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[RP] Quand l'azur se fait enterrer...

Gypsie
Ainsi un jour de printemps, Gypsie apprit de le bouche de son ami Rick qu'elle était grand mère. Comme ça, devant le cadavre de la mère. Lueur dans ses yeux aussi fugace que son sourire. La colère grandit et les poings se serrent. En savoir plus, mais ce n'était pas le moment, plus tard...

Nuit longue, très longue, poursuivie de cauchemars et images sordides. Si ce n'était le fils à la gorge tranchée, c'était le petit enfant qu'on étouffait dans son sommeil. Oreiller pressé sur sa petite figure, maintenu par les mains d'un criminel réclamant justice, prenant la vie au responsable de la mort d'Apolonie. Car qui pouvait bien l'aimer cet enfant, là bas, à Varennes. Qui pourrait aimer un enfant que la mère ne désirait pas et insultait, lui qui n'avait rien demandé à personne et certainement pas de naitre dans ces conditions, à prendre sa première bouffée d'air au parfum d'orphelin.

Colère aussi contre tous ceux qui de là bas n'avaient pas eu la délicatesse, l'attention d'envoyer messager ou pigeon à Clermont. Egoïstes. Pensaient-ils avoir l'apanage de la peine et du chagrin ? Fallait-il que les autres, les amis, les sentinelles, Jazon!, apprennent le décès d'Apolonie par un domestique qui par chance avait trouvé affiche posée sur la place publique ?

Sotte que tu es, qu'attendais tu donc de ces gens " passés " à l'enterrement de ton fils pour se précipiter à Varennes. Ils n'aimaient pas Alayn, avaient bien su le montrer, alors son enfant...
Qu'ils lui amènent, celui dont elle vient d'apprendre l'existence, de la bouche du diacre, et elle s'en occupera, lui donnera tout l'amour qu'il mérite ce petit être.

Le lendemain, mélodie de bronze survolant le domaine les accueille à Cournon. Marche lente jusqu'à la chapelle où difficilement elle lache la main de Jazon. Prenant celle de son fils qui passe bien trop de temps devant des cercueils. Un baiser et Gypsie s'éloigne, entre dans la chapelle déjà pleine de monde. Des visages connus, d'autres pas, la vicomtesse les salue d'une inclinaison de tête et s'installe sur un banc dans les premiers rangs.
Car aujourd'hui c'est sa belle fille qu'on accompagne vers le Très Haut. La bru à peine connue. Plus connue par ses actes et toutes les rumeurs qui ont pu circuler sur cette personne si pleine de vie. Et Gypsie se demande qui elle va rejoindre là haut, si elle va retrouver Alayn...

Sur ses genoux Gandelin regarde autour de lui, les décors, les statues, les gens et imite sa maman quand elle lui répond en chuchotant. Amour d'enfant qui ne ressemble en rien à Alayn. Un petit Marigny, comme son père.

Et chacun d'attendre, au milieu de sanglots et reniflements, l'arrivée du cercueil porté par les chers de la défunte. Grande émotion pour Jazon, fier et malheureux à la fois de porter la bière d'Apolonie. Et qu'il vienne s'assoir près d'elle, lui prendre là main, et être là, tout simplement.
modsognir
Le ciel s'était éclairici le matin. La nuit avait été rude, le vent s'était soulevé laissant s'envoler les premières fleurs des arbres fruitiers. Eux aussi ils voulaient aller voir d'autre horizon. Le vent soufflait dans les bruits créant des bruits qui effrayait le simple manant. Les arbres vacillaient, ne sachant que faire.....résister ou vivre. Certains désidèrent de résister, d'autre de se coucher....cela était bien le mot, se coucher. La lune était clair laissant une lumière sur le chemin du domaine des Cournon. Modsognir était parti la veille, tant de routes il lui restait à faire. Il se camoufla du mieux possible durant la nuit avançant avec son cheval avec difficulté mais il devait avancer, cela ne pouvait être autrement.
Par moment, l'ami leva sa tête vers le haut cherchant un guide, une écoute.....il ne trouvait que les nuages et cette lune. Il rebaissa aussitôt la tête continuant encore et encore son chemin vers Cournon.

