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[RP] Quand l'azur se fait enterrer...

Gypsie
Un hôtel à Clermont et surtout un château à Viverols. Deux enfants s’amusent, se disputent et pratiquent l’art de la guerre, ou du méchant et du gentil. Tour à tour brigand ou maréchal, qu’importe, ils jouent comme deux frères, même s’ils ne le sont pas. Seul l’un des deux s’appelle Duchesne car de fraternité il n’y a que le lien d’amitié et de solidarité entre eux, plus une mère et une grand mère. Près des enfants, un homme se tient et les invite à une promenade à cheval, en forêt, à l’apprentissage de la chasse et de la vie. C’est Jazon, fier de leur transmettre son sage savoir…

Doux rêve brisé en moins d’une minute par Sibella. Il n’y aura qu’un enfant dans la cour du château de Viverols à jouer au gentil et au méchant avec un adversaire imaginaire. Pas de Gaspard là bas, juste Gandelin.

Telle est la volonté d’Apolonie, la bru qui vient de gifler sa belle mère. Tu croyais hein ? Et bien non, tu l’auras pas. T’es pas assez bien. Trop rose bonbon. Pourtant cette couleur semblait te convenir Apolonie, portée par Alayn. Mais non. Erreur. Tu t’es trompée de partenaire, pas avec Alayn qu’il fallait se marier, mais avec ce géant qui a refroidi toute une église un jour de mariage, si ce n’est par le courant d’air glacial qu’il fit en traversant la nef, par son regard d’acier. Telle était ta volonté de le dire aujourd’hui, mais ceux présents ce jour là l’avaient bien deviné, à moins d’être aveugles.

Elle soupire et baisse la tête Gypsie. Elle est blessée, vexée, meurtrie une fois de plus et pense à Odin.
" Vois Odin, vois le mal et la peine qu’ils me font. Que ne sommes nous restés ce jour là, là bas, au delà des brumes, à Avalon, à nous aimer de notre amour au mille pâquerettes. Toi, moi et Alayn….
Flanque lui une gifle dès qu’elle arrivera ta bru, juste retour de la sienne. "

Si grande et belle amie Apolonie. Une chose lui fait cependant défaut, une notion, une valeur, celle de la famille. N’y a-t-elle pas eu droit dans son enfance ? Certitude, elle n’a pas eu le temps de faire la sienne, si d’aventure elle en aurait eu envie. La belle mère sera restée telle, juste un nom, une place, un statut. Qu’on ne vient même pas consulter ou prévenir de si importante décision. C’eut été petite chose toute simple, élémentaire, politesse et un soupçon de respect, mais cela ne coule pas de source pour tout le monde comme dans un bar. Pour le petit fils elle serait la fantomatique grand-mère-qui-habite-loin, et pour elle il serait le fils-d’Alayn-qui-habite-loin.

" Maman…"


Gandelin lui parle. Oui, maman… Maman n’a plus rien à faire ici, à écouter ces gens qui dans quelques jours demanderont à n’en pas douter, la canonisation d’Apolonie. Alea jacta est, ite missa est et Gypsie se tournera vers l’est, là où le soleil se lève et se lèvera, avec ou sans le chiard Gaspard.

Saturée de toute cette tristesse devenue quotidienne depuis ce jour maudit où Jazon est venu lui rapporter pire nouvelle qui soit, la mort de son fils. La carapace se ferme autour d’elle et en quittant l’église, elle n’éprouve pas le moindre sentiment devant ceux qui hypocritement avaient assisté, ou fait semblant, aux funérailles du Vicomte d’Ambert.

Elle attendrait Jazon dehors pour rentrer à Clermont, et de retour à la maison, ferait une cure de Duchesne, père et fils, ne se laisserait pas aller dans les bras de sa vieille amie, la mélancolie.

Enfin de l’air. Adossée à la porte, mains croisées dans le dos, les yeux fermés, on respire à pleins poumons, on expire, on se vide de l’air vicié en espérant que la tristesse parte avec….

Quelques pas, des gens ici où là, une enfant qui joue avec un homme, son père ? ; une silhouette qu’on reconnaitrait de loin, une chevelure et un regard qui confirment… Mais oui, c’est bien lui, l’ami de toujours.

Gypsie doucement avance vers lui ; elle aurait envie de courir, de se jeter dans ses bras et de lui raconter toute la peine qui aujourd'hui l'afflige. Elle n'en fait rien et de son visage bouleversé tente de faire bonne figure en affichant sourire aussi triste qu'un confetti un lendemain de fête.
Neils
[Sur le parvis de la chapelle]

La main puissante du Duc d’Arnay l’enserre au collet, décollant le noble fessier de l’écuyer du muret dur et froid sur lequel il avait trouvé malgré tout, un peu de répit.
Le seigneur se penche, le regard sombre, la diction propre et sèche, l’intonation sans appel. Neils subit la remontrance, l’assimile rapidement et acquiesce en silence d’un hochement de tête.
La main relâche son emprise sur l’encolure, le fessier retrouve son siège et Neils ses idées.

Au loin, Louise, déjà rejointe par Persan, n’a rien manqué de la scène. Intelligente et futée, la gamine a compris…Neils c’est fait gronder… Croisement de regard avec la Reyne. Sa frimousse est affublée d’une mimique aux senteurs d’inquiétudes. L’écuyer lui dépêche un sourire complice et rassurant, hoche de la tête pour lui signifier que tout va rentrer dans l’ordre.

Le choc a opéré, avec lenteur tout semble reprendre place dans la tête de l’écuyer. Après une beigne et un savon c’était marche ou crève…Croisement d’un chemin, fin d’une vie…départ d’une autre…tout est recommencement…non ? Et l’sien était là…d’vant ses yeux, plus qu’à s’lever pour les rejoindre et s’en aller pour la Bourgogne, terre du Duc d’Arnay.
Joignant l’acte à la pensée, l’écuyer s’arrache de son siège improvisé, béquille calée, s’avance posément en leur direction.

