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[RP] Sur les rives du Lac...

Mabelle
Le coeur gonflé d'une émotion intense, à peine s'étaient-ils quittés avec Jean, que Mabelle sautillait comme une enfant pour retrouver le lac, qui lui avait cruellement manqué durant son séjour prolongé à Rouen.

La brise légère, parfumée des effluves marines, envahissait la dieppoise d'une douce chaleur bienfaisante. Elle souriait en imaginait sa barque recouverte de moules et d'algues, abandonnée depuis plusieurs semaines sur la rive, un peu en retrait de la cabane dédiée aux pêcheurs.
Sa besace contenait les outils dont elle aurait besoin pour remettre son embarcation en état ; ancienne forgeronne, elle était fort bien équipée.
Pour l'heure, elle ne songeait qu'à l'immensité de l'eau, une envie irrésistible de la toucher la tenaillait depuis Rouen déjà.

Son visage s'illumina quand enfin elle aperçut les berges verdoyantes et juste derrière, enfin, l'étendue sereine et mystérieuse, dont les reflets scintillants de cette fin d'après midi, semblaient l'interpeller pour la rejoindre. Mabelle s'arrêtait alors soudain. Elle inspira profondément, les yeux clos, puis les ouvrit doucement, radieuse face à ce spectacle étonnant.
La lumière déclinait délicatement, semant sur les feuillages ses derniers rayons, orangés, puis finissaient leur course éclatante sur le lac, réfléchissant ainsi vers le ciel empourpré, leur dernier éclat triomphant.
Le coeur de la jeune femme s'emballait, et curieusement, à sa grande stupéfaction, alors que le lac était presque synonyme d'Ytharès, elle ne pensait qu'à Jean.

Ainsi, ces mois d'errance à frôler à maintes reprises la mort, oubliant toute vie, au point même d'oublier de se nourrir, auraient eu pour effet sur la jeune veuve, en sombrant si profondément, de la relever vaillamment ?

Une profusion d'émotions se mêlèrent alors à un amoncellement de sentiments jusqu'à la déstabiliser. Presque titubante à présent, elle releva ses jupes et se mit à courir à grandes enjambées, le visage fouetté de larmes.

Non, elle ne pleurait pas de tristesse, elle en avait fini avec ça, elle avait promis de vivre pour faire honneur au cadeau de Coulis, le cadeau de la Vie.

Elle courait à en perdre haleine, son sourire rieur flirtait avec ses larmes de joie, son coeur sautillait de bonheur faisant fi de ses peurs, son esprit griffonnait dans tous les recoins de sa tête, le portrait de Jean.
Elle s'approchait rapidement de la rive, se débarrassa hâtivement de sa robe, ne gardant sur elle que sa chainse, ses bas et son jupon, puis s'offrit au lac, ivre de sa liberté retrouvée.

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Beldurian
La curiosité est sans doute plus qu'autre chose ce qui peut perdre les hommes. Après avoir visité le cimetière de Dieppe dans lequel il s'était étrangement senti plus serein et harmonieux dans la relation qu'il entretenait avec la ville, Jean avait laissé ses pas le guider en dehors de la ville, vers des étendues un peu plus boisées. Il avait dans l'idée de marcher un peu au hasard, comme il le faisait souvent pour se promener, sachant que c'était là le meilleur moyen de découvrir quelques endroits intéressants qu'il n'aurait jamais pensé à visiter autrement. C'est qu'il était curieux, prêt à toujours en découvrir un peu plus, et friand de la surprise qui pouvait naître de l'inconnu.

