Jusoor
*Mouais bon... une heure en taverne. Rien de bien grave hein. Et même, quoi de plus naturel que de fréquenter une taverne remplie ? Ca change les idées, on passe un bon moment, parfois même on rit, tout le monde le fait quoi !...*
D'un geste sec, Jusoor écarta les rideaux de sa chambre, laissant le nouveau jour y déverser sa lumière. Une minute, elle regarda au travers des vitres les haies -piquantes il va de soi- et le parc "militarisé" de Mâlain. Le long de l'enceinte elle apercevait l'ombre furtive et épaisse des molosses de son père. Baveux et puants certes, mais ça on s'en fichait, on leur demandait juste d'avoir des crocs acérés et le ventre vide. Au pied des hautes grilles, ceux qu'elle surnommait Toto et Lolo, de leurs vrais noms ... ah non ça elle l'ignorait, donc Toto et Lolo semblaient occupés à tailler le bout de gras. Non non, on ne fait pas la conversation à Mâlain quand on est garde, sinon on goûte au fouet, ils taillaient vraiment le bout de lard du déjeuner matinal. C'est qu'ils étaient bien lotis à Mâlain fallait pas croire.
*Mouais bon, rien de grave donc à lier connaissance, voire même se montrer aimable...*
Le spectacle ne lui avait pas changé les idées et ses sourcils étaient toujours sévèrement froncés. Jusoor quitta donc la fenêtre et se planta au milieu de sa chambre, incertaine et hautement perplexe, soupir au bord des lèvres. Le hic cest qu'elle avait fait plus que se montrer aimable, et ça elle ne se l'expliquait toujours pas. Elle avait été... bonne et gentille. Oui, il fallait qu'elle le reconnaisse. Conséquemment, elle était légèrement de mauvais poil ce matin, chaque médaille a son revers.
- Guillemette !
...
- Guillemeeeeeeeeeeeeeeeette !
Et de marmonner dans un soupir excédé : Bordellerie mais qu'est-ce qu'elle fout ? Etre obligée de s'égosiller comme ça ! Et puis pourquoi elle s'appelle Guillemette d'abord ? Mais qui s'appelle Guillemette ? C'est...
- Vous m'avez appellée Baronne ?
La Blanc-Combaz aînée fit volte-face et découvrit le visage de la servante glissé dans l'entrebaillement de la porte. Sans savoir d'où lui venait cette curiosité elle se demanda subitement combien de printemps voutaient les épaules de la vieille, était-elle si âgée que le froissé de sa peau le laissait croire ? Jusoor chassa cette pensée d'un geste vague de la main et répondit à la question, orale cette fois :
- Oui je vous ai appelé et j'ai bien failli attendre... 'regard oblique'... Nous aurons de la visite aujourd'hui. Une jeune fille. Pas présentable. Oui, il valait mieux préciser. Jusoor délaça le col de sa chemise tout en poursuivant :
Vous voici donc avertie, prévenez qui de droit. Ainsi que mon père, qu'il n'aille pas croire s'il la voit qu'il s'agit là d'un présent de ma part. Elle n'est pas "troussable". Et jugea à nouveau utile de rajouter : En tous cas, pas par mon entremise... Les mains blanches libérèrent le lacet et le regard se reporta sur la vieille, dans l'attente d'une confirmation qui, enfin, vint :
- Bien Baronne. La porte se refermait déja.
- Restez ! Puisque vous êtes ici, aidez-moi à m'habiller Fanchon, que je puisse descendre au salon. Jusoor se détourna et désigna la houpellande posée sur sa malle. Devant l'inaction elle relança, agacée : Allons ! c'est bien à vous que je parle !
... Dorénavant vous vous nommerez Fanchon, c'est bien plus commode.
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D'un geste sec, Jusoor écarta les rideaux de sa chambre, laissant le nouveau jour y déverser sa lumière. Une minute, elle regarda au travers des vitres les haies -piquantes il va de soi- et le parc "militarisé" de Mâlain. Le long de l'enceinte elle apercevait l'ombre furtive et épaisse des molosses de son père. Baveux et puants certes, mais ça on s'en fichait, on leur demandait juste d'avoir des crocs acérés et le ventre vide. Au pied des hautes grilles, ceux qu'elle surnommait Toto et Lolo, de leurs vrais noms ... ah non ça elle l'ignorait, donc Toto et Lolo semblaient occupés à tailler le bout de gras. Non non, on ne fait pas la conversation à Mâlain quand on est garde, sinon on goûte au fouet, ils taillaient vraiment le bout de lard du déjeuner matinal. C'est qu'ils étaient bien lotis à Mâlain fallait pas croire.
*Mouais bon, rien de grave donc à lier connaissance, voire même se montrer aimable...*
Le spectacle ne lui avait pas changé les idées et ses sourcils étaient toujours sévèrement froncés. Jusoor quitta donc la fenêtre et se planta au milieu de sa chambre, incertaine et hautement perplexe, soupir au bord des lèvres. Le hic cest qu'elle avait fait plus que se montrer aimable, et ça elle ne se l'expliquait toujours pas. Elle avait été... bonne et gentille. Oui, il fallait qu'elle le reconnaisse. Conséquemment, elle était légèrement de mauvais poil ce matin, chaque médaille a son revers.
- Guillemette !
...
- Guillemeeeeeeeeeeeeeeeette !
Et de marmonner dans un soupir excédé : Bordellerie mais qu'est-ce qu'elle fout ? Etre obligée de s'égosiller comme ça ! Et puis pourquoi elle s'appelle Guillemette d'abord ? Mais qui s'appelle Guillemette ? C'est...
- Vous m'avez appellée Baronne ?
La Blanc-Combaz aînée fit volte-face et découvrit le visage de la servante glissé dans l'entrebaillement de la porte. Sans savoir d'où lui venait cette curiosité elle se demanda subitement combien de printemps voutaient les épaules de la vieille, était-elle si âgée que le froissé de sa peau le laissait croire ? Jusoor chassa cette pensée d'un geste vague de la main et répondit à la question, orale cette fois :
- Oui je vous ai appelé et j'ai bien failli attendre... 'regard oblique'... Nous aurons de la visite aujourd'hui. Une jeune fille. Pas présentable. Oui, il valait mieux préciser. Jusoor délaça le col de sa chemise tout en poursuivant :
Vous voici donc avertie, prévenez qui de droit. Ainsi que mon père, qu'il n'aille pas croire s'il la voit qu'il s'agit là d'un présent de ma part. Elle n'est pas "troussable". Et jugea à nouveau utile de rajouter : En tous cas, pas par mon entremise... Les mains blanches libérèrent le lacet et le regard se reporta sur la vieille, dans l'attente d'une confirmation qui, enfin, vint :
- Bien Baronne. La porte se refermait déja.
- Restez ! Puisque vous êtes ici, aidez-moi à m'habiller Fanchon, que je puisse descendre au salon. Jusoor se détourna et désigna la houpellande posée sur sa malle. Devant l'inaction elle relança, agacée : Allons ! c'est bien à vous que je parle !
... Dorénavant vous vous nommerez Fanchon, c'est bien plus commode.
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