Son champ de vision est traversé par la silhouette élancée de Cym… ? Dehors ? Elle n’aura pas attendu la fin…non plus…un long soupir empreint de nostalgie s’extirpe des poumons de l’écuyer.
Neils refoule toutes les questions à son encontre…tourner cette page et sauter pieds joints dans la suivante…mais là…il s’agit de Cym…quand la reverra-t-il ?

Démarche désarticulée pour une course, s’approche des pas de la jeune Labritoise, tend le bras pour l’effleurer…


Cym…

La voix est douce, raffermie…

Cym…attendez…
Cymoril
[Parvis ]

Perdue dans ses pensées un instant sur le parvis de la chapelle, la jeune labritoise fait le tri dans les divers évènements ou non évènements survenus depuis son arrivée en ce lieu. Ravalant peine et larmes plus profondément encore, elle recompose le masque d'assurance nécessaire pour la suite.

Il est des plaisirs que l'on s'accorde, et ceux que l'on refuse aux autres. Ainsi elle se jouera des autres, en leur opposant une attitude posée empreinte de cette sérénité émue pour l'occasion.

De toute manière, ce simulacre de quiétude ne durerait que quelques instants, le temps de traverser la foule assemblée sur le parvis et d'atteindre son canasson.Tant qu'elle ne croise certains regards tout ira bien.

Entre deux silhouettes alors qu'elle déambule entre les protagonistes, elle aperçoit à nouveau la gazelle, à l'écart, solitaire. Sans comprendre... Jenn d'un côté, Hiji de l'autre... Venus séparemment... Il a du se passer quelque chose...
Jenn, pourquoi ne m'as-tu rien dit, pourquoi ne m'as-tu pas écrit ? Sommes-nous devenues à ce point différentes et étrangères que tu me rayes de ta vie de la sorte ?
Ne pas penser... Surtout ne s'émouvoir de rien sous peine de craquer...

Nez levé vers un ciel outrageusement dégagé de tout nuage, elle inspire longuement une bouffée d'air ensoleillé, et reprend sa marche tranquille vers Bagual quand...

Cym…
Cym…attendez…

Et cette main fébrile qui l'effleure.

Elle stoppe net, yeux un court instant figés sur son étalon, si près, elle a failli y arriver...
Déglutissant comme pour ravaler pensées sombres et tristes qui l'animent à cet instant précis avant de se retourner.

Son regard est fuyant, refusant de se poser sur le visage de l'écuyer, de lire son regard et qu'il puisse lui aussi y lire toute l'affliction qu'elle ressent. Le temps qu'elle s'adapte à la nouvelle situation... rapidement.

La Fourmi dans ses retranchements, décidée à ne rien céder, lève alors les yeux, insolents. Un sourire se dessinant peu à peu sur ses lèvrres pâles... le masque se recompose... elle est fin prête.

Bien...

J'attends...

Attendre quoi, telle est la question...
namaycush
Testament lu, la Labritoise passe devant lui....sourire mauvais....

Une dame d'un certain âge, plus loin, ravale sa colère visiblement déçue...

Oh Erel est là....sourire...la vie est étrange, on se croise, se recroise...

L'Attention, Elle....pleure....à chaudes et grosses larmes....gouttant d'une source marron ou ...plutôt noisette, oui noisette, marron est masculin et grossier, marron pique.....noisette elle, est féminine et douce au toucher...

Il aime pas voir femmes pleurer....Quoiqu'au travers des larmes se révèle parfois une émouvante beauté....accentuée dans le cas précis par la lumière diffuse et tremblotante des cierges....dans le regard qu'elle lui jette il voit qu'elle sait qui il est ....et tente peut-être de partager sa peine...

Une femme rend son dernier hommage, émue....sincère...

Et pourquoi pas lui ? Il est là, il regarde, il fait rien, il est venu pour un dernier hommage non...alors l'officier....

Pas décidé, bottes résonnant sur les dalles,démarche arrogante de celui qui n'a plus rien à perdre, que certains voient déjà mort, remonte l'allée, dépasse le cercueil,s'impose naturellement, sans irrespect au côté du diacre officiant et prend la parole....

Le ton est net, clair, décidé....le regard franc, dur, émeraudes minéralisées.....froides....

Mes soeurs, mes frères.....

Il y a bien longtemps, une tempête nommée Zoko traversa la Gascogne. Un jeune officier du renseignement, rare survivant des troupes ducales, fût désigné afin de prendre contact avec l'envahisseur.

Il croisa alors Apolonie .....et ne se doutait pas que cette rencontre bouleverserait son existence et ses convictions.....

Depuis, sans cesse il remercie le Ciel, de l'avoir fait la rencontrer, ce qui a permis de lui faire goûter, au travers des chocs qui ensanglantent périodiquement son existence à de courts instants, de détente, de bonheur et de paix....

De minérales, les émeraudes chatoient chaleureusement révélant l'intense émotion que ses paroles ont libérée.

Le pas de retour est moins assuré, du revers du poignet il s'essuie une larme .....certainement provoquée par une poussière...le regard se floute légèrement...
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Persan
La colère du Bourguignon retomba aussi vite que la moutarde lui était montée au nez. Louise semblait embêter le pauvre homme à qui il l'avait confiée. Le roturier avait des regards éperdus dans sa direction. Persan soupira. S'engager à élever Louise n'était décidément pas une décision de tout repos. Il s'avançait vers elle quand Gypsie apparut dans son champ de vision. Un sourire s'afficha sur les lèvres de Persan à la voir, sourire qui s'effaça aussitôt en voyant la tristesse de son amie. Elle s'approchait de lui. Il fit les derniers pas qui les séparaient.

Gypsie ! Je ne m'attendais pas à te trouver ici. Com...

Il s'arrêta net. Demander à quelqu'un qui vient à un enterrement et qui fait cette tête si cela va bien était décidément hors de propos. Un court instant, il fronça les sourcils. L'enterrement ne semblait pas terminé puisque la foule demeurait dans l'enceinte sacrée. Pourquoi donc Gypsie trainait-elle ainsi tristement à l'extérieur ? Un peu comme son écuyer... Que pouvait-il donc se passer dans cette église pour que ces deux là soient sortis avant l'heure avec pareille mine ?

Est-ce que je peux t'être d'un quelconque soutien, mon amie ?

