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[RP] Quand l'azur se fait enterrer...

Neils
Assis, regard droit, dos droit, fixant un point imaginaire dans l’horizon bien au delà de ce que l’œil perçoit, Neils entend le crédo plus qu’il ne l’écoute.

Bref instant de répit.

Ses pensées vagabondent dans le passé, vérifient tous les moyens inimaginables pour tenter d’inverser le cours de cette triste et insupportable histoire. L’écuyer retourne les événements dans tous les sens ajoutant des si, des mais, repasse le film de sa courte vie auprès d’Apo, des visages passent, des amis à elle, des méchants pas beaux, des nobles, des Baronnes, des Ducs…mais….rien n’y fait. Ses réflexions n’ont fait qu’alimenter doutes et incompréhension…hélas…pour lui.

L’assaut est donné ! L’écuyer est assailli par une armée de questions qui s’ajoutent à celles ramenées de Labrit…comme pour contenir ce flot pressant prêt à lui exploser la tête, Neils porte ses mains aux tempes, lâchant d’un côtés sa béquille et la rose, et de l’autre, la petite main restée comprimée dans la sienne…
L’écuyer se penche en avant, son front allant s’appuyer sur le dossier du banc face à lui, et là, la tête se soulève légèrement …et retombe
bam…et encore bam…....bam…....bam…la folie s’empare de son corps vidé…bam....…bam…...bam…..
Cristòl
Et Cristòl, lui aussi, de dire le Credo, pour cet azur qu'il regrettait de n'avoir pas davantage connu ; et trois deuils sur ses épaules, cela faisait bien trop.

« Je crois en Dieu, le Très haut tout puissant
Créateur du Ciel et de la Terre
Des enfers et du Paradis
Juge de notre âme à l'heure de notre mort.

Et en Aristote son prophète
Le fils de Nicomaque et de Phaetis
Envoyé sur Terre pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos
Né de Maria et de Giosep
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce
Il est mort dans le martyr pour nous sauver
Il a rejoint le Soleil, où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut

Je crois en l'action divine
Je crois en la Sainte Eglise aristotélicienne Romaine, une et indivisible
En la communion des saints
En la rémission des pêchés
En la vie éternelle

Amen. »

_________________
...Serial-endeuillé...
Adieu Margot, ma douce, ma blanche Margot !
Adieu Ben-Elazar, mon frère, mon ami !
Adieu Apolonie, azur d'un soir de septembre, adieu la fière, adieu !
~Vescoms de Fenolhet~
~Bar de Sant-Féliç~
~Cavalièr del Espital~
namaycush
L'entourage d'Apo était pour le moins hétéroclite. Toutes les couches sociales, toutes les idéologies se réunissaient dans cette période de deuil, partageant leur tristesse et l'expression de leur malheur dans des formes aussi diverses que variées....

Il ne connaissait quasi personne, croisat le regard dans celui de Cymo, drôle de phénomène celle-là....elle l'aimait pas mais ne devait pas le détester non plus...une Cartel quoi...

Chacun exprimait sa douleur à sa façon, un homme, à la claudique prononcée, semblait souffrir particulièrement.....

Il n'avait pas jeté un oeil au cercueil, pourtant, il avait peur de pas grand chose....lâcheté, déni de la réalité, allez savoir....tout autant ses yeux erraient sur l'assemblée....se sentant bien seul, étrange pour un loup en fin de compte solitaire....elle lui manquait déjà la Dame d'Orval...furtivement un autre regard parcourt la chapelle, en quête de solidarité peut-être....la femme qui le jette l'intrigue, l'a toujours intrigué d'ailleurs, hiératique, belle...particulière...

Voici l'heure du credo, lui fervant croyant, piètre pratiquant, ne tente même pas de sembler le réciter, il ne le connaît pas par coeur...aussi baisse-t-il la tête dans un geste de recueillement....

Toujours au fond, près de la porte, remarque une absence, celle du frangin d'azur....serait-il devenu aux pieds d'argile le colosse sous l'émotion ?
_________________
Cymoril
Sursaut léger quand il lâche soudainement sa main.

Elle détend ses doigts, plie et déplie ses phalanges blanchies, avant de croiser les bras. S’attelant toujours à ne pas le regarder, concentrée sur… rien. Sur le fait d’être là, et le pourquoi. Jusqu’à ce que le bruit la sorte de sa torpeur, et qu’elle réalise que l’écuyer avait craqué.

Conscience légèrement en décalage par rapport à l’évènement qui se déroule sous ses yeux, elle le regarde un instant que frapper la tête contre le banc. Mirettes qui s’écarquillent, si elle n’était pas assise elle en serait sur le cul ! Perplexe, et la petite voix qui profite de ce moment de relâche pour s’insinuer dans son crâne.

"Hum ! Si c’est ça, j’peux aider…" C’est pas l’moment la Voix…

"Nan, j’dis ça… S’il veut, On peut l’aider sa tête... à aller à la rencontre du banc, c’est tout…" Oui, bah dis-rien ! Ca vaut mieux !

Elle se secoue mentalement, faire taire l’agaçante et opiniâtre voix, cherchant dans son esprit un peu embrumé une façon de le faire cesser avant que les regards se tournent en leur direction.

