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[RP Fermé ] Quand balade devient bain de sang

Taros
Sitôt que le Tablier, à genoux devant la Miel, s'apprêtait à ouvrir le vêtement d'un coup de poignard, histoire de dégager la blessure, le Lion de venir l'interrompre, rude, inquiet.

- Sauve-la, sauve-la, bordel, sauve-la ! C'est not' mère, putain, Taros, réveille-la !

Grognant de colère, d'être ainsi dérangé, l'oeil brillant, l'Helvète de repousser le Slave sans ménagement, puis de jeter un bref coup d'oeil vers la Platine avant de revenir à son frère.

Elle est garrottée, j'vais lui filer un truc en même temps que la Miel.

L'imberbe d'aussitôt retourner à la Délicieuse auprès de laquelle l'a déjà rejoint une Ode plutôt impérieuse.

Taros, il faut nous dépêcher. Déchire ses vêtements vite.

Surpris, mais trop affairé à s'occuper de la belle, il ne releva pas, déchirant la chemise d'un coup de poignard, ménageant du même coup un bon espace de travail à la Rousse.

Fais-vite..

Taros se retourna, pour fouiller dans sa besace, cherchant autour, quelque source de feu qu'il avait entendu le Lion mentionner. Grogna de ne point la trouver alors que la rousse lui mettait une bouteille dans la main. Devinant aussitôt la nature de son contenu, avant même d'entendre l'ordre fuser, il aspergea la plaie, en chassant les impuretés, gardant une partie de l'alcool pour après la couture. Laissant Ode à ces travaux, les mains trop tremblantes pour y être d'une utilité. Il se leva vivement, couvant les autres corps d'un regard. Serg' semblait se débrouiller avec Claire, mais le nouveau Novgorod, tout à sa couture n'avait visiblement pas nettoyé la blessure. L'helvète prit la bouteille dans sa besace, le posa entre la Platine et le couturier.

Tu devrais p'tête nettoyer si t'veux pas ça s'infecte.

L'imberbe se mit aussitôt, à l'aide de son briquet à pierre à allumer un feu qui servirait à ses précieuses potions. Un petit chaudron est extirpé de son sac, remplit avec l'eau d'une gourde et mis sur les braises naissantes. Tout en alimentant le feu, il se mit en devoir de vider une première bourse pleine d'herbes séchées dans l'eau. Il la laissa frémir, réduire un peu, jusqu'à ce que la décoction prenne l'apparence d'une pâte verdâtre. Il la répartit alors rapidement dans trois bols de bois et en posa un devant les deux slaves qui s'affairaient sur les blessées, expliquant au passage.

Comme baume, sous le bandage pour la plaie.

Il retourna ensuite à la Miel et étendit une épaisse couche de la bouille fumante sur la plaie avant de la bander à l'aide de tissus blancs tirés de sa besace. Il noua le tout sur son flanc, puis s'autorisa à reprendre son souffle. Ce qui pouvait être fait l'avait été, mais l'inquiétude pour la belle ne voulait cesser de l'étreindre. Il se redressa doucement pour s'approcher de son visage, le caresser tendrement, priant de toutes les fibres de son corps pour un miracle. Retournant à des considérations plus terre à terre, il retourna à son feu et remit de l'eau à bouillir dans la casserole, préparant une tisane qui saurait aider à vaincre les fièvres qui étaient coutume dans ces cas de blessure.
Eoline



[Les copains d'abord]


Et le mâne de voir enfin le secours humain arriver, en les personnes d'une rouquine, d'une brune et d'un ... imberbe en tablier!?
Pied de nez du très haut sans doute, qui parfois redoutable n'en était pas moins facétieux... Mais, jamais ange ne fut plus soulagé qu'à ce moment là.


Ma Lady tu l'entends, cette voix qui t'appelle d'entre les vivants, rejoins là... n'aie pas peur nous serons toujours là pour veiller sur toi...

Pour la première fois, elle regretta de ne plus être de chair et de sang, afin d'étreindre son amie comme elle le faisait avant...
Il était temps pour elle cependant de repartir d'où elle venait.


Toute la vie t'appartient
Toute la vie est dans tes mains
Il faut que tu la retiennes
Le reste n'est qu'histoire ancienne

Lady
Oh! Lady
C'est pas la peine
Lady
Oh! Lady
Que tu te souviennes...
*

Une chance toutefois, pour les limaces et les armées de morpions, les mânes n'avaient pas le droit de les maudire jusqu'à la dernière génération, même en chanson.


* Daniel Balavoine - Lucie - Revu et corrigé
Ladyphoenix
[Avec un petit peu d'aide des copains...]


Il fait vide. C’est drôle, comme on pourrait dire « il fait froid », ou « il fait soleil », dans sa tête, il fait vide. Les limbes l’entourent, et tout n’est qu’obscurité, un peu comme si tout ce qu’on lui avait appris pendant sa vie ne valait rien. On lui avait vanté le paradis solaire, ou bien l’enfer lunaire, en tentant de la réconforter, de lui faire subir les pires atrocités contre la promesse d’une vie éternelle de béatitude, ou bien voulu l’effrayer, la faire obéir, se soumettre à un ordre ou un autre, en lui faisant craindre les plus terribles châtiments, dans la froideur de la Lune.

Mais ici, tout est noir.

Lady s’en fait la remarque, en pouffant presque de rire dans son esprit:

- Putain, je me suis fait avoir en fait…

Et comme elle achevait cette pensée, à peu près en proie à la même impression que celle d’être dans un rêve, loin des affres des maux, elle entend bientôt doucement le rire, celui de la femme de sa vie, disparue bien des mois avant elle. C’est un réel sentiment de chaleur qui la prend doucement, maintenant. Elle se sent sourire, sans pour autant rien visualiser ; si elle ne la voit pas, elle est là, Aria. On se reproche souvent, après la disparition d’un proche, d’avoir peu à peu oublié son odeur, sa voix, ou les traits exacts de son visage, lors qu’on est capable, au gré de la croisée d’un portrait, ou de la lecture d’un vieux mot couché sur le papier et adressé ; là, la Miel semble les avoir tant attendus, ces signes, qu’elle se sent instantanément bien, apaisée, et ses épaules, bien qu’invisibles, comme entourées d’un duvet chaleureux et consolateur, malgré la légère brise qui la frôle. Elle sourit de plus belle ; Aria, comme un pied de nez aux sens de Lady, vient insuffler un souffle différent à l’instant : après avoir provoqué le rayonnement, elle se fait rafraîchissante. Ah, combien de fois la Sémuroise a-t-elle gloussé en pestant que l’Autunoise soufflait le chaud et le froid – cela n’aura jamais été plus vrai, alors. Un soupir, et le sentiment de tendre la main vers elle :

- Aria, tu es là… Tu es venue me chercher, oh, Aria, tu m’as tant manquée…

Elle le voit enfin, son Manque le plus grand, le plus profond ; sa Flamboyante se dessine peu à peu devant ses yeux – est-ce d’ailleurs ses yeux ? L’image prend forme, en tout cas, lentement. La chevelure d’abord, dont les mèches étincelantes comme des flammes, vient lécher la peau laiteuse de la belle, retomber en cascade près de ces formes affriolantes que Lady s’est tant de fois maudite de n’avoir pas épousées ; ses yeux, ces perles de mer, joyeuses et tendres, indulgentes aurait dit la Miel, et cette main délicate, fine, et engageante.

