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[RP] Le Tact : Une Aptitude au mensonge...

Euzen

        « Plus une découverte est originale, plus semble évidente par la suite. »
          D’Arthur Koestler



    Si, à cet instant, le Corniaud avait su celle qu’il ferait peu de temps après, sûr qu’il en aurait ri !

    Mais il n’en était pas là, pas encore. Il en était juste au moment de partir à la rencontre de sa future belle-mère et, accessoirement, fiancée encore inconnue de son père. Il devait le reconnaitre, le borgne, son paternel avait fait fort : Signer un contrat de fiançailles sans même rencontrer la future promise, sans même avoir une portrait, pas plus qu’un nom … Bluffant ! Joueur comme il était, le Navailles trouvait le coup mémorable et peinait à dissimuler son hilarité. L’irritabilité du sénior était suffisamment palpable pour qu’il n’est pas envie d’en rajouter une couche.


    - Au fait … Joli coup !

    Ou si finalement … Le regard noir qui lui répondit simplement, convainquis le jeune homme de tourner son regard sur le paysanne et de ne plus l’ouvrir. N’empêche ... C’était un sacré coup ! Quelques mots furent échanger entre l’oncle et la nièce mais lui n’écouta guère, il connaissait déjà le peu de détail que son père possédé sur la promise. Et en son for intérieur, le Corniaud gagnait un certain respect pour celui qu’il avait si souvent blessé. Glissant un nouveau regard sur son père, il se prit à espérer que la fiancée soit à la hauteur du Montbazon …

    Et le trajet sembla intemporel. De ces moments qui, sur l’instant, vous semble interminable alors que, tout juste finit, vous donne l’impression d’avoir durée le temps un claquement de doigts … Difficile à définir. C’est pourtant ce ressentit le Corniaud quand le fiacre stoppa. Ils y étaient … Son père et sa cousine furent les premiers à descendre, lui suivit. Quelques pas, ils furent à l’entrée. Balian les annonça. Et, sans l’avoir prémédité, sans même s’en rendre compte lui-même, le jeune hérisson posa sa dextre sur l’épaule gauche de son géniteur. Signe que, malgré tout … Oui malgré tout ce qu’il avait pu dire ou faire … Il était là.

    Il la retira bien vite quand le battant de bois s’ouvrit. Encore quelques pas, le trio fut dans l’entrée. S’éboutant presque pour chasser le froid qui s’agripper à ces vêtements, le borgne entreprit de d’observer tout ce qui tombait à portée d’œil. Finalement se fut des bruits de pas qui attirèrent son attention vers l’escalier, placé en face de la porte d’entrée. Ce qu’il vit ? Trois paires de pieds. Puis suivant la descente, trois jupes, trois bustiers … Trois visage. Un, ridé, inconnu. Deux, plus jeune, et si familier …

    Alors soudain l’engrenage du cerveau Montbazonesque se mit en route et la découverte se fit. Le Navailles tomba des nues

    Ca s’était la meilleure !

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Johanara
L’algarade ne se fit guère attendre ! D’abord la Duchesse qui l’accula avec affection puis sa tante qui sans manière, la secoua, la gifla, et lui ordonna de se ressaisir.


Vous êtes une d’Ambroise ! Une d’Ambroise crénom ! Cessez de pleurnicher comme la dernière des gueuses et estimez-vous heureuse ! Je vous ai dégotté le plus adorable des époux qui justement vous attend au salon avec quelques membres de sa famille. Je viens de les accueillir. Qu’ils sont beaux ! Adorablement blonds !


La Baronne remit un peu d’ordre à sa chevelure malmenée. Elle se trouva soudain intimidée et émue, comme une future mariée. Pour la centième fois elle courut vers le grand miroir de Venise. Non plus pour admirer la luxuriante robe céruléenne qui lui allait à merveille mais pour rechercher la moindre imperfection sur sa mise ou son minois qui aurait pu gâcher la première impression de son époux.

Elle finit par se précipiter au salon, la Duchesse et sa sœur sur ses talons, la vieille Tante caracolant déjà au bas des marches pour annoncer la promise tant attendue. Bientôt elle serait face à sa destinée !
Tous attendaient avec une curiosité non dissimulée de connaître la suite de ces fiançailles peu banales.
Et la Baronne déboula. Celle-ci était tellement excitée qu’elle s’excusa auprès d’une femme de chambre de l’avoir bousculée et de l’avoir traitée de « Face de malheur ».
Elle dévala les escaliers quand un brusque regain de timidité freina son allure.
Et c’est le pas altier qu’elle s’offrit au regard des trois Montbazon-Navet, majestueuse en azur.

