Syuzanna.
[31 rue du Lac ~ Les Peupliers et le Chardon Soignant ~ Sarlat]
Les jours se succèdent, aussi dissemblables les uns des autres, qu'ils peuvent l'être à Sarlat. La rousse passe son temps entre son village, et la ville voisine, Bergerac. Søren n'en semble pas conscient, mais cela amoindri consiédrablement le temps qu'elle peut consacrer à ses potions et autres remèdes médicinaux. En prêtant Serment, elle a juré de faire passer son métier d'herboriste avant toute autre préoccupation. Le mariage en est une qu'elle doit considérer comme étant au second plan. Comment expliquer à son époux, qu'elle ne pourra bientôt plus faire les allers et retours ? L'on a besoin d'elle à Sarlat. Alise et son pied brisé, et tous les autres qui seraient susceptibles de tomber malade. C'est après tout bientôt l'Automne, saison des premiers maux hivernaux. Et une fois que la neige aura commencé à tomber, elle ne pourra plus bouger du tout. S'il s'obstine à rester à Bergerac, ils ne se verront plus jusqu'au mois de mars.
Elle ne retient pas un soupir. Elle avait cru que les dieux lui accorderaient enfin ce que son coeur désire, mais il n'en est rien. « Ton destin n'est pas d'être heureuse comme tu le souhaites, Syuzanna. » Les paroles de son Oncle résonnent encore à ses oreilles comme s'il venait juste de les prononcer.
Mais non. Syu est seule. Il faut dire qu'au sein de l'herboristerie, elle ne tolère personne d'autre qu'elle-même... et ses patients ! Parfois, ses amis les plus intimes sont autorisés à y entrer. Comme récemment, Pattricia, et Alise. Même sa fille adoptive n'a pas le droit de mettre les pieds ici, et Søren moins que tous les autres.
Dans la marmite de cuivre, l'eau chauffe tranquillement au-dessus des flammes de la cheminée. Il est temps d'y jeter une poignée d'asperule. Il est temps, songe-t-elle, de venir à bout de ses insomnies. Cela commence à entamer son calme olympien, et s'il est bien une chose que l'Ecossaise doit éviter, c'est de sombrer dans la fureur. Søren ne cesse de parler de ses crises, tantôt noires, tantôt rouges, mais il ignore tout des siennes. « Contrôle le volcan des MacDouggal, ma fille. Ton sang des terres d'Irlande doit être maîtrisé plus que tout autre chose. » Conseil avisé et sage de son père, suite à l'une de ses colères. Et le manque de sommeil fait s'agiter le magma jamais réellement endormi, qui bouillonne en elle.
S'accoudant à la fenêtre, elle pousse de nouveau un profond soupir. Que fait son époux en ce moment ? Elle chasse aussitôt cette pensée de son esprit. Elle sait ce qu'il fait. Il boit, ou il est encore fourré dans ses mines, ou au conseil comtal. Rien qui soit susceptible de l'intéresser. Fermant les yeux, elle savoure le vent sur son visage. Une amie qui la comprenne aussi facilement qu'une mère. Voilà exactement ce qu'elle souhaite en cet instant. Voilà ce qu'elle espère. Ce qu'elle demande aux dieux. Qu'une amie chère vienne lui rendre visite. La visite d'une femme qui lui ressemble...
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Les jours se succèdent, aussi dissemblables les uns des autres, qu'ils peuvent l'être à Sarlat. La rousse passe son temps entre son village, et la ville voisine, Bergerac. Søren n'en semble pas conscient, mais cela amoindri consiédrablement le temps qu'elle peut consacrer à ses potions et autres remèdes médicinaux. En prêtant Serment, elle a juré de faire passer son métier d'herboriste avant toute autre préoccupation. Le mariage en est une qu'elle doit considérer comme étant au second plan. Comment expliquer à son époux, qu'elle ne pourra bientôt plus faire les allers et retours ? L'on a besoin d'elle à Sarlat. Alise et son pied brisé, et tous les autres qui seraient susceptibles de tomber malade. C'est après tout bientôt l'Automne, saison des premiers maux hivernaux. Et une fois que la neige aura commencé à tomber, elle ne pourra plus bouger du tout. S'il s'obstine à rester à Bergerac, ils ne se verront plus jusqu'au mois de mars.
Elle ne retient pas un soupir. Elle avait cru que les dieux lui accorderaient enfin ce que son coeur désire, mais il n'en est rien. « Ton destin n'est pas d'être heureuse comme tu le souhaites, Syuzanna. » Les paroles de son Oncle résonnent encore à ses oreilles comme s'il venait juste de les prononcer.
Mais non. Syu est seule. Il faut dire qu'au sein de l'herboristerie, elle ne tolère personne d'autre qu'elle-même... et ses patients ! Parfois, ses amis les plus intimes sont autorisés à y entrer. Comme récemment, Pattricia, et Alise. Même sa fille adoptive n'a pas le droit de mettre les pieds ici, et Søren moins que tous les autres.
Dans la marmite de cuivre, l'eau chauffe tranquillement au-dessus des flammes de la cheminée. Il est temps d'y jeter une poignée d'asperule. Il est temps, songe-t-elle, de venir à bout de ses insomnies. Cela commence à entamer son calme olympien, et s'il est bien une chose que l'Ecossaise doit éviter, c'est de sombrer dans la fureur. Søren ne cesse de parler de ses crises, tantôt noires, tantôt rouges, mais il ignore tout des siennes. « Contrôle le volcan des MacDouggal, ma fille. Ton sang des terres d'Irlande doit être maîtrisé plus que tout autre chose. » Conseil avisé et sage de son père, suite à l'une de ses colères. Et le manque de sommeil fait s'agiter le magma jamais réellement endormi, qui bouillonne en elle.
S'accoudant à la fenêtre, elle pousse de nouveau un profond soupir. Que fait son époux en ce moment ? Elle chasse aussitôt cette pensée de son esprit. Elle sait ce qu'il fait. Il boit, ou il est encore fourré dans ses mines, ou au conseil comtal. Rien qui soit susceptible de l'intéresser. Fermant les yeux, elle savoure le vent sur son visage. Une amie qui la comprenne aussi facilement qu'une mère. Voilà exactement ce qu'elle souhaite en cet instant. Voilà ce qu'elle espère. Ce qu'elle demande aux dieux. Qu'une amie chère vienne lui rendre visite. La visite d'une femme qui lui ressemble...
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