Flaminia
Esmey avait encore une fois délaissé le cimetière. Lété avait fait place à lautomne, les feuilles avaient commencé à rougir puis à tomber. Les nuits devenaient de plus en plus fraîches, un départ se profilait ainsi que des changements majeurs dans la vie de la gardienne des lieux.
Un fin crachin tombait sur la ville en cet après-midi de septembre lorsque la jeune femme trouva enfin le temps de venir visiter ses vieux amis.
Comme toujours, le cimetière était silencieux si lon oubliait les cris des quelques corbeaux perchés sur les branches dun des gros chênes. Encore plus lugubre quavant à cause des feuilles jonchant le sol, des herbes folles un peu partout et du temps gris qui navait pas quitté les cieux normands depuis plusieurs jours, le sanctuaire paraissait pourtant toujours aussi accueillant du point de vue dEsmey. Cette dernière, occupée par-dessus la tête à remplir ses innombrables malles, à fermer son manoir, à administrer ses terres et à pousser dans le dos dAngelram pour quil cesse de passer ses journées enfermé à écrire, avait quand même pris un peu de temps pour aller visiter Demenza. Dautant plus que ce jour était un jour à marquer dune pierre noire. Le 23 septembre 1455, le croque-mort trépassait. Bien sûr, sa veuve avait cessé de le pleurer, mais elle tenait à souligner la journée en lui apportant une bouteille de son meilleur calva et de lenterrer avec les autres quelle apportait à chacune de ses visites. Il aimait tellement le calva !
Esmey remonta lallée avec sa démarche de lutin, ses cheveux noirs lâchés sur ses épaules. Il détestait les chignons. Elle aurait pu faire le chemin les yeux fermés tellement elle connaissait lendroit par cur. Chaque nom, chaque emplacement lui était familier. Elle poussa un soupir et poursuivit sa route. Elle arriva à lendroit où le fossoyeur était enterré, entre sa sur et sa mère. Elle les salua tous les trois avant de déposer la bouteille au fond du trou préalablement creusé.
-Joyeux anniversaire. Enfin Tu vois
Esmey caressa la pierre tombale du bout des doigts, soupira une seconde fois puis sen retourna. Elle navait pas envie de sattarder aujourdhui. Elle navait pas envie de repenser à cette époque révolue. Arrivée près du mausolée de Phooka, la jeune femme se posa sur une marche de marbre, sortit une pomme dérobée à un marchand puis croqua dedans, absorbée dans ses pensées. Le sanctuaire invitait à la méditation. Elle ignorait la pluie et le froid qui, malgré le fait quelle était bien emmitouflée dans sa cape doublée et cirée, commençait à se faire sentir. Elle avait besoin de ce petit moment pour elle seule, loin des regards et du brouhaha urbain.
Esmey resta assise là longtemps. Assez longtemps du moins pour constater que la lumière baissait et quil lui faudrait bientôt rentrer puisquAngelram devait sinquiéter de son absence prolongée. Encore un peu. Elle resterait encore un peu.
Replongeant dans ses pensées, elle ouvrit une petite fiole de whiskey dérobée à son compagnon et en avala quelques gouttes pour se réchauffer. Ce décor, ce temps, elle était bien.
Un fin crachin tombait sur la ville en cet après-midi de septembre lorsque la jeune femme trouva enfin le temps de venir visiter ses vieux amis.
Comme toujours, le cimetière était silencieux si lon oubliait les cris des quelques corbeaux perchés sur les branches dun des gros chênes. Encore plus lugubre quavant à cause des feuilles jonchant le sol, des herbes folles un peu partout et du temps gris qui navait pas quitté les cieux normands depuis plusieurs jours, le sanctuaire paraissait pourtant toujours aussi accueillant du point de vue dEsmey. Cette dernière, occupée par-dessus la tête à remplir ses innombrables malles, à fermer son manoir, à administrer ses terres et à pousser dans le dos dAngelram pour quil cesse de passer ses journées enfermé à écrire, avait quand même pris un peu de temps pour aller visiter Demenza. Dautant plus que ce jour était un jour à marquer dune pierre noire. Le 23 septembre 1455, le croque-mort trépassait. Bien sûr, sa veuve avait cessé de le pleurer, mais elle tenait à souligner la journée en lui apportant une bouteille de son meilleur calva et de lenterrer avec les autres quelle apportait à chacune de ses visites. Il aimait tellement le calva !
Esmey remonta lallée avec sa démarche de lutin, ses cheveux noirs lâchés sur ses épaules. Il détestait les chignons. Elle aurait pu faire le chemin les yeux fermés tellement elle connaissait lendroit par cur. Chaque nom, chaque emplacement lui était familier. Elle poussa un soupir et poursuivit sa route. Elle arriva à lendroit où le fossoyeur était enterré, entre sa sur et sa mère. Elle les salua tous les trois avant de déposer la bouteille au fond du trou préalablement creusé.
-Joyeux anniversaire. Enfin Tu vois
Esmey caressa la pierre tombale du bout des doigts, soupira une seconde fois puis sen retourna. Elle navait pas envie de sattarder aujourdhui. Elle navait pas envie de repenser à cette époque révolue. Arrivée près du mausolée de Phooka, la jeune femme se posa sur une marche de marbre, sortit une pomme dérobée à un marchand puis croqua dedans, absorbée dans ses pensées. Le sanctuaire invitait à la méditation. Elle ignorait la pluie et le froid qui, malgré le fait quelle était bien emmitouflée dans sa cape doublée et cirée, commençait à se faire sentir. Elle avait besoin de ce petit moment pour elle seule, loin des regards et du brouhaha urbain.
Esmey resta assise là longtemps. Assez longtemps du moins pour constater que la lumière baissait et quil lui faudrait bientôt rentrer puisquAngelram devait sinquiéter de son absence prolongée. Encore un peu. Elle resterait encore un peu.
Replongeant dans ses pensées, elle ouvrit une petite fiole de whiskey dérobée à son compagnon et en avala quelques gouttes pour se réchauffer. Ce décor, ce temps, elle était bien.