Charlyelle
Un mois jour pour jour depuis qu'il avait quitté le Périgord. Et pas un seul jour où je n'ai eu une pensée pour lui. Aujourd'hui il allait venir. Chercher cette commande qu'il m'avait passé, le jour même de son départ.
Dix-sept perles noires. Les plus belles et les plus chères que je puisse avoir. La Pearly Gate que je suis s'était alors mise à l'oeuvre. Ces trésors que l'on ne trouve que sur mes terres paternelles, dans cet océan apprivoisé qui amène l'une des richesses de ma famille des Balkans.
Elles reposent dans leur écrin de satin pourpre, chacune précautionneusement disposées par mes soins. Elles exhalent cette pureté et cette beauté sauvage quasiment introuvable qui font d'elles cette luxueuse exception.
Je m'étais bien gardée de lui demander qui il comptait honorer avec cette commande. Dans mon esprit néanmoins, s'échafaudait un scénario des plus rocambolesques et romantiques.
Oh non pas pour ma propre personne, mais j'avais imaginé offrande à une Vindicative, mère cachée de la descendance du Seigneur. Cette inconnue avec laquelle j'ai tant de similitudes selon lui.
Seigneur qui m'avait confié lors de sa dernière visite quelques pans de sa vie et non des moindres.
Seigneur qui par une récente missive, m'annonçait une nouvelle visite en mes terres d'accueil, mais cette fois il serait accompagné. De qui ? De la mère de son fils ou bien de son limier ? Lorsqu'il m'avait appris ce qu'il avait fait, c'est de cette inconnue que je m'étais inquiétée. Peut-être parce que je connais le sort qui m'est réservé le jour où j'enfanterai l'héritier de mon père. Peut-être parce que je sais que mon propre fils me sera arraché pour être élevé loin de moi. Et encore une fois, je me suis dit que Judas Gabryel a bien lui, des points communs avec mon propre père.
L'espace d'un instant à la lecture de ces lignes, j'ai souri en m'imaginant que peut-être, cette visite serait la prolongation de la commande à livrer ce jour. Et que malgré tout, il aurait peut-être alors suivi les conseils que je lui avais octroyés. Et qui semblait l'avoir ébranlés dans ses convictions ce jour-là.
Allons donc. Ce n'est pas tous les jours que maîtresse se propose d'unir l'Amant à l'Amour d'une vie. Sauf quand la maîtresse en question devient aussi l'amie particulière, la confidente, la source de vie auprès de laquelle le Seigneur vient se ressourcer.
Je secouais la tête, chassant de telles idioties de mon esprit.
Il ne le ferait pas. Ce serait indécent et fou de sa part.
Et pourtant, lorsque cette proposition m'avait échappé des lèvres, je n'avais aucune arrière-pensées.
Seule, cette dévotion que je lui vouais m'avait amené à le faire. C'est peut-être cela le véritable amour, le véritable don de soi. Etre prête à sacrifier une partie de sa raison afin que l'Autre soit heureux. Accepter ce qui pour beaucoup pourrait paraitre inacceptable. Avoir la conscience en paix en se disant qu'il est heureux, apaisé. Et savoir que néanmoins ils seront toujours là l'un pour l'autre. Parce que c'est inéluctable, parce que c'est ainsi.
Et dans un même temps, découvrir un Vent du Nord qui se veut rare,glacial mais étrangement protecteur et même prêt à souffler à contre-courant pour moi. Un vent du Nord qui se dit prêt à braver mes ouragans paternels. Un vent du Nord qui serait capable de m'accorder ce qu'il a semble t'il toujours refusé par le passé. Un vent du Nord que je sais frappé d'amnésie et dont je redoute que l'esprit retrouve toutes ses facultés un jour. Ce vent du Nord qui par des manoeuvres connues que de lui seul, tente d'apprivoiser mes peurs, mes craintes, mes douleurs, craquelant insidieusement l'iceberg qui m'héberge.
Je sais. Tu sais. Il sait. Nous savons...et c'est ainsi que passent les cycles.
J'ai senti un mouvement, une présence dans la pièce où j'attendais depuis l'aube. Je m'immobilise en voyant la haute stature se profiler. Mes perlées de lune empreintes de cette même lueur de joie contenue comme à chacune de ses apparitions, ou chaque missive que je peux recevoir émanant de sa main.
