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[RP Fermé ] Quand balade devient bain de sang

Marieladamnee
Une paisible nuit sur les chemins, des étoiles dans les yeux comme dans le ciel pour accompagner ce nouveau voyage. Elle revoit sa promenade nocturne avec Vladimir, son visage si fin qu'il ne pourrait être plus beau s'il était une fille et le sans nom sait qu'elle en a connu des filles, ses cheveux si doux et toujours impécablement mis, son corps musclé à la perfection que mettent toujours en valeur ses vêtements si bien coupés.

Sa rencontre fortuite avec lui est la seule chose qu'elle retiendra du cimetière que l'on nomme Aurillac. Et comme les choses sont bien faites, il est Novgorod. Troublantes retrouvailles entre lui, sa soeur et leurs deux frères. La fratrie réunie, la famille s'aggrandit, heureux présage d'un avenir radieux.

Alors Marie se surprend à rêver à l'amour, elle qui lui a toujours préféré les aventures charnelles. Non qu'elle n 'aimait pas tous ceux qu'elle avait connu avant mais lui c'est différent , il est son double masculin ou peut être est ce elle son double masculin. La dose opposée qui les rend tous deux entiers.

Les chevaux filent à vive allure, elle était partie en premier avec ceux qui étaient déjà prêts: Ode, nikolai, sa brune Ali et Greg le frère de Clairette. Ils entendent les chevaux de leurs compagnons dans le lointain. La nuit est là encore mais on y voit déjà un peu. Enfin autant qu'on peut y voir installée sur une pouliche au galop.

Au détour d'un chemin elle croit apercevoir des éclats argentés qui brillent sous l'oeil de la lune mais son imagination débordante étant connue et le temps n'étant plus à perdre elle ne s'attarde pas à sa vision. Elle accèlère même l'allure pour arriver en ville aux premières lueurs de l'aube.

Rodez ville capitale d'un comté maintes fois traversé où ne vont pas manquer de ressurgir souvenirs et fantomes du passé. Comté ou elle vécut son plus mauvais souvenir avec cette foutue chute. Mais elle est plus forte à présent même si cette blessure ne se refermera jamais tout à fait.

D'un coup de tête, elle chasse ses pensées se reconcentrant sur l'instant présent comme elle arrête Ironie brusquement. Elle fait signe à ses compagnons de stopper aussi. Le silence alentour n'est pas normal. Elle n'entend plus les galops des autres.



Sont plus derriere nous, c'est pas normal, on fait demi tour.


Et l'Infernale de faire demi tour, ses injonctions ne laissant place à aucune rebellion. La sensation d'heureux présage a disparu. Seul subsiste en elle un sentiment d'urgence.
_________________
Ladyphoenix
Une chevauchée de plus prévue, et la Miel est presque rassurée de prendre la route, enfin. Toujours furieuse après Taros, elle a préparé et sellé Zéphyr à l’abri des regards en fin d’après-midi, si bien qu’un peu avant l’heure du départ, elle rejoint celui-ci silencieusement, et part attendre les autres membres de sa lance aux portes de la ville.

Les directives sont données succinctement, lapidairement ; le voyage jusqu’à Rodez n’est pas si long, ce ne sera là qu’une formalité. Jetant un regard plein d’ire courroucée au Tablier, elle claque les flancs de Zéphyr pour le lancer.


- Je pars en avant, pour ouvrir la voie.

Claire, sans doute dans un mélange de solidarité féminine et par colère jumelle envers le compagnon de Lady, s’est bientôt avancée à ses côtés, laissant derrière elles deux les hommes et Maribel – mais chacun sait que la Sulfureuse cherche sans doute un intrus à étêter, et qu'elle est accompagnée de son Rebel, n'est-ce pas ? Le Slave a compris, il avance au pas, le Poitevin et la blondinette à ses côtés, comme les deux jeunes femmes au tempérament de feu, à savoir la Miel et le Goéland, prennent une belle avance, déjà.

La nuit est dans ses dernières heures d’existence quotidienne ; moins noire qu’elle l’a été quelques heures plus tôt, elle offre une semi-pénombre qui permet à Lady de voir sa comparse, et d’entamer la discussion avec elle ; sujets évoqués, entre autres, éloge de délicates fripes et autres diatribes des travers masculins, qui, somme toute, se font souvent l’écueil de défauts communs. Quelques rires percent même parfois, entre deux persiflages de la Miel envers cette « sous race d’individus… j’en exclue certains, bien sûr, dont deux grands blonds de notre connaissance… ».

Sourire amusé aux lèvres, la maternelle Lady prodigue donc un éloge certain des Novgorod frères, encourageant la brune de douze ans sa cadette à lui confier ses impressions sur sa relation avec Sergueï. Du même coup, la voilà qui lui raconte, dans les grandes lignes, ce qu’elle a elle-même vécu - de joies en déceptions, Lady a aimé, c’est certain.

Comme elles parviennent à un léger vallon derrière lequel le soleil naissant se dérobe encore, quelques ombres attirent bientôt leurs regards – casquées, armées : les soldats sont de sortie. Bah, elles n’ont rien à cacher, et il est évident qu’elles passeront sans encombres ; la Miel n’a-t-elle pas vécu quatre guerres sans avoir été le moins du monde blessée ? Si les Lions ne l’ont pas fait tomber, quel soldat rouergat le pourrait ?

Les sourcils se froissent à peine comme le groupe de soldats les rejoint, pour les interroger ; impérieuse, d’autant qu’elle domine – du moins par l’âge et par l’expérience -, la moitié d’entre eux au bas mot, la Miel descend de cheval, pour s’expliquer quant à leur venue. Elle a d’ailleurs dans l’idée de leur exprimer son désir de ne faire que traverser ce « comté pourri où dénicher un peigne est à peu près aussi aisé que de tomber sur quelqu’un de futé » - notons que l’allusion capillaire est fréquente chez la Sucrée -, quand le ton monte, sait-on même pourquoi ? Nerveux, les chevaux piaffent et s’agitent, frappent des sabots, hennissent même, en trépignant. Tentant, main sur la bride, de calmer Zéphyr, elle a à peine le temps de porter la droite vers l’épée qu’un premier coup la transperce.



Stupeur.*


Les yeux se sont écarquillés, le sourire coi s’est dessiné aux lèvres féminines, gourmandes d’avoir été tant goûtées jusque là ; stupéfaites, elles s’ouvrent et se referment, comme une larme perle à l’œil droit, et coule lentement le long de sa joue ; les iris noisette descendent à la plaie, et la Miel d’entendre à peine le bruit de la lame qui quitte son buste, comme on arracherait un objet rigide d’un amas grouillant. Le bras retombe, celui d’abord qui tenait les rênes et par là-même le compagnon équin de toujours ; serviteur de tous temps, il reprend sa liberté comme les doigts qui l’ont si souvent caressé relâchent le cuir. Un regard à Claire, presque un éclat de rire silencieux de ce qu’elle demeure médusée, et le second bras de tomber à la verticale, celui qu’elle avait dirigé vers l’épée.

La main se plaque au ventre blessé et par lequel s’écoule maintenant la vie, après qu’il l’ait tant de fois portée. La trentenaire saisit le sérieux de la situation comme elle sent le liquide chaud filer entre ses doigts, et un regain de colère soulève sa poitrine généreuse, alors qu’elle prend peur, pour la brune. Elle est si jeune, elle, elle ne doit pas tomber ; elle a encore tant à vivre, certaines vies ne peuvent si soudainement s’arrêter.

Pour autant, Lady n’a plus la force de lutter. Touchée à l’estomac, son souffle est coupé ; elle ne peut plus bouger, et le visage, bientôt de s’affaisser, pour faciliter sa respiration devenue saccadée. Il est trop dur même de parler, chaque souffle lui donne l’impression d’avaler des couteaux, elle en suffoque presque, ironiquement. Respirer, prime acte de la vie, semble maintenant, à petit feu, la tuer.


Et la Miel ploie, et la Miel vacille.


Un genou à terre d’abord, et, le manque de souffle encore de la faire choir en position assise, au ralenti. Elle reste ainsi sur son séant, un long filet de sang rayant son visage, dépose le dos de ses mains au sol, éberluée ; élève les yeux vers le soldat d’où venaient les coups, et se met à murmurer :**


- Quatre… Quatre guerres… Alors ça, c’est… Epargnez mes amis, épargnez Claire.

Lentement, elle tombe enfin en arrière, yeux grands ouverts, battant de moins en moins vite des paupières. Le voile se fait lentement, atténuant les noisettes naguère étoilées de points d’or, et le poids des ans se rappelle à sa carcasse blessée, comme quelques petites bribes de toux s’échappent de ses lèvres soudain plus pales. Peu à peu, les souvenirs lui reviennent.