Persan avait posé la main sur l'épaule de Gypsie, ne sachant trop comment agir.
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Neils
Cym n’est plus…
Cachée bien à l’abri derrière les remparts de son âme, la frêle Labritoise jette sur l’écuyer un regard biaisé. Sur un ton monocorde lui répond:

Bien…

J’attends…


Cette attention distante posée sur sa personne est en passe de le décomposé et donne sur son corps un éclairage centré sur son infirmité. Neils est penaud, essoufflé par sa course. Triste image qu’il offre à celle dont le visage et le sourire sont restés gravés à jamais au très fond de son cœur.

Ne pas lever les yeux sur elle par crainte d’effacer le doux et tendre souvenir laborieusement cueilli à Labrit. Neils se perd dans les méandres de ses pensées...retour en force de cette phrase oubliée, prémonitoire, la dernière prononcée d’une même voix blanche, assénée dans la nuit froide au 38 rue Gascogne.
"Il n’y a rien de bon ici pour vous, Neils."
"Faites bonne route…"

Et la route fût mauvaise. L’hiver rude, les chemins enneigés, l’écuyer campé sur la croupe de sa fidèle Marie-Caroline avait tiré droit vers l’est, avait dû s’arrêter…malade…pour se réveiller un beau matin qui ne le resta pas longtemps…une convalescence ardue, pas même le temps de reprendre pieds que l’annonce du décès de sa Grande Dame s’abattait comme la hache sur la nuque du condamné…fichue vie…

Tournant légèrement la tête, il aperçoit Persan s’approcher d’une Dame. Aussitôt l’écuyer s’inquiète de ne pas voir Louise…la cherche des yeux, la trouve, la gamine tient sa Nouche d’une main et gesticule de l’autre pour alpaguer l’premier venu…cette vue lui décoche un instant de bonheur... simple.

La route, aussi mauvaise soit-elle, mène toujours en un lieu où l’on ignore quel présent l’on y trouvera…
Pour l’écuyer, cette route là touchait à son terme, une autre, meilleure peut-être, s’offrait a lui…maintenant…

La tête baissée, les yeux encore rougit par l’écrasante avalanche d’émotions, Neils ose le croisement de regard, l’approfondis, s’immerge, fini par entrevoir Cym avant qu’elle ne se terre encore plus profondément au tréfonds de son fort. Juste le temps de lui affirmer que les gravures du cœur jamais ne s’effacent…

Neils plisse les yeux, les détourne sur l’étalon, et d’une voix pleine de malice lance en direction de la Fourmi :

La course, n’oubliez pas…

Sur ce l’écuyer tourne les talons et d’un geste nonchalant, lève une main en signe d’au revoir…ses claudications le dirige en direction de Louise.
MarieAlice
Et voilà que du monde sortait, encore. Oui encore parce qu'au mariage cela avait été le cas déjà. D'ailleurs elle l'avait fait en compagnie de Maleus.. Grognement. Celui-ci, si elle le croisait, la rencontre risquait d'être décoiffante au vu de ses derniers agissements.

Marie les suivit du regard, cherchant à se souvenir si elle les avait vu ailleurs qu'au mariage d'Apolonie et si elle les connaissait mais bien trop de choses en tête pour y arriver.

Des personnes se levèrent, venant témoigner de ce qu'avait été la défunte à leurs yeux et elle se demanda si elle devait le faire. Noisettes embuées se posant sur le bois, silhouette de Namay s'interposant, bois à nouveau. Un soupir et lentement elle se leva et se dirigea à son tour près du cercueil.

Main glissant sur le couvercle, comme un signe pour dire au revoir.

Apolonie. Il est des rencontres étranges, des amitiés inexplicables, des tournants inattendus. Nous nous sommes connues à Vendôme, moi blessée par Cuculus, royaliste, capitaine de l'armée des Ordres Royaux. Elle, jeune fille presque trop sage, déjà diplomate et Sentinelle, venue rejoindre son frère et ses amis que j'avais combattus. Nous aurions pu, dû nous détester, nous affronter mais il n'en fut rien. Au contraire.

Nous ne voyons pas souvent mais à chaque rencontre on aurait juré qu'on s'était quitté la veille. Je me souviens d'une fête chez Llyr où elle m'a fait prendre un fou rire lorsque je l'ai un peu forcée à s'habiller en robe, à s'apprêter en femme comme elle disait. Je l'ai entendue râler et grogner mais je n'ai pas cédé et le résultat fut.. Epoustouflant.

Elle n'a jamais cessé de m'étonner, jusqu'à son mariage car comment l'imaginer mariée à autre chose qu'à sa liberté ou son Auvergne..


Un sourire amusée naquit sur les lèvres de la Vicomtesse.

Apolonie, je fais ici serment que j'élèverai de mon mieux ton enfant, qu'il saura de toi tout ce que je sais et vous demande à tous de m'y aider. Vos souvenirs, vos expériences... Tout ce que vous avez partagé avec elle. Il saura tout, sans mensonge ni fard. Parce que c'est ainsi qu'elle l'aurait souhaité.

Elle se pencha et déposa un baiser sur le bois, murmura quelques mots avant de regagner sa place à pas lents.

Repose en paix mon amie, attends-nous.
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Gypsie
[Dehors]

Un " comment vas-tu " juste retenu qui fit sourire Gypsie. Valait mieux pas commencer à expliquer son état. Elle aurait fini par s'apitoyer sur son sort et pleurer comme une madeleine sur l'épause de Persan.

Est-ce que je peux t'être d'un quelconque soutien, mon amie ?

Même pas le roy pourrait lui être d'un quelconque soutien, la seule chose dont elle aspirait était de rentrer chez elle à Clermont. Terminer la construction de l'hotel, cela lui occuperait l'esprit.

Bise amicale, et Gypsie lui prit le bras. Hésitant entre vider son sac, déballer sa peine et sa misère, mais elle n'en fit rien. Elle avait si peu l'occasion de le rencontrer son vieil ami, pas la peine de gacher ces instants.

Ses mains tremblaient encore, elle prit profonde inspiration avant de lui répondre d'une voix hésitante.