Il semble presque à Lady que sa propre poitrine se soulève du souffle littéralement vivifiant provoqué par la vision, avant que les mots, lourds de sens, soient prononcés, après le rire, accompagnés de l’image non moins marquante d’une Aria porteuse de vie. C’est à ce moment qu’elle l’avait rencontrée, sa Flamme. Loup. Loupiot. Leur Loupiot. Aria en a été la maman, Lady la mère, ou l’inverse, qu’importe. Oui, elle a promis.

Oui, elle l’a recueilli, et élevé comme son propre fils, comme son amie l’avait demandé. Léger sentiment de malaise de faillir à sa mission, mais l’image change, ainsi que la brise, qui prend une teneur plus forte, comme le souffle que la Miel croit ressentir en son giron, quand les lèvres se fondent. Ces baisers, ces baisers… Déos, leurs baisers échangés, en cachette, seule porte ouverte sur un « possible » toujours repoussé, par volonté d’être fidèle à ses vœux. Que c’est bête, de s’être empêchée de vivre, alors que sa vie était peu à peu devenue une prison – dorée, certes, mais une geôle. Elle se souvient, la blonde, de l’éclair qui l’avait saisie lorsque, penchée au corps de la rousse, elle avait cru pouvoir la réveiller en l’embrassant, comme dans les contes de fée qu’on raconte aux enfants, et qu’elle avait senti ces lippes glacées par la mort ; ici, paradoxalement, celles de son autre la réchauffent… Mais alors, ce sont les siennes, qui ont gelées sous le pinceau funeste de la Faucheuse ?

Il ne fait plus vide. La lumière a remplacé la noirceur ; ironiquement, Aria aura été la première lumière de sa vie, avant Eoline, puis Natasha. Natasha… La Miel a le sentiment que si elle se retourne, elle pourra la rejoindre, s’asseoir sur ses genoux, et se blottir contre elle ; rester ou la rejoindre, là est le dilemme. Comme pour gronder Lady, Aria prend cette petite moue adorablement boudeuse, pour lui signifier, dans un élan tendre, que sa place n’est pas ici ; il est fou à la Miel de réaliser comme les situations sont inversées, et à quel point dans le cas présent, c’est elle la butée qu’il faut convaincre.

Le vent prend de l’ampleur, terrible d’intensité, et commence à désagréger l’image. Insurgée, désespérée, la Miel tend la main, tente de la retenir, et répond aux cinq derniers mots de sa Flamme, criant presque, pleurnichant en une déchirante supplique :

- Non, reste… Aria, mon amour, reste ! Ne me laisse pas, pas une nouvelle fois ! Aria…

Une larme lui semble à nouveau couler, éternelle, sur sa joue, comme le son s’estompe, à l’instar de l’apparition ; seul demeure ce parfum sucré dont elle était porteuse en tous temps, et avec cela, la tristesse d’une Miel par deux fois abandonnée. Mais elle la retrouvera, si la Flamboyante est venue, elles pourront se retrouver.

Là de son désespoir, vide à nouveau alors qu’elle fut emplie de flammes dévorantes un instant plus tôt, elle se sent réchauffer lentement, avec application, depuis son elle le plus profond. Son cœur semble irradier, réchauffer son être – de quoi est-il dorénavant constitué, immatériel qu’il est devenu ? -, peu à peu. Et les mots d’apaiser les maux, ceux de l’abandon, du manque, déjà – Eoline est là.

Eoline, cette amie, cette complice, compagne d’aventures, de la plus sensuelle dégustation de bière service sémurois à la naissance de la première descendante de Lady ; de l’ennui en ville aux périples dans les cités voisines, et souvent, Dijon ou Autun, Eo a été le duo le plus fréquent d’une Lady tout juste active dans la vie de ces royaumes. Ah, cette voix, mutine, malicieuse. Ecoutant, la Bourguignonne sourit, se remémorant chacun de ses instants en sa compagnie. Leur première rencontre, une après-midi chez Kisscool, « l’homme des tavernes de l’âge de bière », aux Bons Amis, à Sémur, l’une des premières sorties de Lady en ville. Les mots de son amie la surprirent ; c’est bien Eoline qui avait été sa lumière, et non l’inverse. La naissance d’Amellia, oui… Elle s’en souvenait comme si c’était hier, ainsi que du second prénom qu’elle lui avait donné, pour remercier Eoline de l’aide qu’elle lui avait apportée… Amellia… Et leurs amours, ah, leurs amours ; oui, il y avait eu de grands moments, et d’autres, ceux qui avaient suivi, plus tristes, aussi vides que ne le fut l’espace avant qu’Aria se présente… Etre à deux, mais seul ; en couple, mais avec la solitude. Le mariage, oui… Grand moment, grand discours, plein de tendresse et de drôlerie… Délicieux moment, de ce « salut, ma grosse !» de Bocom lancé à la volée sur le parvis, à l’émotion et l’amusement du discours de son témoin, Eoline. Et Aria et ce grain de raisin, Déos ! Ce mariage avait été épique, l’arrivée d’Eusaias n’ôtant rien à ce grand n’importe quoi, mais heureux. Eusaias, il lui avait offert son bouclier et son épée, les mêmes qui l’avait accompagnée jusque là. Détruits, sans doute, ou volés par les soldats. Peu importe, elle n’en avait plus besoin, n’est-ce pas ?

Et Eoline était partie, envolée, emportée davantage par la tristesse que la maladie… Non, elle n’avait pas sa force, et, quand bien même s’agirait-il de force, la Miel n’avait pas abandonnée, elle avait été transpercée de lames. Vint la supplique, encore ; les enfants… Comme Loup avant elle, Iaorana avait été recueillie, choyée, élevée dans le confort et surtout, l’amour. La benjamine de la fratrie, à qui la Miel parlait de sa mère, régulièrement, pour ne pas qu’elle fut oubliée. Il faudrait la confier à sa tante, Aude ; oui, il faudrait la lui confier enfin. Ce serait un déchirement, mais sa place était vers sa famille de sang, sans doute… Enfin, il faudrait regarder à cela.

Comment ça, il faudrait regarder à cela ? Tu es morte, Lady, regarde ce qui t’entoure, ce néant vide où tes chers disparus viennent te rendre visite… Tu n’es plus des vivants.

L’amie, cependant, n’était pas d’accord. A l’instar de la première Flamboyante, elle refusait à la Miel ce repos éternel et enfin venu. Il n’est pas l’heure… Leitmotiv des rousses de Lady. Il n’est pas l’heure.

