Savinien, incarné par Actarius
La messe avait été célébrée sur la lice, cétait le moment choisi par nombre de serviteur pour ouvrir la grande tente qui sélevait non loin du champ-clos. Au-devant, avait été planté un panneau sur lequel on pouvait lire « La Lance du Lot ». Il régnait déjà à lintérieur une activité importante et, indice plus que révélateur, il séchappait de la toile un délicieux fumet. Au-dedans, de nombreuses tables étaient dressées sur dimposants tréteaux. Et tout au fond avait été bâti un grand comptoir, derrière lequel une imposante silhouette multipliait les gestes et les ordres dune voix puissante. Lhomme en question, qui répondait au doux nom de Savinien, dissimulait en partie une rangée de tonneaux et de tonnelets. Bruyante déjà, cette taverne sous toile, imaginée pour le confort des invités et pour leur offrir un lieu de rencontre et de réunion, vibrait au rythme des invectives du brave Gascon, dont le minois travaillé par le temps était apparu au Louvres quelques mois auparavant. Viticulteur de son état, il avait été choisi par le Comte pour mettre en exergue les spécialités locales qui seraient servies ici.
Savinien avait pris un soin tout particulier à choisir les boissons. Chardonnay et Marselan des coteaux de Rocheblave seraient à lhonneur, tout comme la fameuse Larme dOr, qui avait valu au vigneron de devenir fournisseur royal. A ces vins de caractère qui se déclineraient également sous forme dhypocras épicé, servi tiède, chaud ou froid, sajoutaient de lhydromel cuisinée à partir de miel cévenol, de la bière. Des liqueurs seraient de même au rendez-vous, dont le fameux brûlot préparé avec du sucre et de leau-de-vie. Les enfants et les gosiers peu habitués à la chaleur de lalcool navaient pas été oubliés puisque de leau, divers jus pourraient être commandés. Assurément, les jouteurs comme les écuyers, les simples spectateurs comme les participants à la grande course trouveraient sous la grande tente de quoi étancher leur soif et se détendre un peu, tout en dégustant des spécialités régionales.
Mais ce nétait pas là tout. Car les estomacs ne demeureraient pas en reste. Et pour cause, la cuisine locale avait la particularité de bien tenir au corps. Les mets, simples, et conçus pour permettre daffronter les Cévennes, les Causses ou la Margeride avec une panse bien remplie à lexemple de laligot, fierté du coin et même assez répandu dans tout le Massif central jusquen Auvergne. Le plat consistait en un mélange de formage fondu, de crème que lon faisait couler sur du pain ou sur un plat dabats. On prétendait que la recette avait été imaginée par des pèlerins perdus en quête dune nourriture consistante. A la vérité, cette spécialité se dégustait surtout en automne et en hiver, mais pour loccasion, on avait décidé de loffrir en dégustation. Dans ce pays où lélevage constituait la ressource première, la viande tiendrait évidemment le beau rôle. Volaille, porc, mais aussi agneau, mouton, buf, gibier, sous forme de pâtés, de rôtis, à la broche ou en ragout, accompagné de légumes figuraient au menu à linstar de la châtaigne cévenol et de lolive nîmoise. La première se dégusterait en soupe : la bajana, comme on la nommait, se préparait avec des châtaignes séchées et des légumes que lon mettait au bouillon avant dy ajouter un peu de lait au moment de servir. La seconde se goûterait ainsi en accompagnement des mets froids. De grandes réserves de fromages avaient également été prévues. Du pelardon au lait de chèvre au lévéjac de brebis, en passant par la fourme ou encore le rogeret, aucun ne serait oublié. Les douceurs ne manqueraient pas à lappel avec le croquant aux amandes, les tartes et les fruits.
Tout semblait prêt, lorsque la voix portante du Gascon se fit plus discrète. Celui-ci se lissait la moustache, trahissant sa bonne humeur et son impatience de voir entrer les premiers clients par un sourire aussi large que généreux et par un regard franchouillard qui en ajoutait à sa physionomie de bon vivant au point de lui conférait un air de vrai tenancier.
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Savinien avait pris un soin tout particulier à choisir les boissons. Chardonnay et Marselan des coteaux de Rocheblave seraient à lhonneur, tout comme la fameuse Larme dOr, qui avait valu au vigneron de devenir fournisseur royal. A ces vins de caractère qui se déclineraient également sous forme dhypocras épicé, servi tiède, chaud ou froid, sajoutaient de lhydromel cuisinée à partir de miel cévenol, de la bière. Des liqueurs seraient de même au rendez-vous, dont le fameux brûlot préparé avec du sucre et de leau-de-vie. Les enfants et les gosiers peu habitués à la chaleur de lalcool navaient pas été oubliés puisque de leau, divers jus pourraient être commandés. Assurément, les jouteurs comme les écuyers, les simples spectateurs comme les participants à la grande course trouveraient sous la grande tente de quoi étancher leur soif et se détendre un peu, tout en dégustant des spécialités régionales.
Mais ce nétait pas là tout. Car les estomacs ne demeureraient pas en reste. Et pour cause, la cuisine locale avait la particularité de bien tenir au corps. Les mets, simples, et conçus pour permettre daffronter les Cévennes, les Causses ou la Margeride avec une panse bien remplie à lexemple de laligot, fierté du coin et même assez répandu dans tout le Massif central jusquen Auvergne. Le plat consistait en un mélange de formage fondu, de crème que lon faisait couler sur du pain ou sur un plat dabats. On prétendait que la recette avait été imaginée par des pèlerins perdus en quête dune nourriture consistante. A la vérité, cette spécialité se dégustait surtout en automne et en hiver, mais pour loccasion, on avait décidé de loffrir en dégustation. Dans ce pays où lélevage constituait la ressource première, la viande tiendrait évidemment le beau rôle. Volaille, porc, mais aussi agneau, mouton, buf, gibier, sous forme de pâtés, de rôtis, à la broche ou en ragout, accompagné de légumes figuraient au menu à linstar de la châtaigne cévenol et de lolive nîmoise. La première se dégusterait en soupe : la bajana, comme on la nommait, se préparait avec des châtaignes séchées et des légumes que lon mettait au bouillon avant dy ajouter un peu de lait au moment de servir. La seconde se goûterait ainsi en accompagnement des mets froids. De grandes réserves de fromages avaient également été prévues. Du pelardon au lait de chèvre au lévéjac de brebis, en passant par la fourme ou encore le rogeret, aucun ne serait oublié. Les douceurs ne manqueraient pas à lappel avec le croquant aux amandes, les tartes et les fruits.
Tout semblait prêt, lorsque la voix portante du Gascon se fit plus discrète. Celui-ci se lissait la moustache, trahissant sa bonne humeur et son impatience de voir entrer les premiers clients par un sourire aussi large que généreux et par un regard franchouillard qui en ajoutait à sa physionomie de bon vivant au point de lui conférait un air de vrai tenancier.
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