Un soutien... Oui, en effet... Aurais-tu le temps de faire quelques pas avec moi en attendant la fin de la cérémonie ? Jazon est à l'intérieur avec Gandelin, et... j'étouffais là dedans je dois dire.

Toujours aussi séduisant Persan. Gypsie s'était souvent demandé ce qui se serait passé si Surgeon n'avait pas été là durant ce séjour en Bourgogne, si elle était restée là bas... Ainsi ils ne faisaient que se croiser, ici où là, au fil des voyages ou des invitations diverses, dans ce monde décidément bien petit.

Mais dis moi, que fais tu ici ? Tu connaissais Apolonie ? Que fais-tu dehors alors ?
Jazon
Etonné, Jazon d'entendre la lecture du testament, Apo même pas enterrée. Perplexe vis à vis de Gypsie d'en entendre les dernières volontés et dispositions.
Et inquiet sur la réaction de Gypsie qui ne se fit pas attendre. Elle se leva et sortit sans rien dire, le visage défiguré par la peine.


Gandelin sur ses genoux vit sa mère s'en aller et regarda son père. Jazon mit un doigt devant ses lèvres en lui faisant "chut".
Que devait il faire ? Se lever et la rejoindre ou attendre la fin de la cérémonie.
Il n'allait pas faire ce qu'il n'avait pas apprécié des autres à l'enterrement d'Alayn. Et puis, Apo avait été une amie, comme une petite soeur, en tout cas une sentinelle comme lui et les autres.

Il écouta les témoignages des uns et des autres. C'est vrai qu'au fond il ne la connaissait pas ou plus. Elle avait en elle des facettes complètement inconnues.
Il s'en était rendu compte dans la ruelle de Montbrison alors qu'elle avait eu maille à partir avec un pauvre diable qui l'avait agressé.

Il ne l'avait jamais vu comme ça. Ce regard, ce visage, il ne pourrait pas l'oublier. Même durant les combats, il ne l'avait jamais vu ainsi.
Elle s'était endurçie, une forme de cruauté animale était apparue en elle. Comme une deuxième Apo qu'il ne connaissait pas.

Et pourtant ce regard si plein de détresse, si humain qu'elle lui avait lancé devant l'église de Montbrison.
Il se sentait coupable de ne pas y avoir répondu.

.....Nous nous sommes connues à Vendôme....

Ces quelques mots le ramenèrent dans l'instant présent.
Vendôme.....
C'était cette femme à qui Apo avait confié son fils qui venait de les prononcer. Il l'avait vu aussi au mariage d'Apo et Alayn.


Lui qui était si réservé se leva soudainement et son fils dans les bras s'approcha à son tour du cercueil.
Mais il resta le dos tourné à l'assemblé et murmura :
Tu te rappelles Apo, Vendôme....

Quelle belle aventure faite de combats, de souffrances, d'amitiés, tous ensemble, une poignée contre les belles armées du Roy....

Tu n'es plus là et tu vas nous manquer cruellement belle Apo....
Mais pour moi tu représenteras toujours la Vie avec ta spontanéité, tes rires, ta fraicheur, ton amitié indéfectible.


Gandelin l'écoutait, se demandant à qui il pouvait bien parler.
L'enfant posa un doigt sur la joue de son père. Une larme y coulait et le petit garçon était étonné.
Jazon appuya sa main sur le bois du cercueil. Un dernier contact si illusoire avec la sentinelle, la compagne d'aventure et de combat.

Et je sais que tout ça, tu en feras don de l'autre côté à tout ceux que tu vas retrouver.
Ola Apo ! au revoir.... à bientôt....
et vive la Vie !!!


Il se tourna enfin vers l'assemblée mais son regard se porta vers les portes de la chapelle cherchant Gypsie.
Ne la voyant pas, il décida d'aller voir comment elle allait et de lui confier Gandelin.
Il se devait de rester pour son amie et si jamais on avait encore besoin de lui.


Il passa par une allée latérale et sans bruit rejoignit la sortie.
Quand le père et le fils sortirent, Gandelin pointa son bras en direction de sa mère qui s'éloignait au bras d'un homme. Cette silhouette disait bien quelque chose à Jazon.
Il descendit les marches de la chapelle et posa Gandelin par terre.
Cymoril
[Parvis]

Elle sait que ce masque de froideur qu’elle lui oppose le blesse. Pourtant, c’est sa façon à elle de le préserver.… Elle se sent coupable de tant de choses vis-à-vis de lui.

De ces humiliants moments chez elle, de la façon dont il est parti, toujours si égal à lui-même, affable et courtois. Doux. Comme un enfant. Si plein de sincérité qu’il parvient à l’émouvoir à chaque fois un peu plus.

Sa fièvre qu’il développa juste après, et l’infirmité qui en résulta et qu’elle vient juste de découvrir… Foutu sort qui s’acharne sur lui, si délicat… s’il n’était venu à Labrit, rien de tout cela ne ce serait passé ; et s’il était venu, c’est pour la voir…

Pourtant... en dépit de l’infinie tendresse qu’elle éprouve à son égard, elle préfèrerait qu’il la maudisse, la déteste… qu’il la chasse de son cœur et de sa mémoire…

Il n’a qu’à demander à la gazelle comment on peut, elle a très bien réussi apparemment à la rayer de sa vie, celle qui fut sa lumière dans le néant de son existence.

Sa gorge se serre alors qu’elle attend qu’il lui réponde.

Chacun d’entre eux enfoncé dans sa peine, comme deux enfants perdus et têtus. Et le croisement tant redouté, la seconde de relâchement alors qu’il force involontairement les barrières dressées, rien n’est changé finalement, ils se sont déjà tout dit il n’y a rien à rajouter.

S’ébrouant mentalement elle se recroqueville à l’intérieur d’elle-même refermant ainsi l’entrebâillement dans lequel elle l’a laissé involontairement s’immiscer.

Ses mots à lui résonnent délicatement à son oreille… La course, cette vieille histoire entre eux, comme une promesse faite dans l’espoir qu’elle ne soit jamais tenue, afin que ce lien ne se brise jamais. Si fragile…

Et quand il tourne les talons, fier de lui avoir cloué le bec en quelque sorte, elle répond :

De toute façon cette pauvre Marie-Caroline ne verra toujours que la croupe de mon Bagual…

Plaisanterie, demi-vérité chargée de sous-entendu ?