Mais… une seconde ! Est-ce que ça avait été l’heure, pour les autres ? Regard circulaire, sans pour autant pouvoir déceler la présence ou non d’autres Loups. Natasha, les autres… Claire qui se trouvait à côté d’elle… Claire ! Bon Dieu, qu’est-ce qui lui était arrivé ? Etait-elle tombée, elle aussi ? Les Loups… La Meute…

- Eo… Est-ce que les miens vont bien ? Est-ce qu’ils sont saufs ? Eo, dis-moi… Est-ce que je dois y retourner, dis ? Eo… Est-ce qu’ils ne sont pas perdus ?

Et elle répondit, l’amie. Il fallait rejoindre les appels, qui, feutrés, lui parvenaient doucement, maintenant, comme étouffés. La voix n’était pas reconnaissable, extérieure, mais elle l’appelait. Lentement, elle se laissa remonter, se rapprocher de la voix, et c’est toujours yeux clos que la Miel dut prononcer, sourcils froncés, ouvrant vaguement les yeux sur une chevelure rousse qu’elle crut appartenir à Aria, effleurant celle-ci d’un index trop faible pour pouvoir faire davantage que frémir avant de retomber :


- Aria, ‘line… Soient… saufs… Meute… Claire…

Trop faible pour articuler davantage, saisie par la douleur, fulgurante, de tout son corps, elle eut simplement le temps d’entendre la réponse, peut-être d’Ode, à qui elle avait caressé la chevelure, avant de replonger dans un néant salvateur, pour fuir la douleur, mais bien vivante.

Non, ce n’était pas l’heure.
Celle-là viendrait.

... Mais pas aujourd’hui.

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Serguei.novgorod
Sergueï, penché à sa belle, n’avait pas la moindre idée de ce que celle-ci pouvait ressentir, ni quelle scène pouvait se jouer à son esprit tourmenté.

Après avoir relevé les yeux et hoché la tête, reconnaissant, vers Ode pour le geste d’encouragement qu’elle avait déposé à son épaule ainsi que pour le fil tendu, et rendu un sourire furtif à Marie comme elle s’était agenouillée près de sa brune, Sergueï inspira un bon coup, et, d’une main la moins tremblante possible, commença à recoudre la plaie béante au flanc droit de Claire.


- Il faut pas merder, il faut pas merder…

Il ne répondit pas à Taros, qui, après l’avoir repoussé violemment, n’avait pas compris que le Slave parlait justement de Lady, puisqu’il était inconcevable qu’il prenne sa petite sœur pour sa mère, mais, tendu et nerveux, il avait dû prendre sur lui pour ne pas le choper au col, et l’entraîner dans une rixe brutale. Tout se paierait, le moment venu.

Lorsqu’il eut fini les points et couvert la plaie, il se laissa tomber lentement sur le flanc, au côté droit de la belle, dans un mouvement léonin. Il songea à ces fois où, les yeux dans les yeux, ils se tenaient tous deux ainsi et se regardaient silencieusement, à ces instants où il passait son pouce sur sa pommette, lentement, avant de poser un baiser sur le bout de son nez.

Claire ne pouvait pas mourir, après avoir donné vie à la partie la plus humaine de lui.

Il se blottit contre elle, glissa son bras autour de sa taille, prenant garde à ne pas appuyer sur le bandage ; la tête posée sur son épaule, le visage enfoui dans son cou, il y avait dans l’attitude de Serg’ le désir de ne plus la lâcher, et de rester là, jusqu’à ce qu’elle bouge. Et malheur à quiconque tenterait de l’en empêcher. Il approcha ses lèvres de son oreille, et commença à lui raconter pourquoi elle ne pouvait pas l’abandonner, ses mots se faisant autant d’appels de détresse. Peut-être est-ce à l’entendre qu’elle le visualisa dans son esprit, alors. Ou pas. Mais toujours est-il qu’à rester là, comme ça, à tenter de la réchauffer, résolu à ne pas s’éloigner de son corps, les yeux clos et les lèvres tendres, il continua à lui parler, encore, et encore.



[Songe d’un futur d’été]


Le Sergueï de la tête de Claire avait l’allure du Lion ; semblable en tous points. Figé d’abord, il ne bougea pas comme elle tournait autour de lui.

Ce n’est que lorsqu’elle se planta devant lui, et releva les yeux vers les siens que ceux-là prirent vie, pétillants comme au plus complice et aimant des instants. Il écouta, sourire tendre et amoureux aux lèvres, ses mots, chacun de ses mots… Et quand elle eut fini, leva doucement sa large main pour la poser à la petite joue féminine, et imprimer ce petit mouvement du pouce qu’elle connaissait bien. Il pencha la tête, appuya son front au sien et demeura silencieux quelques longues secondes, avant de murmurer :


- Tu ne peux pas nous laisser. Pas nous. Celui que je suis devant toi, ce n’est pas celui que je serais dans la vie. Dans notre vie. Prends ma main, prends ma main, mon Goéland. Laisse-moi te montrer.

Il entremêla les doigts de sa main droite aux siens, et leva le bras gauche, pour bouger sa main, dans le mouvement que l’on ferait pour dessiner un arc-en-ciel. Aussitôt se dessina une scène devant eux.

Leur première rencontre. Cet instant où, parfaitement nu, le bout d’anatomie cruciale camouflé derrière une table, il lui avait parlé, tentant de noyer le poisson. Le Sergueï maître de cérémonie tourna le visage vers celui de la Claire spectatrice, et lui fit un clin d’œil, comme celui, acteur, passait la main dans ses cheveux avec nonchalance, les joues rosies de l’effort passé et de la honte de s’être fait surprendre avec une autre femme que sa compagne d’alors.

La première scénette disparut au profit d’une deuxième, où les deux se chamaillaient à propos d’une « touffe », cette écharpe en – en Dieu sait quoi, d’ailleurs -, jeux de mots, taquineries, provocations, mais déjà, le sourire d’un Sergueï fringuant parfaitement séduit, faisant tout pour montrer le contraire.

Troisième moment, la danse, ce tango, cette sensualité, cette séduction-attraction- répulsion, mais cette invitation, vers un ailleurs commun. La pluie, les vêtements trempés, mais la chaleur de l’autre ; les perles du ciel dégoulinant de la chevelure, et ce premier baiser, puissant, vibrant, scellant la promesse d’une union des êtres, plus que celle des lippes.

Quatrième scène, celle de la vie à deux, des moments simples, entre joie certaine, tendresse mutuelle, et petites chamailleries de couple n’ayant pour seul but que de les rapprocher encore. Une nuit à garder la petite de Beren, et cette main de Sergueï qui se pose, pendant son sommeil, au ventre d’une Claire dont il est follement épris.

Cinquième peinture, celle de l’après, de l’avenir, de l’évolution. Pour celle-là, le Sergueï guide vient de placer derrière sa belle, et enlace sa taille, déposant la tête sur son épaule. Le voilà qui décrit ce qu’ils voient tous deux. Désignant la petite fille blonde aux cheveux bouclés qui pointe bientôt le bout de son nez entre eux deux, qui court partout en riant à la volée et prend bientôt les mains d’un petit garçon, plus jeune, pour l’entraîner dans une ronde sororale, il entame, en murmurant :


- Regarde… Macha… Et derrière, Alexeï… Regarde ton ventre rond de vie… Te souviens-tu, nos projets ?

