Nous ne fêtons rien. Il n’y aura ni champagne, ni cotillons, ni air de cornemuse ! La cérémonie sera dépouillée, je porterai mes frusques les plus laides et je n’inviterai personne ! Vous deux par contre, serez là ! Et assisterez à mon assassinat !

Si de par sa physionomie, la grande rousse sculpturale semblait conforme aux héroïnes des tragédies grecques, elle en avait le verbe et le geste, portant la main à son front d’albâtre ou à son sein pour mieux montrer que son palpitant souffrait de toutes ces péripéties.

De plus… J’accepte cette mascarade soit. Mais je refuse de m’engager dans cette histoire grotesque plus avant. Prévenez moi ma tante lorsque vous aurez trouvé celui auquel vous me livrez en pâture comme un vulgaire gibier.

J’ai cependant quelques exigences.


Pour sûr qu’elle en avait, la diva capricieuse. Elle exigeait pour tout à dire vrai. Et bien souvent les revendications étaient fantasques. Par exemple… le vendredi elle ne portait que du rouge et se nourrissait exclusivement de potirons. La nuit tombée, elle insistait pour que les domestiques soufflent les bougies dans un ordre bien précis, sans se soucier du labeur supplémentaire que cela impliquait. Une fois par an, elle attendait de ses gens et de sa famille qu’ils prennent un bain parmi coquillages, poissons et autres créatures marines qui peuplaient le Castel de Lignières et à qui Johanara vouait une grotesque adoration.

Alors tout d’abord le cheveu. Très important ! Il faut qu’il les porte longs. On ne m’accusera pas du ridicule de m’être unie à un crâne d’œuf. De la matière ! Roux, pour sûr ! Cuivré ou blond si vraiment aucun rouquin ne fait l’affaire.

Ensuite…


La tante prit son calepin avec un soupir. Un regard fut échangé avec son neveu. La nuit promettait d’être longue…
_________________
Nathan
« Certes, mais, ma première maxime me dit de ne pas revenir vers les personnes vous ayant éconduit. Versatile, il faut croire que je veux et ne veux pas à la fois. » De Nathan.



Ils avaient réussi, la baronne était disposée à se marier une nouvelle fois. Cela n’avait pas été une mince affaire, bien au contraire. C’était devenu la principale priorité du jeune blond, ne voulant de nouveau sauver Lignières de la faillite. Bien évidemment lorsque Johanara acceptait quelque chose par main forcée, elle se devait d’être invivable. Et c’est ainsi que la liste débuta, Nathan affalé dans un fauteuil en velours ponceau, un verre de Whisky d’importation écossaise, faisait la liste avec sa tante.


Nathan passait les feuilles du calepin en revu, c’était tout simplement irrationnelle, énervé il dit : «
Mais enfin ! C’est quoi cette demande aberrante ! Et celle-là, han et elle ! Elle se paie de notre tête ! »


Il était aisé de comprendre Nathan lorsqu’elle demandait que son futur époux devait avoir exactement et sans un écu de plus 24963 écus ! Ou qu’il devait se nourrir exclusivement de viande et qu’il devait posséder une pisciculture en face de la cathédrale de Bourges. Irrécusablement il ne voulant dépenser un denier dans l’histoire et tout en ne voulant pas supporter la vision de sa cousine qui serait devenu une sébile.


Au final sa tante lui demanda de la seconder pour lui trouver un mari décent. Nathan était prêt à passer quelques jours à Limoges, trouvant que cette ville avait un certain charme. Que bien évidemment Nathan traduisit par un soupire. Mais heureusement, il pourrait loger dans un hôtel très confortable où il serait entouré par le luxe et baignant dans le faste Nathanesque. Mais, cette courte pensée fut entravée par un complot, une ligue à son égard ! Les domestiques de la Rousse avaient déjà monté ses bagages dans ses futurs appartements. Rouge de colère il augmenta le ton : «
Johanara ! Je vous déteste ! C’est un complot, vous souhaitez me faire souffrir ! Vous méritez la … »


Il s’arrêta de parler sachant qu’on ne souhaitait pas la mort de quelqu’un et surtout pas de sa cousine. Il conclut en disant : «
J’espère que mes appartements seront confortable. Je suis comme qui dirait, allergique à la pauvreté et au manque de confort. Si le repas est répugnant, je ferais venir un cuisinier. Il saura réactiver vos papilles endoloris par l’immondice de cette maison ! »


Et le jeune blondinet poussa un fort soupire, ne voulant pas loger dans une maison si disgracieuse.

_________________
Almodie, incarné par Johanara



Le sourcil haussé, l'Almodie, écoutait sans broncher les palabres et les revendications saugrenues de sa folasse de nièce.
Pour sûr Johanara tenait en tout de sa mère, Charité Claire d'Ambroise, qui sur un coup de tête décida un jour d'abandonner mari, enfants et domaine pour s'engager dans l'armée en tant qu'infirmière bénévole.

La vielle tante pria en son for intérieur pour que la Baronne ne soit pas vouée à la même fin tragique et qu'elle leur épargne le déshonneur d'un second abandon familial.

Quelques semaines plus tard, la tante croulait sous les lettres et les rendez-vous. Elle avait mandé son petit-neveu Alexander afin qu’il puisse avoir son mot à dire sur le choix de son futur beau-père.

