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[RP] L'Idiote rouge et or

Blanche_
Retour.
La pluie était tombée tout le long de la traversée du bras de mer, et la remontée jusqu'au Castel de Carolum. Depuis son décès il n'était guère apprécié que Blanche s'y arrête, aussi n'avait-elle pas mis pied à terre avant trente lieues au nord, avant la Catalogne, et la frontière avec la France. Somme toute une très longue chevauchée, un peu pénible et laborieuse mais entourée de ses dames de compagnie, Hélène, et Elina, car la Borgia était restée sur place ; ils n'étaient donc que quatre hommes et femmes de valeurs, plus les enfants, et les gardes pour entourer leur périple. Seule la moitié la plus féminine avait poursuivi jusqu'au Tournel, Astaroth ayant pris sous le coude leur fils aîné.
Pour faire partager au cadet l'ambiance de sueur et de sable des tournois, ils avaient installé une tente au milieu des autres, aux couleurs de la Castille qui ne la quittaient plus.
Bien qu'elle-même l'aie quittée...
Au milieu de ce chapiteau de draps, deux paires de poteaux de bois entourés d'un galon d'or, et plusieurs coffres dont les décors et les usages différaient. L'on usait de l'un comme d'un banc, où s'endormait Lestan en fin de journée, d'un autre comme d'un vaisselier de fortunes, contenant quelques fruits pour la journée, et comme il n'y avait pas moyen de garder cachés les petits objets que Blanche portait en tour de taille, s'y trouvaient aussi au hasard, une bourse et son livre d'heures pour prier le soir venu.
La bourse était presque vide depuis qu'elle avait dépensé tout son argent pour offrir à Hélène et Elina deux robes pour la nouvelle année.
Peut être en Bourgogne aurait-elle le temps d'en demander plus à Astaroth, pour ses propres achats.

La petite troupe était arrivée un peu en retard dès le premier jour, là où les organisés étaient arrivés au moins la veille ; ils n'avaient même pas eu le temps de se présenter aux maîtres des lieux, quoiqu'elle se serait trouvée de toute façon fort intimidée dans une tenue si sale, et devant ces gens, dont le mythe du fief lui était parvenu on-ne-sait-comment. Le fait était qu'elle nourrissait à l'égard de ces terres une certaine appréhension, et que l'heure tardive à laquelle ils s'y présentèrent suffit à donner une excuse satisfaisante.


Est-ce que quelqu'un sait où se trouve Gildwen? Il devait nous rejoindre avant le Tournel...
Je savais bien que l'on aurait dû l'attendre, mais nous étions vraiment trop en retard. Lestan aura déjà raté le premier jour...

_________________
Gildwen_thegen
« Ici ! Ici ! » Il arrivait parfois que le Prince en oublie les bonnes manières pour ne laisser place qu'à l'expression de sa jeunesse. Malgré les efforts d'une famille qui lui procura une brillante éducation princièrement parfaite, il n'en demeurait pas moins un jeune garçon de seize années, dont le fait de ne pas être l’aîné de la famille favorisait une relative tolérance dans ses quelques écarts de conduite. Enthousiaste à l'idée de la retrouver, elle, celle qu'il considérait comme une mère, qu'elle n’était pourtant pas, celle qu'il considérait comme une marraine, qu'elle n'était pourtant pas.

Se présenta donc, auteur de ces sons, un homme de taille moyenne au vu de son jeune âge, aux cotés d'un destrier blanc qu'il tenait par les rênes. Si, d'un premier regard, on pouvait sans peine remarquer ses vêtements totalement faits de vert et de jaune dont les connaisseurs pouvaient y voir un rappel des armes familiale, le regard avait une tendance à se fixer bien rapidement sur sa chevelure dorée. Légèrement bouclé par endroit, coiffé uniquement par l’œuvre de ses mains, le tout était un rendu totalement désordonne et pourtant si brillant. Nul doute, il était un Brocéliande, car nul autre ne pouvait s'enorgueillir d'une blondeur aussi parfaite, aussi délicate, aussi soyeuse.

De son retard, il ne s'en excusa pas, et par politesse et convenance, n'en demanda rien non plus à celle qui était en quelques sortes son hôte sur ces terres qu'il lui était quasi-totalement inconnues. Lui, pourtant, était arrivé plusieurs heures auparavant, rejoignant le campement général à défaut de trouver sa Blanche. Sans doute avait-il omis le fait qu'il aurait du l'attendre aux frontières du domaine seigneuriale, mais ce qu'il n'avait pu faire alors, dû être accomplie ensuite. Et dans les tentes, sous pluie battante, il apprit la patience, surveillant au loin chacune des arrivées en tentant de reconnaître les différentes armoiries. Il en avait appris beaucoup, par dizaine et centaine, de Bretagne et de France, mais tous les efforts du monde ne pouvait l'aider ici, car étrangement, il ne connaissait nullement le blason recherché. C'est à l'oreille qu'il était parvenu à obtenir ce qu'il voulait. Chacune des arrivées étaient bien vite remarquées, s'en suivait alors les bruits entre les différentes tentes, les annonces, les accueils, les échanges de messagers pour les souhaits de bienvenue... bref... rien ne passait inaperçu.