La dernière scène les dépeint vieux, lui, cheveux blancs brillants, elle, tempes grisonnantes mais la chevelure ébène encore visible, comme un défi au temps qui passe ; allongés, tous deux, enlacés, et périssant du même temps, dans un sommeil sans heurts, mais ensemble.

Le Sergueï de songe repasse lentement devant Claire, et caresse bientôt la bague offerte et qui trône à son doigt, avant de poser un petit baiser sur son front, et de prendre la parole :


- Oh, mon amour, ma chérie ; j’ai longtemps crevé de ton absence, de ta main qui me touche, un long, long moment de solitude. Et le temps passe, si lentement, et pourtant, il peut tant faire… Es-tu toujours mienne ? J’ai besoin de ton amour, oh j’en ai besoin, Dieu fasse que tu m’aimes… Claire… Les rivières de tes yeux sont ma mer à moi, et tu le sais, n’est-ce pas, que je t’ouvre les bras ? Et tu auras beau me crier de t’attendre, qu’en me suivant, me rejoignant, tu rejoins ton foyer*… ce n’est pas le moment. On a tant de choses à vivre, encore, tellement… Es-tu toujours mienne, comme je suis tien ? Désires-tu cette vie, à mes côtés ?

Prenant ses deux mains avec tendresse, il plongea ses yeux dans les siens, et entama la suite de son discours :

Claire Breydel, Dame de Cabanac, je te prends pour femme, pour épouse, pour amante… pour tout ce qui est toi, pour t’avoir et te garder, veiller sur toi dans les tourments comme dans les bons moments… te soutenir, marcher à tes côtés, connaitre tes peurs et tes pensées, partager tes joies comme tes peines… je te prends mon autre moi…



... Mais la mort ne sera qu’un commencement. Reviens au monde, et vis tout cela ; nous aurons bien le temps quand sera venu le moment…


Scellant de nouveau ses lèvres aux siennes, il se détacha lentement, et fit quelques pas en arrière, pour appuyer ses propos**. Seul subsistera alors le murmure, l'echo : "ce n'est pas le moment, reviens au monde, reviens-moi..."


*Allusion/tradution/adaptation de la bande originale de Ghost, "Unchained melody", des Righteous Brothers.
**Voir passage vidéo précédente, 2'27 - 3'47.

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Stephandra
[Quelque part sur les routes… Et pourtant informée…]

Quelque part en pleine campagne, la jeune femme reçoit un message l’informant de combats, elle répond simplement qu’il y en a la pelle des combats actuellement, toutefois pose questions concernant ces derniers. Nouvelle missive d’une autre personne l’informant que Lady a chuté.

Première réaction, azurs s’ouvrant largement, puis frottage d’yeux, elle a du mal comprendre, relecture et cri intérieur : « NON ! NON ! P’Tain ! C’est quoi c’tte histoire ! »
Des combats oui ! Mais pour ceux qui sont amenés à se battre pas des voyageurs comme sa belle-sœur qui parcourent les routes à la recherche de elle ne sait quoi, mais qui simplement voyagent quoi !
La colère, la colère de la savoir là-bas trop loin d’elle pour qu’elle puisse la soigner, la secouer, lui parler… La colère de savoir que des vilains pas beaux puissent sans se soucier se balader impunément sans se faire poutrer !

Elle écrit à différentes personnes pour savoir, chercher à comprendre ce qu’au final elle ne comprendra pas de toutefois et elle le sait déjà, elle sait quelle réponse on peut lui faire et cela l’emporte encore plus dans sa colère.

Stéphandra marche seule, s’éloignant de ses frères et sœurs d’arme, elle a besoin de se retrouver toute seule, sa marche au départ et presque violente rapide avec de longs pas , qui peu à peu au fur et à mesure se rétrécirent, se font moins violents , pas serein non du tout… Mais elle a pris réelle conscience de l’affaire.

En son esprit le passé défile, la Bourgogne, Sémur, Julien, Lady, Rochefort, Armoria….Non ! Non ! Ils ne peuvent pas tous la quitter…Y a eu Roche, cela remonte mais elle y pense encore…. Armoria, il y a peu et en a tant pleuré .. Autun avec Aria, la rousse croisée tellement de fois, le choc quand elle a appris sa mort il y a déjà quelques temps…. Amie proche de Lady, comme Eoline mais Lady ? Non ! Lady a pas le droit ! Elle a pas le droit de partir !

Y a quelques jours, les deux jeunes femmes se sont croisées, elles ont pris le temps de papoter un peu, prenant des nouvelles de la famille, parlant un peu de passé, un peu du présent, puis Stéphandra est repartie, comme souvent par monts et par vaux ne restant que très rarement en place…
Y a quoi ? Deux, trois jours ? Quatre tout au plus, les deux avaient échangé bises et accolades de retrouvailles ! Et là, ce jour, dans quel état est Lady ? Se remet-elle ? Est-elle bien soignée ? Elle sait que Marie n’a rien, aussi elle retourne au campement, prend plume et s’applique à écrire de manière compréhensible, évitant de s’emporter…
Fini d’essuyer ses larmes et se concentre sur sa plume.




De Stéph
A Marie,…
Marie, je me soucie grandement, j’ai appris..Je sais…Enfin…Comment allez-vous ? Comment va Lady ?
Est-elle gravement blessée ? Ou …. Comment va-t-elle ?
Y-a-t-il médecin près d’elle ?
Dites-moi que c’est une blague, qu’elle veut juste me faire peur..
Dites-moi, qu’on m’a trompé que Ma Miel va bien…
Dites-moi, qu’elle chahute en taverne ses amis et les autres…
Dites-moi qu’elle respire…
Dites-moi….La Vérité !
Marie, je vous en supplie…Me laissez pas sans nouvelle…
Amicalement
Stéph.
Ps : Pouvez-vous, lire ce mot à Lady pour moi,mercé


Et de glisser sa plume sur un autre velin



Ma Lady,
Mon amie,
Ma Miel,

Alors première chose, bats-toi, ne te laisse pas enchanter par les voix qui peuvent te parvenir de l’autre monde…
Ecoute les voix des vivants qui t’aiment et te disent de guérir, de te battre pour reprendre des forces…
Ma Miel, souviens toi des moments qu’on a partagé, des coups de pieds au cul que tu m’as mis !
Aujourd ‘hui c’est mon tous de t’en coller un ! Lady réagit ! Je VEUX lire tes mots, même si c’est pour me dire que je te fais suer ! M’en fou ! Je t’interdis tu entends ! Je t’interdis de nous laisser !

Ma Lady, je t’aime comme une sœur, soigne toi et écris moi dès que possible.

Ton pot de confiture !