Foutu Neils…

Alors qu’elle était prête à l’étrangler quelques instants plus tôt, la voilà qui se demande comment l’aider. L’orgueil ne marchera plus là, il est clair qu’il a dépassé ce stade.

"Colle-lui un aller-r'tour, ça lui remettra les idées en place et ça te fera du bien !" Grummppfff la ferme la Voix !



Elle se penche vers lui, posant sa main sur son épaule, le retenant pour qu’il arrête. Mais l’état second dans lequel il est parti est tel qu’il lui faut ses deux mains pour qu’enfin il cesse un instant. Profitant de la pause, elle lui tourne doucement le visage, sourire réconfortant accroché aux lèvres, et lui glisse :

Chut… ça va aller…

Comme elle réconforterait un enfant qui vient de se blesser en tombant.

Mais le regard de l’écuyer est vide, ailleurs, elle pourrait lui répéter cent fois qu’il ne l’entendrait pas. Désorientée, à court de solutions la Fourmi…

"La torgnole, tu verras, effet garanti…" Et merdouille !

Une gifle magistrale retentit entre deux phrases du crédo et laisse une marque écarlate sur la joue de Neils. Qu’il réagisse ou pas maintenant n’est plus son problème.
Elle jette l’éponge, rend son tablier…

S’il est avéré qu’elle a un don indéniable pour s’attirer les ennuis, la labritoise n’en est pas moins dotée d’un instinct d’auto préservation aigu, qui lui recommande de partir sur le champ. Quand les antennes frétillent c’est qu’il est temps. Elle se lève, le laissant à son désespoir, sa folie, et retourne au fond de la chapelle, dans l’ombre pour attendre la fin. Et peut-être dire un mot au Doc.
Elegie de Balsac
Les traits légèrement tirés, Elégie se faufile à l'arrière de la chapelle. Maugréant contre le décès prematuré de celle qu'elle appellait sa "fausse marraine". Un malentendu les avaient rapprochées et elles s'en étaient amusées. Prises au jeu d'un hasard qui ne l'etait pas en fait. Un léger sourire passa sur ses lèvres. Regardant autour d'elle, elle se reprit, il serait mal venu de la voir sourire à un enterrement, et pourtant .. c'etait ce souvenir qu'elle gardait d'Appo.. un tourbillon de vie et de joie. Bon un caractère .. très euh .. mais enfin .. du caractère.

Elle lui en voulait d'être partie si vite. Mais avec la mort, on ne sait jamais le rendez vous.

S'attachant aux paroles de l'officiant, la jeune fille tentait de suivre le crédo, marmonant un mot puis l'autre.
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Jenn
La missive, par porteur spécial, était arrivée jusqu'à elle alors qu'elle n'était qu'à quelques petites lieues de sa destination.
Jenn avait lu et relu ces lignes en se remémorant son passage en Auvergne, où elle avait fait un crochet jusqu'à la cérémonie d'adieu à l'époux d'Apo.. Et maintenant elle apprenait que... ?
Ben vrai, elle en en était sur le cul, et se demandait si elle n'était pas en train de cauchemarder.
Tant de trépas ces derniers temps... de la folie.
Le Doc avait dû recevoir le même parchemin, et tant d'autres, aussi...

Ce genre de cérémonie n'était pas celui qu'elle affectionnait le plus.
En fait aucun genre de cérémonie ne trouvait vraiment grâce à ses yeux mais toutes n'avaient pas ce caractère macabre qui ajoutait à son aversion.
M'enfin, elle en sortait, pourquoi ne pas réitérer... Elle avait l'entraînement et tout un tas de raison de verser des litres de larmes, si son émotivité et sa sensibilité seules n'avaient pas suffi.

En revanche, se donner en spectacle, elle ne le voulait point, pas plus que se plier aux usages d'une de ces politesses surfaites qui est de mise en telles circonstances lorsqu'on croise des personnes de connaissance.
C'était vraiment pas l'moment pour l'affabilité hypocrite.

Elle avait apprécié Apolonie autant qu'Apo, au fil de leurs rencontres.
Avec une réciprocité suffisante, sans doute, pour qu'elle fut destinataire de ce faire part qu'elle tenait froissé dans un poing crispé à s'en rentrer les ongles dans la chair.
Trouver un moyen de rendre hommage à une grande Dame, sans subir de conséquences trop désastreuses sur sa misérable vie, autant que faire se pouvait.
Hmpf qu'est ce qu'elle était venue fiche ici en fait?
S'occuper, sans doute.
Honorer une mémoire même dans l'ombre, officieusement, certainement.
Croiser peut-être un regard.. qui sait.
L'humain est bête. Elle n'échappe pas à la règle.

Quoiqu'il en soit, elle était là, dans le fin fond de la chapelle, à écouter officier le maître de cérémonie dont la litanie était ponctuée de sanglots et de conversations étouffés, elle-même reniflant le plus silencieusement possible encapuchonnée dans la cape destinée à la cacher de la foule.
Un arrière goût amer dans la bouche quand elle s'était rendue compte qu'elle pouvait à l'unisson reprendre le Credo, des pensées vagabondes au souvenir des ces années si régulièrement endeuillées, trop régulièrement.

