Syuzanna.
[Et ne demande pas pourquoi. Ce n'est pas une question. **]
Il était pressé, avait-il dit en partant, la plantant au beau milieu de la taverne du Loup Noir. N'en revenant pas, elle était sortie peu après, le cherchant du regard dans les rues de Bergerac. Mais elle ne l'avait trouvé nulle part. Comme l'enfant qu'elle était autrefois, elle avait frappé le sol de terre battue d'un pied rageur. Comment osait-il ? Se moquait-il ? Ou bien s'en fichait-il réellement ?
Lentement, le soir était tombé, sans parvenir à calmer sa colère. Impossible de se concentrer sur ses cours. Tout lui semblait écrit dans une langue inconnue. Rien n'avait pu l'apaiser, et loin de tenter de se changer les idées, elle avait ressassé encore et encore ce qu'elle lui repprochait.
La nuit recouvre désormais le monde. Assise sur une solide branche d'arbre, non loin de cette même taverne d'où il s'était enfui quelques heures plus tôt, elle tourne et tourne encore les pages de son herbier. Elle ne regarde même pas les dessins, ne lit aucune définition. Elle rumine. Elle donnerait cher pour le trouver en cet instant précis. Derrière les croisées de l'auberge, la lumière dansante des bougies et du feu éclairent la rue sur quelques pieds. Quelques rires discrets s'échappent des lieux alors que la porte s'ouvre. Un homme entre. Elle manque de tomber de son perchoir en reconnaissant la silhouette du Danois. Ainsi, il vient là, se détendre ? Boire un petit coup avec ses nouveaux amis ? Elle n'en croit pas ses yeux. Le grimoire se referme en claquant, et l'Ecossaise saute souplement de son arbre. Ah ça, parole de rousse, il allait entendre parler du pays, et dans toutes les langues !
D'un coup de pied rageur, elle ouvre le battant de bois, et fait son apparition. Sa chevelure de feu en pétard, les poings serrés, et les yeux crachant des flammes tels les naseaux d'un dragon, elle n'a pas franchement l'air aimable. Sa main se porte un peu distraitement vers sa dague, accrochée autour de sa cuisse, comme toujours. Avec une douceur qui constraste avec le reste de son attitude, elle dépose l'herbier sur le comptoir, tout en le cherchant des yeux. Elle le repère bien vite. Et n'en revient pas. Comment ose-t-il ? Comment ose-t-il ?! Il rit avec des mineurs ? Il rit ? Il rit ?!? Par les Dieux, songe-t-elle, cela ne se passera pas comme ça !
Malgré sa petite taille - et de ce fait, ses jambes quelque peu courtes - elle réussit, lui semble-t-il, à traverser la taverne en deux pas. Depuis bien longtemps maintenant, Syu ne s'est pas mise en colère. Réellement en colère. Le contrôle a jusqu'alors été parfait. Mais là, c'en est trop. Le magma sommeillant en son fort intérieur bouillonne. L'éruption volcanique va tout ravager sur son passage. Ni lui, ni elle, n'en sortiront indemnes. A part bien sûr si lui, s'en contrefiche. Les doigts qui tout à l'heure, effleuraient la garde de la dague, s'en emparent cette fois totalement. D'un geste vif, précis, elle lance son arme, qui file se planter droit dans le mur, passant à un cheveu de Søren.
- Non mais TOI ! hurle-t-elle en fonçant droit sur lui. TOI !
Sa force décuplée par la rage intense qui l'anime, elle l'agrippe par le devant de la chemise, le faisant sans peine aucune, quitter son siège. La gifle magistrale qu'elle lui admnistre devant l'assistance soudain silencieuse, résonne dans l'auberge. Seul le crissement du torchon du tavernier essuyant une chope humide se fait entendre. Ça et les beuglements de l'Ecossaise.
- Comment oses-tu venir t'amuser ici alors que nous devons parler ?! Comment oses-tu avoir si peu de considération pour moi que tu ne prends même pas la peine de chercher à me voir ? Tu dis que nous devons parler, et tu préfères venir picoler comme un trou que tu es ! Je ne suis donc rien pour toi ? Tu t'es dis quoi, hein ? Une fois qu'on sera marié, j'aurais la paix ? C'est ÇA que tu t'es dit ? Tu me prends pour quoi ? Un meuble encombrant qu'on remise dans un coin en attendant d'en avoir besoin ? Tu crois que je ne suis qu'une pierre ? Que je ne ressens rien ? DESOLEE DE TE DECEVOIR ! Mais ce n'est pas comme ça que ça se passe !
