Charlyelle
Quelque part dans une campagne françoyse isolée.
Ilug la regardait d'un air on ne peut plus sérieux. Et les brumes de la jeune femme restaient aux aguêts. Elle savait que ce qu'il allait lui dire lui déplairait fermement. Il suffisait de regarder le visage du vieil homme pour le déceler. Et Charlyelle n'était pas de celle que l'on manipule à sa guise.
"- Non, non et non !"
Pallikari. Vous n'avez pas le choix. Ne faites pas votre entêtée et suivez-moi, Il vous attend.
"- Je t'ai dit non. Il ira voir ailleurs si j'y suis. Durant vingt-trois années Il ne s'est pas soucié de ma personne, j'en ferais autant mais à l'inverse, je le ferais jusqu'à ma mort."
Allons Pallikari. Vous savez bien que c'est faux. Votre oncle n'a jamais cessé de vous avoir à l'oeil, la preuve c'est que j'étais là à toujours veiller sur vous. Et cette histoire entre votre père et lui ne les concerne qu'eux. Il souhaite désormais vous voir, vous allez donc me suivre et venir avec moi, je vais vous y conduire.
"-Ilug. Cesse de m'appeller ainsi ou bien je ne viens pas. C'est parce que c'est toi. Mais je te préviens, à la moindre plainte de sa part je fais demi-tour. Il me fait part de ce qu'Il a à me dire et je repars. Il a forcé mon père à l'exil, il en est mort alors ne compte pas sur moi pour faire preuve de la moindre compréhension ou pitié. Si je pouvais je le tuerais de mes propres mains. Tu sais que tu prends un risque énorme en me conduisant à lui ?"
Ilug ne répond rien. Le druide avait l'air soucieux. Le vieil homme était fort intelligent et d'une loyauté à toute épreuve envers la jeune femme. Tout comme il l'avait été avant avec son père. Puis il se tourne vers elle. Calmement.
C'est en effet ce que vous m'avez déjà dit et redit à maintes reprises. Mais en raison des circonstances, il est devenu indispensable à présent que vous le rencontriez. Et ce au plus vite.
Il disait cela de telle façon que Charlyelle reste quelques secondes à le regarder avant de poursuivre.
"- Qu'est-il donc arrivé que tu ne m'aies dit ?"
Il a des ennuis. Il souhaite vous rencontrer je ne peux en dire davantage. Maintenant Pallikari, suivez-moi.
Pour la première fois de sa vie, Charlyelle se sentait piégée. Comme si une lourde grille allait se refermer sur elle. Et toutes les fibres de son corps se révoltaient.
"- Je ne veux pas...Bien. Allons y. Après tout plus vite nous y serons, et plus vite nous reviendrons."
Le ton s'était fait cassant, signifiant âprement son agacement à Ilug.
Elle avait revêtue une longue redingote agrémentée de cartouchières d'argent et d'un lourd ceinturon de cuir. En dépit de tous ses efforts, elle ne pouvait dissimuler sa taille frêle, ni la magnificence de ses cheveux couleur de nuit, ses grands yeux gris frangés de noir et son teint diaphane.
Quelques minutes plus tard, ils étaient partis. Bien que le soleil fut déjà chaud, elle n'avait pas pris la peine de se changer. Elle avait complété sa tenue avec une tunique de soie bleue et un bonnet de fourrure, le plus léger qu'elle ait pu trouver. Celle-ci encadrait son visage, mettant en valeur la pureté de son teint et l'éclat de son regard. Et elle avait enfilé une paire de bottes souples. Cédar, l'étalon noir qu'elle montait, représentait à la fois un défi et une source de joie. D'un tempérament fougueux, elle en avait fait son compagnon de route depuis quelques années.
"Où sont-ils ? Et que font-ils ?"
Ils venaient de s'arrêter et la jeune femme ne voyait strictement rien.
Ils campent sous les tentes et dans les grottes. Ils chassent la chèvre et le chamois. Ils entrainent les chevaux.
" Des chevaux ? Ils ont des chevaux ? "
Le ton devient intéressé. Soudain. C'était là quelque chose de nouveau. Ilug ne lui en avait jusqu'à présent jamais fait mention. Et pourtant comment pouvait-elle s'en étonner alors qu'elle même vouait une passion sans nom à l'animal.
