Minah
[Sur la grande place du village]
Hésitante d'abord, la main traça une courbe tremblante.
Puis une autre et une autre et une autre jusqu'à ce le trait soit plus assuré, plus précis. Il n'était jamais véritablement parfait, tracé sur le pavé par un bâtonnet noirci de suie.
Mais quand la petite gueuse rejeta la tête en arrière pour admirer son travail, elle souriait.
Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas dessiné. Depuis que le monstre lui avait arraché sa main droite, sa bonne main.
Petite, elle aimait bien gribouiller sur les murs jusqu'à ce qu'elle se prenne une taloche derrière l'oreille pour lui apprendre les bonnes manières.
Maintenant, elle redécouvrait le plaisir de faire sortir toutes ces choses qui étaient dans sa tête, toutes ces choses qui la hantaient et dont elle ne voulait plus.
Ça avait commencé avec la lettre de Pauline-la-bottine et puis l'échange épistolaire avec Séra.
Le dessin, c'était sa façon d'écrire, à la Minah. Et elle avait beaucoup à raconter.
Rapidement, le pavage de la place se couvrait de formes et de dessins, d'oiseaux, de rats et de monstres difformes.
Et comme l'estropiée ne perdait pas le nord, une timbale rouillée trônait à ses pieds dans laquelle elle avait glissé quelques deniers pour inciter les badauds à en faire de même.
Toute à sa tâche, elle ne put s'empêcher de fredonner une chanson apprise par mémé Glaviotte :
La femme' qui pète au lit
Qui pète au lit
Éprouve quatre jouissances :
Elle bassine son lit
Bassine son lit
Elle soulage sa panse
Elle entend son cul qui chante
Elle empoisonne son mari
Elle entend son cul qui chante
Dans le silence de la nuit !
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Citation : Patrick Ness, Quelques minutes après minuit
Hésitante d'abord, la main traça une courbe tremblante.
Puis une autre et une autre et une autre jusqu'à ce le trait soit plus assuré, plus précis. Il n'était jamais véritablement parfait, tracé sur le pavé par un bâtonnet noirci de suie.
Mais quand la petite gueuse rejeta la tête en arrière pour admirer son travail, elle souriait.
Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas dessiné. Depuis que le monstre lui avait arraché sa main droite, sa bonne main.
Petite, elle aimait bien gribouiller sur les murs jusqu'à ce qu'elle se prenne une taloche derrière l'oreille pour lui apprendre les bonnes manières.
Maintenant, elle redécouvrait le plaisir de faire sortir toutes ces choses qui étaient dans sa tête, toutes ces choses qui la hantaient et dont elle ne voulait plus.
Ça avait commencé avec la lettre de Pauline-la-bottine et puis l'échange épistolaire avec Séra.
Le dessin, c'était sa façon d'écrire, à la Minah. Et elle avait beaucoup à raconter.
Rapidement, le pavage de la place se couvrait de formes et de dessins, d'oiseaux, de rats et de monstres difformes.
Et comme l'estropiée ne perdait pas le nord, une timbale rouillée trônait à ses pieds dans laquelle elle avait glissé quelques deniers pour inciter les badauds à en faire de même.
Toute à sa tâche, elle ne put s'empêcher de fredonner une chanson apprise par mémé Glaviotte :
La femme' qui pète au lit
Qui pète au lit
Éprouve quatre jouissances :
Elle bassine son lit
Bassine son lit
Elle soulage sa panse
Elle entend son cul qui chante
Elle empoisonne son mari
Elle entend son cul qui chante
Dans le silence de la nuit !
RP ouvert à tous ceux qui le veulent !
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Citation : Patrick Ness, Quelques minutes après minuit