Charlyelle
« Après avoir cherché sans trouver, il arrive qu'on trouve sans chercher. »
Il tombait une pluie battante. Mais la Brune n'en avait cure et s'arrêta soudain. Une longue bâtisse se profilait au clair de lune. Elle avait remonté toute l'avenue. Des bordels à foison, des tripots à volonté. Des rires gras qui s'échappaient des lieux, des filles de joie à tous les coins de rue. Et des ivrognes. Elle venait d'ailleurs d'en balafrer un avec un tesson de sa propre bouteille d'eau de vie puante qui venait de finir dans le caniveau. Et le charognard pissait le sang. L'écossaise s'accroupit un instant près de lui.
"- Tu vois mon brave, fallait pas me toucher !"
L'homme avait eu un geste malheureux en s'approchant d'elle. Et la Dentellière, déjà pas d'humeur ces dernières semaines, et encore moins depuis quelques heures qu'elle venait d'arriver ici, n'y était pas allée de main morte. La bouteille avait voltigé en l'espace d'un éclair et le tesson fait son oeuvre tailladant profondément la joue du vicelard.
Trop inquiète et trop agitée ces derniers temps, depuis que ce quasi inconnu lui avait dérobé sa dague. Une rencontre au détour d'une auberge, une soirée, une nuit et au petit matin, il s'était envolé. Si encore la soirée n'avait rien eu d'exceptionnel, si encore il s'en était allé comme il lui était apparu. Mais non.Il avait fallu qu'elle trouve à apprécier ces moments là. C'était bigrement ennuyeux ça. Il s'était emparé de sa dague. Et là ça devenait bien plus gênant encore.
Elle ne pouvait se permettre le moindre faux pas. Si son père venait à le savoir, c'en était fini de sa liberté chérie. Il l'obligerait à porter titre et terres et elle devrait rester là-bas, sans ne plus pouvoir aller et venir à sa guise. Sans compter qu'il était dangereux pour eux de se faire repérer.Et les armoiries étaient gravées sur l'arme. Oh elle se doutait bien qu'il aurait un mal fou à déterminer ce qu'elles pouvaient signifier mais mieux valait récupérer au plus vite son bien.
Les renseignements qu'elle avait demandé, elle avait eu tôt fait de les avoir. Un nom. Von Frayner. Inconnu. Pour peu qu'il soit déjà son inconnu du perron, il n'y avait pas grand changement aux yeux de la Pallikari.
Mais un détail lui avait alors été signalé. Ce qui paraissait futile s'avérait être pour la Dentellière qu'elle est une information de bonne aubaine. L'information tout court. Et depuis le matin, elle était arrivé dans cette ville qu'elle déteste déjà. Paris. Et ses bas fonds.
Elle ne supporte pas la ville. Cela lui fait le même effet que lorsqu'un homme tente de lui mettre la main dessus. Elle étouffe. Et elle rue. Toujours et encore et continuellement.
Mais bizarrement, pas ce soir là.
C'est pourtant dans ce quartier là qu'il aurait sa garçonnière. Depuis l'aube elle ratisse. Discrètement elle interroge et peu à peu la zone de recherche s'est amoindrie pour en arriver à cette avenue.
D'un geste désinvolte, elle essuie le sang qui a giclé sur la manche de son mantel. Qu'avait-il besoin de venir l'ennuyer celui là aussi.
Haussant les épaules, la jeune femme continue d'avancer, sans vraiment regarder autour d'elle. La nuit est tombée, elle est trempée, et toutes ces odeurs et cette agitation lui retourne le ventre. Trop de monde pour elle dans ces quartiers là. Elle n'a rien avalé de la journée mais n'a pas faim. Pour se faire le plus discrète possible, elle a noué foulard autour de sa tête, longs cheveux relevés et tirés en arrière. Et ses tuniques et braies, rehaussés de hautes bottes n'ont pas résisté à cette pluie battante malgré la lourde redingote, dans laquelle l'eau s'est incrustée.
Une seule chose lui importait : elle devait le retrouver.