Il avait atteint le fameux campement, celui de la castillane et bretonne, celui de sa Blanche. Son cheval fut rapidement pris en charge, et le bien être princier tout autant, essayant les effets de la pluie et tentant une rapide présentation plus convenable pour rencontrer celle qui l'appelait. Chacun s'affairait, semblant tous le reconnaître, et trop occupés dans leurs tâche ne semblaient pas se soucier de répondre à la femme, annonçant l'arrivée pourtant désirée.

Un sourire, amusée par la situation de semi-surprise, il s’avança devant Blanche avant d'incliner la tête ainsi que légèrement le haut du corps, signe de respect et de politesse. Sans se redresser encore, ne sachant jamais s'il doit être protocolaire ou plus intime avec elle, il prononça quelques mots.
« Marraine, vous nous avez fait demander ? »
_________________

Oh Gildy, Gildy, pourquoi es-tu si méchant, Gildy, pourquoi en veux-tu à tous les gens ?
Blanche_
C'était sans doute avec Ida que Blanche avait été la plus maternelle.
Et la plus présente.
Gildwen l'avait vue plus rarement, ils avaient moins discuté, et même si elle avait essayé de répondre à quelques unes de ses interrogations sur la religion, ça ne rattrapait pas ces années de distance et d'absence. Où était-il, que faisait-il? Toutes les interrogations elle n'avait commencé à se les poser qu'après la mort d'Aricie et Fulgence, alors que, lui étant à l'aube de l'âge adulte et elle entourée de deux enfants en bas âge, ils n'avaient pas su se comprendre.
Ou se poser les bonnes questions. Elle ne faisait que réagir comme elle l'aurait fait avec ses propres enfants, oubliant parfois, sans doute... Que deux têtes séparaient Gildwen et Johann, bien qu'ils aient la même couleur de cheveux.
Les von Frayner aussi, partageaient le bon goût des cheveux blonds !


Gildwen !


Elle eut un brusque sourire, très spontané, qui éclaira son visage sans qu'elle n'avance vers lui. Les bras le long du corps, qui vinrent se sceller sous sa poitrine en deux paumes jointes, dodelinaient comme deux têtes fatiguées jusqu'à ce qu'elle en trouve bon usage, et les tende vers lui.

Oh, cher Gildwen, vous m'avez manqué.

Murmura t'elle, lèvres perdues dans ses cheveux.
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Gildwen_thegen
La voix posée, il répondit simplement, usant du possessif pour se jouer de sa sœur bien indirectement. « Notre Blanche » Aurait-il dû l'appeler reine, princesse, baronne ou encore dame ? Il n'en savait rien. En dans sa tentative de réponse plus avancée, il en fut tout aussi maladroit, bafouillant quelques sons inaudibles. Lui avait-elle seulement manqué ? Là encore, il n'aurait pas su dire si en toute franchise cela fut le cas ou non.

Évidemment, le Prince était ravi de la revoir. Ravi tout également de pouvoir mettre un visage neuf, sur l'auteur des quelques écrits qu'ils avaient pu échanger. Depuis la mort de ses parents, et surtout de sa très regrettée mère, c'est vers Blanche qu'il avait pris l'habitude, par conseil maternel, de se tourner pour l'essentiel des questions qui touchaient à son éducation. Pour le mariage, pour la religion, pour les relations comme pour les projets futurs. Une récente correspondance née d'une bien ancienne relation, alors qu'il était bien plus jeune.

Les enfants sont ingrats, ils ne se souviennent pas et ne perçoivent pas les relations d'un même point de vue. Cet enfant avait cependant grandi, légèrement, aussi préféra-t-il rester poli, même si pour cela il lui fallait mentir.
« Vous nous avez manqué tout autant. »
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Oh Gildy, Gildy, pourquoi es-tu si méchant, Gildy, pourquoi en veux-tu à tous les gens ?
Aimbaud
Non loin de là, revenant des forges où on avait soudé une boucle à son harnais, Lugh marchait tranquillement en direction du campement. Lugh était absolument ravi, il avait eu des tiges d'avoine pour collation, ainsi que de l'orge et même une betterave que son cavalier et l'autre crotteux lui avaient administrée pour le dessert. Il était choyé comme pas deux, depuis sont arrivée dans le pays sec. Et il savait pourquoi, le dada futé.

Il savait parce qu'il connaissait très bien cette atmosphère d'excitation, ces odeurs de ferraille graisseuses et de sueur, ces toile cirées, ce sable et ce genre de clos où on l'avait laissé se dégourdir les pattes auprès d'une vingtaine de ses confrères (il y avait d'ailleurs repéré une consoeur baie à la croupe admirable qu'il avait coursée toute la matinée). Oui Lugh reconnaissait tous ces signes avant-coureurs. Et d'après lui ils n'annonçaient qu'une chose. Cette chose c'était la ligne droite où on galope vite, où son cavalier pèse une tonne pendant un bref instant (parce que l'instant d'après il est parterre) et où les gens tapent dans leurs mains en criant.