La surprise...voilà ce qui l'attendait en effet. Quittant un petit bois composé d'arbres espacés et peu hauts, il déboucha sur le lac. Ses yeux plissés, il resta un instant étonné et assez désagéréablement surpris de la rencontre. L'eau...celle-ci le mènerait à sa perte, il en était persuadé ! Il observait cette étendue informe à ses yeux, vide de sens, témoignant de l'existence d'un chaos et d'un néant dans lequel quelques âmes folles se plongeaient de temps en temps à loisir. Il ne les comprenait pas, ces esprits assez étranges pour oser s'aventurer dans cet espace qui semblait sans gravité, impossible à maîtriser, dans lequel on était dangereusement vulnérable et surtout...dans lequel vivaient ces horribles créatures qu'étaient les sirènes ! Il avait été bien effrayé des hisstoires qu'on lui avait conté dans son enfance, à propos de ces créatures perfides qui faisaient naître le désir et qui s'en servaient pour apâter leur proie et... Le jeune homme souhaitait ne plus y penser, mais voilà qui était bien difficile devant cette étendue d'eau qui semblait à la fois l'attirer et l'apeurer. Une sirène, voilà ce qu'était ce lac...une sirène à part entière.

D'ailleurs, n'y avait-il pas là quelque créature dans cette étendue ? En regardant avec plus d'intérêt, le jeune homme pouvait en effet discerner ce qui ressemblait à une jeune femme dans l'eau, qui se baignait. Une jeune femme ou...une sirène, il ne savait, puisqu'il ne voyait pas si elle possédait jambes ou nageoire ! Il optait toutefois naturellement pour la seconde option, posant une main sur l'arbre qui était à ses côtés, se décalant un peu comme pour se cacher de la créature, maladroitement toutefois. Il se rappelait qu'on lui avait décrit la splendeur des sirènes, leur charme affolant, et bien qu'il ne puisse discerner avec précision les traits de la jeune femme qui se baignait, le jeune homme sentait déjà son coeur battre à la regarder. C'est que le coeur reconnaissait plus aisément la personne aimée que l'esprit, mais cela il ne le savait pas, lui qui n'avait jamais vu Mabelle ainsi vêtue et surtout avec les cheveux mouillés de la sorte.

Fébrilement, il se décida à rester pour l'observer, intéressé par l'attitude que pouvait bien avoir une sirène indépendamment des histoires qu'on avait bien pu lui conter. Il se disait que cela ne manquerait pas de soulever plusieurs questions et observations qui feraient la joie de Gracianne, cette amie avec laquelle il aimait à assouvir une curiosité sans borne pour les faits de la nature humaine et...inhumaine. Posant un genoux à terre, il restait donc ici à observer, peu caché par l'arbre en réalité, et n'imaginant même pas qu'il était dans une position de voyeurisme bien inconvenante et qu'il se serait lui-même bien blâmé si son esprit avait été à cet instant plus clair.

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Mabelle
La fraîcheur de l'eau couvrait son corps de frissons doux et légers, vivifiant son âme, galvanisant son coeur. Son sourire heureux disparaissait parfois soudainement lorsqu'elle immergeait sa tête sous l'eau, enivrée par la sensation veloutée que lui offrait généreusement l'élément aquatique. Les chatouillements des poissons qui s'affairaient sous ses pieds agités, provoquaient de petits rires discrets que nul ne pouvait comprendre.

Elle glissait, étirant gracieusement ses bras et ses jambes amplement, pour s'imprégner de la douce quiétude qui s'emparait de tout son être. Mabelle alternait la nage sur le ventre, puis sur le dos, et s'amusait même de quelques roulades, son esprit vierge de toute pensée, concentrée uniquement sur ces sensations salvatrices, offrandes de cette inestimable liberté.

Brennus et Guertrude se chamaillaient encore, sur les berges, lui provocateur avec ses petits bonds vifs et joueurs, elle cacardant, orgueilleuse et fière d'exhiber son aisance sur l'eau.
Amusée, Mabelle s'approchait d'eux en les éclaboussant joyeusement. Ses pieds à présent tâtaient le fond sablonneux et c'est en marchant qu'elle regagna la rive, ramenant sa longue chevelure ruisselante sur le côté, pour l'essorer de ses deux mains.