Sa mine pâle et défaite se crispe une dernière fois avant qu'elle ne décide qu'elle a besoin d'un bol d'air, d'urgence.
Sans bruit elle se lève pour s'éclipser à l'extérieur où elle compte bien trouver un coin tranquille pour accompagner du regard le dernier voyage de la jeune femme pour laquelle elle est ici.
althiof
[La veille de la cérémonie]

Il n'était pas parti bien longtemps chez les moins mais de choses semblaient s'être passés en si peu de temps. Et puis une situation bien particulière en ce 13 avril, une réjouissante, l'anniversaire de son épouse mais la fête ne serait pas à l'honneur cette année car en ce lundi débutait les funérailles d'Apolonie.

Il arriva tardivemen au domaine ce lundi soir les bras chargés de missives, dossiers et autres paquets. Il y avait dans tout cela un peu de maréchaussée, de grande prévôté et des cadeaux pour sa belle.

Lorsqu'il arriva l'Intendant l'informa que son épouse se trouvait à la veillée. Vu l'heure plus que tardive il préféra l'attendre dans leurs appartements. Il ne connaissait malheureusement pas Apolonie aussi bien qu'elle. Il avait longtemps entendu parler par son épouse avant finallement de la rencontrer à la Chancellerie. Il avait été marqué par sa franchise et sa droiture, mais aussi par la détermination qu'elle marquait en tout moment et quoi qu'on puisse dire ou pense d'elle. Bien peu de personnes pouvaient se targuer de telles qualités.

Et puis elle était devenue Prévôt et il s'était dit qu'enfin ils pourraient apprendre à mieux se connaître. Des soirées passées à discuter de dossiers et d'autres. Elle avait des doutes mais pour une personne qui venait d'être catapultée prévôt elle se débrouillait à merveille jusqu'à ce qu'un jour il apprenne son décès. Les circonstances lui étaient inconnues ou bien floues mais il fut marqué d'un profond regret et de beaucoup de tristesse. Tristesse de perdre une personne qu'il apprenait tout juste à connaître et qui était devenue peu à peu son amie et regret d'avoir attendu autant de temps.

Ce n'est souvent que l'orsqu'il est trop tard qu'on prend conscience que la vie n'est pas éternelle. Elle en débordait pourtant...

La soirée fut courte, des retrouvailles, quelques baisers, bouqtets et confiseries échangées. Cela eut au moins le don de faire sourire Kory même s'il savait que le lendemain serait dur pour elle.



[Jour de la cérémonie]

Après son absence il avait beaucoup de choses à voir et bien que Clermont se trouve juste à côté il fallait presser le pas pour être à l'heure.

Heureusement il arriva avant le début de la cérémonie et salua les quelques personnes présentes. Beaucoup venait au domaine pour la première fois et il aurait préféré que ce soit en de meilleures circonstances. La vie est bien cruelle. Elle rassemble et rapproche souvent ceux qui restent quand l'un d'eux s'en va.

Il pénétra dans la chapelle et vint s'assoir aux côtés de Kory lui prenant tendrement la main. Elle avait les trais tirés. Qui pouvait dire combien de temps elle avait dormi ou tout simplement s'il avait réussi à trouver le sommeil.

Le cercueil remonta doucement jusqu'au coeur avant que Rick comme la cérémonie. Il reprit le credo.


Je crois en Dieu, le Très haut tout puissant
Créateur du Ciel et de la Terre
Des enfers et du Paradis
Juge de notre âme à l'heure de notre mort.

Et en Aristote son prophète
Le fils de Nicomaque et de Phaetis
Envoyé sur Terre pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos
Né de Maria et de Giosep
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce
Il est mort dans le martyr pour nous sauver
Il a rejoint le Soleil, où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut

Je crois en l'action divine
Je crois en la Sainte Eglise aristotélicienne Romaine, une et indivisible
En la communion des saints
En la rémission des pêchés
En la vie éternelle

Amen.


La chapelle se remplissait de plus en plus. Il reconnut des personnes qu'il ne pensait pas voir ici mais cela ne l'étonnait que peu. Apolonie avait tellement voyagé, fait des rencontres fortuites et improbables et tissé des liens avec des gens d'horizons très divers. C'était une preuve de plus d'une personne exceptionnelle. Elle allait manquer à beaucoup.
Jazon
Devant le Presbytère


Alethea a écrit:

Vicomte merci.… Apolonie a bien eu son enfant. Un garçon qui s’appelle Gaspard. Il va très bien. Le Duc de Billy, qui est son parrain, a fait venir une nourrice qui s’en occupe. Elle a été installée à Varennes…. Mais… c’est une terrible fièvre qui l’a emportée plus d’une journée après la naissance. Tout ce qui était possible a été fait. Elle était faible et malheureusement…


Un léger sourire quand elle lui répondit puis au fur et à mesure qu'elle raconta, il la sentit prête à défaillir.
Gaspard.....
Jazon répéta le prénom du petit fils de Gypsie. Un enfant qui perpétuerait le nom et le souvenir d'Alayn et d'Apo.

La jeune femme fit une pause et respira profondément avant de continuer, comme si elle voulait se donner du courage.