Le visage de Johanara se décomposa. Elle semblait visiblement déçue. Son nez moucheté de quelques tâches de son se plissa, et elle lança agacée :


Ah non ! Ce n’est guère le jour de venir m’ennuyer ! Je vais rencontrer mon époux ! Où est-il le bougre… Allons allons du vent….Vous savez comme je vous aime, mais pas ce soir ! Duchesse mettez moi dehors votre fâcheuse famille!!!

Devant leurs mines défaites, elle ne s’alarma guère, en bon dindon de la farce, ce fut la dernière à comprendre et soupçonna même Balian de s’être incrusté, jaloux, afin d’espionner ses fiançailles.

Bon… mon cher Balian… Vous êtes venu me livrer cette carcasse de porc je suppose… Hin hin… Allez je vous dirai à quoi il ressemble, mais déguerpissez ! Ce n’est pas le moment !

Cepedant le brun seigneur la fixait éberlué, la mâchoire béante, la prunelle brumeuse.

Johanara, qui ne mourrait jamais étouffée par sa modestie, le pensa ébahi par sa grande beauté et chagriné de la voir s’unir à un autre.

Elle lui prit gentiment les mains et les serra avec tendresse avant de souffler, angélique :


Je vous remercie pour cette semaine délicieuse. Nos promenades, nos dîners, ce baiser… Vous m’avez rendu heureuse en pleine tempête… Mais à présent j’appartiens à un autre… Renoncez à moi je vous prie…

Lui souriant gentiment, trop heureuse de lui asséner une légère estocade à l’orgueil ; lui qui ne cessait de jouer avec ses émotions, elle sentit soudain les regards de sa famille et de ses amis lourdement posés sur elle.

Mais qu’avez-vous ? Ma tante que… Oh ! Je ! Ah ! La Tête de baudroie ! La … La gueule de raie ! La grosse tanche ! Oh le marasme ! Oh je… je !!! Gargouille sénile ! Qu’avez-vous fait ???


[Bonjour !
Retrait de l'image car hors-normes (cf. Règles d'Or). Bon jeu, bon RP !
Modo Grimoald]

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Sirbalian
-Au fait … Joli coup !


Voilà tout ce que son fils avait trouvé à dire pendant le trajet. Mais un simple regard avait suffit à le faire taire tandis qu'il répondait à Flora.
Balian fut surpris par l'attention de son fils au moment de frapper à la porte.
Cette simple main sur son épaule comme pour dire qu'il était présent à ses cotés voulait tant dire pour le brun. Mais ce n'était pas le moment de se parler ouvertement et puis çà n'était pas leur genre à tout deux ce genre d'échange.

C'était quelque peu rassuré qu'il avait pénétré dans la demeure. La présence de quelques membres de sa famille lui faisait du bien. Ils avaient tous raison, signé un contrat de fiancailles dans même voir la fiancée... qu'était il donc passé par la tête du montbazon senior ?

Il en était là à attendre de voir si on ne lui avait pas menti, si sa future épouse était ravissante, si la future mère de ses légitimes avait toutes les qualités qu'on lui avait vanté... s'il aimerait un jour celle avec qui il allait partager sa couche...

Enfin du bruit.. des pas qui dévallent les escaliers...
Un visage ridé qu'il connait, Almodie, la vieille tante précède les dames.
Balian s'impatiente intérieurement tandis qu'il détaille les tenues et silhouettes des suivantes. Son front se plisse, un sentiment de déjà vu l'interpelle et puis la révélation. Leurs visages apparaissent et c'est le choc !

La framboise et la sauterelle !
Un moment, il en est là à se demander s'il est passé dans un autre monde. Si son cerveau lui joue des tours, pourtant il n'a point abusé de breuvage ce jour, aucune halucination possible.. Et si.. et si ses sentiments nouveaux lui jouaient des tours ? Son rapprochement avec la baronne ses derniers jours suffirait il à le faire voir des choses dont il reve ? Tel le marcheur assoiffé du désert qui se prend à voir des oasis là ou il n'y en a pas...

Mais sa nièce, non, cela ne se peut pas... Que viendrait elle faire dans cette affaire ?
Le Seigneur de Ferrassières reste pantois, la bouche ouverte à la vue de la baronne toute en beauté, comme si l'espace d'un instant son esprit avait quitté son corps, le laissant vide et inanimé.