Cette chose-là, il connaissait très bien. Cette chose était divisée en deux sous-parties : la chose où il y avait un confrère en face, et la chose où il y avait un mannequin en bois en face. Lugh préférait quand il y avait un confrère en face, parce que déjà il pouvait faire un clin d'oeil ravageur si c'était une pouliche, et ensuite parce que son cavalier descendait plus vite de selle.

En somme, Lugh était plutôt à son aise dans cette ambiance fébrile de campement bondé. Il montrait son enthousiasme en donnant de petits coups de museau dans la tête pouilleuse du crotteux qui marchait devant lui, les bras chargés d'une selle. C'était son crotteux préféré. Il l'appelait crotteux parce que cet individu avait un intérêt tout particulier pour ses déjections. Lugh ne comprenait pas pourquoi, mais il les recueillait tout le temps pour en faire un petit monticule. Ça devait être sa passion. Lugh ne s'y opposait pas, mais il aimait bien le taquiner du coup. C'était tellement hilarant de peser de tout son poids sur la patte que le crotteux essayait de curer, ou de lui brouter un peu la tignasse quand il avait le dos tourné, ou de lui souffler un peu de morve dans la figure. Heureusement que le crotteux ne s'en offusquait pas !

Avec son cavalier, il la ramenait un peu moins. Déjà parce qu'il avait des éperons, ensuite parce qu'il avait les rênes. Mais aussi parce qu'ils avaient un peu le même fonctionnement en général. Ils allaient toujours tout droit ensemble, et quand il y avait un sabot déferré, ils s'arrêtaient ensemble. C'était une philosophie de vie. Ça ne les empêchaient pas de se foutre des coups de museaux pour l'un, de patte pour l'autre, mais en toute intelligence.

Ainsi, aux côtés de son cavalier qui lui tenait la bride, Lugh avançait dans la grande allée du campement, très fier du drapé d'armoiries dont on lui avait couvert l'arrière-train. Ça l'avait gratté un peu au début, mais c'était finalement une bonne protection contre les taons. Il souffla l'odeur de feu de camp qui passait sans ses naseaux, trouvant que cela puait. Il passa à dix pas de deux individus blonds qu'il ne gratifia pas même d'un regard, gardant bien haut la tâche blanche qu'il avait sur le chanfrein. Et sans le vouloir, à cet instant précis, Lugh servit de mur. Car de la coupe-au-bol qui apparaissait derrière sa crinière, on ne pouvait pas distinguer un cheveux. Ainsi Lugh, son cavalier et le crotteux, bifurquèrent dans une autre direction, sans rien remarquer de spécial.

La vie est pleine d'instants ratés.

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Blanche_
Le hasard avait quelque chose d'étrange, autant que de cruel.
Si Blanche s'était doutée une seconde que par ces règles absurdes, et une tête de cheval elle manquerait de peu le visage d'Aimbaud de Josselinière, sans doute aurait-elle ri, trouvé ça manqué, loupé, dommage, mais ne se serait-elle pas appesanti sur un événement qui, peut être, avait été décidé à dessein. Peut être que Christos avait voulu qu'ils ne se voient pas ; peut être que les choses étaient mieux ainsi. En tous cas, ne pas le revoir participait à rendre leur séparation plus supportable et ce ne la rendait pas plus triste.
En tous cas pas en apparence, car elle serra encore Gildwen avait un large sourire avant de le repousser un peu, l'esprit léger.


J'ai dû manquer énormément de choses.

Elle sourit. Là, ce n'est pas grave, les premières journées de joutes sont pleines de cavaliers peu émérites qui tombent presque sans aide de leur cheval.

Soutenant le regard du jeune fils d'Aricie, elle lui demanda.
Savez-vous monter et jouter, Gildwen ? Je trouve que cela fait partie des qualités d'un homme et que cela l'aide à évacuer certaines humeurs chaudes qui pourraient le rendre impoli.

Elle s'en alla ensuite parler des quelques joutes qu'elle avait vues en Castille, mais dont l'intérêt, dit-elle, était relatif. On parlait plus qu'on ne joutait, on dansait comme des drôles, bref, on ne s'amusait pas autant que lorsque quelques vieux chevaliers se présentaient à des joutes nobles, ainsi que cela était le cas au Tournel. N'y avait-il pas Alcalnn, par exemple, qui était homme d'âge avancé? Et peut être aussi Guillaume de Jeneffe. Oh, comme cela aurait été intéressant !


Savez-vous s'il sera là?


Puis, lui prenant le bras.
Nous devrions manger avec les autres ce soir, je vous présenterai mes dames de compagnie qui sont toutes délicieuses, et puis aussi mes enfants. Voyez, d'ailleurs, Lestan et Johann mes fils, qui sont aussi blonds que vous.

Se serait-elle douté alors que la couleur de cheveux était affaire d'honneur?
Elle continua les présentations.
Et Anne-Azilliz, ma première fille, qui a quelques mois.
Elle s'enroba d'un châle et passa l'ouverture de la tente, hélant au dehors. Hélène! Hélène! Venez par ici!

Peut être le hasard aura t'il voulu qu'Aimbaud entende sa voix.
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Aimbaud
Le premier tour des joutes se passe.