Le matin commencait à pointer peu à peu, le soleil gagnant sa bataille contre la lune, le bleu du ciel contre les nuages et le calme contre le vent. Le trot se fit plus amples et plus rapide, la journée s'annonçant en meilleure état que la nuit......du moins le temps laissait penser cela, le coeur de l'ami pensait tout autre : un mélange de peine, de vacillement, d'arrêt, de lourdeur. Plus le sentiment de sentir se rapprocher de l'endroit fatidique, aujourd'hui c'était bien cela malheureusement, plus l'esprit se brouillait et les pensées filaient. Le souvenir de la première discussion, souvenir du charme de l'un sur l'autre, souvenir de rire, souvenir de partage, souvenir de respect, souvenir d'apprentissage.....tout cela était Apo, l'Apo comme il fallait dire tellement elle était unique. Il voulait garder cela pour lui jalousement comme tous les bons souvenirs qu'il avait.

Le chateau se dessina au loin. Il descendit de son cheval et avança vers les grilles dont il connaissait bien. On sentait le lieu en berne, comme une parenthèse à la vie qu'on faisait. Il entra dans le domaine se rendant de suite vers la chapelle. Il vit ses amis les plus proches présents comme il se doutait. Il fit quelques pas en leur direction s'efforçant d'esquisser un sourire. Cela devait se voir qu'il se forçait.....mais n'était-ce pas ainsi pour tout à chacun? Il se rapprocha d'Alethea qui se tenait quelque peu à l'écart. Il posa sa main sur son épaule la regardant dans les yeux n'osant dire un mot de peur.......de peur de quoi? Question étrange oui mais il ne put dire mot
Cymoril
Un long soupir échappe à la jeune labritoise tandis qu’elle pénètre discrètement dans la chapelle.
Une première depuis ses toutes jeunes années en Bourgogne à dire vrai. Pas son truc les églises, déjà qu’elle en voit une à longueur de temps par sa fenêtre quand elle est chez elle…


Elle se glisse dans un coin sombre, pas franchement vêtue pour la circonstance mais elle n’avait pas vraiment eu le temps non plus, et puis Apo s’était toujours balancée des apparences, alors ses vêtements poussiéreux de la route feraient très bien l’affaire.

Un rapide coup d’œil lui permet de constater qu’elle ne connait personne au final… Pourtant certains proches d’Apo devraient être là, mais bon, qu’est-ce qu’elle en sait après tout.

Manque l’écuyer, d’ailleurs elle l’a prévenu, s’il ne venait pas il aurait droit à un bottage de cul dans les règles de l’art. Dire qu’à la réception du courrier lui annonçant la mort de la moulinoise son premier réflexe avait été de lui écrire à lui, sachant bien dans quel état de détresse il allait être



Tiens… finalement une tête connue… Pas un ami, mais en cette heure il n’est pas vraiment un ennemi non plus, l’ex capitaine gascon.

Tant de tristesse accumulée en un lieu si restreint. Chacun des présents avait eu une parcelle d’Apo, ils étaient à eux tous la mémoire vivante de celle-ci. Tous ici réunis, et tant d’autres encore à venir.
Ou pas..

Souvenirs de la roulotte qui remontent à la surface… Les convalescents de Labrit… là elle s’était mis à dos la plupart de ses concitoyens qui n'avaient pas compris qu’elle préfère la compagnie des méchants guerriers venus dévaster leur ville plutôt que la leur. Comment auraient-ils pu comprendre d’ailleurs…

Où sont-ils les compagnons de l’ambassadrice de l’époque ?
Que ne sont-ils là à lui dire un dernier au revoir, à lui souhaiter bonne route peut-être pour un éventuel ailleurs…

Le myrmidon Cartel qu’elle est ne sait même pas dans quelles circonstances Apo a trouvé la mort, le courrier ne disait rien à ce sujet ; mais qu’importe après tout de savoir.
Elle est partie…

Dans sa main, une rose à peine éclose, qu’elle essayera de déposer plus tard, à l’abri des regards. La dame d’Orval saura, et comprendra… où qu’elle puisse être.



Le cercueil est avancé.