Ah non ! Ce n’est guère le jour de venir m’ennuyer ! Je vais rencontrer mon époux ! Où est-il le bougre… Allons allons du vent….Vous savez comme je vous aime, mais pas ce soir ! Duchesse mettez moi dehors votre fâcheuse famille!!!

Les paroles de la baronne le firent sortir de son état de choc. Voilà qu'elle pestait à nouveau à tout va, les foutant dehors ni plus ni moins !

Bon… mon cher Balian… Vous êtes venu me livrer cette carcasse de porc je suppose… Hin hin… Allez je vous dirai à quoi il ressemble, mais déguerpissez ! Ce n’est pas le moment !


Comme s'il s'était mis sur son trente et un pour porter une carcasse de porc.. et ou etait elle cette carcasse ? Il secoua la tête dépité...
Et voilà qu'elle le pensait jaloux au point de débarquer pour voir de quoi avait l'air son futur époux. Lui si fier s'abaisserait il un instant à faire ce genre de chose ?
Nouveau soupire.
Pourtant l'oeil du brun est attentif, il détaille celle avec qui il passe désormais presque tout son temps libre et remarque qu'elle s'est mise en beauté bien qu'aucun compliment ne sortira de sa bouche.. fierté mal placée.


Je vous remercie pour cette semaine délicieuse. Nos promenades, nos dîners, ce baiser… Vous m’avez rendu heureuse en pleine tempête… Mais à présent j’appartiens à un autre… Renoncez à moi je vous prie…

Voilà qu'elle lui sert les mains avec tendresse, n'ayant toujours pas compris le pourquoi de sa présence. Balian lui sourit, sa naiveté la perdra un jour, se dit il.
Et alors qu'elle le remerciait pour la semaine passée, Balian se rendait compte lui qu'elle serait sa femme pour toutes les semaines à venir. Une drôle de sensation lui parcouru l'échine. A lui meme il pouvait se l'avouer, il tombait en admiration de la chevelure cuivrée et bouclée de la baronne, à chaque fois qu'elle les laissait pendre il s'émerveillait de leur longueur et de leur reflet. Il savait qu'elle se savait belle et admirée de tous alors au grand jamais il ne lui aurait fait de compliment quand bien même il trouve joli son minoi mouchetté de quelques grin par endroit. Il devait faire un effort pour ne pas que son regard se perdre dans son décoletté et en ce jour elle l'avait drolement bien mis en valeur.

Il était suspendu à un fil ne sachant de quel coté tomber. Il y a plusieurs mois de celà il aurait été le premier à se réjouir d'un mariage d'amour. Le montbazon n'avait connu que çà jusqu'a présent et avait passé de longues années à tenter de trouver la bonne mais à chaque fois cela échouait, même quand la mort ne s'imicait pas dans leur vie. Alors depuis il s'était résigné, ce serait un mariage arrangé un point c'est tout, fini l'amour et ses tourments, fini de s'inquieter, d'être jaloux, de subir les exces de l'autre, fini d'être déçu... Non, non et non cette fois ce serait un mariage arrangé, un amour platonique tout au plus ou chacun connaitrait son rôle à jouer, aucune surprise ni désillusion.

Et voilà que ce mariage arrangé allait le voir s'unir à la seule femme qui avait réussi à lui faire retrouver sa joie de vivre depuis Asarine. Devait il s'en réjouir ? s'en inquieter ? les deux se partageait en lui. Fini d'être jaloux de Finn, de Melvan, de Kartouche,.. de tous ses hommes qui gravient autour de la baronne tel des mouches autour d'un pot de miel, Elle serait sa femme à lui et à nul autre !
Il pourrait à nouveau l'embrasser, comme la première fois ou ils avaient pu laisser toute leur passion s'exprimer... et bien plus encore.
Mais le brun redoutait l'amour à présent... Voilà pourquoi dès le premier jour, il avait taquiner la baronne au point de la pourrir plus que de raisons, étant limite méchant par moment pour mieux la repousser, pour mieux repousser ses sentiments naissants. Non, non et non il ne tomberait plus en amour, non, non et non il ne l'aimerait pas ! Il était résigné, aimer était synonime de souffrance aux yeux du juge et il n'en serait pas autrement.
Moment choisi par la framboise de faire tomber la pièce et enfin attérir.