Oui. Leurs chevaux sont réputés pour leur beauté, leur vigueur et leur rapidité. Ils sont dressés dans le climat montagneux. Ce sont des cavaliers de première ! Plus jeune j'ai vu des courses dans la vallée. Cela vous aurait plu. Des rapides ces gars-là.
Charlyelle retient son souffle. Une idée lui était venue, encore plus extravagante que d'habitude. Elle lève les yeux vers le sommet majestueux qui lui fait face. Imposant certes, mais semblant tellement paisible et serein. Deux aigles planaient haut dans le ciel.
"-Emmène moi dans la montagne. Juste assez haut pour que je puisse les voir."
Et bien qu'elle ne l'ait plus fait depuis longtemps, c'était un plaisir pour elle que de marcher à pas souple dans le champ de pierres et de rochers qui s'étendaient devant eux. Ils parvinrent à la roche lisse qu'il fallait aborder avec prudence car elle n'offrait que peu de prise. Ilug paraissait gravir la paroi sans effort. C'est lui qui lui avait enseigné comment progresser sans prendre de risque. Comment ne pas faire un pas si l'on n'était pas sûr de sa stabilité.
Le soleil brillait haut dans le ciel et il leur fallut plus d'une heure pour atteindre l'endroit qui dominait la vallée sur l'autre versant. Aucun bruit n'était perceptible, seul le pic d'Ilug troublait le silence des hauteurs. Ils se taisaient.
Durant toute leur ascension, la jeune femme avait pu voir les aigles planer au dessus de leur tête. Cette vision la rassurait. Elle se disait que tant qu'on les verrait, cela signifiait que l'endroit était désert.
Ilug s'arrêta tout près du sommet, se retourna et tira sur la corde pour attirer Charlyelle à son niveau. Il lui tendit la main pour l'aider à le rejoindre. Et ils poursuivent le reste du chemin en rampant. Ils se trouvaient sur une étroite saillie : d'un côté le sommet s'élançait à pic, de l'autre c'était une pente abrupte qui plongeait jusqu'à la vallée.
C'est alors qu'en tendant la tête, Charlyelle les vit.....
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Ilug la regardait d'un air on ne peut plus sérieux. Et les brumes de la jeune femme restaient aux aguêts. Elle savait que ce qu'il allait lui dire lui déplairait fermement. Il suffisait de regarder le visage du vieil homme pour le déceler. Et Charlyelle n'était pas de celle que l'on manipule à sa guise.
"- Non, non et non !"
Pallikari. Vous n'avez pas le choix. Ne faites pas votre entêtée et suivez-moi, Il vous attend.
"- Je t'ai dit non. Il ira voir ailleurs si j'y suis. Durant vingt-trois années Il ne s'est pas soucié de ma personne, j'en ferais autant mais à l'inverse, je le ferais jusqu'à ma mort."
Allons Pallikari. Vous savez bien que c'est faux. Votre oncle n'a jamais cessé de vous avoir à l'oeil, la preuve c'est que j'étais là à toujours veiller sur vous. Et cette histoire entre votre père et lui ne les concerne qu'eux. Il souhaite désormais vous voir, vous allez donc me suivre et venir avec moi, je vais vous y conduire.
"-Ilug. Cesse de m'appeller ainsi ou bien je ne viens pas. C'est parce que c'est toi. Mais je te préviens, à la moindre plainte de sa part je fais demi-tour. Il me fait part de ce qu'Il a à me dire et je repars. Il a forcé mon père à l'exil, il en est mort alors ne compte pas sur moi pour faire preuve de la moindre compréhension ou pitié. Si je pouvais je le tuerais de mes propres mains. Tu sais que tu prends un risque énorme en me conduisant à lui ?"
Ilug ne répond rien. Le druide avait l'air soucieux. Le vieil homme était fort intelligent et d'une loyauté à toute épreuve envers la jeune femme. Tout comme il l'avait été avant avec son père. Puis il se tourne vers elle. Calmement.
C'est en effet ce que vous m'avez déjà dit et redit à maintes reprises. Mais en raison des circonstances, il est devenu indispensable à présent que vous le rencontriez. Et ce au plus vite.
Il disait cela de telle façon que Charlyelle reste quelques secondes à le regarder avant de poursuivre.