Enfance d’abord, des parents, aux sœurs, Tequila, Cybellia, et Marie. Marie… Ces années là avaient été heureuses, pleines de voyages, de jeux, d’innocence, loin du tumulte des armes, loin du fracas tel que celui qui venait de s’abattre. Passé radieux, pour sœurs complices. Que deviendrait-elle, maintenant, sa brune Marie, celle qu’elle avait retrouvée, avec l’espoir de ne jamais plus la quitter ?

Tout s’enchaîna par visages, par images, défilant devant ses yeux.

L’adolescence, la jeunesse, les expériences, douloureuses ou non ; la Bourgogne, la politique, les amis, les ennemis, Rochefort, Karlistor, Julien, Stephandra, les enfants, ses enfants, ses touts petits, Amellia, Louis Victor et Louise Eugénie, Loup, Iaorana recueillie ; et maintenant, la Meute, son autre famille, de celles que l’on choisit, de celles que l’on adopte autant qu’elles nous accueillent. Natasha, sa Platine, aux genoux aussi réconfortants que la tendresse qu’elle lui avait toujours apportée. Elle l’avait sauvée, sa Slave d’amour, elle l’avait tirée d’une mort certaine, de désespoir, d’ennui, d’abandon. Elle avait été là, la Divine, et ça, la Miel ne l’oubliait pas. Sergueï, Nikolaï, Vladimir, Marie, Claire, Ode, Drusilia, Alizéa, Maribel, Tulipe, Taros… Autant de visages connus, moins connus, mais aimés. Eclats de voix, éclats de rire, complicité et solidarité pendant les coups durs… Ils avaient été là, et surtout Natasha, après les morts successives d’Eoline, puis d’Aria.

Son Aria.

Elle apparaît devant ses yeux, comme son esprit la transporte vers la clairière où elle l’a retrouvée. Mais la rousse n’est pas allongée, inerte, et son visage n’est pas froid, au contraire. Le sourire chaleureux que porte la vision enchanteresse, robe simple blanche, comme immaculée, auréolée d’un halo pailleté d’or scintillant, marchant vers elle, tire un sourire à une Lady qui ne sent pas les tentatives de Claire de la ramener vers elle, pas plus que le bruit du fer, de la maille de métal, ou des grognements de soldats ne lui sont audibles. Il y a Aria, et celle-ci la rejoint.

Elle tend lentement le bras, pour poser la main sur la joue de sa Flamboyante disparue enfin retrouvée, et comme un sourire apaisé s’affiche à son visage, accompagné d’une nouvelle larme, sa tête repose une dernière fois, et ses yeux, enfin, se closent.

La Miel, pour la première fois, est tombée.




* Prière de considérer que "stupeur" correspond à l'introduction musicale.
** Allusion à VICTOR HUGO, Les Misérables, mort de Gavroche.

_________________
Cyana
« La mort n'est que la mort ; on ne signifie rien par sa mort mais on la subit. »


Ce qui est né doit mourir…


Si l'on venait vous dire : ce soir est ton dernier… alors peut être ririez vous, balayant d'un geste las et amusé les paroles d'un hérétique. C'est peut être comme cela que l'on enclenche les mécanismes de défense de ce que nous ne sommes pas prêts à entendre.

Mais la mort ne choisit pas, elle frappe… et nous subissons, tant acteurs que spectateurs.

Nous ne sommes rien, non, juste fait d'os et d'eau de chair et sang. Petits devant l'immensité alors que nous nous voudrions immenses et immortels. Inutile de rappeler à quel point nos petits univers sont fragiles et qu'il ne suffit parfois que d'un mot ou d'un geste pour les faire basculer.


Ce qui est né doit mourir… c'est ainsi.


C'est la joie qui emplissait l'être frêle de la flamande cette nuit, à l'heure où le départ avait sonné. Quitter Aurillac la ville fantôme pour d'autres peut être plus animées était là une jolie perspective que l'astre solaire lui-même avait tracé de sillons grenats et orangés. Déclinaison d'un jour et tissage de firmament obscur, voilà qui la ravissait. La moue enfantine avait vu s'arrondir les pommettes incarnates en un petit sourire qu'elle offrait à Serguei. Les lippes purpurines arrondies et charnues qui traduisaient le bonheur à prendre la route.

Les chevaux furent sellés et les lances de partir au rythme du martellement des sabots sur le petit chemin poussiéreux. Quelques regards complices vers l'arrière à son lion et le cœur apaisé… en dessiner les traits fins l'espace d'un clignement de paupière et revenir à la conversation avec Lady. Elle rit encore à mesure où le paysage défilait autour d'elle, aucune méfiance dans l'attitude… les doigts gantés filaient sur les renes laissant évoluer librement sa jument Lune.

Les heures passaient et les champs s'arrondissaient peu à peu laissant place à quelques collines. Elle poursuivait sa discussion d'avec la miel sans s'être rendu compte qu'elle avait stoppé sa monture. Quelque chose clocha et les iris balayèrent rapidement le lieu. Stupeur, le sourire retomba comme la concentration s'empara d'elle. L'inspiration lente pour s'abreuver de sang froid. Et cette jument qui ne voulait pas se calmer… les sabots claquaient et les hennissements fusaient, elle semblait vouloir s'en aller au galop tant Claire la retenait tirant violemment sur les rennes. "Je n'ai pas peur non… jamais". Ses inspirations se faisaient plus amples et rapides et sa voix tranchait en flamand à la jument de se calmer.

Le regard jeté vers l'arrière quelques instants et cette vision d'horreur de voir Lady transpercée… et les gouttes de sang se virent projetées sur son visage. Elle inspirait et expirait encore plus rapidement et son cœur semblait vouloir bondir hors de sa poitrine. D'une main libre elle s'en vînt saisir son poignard résidant à sa taille et tenter de se dégager de la furie équine. Elle se débâtit laissant glisser sa jambe vers l'arrière et tomber dans la masse casquée, armée jusqu'aux dents. Colosses de fer qui s'étaient rués vers les deux femmes.

Elle glissa au sol, pendue par le pied à l'étrier, là où la jument partait au galop. Repliée sur elle-même elle trancha la lanière de cuir la laissant tomber dans un amas de fumée…Elle roula sur le flanc puis les genoux pour se redresser et faire luire sa lame sous l'astre lunaire. La rage montait et son cœur se meurtrissait contre sa poitrine. Il cogna si fort contre ses tempes qu'elle n'entendit plus de l'assaut qu'un bourdonnement intempestif. Les coups fusaient qu'elle glissait habilement entre les lames… les iris bleus étaient devenues des plus sombres et ils ne quittaient plus Lady peinte en toile de fond.

Elle progressa rapidement pour la rejoindre et la voir chuter… ses lèvres s'ouvraient mais aucun son n'aurait su en sortir. Et elle ne réfléchit plus la flamande, pas le temps, elle se débatait, elle tombait à genoux à côté de la miel. Ses mains avaient agrippé ses épaules à mesure où elle la secouait plus ou moins avec violence. La tête basculait comme ces poupées de chiffons avec lesquelles elle avait joué jadis, ses doigts s'incrustaient dans le tissu jusqu'à la chair. Les pouces plantés dans les clavicules et le reste de la main sur les omoplates et le cou basculait d'avant en arrière.



- Lady !!!!!!!! Lady réponds !!!!!!!!!!!!!!


Et la pression sur ses épaules se fit plus grande encore, sur les siennes cette fois ci… l'étau de maille qui se resserrait faisant se briser les os sur son passage. Son cri rauque perça la nuit noire tout comme la lame s'abattit contre son flanc. Tout autour se mit alors à tourner… Lady au sol dont le sang maculait déjà les vêtements… la main se tendait vers la femme qu'elle était, la mère qu'elle avait su être… ses étreintes, ses tendres regards et ses conseils. Elle se revoit la flamande gênée par tant d'affection, elle qui n'en méritait pas tant, et son cœur qui ne pouvait s'empêcher de bondir joyeusement quant à l'attention qu'elle savait lui donner.

Alors tout tournait, encore et encore, d'un casque à l'autre, d'une lame au sang, d'une larme à la douleur. Le corps était malmené, pressé d'un bras à l'autre… elle passait de la verticale à l'horizontale… derniers regards à ce qui fut sa monture lui arrachant le dernier relent de son dîner mêlé de ce goût métallique qui caractérise le sang. Les hauts le cœur s'enchaînaient et les perles sanguines ruisselaient à la commissure de ses lèvres jusqu'à la naissance de son corsage. Ses yeux avaient vu naitre quelques larmes. Son cri vint à nouveau percer la nuit lorsque la lame qu'elle voyait dépasser d'une dizaine de centimètres suivait le trajet retour. Sa main se plaqua et ses vêtements s'assombrirent peu à peu.