Elle grelottait maintenant, ses bras croisés serrés contre elle, elle sautilla jusqu'à rejoindre ses affublements éparpillés au sol.
Prise soudain d'un dilemme face à ses vêtements secs, elle jugeait absurde de remettre sa robe et le reste de ses jupons secs sur ses dessous trempés.

Audacieuse bien que timide, elle jeta soudain un oeil fugace alentour pour s'assurer d'être seule et se débarrassa de sa chemise, son dernier jupon et ses bas pour enfiler ses autres jupons secs réchauffés par le soleil. Paniquée et les lèvres tremblantes, saisie par le froid qui pénétrait insidieusement dans chacun de ses pores, elle s'emmêlait dans ses chiffons, et plus elle s'emmêlait , plus elle grelottait, plus elle paniquait, en somme elle ne s'en sortait pas !

Angoissée à l'idée d'être vue, elle se résigna à se couvrir d'un jupon qu'elle noua au dessus de sa poitrine, tout juste présentable, toutefois les épaules dénudées et les cuisses à l'air ! Elle pestait contre elle-même tout en s'asseyant en tailleur pour remettre de l'ordre dans le tas de chiffons.

C'est alors que Brennus tourna sa tête vivement vers un arbre, les oreilles dressées, le corps tendu, la tête penchée sur le côté, tous ses sens alarmés. Mabelle se figea. Et si quelqu'un l'avait vue ?? Tandis que Brennus s'avançait vers ce qui l'intriguait, Mabelle se rapetissait en élevant devant elle un de ses jupons pour se cacher, les joues écarlates.
Enfin, elle entendit Brennus japper, convaincue à présent qu'elle n'était pas seule, elle resta pétrifiée derrière son jupon !

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Beldurian
Le jeune homme voyait cette sirène nager gracieusement dans l'eau, peut-être trop gracieusement à son goût. Il le savait, les sirènes étaient enjôleuses et charmaient quiconque osait s'approcher d'elles. C'est donc avec méfiance qu'il l'observait, quoiqu'il était déjà conquis et parfaitement incapable de se détourner de la charmante créture. Tandis qu'elle s'approchait de la rive il pouvait découvrir ses traits de manière plus précise et accenteur encore l'émoi qui bouleversait son âme. Elle ressemblait à Mabelle la jolie créature, ayant sans doute pris la forme qui lui plairait le plus et qui saurait bouleverser son âme.

C'était réussi, ses yeux ne la quittaient plus et son corps était comme paralysé, frissonnant légèrement tandis qu'il la voyait peu à peu se dévêtir. La situation était périlleuse, son esprit lui criait de se détourner, mais en vain. Son coeur plus que son corps parlait pour lui, car bien que la situation se dotait d'un certain érotisme il n'en paraissait rien dans la physionomie du jeune homme, confirmant ainsi le trouble qui accompagnait son émerveillement.

Le bruit du vent était bien léger, celui-ci caressant son corps comme s'il le pouvait à s'avancer vers la belle et à se perdre en elle. Se perdre, c'était bien le mot, car déjà il ne savait plus véritablement qui il était : seulement un coeur qui battait, fortement, sans sa poitrine, un coeur qui aimait et qui n'aurait désormais plus qu'un seul but : faire que cette créature puisse être sienne. Ainsi se mélangeaient dans son âme les contes de son enfance et autres mythologies qu'on lui avait contées, et son amour pour Mabelle, les deux se liant et s'alliant pour donner à cette situation une fantaisie qui lui aurait échappée en d'autres occasions, et plus particulièrement en un autre lieu. Le vent se faisait plus fort dans ses oreilles, bruissant, puis bientôt produisant un son un peu plus fort, haché, comme un aboiement.