Moment d’une solennité rare, intense… La douleur ressentie en ces lieux est presque palpable, que ce soit par les larmes ou par une façade impassible, chacun exprime la sienne de façon différente, mais bien réelle.
Rexanne
Le triste jour de la cérémonie, tintement funeste du glas au vent…

Brave bête que le cheval volé au départ de Bourbon… Après l’avoir menée à bâtons rompus au domaine de Varennes où la faisait mandée son amie sur le point de donner la vie, c’est maintenant sur les chemins conduisant à Cournon que le canasson docile trottinait allégrement lui, menant une brunette au cœur lourd une dernière fois vers cette même amie à qui l’on a ôté la vie….

En retard, elle savait qu’elle le serait, elle savait qu’elle l’était. Pourtant elle ne pressait pas sa monture. Trop tard, c’était de toute façon trop tard. Sa défunte amie ne serait pas courroucée de son retard, de protocole il n’y en avait jamais eu entre ces deux là dans la Vie, ce n’était pas pour qu’il y en ai dans la Mort…

Elle avait d’ailleurs hésité à répondre présente à l’invitation qui lui avait été faite pour les funérailles. Pourquoi honorer une enveloppe charnelle en publique, plutôt que se recueillir en mémoire d’une âme pleine de vie en privée ? Les mondanités n’étaient pas trop son fort, nomade sans origine issue du petit peuple elle était plus à l’aise dans la poussière des chemins qu’enfermée dans une cage dorée. Les compatriotes elle les tolérait autour d’une chopine, cibles de son ironie mordante, sinon le restant du temps ses moutons faisaient très bien l’affaire.

Pourtant pour la seconde fois en peu de temps elle voyait devant elle se dresser un château où elle devrait une fois encore se mêler à la foule, bourgeois, nobles ou paysans, mais tous amis ou connaissances venu rendre un dernier hommage à Apolonie.

Un soupir et elle pousse sa monture hésitante à passer l’imposant portail. Un domestique quelconque vint récupérer les rênes de son cheval alors qu’elle mettait pied à terre, lourdement, avant d’avancer vers la chapelle, résignée. Pas compliqué. Suffisait de suivre la note sourde et lente qu’égrainait le glas au vent, répétitivement, comme pour enfoncer le clou et tourner le couteau dans la plaie déjà béante: Oui oui , votre amie est morte, le comprenez vous ?

Stupide cloche, cloche insensible… Cloche tout simplement….

La tête baissée, chevelure éparse et vêtements crottés avec lesquels elle avait rejoint Varennes, elle pénètre dans la chapelle, aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau. C’est que les lieu saints… eh bien elle n’y avait tout bonnement jamais posé un orteil… Une gamine qui a grandi sur les chemins de l’errance ça a pénétré dans tous les bois et bosquets mais dans aucune des églises et chapelles.

Ignorante des us et coutumes Aristoléciennes, le signe de croix passe à l’as et elle va prendre place en un coin reculé et pas encore trop peuplé… Le cercueil est fermé de toute façon et l’actrice principale a laissé s’échapper son dernier souffle de vie, fil vital qu’ Atropos l’Inflexible a déjà tranché, aucun intérêt donc à être aux premières loges.

Parmi les visages peu sont connus, quelques uns croisés au domaine de Varennes peu de temps auparavant mais l’heure n’était pas à la causette… et ne l’ai toujours pas d’ailleurs. Le visage fermé, les digues de volonté érigées pour lui épargner la honte de perles humides ruisselant sur ses joues, la brune se tenait droite, impavide, l’esprit occupé à ressasser les derniers jours écoulés, souvenirs ponctués d’une question incessante qui resterait toutefois sans réponse : Pourquoi était-ce toujours les meilleurs qui partaient en premier ?
erickou
Erickou, en silence, se recueille devant la défunte et assiste à la cérémonie.

Il se remémore la jeune femme alors qu'elle était adjointe de ambassadrice du BA en Lorraine à Verdun.

Une larme perle à ses yeux alors qu'un triste sourire ourle une nostalgique peine sur ses lèvres.
Korydwen
La baronne avait quitté la veillée assez tardivement dans la nuit, elle ne tenait plus et son époux n'était pas là. Elle retourna en son château, elle avait proposé aux invités présents une chambre qu'ils puissent se reposer si ils y tenaient. Ce fut plus tard dans la matine, qu'elle retourna à la Chapelle cette fois. Elle avait laissé un petit mot à Althiof pour qu'il la rejoigne, les place de devant, c'était impressionnant vu la personne qui allait se trouver dans le cercueil.