Le buste courba sous le poids de la douleur et la main qui enserrait le chignon bouclé la forçait à tenir debout tandis que ses jambes tremblaient de ne plus pouvoir la porter. Main tendue vers Lady elle réussit tout de même à l'atteindre, entrelaçant ses doigts aux siens. Son regard n'avait pas changé… celui d'une amie à une amie… d'un soutient à l'autre… partage d'une souffrance amicale.

Et les mots étranglés entre sanglots et fluide sanguin étaient tendres et aimant. Les larmes coulaient traçant quelques sillons clairs sur la peau maculée de sang.



- Tout … ira… bien.


Et son autre main avait quitté son flanc pour venir caresser le front de la Miel repoussant ses cheveux vers l'arrière. La douleur s'était introduite dans la moindre parcelle de sa chair et chaque geste devenait tout simplement insupportable. Le buste à demi courbé au dessus de son amie elle approchait doucement son visage du sien entre spasmes et arrêt de palpitant. Ses lèvres poisseuses vinrent baiser sa joue et les mots étaient murmurés au creux de son oreille.


- Ça… v'… all…er.


La flamme de la bougie vacillait peu à peu, chancelait et le souffle qui cherchait à l'éteindre se faisait de plus en plus insistant. Etait-ce là sa dernière danse… celle d'avec la faucheuse ?

Elle bascula sur le côté sans ménagement, à quelques centimètres du visage de Lady, ses yeux dans les siens. La joue collée à la terre fraîche ne fut jamais si agréable qu'en cet instant… un apaisement froid sur la joue qui la cuisait.

Le corps trop lourd pour bouger, elle se sentait partir… elle se voyait partir… peut-on imaginer mort plus cruelle que d'être spectateur de sa propre mort ? Elle lutta quelques minutes, agonisant de tout son saoul, convulsant parfois et la tête de se cogner encore d'avant en arrière et le poisseux liquide carmin d'envahir une nouvelle fois sa bouche et s'en déverser à flot des lèvres.

Bientôt elle ne sentit plus ses jambes, ni ses mains qu'elle avait scellé à Lady… elle n'entendit plus rien ni ne sentit plus que ce gout métallique affreux…et puis cette odeur de chair décharnée qu'elle eut tant connu.

La raison n'était plus, et ses pensées étaient désormais toutes dirigées vers Serguei, son Lion, son amour, sa vie. Son autre moi. Avait-elle seulement aimé avant lui ? Jamais aucun homme n'aurait jamais eut tant ses faveurs que les avaient le Lion. Elle revoyait ses traits, ses yeux, son sourire… et elle aurait payé cher pour le revoir en cet instant, pour lui dire ces simples mots qui caractérisent l'amour de deux êtres.

Lady ferma les yeux et les paupières de Claire suivirent doucement… de la lumière à l'ombre.



- Serguei… t' voi… mo'.. amour…j'.. pa' peur…d' mourir… car j' suis… déjà… morte.


Un simple je t'aime aurait suffit… mais voilà, ce qu'elle ressentait dépassait largement la simplicité des choses que sont l'amour.


Ce qui est né doit mourir… c'est ainsi… c'est écrit.


* Eric-Emmanuel Schmitt
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Aria_

    Une brise vient caresser la scène qui se joue à la frontière auvergnate, effleurant chaque protagoniste pour rejoindre, les deux, qui, allongées au sol, palissent à mesure que leur vie s'écoule. La Miel est frôlée, comme la silhouette d'un vague souvenir vient s'immiscer dans son esprit. Le rire lointain, d'un passé révolu, refait surface pour entraîner Lady dans sa folie douce. Les gracieuses courbes ondulent, le mouvement de la crinière rousse donnant l'illusion d'un serpent de feu. Les yeux, de ce bleu azur, sont rieurs, les ridules venant marquer leurs coins subtilement, tandis que la main se tend.
    La bouche est entrouverte et laisse échapper quelques murmures : "Lady.. ma Lady.. je ne t'attendais pas si tôt. Lady.. ma Lady.. tu as promis."
    Et la silhouette de se métamorphoser, récupérant dans les souvenirs de la Miel, l'image d'Aria enceinte.
    La brise s'intensifie, et l'image s'efface pour de nouveau laisser place à celle, dont les lèvres viennent embrasser leurs jumelles, bleuies par l'abandon du carmin. La lumière présente ici, dans leur bulle, contraste avec la noirceur de la nuit, tout autant que la chaleur de la Flamboyante, se heurte à la froideur de la Sublime. Le regard se fait mi tendre, mi fâché, faisant comprendre à l'intéressée, qu'elle ne devrait pas abandonner si facilement, pas elle.
    Le passé revient en avant, la lippe, croquant un grain de raisin, le corps se cambrant pour provoquer l'incorruptible, ainsi que des rires, beaucoup de rires. Quelques baisers viennent illustrer le tout, échangés en catimini, mais laissant la même trace qu'un marquage au fer rouge.
    Lady et Aria, reliées plus que jamais par l'âme, premiers rôles d'une tragédie sanglante, consumées par des feux dévastateurs. Mais si l'une fut faible, l'autre devra être forte. Ainsi fonctionnent les complémentaires. Si l'une déséquilibre cette unité, tout le reste s'effondre et n'a plus lieu d'être.
    La rousse, de là où elle se trouve, aurait certainement été plus virulente que celle restée dans la tête de Lady. Cette première l'aurait incendié littéralement, virevoltant autour d'elle tel un feu attisé. Lady le sait, Lady le sent, mais Lady aura toujours préféré éviter de s'attirer les foudres d'Aria, même aux portes de la mort.
    Le vent devient bourrasque, la belle rousse s'étiolant avec, légèrement. "Reviens-moi.. mais pas maintenant."
    Le son est déjà loin, dans la tête de l'inconsciente. L'hallucination déjà presque effacée, emportée par le zéphyr, laissant une atmosphère vaporeuse, au parfum sucré.


Taros
[Sur les routes..]

L'imberbe chevauchait, morose, aux côtés de Drus', ne pipant mot, tout à ses considérations. Repensant à la belle, à son regard courroucé, sa colère justifiée. Cherchant désespérément, les mots, le moyen, qui pourrait éteindre le feu de celle qu'il avait appelé sa délicieuse. Le corps tourmenté par les maux du coeur, l'estomac noué, le palpitant douloureux comme jamais, son esprit embrumé par la souffrance n'avait aucunement conscience des chose l'entourant, tant la route, que la destination, que sa compagne de voyage. S'arrachant à sa contemplation qui ne semblait qu'amplifier ses douleurs, il prit le parti de tromper l'ennui en cherchant la discussion avec la blondinette. Sitôt la résolution prise, se redressant de sa position avachie sur son cheval, il entreprit de rapprocher la bestiole de l'autre, affichant un sourire factice, mais quand même convaincant, étant donné l'obscurité.

S'arrêtant à mi-chemin, sourcils froncés, les oreilles aux aguets, alerté par un cliquètement de métal plus loin, le brun d'immobiliser son cheval aussitôt et de souffler :


Drus' arrête toi, tout de suite, quelque chose cloche.

Brève réflexion, coup d'oeil aux alentours... Il connait cet endroit... L'odeur, l'apparence des arbres, sans pouvoir y mettre un nom. S'abandonnant à ces sensations, finit par y en associer d'autres, l'ennui, la patience... Le mot lui roule sur le bout de la langue... Pense à Lady... À Millau! Ça y est, ils sont en Rouergue! L'Helvète de maudire dans un grognement l'insolence des Novgorod. Comment, une personne sensée comme Natasha pouvait mener sa famille sur les routes d'une contrée qu'ils avaient su se mettre à dos et pire encore, directement vers la ville la plus protégée du Comté. Pour sûr que chaque gradé de l'armée du Rouergue avait un document avec leurs noms, leurs visages, leur description et un ordre de tous les étendre.

Sitôt cela imaginé, l'inquiétude le prit, la Miel traçait le chemin et risquait fort d'être dans une mauvais posture, le coeur battant d'une nouvelle force le brun de s'engager dans la forêt, abandonnant son fatras avec son cheval, n'emmenant que sa dague et sa besace avec lui.


Drus! Cache-toi, attache les chevaux dans la forêt, on va avoir des problèmes.