Un aboiement ? Le jeune homme sursauta et revint à la réalité lorsque ses yeux s'arrêtèrent sur Brennus et qu'il se rendit compte que ses réclamations lui étaient destinées. Brennus ici ? Ses joues se mirent immédiatement à rougir, réalisant qu'il s'agissait bien de la véritable Mabelle et que son coeur ne lui faisait donc pas illusion. Ses yeux revinrent vers son Aimée, un instant, avant de se détourner vivement pour ne plus oser la regarder. Il ne dit mot, s'avanca doucement pour sortir de la forêt qui le cachait peut-être encore un peu et se dirigea vers le lac, l'esprit confus et honteux, s'il bien qu'il ne réalisa être arrivé que lorsque ses pieds étaient déjà dans l'eau, entièrement recouverts. Il frissonna légèrement, observant de nouveau avec plus de rationnalité ce qui lui faisait face : l'étendue d'eau, un vertige infini, qui le paralysa de nouveau.

Mabelle d'un côté, et la honte de l'avoir ainsi observée et aimée en cachette. L'eau de l'autre côté, prête à le happer mais capable de le délivrer de sa gêne qui lui semblait insurmontable. Le voilà piégé.

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Mabelle
Immobile derrière son jupon, ses yeux plissés s'élevèrent juste au dessus du tissu et soudain s'agrandirent en tour de lune en même temps qu'elle laissait tomber l'étoffe, stupéfiée.

- Jean ? Mais ? Jean !

Son vocabulaire était subitement très limité ! Recouverte jusqu'au dessus de sa poitrine de l'un de ses jupons, elle oublia sa pudeur amoureuse et se redressa vivement pour finalement se trouver debout, en position "mabellienne", à savoir, mains sur les hanches, sourcils froncés et...non cette fois elle ne tapait pas du pied !

Son esprit mit quelques secondes à prendre conscience de la situation : il l'avait espionnée, il l'avait vue nue, mais surtout...A cet instant il avait les pieds dans l'eau ! Ce qui était nettement plus inconcevable que de l'avoir vue nue !

Réalisant cet état de fait, Mabelle abandonna sa position et s'approcha de lui doucement, avec un sourire des plus malicieux, comprenant l'avantage qu'elle avait en mains, néanmoins les joues rosées d'avoir été épiée.


- Jean ? Oh mais vous souhaitiez me faire la surprise et apprivoiser votre élément favori sans moi ? Je suis très touchée... Et bien, allons y en ce cas. Je sors tout juste d'un bain et je vous prie d'excuser ma tenue légère...mes vêtements sont mouillés...


Elle glissa sa main dans la sienne avec douceur, la mine espiègle, et l'enjoint à avancer, la tête légèrement penchée sur le côté, le regard interrogateur, l'invitant à la suivre.

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Beldurian
Un long frisson vint le parcourir tandis qu'elle glissait sa main dans la sienne. Il la pressa doucement, esquissant enfin un léger sourire, comme s'il était rassuré par sa présence. Il en oubliait totalement la situation précédente, concentré sur l'immensité qui était devant lui, cet océan qui n'était en fait...qu'un lac. Il se refusait à avancer, le corps légèrement tremblant. Avoir les pieds dans l'eau, cela n'avait rien d'extraordinaire en somme ; c'est comme s'il se lavait. Non, l'eau ne lui faisait pas peur en soi. C'était l'immensité de l'eau, lorsqu'il savait qu'il pouvait être englouti par elle, se noyer, être enveloppé par ces bras dangereux.

Il regardait maintenant Mabelle, laissant ses yeux glisser sur son corps, un léger sourire aux lèvres. Voilà qui lui faisait penser à autre chose, au moins. À bien d'autres choses...et il se perdit volontairement dans ces songes qui le firent rougir pour éviter d'envisager la perspective d'aller plus loin dans l'eau. Ses yeux ne quittaient donc pas le corps de Mabelle, s'y attachant comme s'ils s'unissaient, son esprit trouvant là le seul salut auquel il pouvait se raccrocher pour éviter de plonger dans son angoisse. Il se colla un peu plus à elle, serra sa main, tout en essayant de maîtriser son désir.