Stéphandra roule les deux parchemins, glissant le second au sein du premier, puis les envoie espérant que rapidement elle recevra nouvelles, bonnes nouvelles…
Une nouvelle larme vient rouler sur sa joue, le cœur serré elle observe le piaf qui se dirige dans la direction où doit se trouver sa Miel. Puis quand elle ne le voit plus, elle va s’installer au pied d’un arbre et prie pour l’âme de Lady et de ses amis, car elle n’était pas seule…


Signature en attente
Natasha
La poitrine fut oppressée comme comprimée par un poids mort...VLAaAaaaaAdDDDD !!!! ... Z'êtes MOooooOOOORTs ??... le parfum était entêtant… comme la voix qui résonnait dans le lointain et qu’elle reconnu, Tulipe. A-t-elle sourit à cet instant ? Peut-être, la borgne gardait cette fraicheur candide qui l’amusait toujours et provoquait souvent l’hilarité de l’irascible… Un hurlement, encore, et l’impression de flotter dans les limbes ; la douleur se réveilla à l’instar de la voix fraternelle… « Je suis fatiguée, tu sais… pas l’heure non… je me repose… juste un instant, oui, encore un instant »… Le temps semblait s’être arrêté, elle ne sentait plus sa jambe, seulement une profonde léthargie ; elle était bien finalement, dans cet état comateux… le timbre du lion lui parvint à nouveau, étrange et éloignée… puis celle de la rousse… « Ode, tu perds ton sang froid… »… un contact la ramena à son propre état ; un murmure qu’elle ne comprit pas, bien qu’il l’ait rassurée… une désagréable sensation, soudain ; était-ce une brulure quand il nettoya la plaie ou les piqures lancinantes des sutures ? « J’ai mal Vlad’…pourquoi t’as touché ? J’étais bien »… et cette mélodie qu’elle perçu ; la vie battait furieusement dans la poitrine du tisserand et la Platine d’en écouter la régularité apaisante.
Le sol se mit à trembler de sorte qu’elle pensa au Sans Nom… Des chevaux approchaient à vive allure en fait ; le malin attendrait son tour, la famille d’abord. La douceur l’envahit, inconsciente de sa nature ; le ton rauque du Tigre qui lui parla avant de s’éloigner… Les cris devinrent plus distincts à mesure que Chronos jouait de son sablier.

Profonde inspiration. Et les paupières s’ouvrirent sur le chaos.

Une grimace s’afficha sur le minois maculé alors qu’elle se redressait difficilement ; un grondement s’échappa des lèvres sèches, la senestre se posant sur la plaie suturée… L’onyx balaya les lieux et la conscience de reprendre ses droits ; on s’agitait autour des victimes dont elle ne voyait que les crinières, et les larmes de perler aux cils.
L’orgueilleuse s’appuya sur son frère auquel elle souffla un « merci » et se mit debout ; elle manqua de chuter, en proie à la traitrise de la jambe blessée mais se retint à Vladimir avant de saisir un manche qui trainait.
La démarche était maladroite, le front suintait et le visage reflétait de ce qu’elle dérouillait ; teigneuse, la slave n’entendait pas céder une once de terrain à la blessure… Aussi, claudicante, elle avança vers les silhouettes étendues.

Un regard à Claire et son frère lui suffit à comprendre ce qui les liait dorénavant ; il était acquis à la brune plus qu’il ne le serait jamais à sa sœur et la fière de laisser le couple sans un mot.
La miel était allongée non loin, baignant dans le carmin ; elle se laissa choir près de son amie et la regarda un instant… Un sentiment de rage lui vrilla les tripes et les prunelles embuées se posèrent sur la rousse, dans une interrogation muette ; elle se pencha alors pour poser un tendre baiser aux lèvres glacées et les larmes de ruisseler sur ses joues. Quasi inaudible, les murmures qu’elle lui glissa à l’oreille :

Lady, bats-toi… j’ai besoin de toi, je t’aime…
_________________
Ode..
Elle agonise. A trop hurler sans pouvoir franchir la barrière de mes lèvres, elle s'étouffe.
Exubérante, elle est mon autre. J'observe Lady, avec le sentiment de ne rien pouvoir faire.
Frustrante émotion, qui me donne l'impression d'inutilité.
Mes yeux se voilent à force de la fixer, comme si un clignement risquait d'arrêter le dernier battement de ce coeur si fragile.


Va voir Taros ! Rassure-le, ne le laisse pas comme ça.

Je n'obéis pas, incapable de bouger, attendant une réaction. J'en ai le souffle coupé, j'ouvre la bouche à la recherche d'air, mais celui-ci, vicié par les effluves corporelles et d'autres baumes, m'oppresse un peu plus.

Attends..

Je me fige, observant tout à coup plus alerte, le corps qui gît devant moi.
Je me penche, l'index frôle mes boucles rousses et retombe, tandis que les lèvres murmurent un enchaînement incompréhensible.
Je trésaille, tout à coup énervée. Au bord de la mort, la Miel était-elle en train de me demander des nouvelles des autres ?
Et je mens, tout en caressant sa joue.


Tout le monde va bien Lady... reviens parmi nous...

Déjà, la Miel repart, mais cette fois, l'odeur de mort semble s'être éloignée et je soupire.
Je sens la Divine s'approcher, mes jades se posent sur elle, analysent son état..

Ça va aller Nat'.. il faut qu'on aille vous soigner dans un lieu plus sûr...

Elle le sait, elle a vu, elle a compris, qu'à présent tout était dans la volonté de Lady.
Elle lui murmure quelque chose et je m'écarte, leur offrant l'intimité nécessaire, tandis que mes yeux observent enfin le spectacle morbide régnant autour d'eux.


Ne la laisse pas...

Lady était sauve.. elle allait se battre.. et surtout, elle était entre d'excellentes mains.

Tout le monde s'affaire et je rejoins les deux frères auprès d'une énième blessée : Mari. Combien y en a t-il ? Je vérifie qu'aucun autre corps ne soit délaissé, puis reporte mon attention sur la piquante brune. J'observe la bête qui veille sur elle, puis les slaves.


Besoin de mon aide ?

Bien sûr qu'ils ont besoin de nous...
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Cyana
« Chaque vie se fait son destin. »*


cocon**




cocon



Elle se laissait porter par sa voix, bercer par ses gestes… les iris le détaillaient comme il semblait si réel. Elle gravait à jamais traits et mots, gestes et expressions, et le temps aurait beau s'évaporer, les éléments se déchainer, ils resteraient là… dans son cœur comme dans sa tête. Médusée comme ravie bras tendu elle aurait pu toucher ses rêves… pleurer l'éternité de ne jamais les voir se réaliser.


Cocon


Claire inspirait doucement pesant chaque mot comme s'il eut valu tous les joyaux du Royaume. Les vœux étaient échangés, les vies scellées. Il glissait dans son dos et ses paupières se fermaient sentant ce souffle chaud dans sa nuque… la puissance de ses mains sur ses avant bras lui donnant des frissons.