L'oeil habitué à la noirceur, l'imberbe arriva sans trop de mal à contourner le chemin, escaladant la colline pour embrasser du regard la scène se déroulant plus bas. La Miel, Claire, entourées. Tout à ses considérations, comprenant l'importance d'une action intelligente et rapide, il cherchait désespérément un plan qui leur éviterait le pire. Un craquement dans les bois, non loin de lui détourna son attention, plus loin, deux patrouilleurs, reconnaissable à l'armure rutilante de l'homme et aux couleurs portés par la femme, arrivaient vers lui, l'ayant visiblement remarqué. Les armes tirées ne laissaient pas de doute sur leurs intentions, un large sourire s'étira sur les lèvres du Pictavien. Dégainant son poignard, se positionnant entre deux troncs d'arbres, de manière à ne laisser qu'un seul l'affronter à la fois. Manoeuvre prévisible, le lourd colosse décida de l'engager, sans plus attendre, s'engageant entre les troncs tandis que la femme le contournait l'arbre le moins volumineux. Le brun de se dérober aussitôt à l'armuré, profitant des quelques secondes qu'il prendrait à le rejoindre dans la forêt pour fondre sur la femme. Cette dernière, surprise, de lever sa lame, mais trop tard, déjà sur elle, le coup pas encore lancé n'avait aucune force et l'helvète pu sans mal frapper du bras contre le plat de la lame, l'écartant, la rendant inutile. Tailladant du poignard la cuisse de la soldate, il la laissa là, cherchant à repartir au plus vite, c'était sans compter l'autre, qui moins pataud qu'on pourrait l'imaginer, avait fait demi-tour et frappait, de droite à gauche, avec force. D'un bond vers l'arrière, il laissa l'épée siffler dans le vide. Adversaire plus aguerri, il ne semblait pas prêt de lui laisser sa chance de s'approcher, car alors, la victoire serait aussitôt à l'imberbe. Décidant de jouer de vitesse, il s'engagea en courant dans le boisé, s'écartant de la route.

Qu'il ait été inquiété par l'état de sa compagne ou bien simplement aucunement intéressé à ne poursuivre quelqu'un dans la forêt, le Tablier ne savait pas, mais l'autre ne sembla pas le suivre d'aucune manière. Sitôt l'adrénaline redescendue, ses esprits repris, l'inquiétude revint occuper l'esprit du brun, qui retourna prestement au bord du chemin, plus loin dans la forêt. Son coeur de se briser aussitôt, le pauvre, malmené, fracassé, venait de recevoir le coup fatal, de voir ainsi, la Miel, merveilleuse comme jamais, pâle, l'écarlate s’étendant autour d'elle, coulant de sa plaie. Oubliant les soldats qui devaient roder encore, les risques, tout. Il la rejoint aussitôt, courant à toute allure, s'agenouillant devant elle, vidant sa besace, fébrile, incapable de rassembler ses esprits pour agir efficacement.
Natasha
[Vers l’infini…]

Un nouveau départ pour une famille réunie, recomposée, étoffée… Un sourire ancré au minois, elle marchait sereinement près de son hongre ; le groupe, dans son entièreté se retrouva aux remparts avant de se scinder. L’exaltation du voyage à venir était palpable quand chacun chevaucha sa monture, quelques mots échangés à la lueur des torches des nombreuses sentinelles et les sabots des chevaux résonnèrent bientôt dans la nuit étoilée.

Marie prit la tête avec sa troupe, suivie de peu par Sergueï & Co et enfin, la Platine ferma la marche. Ils trottaient sans hâte, non pas qu’ils regrettaient de quitter Aurillac, bien au contraire mais, pour rejoindre le sud, il leur fallait traverser le Rouergue… quiconque y est, ne serait-ce que passé, sait à quel point ce comté, que dis-je, ce trou à rats, est insipide et écœurant de consanguinité. Le visage s’assombrit sensiblement, à mesure des lieues parcourues ; les souvenirs envahissaient sa caboche et c’est bientôt le mépris qui habilla l’onyx.

Comme à son habitude, plongée dans le mutisme, elle écoutait les bruits alentours ; l’esprit tranquille, elle n’en demeurait pas moins méfiante quant à la fourberie humaine… le Sans Nom lui-même ne saurait égaler la connerie des rouergats et les Princes-démon réunis ne pourraient dépasser la sournoiserie des militaires. L’arrogante en était là, dans ses pensées, quand un cri déchira le silence…

[…et l’au-delà ?]

Les talons heurtèrent aussitôt les flancs de l’animal, un regard par-dessus son épaule et d’ordonner :


Planquez-vous !

Le vent s’abattait sur la slave comme Iarilo galopait ; elle n’en avait cure. Une idée fixe, rattraper les autres ; inconscience même de la présence fraternelle puisque Vladimir lui collait au train… et les ténèbres l’enveloppèrent soudain.

Là, des soldats… là, des corps… là, du sang… là, ses louves…

Plus loin, la garnison semblait repartir. L’irascible abandonna son cheval en lui claquant la croupe et couru sans réfléchir vers les victimes ; une douleur foudroyante lui traversa la cuisse et lui arracha un cri de douleur… la senestre se posa d’instinct sur la plaie à l’unisson du regard médusé ; le carmin s’écoula entre les doigts féminins, l’artère fémorale entamée par la lame du fourbe. Elle s’écroula sans pouvoir libérer l’épée de son fourreau, asphyxiée par la souffrance du tableau funèbre ; délaissée par le bourreau, certain de l’offrir à la Faucheuse sans doute, elle se mut en rampant littéralement jusqu’aux silhouettes étendues.

Frondeuse tant qu’orgueilleuse, elle ôta sa ceinture dont elle garrota sa jambe ; son heure n’était pas venue, pas encore… C’était la rage, la haine, qui l’habitait maintenant ; les prunelles voilées de larmes aux sentiments mêlés.
Elle compta, la caboche en proie à la folie sous-jacente… une… deux… trois… et les perles salées de tracer sillons sur les joues poussiéreuses ; alors, la douleur est oubliée au profit d’une peur indicible : Sergueï !
Les mâchoires se crispèrent tandis qu’elle tentait, en vain, de contraindre les sanglots ; comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi s’étaient-ils acharnés sur eux ? Où étaient les autres ?

Ils ne devaient que passer… trop de temps perdu à attendre la limace, le détour n’était plus envisageable. A cet instant, elle apprit la rancœur ; une fois encore, elle avait consenti et la famille, SA famille, en payait le tribut. Le courroux s’intensifia à l’instar de la plainte qui échappa aux lèvres, inhumaine et malsaine ; si un seul trépassait, la vengeance platinienne s’abattrait sans remord… et de perdre connaissance.


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Vladimir..
Inutile d'imaginer qu'il part se planquer. Il n'a pas la carrure d'un soldat, ni la force, ni l'état d'esprit. Les Novgorods ont ce sont de l'honneur qui fait qu'il tiendra sur ses pieds ce qu'il pourra combattre. Il est fier de voir sa sœur se dresser devant l'ennemi. Bien qu'ainé, il a peur et ses jambes qui tremblent trahissent alors l'état de panique qui l'envahit peu à peu.

Il la voit bien la menace, tourner autour d'eux comme elle se joue d'eux dans la pénombre. Les rires fusent au loin et le bruit des sabots vient se mourir dans la nuit noire. Il inspire comme il cherche à se concentrer, il tente de voir ce qui n'est pas. Mais ce slave là n'a pas l'aptitude au combat des autres et il ne sait que faire poignard en main… si encore ça avait été nécessaire à couture ou autre tissu…

Il soupire encore de se sentir inutile mais qu'importe il sera là quand même. Les minutes passent toujours aussi effrayante lorsqu'on ne sait pas ce qui risque de nous arriver. Il tremble encore un peu plus et ne quitte pas Natasha des yeux.

Elle abandonne sa monture et il fait de même quelques minutes plus tard. Elle se met à courir et disparait l'espace d'un instant de son champ de vision, il tourne pour la retrouver et son visage se décomposer.

Quel est donc cette œuvre. Ses muscles se tendent et ses doigts rapidement courent son col pour lui donner de l'air à respirer… il s'en abreuve inspirant longuement, respirant bruyamment… il étouffe il transpire il blêmit devant la scène d'horreur. Il plisse les yeux croyant reconnaitre là la compagne de son frère… elle semble avoir embrassé un dessein funeste, le deuxième corps il ne l'a croisé qu'une fois et la connait peu. Et pourtant, elles sont de sa famille désormais.

Il a envie de crier tellement il se sent mal, le dos de sa main se plaque à son front qui perle de gouttelettes sur le teint blafard. Ses doigts glissent dans la chevelure impeccable tandis que ses jambes sont prêtes à se dérober.


Nat… Natasha… ?

Les yeux sont grands ouverts, encore stupéfait de ce qu'il voit, ne pouvant en détacher son regard. La lèvre tremble autant que la voix. Son cri le fit sursauter suivi des sanglots. La tête lui tournait déjà et sa vision trouble l'empêchait de voir sa sœur… tantôt debout tantôt couchée il ne discernait plus le réel de la vision.