Il voulait lui dire à quel point sa tenue légère ne le gênait pas, bien au contraire. Mais il ne trouvait pas les mots qui lui auraient permis de paraître plus assuré qu'il ne l'était, et savait que s'il parlait, ce serait de manière hésitante. Vêtements, eau, danger...ces mots se mêlaient en son esprit pour prendre petit à petit plus de force encore que son désir, et pour le paralyser de nouveau. Il lui fallait une excuse pour ne pas obéir à son invitation, une excuse...


Vêtements...euh...je veux dire, ahem. Je vais mouiller mes vêtements si...

Il esquissa un petit sourire peu convaincu, la regardant, entamant un premier mouvement de recul, tandis que son coeur criait de plus en plus fort pour le culpabiliser de faire marche arrière, et que son corps empli de désir de la voir ainsi le poussait à se rapprocher d'elle plutôt qu'à s'éloigner. Il ne savait que faire, incapable de vaincre sa peur seul. Il la regardait, espérant quelques secours venant d'elle. Ses yeux criaient à la fois "sauve moi" et "viens me prendre", un paradoxe bien dififcile à résoudre.

Je...vous voulez surement vous...sécher, maintenant.
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Mabelle
Elle ne savait plus très bien pourquoi elle frissonnait. Etait-ce la brise qui s'infiltrait au travers de ses vêtements humides ou le corps de son Amour, tout proche du sien, provoquant ces frémissements enchanteurs ?

Inévitablement leurs corps se réclamaient. C'était cette sorte d'évidence, émanant tout droit de l'intensité et la sincérité de leur Amour, qui déclenchait une attraction aussi naturelle que logique.

Elle devait se ressaisir car se présentait à elle une occasion inespérée. Jean avait déjà les pieds dans l'eau !
Cependant elle remarquait son mouvement de recul et resserra sa main dans la sienne pour lui répondre :


- Oh non, je suis presque sèche à présent, affirmait elle, en toute mauvaise foi flagrante ! Ses vêtements la trahissaient indéniablement !

- Jean ? Il me semble que c'est le moment idéal pour faire connaissance.

Alors elle ouvra son bras d'un large mouvement, pour indiquer de sa main, gracieusement, le sourire amusée :

- Jean, je vous présente les prémices de l'océan, le Lac. Le Lac, je te présente Jean, un bientôt très proche ami pour toi.

Mabelle, amusée, regardait Jean avec amour, en s'approchant doucement de son oreille, comme pour ne pas être entendue du Lac :

- Je crois qu'il vous faut à présent vous saluer et pour ce faire, il va falloir s'immerger... et d'embrasser son cou tendrement pour confirmer ses intentions.


Alors, elle pencha la tête sur le côté, le regard radieux et aimant, pour l'encourager à la suivre tandis qu'elle avançait d'un pas engageant vers la plus terrible angoisse de celui qui bouleversait son coeur.
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Beldurian
Un long frisson parcourait son corps quelque peu tendu par l'angoisse persistante. Elle était belle, si belle...elle rayonnait et il aurait donné beaucoup pour que cela perdure. Beaucoup...jusqu'à s'immerger dans l'eau ? Jusqu'à risquer la noyade, les sirènes, l'angoisse et peut-être même la mort ? La réponse apparaissait de plus en plus évidente, quoiqu'il ne voulait pas l'entendre : bien sûr qu'il donnerait tout pour elle.

Un léger sourire timide vint s'esquisser sur ses lèvres tandis qu'il l'entendait faire les présentations. Voilà ce Lac personnifié, apparaissant donc bien comme le monstre qu'il avait toujours imaginé. Mais un monstre qui avait les faveurs de Mabelle, n'était-ce pas plutôt un précieux allié ? Son corps frémit de sentir son Aimée embrasser son cou, comme un appel au désir. Un premier pas involontaire le mena plus près d'elle, c'est-à-dire plus près du Lac. Il se savait manipulé en quelque sorte, mais se faisait bien volontairement la dupe de ce petit jeu : la servitude volontaire apparaissait bien agréable au jeune homme à condition de ne pas en penser les conséquences.