Ah ! Ôte-moi d'un doute, et de ce plastron par la même occasion. Yaarg... Ah la vilaine, ah la chienne, pour un peu elle m'entaillait dans le mou ! Tu vas avoir de la ferraille à retaper. Oh fianchtre... Voyez-vous ça. Bleurk, c'est déjà bleu. Cela sans dire que j'ai le cou tordu comme une poule au pot, avec cette chute. Saint Bynarr fasse venir le jour où j'aurai la panse de mon père, assez lourde pour me tenir en selle, bon Dieu !

Ainsi parlait Aimbaud de Josselinière, le nez penché sur son poitrail, tandis que son écuyer achevait de lui défaire une épaulière. Ayant subit l'assaut d'une lance et le battant d'une épée, il se trouvait désormais coloré de teintes improbables au milieu du ventre. Une bonne grosse ecchymose par endroits rougeoyante, par endroits violacée, tirant parfois sur le jaune, y avait établit ses quartiers. Et notre marquis en étudiait la venue avec un air préoccupé, en soutenant sous son nez les tombants de sa chainse.

C'était encore heureux que son impitoyable adversaire de tournoi n'ait pas visé les côtes, mais enfin le résultat n'était pas fameux. Aussi fallait-il mieux respirer du haut des poumons pour ne pas trop faire résurgence de ce fameux brisement de lance...


Non je sais bien, il n'y a pas grande gloire à jouter contre une femme. Mais crois-m'en, Aymon, elles sont d'autant plus vicieuses au combat. Et agiles ! Oh ça, Irancy a bien ses raisons de déclarer forfait en d'occasions pareilles. Je dirais même qu'il a vraiment raison ! Laisse là cette bande, je ferai moi-même.

Il se saisit du rouleau de charpie blanche que tenait son serviteur, pour s'en ceindre le tour du ventre avec une certaine maladresse. Il n'avait jamais été adroit avec un bout de tissu dans les mains. Pendant que le valet ôtait les boucles qui sanglaient ses jambières, il continua son discours, néanmoins avec une articulation plus difficile, en raison du lin de sa chemise qu'il tenait sous le menton.

Du moins j'aurai fait honneur à Amboise. Achève et vêts-moi. Nous allons lui porter ses couleurs, lui montrer qu'elles sont bien intactes et la remercier.

Le blason d'Ellesya roulé autour du bras, le jeune Nemours passa sous la tenture qu'on lui soulevait. Revêtu de frais, d'un gambison blanc, et la tête frottée à l'eau, il comptait bien faire un peu d'esbroufe face à la duchesse aux loups gris. Il se mit en chemin, le menton haut.
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Blanche_
C'est sûr, dit Blanche en frottant le nez sale de son fils, que si tu n'avais pas été faire l'imbécile dehors tout ceci ne serait pas arrivé. Regarde toi. Si ton père avait été là...!
Elle frotta le reste de terre, mais il restait un peu de saleté qu'elle ôta avec douceur, en tapotant plus qu'en frottant, finissant le tableau d'un sourire forcé, aux deux pouces relevant les joues du fils.

Et souris, un peu. Il n'est pas là, ton père, ce me semble.

Puis elle se releva et envoya Lestan jouer d'un tape maternelle sur le derrière. Cette proximité inhabituelle, au doux goût de vacances, la faisait s'occuper de lui plus que de raison. D'ordinaire, si Astaroth leur père était là, les enfants lui étaient confiés pour leur éducation, sauf bien sûr pour ce qui était d'Anne, qui était une fille. Cela dit, plusieurs mois étaient passés depuis qu'il avait entièrement repris pour son compte leur éducation, les principes disait-il, qui feront d'eux deux des hommes. En tous cas pas des mauviettes. En tous cas pas des gnomes. Le genre d'enfants qui, à l'occasion, se repassait le menton avec de la boue sèche, pour l'amour des roulades et cascades près des jouteurs.


Johann, surveille ton frère! Il a toujours tendance à s'approcher des gens qu'il ne connait pas...

Dit la mère qui suit le duo de loin, seigneuriale et calme, ainsi que l'est toujours la marquise lorsque caracole devant elle une paire de gamins blonds. Que pourrait il leur arriver? Leur père n'est pas là...

Un ange passe.


Rectification. Il est là pour l'un d'eux.
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Aymon
Pour sûr, elle y est pas allée avec le plat du dos d'la pogne, la rombière. 'L'a bien failli vous 'corcher vif, r'gardez moi ça, on l'aurait mis sous étalon en colère qu'vot' plastron, y s'rait point autrement dommagé.

Un crachat au sol vient appuyer les propos du valet, sur les talons de son maître. Pour l'occasion, il a revêtu livrée rouge frappée du sanglier de sa maison, mais point ses bonnes manières. Cette expectoration sert plus ou moins à rappeler aux autres écuyers présent que lui, il est avec le meilleur -- du moins en est il persuadé. Ses confrères étant presque uniquement des fils de nobles qui le toisent avec mépris, lui, sa figure sale, ses oreilles décolées et ses chicots crasseux, il se sent obligé d'en rajouter et de jouer les durs. "Ouais, j'viens d'la campagne, dit le crachat. V'nez y voir un peu si z'êtes pas contents." Son langage, quelque peu amélioré par un récent séjour éducatif au monastère, s'en ressentait également : plus que jamais, il s'exprimait comme un gueux sorti des pires bas-fonds. Il aurait rivalisé avec les charretiers les plus aguerris.