Il tenta de se retenir tâtant de la main le vide tout autour de lui, ses pas gauches au dessus des corps inertes. Il trébucha bientôt pour venir finir sa course aux côtés de sa sœur, se laissant aller à la sombre inconscience.
Laryssa.
Blondinette, sur son cheval blond,
Suit sa nouvelle meute d’adoption.
Le cœur léger, et fredonnant,
Un air vraiment pas très charmant.
Elle pense à son gosse
Qui va la rendre grosse.
Pour ne pas voir qu’un nouveau jour se lève,
Elle ferme les yeux et dans ses rêves,
Elle part, jolie petite histoire.

Blondinette, sur son canasson,
Sort de ses rêves, entend un son,
Le bruit d’épée la fait s’dresser,
Et l’œil valide de s’éclairer.
Descendue d’sa bête étonnée,
La borgne par trois fois est cognée.
Enveloppée dans le brouillard,
Maint’nant elle rêve d’son bâtard,
Elle part, jolie petite histoire.*

Lorsqu'enfin, la Blondie se réveille, la tête est massée, l'esprit encore embrumé.


Nom d'une roussette cramée qu'à moitié ! Par l'Barbu j'ai mal au crâne ! C'quoi c'bordel ! Nom de..

Le temps que l'oeil valide s'habitue à l'obscurité, et la borgne de tourner la tête de tous les côtés.
Elle n'avait pas eu le temps de se planquer, qu'un bouseux l'avait déjà sonnée avec son bâton. Plus habituée à se battre depuis l'incident qui lui fit perdre son oeil, la crapule en avait oublié de toujours plus tourner la tête du côté de l'organe aveugle.


HANNNNNNNNNN mais s'passe quoi ?!!

L'émeraude se fixe enfin sur des corps. Non loin, une chevelure blonde est aperçue. Tutu, vacillante s'avance en rampant, de peur de se prendre un nouveau coup, persuadée que ses cheveux n'étaient pas pour la rendre discrète dans le noir.

Sauf que.. sauf que.. quand la Lipe reconnait enfin l'homme à terre,puis l'autre silhouette, ça donne ça.


VLAaAaaaaAdDDDD !!!! haaAAAN !!! NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAT !!!!!!!! Z'êtes MOooooOOOORTs ??

Tout en secouant les épaules de chacun avec frénésie, la tête se penchant sur le côté droit des poitrines Novgorodiennes, pour vérifier des pouls.. qui forcément ne s'y trouvent pas.

Sanglots et gros reniflements de la Borgne, qui ne peut pas imaginer Nat mourir dans des vêtements aussi crades..


* Extrait modifié de la chanson "Cendrillon" de Téléphone

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Eoline


[Entretien avec le très haut]

Vous ne pouvez pas faire cela!

Elle le regardait avec cet air frondeur, qu'on lui avait connu jadis, lorsqu'elle n'était qu'Eoline la passionnée.

Elles sont nées poussière et doivent retourner à la poussière!

Les paroles du très haut, résonnaient à l'instar de la foudre qui s'abat sur terre les jours de tempête. Mais ce n'était pas pour autant que mâne parmi les mânes, elle s'en laissait compter.

J'ai expié pour mes fautes, si je dois expier pour les leurs alors je le ferai... mais par votre miséricorde pas elles!! ...

[Quelque part dans les limbes : conversation avec une amie]

Quelques minutes plus tard, son âme de croiser celle d'Aria, tandis qu'elle décide de rejoindre la Miel, et de s'immiscer au plus profond de Lady, de se fondre en son cœur et l'envelopper d'une douceur cotonneuse.

- Te souviens tu?... O ma lady te souviens tu de notre première rencontre...
Te souviens tu quelle lumière tu fus, dès lors que tu parus en la taverne de Kisscool.
Te souviens tu m'avoir sauvée déjà à cette époque lorsque je n'avais plus goût à rien... Tu m'as tant donné.
Te souviens tu de nos rires échangés, de cette complicité naissante, de notre amitié qui toujours n'a jamais cessé de grandir?
Ma lady ô ma lady, te souviens tu de cette petite fille que j'ai accueillie et t'ai aidée à mettre au monde?
Te souviens tu du second prénom que tu lui as donné?
Te souviens tu de ces amours qui nous ont rendues si heureuses avant de nous plonger dans l'affliction?
Te souviens tu de tout ce que je t'ai dit le jour de ton mariage? Aujourd'hui encore, je pourrais chanter tes louanges à l'infini.
Te souviens tu qu'ensemble, avec Bocom, personne ne pouvait nous résister? On nous détestait ou on nous adorait mais nous ne laissions personne indifférent.
Ô Ma lady je n'ai pas eu ta force, je le sais. Je n'ai pas su survivre à ce dernier coup porté et je t'ai abandonnée sur cette terre, mais pendant tout ce temps sache que j'étais près de toi... comme maintenant.
Tu vas te battre ma lady. Tu vas te battre et survivre.
Les anges ne pleurent pas dit on et pourtant....
Ô ma lady, je t'en supplie refuse d'aller vers la lumière, rejoins les tiens... Je t'aime vivante et pleine d'esprit.
Je t'en prie ne fais pas cela à ma petite fille et souviens toi de ta mission.
Qu'elle soit près de toi encore ou non il faudra bien que tu l'accompagnes et la conseilles pour qu'elle devienne cette jeune fille que j'ai rêvé si souvent.
Nulle autre personne que toi, ne peut être à la hauteur de cette tâche.
Je t'en supplie ma lady ne te laisse pas aller à cette douce torpeur. Il n'est pas l'heure... Il n'est pas l'heure pour toi de nous rejoindre Aria et moi... Ne nous fais pas cela je t'en prie...



Sa voix alors se brisa tandis que le mane continuait de bercer le coeur et l'ame de sa chère amie.


Bien sur il y a les armées,
Bien sur il y a nos défaites Et puis la mort qui est tout au bout...
Mais tu ne dois pas laisser ton corps incliner déjà la tête, je t'en prie reste debout
Bien sur il y a les trahisons, et les oiseaux assassinés
Bien sur nos cœurs perdent leurs ailes...
Bien sur nos vies épuisées, et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sur le temps qui va trop vite, s'aimer trop rempli de noyés
La vérité qui nous évite... On se croit mèche on est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères tellement qu'on n'est plus étonnés, que par amour ils nous lacèrent
Mais voir un ami... pleurer...
*

* Jacques Brel - Voir un ami pleurer - Revu et corrigé pour les besoins du rp
Serguei.novgorod
Ah ! On allait pouvoir se tirer de la souricière, enfin, et laisser tous ces gus(gus), ces torrents de « Jacques »*, « Jules » et autres « Hubert » derrière, dans leur ville de fantômes ambulants. Pour sûr, et Sergueï tiendrait le pari face à quiconque, Aurillac comptait davantage de chats errants que d’habitants vivants. Le grand soir était arrivé, ils partiraient en groupes distincts vers le sud ; la seule tâche au tableau était de traverser le Rouergue. Les risques avaient évidemment été pesés, et, après vérification juridique auprès d’une Lady incollable en droit, ils étaient sûrs de pouvoir passer sans être inquiétés. Non, ce qui les ennuyait véritablement, c’était de côtoyer lors de leur passage les bulots rouergats, ce large lot de crétines édentées et d’ânes se croyants fiers soldats.

Le dernier d’entre eux croisé en date devait se souvenir de son entrevue avec le Slave, comme il s’était fait un malin plaisir à lui exposer en long, en large et en travers, à quel point Marie avait eu raison d’abandonner son « Louis la Brocante », plus caniche à son pépère que molosse effrayant.

A lui seul, il condensait toutes les « qualités inversées » de sa race ; plus Rouergat, tu meurs, quand bien même l’adage « si tu es Rouergat, suicide-toi » était devenu un proverbe largement utilisé chez Sergueï. Si t’es fier d’pas êt’ Rouergat tape dans tes mains… clap clap. Les seuls qui n’aurait pas applaudi, sans doute, était l’un de leurs ressortissants manchots, mais… Ah ! Le Russe se consolait uniquement de la présence de ses compagnons, et parmi eux, de sa fratrie et de la femme de sa vie.



[Je le sais
Sa façon d´être à moi, parfois
Vous déplait
Autour d´elle et moi le silence se fait
Mais elle est
Ma préférence à moi...

Oui, je sais
Cet air d´indifférence qui est
Sa défense
Vous fait souvent offense...]