Il soupira doucement, laissant ses yeux de nouveau glisser sur elle. N'avait-il pas déjà affronté l'océan le plus dangereux qui soit, celui dans lequel on pouvait se perdre soi-même dans la crainte ou dans l'espoir de ne jamais se retrouver un jour ? Ces yeux, sans doute, étaient plus terribles que tous les océans du monde.

Il allait le faire, il s'en sentait le courage auprès d'elle. Il avait même l'impression de lui devoir cet acte, conscient que l'Amour exigeait le don de soi le plus total. Jamais il n'avait osé, et voilà qu'une main contre la sienne l'entraînait le plus naturellement du monde : qui d'autre pouvait guider cette main que le Très-Haut lui-même ?

Il fit donc quelques pas, l'eau montant petit à petit pour engloutir ses genoux, puis ses jambes. Son coeur battait de plus en plus fort, sa machoire était crispée, et sa main serrait de plus en plus fort celle de Mabelle. Mais il s'arrête de nouveau. Une dernière crainte le prenait. La crainte la plus évidente à vrai dire, l'objection la plus simple qu'il pouvait donner.


Mais...je ne sais pas nager...comment vais-je quand j'y serai ?

Cette phrase devait sceller à jamais le devenir de cette journée. En utilisant le futur il admettait sa défaite, ou peut-être plutôt sa victoire : il allait s'immerger, ce n'était qu'une question de temps.
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Mabelle
Les tensions de Jean s'amplifiaient au fur et à mesure de leur lente progression. Mabelle sentait sa main se broyer sous ses pressions plus fermes et pourtant elle était impressionnée par ses efforts gigantesques tandis que ses jambes étaient à présent immergées.
Mabelle réalisait alors l'immensité de l'Amour qu'il lui portait, de leur Amour chaque jour grandissant, pénétrant jusqu'au tréfonds de leurs âmes inséparables.

Soudain il s'arrêta. Elle lisait sa crainte sur son visage crispé et lui sourit doucement avec tendresse.
Non, en effet il ne savait pas nager.

Emue, elle lâcha sa main et l'entoura de ses bras doucement. Ses lèvres s'approchèrent des siennes, ne quittant pas son regard qu'elle voulait doux et rassurant. Elle effleura ses lèvres pour l'embrasser avec tout son Amour en le serrant contre elle.

Ainsi à demi immergés, elle songeait que cette étreinte, dont elle se délectait, le rassurerait, qu'il pourrait associer cet instant d'enchantement à la découverte de l'élément redouté avec plus de sérénité.
Elle ne pouvait plus quitter ses lèvres à présent. Elle prolongeait leur baiser sans même se rendre compte qu'elle l'incitait à s'immerger totalement, en glissant tout doucement leurs corps sous l'eau jusqu'à être recouverts aux épaules.
Elle frissonnait. Le contact de leurs corps caressés par la fraîcheur de l'eau la submergeait de sensations délicieuses. Cependant elle songea que Jean devait à cet instant être pris de toute autre sensation.
Elle le resserra contre elle un peu plus, quittait ses lèvres en effleurant son cou pour atteindre son oreille à laquelle elle murmura, en parcourant son dos de caresses délicates :


- Mon Amour...n'ayez crainte...

Elle s'éloignait légèrement, plongeait ses yeux dans les siens et lui sourit tendrement, le coeur agité par ce qui se passait. Il était là dans l'eau avec elle, surpassant ses angoisses. Elle devait tout faire pour qu'il ait confiance, pour qu'il découvre le bonheur enchanteur de la baignade.