Le cercueil arrivait doucement, léger signe de tête aux personnes connues. Elle s'installa sur le banc, les places que Rick leurs avait réservé. Elle garda une place pour Althiof, fermant ses pensées, fixant le cercueil vide. Qu'il arrive vite, elle avait besoin de lui, besoin de sa chaleur, besoin de lui serrer la main...
Bettym
Elle avait pris la route en direction de Cournon, non pour une simple visite de courtoisie mais surtout pour rendre un dernier hommage. L'humeur n'était pas au beau fixe mais qui, à cette heure, pouvait dire qu'il l'avait, en dehors peut-être des ennemis que la jeune femme décédée avait emmagasiné durant sa courte vie. Toujours est-il qu'elle avait hésité à venir. Apolonie savait ce qu'elle pensait de la mort, elle avait maintes fois dit et à plusieurs reprises des amis communs leur disaient qu'elles étaient sans coeur mais son amie répondait toujours... "chacun ressent la peine de manières différentes". Et c'était le cas... les larmes, elle les avait toute versées pour son époux et n'arrivait plus depuis ce jour à pleurer les morts. Durant tout le trajet, elle se remémora ses premières rencontres, un sourire aux lèvres, leurs coups de gueules ou plutôt leurs mises au point... Passant les grilles, elle se rendit compte que l'heure du dernier au revoir était arrivée. Le glas lui gela le sang...Elle marqua une pause, se demandant si elle allait entrer dans cette chapelle. Elle n'en avait nulle envie, elle n'avait pas le désir d'entendre les paroles d'un quelconque représentant de l'église qui ne la connaissait peut-être pas. Un soupir s'échappa, comme un gros sanglot, un désespoir qui l'envahissait, une peine incommensurable qu'elle ne pourrait combler... Après un duel intérieur, elle s'avança jusqu'au lieu saint, chercha du regard une tête connue et reconnue et alla prendre place à ses côtés, telle un zombie...
Jazon
Jour de la cérémonie - Devant le Presbytère

Peu à peu, les gens arrivaient au domaine pour accompagner Apolonie vers sa dernière demeure.

Devant le presbytère, Jazon attendait dehors et vit nombre de personnes inconnus entrer dans la chapelle.
Il reconnut pourtant Sunie, l'écuyère d'Apo dont il avait fait connaissance à Clermont dans une bien triste circonstance.
Les dernières qui venaient d'entrer étaient Bettym et dame Kory.
Il faudrait qu'il aille saluer cette dernière qu 'il n'avait pas voulu déranger dans ses prières la veille.

Un mouvement vers la porte du presbytère et Jazon tourna la tête.
Peut être était-ce les autres porteurs qui arrivaient ?
Non !
Il reconnut la femme qui se trouvait là la veille.
Rick lui avait dit qu'elle était la filleule d'Apo. C'était elle aussi qui lui avait demandé par courrier de porter le cercueil d'Apo. Comment aurait il pu refuser ?

Il s'avança vers elle.
A son visage pale et fatigué, Jazon se dit qu'elle avait du veiller toute la nuit sa marraine.
Un homme qui venait d'arriver, s'approcha d'elle.
Jazon reconnut Messire Modsognir. L'un des porteurs si il avait bien compris. Il le salua lui tendant la main.
Puis il se tourna vers la jeune femme.

Damoiselle Alathea ?
Il s'inclina légèrement vers elle, la main sur le coeur.
Je suis Jazon Duchesne de Marigny.
Permettez moi tout d'abord de vous présenter mes sincères condoléances. Perdre une amie n'est pas facile mais.... je crois que pour vous elle était votre marraine.....?

Je ne voudrais pas remuer d'affreux souvenirs mais j'ai cru comprendre par Rick que vous en sauriez plus sur les circonstances de sa mort.
La dernière fois que nous l'avons vu, mon épouse Gypsie et moi, c'était à l'enterrement de son époux Alayn.
J'ai cru comprendre qu'elle n'y restait pas ne se sentant pas au mieux.
J'aimerais comprendre ce qui a pu se passer, d'autant qu'hier soir, j'ai pu me rendre compte qu'elle ne portait plus son enfant............
Apo était une combattante qui avait bien des fois nargué et fait plié la mort devant elle. Je ne comprends pas !