Sans s’attarder plus en ce lieu, elle monte en selle et s’éloigne à petit trot. Plus loin, alors qu’elle sera sortie du domaine, elle pourra enfin ôter ce masque et laisser ses yeux libres de pleurer. A ce moment là, sur la route, elle pleurera Apo, la roulotte, Neils et la gazelle.

Se vidant du mieux qu’elle pourra de cette douleur sourde qui lui étreint le cœur avant de rentrer chez elle, y retrouver enfin son compagnon, le seul qui ait le droit de la voir telle qu’elle est vraiment. Elle…
Rick
Alors que Bettym se levait pour prendre la parole, Rick ne put s'empêcher d'avoir un pincement au coeur, lorsqu'il vit Gypsie se lever, la mine défaite. Vraisemblablement, ses craintes les plus folles au sujet de sa réaction face au testament étaient justifiées. Comment aurait-il pu en être autrement d'ailleurs ? La rectrice devait être blessée dans son amour-propre et avait dû voir ses rêves se briser, devant le cercueil de sa belle-fille. Et tout comme une précédente femme suivie d'un homme, elle était sortie. Une nouvelle fois, la chapelle avait été illuminée par le soleil qui était revenu. Cette lumière presque divine venait éclairer le cercueil, où reposait Apolonie. Cette lumière était un peu comme un appel d'Aristote pour que la défunte le rejoigne.
Le diacre avait écouté les confessions de Bettym, puis celles de Kory. Lorsque sa sœur, très émue, reprit sa place, Rick regarda l'assemblée pour voir si quelqu'un d'autre allait reprendre la parole. Marie-Alice, la tutrice de Gaspard et Jazon prirent à leur tour, la parole, évoquant tout à tour un autre souvenir partagé avec la défunte. Devant le chagrin inerte des paroissiens, il comprit que plus personne ne souhaitait partager sa peine et ses souvenirs avec les autres membres de la communauté. Il était donc temps de terminer la cérémonie et de dire adieu de manière définitive à leur sœur aristotélicienne, Apolonie.

Après ces paroles de quelques uns d‘entre vous, il est à présent temps de nous remémorer une dernière fois les actions de la vicomtesse d'Ambert.

Rick prit alors un parchemin sur lequel il avait noté différentes charges qu'elle avait pu occuper. Il espérait n’en avoir oublié aucune.

Indépendante est le meilleur qualificatif qu'on pouvait lui attribuer, sans nul doute. Directe et loyale surtout envers son duché, elle n’hésitait pas à dire ce qu’elle avait sur le cœur et cela parfois avec un langage cru, mais jamais vulgaire. Elle occupa plusieurs postes importants dans le duché. De diplomate à bourgmestre ou de conseillère municipale à conseillère ducale, elle venait de remporter les élections ducales avec son parti. Mais malgré le fait qu’elle soit tête de liste, elle n’obtint que le poste de prévôt.

Rick se devait, en mémoire de celle qu’il n’avait pas eu le temps de connaître vraiment, de dire ce qu’il pensait de toutes ces magouilles politiques. Cela n’avait pas été ni la première ni la dernière fois que cela se passait mais le jeune diacre trouvait vraiment cette manière de faire contraire à tous les préceptes des vertus aristotéliciennes. Et pourtant tous ses ducs et ses duchesses avaient été baptisés et s’étaient engagés à suivre les enseignements d’Aristote. Toutes les personnes le désirant étaient venues dire adieu à leur amie. Il était temps de la conduire dans sa dernière demeure. Le jeune homme fit signe aux six porteurs de venir récupérer le cercueil et le porter jusqu’au chariot de Patxi qui conduirait la défunte jusqu’au cimetière de Moulins où elle serait inhumée.

[Cimetière de Moulins]

Rick était monté à l'avant de la charrette mortuaire, en compagnie de Patxi. Le voyage avait été long et ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'ils arrivèrent en vue du cimetière. Sur leur passage, les paysans croisés ôtaient leur couvre chef, en signe de respect, d'autres se signaient. Le cercueil fut porté jusqu'au trou qui allait accueillir la dernière demeure d'Apolonie. Des cordes furent passées autour du cercueil, afin de le descendre. Le diacre reprit alors la parole, pendant que la bière glissait lentement mais sûrement six pieds sous terre.

Nous allons maintenant confier à la terre le corps de notre soeur dans ce lieu où reposent déjà tant de proches, tant d'amis. Le moment est venu de lui dire "à Dieu".
C'est un moment de tristesse, mais il faut que l'espérance reste forte en nous. car nous espérons revoir Dame Apolonie quand Dieu nous réunira, dans la joie de son Royaume.
Recueillons-nous en pensant à tout ce que nous avons vécu avec elle, à ce qu'elle est pour nous, à ce qu'elle est pour Dieu.


Nouveau moment de silence pour permettre aux présents de se recueillir une dernière fois. Une fois le cercueil immobilisé et les cordes remontaient, Rick aspergea la boîte en bois où dormirait pour l'Eternité Apolonie, Dame d'Orval et de Riom, Vicomtesse d'Ambert.

Cette eau, souvenir de ton baptême, nous rappelle que Dieu a fait de toi son enfant. Qu'il te reçoive aujourd'hui dans sa Paix !