Cocon


Elle sentait encore l'onde sensuelle de sa bouche sur la sienne l'écho qui l'appelait, qui l'entraînait… Tout se déroba encore une fois sous ses pieds nus et le corps encore inconscient de convulser l'espace d'un soubresaut, comme lorsque vous manquez une marche ou tombez enveloppés d'un sommeil profond.

Les voix s'entremêlaient comme les visages… les lieux, les scènes… il était là le moment où l'on revit tout ? "Moi qui suis si faible… pourquoi me tourmenter ainsi ?" Une vive douleur s'empara d'elle, allongée là… et la main qui couru jusqu'au flanc pour le voir rougir à nouveau, ses vêtements noircir et la tâche de s'étendre encore. Les souvenirs remontaient et lui explosaient au visage comme les gouttes du sang de Lady, la douleur avait figé ses membres comme la peur l'avait paralysé.

Le vermillon métallique revenait peindre ses lèvres rouges sanguines… sa peau blanchit encore un peu et le teint gris livide des cadavres macula sa peau. Ses iris se ternirent et le froid s'imposa.



Cocon


Le paysage brouillé se brossa peu à peu comme elle tentait d'ouvrir les paupières… les cils flottaient sous la recherche des yeux. Elles s'ouvrirent grands les pupilles se resserrant aussitôt et Claire de prendre une grande inspiration . Et le silence.


Plus rien à part le silence.


.



.



.


Les minutes passaient et le cœur de vibrer à nouveau sous la poitrine -cocon- et chercher son rythme… il courrait, tambourinant, indiscipliné, indécent -coc' co-cocon-cocon- Il accélérait comme il ralentissait… abreuvait le petit corps étendu entre les bras du lion. -cocon- Le sang coulait à flot dans les veines comme dans les artères, l'air perfusait dans les alvéoles, bronches et bronchioles et s'immisçait au plus profond des poumons -cocon- Et il battait encore plus vite car le temps était précieux… le temps c'était la vie.



cocon


Et la peau se recolorait doucement comme le cœur s'agitait -cocon-cocon-cocon- il luttait encore, ce combat contre les grains de sables qui tombent du sablier. Il avait peur il était lancé tel un cheval au galop, il martelait contre la poitrine contre les tempes… pulsait aux extrémités palmaires. Il dansait, il narguait la mort.



cocon




cocon




Les images devenaient plus fluides comme le son se propageait à nouveau dans le pavillon, l'onde du marteau à l'étrier et imprégnait la petite tête brune.

"Ne vous tenez pas devant ma tombe en pleurant.
Je n'y suis pas, je ne dors pas.
Je souffle dans le ciel tel un millier de vents,
Je suis l'éclat du diamant sur la neige,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis les champs de blé.
Je suis le silence du matin,
Je suis dans la course gracieuse
Des magnifiques oiseaux qui volent,
Je suis l'éclat des étoiles dans la nuit.
Je suis dans chaque fleur qui s’épanouit,
Je suis dans une pièce tranquille.
Je suis dans chaque oiseau qui chante,
Je suis dans chaque belle chose.
Ne vous tenez pas devant ma tombe en pleurant,
Je n'y suis pas. Je vis encore."***


Et Sergueï et Marie au dessus d'elle… la respiration qui la faisait grimacer à chaque nouvelle inspiration mais la quiétude avait gagné tout son saoul. La douleur n'était rien tant qu'il était là… son lion. La main se soulevait, le geste encore mal assuré et tremblant et poser ses doigts contre le derme de sa joue humide. Jamais alors elle ne se sentit aussi vivante. les lèvres s'ouvrirent doucement comme la crispation enveloppait le visage porcelaine.


- Je... vis.. encore...


*Henri-Frédéric Amiel
**Référence au film dirty dancing traduisant là les battements du coeur
***Do not stand at my grave and weep de Mary Elizabeth Frye

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Nikolai.
Le sombre est penché sur la brune, les gestes sont lents mais assurés, sans violence et tout en retenue comme il dénude le corps meurtri. Le sang couvre la peau, fins pétales vermillon qui se craquèlent par endroit, là où le fluide stagnant s’est durci, alors qu’il ruissèle ailleurs, comme pour interdire aux prunelles métalliques de discerner la plaie, les plaies peut-être. La paluche se pose sur le front pour en dégager les mèches, le teint est livide et le slave d’échapper un soupir alors qu’il croise le regard de son frère, un sourire d’encouragement s’affiche sur le visage dur :

Vois c’que tu peux faire Vlad’…


Le Tigre se redresse alors, l’acier sur la Renarde qui s’est approchée, un hochement de tête en guise de remerciement, pas d’ironie, pas de sarcasme, comme il redevient inaccessible, glacial diront certains. Il s’efface, l’invite d’un geste et lui murmure en prenant soin de ne pas la toucher :

Faites ce qu’il faut pour la sauver, c’est Sa jumelle.

De sa haute stature, il observe l’ampleur des dégâts en grondant sa colère sourde. L’allure féline, il se meut dans le chaos, l’argent glisse sur la souffrance comme le vent dans les tignasses. Le slave s’arrête près de Marie à laquelle il souffle quelques mots de soutien, il scrute son frère qui psalmodie au creux de Claire et lui offre ce sourire empreint d’une tendresse discrète avant de s’éloigner.
Bientôt, il rejoint sa Précieuse et s’immobilise à ses cotés, un coup d’œil à sa blessure alors qu’il l’enlace d’un bras autoritaire et le regard de revenir sur la miel. Les doigts effleurent le front cendré comme il soulève la tête féminine avec délicatesse, la repose sur ses genoux pliés et lui baise une tempe. La voix rauque de se vouloir rassurante à l’attention de sa sœur :


ça va s’arranger Tacha, elles sont fortes… se sont des louves.

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Vladimir..
Il hoche la tête en direction de son aîné. Il s'attarde un instant sur ce sourire qu'il ne croit déceler pour la première fois, et ça lui donne cette sorte de courage. Le soutient fraternel et l'encouragement sous jacent qui repousse ses limites.

- J'y vais de ce pas Nikolaï

Là aussi il assurait de faire son possible. Il se redresse comme il replace le tissu de ses braies aux genoux. Il prend soin d'examiner Tulipe du regard s'assurant que tout va bien pour elle, sa main se pose en une douce caresse sur son épaule avant de lui sourire.

Ensuite, Il glisse les yeux sur les inconscientes qui semblent déjà reprendre des couleurs. Voilà une moins sombre issue que celle qu'il s'était déjà imaginé voir. Il y a de ceux qui voient le verre à moitié plein, d'autres à moitié vide. Il est de cela ce Novgorod là, pessimiste car tellement déçu par le passé il préfère imaginer le pire.

Il enjambe le sol souillé à grands pas comme il s'éloigne de la scène du crime. Il inspire et jette quelques regards en arrière, le cœur serré comme il a le poing sur la poitrine le sentant évoluer sous la chair.