Beaucoup d'interrogations demandaient réponses.
Gypsie et lui n'arrêtaient pas d'en parler depuis trois jours, depuis que Jehan leur avait amené le parchemin placardé en place publique annonçant le décès d'Apolonie.
Et quand hier au soir, ils avaient vu le corps d'Apo, Gypsie s'était inquiété de l'état de l'enfant qui devait naitre. Elle était sa grand mère et les fibres maternelles s'étaient réveillées exacerbées sur l'existence et le devenir du fils d'Alayn.
Neils
[Quelques jours après l’annonce du décès]

Allongé dans l’herbe verdissante, l’écuyer plonge son âme de le très fond des cieux, pas de larmes, pas de sang, pas de vie.
Une pensée s’en va
« Ô Apo…Est-ce que l’âme débarrassée de son corps recouvre t’elle la liberté ? »
Un souffle caresse sa joue « oui Neils… »


[Sur le parvis de la chapelle]

Sa grande Dame…n’est plus. Son corps retourne en cette terre qu’elle a jadis foulée. Son âme se libère de cette enveloppe charnelle devenue bien trop étroite pour sa Grandeur…va noble âme…va…caresse nous de ton souffle rassurant…console nous de nos peines…Apo n’est plus…reste son empreinte à jamais dans nos cœurs.

Neils, soutenu par sa béquille, flageole. Dans sa main, une petite rose au bourgeon à peine éclos. Il devra la déposer sur le cercueil, au nom de Cym.
L’écuyer est pâle amaigri, dans un état second. Perdu l’ordre. Perdu aussi la discipline. Perdu encore son optimisme. Perdu, seul, avec sur le cœur une énorme envie de mourir. Suivre cette âme qu’il regrettera à jamais d’avoir quittée. Sa grande Dame, la serrer dans ses bras une dernière fois, lui dire merci, lui exprimer tout le respect et l’amour qu’il lui voue…trop tard…le point final est tombé trop vite, bien trop vite.

Fort heureusement, le boiteux qu’il est devenu n’est pas seul. Il est entouré dans sa nouvelle vie par le Duc d’Arnay, dont il est l’écuyer, et de la petite Louise, gamine brillante de dix ans dont il est devenu le chaperon. Tous deux on fait le voyage avec lui. Ils sont restés avec la foule d’anonymes sur le parvis de la chapelle, par pudeur, par respect et aussi par manque de place au cœur de cet édifice religieux.


[A l’intérieur de la chapelle]

Neils, fantomatique, claudique en direction de l’entrée, s’engouffre dans l’allée, affronte le silence…qui se rompt à chacun de ses pas causé par le son mat de sa béquille sur le sol en dalle de pierre.

Tac......tac......tac......tac......tac......tac

Neils s’arrête un instant dans l’allée. Ses yeux empourprés cherchent une place vacante. La chapelle est encombrée, les places rares et disparates, l’écuyer scrute, fronce les sourcils, pose son regard sur une silhouette connue…laquelle se retourne laissant apparaître les fins contours d’un visage familier…Cym…Cym la Labritoise pour qui il traversa naguère le Royaume de part en part pour graver en lui le souvenir d’un amour tendre et platonique. Cym…en ce lieu…réunis ici par la même qui les fît se rencontrer…Apolonie…Cym…
D’un coup, les émotions contenues de l’écuyer remontent avec force à la surface de sa chaire, la roulotte…les odeurs…les rires…la vie.
L’écuyer perd pied, se sent mal, il ne peut contenir les tremblements de sa mâchoire, les larmes ne demandent qu’à jaillir…le sol se dérobe, le temps est suspendu, l’assistance est irréel…tout est irréel !!!