Il avait rejoint celle-ci rapidement après son entrevue complice avec sa sœur, et c’est en la couvant d’un sourire tendre qu’il avait pris monture, après les directives de sa sœur, et les explications de Lady. Rênes glissées entre la paume et le pouce de la main gauche, il s’était doucement appuyé à l’encolure équine pour cueillir un baiser aux lèvres désirées et aimées de sa douce brune, qu’il surnommait avec affection « son Goéland ». La vie avait ce goût de « mieux » depuis qu’elle était là, et c’est avec un sourire charmé et charmeur qu’il lui offrit un clin d’œil, avant de se pencher à nouveau pour souffler :

- Une fois arrivés, faudra rattraper notre nuit, hein. Pour pas ‘voir d’malus en terme d’heures d’câlins nocturnes.

Un éclat de rire plus tard, il boudait ostensiblement de ce que sa brune flamande joignait les pas de sa jument au cheval de Lady, et qu’elle partait en avant à ses côtés. Il suffit pourtant d’un regard d’elle en arrière pour qu’il sourie, éclatant, et lui adresse un petit signe de la main, tendre et signifiant quelque chose comme « t’inquiètes, je gère. ».

Elles deux ne furent pourtant plus en vue au bout de quelques instants, comme la nuit, encore, enlaçait les corps de son manteau feutré. Fronçant doucement les sourcils, s’assurant de la présence de ses armes par instinct, il n’aimait pas pour le moins du monde cette sensation-là de perdre du regard deux membres de son équipée sauvage. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’éloigna des deux autres, pour se tenir entre les deux couples. Las, cela ne servit pas à grand-chose, puisqu’il perdit des yeux, cette fois, les deux duos. Ah, Sergueï, tu aurais dû savoir que faute de grives, on mange des merles, et qu’à trop pinailler, on finit par jeûner !

Un tumulte, bientôt, se fit entendre, et il se dirigea vers l’origine du bruit ; nul doute quant à son origine : ça cognait, ça se battait, ça ferrait. Lada lancée au galop, il parvint sur les lieux du carnage après les coups ; il allait s’arrêter quand il aperçut deux soldats, sans doute ceux fermant la marche de leur équipée. La colère sourde prenant le pas sur tout le reste, il les rejoint, pioche brandie pour les latter, avec l’espoir d’en saigner au moins un. L’épée de l’un d’eux le frôla, et il dût coucher Lada sur le flanc pour éviter le coup ; pour faire bonne mesure, l’un des « braves », lui donna un coup de bâton alors qu’il était au sol, sans pour autant le blesser aucunement. Secoué, mais indemne, il réalisa ce qui avait dû se passer.


- LES FILLES !

A moitié écrasé sous sa fidèle Lada, il grimaça le temps de s’extirper de sous sa jument, et repartit en courant vers les corps de ses proches. Tombant à genoux à leur côté, il hurla, furieux, poings serrés, tête en arrière. Bête blessée, il tâta le pouls de sa sœur, notant la ceinture à sa jambe, qu’elle avait pris soin de garroter pour stopper le flux de sang. Rassuré quant au rythme des battements de son cœur, il ôta sa chemise et la glissa sous sa nuque. Faisant de même avec Vlad, il nota qu’il n’était blessé nulle part, et lui asséna une large gifle pour le réveiller.

- Vlad, bordel ! Réveille-toi ! Fais du feu et ramène tes fils, on a besoin d’tes talents de tisserand. Occupe-toi de Princesse, dépêche-toi !

Caressant le visage de sa soeur, il lui soupira bientôt, le coeur au bord des lèvres :

- теперь нет, Принцесса. Это не час. Я люблю вас, пребывание с мной...**

Enfin, saisissant fermement l’épaule de Taros, il l’enserra, et secoua le Tablier:

- Sauve-la, sauve-la, bordel, sauve-la ! C'est not' mère, putain, Taros, réveille-la !

Ses yeux se posèrent à Claire, et il sentit ses yeux s’embuer ; ses mains tremblantes vinrent saisir son petit visage, et sa main repousser quelques mèches plaquées à son front par un mélange de sans et de sueur.


Comme il caresse son visage, laissant enfin couler les larmes et maculer le visage féminin, il se perd en murmures, paniqué :


- Не умирайте, не умирайте, не умирайте. Я запрещаю вам умирать, я имею слишком много вещей делать с вами... Не умирайте, поскольку я люблю вас. Вы не можете делать меня этим... Возвращение, просыпаются... Где вы имеете боль? Говорите мне, где вы имеете боль, любил…***
Son inconscience valant au moins autant que celle dans laquelle est tombée la jeune femme, il continue à marmonner, comme il tâtonne pour trouver d’où vient le sang qui a imbibé les vêtements de sa douce.

Choisissant de parer au plus simple, il déchire le corsage, la chemise, en maudissant ces couches de vêtements qu’elle porte tout le temps par trente six. Ecarquillant les yeux comme il voit la large plaie, il y plaque fortement la main, comme pour la cacher, comme pour la faire disparaître. Il reporte les prunelles à son visage, comme fou, et lui parle, d’une voix douce pour la rassurer, bien que le timbre soit tremblant. Il en sourit même, à moitié cinglé d’inquiétude :


- Ca va aller, on voit presque plus, c’est une toute petite blessure, c’est rien, mon Goéland, je vais te soigner ça, c’est rien, tu vois.


[Je le sais
On ne me croit pas fidèle à
Ce qu’elle est
Et déjà vous parlez d´elle à
L´imparfait
Mais elle est
Ma préférence à moi...

Il faut le croire
Moi seul je sais quand elle a froid
Ses regards
Ne regardent que moi]



Elle ne peut pas périr, elle ne peut pas. Une main compressant toujours la plaie de la brune, l’autre file à sa poche, où trône une petite gourde d’alcool de voyage, et le Slave de la porter bientôt à ses lèvres, pour la débouchonner, et en renverser le contenu sur le vestige béant de l’attaque. Tirant sur un bout du tablier de Taros, il en arrache un bout, et nettoie la blessure, tout en parlant aux hommes:

- Vlad, Taros, comment elles vont ? Dites-moi qu’elles vont bien ! La plaie est pas belle ici, mais nette. Je dois recoudre, filez moi un truc pour recoudre !

Sergueï en petite femme parfaite, personne l’aurait imaginé, mais pour l’amour de Claire, sur le visage duquel il se penche pour l’embrasser, rien n’est trop inimaginable.


*Allusion idiote à Cendillon, de Disney, pour réponde au post de Jd Tutu.
**Pas maintenant, Princesse. Ce n'est pas l'heure. Je t'aime, reste avec moi...
***Ne meurs pas, ne meurs pas, ne meurs pas. Je t'interdis de mourir, j'ai trop de choses à faire avec toi... Ne meurs pas, car je t'aime. Tu peux pas me faire ça... Reviens, réveille-toi... Où est-ce que tu as mal ? Dis-moi où tu as mal, chérie.

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Cyana
Je vais me coucher
Et j'imagine que tu es là avec moi

Je regarde autour de moi
Et sens que tu es toujours si près de moi
Chaque larme qui coule de mes yeux
Ma remémore des souvenirs de toi



La mort. Et tout ce dont on en entendait parler, punition, tragédie… supplice et mythes. La lumière au bout du chemin n'était pas et sa vie n'avait pas défilé sous ses yeux. Elle était seule, elle avait froid, ses doigts s'activaient au niveau de ses avants bras pour en chasser la chair gallinacée ce qui fut sans succès. La douleur avait disparue et envolé ce goût de globules éclatés sur la lippe. Il faisait noir ici, il n'y avait ni sol ni ciel, ni mur… ni rien d'autre à part elle. Elle tentait de palper ses joues framboises sans pouvoir, elle pleurait sans mouiller ses yeux. "Je ne suis plus ?"

Elle se mit à courir de toute ses forces, haletante, inspirant rapidement laissant se dessiner cette petite fumée blanchâtre qui apparait les soirs d'hiver. Voilà la prisonnière des ténèbres et ses liens invisibles ne quittaient plus ses poignets. Elle tomba à genoux le buste basculant d'avant en arrière, balancier fouettant l'air qui n'était pas ici. Et elle sanglotait alors que les larmes ne naissaient pas et elle gémissait les doigts voulant s'insinuer entre la cascade brune bouclée qu'elle donnait à voir de dos.


Sergueï… !!!!!!!!!!

Et elle hurlait de sa voix… toujours plus rauque cri de déchirement qui venait du plus profond d'elle, et elle s'époumonait, crachait à la face de ce ciel sans visage et sa voix raillée se mourrait dans des sons plus graves jusqu'à ce que sa voix ne fusse plus qu'un murmure à peine audible.