Si z'avez plus b'zoin d'mes services, m'sire, j'vas aller briquer vot'barda. J'vas aller emprunter des outils au forgeron du coin, y'm prêtera ben un marteau.

Laissant le Josselinière à sa gloire douloureuse, le valet tourne les talons, plastron balancé par dessus l'épaule. Il salue au passage un palefrenier rouquin avec qui il a sympathisé la veille, décroche un clin d'oeil à une petite porteuse d'eau, flatte la croupe d'une jument louvain, s'accroupit un instant pour ramasser un bâton qu'il lance à un corniaud, lequel se précipite aussitôt à la poursuite du bout de bois. Tout en continuant ses grandes enjambées, il suit l'animal des yeux, et, incapable de ce fait de prévoir que la trajectoire d'un objet non identifié croisera la sienne dans un instant, percute cet objet qui se trouve en l'occurence être un blondinet haut comme trois pommes.

Oh ! euh...pardon p'tit ! Dis voir, j't'ai point trop fait d'mal ? Faut pas courir comme ça...où qu'elle est, ta mère ?

S'accroupissant auprès du marmot pour vérifier qu'il n'a pas trop souffert de la collision, l'époussetant un peu, il se met à chercher des yeux la dame à qui pourrait appartenir l'enfançon. Il avise un autre gosse à toison d'or, remonte vers les tentes des nobles dressées là, bouquet de couleurs riches et d'or fin. Son regard croise une dame dont les cheveux pourraient trahir la qualité de génitrice des deux garçons.

Mais tiens, il ne l'aurait pas déjà vue quelque part, cette dame ?

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Lestan
Ce matin là, sur le walk of fame des tentes du Tournel, Lestan se fit shooter par un tacot toqué.

Depuis qu'un écart de milliers de lieues s'était creusé entre les frères Fitzserrant et Astaroth, Lestan trouvait la fréquence de ses suées nocturnes tout de même significativement réduite. Il lui arrivait encore, en de rares insomnies, d'oser ouvrir un oeil dans l'obscurité de la tente et vérifier si, dans la pénombre de sous la paillasse, Astaroth n'était pas planqué, prêt à lui croquer les doigts de pied.

Autant, voir les sourcils de leur précepteur se froncer avait tendance à lui liquéfier ses selles, autant voir le même tic étrécir l'oeil unique d'Astaroth lui infligeait une tétanie hors du commun. Certes Da Lua était affligé de Cyclopie, mais cela le rendait plus fort d'expression encore. Deux fois, Lestan l'avait entendu hausser le ton sur un domestique, et deux fois il s'était oublié le long de son falzar. En somme, le marmot tâchait de rester planqué derrière son frère quand l'ombre du paternel rôdait dans les parages, et s'appliquait à ne pas dépasser, avec ses fusains colorés, les contours des icônes de Christos, quand Johann en était déjà au stade de l'algèbre. Et Johann lui-même savait s'il s'en était farci, des icônes de Christos. Lestan en avait retracé toute la collection: Christos apprenti ébéniste, Christos en pagne à la plage, Christos donne conférence en gargote, Christos banquette avec ses potes, Christos se la pète avec une giga Croix, Christos s'achète une auréole en solde.

Mais -hinhin!- sa nature avait voulu qu'il soit étourdi, le Lestan. Et plus on exigeait sa concentration, plus il se prenait de fascination pour le vol des mouches. Mais aussi, trop en faire n'apportait rien de bon, et pour cause. Il fut un jour pris en faute pour excès de zèle. Alors que leur précepteur s'était absenté pour s'enquérir des dessous de jupon d'une boniche, et se trouvant désœuvré à cet instant précis, Lestan avait cru bon d'attraper le premier volume de la bibliothèque qui lui était venu sous la main, pour en colorier les lettrines et enluminures. Une initiative de choix et un coup de maître dont il pensait pouvoir être fier. Nenni! Dix coups de barre de fer sur les doigts, qu'il avait écopé, le Lestan. Il avait poussé quelques gros sanglots pour la forme, mais il lui avait semblé que la chose n'avait pas été aussi douloureuse qu'elle aurait pu l'être. Et dès le lendemain, on lui avait -joie!- donné un nouveau monticule d’icônes à colorer, comme on donnerait au maître des lieux un tas de parchemins à parapher. Il en était au tome : Christos apprend à s'envoler, quand on avait décrété qu'on partait voir un Tournel. Chouette ! En France. Beurk.

Et depuis, les oiseaux chantaient. On n'avait plus eu à travailler -sauf peut-être Johann, en sa qualité de premier de la classe- et les paysages défilaient. Lestan avait bien tenté de poser un ou deux ultimatums pour monter l'une des juments, mais, même en vacances, crier comme un goret et se rouler par terre n'était pas un motif assez convainquant pour la figure maternelle. Il s'était bien juré de bouder sa mère cinquante ans durant, pour la peine. Mais les risettes lui éclosaient sur la face aussi sûrement que l'acnée sur les faces pubères. Sa mutinerie avait duré trois minutes, puis avait sombré dans l'oubli le plus total. Même les anales n'en parleraient jamais.