L’écuyer tombe à genoux, enserre sa tête dans ses mains et pleure, il pleure sa Grande Dame, il pleure sa vie…il expie son passé dans un flot de larmes et de sanglots saccadés... le tout dans l'indifférence pudique de l'entourage.
Grid
[ Pas loin de la chapelle... ]

Ce jour... Cela fait tellement de temps qu'il le redoute, qu'il craint son arrivée prématurée. Plusieurs fois déjà il a eu la frayeur de le voir pointer le bout de son nez... Une fois sous le coup d'une épée Labritoise, l'autre du fait d'une lame Auvergnate. Deux causes distincts pour un résultat similaire. Une peine immense, presque indéfinissable... Mais fort heureusement, son heure n'était pas encore venue à cette époque, d'ailleurs l'ancien Duc Willen l'avait expressément annoncé à la brunette, en songe. Léger sourire à cette idée. Rêve ou réalité ? Lui aime à croire que c'est ce qui s'est réellement passé. Cela signifie que sa meilleure amie existe encore, quelque part, entourer de tous ceux qu'elle a perdu de son vivant, de ceux qu'elle aime. Maigre réconfort qui a toutefois son importance.

Car, gigantesque fut donc sa peine quand l'azur s'éteignit définitivement... Pendant plusieurs jours, un flot ininterrompu avait coulé sur ses joues. Ultime recourt pour tenter d'évacuer la douleur qui lui enserrait le cœur depuis qu'elle était partie. Un vide... Un gouffre... Ils avaient prévu tellement de choses maintenant qu'elle s'était décidée à rester à Moulins... Tout est maintenant anéanti.

Le glas des cloches sonne et résonne dans sa tête, alors posée sur un arbre auquel il est adossé. Il n'a pas encore la force de se lever. Même s'il doit aller porter le cercueil de son amie la plus chère, il n'arrive pas à ordonner à son corps de prendre la direction du presbytère de la chapelle. Il a encore besoin, un petit moment, de se remémorer les meilleurs instants passés avec elle, et d'effacer les dernières images immortalisant les derniers moments, dans cette chambre, alors que la maladie avait pris possession de la plupart de son esprit.
Apo. Avant cela, il lui était impossible de l'imaginer si faible, si chétive, si... Perdue.
Apo c'est une force de caractère encore plus prépondérante que sa force physique, c'est si souvent l'assurance, des convictions inébranlables, qu'elle est prête à défendre au prix de sa vie. Voilà ce qu'est Apo, entre bon nombre d'autres choses... Et ces dernières image qu'il a d'elle ne sont pas Elle. Cruelle ironie...

Les souvenirs de leur relation redonnent peu à peu de la force au tavernier, le voilà maintenant dressé sur ses jambes, le regard perdu dans un azur céleste bien moins saisissant que celui de son amie la plus chère. Ce regard si souvent capté, entre deux sourires ou deux rires, déjà au commencement de leur amitié. Tant de souvenirs, et si peu de temps pour les revivre...

Long soupir.

Cette fois les pas prennent la direction de la chapelle. On l'y attend, il doit transporter le cercueil pour l'ultime adieu, et certainement le plus douloureux d'entre tous. Silencieux, il passe la porte du presbytère, regard tourné vers tout et rien, très certainement humide... Léger signe de tête en guise de salut pour les personnes présentes connues, et inconnues. Il semble qu'il manque encore quelques protagonistes... Pour une fois ce ne sera pas lui le dernier arrivé.

Patience...
Hijikata
[ Du lointain jusqu'a la chapelle... ]

L'chemin il l'avait fait l'Doc... commençait a connaitre l'Auvergne... et comme ses precedents voyages... celui-ci n'augurait rien de bon... cette fois encore... il n'avait pu etre la pour son amie... cette fois encore... tout s'était mal... mais... cette fois... l'aurait pas de plaies a soigner... à dos de cheval... il était arrivé dans le domaine... morne domaine... il n'était jamais venu avant... mais que ce soit les allées... les hauts arbres... l'air... l'ambiance... les murs... tout cela n'était qu'un ecrin futile ou Apolonie allait dorenavant reposer...

L'était loin d'etre le premier arrivé... peu importe... il avait reçu une missive de la part sa fillote... celle dont elle était si fiere... lui demandant de venir en ces lieux honorer une derniere fois celle qui fut sa premiere patiente...celle qui le sortit d'une inexistance... il n'aimait pas la foule... il n'aimait pas ces rassemblements... mais cette fois... sans rechigner une seconde... besace sur l'épaule... il mit un pied a terre...

