Briana.
- [ Vole haut ! Vole loin ! ... Mon bel oiseau et reviens !]
La séparation avait été douloureuse. Presque brutale.
En route pour le Maine, ses pas foulant à présent les terres d'Alençon, la Jolie Môme avait peine à se remettre de l'éprouvant déchirement qu'elle avait ressenti, quelques jours plus tôt, au moment de quitter la Normandie. Traumatisante avait été sa dernière soirée sur ces terres qui l'avait vu naître, attendant désespérément de voir venir sa mère, en vain.
Le départ s'était donc fait sans un au revoir de sa part et faute de cela, les larmes étaient venues noyer ses joues et il lui était encore difficile de les contenir, quand bien même trois jours déjà venaient de s'écouler.
La jeune de Courcy, d'ordinaire pétillante, ne renvoyait plus cet habituel reflet, cette étincelle qui, au fond de ses yeux bleus, avait ce pouvoir d'illuminer son visage tout entier. Là, les azurs n'étaient plus que billes d'aciers, ternes et froids. Et son sourire ? Qu'en restait-il ? Une infime ébauche lorsque sa Marraine s'essayait de la rassurer, de la cajoler. Ou bien encore, lorsque Paul et les Marmules tentaient de la faire rire, jouant de bien des pitreries.
Seulement rien n'y faisait vraiment, Briana étant profondément touchée... Blessée pour user du terme exact.
Et pourtant, elle aurait du ne rien ressentir, par force d'habitude. Et l'habitude ? N'était-ce pas chose à laquelle on s'accoutumait ?
Mais pouvait-on vraiment se faire à l'absence répétitive d'une mère ? A toutes ces vaines paroles ? Telle était sa mère. Une femme aux priorités autres que ses enfants et aux promesses dénuées de valeurs. La déception était immense.
Lisieux avait donc rimé avec de troublants adieux. Adieux qui n'en étaient pas vraiment, mais qu'elle avait vécue comme tel.
Seul une once de contentement venait la trouver lorsqu'elle se mettait à penser à Osfrid, son grand cousin, le seul dont elle avait pu profiter, l'apprivoisant doucement, lui que beaucoup pensaient froid et distant.
Bientôt au Mans, Briana profita d'une pause dans ce périple qu'elle menait désormais au côté de sa Marraine, Karyaan, Dauphin de France et de son escorte personnelle pour adresser quelques mots à ce cousin, seul confident à qui elle pourrait se livrer, autre qu'à Karyaan elle même.
Alors sise à la table d'un établissement où ils avaient pris résidence quelques heures le temps d'un repos bien mérité, la toute jeune fille s'était munie de sa plume, son nécessaire à écriture à portée de main.
Le poignet commençant à bouger, les volutes représentant les premières lettres d'un courrier vinrent progressivement trouver trace sur le vélin.
Citation:
Alençon,
au 18 du mois de septembre 1460.
De moi,
Briana.
A Vous,
mon cousin,
J'espère que vous allé biun depuis nos derniés au revoir, car moi, grand est mon chagrin.
Je suis si triste de ne pas avoir vu Maman avan mon dépar, de n'avoir pas pu recevoir de sa par, baisers et câlins.
N'avait-elle pas promis de revenir vite ? Sans doute que Maman ne m'aime pas assé. Pas assez pour tenir ses promesses. Il y a tant de choses qu'elle dit, qu'elle promet sans pour autant s'y tenir.
Mais une promesse est une promesse n'est ce pas ? Et elle se doit d'être tenue si on en fait. Je me souviens parfétement de ce que vous m'aviez dis à ce sujet.
Dites-moi ? Est ce que toutes les grandes personnes sont comme ça ? Pleine de promesses qu'ils ne tiennent pas ? J'espère que non.
Et si jamais vous me répondiez que oui, alors plus jamais je ne voudrai croire l'adulte. Foy de moi.
Maintenant, je vais vous laisser, car bientôt il sera l'heure de reprendre la route. Je n'oublieré pas de vous écrire à nouveau quand je serai arrivée au Mans.
Saché que je pense à vous souvent et que déjà vous me manqué. Beaucoup.
Et si vous plaît, ne crié pas trop fort Maman à cause qu'elle m'ait laissé. Karyaan dit que même si j'ai beaucoup de mal, que je ne devrai pas lui en vouloir. Que ça n'est pas sa faute. Et que je comprendrai surement quand je seré plus grande.
Je vous embrasse et Éléanor aussi.
Il fallait surtout pas que j'oubli, sinon elle risqueré d'être jalouse vous savez. *sourit*
Alençon,
au 18 du mois de septembre 1460.
De moi,
Briana.
A Vous,
mon cousin,
J'espère que vous allé biun depuis nos derniés au revoir, car moi, grand est mon chagrin.
Je suis si triste de ne pas avoir vu Maman avan mon dépar, de n'avoir pas pu recevoir de sa par, baisers et câlins.
N'avait-elle pas promis de revenir vite ? Sans doute que Maman ne m'aime pas assé. Pas assez pour tenir ses promesses. Il y a tant de choses qu'elle dit, qu'elle promet sans pour autant s'y tenir.
Mais une promesse est une promesse n'est ce pas ? Et elle se doit d'être tenue si on en fait. Je me souviens parfétement de ce que vous m'aviez dis à ce sujet.
Dites-moi ? Est ce que toutes les grandes personnes sont comme ça ? Pleine de promesses qu'ils ne tiennent pas ? J'espère que non.
Et si jamais vous me répondiez que oui, alors plus jamais je ne voudrai croire l'adulte. Foy de moi.
Maintenant, je vais vous laisser, car bientôt il sera l'heure de reprendre la route. Je n'oublieré pas de vous écrire à nouveau quand je serai arrivée au Mans.
Saché que je pense à vous souvent et que déjà vous me manqué. Beaucoup.
Et si vous plaît, ne crié pas trop fort Maman à cause qu'elle m'ait laissé. Karyaan dit que même si j'ai beaucoup de mal, que je ne devrai pas lui en vouloir. Que ça n'est pas sa faute. Et que je comprendrai surement quand je seré plus grande.
Je vous embrasse et Éléanor aussi.
Il fallait surtout pas que j'oubli, sinon elle risqueré d'être jalouse vous savez. *sourit*
Sitôt marqué de son point final, la missive fut confiée en vue d'être remise à son destinataire, le coeur allégé de s'être confiée et l'esprit déjà piqué d'impatience. Pourvu qu'il lui réponde et vite...