Elle se frappe le buste d'un revers de main furieux.
- Je suis une personne ! J'ai des besoins ! Tu dis que tu veux veiller sur mon sommeil ! Je t'ai attendu toute la nuit dernière ! Nuit que tu passais à boire ! Comment oses-tu alors prétendre t'inquiéter pour moi ?! Tu n'en as rien à foutre en fait !
Elle reprend son souffle, se retenant à grand peine de le frapper. Et pourquoi se retenir ? La seconde gifle vole, mais les doigts se serrent en un poing, et c'est cela qu'elle abat dans la mâchoire de son époux.
- Je te l'ai déjà dit ! Je n'attends pas de poèmes, j'ai horreur de ça. Les fleurs, j'en fais des tisanes alors non merci. Mais j'ai besoin d'avoir au moins l'illusion que tu t'intéresse à moi ! Tu as décidé un beau matin de partir à Bergerac ! M'en as-tu parlé ? M'as-tu demandé ce que je ressentais ? NON ! Tu m'as mise devant le fait accompli et basta, débrouille-toi avec ça Syu ! Ce n'est pas comme ça que j'envisageais notre mariage ! J'ai besoin d'un homme, pas d'un courant d'air !
Elle lui jette un regard assassin, et reprend de plus belle :
- Mais quoi ? Pourquoi tu ne dis rien ? Toi qui a toujours un tas de discours assommant à débiter, là, tu ne dis rien ? Quoi, t'as bouffé ta langue au souper c'est ça ?
Ne trouvant sur le coup plus rien à dire, elle empoigne la chope du Danois, et la lance à travers la taverne. En y regardant bien, peut-être que Søren pourra aperçevoir la fumée sortant du nez de sa chère et tendre femme...
* Paul Michaud
** Green Day - Time of your life (Good Riddance)
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Il était pressé, avait-il dit en partant, la plantant au beau milieu de la taverne du Loup Noir. N'en revenant pas, elle était sortie peu après, le cherchant du regard dans les rues de Bergerac. Mais elle ne l'avait trouvé nulle part. Comme l'enfant qu'elle était autrefois, elle avait frappé le sol de terre battue d'un pied rageur. Comment osait-il ? Se moquait-il ? Ou bien s'en fichait-il réellement ?
Lentement, le soir était tombé, sans parvenir à calmer sa colère. Impossible de se concentrer sur ses cours. Tout lui semblait écrit dans une langue inconnue. Rien n'avait pu l'apaiser, et loin de tenter de se changer les idées, elle avait ressassé encore et encore ce qu'elle lui repprochait.
La nuit recouvre désormais le monde. Assise sur une solide branche d'arbre, non loin de cette même taverne d'où il s'était enfui quelques heures plus tôt, elle tourne et tourne encore les pages de son herbier. Elle ne regarde même pas les dessins, ne lit aucune définition. Elle rumine. Elle donnerait cher pour le trouver en cet instant précis. Derrière les croisées de l'auberge, la lumière dansante des bougies et du feu éclairent la rue sur quelques pieds. Quelques rires discrets s'échappent des lieux alors que la porte s'ouvre. Un homme entre. Elle manque de tomber de son perchoir en reconnaissant la silhouette du Danois. Ainsi, il vient là, se détendre ? Boire un petit coup avec ses nouveaux amis ? Elle n'en croit pas ses yeux. Le grimoire se referme en claquant, et l'Ecossaise saute souplement de son arbre. Ah ça, parole de rousse, il allait entendre parler du pays, et dans toutes les langues !