Il le savait... il n'allait surement pas connaitre grand monde... peu importe... savait meme pas ou aller exactement... le bruit... les mumures et la douleur de l'endroit allaient le guider... chaque pas effectués alourdissant le doute blottit au plus profond de son etre... si... l'avait été dans l'coin... etre en colere interieurement... trop tard... plus le moment... sortir de ses pensées a l'aide de la cloche qui resonne... un appel au rassemblement... quelques pas encore... serrer sa besace contre lui... avoir encore a l'interieur les ustensiles qui l'ont soigné... les utilise plus... un peu son porte bonheur... l'avait soigné une personne a qui il tenait enormement... une des rares personnes importante pour lui... Apo... il l'avait sauvé... à l'époque...

S'approcher des gens... lentement... une main crispée sur la besace... des gens biens surement... regarder aux alentours... il ne sait pas qui il doit aller voir... espere que quelqu'un le reconnaitra... ne plus trainer les pieds... lever la tete... se mordre la levre... l'doute et le remods sont la... regarder cette chapelle... elle est la... a l'interieur... rester la... bloquer... ne toujours pas y croire... a ce moment precis... etre sur... le comprendre... il ne la reverra jamais...
MarieAlice
[Jour de l'enterrement]

Difficile de se souvenir d'autre chose qu'un grand blanc lorsqu'elle avait reçu la nouvelle. Trop de choses en si peu de temps. Oh cela avait certes commencé par une bonne surprise, son mariage puis le fait qu'elle était enceinte. Dieu sait que Marie avait du mal à imaginer l'auvergnate épouse et mère mais elle était radieuse à son mariage.

Mais la dernière, pour le coup, lui avait coupé les jambes et la parole. Morte. Apolonie, la joueuse de miettes en taverne et grande consommatrice de miel et de tisanes.... Plus jamais, elle ne la verrait faire des tas avec le pain sur le bois souvent tâché et entaillé des tables... Plus jamais un sourire n'éclairerait le visage de la Sentinelle lorsqu'un pot se matérialisait devant elle.

Ses pensées tournaient en rond et de temps à autre, une lueur éclaircissait la sombre nuée. Marraine. De Gaspard. Insigne honneur à ses yeux, alors qu'elles auraient pu, dû être ennemies, elles étaient devenues amies. Un homme les avait réunies, à croire que c'était souvent le cas. Pensée pour une autre femme désormais allongée sous la terre, Wiatt. Les fleurs fanaient tôt cette année, bien trop tôt.

Son de cloches alors qu'elle arrivait enfin au domaine, pas le temps de se demander qui serait là, juste celui de sortir de ce coche, de saluer sans vraiment les voir les gens à l'entrée de la chapelle puis d'y pénétrer, comme un automate, pour une cérémonie, encore, mais nul sourire cette fois ne viendrait éclairer son visage.

_________________
Cymoril
Tac......tac......tac......tac......tac......tac



Elle attendait dans l’ombre que la cérémonie commence. Minutes interminables dans l’atmosphère lourde de la chapelle. Et le bruit de la béquille qui la sort de sa rêverie mélancolique. La brunette lève la tête et observe du regard la silhouette qui l’a dépassée sans la voir.

Neils…

La labritoise blêmit en le voyant… estropié, diminué… alors c’est ça qu’il lui avait caché.
Il lui avait menti, disant qu’il allait mieux, s’était remis. Le voir ainsi provoque la même sensation qu’un direct dans l’estomac.
Et une vague de colère lui monte au nez… qu’elle refoule aussitôt.


Souffle coupé elle le regarde s’avancer dans l’allée, arrivant même à sourire légèrement alors qu’elle voit ce qu’il tient en main… il y avait pensé…

Il se retourne et là, quand leurs regards se croisent elle le voit perdre pied… Trop d’émotions pour le jeune écuyer qui s’effondre.


Du coup c’est elle qui le prend en pleine gueule le retour de manivelle. Comment imaginer rester là impassible alors qu’elle le voit souffrir comme jamais. Réveil de la culpabilité de la petite demoiselle, elle et la tendresse infinie qu’elle ressent pour lui.
Elle s’avance dans l’indifférence générale et s’accroupit devant lui, posant une main fébrile sur son épaule.