Alethea a écrit:
Bien sur la Vicomtesse et vous-même êtes les bienvenus. Il est son petit fils… En tout cas je vous remercie pour votre réponse. Le chambellan Modsognir que vous voyez à mes côtés est un autre des porteurs, Arthur est déjà dans le presbytère, Le Duc de Billy ne devrait pas tarder et je vois Grid arriver. Je vais essayer de tous les réunir maintenant. A moins bien sur … si je peux autre chose pour vous …


"Merci damoiselle Alethea, mes questionnements ont reçu réponses. J'en ferais part à la vicomtesse. Dans toutes ces épreuves qu'elle traversent actuellement, cette nouvelle sera un rayon de soleil.
Si vous permettez, je vais rejoindre les autres porteurs maintenant.
Je crois que nous devons y aller."

Il s'inclina devant elle et le chambellan et il entra dans le presbytère.
Tous les porteurs se trouvèrent enfin réunis et ils soulevèrent le cercueil.
Puis d'un même pas, à l'unisson, chacun représentant une facette de la vie de la défunte, ils sortirent du presbytère, traversèrent les quelques mètres qui les séparaient de la chapelle.

Ils y entrèrent. Jazon fut surpris devant tout ce monde. Puis ils remontèrent l'allée et posèrent le cercueil devant l'autel.
Jazon rejoignit Gypsie et leur fils. Il prit son fils sur ses genoux et serra la main de son épouse. Se penchant vers elle, il lui chuchota : "Gaspard..... ton petit fils s'appelle Gaspard."

Mais la voix de Rick se fit entendre dans la chapelle. La cérémonie commençait.
Gypsie
Ils sont venus, ils sont tous là, elle est morte l'Apolonie et ses amis viennent nombreux, remplissent discrètement la petite chapelle. Gypsie en connait beaucoup, mais de part sa vie d'aventure sa belle fille s'est fait des amis un peu partout dans le royaume.

Le cercueil arrive, il semble flotter, léger, au bout des bras des porteurs. Auvergnats ou pas, le même air grave et solennel, fiers de l'honneur qui leur est fait. Pas étonnée de voir Hijikata parmi eux. Médecin connu à l'université, dialogue échangé et trop vite interrompu au gout de Gypsie qui aurait aimé le connaitre davantage. Une autre fois, peut être...

Sapin où les yeux se rivent, s'imaginent celle qui l'habite, se souviennent d'elle chacun à sa façon, à tous elle a laissé un petit souvenir, un petit bout de sa vie avant de la laisser à... Gaspard... Car comme Jazon vient de lui souffler, c'est un petit Gaspard qui a soufflé la vie de sa mère... Gaspard ? Encore pas pour cette fois un Philibert de Viverols...

Incertitude enfin levée, un petit fils était né et déjà aimé par sa grand mère. Le voir, au moins une fois, et elle serait rassurée. Il prendrait la place qu'il voudrait dans la vie de Gypsie, qu'on lui permettrait de prendre peut être...

Rick commença la cérémonie, et selon le rituel le Credo fut psalmodié. C'est intérieurement que Gypsie le récita pour ne pas fausser le ton par une voix mal assurée.

Juste le " Amen " final fut prononcé et répété par la petite corde de Gandelin.
Arthur Dayne
[Jour de la cérémonie]

Il est temps. Entre ici, Arthur, prends ce maudit coffre sans vie, et fais ce que tu dois faire.

Le petit jour était venu. Arthur avait vaguement fermé l'oeil, quelque part dans les bois, préférant la solitude nocturne, seule compagnie acceptable depuis que le sommeil le fuyait comme la peste. Lorsque que le glas macabre avait envahi l'air ambiant, il avait su que l'heure tant redoutée était venue.

Devant la porte du presbytère, Arthur retrouva les autres porteurs. Une petite foule attendait déjà aux portes de la chapelle. Il salua ses compagnons de misère. Parmi eux, certains qu'il ne connaissait que par la bouche d'Apolonie. Et par ses yeux qui brillaient quand elle les évoquait. Et d'autres, qu'il connaissait bien mieux. Marty et Grid. Le duc et l'ami. Poignée de main respectueuse avec le premier. Accolade silencieuse avec le second.

Puis l'épreuve. La dernière? Sans doute pas. La plus difficile? Qui sait. Sans un mot, les six porteurs accomplirent leur triste mission. Arthur pensait que le trajet serait plus terrible. En réalité, il le parcourut, son fardeau sur l'épaule, partagé avec cinq autres, sans même vraiment le réaliser. Comme si son esprit avait déserté sa carcasse épuisée pour mieux échapper à la douleur du voyage sans retour qu'il aidait son horizon à entamer, faute de pouvoir rien faire d'autre.

Et c'est sans même s'en rendre compte qu'il pénétra dans la chapelle. Ses mains bandées ne criait pas douleur, comme il avait cru qu'elles le feraient. Au vrai, il ne ressentait plus rien. Comme si Apo, enfermée dans cette boîte absurde, avait emmené avec elle toutes ses émotions. Lorsque le cercueil fut posé à l'emplacement dédié, au coeur de la chapelle, l'esprit d'Arthur réintégra un soupçon de réalité. Qu'est-ce qu'il fichait là? Où devait-il s'assoir? Au premier rang? Alors qu'il ne connaissait rien au rituel, aux prières, au credo? Alors que, à peine un an auparavant, il combattait encore celle qu'il pleurait aujourd'hui?