- Regardez mon Amour !... Vous êtes immergé à présent ! Nous resterons là où nos pieds touchent le fond pour le moment et je vais vous libérer un peu sans lâcher nos mains.

Elle se desserrait de leur étreinte jusqu'à s'écarter sur le côté, gardant fermement leurs mains liés.

- Voyez...il faut vous accoutumer doucement, communier avec l'eau.


Elle souriait, sautillait, faisait quelques pas sur elle-même puis, d'un air rieur, se mit à l'éclabousser doucement avec son autre main.
Au fond d'elle, elle n'avait qu'une crainte, qu'il lâche sa main pour retourner sur la rive, définitivement terrorisé par l'eau.

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Beldurian
Il tremblait légèrement. La température de l'eau, quelque peu froide, n'en était que la cause seconde. Il avait peur, il ne parvenait pas à lutter contre cette angoisse qui le tenaillait depuis son enfance. Mais ce jour-là était bien différent. Ce jour-là, il n'était pas seul. Un Ange était à ses côtés qui prenait soin de lui et qui l'accompagnait dans cette démarche audacieuse. Son corps chaud contre le sien contrastait avec l'eau froide, et ses lèvres sur les siennes lui offraient la possibilité de fermer les yeux pour se blottir dans ce monde qui leur appartenait, cet espace-temps si particulier qui était celui de l'étreinte et qui l'entourait d'une sécurité bienvenue.

Les sensations se mêlaient de manière contradictoire : la peur, l'angoisse, le vertige, la douceur, le froid, la chaleur, la sécurité, la paralysie et l'audace. Leurs corps étaient l'un contre l'autre et se parlaient harmonieusement, si bien qu'un observateur aurait pu observer une créture étrange, à quatre bras et jambes, et qui s'immergait petit à petit dans l'eau comme s'il tendait à cacher sa beauté monstrueuse. Leurs langues s'entremêlaient dans une discussion muette qui en disait pourtant bien plus en quelques secondes que les longues discussions qu'ils pouvaient avoir habituellement en taverne.

Pourtant, le jeune homme ne ressentait aucun désir. La peur persistante du milieu aquatique l'en empêchait. Il laissait néanmoins l'Être Aimé le guider dans cette aventure, se faisait docile et obéissant, leur étreinte lui apportant du moins la sécurité nécessaire à cet exploit.

Sentir son corps s'éloigner du sien fut toutefois bien difficile. Un abime semblait s'ouvrir, un vertige le prenait et il ouvrit de nouveau les yeux pour observer l'étendue qui lui faisait face, affolé, paralysé, effrayé. Tandis qu'elle s"éloignait, l'idée de la mort vint s'insinuer en son esprit. Il allait finir ici, seul, incapable de s'extraire de cet élément dangereux et sournois. Mille choses passèrent dans son esprit, beaucoup de remords mais aussi quelques regrets : il avait encore tant de projets. Une idée bien inhabituelle fit son apparition pour se glisser jusque dans son coeur : un désir de famille, soudain, l'espoir de perpétuer son nom et leur Amour. Il ne voulait pas partir maintenant, mais il ne pouvait empêcher ce plongeon dans l'abîme.

Lui, non. Mais elle, si. Elle était encore là, ses mots résonnèrent plus fort dans ses oreilles et ses mains restaient liées aux siennes. Ses yeux ne voyaient pas seulement l'eau, ils purent également se poser sur elle et ressaisir la confiance qui lui avait échappé un instant. Un léger sourire de soulagement apparut sur ses lèvres, tandis qu'il prenait conscience de la situation et qu'il commençait à l'accepter. Communier avec l'eau ? Il n'en était pas encore là, mais du moins communiait-il avec elle et à travers elle parvenait à entretenir une relation inédite avec l'élément aquatique.