Il s'arrête un instant lorsqu'il voit le nouveau corps. Décidément la surprise sera toujours là même, le dégout et le cœur qui se lève. Les yeux larmoient et la main se plaque retenant un contenu pourtant déjà vidé. Mais il s'agenouille tout de même, même s'il sent les iris du loup planté sur son dos. L'échine frissonne comme la main tremble. L'animal à prit cet air de défense du maître.

Le slave ferme les yeux se murmurant sans relâche que ça n'est rien, qu'il n'entend rien, et que les grognements qui montent ne sont que le vent qui porte dans les feuillages de l'arbre tout proche. Il sursaute au moindre bruit. Il tente de se convaincre mais… il ne les a pas rêvé ces canines luisante à la face de la lune, ni ces yeux injectés de sang. La fourrure massive et les pattes énormes dont les griffes auraient raison de lui en un rien de temps.

Il se tourne vers Ode qu'il ne connait que très peu et tente de croiser son regard. Que doit-il faire ? ou dire ? il l'ignore il reste là dans le mutisme à la regarder.

Il expire prenant la main de la brune et attend quelques secondes. L'éclair qui le foudroie ou la bête qui lui a sauté au cou pour trancher sa jugulaire. Mais ils ne viennent pas. Il laisse courir ses doigts sur le vêtement souillé il presse doucement avec le tissu lacéré pour éviter que cela ne coule d'avantage.

Cette louve là, il ne la connait pas et pourtant il a comprit en un regard de son frère l'importance de la sauver. Alors il s'affaire comme il peut. Peut être que la rousse saura quoi faire
Marieladamnee
Claire, Lady et Natasha avaient repris conscience. Maribel était soignée. Tout le monde était en de bonnes mains, la pression retombait pour la brune laissant place à une colère sourde. Elle prépara la charriotte pour accueillir les blessées. Elle avait hâte qu'ils partent de là pour amener les filles en des lieux moins austères et inhospitaliers.

Elle récupéra tous les chevaux pour les faire boire et les nourrir. Seule manquait à l'appel la jument de Claire " Lune ", tombée au combat. Les montures étaient encore un peu nerveuses. Partir de là leur ferait du bien à elles aussi. Elle se posa dos à un arbre à distance de sa famille et les regarda. Chacun s'affairait dans un ballet parfaitement chorégraphié. Dommage qu'il faille si triste évenement pour ressentir une si belle cohésion. Les bouleversements récents de la famille étaient à présent aplanis et elle ne put retenir un sourire en se disant " ça c'est les miens ". Elle n'était pas peu fière.


Mais elle avait toujours une boule sur l'estomac, qui grossissait petit à petit. C'était une sorte de mélange de culpabilité et de rage. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était sa faute et que c'était pas juste que ce soit les autres qui prennent alors que tout était de sa faute. Après tout c'était bien les amis du "Clébard" qui les avaient agressés. Sa haine montait peu à peu jusqu'à lui laisser un gout amer dans la bouche. N'y pouvant plus, elle jeta un dernier regard sur la scène avant de s'élancer en courant vers son destrier et de la lancer au galop vers Rodez.


Dans sa tête, des mots résonnent, un hymne à l'amour, à la mort, au combat.


Tremblez, coqueberts et boursemolles
L'opprobre de tous les pays
Tremblez! Vos projets de mortaille
Vont enfin recevoir leurs prix!
Je suis vivante pour vous pourfendre
vous faire tomber, et vous bouter.
Et si vous atteigniez mon âme tendre
Mes frères et soeurs me vengeraient. *


Sourire au lèvre, farouche volonté en bandoulière, l'Infernale fait route avec le profond désir de faire payer à ce comté, le prix fort pour ce qui s'est passé.


* 4ème couplet de la marseillaise revisité par moi

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Ode..
C'est dans les cas les plus extrêmes, que la vraie nature de l'Homme se fait savoir.
La Famille, plus qu'un lien de sang, un lien de coeur. Ici, j'en étais témoin.
Plus de places pour les chamailleries, les injures, les railleries. Juste une simple et parfaite cohésion entre les membres de la meute.
Un regard, un geste, un battement de cil, suffisait à faire évoluer tout le monde pour obtenir le résultat le plus efficace.
Enfin, je trouvais ma place. Mes quelques connaissances prouvaient enfin mon utilité, tandis que je m'agenouillais auprès de Mari, en face de Vladimir.
J'appréciais le tact du Tigre, j'appréciais tout autant la confiance qu'il venait de m'accorder. Sa froideur n'était autre pour moi, qu'une résorption de sa haine à mon égard.


N'en profite pas.

Mais je n'étais pas du tout d'humeur à profiter de quoique ce soit.
J'offrais un sourire au slave, et posais mes mains sur les siennes pour l'apaiser. La panique se lisait sur ses traits et il ne fallait pas qu'il craque, pas tout de suite
.


On va y aller doucement Vlad... retire les lambeaux de tissus qui ont pu pénétrer dans les blessures s'il te plait, je vais nettoyer, nous pourrons recoudre ensuite. Ça va aller ?

J'étais épuisée. Mes sautes d'humeurs s'intensifiaient avec le stress, et sa voix à Elle me demandait bien plus de concentration.
Aussi, j'avais put être odieuse avec Taros, et à présent, prévenante avec Vladimir.
Mais, instable, la frénésie et l'urgence de la situation ne me garderait pas longtemps indulgente.
Je cherchais à tâton le pouls de la sulfureuse, léger lui aussi. Le sort s'acharnait, et je poussais une mèche du visage fiévreux dans un soupir.


Mari, écoute ma voix, tu as mal, mais reste-là.

Faussement calme, la migraine pointant son nez, je suivais chaque geste du Novgorod pour alcooliser les chairs et les laver, avec le peu de moyens que nous possédions, en ignorant les soubresauts du corps, brusqué par le désinfectant improvisé.
La partie ne se terminait pas ici.. les choses pouvaient encore virer mal après les soins... et cela annonçait des jours chargés pour quelques temps encore.


Laisse moi revenir.. je peux finir.

Une fois encore je l'ignorais. Il n'était pas temps d'être faible.

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Laryssa.
Morts ? Pas encore. La Blondine aurait dû se douter qu'un Novgorod ne crève pas si facilement.
L'oeil valide s'écarquille, croyant un instant vivre un de ces contes horribles, racontés dans certaines foires, au sujet de morts qui reprennent vie et qui tuent les blondes parfaites comme elle.
Comment ça elle a un peu remanié la fin ? Ben oui, sinon il n'y avait aucun intérêt à l'histoire, les morts qui revivent peuvent bien se repaître de qui ils veulent et il n'y avait pas de quoi la faire flipper.

Bref, Tulipe s'affole un peu, gesticulant les bras en l'air comme à chaque fois qu'elle panique, puis se calme, en sentant la main de Nikolaï, puis de Vladimir.
Oui car apparemment, les "morts-vivants" ne sont pas sensés l'apaiser.. donc, grâce à son intelligence sur-développée, elle parvient à en conclure qu'ils ont juste fait les faux morts, comme les lézards qu'elle essayait d'attraper dans ses périodes d'ennui mortel...