La cérémonie venait de s'achever et Rick laissa la place à ceux et celles qui désiraient jeter une poignée de terre, une fleur ou un souvenir, avant qu'elle ne disparaisse à jamais. Après avoir combattu pour cette terre et ce duché, elle la retrouvait désormais, en en faisait désormais partie intégrante, loin de son mari qui l'avait précédée dans la mort. A peine Gaspard était-il né qu'il se retrouvait sans père ni mère mais avec une famille de coeur, à laquelle Apolonie l'avait confié. Une fois les derniers hommages rendus par ses proches, le diacre demanda à Patxi de terminer l'enterrement. Puis, un à un, proches et moins proches quittèrent le cimetière de Moulins.
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legowen
[à la chapelle , avant la fin de la cérémonie ]


Credo récité,flottement un peu de l’assemblée et cette annonce , lecture du testament, quelques murmures, quelques regards surpris pour l’endroit choisi , et pour elle ce mot qui l’atteint , testament ,dernières volontés, passé et présent qui se chevauchent , une pensée de son amie sur l’avenir , sur le devenir des personnes qui lui sont chères, sur son intention de leur
laisser un peu d’elle par delà le temps, par delà la mort


La mort, c’est là que l’on prend toute sa mesure , que l’on réalise que non ce n’est pas un cauchemar, vingt ans seulement et un testament ,se rendre compte que malgré les sourires sous lesquels elle masquait son épuisement , malgré les mots qui se voulaient rassurants , elle avait pensé à cette éventualité et à assurer l’établissement de son fils, comme une
mère aimante pour son enfant ,elle avait pensé à eux , ses amis les larmes qu’elle était arrivé à retenir coulent , sans un bruit


une épée , sa première, celle forgée par Grid, quand les deux femmes s’étaient toutes les deux investies pour leur duché , et d’autres mots , souvenirs
une robe qu’elle avait faite pour sa marraine , de ce rouge garante qui
plairait à la future mariée, ce regard ému de son amie qui lui avait confirmé qu’elle ne s’était pas trompée



amie , le texte lu par leur officiant , Rick , en parle, de cette amitié vrai, recevoir et donner et c’est bien ce qu’elles ont fait



une invitation, le temps de se reprendre , laisse Bettym ,Korydwen, puis cette jeune femme qu’elle a déjà croisée , un inconnu aussi, Jazon parler
de la défunte puis s’avance à son tour s’approche du cercueil, pose légèrement une main sur le bois




j’ai fait la connaissance d’Apo à mon arrivée à Bourbon, je me souviendrai toujours de cette soirée en taverne , ma première soirée ,j’ai vu cette jeune fille brune s’avancer vers moi en souriant s’enquérir de mes besoins de jeune vagabonde, puis me conseiller
nous avons longuement parlé, notre amitié est née cette nuit là, et oui, nous étions toutes deux d’incorrigibles noctambules à cette époque
elle est devenue ma marraine de cœur , avant de l’être lors de mon baptême

elle était elle-même nouvelle puisque nous avions 15 jours d’écart mais elle s’investissait déjà pour aider les arrivants et je voudrais que l’on retienne ceci
sa disponibilité pour les autres , toujours un sourire, une main tendue pour le jeune qui se trouve un peu perdu , toujours un conseil, un encouragement



s’arrête un instant, un peu dans ses souvenirs et reprend




sa disponibilité pour les autres mais aussi pour notre duché, qu’elle adorait, et j’en veux pour preuve notre assemblée composée de personnes d’horizons bien différents , marquant le rayonnement qu’elle avait, ambassadrice du Bourbonnais Auvergne en plus
profond d’elle-même


ce duché qu’elle n’a pu quitter longtemps et pour lequel, elle est revenue , un souhait , celui de faire encore plus , pour qu’il resplendisse davantage


mais



laisse son regard parcourir l’assemblée

trop directe , trop combative , il paraitrait que ce ne sont pas des qualités pour porter un duché de milliers d’âmes ?
c’était oublier les qualités diplomatiques qu’elle avait aussi , en charge la formation des jeunes diplomates , aurait-on mis une personne agressive pour cette responsabilité ?


et j’en veux , je le confesse , à ceux qui n’ont pas su voir toute cette énergie qu’elle avait non pas pour elle , bien loin de ces préoccupations égoïstes, mais pour le BA

qui ne l’ont pas écouté plus tard , faute car rejaillissant sur sa vie , sa santé, une charge qu’elle a voulu assumer malgré tout pour le duché , car elle était ainsi , allant jusqu’à l’épuisement , bien mauvaise thérapie pour une future mère puisqu’elle n'a plus eu la force de lutter pour elle-même


je m’en veux aussi de ne pas l’avoir poussée à voyager de nouveau , de partir ensemble cette fois, mais, nous étions pleines d’idées , pleines d’allant pour le BA , discutant comme lors de ces longues soirées de notre jeunesse en taverne , elle ne m’aurait sans doute pas écoutée , m’aurait dit "après " mais j’aurais pu essayer et peut-être serait-elle encore là


cette Apolonie souriante qui était toujours présente pour les autres , sans compter , cet Apo combattante

et qui peut-être nous regarde, j’ai envie de lui dire , sois heureuse là haut , reposes toi loin de tout ça , dans la lumière du soleil , avec ceux t’ont précédée et qui doivent être ravis de ta venue

merci pour cette épée que tu me confies, elle sera bien employée , tu le sais

je voudrais finir par ces quelques rimes



Bien que les fleurs se fanent, flétrissent et meurent
leurs précieux parfums , toujours en nous,demeurent
Tout comme ces fleurs qui perdurent encore
ceux que nous aimons, jamais ne mourrons
car dans nos souvenirs , à jamais, demeureront
illuminant nos cœurs, tel une nouvelle aurore


au revoir , mon amie



caresse sur le bois et une filleule qui regagne sa place


( pas pu poster hier, problème de connexion, désolée )
Alethea
Désormais Alethea n’entend plus rien. Le sermon, le testament, la lecture, les prises de parole… que ça se termine par pitié ! Elle lui a fait son adieu déjà… tous ces jours qu’elle a passé à tout régler, écrire, prévenir, organiser… elle a bien eu le temps de réaliser ce qu’il se passait non ? Elle a pleuré tout ce qu’elle avait et le reste dans les salons de Varennes. Elle n’y retournera plus.

Encore une fois la main de Legowen, douce, rassurante. Celle qu’elle avait prise pour entrer dans la chambre et parler à Apo une dernière fois. La première et la dernière comme disait leur marraine. Legowen, de quinze jours plus jeune, première filleule de l’azur et Théa, un an et quelques centimètres de moins, la dernière… Le dernière, jusque là, ça voulait juste dire la dernière en date et Thea donnerait tout pour qu’Apo puisse proposer son aide à une autre. Stase par exemple ou la jolie Amandine, elles auraient du choisir Apo au lieu de lui demander à elle. Théa leur aurait dit l’honneur que ça avait été pour elle. D’ailleurs, il faut qu’elle le leur dise… Doucement elle lâche la main et se lève en silence. Le regard de Rick l’accompagne alors qu’elle se place face à l’assemblée.

