Sigrun
[Dans la demeure familiale de Courcy Ribe Danemark Début septembre]
Le feu crépitait doucement dans la cheminée et Sigrùn sétait assise quelques instants, là, regardant la poitrine de son mari qui montait et descendait péniblement. La toux sétait abattue sur lui comme un miséreux sur un morceau de pain et depuis, la pauvre femme ne faisait que veiller afin que déloigner le malheur de cette maison. Malheureusement, elle savait que son époux nétait plus très vaillant même si elle estimait quil avait encore de belles années à vivre ensemble mais les récents évènements de leur pays, les batailles perdues davance à la diplomatie qui avaient affecté son moral, et surtout la perte de son petit-fils ainsi que de sa brue avaient contribué à affaiblir le patriarche.
Levant un regard bienveillant sur le visage de son époux tant aimé, cachant ses mains tremblantes de peur, Sigrùn se décida enfin à se rendre aux cuisines pour faire préparer un bouillon, seul alimentation que Eudes pouvait avaler même si cela se faisait avec peine. Puis, tout à lécoute du silence effrayant qui sinstallait dans la demeure, elle prit la décision de prévenir son fils, installé depuis peu en Normandie.
Sans faire de bruit pour ne pas éveiller le dormeur qui tentait de reprendre des forces mais ne pouvant quitter cette pièce où son époux était installé, Sigrùn se dirigea vers la petite table, non loin de la fenêtre afin décrire ce courrier quelle avait tant reculé à faire. Un instant, elle posa son regard sur la mer quelle voyait au loin. Cette habitude prise à chaque fois quelle passait devant une fenêtre avec son fils et dont elle gardait le besoin, comme un rituel entre eux. Elle savait que même au loin, Osfrid ne pouvait se défaire de ce regard perdu sur lhorizon. Un râle la sortit de sa contemplation et après avoir laissé un soupir presque de détresse séchapper de sa gorge, Sigrùn prit place. Plume et vélin nattendaient plus quelle.
A toi mon fils, mon enfant tant aimé,
Il est des jours où je prends la plume avec un plaisir non feint pour venir jusquà toi te demandant quelques nouvelles de ce royaume de France où tu vis désormais. Profitant ainsi pour connaitre un peu mieux cette famille que tu as trouvée là-bas même si ton discours est peu loquace concernant tes cousines. Je sais que tu espérais tant de ces retrouvailles surtout depuis que Sibila et Ragnard tont été arrachés. Les familles sont ainsi mon fils, parfois peu encline à accepter de nouveau membre et te connaissant quand même, je suis certaine que tu leur as montré ton plus merveilleux sourire et ta docilité nest-ce pas ?
Osfrid, tu sais que je taime comme toute mère peut aimer son enfant mais tu es parfois si difficile que je plains ces pauvres femmes qui ont dû voir débarquer chez elle un homme du nord peu engageant de civilités. Jespère au moins que tu ne les as point effrayées ? Tes ancêtres seraient fiers de toi si tel est le cas, moi un peu moins. Jaimerais que pour une fois tu te comportes comme un être civilisé et non un barbare sans nom. Et ne prends pas le prétexte dêtre un homme du nord, froid et distant pour te racheter de ton attitude que je connais par cur. Même si certaines femmes apprécient le genre revêche, toutes ne sont pas ainsi !
Sigrùn sarrêta un instant, lâcha sa plume pour sinstaller dans le fond de son fauteuil. Elle connaissait son fils par cur et savait quil était arrivé en Normandie avec lidée de faire la guerre à cette personne qui dirigeait maintenant la famille. Sortant de nulle part, ils avaient eu vent quune femme se faisant passer pour une de Courcy, récupérant ainsi les biens des normands. Le sang de son fils navait fait quun tour, jurant quil aurait sa peau et prouverait quelle nétait quune usurpatrice. Ce nétait pas le titre quil lintéressait, loin de là, mais le domaine familial auquel il tenait par-dessus tout car renfermant ses souvenirs denfance. Et Osfrid avait eu beau se creuser la tête, aucun ne concernait une cousine quelconque. Et depuis, les courriers de son fils avait la saveur dune guerre ouverte et déclarée. Se frottant machinalement la joue, la mère du danois ne put que lâcher « Oh Osfrid, quand vas-tu apprendre et devenir raisonnable ? ». Se faisant, elle reprit sa plume en main afin dannoncer la douloureuse nouvelle à son fils. Mais la peur de sa réaction lavait incité à attendre longtemps avant de le prévenir, sachant la souffrance que cela allait lui infliger. Une de plus dans cette vie pourtant si courte et malgré tout si bouleversée.
Osfrid, les banalités sont de mises et pourtant, tu sais que peu mimporte ces cousines éloignées de nous. Je ne pense pas les connaitre un jour et comme elles nont jamais daigné se renseigner sur notre famille, je pense que nous navons que peu dimportance à leurs yeux alors de grâce mon fils, oublie un instant tout ceci. Jai dautres nouvelles à tapprendre qui elles, requièrent ton attention et même au-delà de cela.
Dans mon dernier courrier, je tavais dit que le temps ici ne se prêtait pas à se souvenir de cet été. Les pluies et les brumes matinales sont venues plus tôt que prévues et ton père a attrapé une toux tenace. Si au début, nous pensions que cela passerait avec quelques herbes, il est fort de constater quaujourdhui, son état sest aggravé. Osfrid, tu sais que je ne te demanderais pas cela si je pensais quil ne courrait aucun risque mais il te faudrait rentrer dans les plus brefs délais je crains le pire mon fils et jai besoin de toi maintenant.
Je sais que ces nouvelles ne sont pas celles que tu attendais et que tu vas penser que le sort sacharne sur notre famille mais je te demande de garder ton calme jusquà ton retour Osfrid. Je sais que la douleur te fait souvent agir avec impulsivité mais pour une fois dans ta vie, écoute-moi et fais ce que je te dis. Et préviens-moi de la date de ton arrivée afin que je puisse envoyer Harald te chercher.
Osfrid, par les dieux, fais vite.
Sigrùn ne pouvant aller plus loin sans que cela lui arrache un sanglot signa sa missive dune main tremblante. Le temps leur était compté, de ça elle nen doutait pas. Confiant sa missive à lun de ses gardes, elle lui recommanda de faire le nécessaire afin que le pli arrive dans les plus brefs délais. Il ne devait souffrir daucun retard. Puis doucement, elle se réinstalla sur son fauteuil, au chevet de son époux, près de la cheminée pendant que le temps continuait sa course folle.
Titre inspiré de l'oeuvre de Martin Gray
[Bonjour, Bonjour,
Image (signature en fin de courrier) supprimée par mes soins car hors norme (dimensions supérieures à 250 x 250 pixels) Merci de prendre connaissance des Règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, bon RP
Modo Mahelya]