Là bas... Derrière un pilier, à proximité du premier rang, mais suffisamment dans l'ombre pour être tranquille. Profitant de la cohue silencieuse de la petite foule cherchant sa place, Arthur se glissa contre le mur de pierres froides, et s'y adossa. Il jeta un coup d'oeil aux personnes présentes, préférant éviter le cercueil pour le moment. Il reconnut tous les proches d'Apo. Les gens de Varennes. Sunie, la p'tite brindille d'Apo, celle qui l'appelait "p'pa inquiet", désormais. Parce qu'il avait, naturellement, pris le relais de son horizon quant à émettre un avis sur chacun des freluquets qui venaient tourner autour d'elle. C'lui là te mérite pas. C'lui là non plus. Aucun, en fait. Et fais attention à toi sur la route. J's'rais pas là pour veiller. T'en fais pas, p'pa inquiet.

Thea était là, aussi. Elle avec qui il partageait ce silence douloureux qui les habitait. Elle qui comprenait, comme lui, qu'il n'y avait plus de mots qui vaillent, loin d'elle. Legowen était là, aussi, l'autre filleule, qu'il ne connaissait pas, mais à qui Apo tenait énormément. Grid, bien sûr, et Lilou. Dont la douceur l'apaisait, un peu. Qui parvenait à lui donner l'illusion, pour quelques minutes, que survivre à tout ça était possible. Et tant d'autres, venus là pour rendre un dernier hommage. Des Moulinois. Bettym, Amandine... Certains visages à peine croisés, sur lesquels il peinait à remettre un nom. D'autres inconnus.

Et d'autres présences, incongrues. Officielles, peut être, puisqu'elle était Prévôt. Mais ô combien déplacées, lui semblait-il. Il l'avait vue, peu à peu, succomber à l'épuisement de ceux qui lui avaient imposé un poste dont elle ne voulait pas, après quelques manoeuvres douteuses dont les hautes sphères avaient le secret. Mais l'heure n'était pas à ce genre de considérations. Qu'ils viennent, si leur conscience le leur permettait.

La cérémonie débuta. Le curé, ou diacre, ou dieu sait quoi, prit la parole. Des mots qui résonnaient, sans vraiment qu'un sens s'y adjoignent, dans le crâne d'Arthur. Il entama ce qu'il reconnut vaguement comme étant le credo.

Je ne crois en rien...
Et si d'aventure vous existez, et que vous me l'avez prise...
Jamais je ne pourrais vous le pardonner...
Et si d'aventure vous existez...
Alors en arrivant là haut, je vous dirais d'aller tous vous faire foutre...
Et je la retrouverais en enfer... peut être...
S'il existe un enfer...

Mais je ne crois pas en l'enfer... je ne crois pas en vous...
Je ne veux pas de cette maigre consolation...
Illusoire et tellement cruelle...
Croire qu'un jour je la reverrai, ce serait passer ma vie à attendre...
Attendre que la mort me délivre...
Et la mort ne délivre de rien.

Je ne crois pas en vous...
Je ne crois qu'en elle...
Elle qu'on m'a arraché...
Allez tous vous faire foutre...

Aucun mot n'avait passé le barrage de ses dents, malgré cette envie terrible de hurler qui lui broyait les entrailles.

Je t'aime, Apolonie de Nerra, dame d'Orval et de tant d'autres choses.

Voilà ce qu'il voulait hurler aux dieux, pour qu'ils lui rendent. Comme si des mots jetés à la face du ciel pouvait la ramener sur terre. Pauvre Arthur, tes croyances ne valent pas mieux que les leurs.

Assis dans l'ombre, dos contre la pierre froide du mur, comme il l'avait été dans ce couloir horrible, Arthur suivit la fin de la cérémonie comme un fantôme hantant le lieu sain et son propre corps, maudissant des dieux en lesquels il ne croyait pas parce qu'il n'avait rien d'autre à quoi se raccrocher. Parce qu'elle lui échappait, parce que tout ce qui faisait qu'elle était elle s'évanouissait, ne laissant qu'une trace évanescente mais terriblement précieuse dans sa mémoire et quelque part dans les tréfonds de son être. Parce qu'il savait qu'il était en train, petit à petit, d'apprendre à lui dire adieu.
sunburn71
En retard comme toujours , elle ne dérogeait pas à la règle .
Avait tendance à oublier les cérémonies quand il s'agissait de mariages , alors les enterrements ... elle aurait préféré éviter de venir à celui-ci ...
Apolonie , bourbonnaise comme elle ...
Son Tribun lorsqu'elle-même était maire , diverses tensions ci et là à cette époque .
Son attaché diplomatique lorsqu'elle était ambassadrice , fonction qu'Apo exerça bien mieux qu'elle .
Puis elle l'avait perdu de vu pendant longtemps , très longtemps ...
L'avait revu peu avant ses noces avec Alayn , surprise de la nouvelle de leur union puis heureuse pour eux deux .
Rencontres en taverne avec Apo ou elles avaient bien rit .
Apo enceinte et dont la diaconesse de Montpensier lui avait proposé de l'accoucher dans son étable remplie de moutons roses et prendre ensuite l'enfant ... Aberration ...
Elle aurait ensuite voulu la voir Duchesse , certaine qu'elle aurait été à la hauteur malgré le caractère dont elle faisait preuve .
Droite et fière , c'était tout elle . Nul doute qu'elle aurait damné le pion à certaines mauvaises langues ... mais il en fut autrement ...
Dispartition d'Alayn , décès de celui-ci ... Durement éprouvée , salement remerciée ...
Etait-ce cela qui avait provoqué sa mort ... Elle ignorait la cause , n'ayant entendu que quelques rumeurs ...
La chapelle était en vue , elle se glissa à l'intérieur , silencieuse , se plaçant au fond .
Que de monde pour dire aurevoir à la joueuse de miettes ...
MarieAlice
Un regard croisé alors que le sien passait sur la foule, haussement de sourcils, ce visage elle l'avait déjà vu mais où... Tant de visages entre le cortège, ses fonctions, que parfois elle se retrouvait face à quelqu'un qu'elle avait déjà rencontré et dont elle ne se souvenait pas, à sa grande honte.