Apolonie était particulière….

Vous le savez. Chacun à croisé ici et en d’autres occasions, les regards des autres, ses autres proches, ceux que nous ne comprenons pas, ceux qui nous agacent ou nous font peur, ceux que nous pensons vils ou fades, inquiétants ou guindés, enragés ou sirupeux …

Je n’échappe pas à la règle…


Mais pour moi ce n’est pas ça la particularité d’Apolonie. Ca n’en est que la conséquence. On ne se retrouve pas ici parce qu’elle aurait collecté au cours d’un parcours insensé toutes sortes d’amitiés absurdes, sans discernement ni cohérence. Ni parce que sa douceur, sa vertu et sa compassion auraient fait une exquise unanimité. On en est très loin. Et pourtant, même si je n’ai partagé que ses derniers mois, je ne connais personne qui ait pris le temps de l’approcher et qui ne s’y soit attaché.
Le regard de la brune cherche Amandine, Cruzzi, Arthur les moulinois qui ont souvent été heurtés par leurs premiers échanges avec elle.

Je l’ai croisée à Moulins. Elle y revenait tout juste après sa convalescence à Labrit, candidate à la mairie à la suite d’un pari perdu. J’ai toujours pensé qu’elle m’avait prise comme tribun par erreur. J’étais la seule du village à m’y être installée après son retour, je n’y connaissais personne mais je l’ai trouvée… le regard se baisse et un léger sourire se dessine… « intéressante »… J’ai apprécié sa franchise, ça changeait, et malgré les avertissements que certains se croyaient obligés de me prodiguer, j’ai choisi d’accepter sa proposition. On a commencé à travailler, on a commencé à se respecter, à se lier. Elle était là, toujours, patiente, à répondre à mes milliers de questions. Je découvrais tout et chaque question en amenait une autre. C’était assez impressionnant, elle avait toujours la réponse juste. Celle qui expliquait sans assommer. Me laissant faire mon chemin jusqu’à la suivante et me regardant revenir avec un petit sourire amusé. Ce chemin je le lui dois, entièrement. C’est le mien, mais c’est grâce à elle. Elle a toujours soutenu mon parcours, elle a respecté mes choix, elle m’a même, parfois, obligée à les assumer. L’impétrante ferme les yeux un instant. Au cœur de toute cette tourmente elle a reçu une missive bien particulière qu’elle n’a pas pu honorer. L’Ordre lui a signifié son intégration. C’est avec Apo qu’elle aurait du s’en réjouir, Apo qui l’avait obligée à poser cette fichue candidature dont elle rêvait sans l’oser. Mais c’est pas le moment de s’effondrer encore. C’est pour elle qu’elle est là une dernière fois. Elle terminera ce qu’elle a à dire. Peu importe qui saisit.

C’est plus tard que j’ai compris qui elle était vraiment, profondément. Une première fois lorsqu’elle a vu les siens repartir et qu’elle a choisit son devoir. Il ne lui restait pourtant que quelques jours dans cette mairie et elle n’avait pas caché son intention de reprendre la route dès que possible. J’étais certaine, comme beaucoup, qu’elle se contenterait de prendre quelques dispositions et de filer. Je n’ai rien dit. Je n’ai pas essayé de la persuader de rester, assistant aux supplications et aux larmes de ceux qui voulaient la récupérer. Je me suis lourdement trompée. Elle est restée parce qu’elle s’était engagée, et elle est tombée sur les remparts de Moulins quelques jours plus tard parce que cet engagement n’avait rien de léger.

La seconde fois… à nouveau son regard cherche sa future filleule, petite Mandine à qui elle devait passer le poste de tribun plus tard… Il peut sembler plaisant d’être au-dessus de la mêlée. Etre de ceux qui savent. Petits Maîtres exhibant leur prétendue supériorité avec morgue, se regroupant en meute féroce pour effrayer le commun. A ce jeu les plus acharnés sont rarement les plus intéressants d’ailleurs. Ils tournent autour des chefs de meute justifiant leur existence par une appartenance dont ils ne mesurent même pas le sens. On en trouve partout, de toute sorte. Je ne parle pas là de camps mais de clan et ils sont de tous bords.

Apolonie n’en était pas !

La seconde fois c’était un soir d’automne, quelques habitants qui ne la connaissaient que de loin sont venus la voir, avant de quitter définitivement la ville, pour lui dire leur déception. J’ai voulu balayer ces reproches absurdes et injustes de quelques remarques bien senties les laissant à leur vaine agressivité. Mais elle m’en a empêchée. Ce soir là elle s’est expliquée avec eux encore et encore allant jusqu’à s’excuser. Et lorsqu’il sont partis, elle a répondu à l’un de ses amis qui ne comprenait pas pourquoi elle se donnait tant de mal pour des gens si inintéressants et surtout pourquoi elle était si triste de leur départ : Ils sont l’avenir de Moulins, je ne veux pas les perdre.

Et elle avait raison. Ils sont revenus. Ils sont Moulins à présent. Elle peut être fière d’eux. Elle … elle devrait être fière d’elle. Elle ne laissait jamais personne au bord de la route. Elle pensait que la vie est plus belle si on la partage, si le savoir est à tous, si on entraîne les autres dans son sillon au lieu de creuser la différence. Et pour ça elle ne faisait pas de distinction, elle ne cloisonnait pas les gens. Je l’ai vue s’opposer, s’emporter, se moquer mais jamais mépriser, jamais rejeter. Jamais faire sentir que rien n’était possible, que les cercles dans lesquels elle évoluait leur seraient définitivement fermés. Au contraire.

Apolonie avait le sens de la famille. Mais sa famille était ouverte. Elle était faite de ceux qui acceptent de partager, de tous ceux qui ne jugent pas et qui donnent sans compter, sans attendre qu’on vienne les supplier.