Il manquait à sa vue, il manquait à ses sens et son corps crevait un peu plus à son absence si la mort elle-même ne s'était déjà pas emparée d'elle. Elle voulait sentir le derme sous sa pulpe, s'enivrer de ses parfums, plonger dans l'océan de ses yeux… lui dire les mots qu'on ne lui avait pas laissé le temps de prononcer "Et si je dois te quitter… ne sois pas triste, jamais sur ta joue je ne veux voir couler ne serais-ce qu'une larme…"

Même pas le temps de laisser quelconques lettres à ses amis. Ne pas les revoir eux aussi serait un déchirement.

Aude et Johann, elle se mit à rire à leur souvenir… voilà bien trop longtemps qu'ils étaient partis sur les routes, elle n'avait même pas prit le temps de prendre des nouvelles.

Aude c'était l'amie, la confidente, la femme… quelqu'un qui n'avait pas besoin d'entendre les mots et qui comprenait au premier regard. Quelqu'un comme elle n'en avait jamais rencontré. Sa meilleure amie sans aucun doute. Vous aviez un problème ? Elle avait la solution… qu'importe si la faucheuse pointait déjà sa fau sur votre tête. Et puis elle était devenue le départ… la souffrance, la perte… le silence et le souvenir.


Johann lui c'était la douceur…le défit… un homme aimant, ayant le sens de l'honneur et des valeurs. Un homme bon dont le gout pour les chausses était de grande qualité si besoin fut de préciser.


Beren tenait une place particulière elle se sentait le devoir de veiller sur lui, comme une sœur sur un frère alors qu'ils ne partageaient pas le même sang.

Et puis il y avait eut la meute, cette nouvelle famille dont il était parfois difficile d'y trouver la place, surtout lorsque vous tombiez amoureuse du frère.


Natasha avec qui le contact n'était pas toujours facile, mais on fond elle l'appréciait.


Marie son amie de toujours, a qui elle devait sa vie d'aujourd'hui, qu'elle n'aurait jamais remerciée assez.


Ode sa sœur de trognon qu'elle aimait tant exaspérer et dont la moue de dépit avant tant arraché de rires.


Drusilia le rocher, parce que les rochers sont la base.

Tutu pour qui elle avait su voler un étalon blond… "Je sais que tu t'occuperas bien de mon lion si je ne suis plus là…"

Et les autres qu'elle ne connaissait pas encore tout à fait : Nikolai qui en imposait, Vladimir le précieux, Alizéa l'hippocampe et Maribel la sauvage.
Elle s'allongea laissant les visages défiler sous ses yeux avant de clore les paupières une nouvelle fois. Et son image s'imposa une nouvelle fois.




Le lion.




Son sourire et sa voix si douce qui furent un ravissement, elle avait le don de calmer les maux si peu qu'il vous ait murmuré au creux de l'oreille. Il avait ce regard qui sait guérir les blessures. Les mains puissantes qui pouvaient vous briser comme vous protéger. Elle tournait autour de son lion figé… d'un pas dérobé entamait la danse qui les avaient rapprochés un soir d'août, et elle tournait, se dérobait, arborait cette finesse et cette grâce de gestes pour le séduire.

Elle finit par se figer face à lui plonger dans ses prunelles éteintes.




On ne m'a pas laissé le temps de te dire à quel point je t'aime, lorsque j'ouvre les yeux et que la première chose que je vois c'est toi.

Lorsque je les ferme avec pour dernière image ton visage et alors je rêve…

J'imagine notre vie ailleurs… des enfants que nous aurions pu avoir… et lorsque nos cheveux sont blancs et que nous rions des histoires d'antan… ta main sur ma joue et le goéland sur tes lèvres.

Les regards, les silences, les cris d'amour hurlés à la pâleur de l'astre lunaire.

Pour tout ce que nous avons vécu Serguei… pour tout ce que nous ne vivrons jamais… alors je ne changerais rien de tout cela.

Je te prends pour homme, pour époux… pour amant… pour tout ce qui est toi, pour t'avoir et te garder, veiller sur toi dans les tourments comme dans les bons moments… te soutenir, marcher à tes côtés, connaitre tes peurs et tes pensées, partager tes joies comme tes peines… je te prends mon autre moi…



..Jusqu'à ce que la mort nous sépare.

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Ode..
Aux côtés de l'aîné slave, Marie, Ali et Greg, j'avançais, maintenant le rythme, trop concentrée sur ma technique d'équitation et sur ma méfiance habituelle du Tigre, pour me rendre compte de l'anomalie qui s'était produite derrière nous.
Je scrutais les environs, glissant de temps à autres des regards sur le colosse, afin de m'assurer de son humeur.


Tu sais, si tu te détendais, t'aurais moins l'air coincé sur ton cheval et on aurait sûrement plus d'intérêt pour lui.

Je plissais les yeux, me refusant d'avouer vouloir avoir un quelconque intérêt pour l'un des Novgorod.

Lorsque Marie fit soudain demi-tour, je m'aperçus enfin du malaise qui venait d'intégrer nos rangs.
Là où quelques minutes plus tôt nous fumes décontractés, à rythme constant, à présent, nous allions au galop, ma jambe courte ne me posant plus aucun problème dans le feu de l'action.
Je fus surprise de ma propre inquiétude à l'égard de la meute.


Plus vite Ode, plus vite.. imagine si il leur arrive malheur..

Un frisson parcoure mon échine. Malheur ? Pour la meute ? Impossible.
Ils sont la terreur, ils sont les monstres sous nos lits, les loups dans nos bois. Non, si il arrivait malheur à quelqu'un ce n'est pas à eux.
Pourtant, je portais ma main à ma besace, m'assurant ainsi d'avoir le matériel nécessaire.

Déjà, des bruits nous parvenaient. Ce n'était pas des épées, ni des coups. Non, tout ce que nous entendions étaient cris, gémissements et autres sons annonçant du sang, des plaies et des larmes.
Lorsque la scène se révéla enfin, mon sang ne fit qu'un tour et je n'attendais pas de voir les autres agir pour descendre de cheval et me précipiter vers les premières blessées.
Elle prit le dessus. J'étais bien incapable de gérer la situation avec la tête froide.

Nom de nom.. bouge toi !

Sergueï déjà s'affairait sur Claire. Je mettais Elle en sourdine, son empressement me déconcentrant plus qu'autre chose.
Je lui tendais immédiatement une aiguille et du fil. Pressant ma main sur son épaule pour lui donner un peu d'énergie.
Le sort du Pépin déjà me bouleversait, même si je n'arrivais pas à assumer, mais lorsque la chevelure Miel fut visible, je fondais directement aux côtés de Taros, tout en lançant un coup d'oeil bref pour vérifier l'état de la Platine, la blondasse et l'autre frère Novgorod.
Mes mains, fébriles, allèrent chercher le cou de l'inconsciente. Elle ne devait pas mourir, elle m'avait sauvé.

Lady !!!!!! Reste là !!!!!! Lady ! Reviens !!!

Je l'entends sangloter. Elle hurle dans ma tête, tandis que je garde mon masque impénétrable sur le visage.
Le pouls est faible et très lent, j'observe Taros, son ami à Elle.
Loin de me préoccuper de jouer le rôle d'amie, je me mets au travail.


Taros, il faut nous dépêcher. Déchire ses vêtements vite.

Je caressais un instant la joue pâle.. trop pâle et la seconde d'après je cherchais fil, aiguille et bouteille d'alcool dans ma besace.


Lady, Lady si tu m'entends serres ma main.. cligne des yeux.. fais quelque chose s'il te plait.

Je parle fort, assez pour qu'elle m'entende dans le raffut des autres médicastres improvisés.
Je n'entends rien, l'adrénaline à son summum, me permettant ainsi d'assurer mes gestes, tandis que le Tablier libère la plaie béante.


Elle va mourir ! Ode elle va mourir !

Hurle-t-elle, tandis que je contrôle le tremblement de mes mains qui donnent à Taros la bouteille.


Verse pendant que je tente de coudre.

Je ne suis pas gentille, ni précautionneuse. Au fond, c'est Elle qui se préoccupe de lui, non moi.

Sois douce ! C'est Taros, il est devant son amour !

Je m'en moque, l'heure est au pragmatisme non aux émotions. Lorsque le liquide touche les contours de la blessure, je me penche et entame mon travail.
Le ventre, je sais recoudre les ventres. En long en large et en travers. Pour Lady, je ferai au mieux de mes connaissances quant à ma couture.
Je couds, referme les chairs, au plus vite. Mes doigts ne quittant leur travail que pour écarter ma crinière rousse de ma vue.
Si du sang s'incruste dans ma chevelure, je n'y prends pas garde.
Mes yeux sont totalement obnubilés et concentrés, dans cette semi pénombre régnante.
Les cinq balafres sont ainsi couturées les unes après les autres, sans d'autres paroles que le strict nécessaire mais avec le désir commun de la sauver elle.
La Maman, le soleil qui m'aura sauvé physiquement et moralement. C'était à mon tour de m'occuper d'elle.

