Alix_ann
« Tout ceux que tu connais vont mourir. » *
Vivre dans cet état là, ce n'était pas convenable pour une enfant comme ça. Sous son apparence de celle-qui-se-tenait-à-carreaux il y avait Alix, la gamine révoltée et qui en éternelle victime trouvait cela bien inconvenant.
Pour le moment elle était sagement assise à la messe, par le passé la petite Buze y voyait un endroit chaleureux, accueillant et particulièrement beau surtout lorsqu'il s'agissait des vitraux de l'église de Château-Gontier. Mais aujourd'hui tout était différent, il était mort et le noir lui allait très mal au teint, elle n'avait plus que ses yeux pour mater les vitraux dans le dessein de passer le temps, ou à défaut pleurer avec jusqu'à se déshydrater, sécher, devenir cramoisie et se décomposer au grès du vent. Elle songeait à toutes ces choses lorsque la prêtraille déclarait ses oraisons, lorsqu'elle défigurait l'allure de la robe noire qu'elle portait à force de serrer le taffetas, lorsqu'elle marchait dans la rue, où dans le château, quand elle soupait et quand elle s'endormait le soir. Elle songeait qu'elle aimerait bien rêver de lui, d'ailleurs, mais elle n'arrivait pas, surement car il était troublant pour elle d'essayer d'imaginer à quoi il ressemblerait aujourd'hui, se rappeler de leur petite enfant lui était également impossible. C'était du grand flou artistique, même alors qu'elle tachait de s'appliquer.
A quoi bon écouter les paroles à dormir debout de l'officiant dès lors? Ça n'avait plus aucun sens, si ça en avait eut un jour. Comme si il n'avait existé, comme si c'était une vague invention d'un esprit encore peu mature dans un petit corps qui ne tenait plus debout.
Et les Huguenos? La question toute bête lui traversa l'esprit. C'était quoi un hugueno? Cette espèce qui d'après Minouche voyait les choses autrement. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dessous? De quoi parlait-il?
Et lui, il était parti. Son coeur lui criait d'éclater en gros sanglots, de verser des larmes de crocodile. Cela ne pourrait-il pas faire cesser la messe? Alix se retient et contient ce poids, elle essaie de le ranger loin dans un coin de sa tête, par-là oui, ce sera parfait... mais cette idée se faisait sentir très peu de temps après l'avoir trié. A quoi bon pleurer un souvenir qu'on a même plus? Une présence dont il ne restait désormais plus rien, pas même la certitude de pouvoir en profiter de nouveau. Il lui avait été retiré sans qu'elle n'est pu y faire quelque chose, n'est-ce pas? Et si son départ jusqu'ici l'avait conduit à ne plus revoir les siens? Et si les siens ne se trouvaient pas ici, désormais. Des personnes qui s'occupait d'elle et se souciait de ses moindres passions. Ne s'était-on pas assuré qu'elle ne manque de rien depuis son retour? N'avait-elle pas été régulièrement approvisionnée en madeleines au citron? Avait-on discuté ses sourires forcés, toutes ses fausses joies? Ne l'avait-on pas choyé autant qu'on puisse le faire?
Rien n'y faisait, aucun remède à ce mal qui avec assurance tarderait à s'en aller par lui-même.
Elle porta à ses joues le mouchoir brodé d'une Lune de sa mère, un gage assez mince de l'affection que celle-ci devait lui porter. On aurait presque pu penser que cette messe l'avait affecté. Mais dorénavant elle restait hermétique aux charmes et appâts de tout ça, là. Un Doué en papier mâché c'était une terrible invention et la Fadette trouvait plus sage de s'en détourner dès maintenant avant d'en souffrir davantage.
Alix répondit aux sourires qu'elle croisa et se dirigea vers la sortie. La tete baissée elle rejoint les lourdes portes du lieu saint pour s'extraire au-dehors. La fadette porte sa main au dessus de son front, tout ce soleil qui agite ce teint si blanchâtre. Et de se frayer un chemin au milieu de cette agitation habituelle. C'est là qu'il lui apparut. Ses boucles blondes sautaient presque sur ses épaules, mettant à mal toutes ses chances de dissimuler l'effet que cette vision avait pour elle. C'était donc ici qu'il se trouvait depuis le début. Peut-être même l'avait-il attendu tout ce temps en restant planté là. Elle relève les pans de la robes et continue son chemin son baisser son regard de lui. Ou plutôt elle, c'était bien trop trouble. Il se tenait juste là, il semblait en bonne forme... Il lui sembla qu'il avait l'air grand, elle sut qu'il n'y avait qu'une façon de le découvrir.
Son pas se fait plus entraînent et bientôt elle trottine jusqu'à sa direction. Qu'elle est contente de le voir.
On vit quelques gerbes d'eau.
Mais surtout en pu entendre même loin de là et très distinctement :
-« GAAAAAASSSTTTT... »
Ça venait d'Alix, échouée au milieu d'un puits et qui criait des insultes dans le but, visiblement, de clamer sa douleur. Qui aurait cru qu'on apprenait autant de chose chez la demoiselle de Molières?