Il sursauta en se sentant éclaboussé, agressé soudain par cette eau dont il avait peut-être eu raison d'avoir peur. Elle cachait son hostilité derrière un calme apparent, mais voilà qu'elle commençait à s'agiter pour le prendre ! Il perçut le regard rieur de sa compagne, et fronça légèrement les sourcils pour lui lancer un regard accusateur. Il se savait sans défense ici, entièrement sous Son emprise. Qu'allait-elle faire de lui ?

Le sentiment du défi, et peut-être un certain orgueil, vinrent lui donner cette audace et cette confiance qu'il n'avait pas réussi à trouver précédemment. Il n'allait pas se laisser ainsi faire, et ne lui donnerait pas tous les pouvoirs sur sa personne sans se battre au moins un minimum ! Il savait qu'il était déjà entièrement à elle et qu'elle avait de fait tous les pouvoirs sur lui. Mais il pensait aussi qu'une telle protestation lui donenrait plus de courage encore pour la suite, lui lancerait un signal qui peut-être réchaufferait plus encore son coeur : "Continue, apprends-moi, je suis prêt".

Il l'attira donc légèrement devant lui, ses mains dans les siennes, pour la regarder en inspirant doucement et riposter à ses éclaboussures de la manière la plus inattendue qui soit dans un tel moment peut-être. Il lâcha vivement ses mains, et la poussa en arrière avec quelque force, assez pour l'éloigner de lui suffisament et peut-être même lui faire perdre pied. Après tout, elle voulait se baigner ? Qu'elle plonge !

Il était là, seul, sans attache, devant elle. Il n'était plus enveloppé que de l'eau. Il la regardait avec un petit air de défi. Il venait d'obtenir sa plus grande victoire, grâce à elle. Il se mit maintenant à prier pour que son audace ne l'incite pas à l'abandonner trop radicalement non plus, et qu'elle revienne vite vers lui. Mais son regard ne laissait rien paraître de ses peurs, il faisait le fier, lui montrait sa force mentale, la défiait du regard. Un léger sourire était maintenant sur ses lèvres, un sourire...amusé de la situation !

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Mabelle
Elle l’observait dans un mélange de crainte qu'il ne s'emporte et de joyeuse humeur qu'elle voulait partager. Elle riait tandis que les gouttes d'eau qu'elle projetait, venaient s'écraser sur le visage de son Amour, d'abord saisi de surprise voire d'effroi, puis doucement il l'attirait vers lui, les traits plus détendus.
Mabelle soulagée de sa réaction glissait dans l'eau pour le rejoindre, prête à s'emparer de ses lèvres pour se faire pardonner de sa plaisanterie, le regard amoureux, le mouvement gracieux.
Lorsque soudain elle fut propulsée en arrière. L'effet de surprise eut don de l'immerger totalement sous l'eau !
Aussitôt ressortie, elle le regarde stupéfaite et réjouie :


- JEAN !!


Puis se mit à rire, le visage radieux qu'il ait osé, signe qu'il prenait confiance.
Les mains sur son visage pour chasser l'eau dégoulinante, elle restait immobile, ébaubie face à lui, sidérée et heureuse d'une telle audace.

Mabelle saisit alors ses cheveux sur le côté pour les essorer, tout en avançant vers lui, doucement, le regard enjoué plongé dans le sien, amusée par son air défiant.

A présent face à lui, elle secouait légèrement la tête, avec délicatesse, pour placer ses cheveux en arrière, pose ses mains sur ses épaules avec douceur, l'entoure de ses jambes, approche ses lèvres avec un brin de sensualité et soudain, profite du moment pour appuyer sur ses épaules et l'immerger à son tour, en appuyant de tout son poids avant de l'en sortir aussitôt pour cette fois l'embrasser avec tout son Amour, emprisonnant son corps avec tendresse et douceur.
Elle espérait son indulgence pour poursuivre leurs jeux d'eau dont elle savait qu'elle se régalerait, avant de lui apprendre à nager.
Déjà, elle osait les imaginer bientôt, se baigner avec aisance, sans plus aucune barrière, se délectant de leurs bains prometteurs.

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