_________________
Persan
Il entendit l'émotion de sa voix et vit que ses mains tremblaient mais n'insista pas. Si elle avait envie de se confier à lui, elle savait qu'il était là, comme toujours. Il lui sourit quand elle lui prit le bras et renonçant pour l'heure à retrouver Louise, il marcha avec Gypsie sans aucune destination précise.

Non, je ne connaissais pas cette Apolonie.

Il hésita à dire que vu l'état dans lequel son enterrement mettait les gens, il préférait ne pas l'avoir connue mais ne connaissant pas ses liens avec Gypsie, il s'en abstint.

J'étais dehors parce qu'il y avait trop de monde à l'intérieur et que je n'y avais pas ma place. Tu sais... moi et les églises... moins j'y passe du temps et mieux je m'en porte.

Ils continuaient de déambuler. Un instant, Persan crut apercevoir Jazon sur les marches du parvis, sans être certain.

Comment se portent les tiens ?
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Eikorc
[Loin, très loin, en Anjou…]





Les jours ont filé sans qu’il ne s’en rende vraiment
compte… Et ce jour, alors qu’enfin il se retrouve dans sa demeure, qu’il ferme
la dernière porte qui le sépare de ses captifs, il avance pas à pas, traînant
les pieds… Le sommeil se fait sentir, depuis des jours il n’a pas pu fermer les
paupières pour se laisser aller. Nuque douloureuse qui se fait sentir,
grondement qui monte dans la gorge du colosse qui peu à peu trouve son bureau,
contourne le meuble massif et se laisse lourdement tomber dans le fauteuil qui
grince sous son poids…





Les bottes s’envolent et tombent bruyamment sur le bois du
meuble alors que le regard se posent sur sa main blessée qui tout à coup se met
à l’élancer au même rythme que son cœur ne bat… Les yeux se plissent alors qu’il
laisse la douleur glisser dans son corps. Sourire qui vient se nicher au coin
de ses lèvres alors qu’il détaille la plaie maintenant béante et à peine
cicatrisée qui traverse sa paume…





Nouvelle vague de douleur qui traverse sa nuque, vrillant
son échine et son cerveau, l’obligeant à fermer les paupières tandis que son
esprit et ses pensées se font arracher et emmener ailleurs… Loin… Très loin de
là où il se trouve… Il a reçu ce courrier qui parlait de la cérémonie d’enterrement
de son autre.. Mais il n’y a pas répondu.





Non pas parce qu’il ne pense pas à elle, mais parce qu’il ne
veut plus mettre les pieds dans une chapelle, ou dans une église… Parce que le
Diable ne s’abaisse pas à aller s’amuser dans la maison du Très-Haut… Tout
comme la montagne de muscles n’aurait pas supporté de voir tout ces gens ivre
de tristesse face à la mort de son Apo… Même ceux qui ne pouvaient pas la
supporter. Il le sait, il l’a déjà vu, une fois mort, on devient adulé et aimé
comme jamais…





Le nez se plisse alors que les sourcils se froncent, la
douleur est plus vive, lui rappelant encore qu’il est présent dans ce monde… Il
grogne, pour lui-même… Le colosse secoue lentement la tête alors qu’il se
demande pourquoi il ne s’est pas laissé aller en Périgord, pourquoi avoir
combattu de toutes ses forces les douleurs et repoussé la muerte qui était
venue le chercher… Il aurait dû, peut-être serait-il mieux là-bas, dans le
royaume qu’il s’est approprié…





Et elle ? Son âme-sœur ? Serait-elle avec lui ou
loin, dans l’autre royaume ? Celui où jamais il ne pourra mettre les pieds
à cause de ses méfaits, mais l’aurait-il voulu de toute manière ? L’aperçu
des enfers lui a plu… Sourire qui s’élargit sur ses lèvres alors que le visage
de son âme-sœur vient voleter devant ses paupières…





Le de Nerra redessine chaque traits, l’un après l’autre,
faisant réapparaitre devant lui la femme qu’il a aimé plus que tout, d’une
manière que personne, pas même lui, aurait pu imaginer… Carcasse devenue vide
alors qu’elle a disparu, alors qu’elle a rejoint un autre monde… Il n’est plus
qu’un corps, un esprit, une coquille vide…





Soupire qui lui échappe alors qu’il songe à nouveau ce qui
aurait dû être, ce qui aurait pu se faire… Elle et lui, elle est lui… Ensemble,
un tout, au sommet, à la tête d’un duché… Elle pour la politique, la diplomatie
et l’image. Lui à l’armée, la stratégie et les affaires discrètes… Oui, ça
aurait été bien… Longue inspiration alors qu’il secoue la tête pour chercher à
reprendre ses esprits, sa main blessée venant passer sur son visage alors qu’il
chasse la douleur…





Pourquoi ne l’a-t-il pas empêché d’épouser cet auvergnat ?
Pourquoi ne lui a-t-il pas dit vraiment ce qu’il ressentait pour elle ?
Pourquoi…





Apo la guerrière, la directe, la combattante…


Lonie la diplomate, la franche, la douceur…


Apolonie de Nerra, sa sœur, son autre…


Son tout…





La jeune femme qui arrivait à le faire sourire ne serait-ce
que sa présence, celle dont il connaissait les facettes presque par cœur car
possédant les mêmes… Opposés et pourtant si semblables, chacun son côté, chacun
la face d’une même chose… Chose brisée dont il n’est plus que le seul représentant…
Encore que…


La face angélique a disparu, happée, volée, explosée… Au
moment même où un nouvel ange s’envolait, laissant sur terre un colosse devenu
pâle reflet de ce qu’il était, faisant simplement naître un diable en retour… L’envoyant
dans une spirale de folie et de douleur…





Pourquoi mon Apo ? Pourquoi t’es-tu enfuie avec ce qu’il
me restait de cœur… ?





Colosse qui se laisse partir en arrière, laissant retomber
sa tête en arrière alors que derrière ses paupières fermées les azurs brûlent,
plus aucunes larmes ne cherchant à faire son passage, le flot tari depuis trop
longtemps… Le sort semble s’acharner sur
les mêmes…

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