Des 420 pages dictées par une Johanara revêche et d’humeur farceuse, Almodie ne garda rien. Ou presque. Ses critères à elle étaient bien définis :

Chevelu. Du coin. Noble. Et soucieux d’avoir des héritiers.

Car Almodie semblait surtout en désaccord avec sa nièce sur ce point. La belle rousse n’avait cessé de psalmodier entre deux desiderata absurdes que la seule chose qui la répugnait vraiment était de porter un autre enfant. Or sa vieille tante avait de tout autre projet pour la rouquine. Une famille nombreuse, des héritiers en veux-tu en voilà pour dilapider l’immense fortune qui serait bientôt celle des Ambroise.Un foyer, et surtout un homme de caratère avec du répondant pour contenir son enragée de nièce.

Il fut une époque, et Almodie s’en souvenait avec une certaine nostalgie, où Johanara était douce et bienveillante, bien plus encore qu’aujourd’hui. Son mariage avec Valezy l’avait transformé en une femme accomplie et épanouie. Et la femme savait comme Johanara pouvait faire une bonne épouse : aimante, à l’aise en société, et surtout fidèle !

Cet après-midi, ils recevaient le Baron de Saint Ruban et Almodie avait pour l’occasion tenté de rendre la maison du cousin Jehan plus agréable. Elle voulait aussi s’éviter les remarques cinglantes de Nathan qui ne cessait de gémir sur la simplicité des lieux.

Et le Baron fit son entrée…





Euh ???



___________________________________________________

Le Baron, incarné par Johanara


Le Baron de Saint Ruban n’était pas bien grand. Debout et sur la pointe des pieds, sa perruque blonde aurait à peine pu chatouiller la poitrine opulente de l’élancée Baronne.

Disons le franchement c’est un nabot ! Il compensait sa petite taille par d’horribles talonnettes et par une vêture des plus extravagantes qui lassèrent notre « jury » pantois.

Jamais nom ne fut si bien porté. Des fanfreluches, des nœuds, des boutons d’or et de nacre, une grotesque chemise à jabot d’un rose des plus criards dont le tissu se rependait, cascade de dentelle indécente, sur tout le petit torse de l’individu.

Il marchait le museau à l’air, plus fier qu’un coq. C’est que feu son père lui avait toujours dit de compenser la carrure, par un orgueil démesuré. Quelques frisettes blondes encadraient un visage qui aurait pu être plaisant s’il n’était pas fardé à outrance.


Le Baron s’empara prestement de la main gantée de la noble dame qui l’accueillit et la baisa à maintes reprises. Il ne connaissait guère cette famille, encore moins le limousin, mais la rumeur s’était rependue comme une trainée de poudre, la femme qu’on y mariait, serait sous peu, immensément riche.


Quel plaisir, quel heur, de faire icelieu votre encombre gente dame ! Ma mignotte, je vous promets des épousailles for réjouissantes ! Oui ma Joliette, vous paraissez dame d’expérience, et moi, certes petit par la taille, je vous assure que l’pendeloche lui, est fort impressionnant !

La pauvre tante Almodie tenta de récupérer sa main pleine de bave, sous les regards outrés de Nathan et les gloussements for peu discrets d’Alexander.

Vous déraisonnez, Baron. Je suis la tante de la fiancée. Etes-vous assez sot pour croire que je suis en âge de convoler vers d’autres noces. Assez de simagrées, parlez-nous plutôt de votre pécule et de votre domaine. Avez-vous des charges ? Votre famille est assez active en Champagne si je ne m’abuse.

Le Baron lâcha la main ridée pour poser ses mirettes fardées aux alentours.

Je suis rassuré. J’affectionne plutôt la chair fraîche. Ou est-elle la ravissante caillette ? Ma godinette montrez vous, le Baron va vous apprendre à jouer du ruban !

Il n’en fallut pas plus à l’Ambroise, pour apparaitre de l’office où elle s’étranglait d’indignation à épier l’impudent et sa famille. Un casseron bien en main, chipé sur les fourneaux, quelques restes de soupes crépitant encore à l’intérieur, la belle s’avança vers le nabot, les yeux brillants de courroux.

Je jure d’occire ce lombric à dentelle, ce grelot à fanfreluches s’il ne quitte pas les lieux immédiatement !

Mais déjà le Baron fondit sur elle, et comme on vous l’a dit plus avant dans le texte, il est pile poil à la bonne hauteur !

Oh ma mie ! Les jolis pis que voilà ! Oh les adorables tétins ! Pourriez vous faire un tour sur vous-même enchanteresse créature ? Que je puisse jauger si le crépion vaut les mamerons !

Johanara l’assomma avant de vider le reste de la soupe de navets sur l’odieuse chemise.

Fredain ! Miasme à rubans ! Empaffé!! Fot-en -cul ! Sottard ! Verrat lubrique ! Alexander de grâce, fichez le moi dehors, ce ver luisant à jabot, ce vuiceux, ce paillard, ce débauché ! Dehors vermine avant que je ne te pende par les pices !


En vert : Le Baron du ruban, en rose : Johanara, en violet : La tante Almodie.


[Bonjour ! (Bonsoir !)
Propos HRP supprimés, ceux-ci pouvant être jugés agressifs ou/et déplacés (cf. Règles d'Or ) . Bon jeu, bon RP !
Modo Grimoald]
See the RP information <<   1, 2, 3, 4   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)