Ce n'est pas un inconnu qui se trouve sur mon perron.
Dix-sept perles noires. Les plus belles et les plus chères que je puisse avoir. La Pearly Gate que je suis s'était alors mise à l'oeuvre. Ces trésors que l'on ne trouve que sur mes terres paternelles, dans cet océan apprivoisé qui amène l'une des richesses de ma famille des Balkans.
Elles reposent dans leur écrin de satin pourpre, chacune précautionneusement disposées par mes soins. Elles exhalent cette pureté et cette beauté sauvage quasiment introuvable qui font d'elles cette luxueuse exception.
Je m'étais bien gardée de lui demander qui il comptait honorer avec cette commande. Dans mon esprit néanmoins, s'échafaudait un scénario des plus rocambolesques et romantiques.
Oh non pas pour ma propre personne, mais j'avais imaginé offrande à une Vindicative, mère cachée de la descendance du Seigneur. Cette inconnue avec laquelle j'ai tant de similitudes selon lui.
Seigneur qui m'avait confié lors de sa dernière visite quelques pans de sa vie et non des moindres.
Seigneur qui par une récente missive, m'annonçait une nouvelle visite en mes terres d'accueil, mais cette fois il serait accompagné. De qui ? De la mère de son fils ou bien de son limier ? Lorsqu'il m'avait appris ce qu'il avait fait, c'est de cette inconnue que je m'étais inquiétée. Peut-être parce que je connais le sort qui m'est réservé le jour où j'enfanterai l'héritier de mon père. Peut-être parce que je sais que mon propre fils me sera arraché pour être élevé loin de moi. Et encore une fois, je me suis dit que Judas Gabryel a bien lui, des points communs avec mon propre père.
L'espace d'un instant à la lecture de ces lignes, j'ai souri en m'imaginant que peut-être, cette visite serait la prolongation de la commande à livrer ce jour. Et que malgré tout, il aurait peut-être alors suivi les conseils que je lui avais octroyés. Et qui semblait l'avoir ébranlés dans ses convictions ce jour-là.
Allons donc. Ce n'est pas tous les jours que maîtresse se propose d'unir l'Amant à l'Amour d'une vie. Sauf quand la maîtresse en question devient aussi l'amie particulière, la confidente, la source de vie auprès de laquelle le Seigneur vient se ressourcer.
Je secouais la tête, chassant de telles idioties de mon esprit.
Il ne le ferait pas. Ce serait indécent et fou de sa part.
Et pourtant, lorsque cette proposition m'avait échappé des lèvres, je n'avais aucune arrière-pensées.
Seule, cette dévotion que je lui vouais m'avait amené à le faire. C'est peut-être cela le véritable amour, le véritable don de soi. Etre prête à sacrifier une partie de sa raison afin que l'Autre soit heureux. Accepter ce qui pour beaucoup pourrait paraitre inacceptable. Avoir la conscience en paix en se disant qu'il est heureux, apaisé. Et savoir que néanmoins ils seront toujours là l'un pour l'autre. Parce que c'est inéluctable, parce que c'est ainsi.
Et dans un même temps, découvrir un Vent du Nord qui se veut rare,glacial mais étrangement protecteur et même prêt à souffler à contre-courant pour moi. Un vent du Nord qui se dit prêt à braver mes ouragans paternels. Un vent du Nord qui serait capable de m'accorder ce qu'il a semble t'il toujours refusé par le passé. Un vent du Nord que je sais frappé d'amnésie et dont je redoute que l'esprit retrouve toutes ses facultés un jour. Ce vent du Nord qui par des manoeuvres connues que de lui seul, tente d'apprivoiser mes peurs, mes craintes, mes douleurs, craquelant insidieusement l'iceberg qui m'héberge.
Je sais. Tu sais. Il sait. Nous savons...et c'est ainsi que passent les cycles.
J'ai senti un mouvement, une présence dans la pièce où j'attendais depuis l'aube. Je m'immobilise en voyant la haute stature se profiler. Mes perlées de lune empreintes de cette même lueur de joie contenue comme à chacune de ses apparitions, ou chaque missive que je peux recevoir émanant de sa main.
Ce n'est pas un inconnu qui se trouve sur mon perron.