Froncement de sourcils, un vague sentiment que cela avait un rapport avec son office et le sud, elle tâcherait de se renseigner plus avant, mais plus tard.

Retour sur le cercueil, sur la cérémonie, sur les souvenirs se bousculant dans sa tête, vite interrompus par une claque retentissante qui lui firent à nouveau tourner la tête.

Décidément, même à son enterrement elle ne ferait rien comme les autres. Cette petite réflexion lui fit monter un sourire aux lèvres alors que d'un coup, elle la revoyait chez Llyr, rouspétant alors que Marie l'avait obligée à revêtir une robe et à se coiffer pour le banquet. Qu'elle avait été belle alors et qu'enfin certains s'en étaient rendus compte. Elle posa sa main sur ses lèvres, sentant un rire inopportun venir chatouiller sa gorge. Apolonie aurait compris mais pas sûr que ce soit le cas de tous pour le coup.

Tressautements qui pourraient passer, elle l'espérait fortement pour des pleurs, larmes montant à ses yeux, surtout ne pas émettre un son.

_________________
modsognir
Modsognir regarda sans voix son ambassadrice préférée, la gorge serrée visiblement aussi. Aucun des deux ne voulurent engager la discussion comme si cela était interdit. Peut être cela l'était-ce par ce lourd climat présent. Le vent finissait de se lever laissant les pensées monter vers les cieux pour discuter avec les âmes disparues. Âmes disparues, esprits effacées, corps inertes, coeur arrêté voilà le lot de tous les mortels mais l'amour, les rêves, les pensées, le passé reste dans ceux qui restent et créent ce lien que tout homme a besoin pour apaiser ses peines. La peine surgit toujours lorsque la personne disparait, que le bonheur s'éloigne sans pouvoir le retenir. Carpe diem......parole dont il n'arrêtait pas de penser, à ceux qui lui manquent, à ceux qui sont près de lui.

Il regarda le regard qu'Alethea lui portait, soupirant légèrement. Apo était bien partie, bien rejoint le Très Haut et lui restait ici sans avoir pu lui dire un "au revoir" ni lui dire tout ce dont il pensait d'elle même si elle devait se douter. Elle, la consul dont il avait appuyé sa nomination, elle dont il apprend tant de la vie, de la mort......elle lui donnait encore une leçon.

Un homme vint vers Althea s'adressant à elle coupant ce lourd silence. Il se mit légèrement à l'écart les laissant discuter puis inclina de la tête.


Alethea...je suis prêt à porter le cerceuil. Je suis là quand tu auras besoin de moi.


Il la regarda les yeux en deuil mais se voulait rassurant pour elle dont cette perte lui était importante.
Cruzzi
[Au petit matin de la cérémonie]

Cruzzi avait fait le voyage en compagnie de son aimée, de Moulins jusqu'au domaine de Cournon sur leur fidèle destrier Cétouvu. Ils furent très silencieux, ils devaient surement repenser à Apo, revivre les moments qu'ils avaient passés avec elle... Certes pas nombreux mais assez pour savoir que c'était une personne de cœur et d'engagement, une personne qui a su trouver grâce à toutes les personnes qui se rendaient au domaine de Cournon en cette journée maussade. Il se souvint de sa rencontre... un quiproquo majestueux alors qu'elle était avec Nimrodor en taverne... Mais bon finalement jusqu'à ce qu'elle devienne prévost il ne la connaissait guère. Premiers vrais échanges, des sourires, un début de complicité par le travail qu'ils voulaient entreprendre à Moulins, puis elle le nomma Maréchal après tous les efforts qu'il avait du fournir. Ça il ne l’oubliera jamais c'était certain, le jour où elle lui remit l'insigne de maréchal, elle ne lui aurait pas pu lui faire plus plaisir à ce moment là. Il eu un petit sourire à ce souvenir.

Malheureusement, en ce jour bien triste, elle réunissait les gens qui l'avaient aimé, les personnes qui avaient éprouvé de l'affection à son égard, les personnes qui la tenaient en estime, pour lui faire un dernier hommage. Quelle tristesse que de voir une vie finir pour voir se commencer une autre.