Natasha et Vladimir, les lézards. Elle ne se privera pas de leur faire remarquer, d'ailleurs, la Lippe ouvre la bouche pour faire part de sa théorie grandiloquente, mais se rend rapidement compte que plus personne n'est à ses côtés.
Non en fait, y'a plein d'autres faux morts partout mais ils font tous ça mieux encore que les deux Novgorod.


Oh oh, j'saurais pas dire qui va gagner tiens !

Tutu se laisse glisser entre sa coupine Pa, et sa maman Lady, près de leur pieds et les guette.

Han !! Allez debout, on a pas qu'ça à faire ! Dites allez réveillez vous hein !

La jeune greluche pose une main sur la jambe de chacune et les caresse, secoue un peu, tandis qu'elle réalise, avec un peu de retard, la gravité de la situation.

Pa !! Réveille-toi brunite ! Allez, j'te prèt'rai mon Blond, l'est plus confortable s'tu veux !! J'te paye même à boire !

Lady !! S'te plait, j't'ai pas fait assez d'bisous ! t'veux une robe ? J"te donne ! T'veux un bisou pour t'réveiller ? Han mais si c'lui d'Nat' marche pas, l'mien non plus alors..


Et de laisser couler des larmes, de son oeil unique. L'émeraude noyée, tandis qu'elle sanglote bruyamment.
La tête se tourne et plus loin, aperçoit le corps de celle qu'elle a tété et cette fois c'est des torrents qui s'écoulent sur le visage juvénile.


Vont toutes mourir !!

Et une petite pensée qui s'immisce au milieu du chagrin de la blondie paniquée "En plus Mari d'vait me téter moi aussi après...".

Oui, c'est un fait, le sens des priorités est à revoir chez Tulipe.

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Taros
Le Tablier, penché sur son chaudron, tout le corps à l'aguet d'un signe du retour à la conscience de la Miel, remuait sa préparation, pensif. Sitôt qu'un bruissement, suivi d'un vague murmure l'alerte, le voilà penché sur la Belle, son regard plongé dans le sien, ses yeux reflétant son soulagement de la voir enfin consciente. Sa main caressant tendrement sa joue, lui soufflant doucement :

Lady... Lady... Je t'aime... Si tu savais comment...

Long soupir, alors qu'elle retourne aux ténèbres réparateurs. La sachant sauvée, revenue, l'Imberbe s'autorise à nouveau à penser aux autres, ramené du même coup à l'herbe par le grésillement de son breuvage qui déborde de la marmite dans le feu. Il y retourne aussitôt, vidant le contenu du chaudron dans une gourde, puis rejoint le Lion, lui tendant la gourde...

T'feras boire ça aux blessées conscientes... C'contre la fièvre.. Je vais leur préparer un truc pour la douleur...

Taros de retourner ensuite à sa besace, d'en tirer une bourse en cuir et d'en extirper une petite boule de pâte brunâtre, trop petite à son goût. Il lâcha un juron à voix basse, quel fou qu'il avait été de piger dans ses réserves. Le médicament si rare n'aurait jamais dû servir à apaiser la douleur de son coeur. Il entreprit de le séparer en 4 morceaux plus ou moins équivalents et de les délayer dans du miel. Il leur donnerait plus tard, quand ils seraient au calme et que la douleur ne serait plus supportable pour les Louves. Un coup d'oeil autour le rassure sur les soins prodigués à Maribel et l'état des autres rescapés et il s'en retourne vers sa monture, laissée plus loin qui ne manquerait pas d'être utile pour ramener les autres.
Alizea.
Des semaines, que dis-je ? Des mois qu'ils s'emmerdaient royalement dans des villes plus mortes les unes que les autres. Et quand par chance, ils croisaient enfin du monde, ils tombaient à coup sûre sur les simplets du village.
Cela exaspérait l'envoûtante qui c'était faites de plus en plus discrète. Mais il y avait une raison à cela. Il y avait à peine quelques mois qu'elle avait été sauvée d'une mort certaine et son corps était devenu faible. Il lui fallait impérativement remédier à cela. C'est pourquoi, elle avait un peu délaissé les siens pour s'entraîner et muscler son corps, afin de le rendre moins frêle et fragile. Le départ avait été annoncé et ses efforts avaient fait leur effet. C'était une Ali bien plus forte et plus agile qui se présenterait devant eux.

Le soir venu, elle avait scellé Wind sa jument et y avait accroché ses effets. Elle avait rejoint le reste du groupe, un baiser à son tigre qui s'était positionné en fin de marche et avait rejoint sa brune qui avait prit la tête du convois. Le départ fût rapide et elle avait vraiment hâte d'arriver pour quitter ce trou à rat. Elle n'était pas très optimiste sur le fait que se serait moins ennuyant ailleurs. Mais qui sait après tout ? Peut être que si.

Tout avait l'air de se passer à merveille quand le changement d'attitude et l'inquiétude de sa brune se fit sentir. Ni une ni deux le groupe fendit l'air à la rencontre du reste de la meute scinder en deux autres groupes. Elle ne s'attendait pas à voir une telle scène. Sa famille à terre, le sang. Elle descendit, se précipitant auprès des corps, la gorge serrée, priant intérieurement que se ne soit qu'un cauchemar et que ses soeurs louves allaient s'éveiller. Malgré les haut le coeur qui menaçaient à chaque seconde de lui retourner l'estomac, elle filait entre les blessées essayant de se rendre utile, en vain. Elles étaient déjà entre de bonnes mains. Un soulagement quand elle aperçue la platine se déplacer, c'était loin malheureusement d'être le cas pour les 3 autres.

Un sourire de réconfort au lion quand elle passa près de lui, pour lui dire de ne pas désespérer, que sa brune serait sauvée. Puis elle observa de loin la Miel, ne voulant pas déranger la Platine. Son état semblait des plus critiques, mais elle la savait forte et elle savait qu'elle lutterait pour ne pas les abandonner. Puis plus loin, Maribel. Les paroles prononcées lors de leur rencontre ne lui avait pas laissé une très bonne impression. Mais de la voir baignant dans son sang, Ali avait ressenti la même douleur et la même tristesse qu'elle avait ressenti en voyant les corps de Claire et de Lady. C'était ça d'appartenir à une famille. Des rires, des disputes, des discordances et pourtant un amour incommensurable et une dévotion sans limite envers chacun de ses membres.

Elle laissa Vlad et Ode s'occuper d'elle et rejoignit sa brune, la serrant un long moment avant de l'aider à préparer le nécessaire pour transporter les blessées. La rage et la fureur avaient fini par remplacer les nausées. Elle avait lu dans les yeux de sa brune ses intentions et quand elle l'a vit s'élancer en direction de Rodez, elle ne perdit pas de temps, enfourcha Wind et galopa à vive allure derrière elle. Ils paieraient ce qu'ils avaient fait. Elle était prête à rendre chaque coup donné au centuple.

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