Ce matin-là, Lestan avait tenté de récidiver dans la tente d'un seigneur voisin, profitant de l’inattention maternelle, portée quelques minutes sur Johann -dans les chausses duquel Lestan avait vidé sa ration de confiture, en une savante diversion-. À son super grand dam, la tente d'à côté ne s'était pas montrée plus conciliante. Lestan était tombé sur un bougre rougeaud qui, loin de s'émouvoir du cirque du mioche, l'avait aidé à dégager de sa tente en le roulant un peu du bout du pied. Le fils da Lua supposa qu'il était tombé au mauvais moment, le seigneur semblant en pleine réunion diplomatique avec une donzelle aussi peu vêtue que lui. Ou bien, après réflexion, c'était peut-être qu'il ne comprenait pas l'espagnol.

Il s'était rentré, les fripes pleines de poussière séchée, pour subir les douces remontrances maternelles. Quelques imprécations souriantes, une petite tape aux fesses, et Lestan était paré pour la prochaine récidive. Il franchissait justement les fanions qui délimitaient l'espace du campement de sa mère lorsque, repérant plus loin un chien, Lestan lâcha du leste sur sa trajectoire.


¡un perro, un peeeeerro, jajajajajaja!* glapit-il en le pointant du doigt.

Car, c'était de notoriété publique en Castille et Leon : Lestan voulait un chien. Depuis toujours. Mais surtout depuis qu'on lui refusait un cheval. Et ainsi s'établissait la chaîne alimentaire. Le chien court après le bâton, Lestan court après le chien. Il allait en trottinant, un large sourire en travers de la figure, lorsqu'un grand tas bouseux l'envoya rouler quatre mètres plus loin. Aussitôt sonna le tocsin.


Bh...Bh...BouuuAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH!**

Tristesse et désolation. Loin de s'inquiéter pour sa chemise trouée, ni pour la culpabilité du malfaiteur, Lestan ne déplorait qu'une chose. Il avait perdu le chien de vue. Il fallait donc que le monde soit au courant.

__________________
*Un chien, un chieeeeen ! hihihihi !
**Bouaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh !
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Aimbaud
Arrivé à proximité de la tente tourangelle, le marquis recoiffa un épi de sa coupe-au-bol, avec un mouvement stylé du plat de la main. Tout en marchant, il se tordit le cou par derrière pour surveiller le bruit de vieille timbale chutant dans la gadoue qu'il avait entendu, espérant qu'il ne s'agissait ni d'Aymon, ni des pièces d'armure qu'il lui avait laissées. Avisant qu'en fait, si, il mâchonna un juron crispé, mais s'astreignit à continuer son chemin, le blanc des yeux paraissant sous ses paupières lourdes d'exaspération. Il n'avait cependant pas fait un pas, qu'un cri de bébé-goret qu'on égorge répondit au vacarme. En fait, le tas de boue qu'il avait entrevu aux pieds de son valet — et que ce dernier avaient certainement shooté à pleine botte — se révélait être un enfant.

Mais rAAAaarh ! Foutrecon de maladroit. Gougnafier... 'Peux pas le laisser pisser tout seul qu'il nous piétine un marmot... HO ! HÉ. Mais relève-le dont, empoté ! Fais-le taire.

À cent pas de là, il adressa de grands gestes à son écuyer, pour lui intimer la marche à suivre, afin d'éviter que tout le campement vienne accuser le serviteur, et le maître, de frapper d'innocents enfants. En fait, à gueuler des ordres et à sautiller au beau milieu des tentes, il faisait presque autant de bruit que la petite victime. Il revint donc sur ses pas pour régler le contre-temps, fourrant sous son coude la bannière aux loups gris qu'il remettait à plus tard.

Il campa ses poulaines en terre près de la flaque creusée par le dérapage, et jaugea l'énergumène qui, à piailler en versant de chaudes larmes, espérait à n'en-pas-douter une réparation de l'offense qu'on lui avait faite (c'était du moins la conclusion à laquelle avait aboutit Aimbaud). D'une main, il délia sa bourse et jeta quatre pièces d'or au sol.


Là, là. Excuse la maladresse de mon serviteur. Voilà pour ta peine, et maintenant va ton chemin sans nous briser les oreilles.

Cherchez pas. Chez lui c'était inné de savoir parler aux enfants.
_________________
Lestan
Lestan comprit qu'on lui voulait du bien. Il finit par se taire, tête tournée vers la tente de sa mère, vers laquelle s'était dirigé le tacot. Pas de Blanche en vue. Manifestement, Johann s'appliquait encore à consommer toute son attention. Puis il plut quatre écus d'or. Lestan en conçut une vive joie. Il allait pouvoir jouer aux pogs* avec Johann. Pas contrariant, il émit un pépiement joyeux.