"- Où êtes-vous Judas Gabryel ? "
Guidez-moi ! Guidez-moi !
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Il tombait une pluie battante. Mais la Brune n'en avait cure et s'arrêta soudain. Une longue bâtisse se profilait au clair de lune. Elle avait remonté toute l'avenue. Des bordels à foison, des tripots à volonté. Des rires gras qui s'échappaient des lieux, des filles de joie à tous les coins de rue. Et des ivrognes. Elle venait d'ailleurs d'en balafrer un avec un tesson de sa propre bouteille d'eau de vie puante qui venait de finir dans le caniveau. Et le charognard pissait le sang. L'écossaise s'accroupit un instant près de lui.
"- Tu vois mon brave, fallait pas me toucher !"
L'homme avait eu un geste malheureux en s'approchant d'elle. Et la Dentellière, déjà pas d'humeur ces dernières semaines, et encore moins depuis quelques heures qu'elle venait d'arriver ici, n'y était pas allée de main morte. La bouteille avait voltigé en l'espace d'un éclair et le tesson fait son oeuvre tailladant profondément la joue du vicelard.
Trop inquiète et trop agitée ces derniers temps, depuis que ce quasi inconnu lui avait dérobé sa dague. Une rencontre au détour d'une auberge, une soirée, une nuit et au petit matin, il s'était envolé. Si encore la soirée n'avait rien eu d'exceptionnel, si encore il s'en était allé comme il lui était apparu. Mais non.Il avait fallu qu'elle trouve à apprécier ces moments là. C'était bigrement ennuyeux ça. Il s'était emparé de sa dague. Et là ça devenait bien plus gênant encore.
Elle ne pouvait se permettre le moindre faux pas. Si son père venait à le savoir, c'en était fini de sa liberté chérie. Il l'obligerait à porter titre et terres et elle devrait rester là-bas, sans ne plus pouvoir aller et venir à sa guise. Sans compter qu'il était dangereux pour eux de se faire repérer.Et les armoiries étaient gravées sur l'arme. Oh elle se doutait bien qu'il aurait un mal fou à déterminer ce qu'elles pouvaient signifier mais mieux valait récupérer au plus vite son bien.
Les renseignements qu'elle avait demandé, elle avait eu tôt fait de les avoir. Un nom. Von Frayner. Inconnu. Pour peu qu'il soit déjà son inconnu du perron, il n'y avait pas grand changement aux yeux de la Pallikari.
Mais un détail lui avait alors été signalé. Ce qui paraissait futile s'avérait être pour la Dentellière qu'elle est une information de bonne aubaine. L'information tout court. Et depuis le matin, elle était arrivé dans cette ville qu'elle déteste déjà. Paris. Et ses bas fonds.
Elle ne supporte pas la ville. Cela lui fait le même effet que lorsqu'un homme tente de lui mettre la main dessus. Elle étouffe. Et elle rue. Toujours et encore et continuellement.
Mais bizarrement, pas ce soir là.
C'est pourtant dans ce quartier là qu'il aurait sa garçonnière. Depuis l'aube elle ratisse. Discrètement elle interroge et peu à peu la zone de recherche s'est amoindrie pour en arriver à cette avenue.
D'un geste désinvolte, elle essuie le sang qui a giclé sur la manche de son mantel. Qu'avait-il besoin de venir l'ennuyer celui là aussi.
Haussant les épaules, la jeune femme continue d'avancer, sans vraiment regarder autour d'elle. La nuit est tombée, elle est trempée, et toutes ces odeurs et cette agitation lui retourne le ventre. Trop de monde pour elle dans ces quartiers là. Elle n'a rien avalé de la journée mais n'a pas faim. Pour se faire le plus discrète possible, elle a noué foulard autour de sa tête, longs cheveux relevés et tirés en arrière. Et ses tuniques et braies, rehaussés de hautes bottes n'ont pas résisté à cette pluie battante malgré la lourde redingote, dans laquelle l'eau s'est incrustée.
Une seule chose lui importait : elle devait le retrouver.
"- Où êtes-vous Judas Gabryel ? "
Guidez-moi ! Guidez-moi !
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