Mais qu’avez-vous ? Ma tante que… Oh ! Je ! Ah ! La Tête de baudroie ! La … La gueule de raie ! La grosse tanche ! Oh le marasme ! Oh je… je !!! Gargouille sénile ! Qu’avez-vous fait ???

Le montbazon s'en retourne également vers Almodie, la vieille lui ayant ouvertement menti sur la "marchandise" avant de signer le pacte de "vente".
Rouler ainsi un juge dans la mouise ! quel culot ! quel toupet !
Et Balian d'imiter sa nouvelle fiancée


Saperlipopette !!!! Bon sang de bonsoir ! Vous m'avez ouvertement menti ! Moi !!! Juge du Limousin et de la Marche ! Vous mériteriez que je vous mette en procès pour la peine !
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Almodie, incarné par Johanara


Almodie Jacquemine de Pince Alouette avait toujours œuvré pour le bien de sa famille. Et pour le bonheur de sa nièce Johanara en particulier. Car si la jeune femme rousse la stupéfiait toujours par ses lubies et ses fantaisies, son amour pour les siens et sa bienveillance à l’égard de son prochain avait toujours suscité l’admiration de la vieille tante.

Alors une fraction de seconde, son cœur se serra. Avait-elle poussé sans le vouloir sa chère rouquine dans les bras d’un mauvais homme ? Celle qui sacrifiait sa liberté et ses rêves pour sauver ses gens et aider ses cadettes méritait un époux de qualité.

Pourquoi tant de véhémence pour ce seigneur que Johanara connaissait vraisemblablement.

Lui avait il fait du mal ? Ou à l’un de ses enfants ? Le ventre noué elle posa ses prunelles lasses sur Balian avant de reporter son attention sur la jeune femme.

Et de froncer les sourcils ! Mais…

Elle l’aimait !

La tension à ses articulations se dissipa. Ses yeux se firent rieurs, peut-être même légèrement humides. C’était une évidence à présent qu’elle les voyait l’un à côté de l’autre.

Elle l’aimait !

Cette rougeur aux joues qui lui était coutumière depuis quelques jours, ce battement de cils imperceptible pour qui la méconnaissait, en effleurant du regard son fiancé, la délicatesse de ses gestes lorsqu’elle repoussait une boucle flamboyante à son front d’albâtre. Et puis cette colère, cette ire grondante qui secouait son corps sculptural comme autant de frustration.
Aldmodie posa sur ses enfants ; car ils seraient tous ses chers petits à présent, un regard plein de tendresse. Elle aimait tellement sa nièce que sans le vouloir, elle avait mis sur son chemin celui qui hantait ses pensée. Et là… elle se mit à chanter avec ferveur.


Destinée*
Vous étiez tous les deux destinés
A voir vos chemins se rencontrer
Vous aimer sans demander pourquoi
Lui et toi

Destinée
Inutile de fuir ou de lutter
C´est écrit dans votre destinée
Vous ne pourrez pas y échapper
C´est gravé




Sont vraiment tous toqués dans cette famille !



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* Merci Guy Marchand!
Victoire.
    « Tenir en bride sa propre famille n'est pas moins difficile que de gouverner une province. »
    Tacite


Après l'épisode du rosier où l'on évita le pire, tout ce petit monde se mit en branle pour rejoindre le salon.
Victoire, suivait la collerette crémeuse non sans une once d'appréhension quant à la suite des évènements. La Baronne avait souhaité sa présence, mais pour tout avouer elle s'en serait bien passée. La suite chers lecteurs, fut haute en couleurs, et c'est abasourdie que la jeune fille découvrit le promis avec stupeur...Sans crier gare, le calme s'évapora.


    Mais....mon oncle que faites-vous ici ?


L'espace d'un battement de cils tout devint plus clair. Et c'est tout un assortiment de baudroies, de raies, de grosses tanches et de gargouilles en tout genre qui sortirent de la bouche de la Baronne.

    Baronne ?


En ajoutant plus bas à elle-même.

    C'est pas possible.... je crois bien que je vais hériter d'une tante berrichonne...


Elle resta perdue de stupeur, et n'ayant plus conscience d'elle-même que par le battement de ses artères, qu'elle croyait entendre s'échapper comme une assourdissante musique qui emplissait la campagne.*

    Qui savait ? Mon oncle ? Baronne ? Toi Euzen ?


