Blanche_
Notez le passage du "tu" au "vous" lorsqu'Aimbaud de Josselinière reconnait la parenté d'avec le tas de boue qui babille en espagnol. Blanche, beaucoup trop loin pour entendre quoi que ce soit, se contente à l'instant où elle retrouve son fils de courir vers lui en bousculant les personnes qui se trouvent sur son passage. Elle n'emprunte pas le chemin de terre, elle traverse une avancée d'herbe, manque de glisser sur ce tas de végétaux humides, salit sa robe, la déchirerait presque en frôlant de trop près les portants d'armes, de haches de lances d'épées qui trônent entre chevaliers et écuyers. Aucune entrave ne la retiendrait, aucun homme ni bête, elle se glisse comme une souris pour éviter une armure, oublie son rang en pressant le pas, dit à peine pardon. Une fois elle donne même un coup de coude à un pauvre gamin, à l'aube de l'adolescence, qui porte un bouclier trop grand pour lui. Et elle ne s'excuse pas, ou elle s'excuse en retard, car ce qui compte, c'est bien le moment où la chair de sa chair sera serrée contre elle et protégée.
Un peu brutalement peut être, elle le serre contre son cou, remontant de la terre où elle s'est laissée choir pour le prendre dans ses bras. Là, relevée, deux traces de terre sur ses genoux, empreintes sur la robe, avec le ballant de sa ceinture dorée qui en écrase la sale masse en de plus amples traces. Rien n'importe, avant que le baiser maternel ne vienne réconforter ce petit bout d'espagnol.
Il t'a fait mal ?
Oh qu'elle a eu peur...! Qu'elle a eu peur...! Elle n'a de cesse de le serrer, de se le réapproprier. Veut-elle seulement savoir s'il est en vie? Il est à elle, il ne lui a pas pris. A-t'il mal? Elle le serre encore. Baise le cou, se recouvre de terre elle-même. On aurait pas dit que le matin même, elle le sermonnait de ne pas vouloir finir son bol. Blanche-mère est paniquée. Elle s'est vue orpheline de l'un de ses petits. Où est l'autre d'ailleurs? Ne faut-il pas toujours qu'il s'en aille celui-là? Johann! Elle l'appelle. Johann!
Un bref moment d'éducation -ou... la fatigue de cet enfantement qui est assez récent, Anne-Azilliz étant née très tôt...- elle pose le petit par terre, veillant telle une mère -c'en est une de plus en plus, de plus en plus protectrice, de plus en plus affectueuse- au petit blond au nez de crasse et de terre. Est-ce que cet homme t'a fait mal, Lestan? demande t'elle encore. Et cet homme, avait-il raison de s'inquiéter, c'est le pauvre Aymon, qu'elle dévisage emplie de sous-entendue, déversant sur lui les aprioris qu'elle ne peut exprimer envers Aimbaud.
Le petit ne dit rien encore. Elle reste là à coté de lui, mais redresse le nez et regarde Aimbaud. Il est difficile de ne rien laisser transparaître, c'est l'homme qui l'a rejetée... Il est difficile mais toute difficulté est surmontable n'est ce pas? Au nombre d'épreuves traversées, elle est inébranlable désormais. Peut être un peu neutre. Peut être un peu trop. Elle sourit avec politesse.
Pardonnez mon cadet s'il vous a offensé, Seigneur de Nemours. Les fils de Castille chahutent un peu trop, ils ont de la vigueur à évacuer après si long voyage.
Des banalités en guise de paraphe. Elle espère vite s'en retourner à sa tente, à l'Orléans, à Della.
_________________
Un peu brutalement peut être, elle le serre contre son cou, remontant de la terre où elle s'est laissée choir pour le prendre dans ses bras. Là, relevée, deux traces de terre sur ses genoux, empreintes sur la robe, avec le ballant de sa ceinture dorée qui en écrase la sale masse en de plus amples traces. Rien n'importe, avant que le baiser maternel ne vienne réconforter ce petit bout d'espagnol.
Il t'a fait mal ?
Oh qu'elle a eu peur...! Qu'elle a eu peur...! Elle n'a de cesse de le serrer, de se le réapproprier. Veut-elle seulement savoir s'il est en vie? Il est à elle, il ne lui a pas pris. A-t'il mal? Elle le serre encore. Baise le cou, se recouvre de terre elle-même. On aurait pas dit que le matin même, elle le sermonnait de ne pas vouloir finir son bol. Blanche-mère est paniquée. Elle s'est vue orpheline de l'un de ses petits. Où est l'autre d'ailleurs? Ne faut-il pas toujours qu'il s'en aille celui-là? Johann! Elle l'appelle. Johann!
Un bref moment d'éducation -ou... la fatigue de cet enfantement qui est assez récent, Anne-Azilliz étant née très tôt...- elle pose le petit par terre, veillant telle une mère -c'en est une de plus en plus, de plus en plus protectrice, de plus en plus affectueuse- au petit blond au nez de crasse et de terre. Est-ce que cet homme t'a fait mal, Lestan? demande t'elle encore. Et cet homme, avait-il raison de s'inquiéter, c'est le pauvre Aymon, qu'elle dévisage emplie de sous-entendue, déversant sur lui les aprioris qu'elle ne peut exprimer envers Aimbaud.
Le petit ne dit rien encore. Elle reste là à coté de lui, mais redresse le nez et regarde Aimbaud. Il est difficile de ne rien laisser transparaître, c'est l'homme qui l'a rejetée... Il est difficile mais toute difficulté est surmontable n'est ce pas? Au nombre d'épreuves traversées, elle est inébranlable désormais. Peut être un peu neutre. Peut être un peu trop. Elle sourit avec politesse.
Pardonnez mon cadet s'il vous a offensé, Seigneur de Nemours. Les fils de Castille chahutent un peu trop, ils ont de la vigueur à évacuer après si long voyage.
Des banalités en guise de paraphe. Elle espère vite s'en retourner à sa tente, à l'Orléans, à Della.
_________________