Lui eut-on d'ailleurs jeté des os de lapins, des chutes d'ongles ou de la pâté de purin, Lestan se serait trouvé content aussi. Il avait une fâcheuse tendance à presque tout aimer, dans la vie -hormis peut-être la vue du cache-oeil d'Astaroth-. Il trouvait même dans la contemplation des choses moches et/ou qui puent, un sujet d'admiration. Ce qui le prédestinait à être Artiste. Ou diplomate. Ou Idiot. Car, hormis l'appréciation subjective de Johann -avec qui Lestan était capable de se montrer pire qu'un sagouin- il n'était pas au monde enfant plus facile à vivre dans l'esprit collectif. Sans blague. Dans la mensure où on lui pardonnât ses petits travers et ses escapades impromptues. Et puis, sociable avec ça :


-Jaaaa el hombre me empujó y caí.** Pis l'otra dia a dada sobre un war varc'h de madera marron. Vale vale. T'garez pour les 'scudos.***

Après avoir raconté sa vie à l'inconnu coup-au-bolé, Lestan observa un instant de silence, obéissant, laissant le loisir aux deux énergumènes de s'éloigner à leur guise. Sagement, il ramassa les pièces dans son falzar et se fondit dans le décor. Ce qui, au vu de sa petitesse et de la poussière qui lui maculait les godillots comme une deuxième peau, était aisé. Lestan fit semblant d'aller tourner autour d'un des fanions maternels; il avait un plan en tête. Il avait bien remarqué le barda transporté par le coupable : Aymon. Des affaires qui indiquaient, selon son expérience infantile des milieux huppés, que le tacot traînait en général dans les parages de son maître, et donc non loin d'un cheval. S'il suivait Aymon, Lestan finirait donc forcément par se retrouver nez à nez avec le cheval. Et à ce moment-là, Lestan sortirait un coup de maître de sa manche. Il monterait le cheval, de gré ou de force, invoquant la culpabilité d'Aymon au moment opportun, pour son crime de tantôt. Parce que, certes on était en plein milieu du tournel, DONC ça grouillait plus ou moins de chevaux. Mais on lui avait appris la politesse, et, en général, il préférait obtenir, de gré ou pas complètement de gré, l'accord de ses débiteurs. Il décida donc qu'Aymon lui en devait une.

On s'est gouré en fait. Lestan était sûrement destiné à être avocat. Ou détective. Ou Roy des squatteurs.


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*anachronisme plus ou moins assumé.
**Le monsieur m'a poussé et je suis tombé.
***bouillie linguale mélangeant espagnol/Breton/Français, dont même l'auteur ignore la signification profonde. Il ne cherche pas à comprendre et franchement, vous devriez en faire autant.
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Blanche_
Évidemment, le cri de son fils ne lui avait pas échappé.
Elle était sortie de la tente avec un visage livide, s'imaginant qu'il avait été écrasé par les sabots d'un percheron, à moitié bouffé par un chien, ou culbuté par la lance d'un jouteur qu'il l'aurait pris pour un épouvantail. Ils faisaient la même taille, et ils étaient aussi crasseux l'un que l'autre. Ah, qu'elle en voulait au coté paternel de la chose pour avoir fait naitre chez son fils ces lubies de roulades dans la m erde !


LESTAN ? LESTAAN ! Hurla la maternelle et douce voix, faisant tressaillir les gens de Gondomar. On lâcha un bouclier sur un pied non loin d'elle, qui généra sorte de hurlement fort à propos. Elle reprit.

Lestan ! Je savais que je n'aurais jamais dû les laisser seuls ces garnements! LESTAN...! VIENS ICI TOUT DE SUITE TA MERE EST TRES INQUIETE !

L'argument ne ferait pas mouche. Rarement se souciaient les enfants des infarctus causés à leurs parents.


LESTAN ! Si tu reviens tout de suite je t'offre un cadeau...!


Oh, subtilité.

Si avec ça il vient pas, soyons clairs : c'est qu'il est mort.
Elle commença à très sérieusement s'inquiéter lorsque, jetant des yeux morts de peur dans tous les sens, elle croisa le visage d'Aimbaud de Josselinière.

Sur l'échelle de Richter des inquiétudes maternelles, elle était au maximum. Comme en plaida le très terrible et avisé : Un...un...un PONEY !
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Aymon
Ping !

ça y est : l'information est parvenue à remonter des tréfonds bourbeux de sa mémoire jusqu'à ce qui tient lieu de conscience à notre petit valet. Cette jeune femme à la chevelure dorée, qui morigène son gniard et vient de changer de couleur de façon assez spectaculaire, il sait où il l'a vue pour la dernière fois : dans ses propres vêtements.

Les images reviennent en cascade : la chapelle froide et immaculée, la robe de brocart à enfiler à la hâte, un Aimbaud ô combien hors de soi, le visage indistinct d'une Isaure plus fouineuse que jamais à travers le vitrail...
Et un vin de messe des plus savoureux, bu au calice sous le regard réprobateur d'un Christos de marbre.

Il n'avait pas tout à fait compris la situation à ce moment là, mais quoi qu'il en soit, ce qui s'était passé devait rester, justement, du domaine du...passé. Il ne tenait pas du tout à ce qu'on le fasse à nouveau rentrer dans une robe de femme, fût-elle de la soie la plus fine. L'idée même lui donnait des frissons. Et son maître rappliquait justement...Vite ! Trouver une idée pour le détourner de là, l'éloigner de cette espèce de folle qui allait à coup sûr leur coller à nouveau des baffes en public et exiger sans nul doute un stratagème farfelu où lui, Aymon, tiendrait le rôle de la Bonne Poire.