C'est alors que la vieille bique se mit à chanter. Si sous la main elle avait eu des navets, c'est dans un cageot tout entier qu'elle lui aurait volontiers collé le nez pour la faire taire.
Mordillements de la lèvre inférieure, ses mains se rejoignent inconsciemment, se resserrant entre elles sur son chapelet tandis qu'elle s'affale au creux d'un fauteuil en marmonnant "Une berrichonne mais que va-t-on devenir..."

*Madame Bovary Gustave Flaubert

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Johanara
Le minois enchanteur se décomposa. Elle semblait visiblement décontenancée. Son corps se raidit, ses yeux s’agrandirent sous l’effet du choc. Non cela n’était pas possible. Avait-elle mérité un tel malheur ?
L’époux dont elle s’était vantée partout n’était autre que Balian… Ses joues s’enflammèrent. Quelque chose au plus profond d’elle-même se brisa.
La colère et la folie s’emparèrent de la belle rousse. Quelques vociférations bien senties à l’encontre de sa maquerelle de tante. Puis son esprit se brouilla, elle ne voyait plus, ne pensait plus.

Elle essaya de parler mais aucun son ne franchit la barrière purpurine de ses lèvres. La Baronne porta une main à sa gorge cherchant sa respiration puis chancela. Le fiancé, la voyant sur le point de s’évanouir, recueillit le délicieux fardeau dans ses bras. Mais Johanara se recula vivement. Les cils de la jeune femme papillotèrent comme les ailes d’une libellule mourante. Elle ferma les yeux un instant. Sa bouche semblait douce, et vulnérable… Puis elle se tordit en un vilain rictus.
Lorsque ses paupières s’ébrouèrent à nouveau, ses vastes prunelles dévisagèrent Balian. Elle prit conscience que bientôt sa vie serait à jamais liée à la sienne, qu’il deviendrait son époux. La douloureuse réalité s’imposa à elle. Tout ce qu’elle avait voulu fuir en acceptant l’offre de sa tante d’épouser le premier venu pour hériter de la coquette somme, tout ce pourquoi elle repoussait Balian depuis des semaines, allait devenir son lot quotidien.

A cette pensée, des larmes de tristesse envahirent ses yeux qu’une colère amère refoula presque aussitôt. La seule chose qu’elle avait souhaitée lui filait entre les doigts : un mariage de raison, paisible, sans les affres de la passion et de la jalousie. Elle ne voulait plus guetter le retour de son amant, torturée à l’idée que ses bras aient pus étreindre une autre. Plus de prison de sentiments, plus de dépendance, plus de déception… Plus jamais d’amour.

Mais ce petit con de Cupidon s’obstinait à paver de flèches toutes les routes foulées de son pied.

Laisse-moi en paix crétin ! Face d’Ablette ! Je ne veux plus être victime de tes tourments !

Son premier mariage lui avait laissé une plaie béante au cœur. La trahison et le veuvage avaient eu raison du peu bon sens de la rouquine. Elle se sentait incapable de revivre cette agitation perpétuelle. Son médicastre lui-même lui avait ordonné de se ménager émotionnellement. Ses crises qui la minaient, sa tristesse extrême, son affaiblissement mental, sa mélancolie infinie… Maladie probablement héréditaire qui avait emporté sa sœur la Vicomtesse de Culan et poussée au suicide l’une de ses cousines, perte du sommeil, trouble de l’appétit, fatigue extrême, agitation nerveuse pendant laquelle, la jeune femme sortait entièrement de son caractère, devenant colère, prompte à dire aux gens moult choses blessantes, emplie de terreurs de toute sorte, hantée par le démon du suicide…

Parfois, le soir, elle fondait en larmes sans raison. Hystérie… Spleen..
Qu’allait faire Balian d’une épouse à la santé fragile et aux sens exacerbés ? Johanara ne le rendrait pas heureuse, elle en était intimement persuadée. Elle n’était même plus bonne à faire des enfants. Trop étroite, on avait dû lui ouvrir le ventre pour la délivrer de son second enfant et le mire avait été formel : une troisième grossesse la tuerait elle ou l’enfant. Voire les deux.

Pourtant elle souhaitait voir le brun seigneur heureux. La Baronne n’ignorait pas que les vicissitudes de l’Amour ne l’avaient guère épargné non plus. Il méritait une épouse aimante, qui ne se refuserait pas à lui, qui ne lui ferait pas subir ses humeurs et son profond sentiment de vacuité…

Tout en elle exécrait déjà ce mariage. Sauf peut-être …

Le bas ventre.

