Nimgly
Merci de respecter le cadre de ce RP, bon jeu.
Un vent glacé balayait ce soir là les toits de Pontarlier, de ces bourrasques hautaines qui viennent aux vaincus cracher la réalité de cette hiver persistant quon aurait cru printemps. Le froid avait jeté chez eux les pontissaliens si bien que dès le crépuscule les rues étaient dénudées de toute vie, désertes après la bataille. La plus part des volets encore sévèrement fermés, tout un peuple se terrant béatement derrière ses murs, dans lattente dun calme revenu. A peine entendait-on au loin le pas méticuleusement rythmé dune patrouille de vainqueurs, battant le pavé de ce pas dénaturément régulier. Une horloge depuis des siècles debout qui, toutefois, au fil des jours se dérègle lentement comme un chêne trop vieux dont les bourgeons le temps de la renaissance venu se font chaque fois moins nombreux.
Les réformés se cachaient dispersés après la défaite. On avait fait acte de bravoure, sétaient battus sans relâche à un contre cinq afin dassurer une retraite en bon ordre à ceux de lArmée du Salut qui pouvaient encore rejoindre la Suisse. Les combattants séparés par la force des choses, il était pour chacun difficile de savoir ou se trouvait ses compagnons. On ne sortait pas pour le moment, laissant le soin au Dolois de fièrement parader après la peur bleue quil avait eu, pansant les plaies des blessés, priant.
Nimgly et dautres avaient trouvé refuge chez le grenier dun bourgeois dont lavarice avait conseillé douvrir sa porte aux républicains en échange dun loyer important. Le lieu était vaste mais désespérément sombre, aucune fenêtre ne trouant le toit dont la charpente se contentait inlassablement de geindre, craquelant dun bruit sourd sous les assauts du vent. Une chandelle trônait sur un tabouret, au centre de la pièce, éclairant faiblement le grenier où dans un coin gisait le rouquin. Les paupières recouvrant dun voile lâche ses pupilles, il sagitait dans son sommeil, ne cessant, pris de fièvre, de se retourner sur son matelas. Son teint, naturellement pale avait maintenant la blancheur cadavérique dun corps lourdement meurtrie dont le sang sest échappé en quantité.
On avait par endroit déchiré ses vêtements, souillés par la sueur et le sang, pour mieux se rendre compte de ses blessures. Cest ainsi que lon apercevait son flanc gauche, labouré tel la terre par la foudre, plaie profonde dont on espérait que le rein ne fusse pas atteint. De provisoires pansements, fait de draps arrachés et placés à la hâte étaient déjà tout imbibés de sang tant la morsure était fraîche. Cétait là son unique blessure mais dont il paraissait étonnant quil nen soit déjà mort. Traîné jusque dans le grenier, il avait le souffle court du vieillard se reposant après une longue marche.
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Aristotélicien réformé.
Voyageur & Étudiant.