Se relevant, il grommelle pour la forme :


'l'ait pas fait essprès, moi, m'sire. L'marmot, y m'est couru d'sus sans crier gare, j'pouvais point l'deviner.

Puis, se rapprochant du marquis :

Oh ! Ben dites, elles vous a pas amoché que l'plastron, j'vois qu'vot' épaulière est toute cabossée aussi. Tenez, r'tournons-nous-en à vot'tente, qu'j'aille vous rafistoler ça.

Ni vu ni connu je t'embrouille, on n'allait pas lui refaire le coup une seconde fois. Il n'y aurait pas d'entrevue entre ces deux-ci, où alors, ils se passeraient de ses services.

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Aimbaud
Aymon parlait, tandis que résonnait le bruit de fond du campement, les pépiements du gamin boueux, les cris d'une mégère au loin. Et Aimbaud tentait de se concentrer sur les dires de son valet, approchant la tête et tiquant du sourcil, agacé par les sons parasites.

Quoi ?

Fit-il, prenant Aymon à parti en décidant de s'éloigner avec lui pour mettre à distance la zone de boucan. En marchant, il ouvrit les bras en parenthèses et baissa le menton sur son épaule pour juger lui-même de l'état de la ferraille. La bannière d'Ellesya ne cessait de se dérouler dans sa main, prête à lécher les flaques de boue, ou à souffleter la tête du gamin derrière.

Cette enfonçure là ? Elle se voit à peine... Tu pinailles, Aymon... Si tu as du cœur pour l'ouvrage, va plutôt décrotter Lugh et porter mes laines à bouillir. Mais... pourquoi il nous suit, lui ?

Par dessus l'épaulière cabossée, l’œil noir du marquis fit la mise au point sur le rikiki paillasson blond qui marchait dans les traces de ses bottes et celles du serviteur. Le court-sur-pattes avançait visiblement, doublant le pas pour suivre l'allure. Quoi, il n'était déjà pas satisfait de son aumône, ce petit mendiant ? L'oriflamme aux loups gris exécuta un tourbillon intimidant vers l'arrière. Un geste bon à faire fuir les pigeons. A voir si ça vous décollait les enfants des poulaines.

PCHHiiiitt ! Du vent ! Y'a plus argent.
LESTAN ! Si tu reviens tout de suite je t'offre un cadeau...!
Allez ! Écoute ta mère. Machin. Lest...


... an ?

Le sang d'Aimbaud de Josselinière lui descendit dans les chaussettes quand il tourna la figure vers la mère du marmot, cqfd un peu plus pâle. Statue de sel aux bras ballants, campée là comme un mannequin de joutes. Cette femme qu'il fixait, c'était Blanche de Castille. Et l'enfant mal peigné, c'était le sien. C'était le sien ! Ce n'était plus une grosse tête de nourrisson peinte à l'huile, engoncée dans de l'argent chaîné. C'était doté de jambes et chevelu, ça braillait en espagnol en avançant, déséquilibré par le poids de son derrière, et merdeux des pieds aux épaules. C'était... C'était. C'était là. Avec Blanche !

Le souffle coupé par le hasard, Nemours fixait muettement la silhouette claire de l'hermine, cachée parfois par un piquier ou un écuyer qui traversait le camp. Un trac épouvantable lui sciait les genoux... Il resta indécis sur la marche à suivre, consultant son valet du regard (qui ne pouvait guère lui porter conseil, car il ignorait tout du complexe ressort et tenants d'une rencontre bourguigno-bretonne qui avait près de neuf ans (cette parenthèse bis vous précisera que neuf ans auparavant, Aimbaud de Josselinière, du haut de ses huit ans, passait des vacances en colonie à la cour des ducs de Bretagne chez ses cousins Penthièvres, il y fit la rencontre d'une bourgeonnante adolescente nommée alors Blanche de Walsh serrant, qui se moqua fort de lui (cette troisième parenthèse vous expliquera que le sujet de cette moquerie visait sa petite taille et son hyperactivité (cette dernière parenthèse vous dira que par la suite, c'est Aimbaud qui eut lieu de se moquer de la petite taille de Blanche, ce qu'elle prit fort mal, mais tout finit bien puisqu'ils décidèrent de se marier dans la chapelle de Donges l'année suivante) fin de la parenthèse pour vous rappeler que le mariage fut empêché) autre fin de parenthèse pour vous rappeler que le mariage, bien qu'empêché, avait été consommé par inadvertance - une chute sûrement - ) énième fin de parenthèse pour désigner l'enfant Lestan dans le rôle de l'erreur humaine, fruit de ce malentendu). Aimbaud de Josselinière consulta donc Aymon du regard, et n'y trouva que du vide, car Aymon ne savait pas lire entre les parenthèses...

Il fit alors retomber la chape de ses sourcils, ombrageant les yeux qu'il portait sur son... fils.


Venez.

Il campa sa main en coupole derrière la tête du blondin, prêt à l'escorter vers la tente espagnole.
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