Je laisse Taros se charger des baumes et de terminer les soins des plaies, lorsque je viens glisser mes genoux sous la tête de la Miel, lissant ses cheveux comme on le ferait d'une poupée inerte.
Quelques feuilles de menthe poivrée sont sorties et glissées sous le nez de l'endormie.


Réveille-toi Lady.. reste avec nous, réveille-toi..

Et de m'adresser à Sergueï plus fort.

Ca ne va pas Serg', ça ne va pas du tout.
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Vladimir..
la violence de la gifle le fait ouvrir les yeux grands et l'air ahuri de regarder tous ces vivants qui s'agitent autour. Les cris, la peur.. il s'éveille à peine et le retour à la réalité est des plus agressif. Le sang partout, encore et toujours, ce rouge vif passion qu'il a tant aimé sur Marie, il le déteste sur les trois corps qui gisent inertes. Il maudit cette vision d'horreur comme il plaque sa main sur ses lèvres écœuré qu'il est et ferme les yeux en inspirant profondément quelques instants.

Il entend Sergueï parler mais ne comprends pas. Il est debout et ses jambes le portent déjà alors que la raison est resté bloquée sur le corps de sa sœur qui git à ses pieds. Il la contemple comme elle est magnifique et s'abaisse doucement posant la main sur sa joue fraîche et glisse les doigts dans ses cheveux blonds.

Je plaisantais pour tes cheveux tu sais… ils sont magnifiques.


Il baise la tempe puis la joue et repose la tête sur la chemise de son frère. Agenouillé il traîne sa besace tirant sur sa lanière pour la faire venir jusqu'à lui. Il en sort son nécessaire de couture, ciseaux et autres fins couteaux sont agencés les uns à côté des autres. Le fil est rangé plus bas dans la petite poche.

La vue du sang l'indispose à nouveau lorsqu'il regarde la jambe de sa sœur, il inspire encore pour se donner du courage. Il glisse les doigts là où le tissu est déchiré et le visage déjà affiche la grimace de ce qu'il sent poisseux et chaud sous sa main. Il se force même s'il tremble élargissant le tissu encore un peu pour mieux y voir la plaie. Le sang ne coule plus grâce au garrot, mais s'il n'agit pas rapidement alors les chairs se seront nécrosées et Natasha me maudira toute sa vie pour cette jambe que je n'aurais su préserver.

Il s'activa donc. La médecine il n'y connaissait rien, et plus loin il s'en tenait mieux il se portait. Il était de ceux qui n'étaient jamais souffrant et de mémoire il ne s'était jamais rendu chez un médicastre. Il repéra non sans mal l'endroit à recoudre. Il inspirait se concentrant avec son fil et son aiguille sur la plaie quelques minutes avant de détourner les yeux et d'expirer. L'opération lui paru durer des heures là où elle ne dura que quelques minutes. Il s'imaginait créer là son plus bel ouvrage et c'est sa sœur pour modèle qui le porterait.

Il s'applique et met du cœur à l'ouvrage et ce sera sans doute son plus bel exploit. Pas le temps de s'extasier sur la couture et les berges des plaies s'entrelacent à nouveau. Lorsque tout est refermé et que la plaie semble plus belle et délasse doucement la ceinture de la cuisse. Voilà le moment de vérité… celui où les chairs reprennent vie et passent de blanches à rosées. Le sourire s'installe à nouveau sur le visage blême.



- ça marche !! Sergueï !!! ça marche !!!

Il porte doucement sa petite sœur contre lui guettant jusqu'au battement d'un cil, le mouvement d'une paupière et une possible reprise de conscience.


- Tout ira bien maintenant

Il la berce doucement comme il n'a jamais su veiller sur elle avant, il se veut rassurant et présent comme il sera à l'avenir.
Marieladamnee
Les chevaux poussés au triple galop repartent dans l'autre sens et comme ils se rapprochent le silence s'habille de cris angoissants et angoissés. On peut même entendre le hurlement à la mort d'un loup. L'image de Rebel s'impose à son esprit et ce n'est pas bon signe. Il est plutot habitué à se faire silencieux.

Comme elle s'approche de la scène de désolation, elle saute de son cheval qu'elle a stoppé prestement et finit les quelques mètres en courant. Elle voit la chevelure blonde de serguei et se dirige vers les corps. Elle pousse un hurlement comme elle reconnait la chevelure miel de sa soeur. Elle se précipite vers celle qui sera toujours l'unique pour elle. Elle se jette sur ce corps tant de fois parcouru qu'elle le connait par coeur.


Ladyyyy , noooon tu peux pas...

Des larmes baignent ses joues comme elle se penche pour l'embrasser. Elle murmure je t'aime lady ouvre tes yeux. La colère commence à poindre comme elle réalise la gravité de la situation. Elle relève la tête et voit Ode qui se penche sur la blessure. Elle se remet debout pour ne pas gêner la rousse et s'écarte regardant autour d'elle l'étendue des dégats.

Serguei est près de Claire, Natasha est un peu plus loin un garrot déjà posé, Vlad s'occupant déjà d'elle. Elle regarde, une fraction de seconde, le blondinet dont les mains virevoltent alors qu'il recoud c'est du grand art. Puis elle revient sur sa brune qu'elle aime tant depuis le jour où l'elle l'a croisée dans une taverne rouergate. Décidément tout les ramène dans ce comté pourri.

Elle s'agenouille près de Claire, lui serrant une main tandis qu'elle échange un sourire triste avec le slave. Elle se penche à l'oreille de la brune lui murmurant des mots tendres et apaisants. Elle lui raconte tout ce qu'elles feront ensemble quand elle sera guérie, lui parlant de sa voix la plus tendre.

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Nikolai.
La nuit est claire, l’air plutôt doux pour la fin de saison, l’ambiance à la fête comme la famille prend la route, enfin. Les chevaux piaffent d’impatience, la belle Marie donne le signal et le petit groupe de galoper derrière elle, le sombre en fin de cortège lance un ultime regard aux autres avant de disparaitre. Les prunelles métalliques sondent les ténèbres comme le silence est assourdissant, à peine troublé par le martèlement des sabots dans la poussière, la nature est discrète ce soir, trop peut-être, le slave s’en serait méfié en d’autres temps, pourtant il n’y prête guère attention et l’acier se pose sur la Renarde dont il perçoit les œillades.
Les regards se croisent parfois, à la faveur de l’allure équine, alors il lui offre un clin d’œil moqueur, arbore un sourire charmeur comme il sait l’agacer davantage. Le manège se poursuit tout au long du trajet, le ténébreux s’amuse du malaise autant qu’il profite de la chevauchée, détendu sous son apparence rigide et froide, la compagnie des femelles plus qu’agréable puisque silencieuse.
L’infernale s’arrête. Le frison se cabre en renâclant nerveusement, le Tigre fronce les sourcils comme les muscles se bandent, il hoche la tête à l’injonction de la brune et pousse l’étalon à ses limites, sans même relever l’ironie d’obéir à une femme.

La meute.

L’argent s’enflamme de haine à la scène apocalyptique, les cris résonnent d’urgences et d’inquiétude, des corps gisent sur le sol teinté du fluide vital, l’atmosphère est chargée de relents morbides qu’il ne connait que trop bien. Le colosse met pieds à terre, la monture est abandonnée comme il avance à grandes enjambées, l’acier aperçoit le minois auréolé d’une cascade d’or et là, pour la première fois, l’homme ressent la peur… peur de la mort à laquelle il a si souvent fait offrande d’anonymes, peur pour cette famille qu’il a retrouvée depuis peu, peur pour sa Précieuse.

La lourde carcasse tombe à genoux près de la benjamine, une paluche lui caresse le front avec une tendresse étonnante alors qu’il observe le carnage, le visage s’assombrit au nombre des victimes, la miel semble mal en point à l’instar de Claire et, plus loin, la sulfureuse dont le clebs hurle à vriller les tympans, Sergueï et la rouquine s’occupent des mourantes, Vladimir brode la cuisse sororale sur laquelle il se penche pour lui souffler un baiser :


Tiens l’coup Tacha…

La scène est surréaliste, les geignements se mêlent aux pleurs, il se déplie en s’assurant que la Fleurette respire encore, rejoint ensuite Maribel sans se soucier du canidé. L’animal jappe doucement à son approche, il ne la connait pas vraiment, à peine s’il l’a aperçue au bivouac quand elle fuyait les cris de son mioche, les frusques sont maculées de sang alors la voix rauque de retentir :

Vlad’, ramènes-toi !!
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