D'un coup de pied rageur, elle ouvre le battant de bois, et fait son apparition. Sa chevelure de feu en pétard, les poings serrés, et les yeux crachant des flammes tels les naseaux d'un dragon, elle n'a pas franchement l'air aimable. Sa main se porte un peu distraitement vers sa dague, accrochée autour de sa cuisse, comme toujours. Avec une douceur qui constraste avec le reste de son attitude, elle dépose l'herbier sur le comptoir, tout en le cherchant des yeux. Elle le repère bien vite. Et n'en revient pas. Comment ose-t-il ? Comment ose-t-il ?! Il rit avec des mineurs ? Il rit ? Il rit ?!? Par les Dieux, songe-t-elle, cela ne se passera pas comme ça !
Malgré sa petite taille - et de ce fait, ses jambes quelque peu courtes - elle réussit, lui semble-t-il, à traverser la taverne en deux pas. Depuis bien longtemps maintenant, Syu ne s'est pas mise en colère. Réellement en colère. Le contrôle a jusqu'alors été parfait. Mais là, c'en est trop. Le magma sommeillant en son fort intérieur bouillonne. L'éruption volcanique va tout ravager sur son passage. Ni lui, ni elle, n'en sortiront indemnes. A part bien sûr si lui, s'en contrefiche. Les doigts qui tout à l'heure, effleuraient la garde de la dague, s'en emparent cette fois totalement. D'un geste vif, précis, elle lance son arme, qui file se planter droit dans le mur, passant à un cheveu de Søren.
- Non mais TOI ! hurle-t-elle en fonçant droit sur lui. TOI !
Sa force décuplée par la rage intense qui l'anime, elle l'agrippe par le devant de la chemise, le faisant sans peine aucune, quitter son siège. La gifle magistrale qu'elle lui admnistre devant l'assistance soudain silencieuse, résonne dans l'auberge. Seul le crissement du torchon du tavernier essuyant une chope humide se fait entendre. Ça et les beuglements de l'Ecossaise.
- Comment oses-tu venir t'amuser ici alors que nous devons parler ?! Comment oses-tu avoir si peu de considération pour moi que tu ne prends même pas la peine de chercher à me voir ? Tu dis que nous devons parler, et tu préfères venir picoler comme un trou que tu es ! Je ne suis donc rien pour toi ? Tu t'es dis quoi, hein ? Une fois qu'on sera marié, j'aurais la paix ? C'est ÇA que tu t'es dit ? Tu me prends pour quoi ? Un meuble encombrant qu'on remise dans un coin en attendant d'en avoir besoin ? Tu crois que je ne suis qu'une pierre ? Que je ne ressens rien ? DESOLEE DE TE DECEVOIR ! Mais ce n'est pas comme ça que ça se passe !
Elle se frappe le buste d'un revers de main furieux.
- Je suis une personne ! J'ai des besoins ! Tu dis que tu veux veiller sur mon sommeil ! Je t'ai attendu toute la nuit dernière ! Nuit que tu passais à boire ! Comment oses-tu alors prétendre t'inquiéter pour moi ?! Tu n'en as rien à foutre en fait !
Elle reprend son souffle, se retenant à grand peine de le frapper. Et pourquoi se retenir ? La seconde gifle vole, mais les doigts se serrent en un poing, et c'est cela qu'elle abat dans la mâchoire de son époux.
- Je te l'ai déjà dit ! Je n'attends pas de poèmes, j'ai horreur de ça. Les fleurs, j'en fais des tisanes alors non merci. Mais j'ai besoin d'avoir au moins l'illusion que tu t'intéresse à moi ! Tu as décidé un beau matin de partir à Bergerac ! M'en as-tu parlé ? M'as-tu demandé ce que je ressentais ? NON ! Tu m'as mise devant le fait accompli et basta, débrouille-toi avec ça Syu ! Ce n'est pas comme ça que j'envisageais notre mariage ! J'ai besoin d'un homme, pas d'un courant d'air !
Elle lui jette un regard assassin, et reprend de plus belle :
- Mais quoi ? Pourquoi tu ne dis rien ? Toi qui a toujours un tas de discours assommant à débiter, là, tu ne dis rien ? Quoi, t'as bouffé ta langue au souper c'est ça ?
Ne trouvant sur le coup plus rien à dire, elle empoigne la chope du Danois, et la lance à travers la taverne. En y regardant bien, peut-être que Søren pourra aperçevoir la fumée sortant du nez de sa chère et tendre femme...
* Paul Michaud
** Green Day - Time of your life (Good Riddance)
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