Mabelle
Le coeur gonflé d'une émotion intense, à peine s'étaient-ils quittés avec Jean, que Mabelle sautillait comme une enfant pour retrouver le lac, qui lui avait cruellement manqué durant son séjour prolongé à Rouen.
La brise légère, parfumée des effluves marines, envahissait la dieppoise d'une douce chaleur bienfaisante. Elle souriait en imaginait sa barque recouverte de moules et d'algues, abandonnée depuis plusieurs semaines sur la rive, un peu en retrait de la cabane dédiée aux pêcheurs.
Sa besace contenait les outils dont elle aurait besoin pour remettre son embarcation en état ; ancienne forgeronne, elle était fort bien équipée.
Pour l'heure, elle ne songeait qu'à l'immensité de l'eau, une envie irrésistible de la toucher la tenaillait depuis Rouen déjà.
Son visage s'illumina quand enfin elle aperçut les berges verdoyantes et juste derrière, enfin, l'étendue sereine et mystérieuse, dont les reflets scintillants de cette fin d'après midi, semblaient l'interpeller pour la rejoindre. Mabelle s'arrêtait alors soudain. Elle inspira profondément, les yeux clos, puis les ouvrit doucement, radieuse face à ce spectacle étonnant.
La lumière déclinait délicatement, semant sur les feuillages ses derniers rayons, orangés, puis finissaient leur course éclatante sur le lac, réfléchissant ainsi vers le ciel empourpré, leur dernier éclat triomphant.
Le coeur de la jeune femme s'emballait, et curieusement, à sa grande stupéfaction, alors que le lac était presque synonyme d'Ytharès, elle ne pensait qu'à Jean.
Ainsi, ces mois d'errance à frôler à maintes reprises la mort, oubliant toute vie, au point même d'oublier de se nourrir, auraient eu pour effet sur la jeune veuve, en sombrant si profondément, de la relever vaillamment ?
Une profusion d'émotions se mêlèrent alors à un amoncellement de sentiments jusqu'à la déstabiliser. Presque titubante à présent, elle releva ses jupes et se mit à courir à grandes enjambées, le visage fouetté de larmes.
Non, elle ne pleurait pas de tristesse, elle en avait fini avec ça, elle avait promis de vivre pour faire honneur au cadeau de Coulis, le cadeau de la Vie.
Elle courait à en perdre haleine, son sourire rieur flirtait avec ses larmes de joie, son coeur sautillait de bonheur faisant fi de ses peurs, son esprit griffonnait dans tous les recoins de sa tête, le portrait de Jean.
Elle s'approchait rapidement de la rive, se débarrassa hâtivement de sa robe, ne gardant sur elle que sa chainse, ses bas et son jupon, puis s'offrit au lac, ivre de sa liberté retrouvée.
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La brise légère, parfumée des effluves marines, envahissait la dieppoise d'une douce chaleur bienfaisante. Elle souriait en imaginait sa barque recouverte de moules et d'algues, abandonnée depuis plusieurs semaines sur la rive, un peu en retrait de la cabane dédiée aux pêcheurs.
Sa besace contenait les outils dont elle aurait besoin pour remettre son embarcation en état ; ancienne forgeronne, elle était fort bien équipée.
Pour l'heure, elle ne songeait qu'à l'immensité de l'eau, une envie irrésistible de la toucher la tenaillait depuis Rouen déjà.
Son visage s'illumina quand enfin elle aperçut les berges verdoyantes et juste derrière, enfin, l'étendue sereine et mystérieuse, dont les reflets scintillants de cette fin d'après midi, semblaient l'interpeller pour la rejoindre. Mabelle s'arrêtait alors soudain. Elle inspira profondément, les yeux clos, puis les ouvrit doucement, radieuse face à ce spectacle étonnant.
La lumière déclinait délicatement, semant sur les feuillages ses derniers rayons, orangés, puis finissaient leur course éclatante sur le lac, réfléchissant ainsi vers le ciel empourpré, leur dernier éclat triomphant.
Le coeur de la jeune femme s'emballait, et curieusement, à sa grande stupéfaction, alors que le lac était presque synonyme d'Ytharès, elle ne pensait qu'à Jean.
Ainsi, ces mois d'errance à frôler à maintes reprises la mort, oubliant toute vie, au point même d'oublier de se nourrir, auraient eu pour effet sur la jeune veuve, en sombrant si profondément, de la relever vaillamment ?
Une profusion d'émotions se mêlèrent alors à un amoncellement de sentiments jusqu'à la déstabiliser. Presque titubante à présent, elle releva ses jupes et se mit à courir à grandes enjambées, le visage fouetté de larmes.
Non, elle ne pleurait pas de tristesse, elle en avait fini avec ça, elle avait promis de vivre pour faire honneur au cadeau de Coulis, le cadeau de la Vie.
Elle courait à en perdre haleine, son sourire rieur flirtait avec ses larmes de joie, son coeur sautillait de bonheur faisant fi de ses peurs, son esprit griffonnait dans tous les recoins de sa tête, le portrait de Jean.
Elle s'approchait rapidement de la rive, se débarrassa hâtivement de sa robe, ne gardant sur elle que sa chainse, ses bas et son jupon, puis s'offrit au lac, ivre de sa liberté retrouvée.
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