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* du latin : Mauvaise épine
* citation de la série Six Feet under
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Vivre dans cet état là, ce n'était pas convenable pour une enfant comme ça. Sous son apparence de celle-qui-se-tenait-à-carreaux il y avait Alix, la gamine révoltée et qui en éternelle victime trouvait cela bien inconvenant.
Pour le moment elle était sagement assise à la messe, par le passé la petite Buze y voyait un endroit chaleureux, accueillant et particulièrement beau surtout lorsqu'il s'agissait des vitraux de l'église de Château-Gontier. Mais aujourd'hui tout était différent, il était mort et le noir lui allait très mal au teint, elle n'avait plus que ses yeux pour mater les vitraux dans le dessein de passer le temps, ou à défaut pleurer avec jusqu'à se déshydrater, sécher, devenir cramoisie et se décomposer au grès du vent. Elle songeait à toutes ces choses lorsque la prêtraille déclarait ses oraisons, lorsqu'elle défigurait l'allure de la robe noire qu'elle portait à force de serrer le taffetas, lorsqu'elle marchait dans la rue, où dans le château, quand elle soupait et quand elle s'endormait le soir. Elle songeait qu'elle aimerait bien rêver de lui, d'ailleurs, mais elle n'arrivait pas, surement car il était troublant pour elle d'essayer d'imaginer à quoi il ressemblerait aujourd'hui, se rappeler de leur petite enfant lui était également impossible. C'était du grand flou artistique, même alors qu'elle tachait de s'appliquer.
A quoi bon écouter les paroles à dormir debout de l'officiant dès lors? Ça n'avait plus aucun sens, si ça en avait eut un jour. Comme si il n'avait existé, comme si c'était une vague invention d'un esprit encore peu mature dans un petit corps qui ne tenait plus debout.
Et les Huguenos? La question toute bête lui traversa l'esprit. C'était quoi un hugueno? Cette espèce qui d'après Minouche voyait les choses autrement. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dessous? De quoi parlait-il?
Et lui, il était parti. Son coeur lui criait d'éclater en gros sanglots, de verser des larmes de crocodile. Cela ne pourrait-il pas faire cesser la messe? Alix se retient et contient ce poids, elle essaie de le ranger loin dans un coin de sa tête, par-là oui, ce sera parfait... mais cette idée se faisait sentir très peu de temps après l'avoir trié. A quoi bon pleurer un souvenir qu'on a même plus? Une présence dont il ne restait désormais plus rien, pas même la certitude de pouvoir en profiter de nouveau. Il lui avait été retiré sans qu'elle n'est pu y faire quelque chose, n'est-ce pas? Et si son départ jusqu'ici l'avait conduit à ne plus revoir les siens? Et si les siens ne se trouvaient pas ici, désormais. Des personnes qui s'occupait d'elle et se souciait de ses moindres passions. Ne s'était-on pas assuré qu'elle ne manque de rien depuis son retour? N'avait-elle pas été régulièrement approvisionnée en madeleines au citron? Avait-on discuté ses sourires forcés, toutes ses fausses joies? Ne l'avait-on pas choyé autant qu'on puisse le faire?
Rien n'y faisait, aucun remède à ce mal qui avec assurance tarderait à s'en aller par lui-même.
Elle porta à ses joues le mouchoir brodé d'une Lune de sa mère, un gage assez mince de l'affection que celle-ci devait lui porter. On aurait presque pu penser que cette messe l'avait affecté. Mais dorénavant elle restait hermétique aux charmes et appâts de tout ça, là. Un Doué en papier mâché c'était une terrible invention et la Fadette trouvait plus sage de s'en détourner dès maintenant avant d'en souffrir davantage.
Alix répondit aux sourires qu'elle croisa et se dirigea vers la sortie. La tete baissée elle rejoint les lourdes portes du lieu saint pour s'extraire au-dehors. La fadette porte sa main au dessus de son front, tout ce soleil qui agite ce teint si blanchâtre. Et de se frayer un chemin au milieu de cette agitation habituelle. C'est là qu'il lui apparut. Ses boucles blondes sautaient presque sur ses épaules, mettant à mal toutes ses chances de dissimuler l'effet que cette vision avait pour elle. C'était donc ici qu'il se trouvait depuis le début. Peut-être même l'avait-il attendu tout ce temps en restant planté là. Elle relève les pans de la robes et continue son chemin son baisser son regard de lui. Ou plutôt elle, c'était bien trop trouble. Il se tenait juste là, il semblait en bonne forme... Il lui sembla qu'il avait l'air grand, elle sut qu'il n'y avait qu'une façon de le découvrir.
Son pas se fait plus entraînent et bientôt elle trottine jusqu'à sa direction. Qu'elle est contente de le voir.
On vit quelques gerbes d'eau.
Mais surtout en pu entendre même loin de là et très distinctement :
-« GAAAAAASSSTTTT... »
Ça venait d'Alix, échouée au milieu d'un puits et qui criait des insultes dans le but, visiblement, de clamer sa douleur. Qui aurait cru qu'on apprenait autant de chose chez la demoiselle de Molières?
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* du latin : Mauvaise épine
* citation de la série Six Feet under
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