Car Johanara avait goûté les baisers de Balian, elle avait butiné la peau douce et chaude de son cou, s’était enivré de son arôme, et égaré dans les méandres de sa chevelure de jais. Parfois la tentation de se jeter à son cou était si grande, qu’elle inventait un prétexte pour sortir de ses gonds et quitter la pièce où le Juge se trouvait.

Les deux seuls hommes qu’elle avait connus intimement étaient morts depuis de nombreuses années. Son mari Valezy d’Emerask, dont elle chérissait l’héritier, son fils, son adorable fils aux yeux safre , et son amant, Messiah de Penthièvre. Et de leurs amours illégitimes était née sa princesse aux cheveux d’or, Daria. Mais chut c'est un secret!

Elle porterait son fils. Mais avant ça elle se donnerait à lui encore et encore, jusqu’à effacer ses années d’abandon et de solitude, de sa chair. Jusqu’à ce que l’autre revienne, cette Aphrodite insatiable tapie dans l’ombre depuis ce qui lui paraissait une éternité et qui séparée de son amant en pleine retraite spirituelle, se dissimulait nue roulée dans un tapis ou dans un grand panier d’osier pour le surprendre au soir et réchauffer ses longues nuits de prières monotones, cette Attila d'alcôve capable de monter son fougueux étalon pour une course effrénée dans la sylve verdoyante tout en chevauchant son mari éberlué.


Je ne savais pas Duchesse… Mon dieu comme je me sens trahie….Et Dieu du ciel, cessez de chanter ma tante, ou je m'ouvre les veines!
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Sirbalian
La tempête.. l'énervement..
Il était monté dans les tours et pourtant voilà que la vieille bique chantonnait !
Il aurait tout vu et entendu.

*Ah tu te fous de moi ! Tu rigoleras moins une fois au tribunal... * se dit il.

Sa nièce, elle aussi met un moment avant de comprendre ce qu'il se passe puis s'interroge. Qui était au courant et qui a maniguancé tout ceci...
Comme si, le brun aurait pu organiser toute cette mascarade, comme s'il aurait de son plein gré fait en sorte de se retrouver coincé, pret à se passer la corde au cou avec une folle baronne berrichonne rousse.


Mais je ne savais pas m'enfin ! Voyons Victoire...

Il ne dit plus rien, les regardant tous tour à tour.
Il ne sait plus quoi penser...
Tout devait être si facile, si simple.. épouser une femme bien sous tout rapport, avoir un héritier et vivre calmement et simplement.. sans tracas.
A aucun moment l'amour ne devait avoir une place dans cette histoire et c'est bien çà qui inquietait le brun.

Le seigneur de Ferrassières était bien résigné à ne rien laisser paraître et il se mentait d'ailleurs à lui-même lorsqu'il disait ne rien ressentir pour la baronne. Non il n'avouerait pas sa jalousie excessive dès qu'un autre homme approchait la Flamboyante, et pourtant par Aristote.. beaucoup grouillaient autour d'elle.
Non il n'avouertait pas son manque quand elle n'était point là, non il n'avouerait pas qu'il pensait sans cesse à leur baiser échangé et qu'il devait lutter pour ne pas réitérer cet instant à chaque fois qu'elle se trouvait en sa présence...

On pouvait lire dans le regard de certains de la joie à l'idée que ces deux-là se marient, quoi de plus normal après tout que de vouloir croire en l'amour. Mais Balian ne veut plus y croire lui.. L'aimer çà revient à souffrir ! à subir.. à avoir mal ! Et çà le montbazon ne le veut plus, il ne veut plus d'une peine de coeur. Il se pense à l'abris, son coeur verrouillé à double tour.. et pourtant le mal est fait, l'éclat de la baronne semble avoir fissuré le mur entourant sa poitrine.



Je ne savais pas Duchesse… Mon dieu comme je me sens trahie….Et Dieu du ciel, cessez de chanter ma tante, ou je m'ouvre les veines!

A ce moment là, ses yeux reviennent se poser sur celle qui était à présent sa fiancée.
Comment se sortir de cette affaire... impossible ! Le contrat est signé et il en est l'instigateur. Pas moyen de faire machine arrière. Et tandis qu'il la détaille son esprit et son corps sont déjà en train de se livrer bataille.. Le premier se répete comme pour se rassurer qu'il restera de marbre.. qu'il n'y aura nul amour tandis que son corps, lui, se consumme pour elle, piaffant d'impatience à vouloir se rapprocher du sien.

Aaah si les yeux pouvaient parler...

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