A son oreille elle glisse d’une voix douce :
Alethea
[Jour de la cérémonie - Devant le Presbytère]

Au milieu de tous ceux qui arrivent silencieusement une main se pose doucement sur l’épaule de la brune. Modsognir ne dit rien et Théa n’a pas très envie de lancer la conversation. Le chambellan, le sourcier devenu un ami est un réconfort. Sa présence lui rappelle qu’elle doit réunir les porteurs. Elle cherche autour d’elle. Il y en a un qu’elle n’a jamais vu et l’autre qu’elle connaît à peine, tout juste croisé au mariage. Justement il se dirige vers elle.

Damoiselle Alethea ?
Je suis Jazon Duchesne de Marigny.
Permettez-moi tout d'abord de vous présenter mes sincères condoléances. Perdre une amie n'est pas facile mais.... je crois que pour vous elle était votre marraine.....?


Théa essaie d’esquisser un sourire. Elle ne doute pas que ces paroles sont sincères. Jaz comme disait Apo en parlant de lui faisait parti de ses très proches. Elle n’a pas pu lui parler pendant la veillée et compte bien réparer ça.

J'aimerais comprendre ce qui a pu se passer, d'autant qu'hier soir, j'ai pu me rendre compte qu'elle ne portait plus son enfant............
Apo était une combattante qui avait bien des fois nargué et fait plié la mort devant elle. Je ne comprends pas !


Il ne comprend pas. Si seulement elle comprenait, elle. Pourquoi la rousse a pu accoucher Apo, la sauver, sauver son enfant pour que, finalement, une fièvre l’emporte ? Ca fait des jours qu’elle maudit cette injustice parcourant les couloirs de Varennes pour préparer cette sombre journée. Legowen, Rexanne, Sunie ont préparé Apolonie, enfin, son corps et Théa s’est occupée du reste avec Marty… les formalités, les détails, sordides et tristes…. Il n’est pas de tache enviable dans ces cas là.

Vicomte merci.… Apolonie a bien eu son enfant. Un garçon qui s’appelle Gaspard. Il va très bien. Le Duc de Billy, qui est son parrain, a fait venir une nourrice qui s’en occupe. Elle a été installée à Varennes…. Mais… c’est une terrible fièvre qui l’a emportée plus d’une journée après la naissance. Tout ce qui était possible a été fait. Elle était faible et malheureusement…

C’en est assez ! Si la filleule continue à raconter, elle va s’effondrer. Elle voudrait pouvoir répondre mieux à cet ami qui le mérite mais c’est au-dessus de ses forces. Elle reprend une respiration profonde essayant de chasser le sanglot qui remonte…

Bien sur la Vicomtesse et vous-même êtes les bienvenus. Il est son petit fils… En tout cas je vous remercie pour votre réponse. Le chambellan Modsognir que vous voyez à mes côtés est un autre des porteurs, Arthur est déjà dans le presbytère, Le Duc de Billy ne devrait pas tarder et je vois Grid arriver. Je vais essayer de tous les réunir maintenant. A moins bien sur … si je peux autre chose pour vous …
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Valezy
Une silhouette toute de noire vêtue accompagnait sa fiancée, se fondant parmi la masse des endeuillés pour franchir le pas de la chapelle.

Ainsi Valezy pénétra t’il dans le lieu de culte, foulant du pied le dallage de pierre de sa démarche fière et arrogante.

La nef était illuminée par la lueur des cierges qui diffusaient, par la même, cette odeur de cire qui semblait se mêler au parfum des fleurs pour embaumer les lieux de leur senteur. Mais, le jeune seigneur ne prêta pourtant nulle attention à la richesse du mobilier liturgique ou encore à la finesse des vitraux du saint lieu.

Car, déjà, le safre de son regard se déposait sur le cercueil qui reposait non loin de l’autel…

Apolonie…
Son amie… Sa sœur d’arme…
Il avait fait route vers Cournon pour son enterrement…

Un dernier hommage… Un adieu… Mais aussi, une sentence... Chienne de vie.

Il se remémora alors la jeune femme aux yeux d’azur qu’il avait rencontré et accueillit bien des années plus tôt au castel de la confrérie de la Source. Il se remémora cette jeune femme pleine de vie et d’énergie.

En cet instant, il avait bien du mal à se réaliser sa mort. Mais ne dit on pas que les voies du Très Hauts sont impénétrables ? Et cela ne pouvait qu’être le cas après une telle injustice.

Et ce fut sur cette sombre pensée, qu’il prit place avec sa bien aimée sur l’un des bancs de la chapelle.
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