[Arrivée au domaine de Courmon, jour de la cérémonie]

Leurs arrivées fut discrètes, ils entrèrent Amandine et lui par les grilles confiant le cheval aux serviteurs qui les accueillirent. Ils se dirigèrent alors vers la chapelle dont les cloches retentissaient dans un mutisme profond du domaine. Il salua les hôtes des lieux Althiof et Korydwen, puis de dirigea vers Alethea, regard compatissant, paroles de circonstances pourl ui montrer qu'il partageait sa souffrance,puis il vit Arthur, petit regard vers lui, il parraissait anéanti come il avait plu le constater ses derniers jours. Il aurait voulu aller lui dire quelques choses, pouvoir apaiser sa souffrance et sa colére mais il savait que cele serait vain. Il s'inséra donc dans les rangs de la chapelle écoutant les priéres de Rick, une main dans celle d'Amandine.
Apo
Errance éthérée d’une brunette qui a du mal à lâcher prise et ne sait pas où aller… Ectoplasmique présence, l'esprit siège en tailleur sur une poutre en haut de la chapelle, l'azur désormais sans horizon détaillant sous elle la scène qui se déroule. Assister à son propre enterrement... mais comment rater ça en même temps ? Elle qui aura été actrice et moteur de sa vie ne pouvait que la clore tout à fait en spectatrice...

Invisible âme qui observe, détaille... Que fait-elle là ? Pourquoi n'a-t-elle pas déjà rejoint la Lune où elle devrait passer l'éternité à expier ses fautes ? Elle se promène, tout bêtement... Attachée aux siens, elle n'arrive pas à se résoudre à les abandonner, les laisser. Et pourtant, elle le sait, elle le devra bientôt. Le chapelain va prononcer les mots rituels, elle n'aura qu'à aller là où on l'appellera... Tellement de monde l'attend... Son frère, son parrain, son premier amour, son mari, sa Lila, Merlyin, Sallaberry, Tamlyn, Lulus, Evan's et tant d'autres qui avant elle ont pris ce chemin sans retour...

Et pourtant, elle n'a pas envie de les quitter, ceux qui sont là, sous elle... Enfin une partie. Parce que certains, elle se demande ce qu'ils font là... Les larmes de crocodile, les mines attristées de quelques uns des participants l'amusent et pas une once de surprise ne s'éveille. La franchise, l'honnêteté, la droiture ne sont manifestement pas qualités répandues dans ce royaume... Ceux qui les possèdent en meurent rapidement me direz-vous, et je vous répondrai que c'est pas faux... Elle éclate d'un rire inaudible pour eux, dont les notes ne résonnent qu'à son oreille, mais qu'elles lui sont douces... Contrairement à eux, elle reste elle-même... L'omniscience de la fantôme attitude lui a apporté quelques connaissances, choses qu'elle avait devinées, senties, qu'elle sait maintenant, et qui la font rire, rire, de là où elle se trouve... Qu'on lui crache dessus à Clermont, pour mieux la pleurer à Cournon, ça ne l'étonne pas... Elle est peut-être un esprit, mais eux manquent de conscience... L'azur se pose, indifférent, froid, et blasé, sur les membres d'un Conseil qui l'auront achevée, épuisée, dégoutée... Oh, sont pas tous à la même enseigne bien sûr... Et puis ne dit-on pas qu'une peste en mourant revêt les atours d'une sainte ?

On ne critique pas les morts... on les encense, quoiqu'ils aient fait, même si on ne les aimait pas, ça fait bien, ça fait plus classe, plus propre, plus lisse. Marrant, mais classe, propre et lisse, Apo ne l'était plus depuis longtemps. Manquer de tact pour une diplomate, c'est peut-être ce qui la rendait particulière. Mais elle n'a pas dit elle qu'Alayn avait été attaqué, son mari qui l'a abandonnée pour aller mourir d'une cuite dans une ruelle clermontoise... Même si par respect, elle n'a pas dit non plus combien elle l'avait haï pour ça... On ne critique pas les morts n'est ce pas ?... Un reste de vernis que l'éducation lui avait passé...

La Chapelle est pleine et pourtant il en manque. Elle peut les placer, un par un, les absents... Ceux qu'elle a tant aimé, et qui ne sont pas venus lui dire au revoir... Elle a appris, en mourant, l'omniscience, si, si, qu'ils avaient tenté de prendre une mairie... Sourire. Mais même si c'est leur manière de faire, elle s'avoue qu'elle aurait aimé les voir ici une dernière fois... Ses sentinelles, ses libertadiens, ses coureurs de chemin... Quelques représentants... Mais où est donc Fab avec qui elle avait terminé l'été ? L'Andalou n'aimait pas les églises, mais il l'avait aimé elle... Et l'Bire ? Celui dans les bras duquel elle est devenue femme, celui avec lequel elle s'est scindée en facettes distinctes ou assemblées, selon l'humeur ? Les autres sont morts, fâchés... Oublieux... Finalement... Les plus importants sont là... Un Doc, une Oiselle... Depuis toujours aurait-elle tendance à croire. Un merci soufflé dans leur direction...

Et les présents alors ? Plissement d'un nez qui n'existe plus... Le gamin est là. Elle l'aperçoit. Vers elle il tend les bras, semblant chasser un son que lui seul aura entendu. La mère qu'elle aurait pu être n'a pas pu éclore... Mais elle esquisse un irréel sourire. De celui qui ferait plaisir à Arthur s'il avait pu la voir. Avant de se détacher de celui qui s'appelle Gaspard de Nerra, et qui elle l'espère portera fièrement les couleurs d'Ambert et de Varennes. De Gaspard elle passe à Marie-Alice... Le testament n'est pas ouvert, mais Apolonie sait ce qu'elle y a inscrit...