"- Qu'est-il donc arrivé que tu ne m'aies dit ?"
Il a des ennuis. Il souhaite vous rencontrer je ne peux en dire davantage. Maintenant Pallikari, suivez-moi.
Pour la première fois de sa vie, Charlyelle se sentait piégée. Comme si une lourde grille allait se refermer sur elle. Et toutes les fibres de son corps se révoltaient.
"- Je ne veux pas...Bien. Allons y. Après tout plus vite nous y serons, et plus vite nous reviendrons."
Le ton s'était fait cassant, signifiant âprement son agacement à Ilug.
Elle avait revêtue une longue redingote agrémentée de cartouchières d'argent et d'un lourd ceinturon de cuir. En dépit de tous ses efforts, elle ne pouvait dissimuler sa taille frêle, ni la magnificence de ses cheveux couleur de nuit, ses grands yeux gris frangés de noir et son teint diaphane.
Quelques minutes plus tard, ils étaient partis. Bien que le soleil fut déjà chaud, elle n'avait pas pris la peine de se changer. Elle avait complété sa tenue avec une tunique de soie bleue et un bonnet de fourrure, le plus léger qu'elle ait pu trouver. Celle-ci encadrait son visage, mettant en valeur la pureté de son teint et l'éclat de son regard. Et elle avait enfilé une paire de bottes souples. Cédar, l'étalon noir qu'elle montait, représentait à la fois un défi et une source de joie. D'un tempérament fougueux, elle en avait fait son compagnon de route depuis quelques années.
"Où sont-ils ? Et que font-ils ?"
Ils venaient de s'arrêter et la jeune femme ne voyait strictement rien.
Ils campent sous les tentes et dans les grottes. Ils chassent la chèvre et le chamois. Ils entrainent les chevaux.
" Des chevaux ? Ils ont des chevaux ? "
Le ton devient intéressé. Soudain. C'était là quelque chose de nouveau. Ilug ne lui en avait jusqu'à présent jamais fait mention. Et pourtant comment pouvait-elle s'en étonner alors qu'elle même vouait une passion sans nom à l'animal.
Oui. Leurs chevaux sont réputés pour leur beauté, leur vigueur et leur rapidité. Ils sont dressés dans le climat montagneux. Ce sont des cavaliers de première ! Plus jeune j'ai vu des courses dans la vallée. Cela vous aurait plu. Des rapides ces gars-là.
Charlyelle retient son souffle. Une idée lui était venue, encore plus extravagante que d'habitude. Elle lève les yeux vers le sommet majestueux qui lui fait face. Imposant certes, mais semblant tellement paisible et serein. Deux aigles planaient haut dans le ciel.
"-Emmène moi dans la montagne. Juste assez haut pour que je puisse les voir."
Et bien qu'elle ne l'ait plus fait depuis longtemps, c'était un plaisir pour elle que de marcher à pas souple dans le champ de pierres et de rochers qui s'étendaient devant eux. Ils parvinrent à la roche lisse qu'il fallait aborder avec prudence car elle n'offrait que peu de prise. Ilug paraissait gravir la paroi sans effort. C'est lui qui lui avait enseigné comment progresser sans prendre de risque. Comment ne pas faire un pas si l'on n'était pas sûr de sa stabilité.
Le soleil brillait haut dans le ciel et il leur fallut plus d'une heure pour atteindre l'endroit qui dominait la vallée sur l'autre versant. Aucun bruit n'était perceptible, seul le pic d'Ilug troublait le silence des hauteurs. Ils se taisaient.
Durant toute leur ascension, la jeune femme avait pu voir les aigles planer au dessus de leur tête. Cette vision la rassurait. Elle se disait que tant qu'on les verrait, cela signifiait que l'endroit était désert.
Ilug s'arrêta tout près du sommet, se retourna et tira sur la corde pour attirer Charlyelle à son niveau. Il lui tendit la main pour l'aider à le rejoindre. Et ils poursuivent le reste du chemin en rampant. Ils se trouvaient sur une étroite saillie : d'un côté le sommet s'élançait à pic, de l'autre c'était une pente abrupte qui plongeait jusqu'à la vallée.
C'est alors qu'en tendant la tête, Charlyelle les vit.....
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