L'amitié entre les deux femmes, étrangement formée en réponse aux brimades d'un orléanais, lors d'une convalescence... Sentinelle et royaliste dans la même taverne, et aucune effusion de sang, tout juste des rires. La Violette a toujours été là... Ses premières joutes, son mariage... Et maintenant, dans cette chapelle... Et plus tard, pour son fils. D'aucuns, ou plutôt d'aucune en l'occurrence, penseront qu'Apolonie a tout organisé comme si Gaspard n'avait pas de père... Et alors ? Il n'en avait pas effectivement, et il a perdu sa mère en naissant. Mais c'est elle qui a, seule, supporté les affres d'une grossesse difficile. Elle, seule, qui a dû prévoir, gérer, planifier la vie d'un enfant qu'Alayn l'avait obligée à garder pour ne finalement pas s'en préoccuper. Apolonie qui, sans support, a du travailler, s'éreinter, chevaucher, enceinte. Un mari qui passe d'absent à disparu puis à mort... C'est son fils, à elle, en effet... Elle qui lui a choisi un prénom, elle qui l'a porté, nourri, elle qui l'a mis au monde... Et si son nom, plus tard, venait à éveiller des souvenirs, sans nul doute c'est en tant que fils d'Apolonie qu'on y songera... Marie-Alice en fera un homme bien, elle le sait. Elle en fera un homme bon. Elle lui racontera sa mère, elle lui apprendra le monde. Elle ne le surprotégera pas, elle ne l'enfermera pas dans un monde bon et doux mais le confrontera à la dure réalité de la vie dans un royaume qui n'a rien de rose. Et c'est pour ça qu'elle a fait d'elle la tutrice légale de l'enfant.

L’azur s’en va caresser le fond de la Chapelle. Rassemblement hétéroclite de personnalités bigarrées… Un, deux, trois gascons, le compte est bon. Une Fourmi, une Cavaleuse, un Capitaine… Chacun sa période, son lot de souvenirs, ses rencontres… Un peu d’elle pour chacun d’eux, sinon ils ne seraient pas venus… Cym avait été là quand elle avait cru mourir pour la première fois, et pendant toute sa convalescence. Prometteuse, drôle, cynique… Tout ce qu’elle aimait. Elle ne savait même plus pourquoi le contact s’était rompu… Semi vérités, ragots, incompréhension, comme souvent, comme toujours… Mais elle est venue… Celle qui avait déposé sur son corps malmené une rose à Labrit, une rose à effeuiller… Elle qui avait tenu la roulotte quand elle n’était pas là… Et sa Cavaleuse… Etrangement elles ne sont pas l’une avec l’autre… Même l’omniscience a ses limites… Et le Capitaine… Croisé à Dax, si rapidement… Et pourtant. Ils avaient toujours correspondu… Ils étaient restés liés… Celui qui disait l’aimer, qui avait fait des folies pour elle, elle l’avait laissé approcher, un peu. Elle l’avait beaucoup apprécié… Elle avait même fait le voyage, enceinte jusqu’aux yeux, jusqu’à son mariage… épique.

Il y en a d’autres dans le fond… Une blonde bourbonnaise devenue Montpensieroise… Il avait fallu du temps avant qu’elles ne deviennent amies, la jeune femme à la rame et la brunette aux miettes. Et pourtant… Elle était arrivée en retard, comme d’habitude. C’était sa spécialité. Apolonie ne s’en offusque pas, elle se fiche pas mal des convenances. Après tout, elle se permet bien d’assister à son propre enterrement non ? Pas loin d’elle, Naudeas… Rencontrée sur le tard, quelques fous rires de taverne… Une Auvergnate pur jus… Comme tant d’autres qui ont fait le déplacement… Amandine, le maréchal Cruzzi, Laure, Tiadriel, Mimi… Des jeunes femmes qu’elle n’avait pas eu le temps de mieux connaitre. Pas vraiment de regrets, juste une impression d’inachevé… Léger soupir qui fait trembler la flamme d’un cierge. Oups, espérons que personne ne le remarque.

La cérémonie suit son cours, et tous récitent le Credo maintenant. Pas elle. Elle le connait pourtant par cœur, mais elle se dit qu’Aristote l’a oubliée, puisqu’elle est toujours là, doit-elle donc y croire encore ? Une voix se détache des autres… Des accents chantants, un petit air du Sud… Il est donc venu, le Languedocien ? Les joutes de la Saint-Michel… Et un Capitaine qui lui avait fait livrer une robe bleue, dont Marie l’avait parée… pour que Cristòl puisse la taquiner durant la soirée. Elle se demande qui osera venir parler quand Rick proposera aux présents de s’exprimer sur le centre d’intérêt de la sauterie…

Kory ? Bettym ? Alethea ? jaz’ ? Modso ? Marty ? Sa jolie suzeraine ? Son écuyère ? Ses filleules ? Arthur ? Grid ? Lilou ? Qui osera affronter les regards… Qui osera parler de celle qui a tant vécu mais dont peu savent tout ce qu’elle a fait ? A chacun d’entre eux un morceau d’histoire… On flotte près d’elle. Elle le reconnait, bien sur. Lui qui l’avait refusée en Gascogne voudra-t-il qu’elle le rejoigne aujourd’hui ? Tellement de choses à lui raconter… Ou pas. L’omniscience, tout ça… "Encore un peu, dites, Willen, on reste juste un moment encore… D’accord ?"

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