Mai
Assise à sa table de travail, Marie contemplait le vélin encore vierge de sa prochaine lettre. Entre les tempes blondes de la jeune femme, les souvenirs du Bourguignon se bousculaient espérant ainsi trouver matière à son écrit. Judas Gabryel Von Frayner. Son doux satrape avait été abandonné aux draps froissés dune couche adultérine au tout début de lété. A cette idée, les minutes revivent, les sensations reviennent et la peau frissonne agréablement des caresses presque oubliées de lamant. Ils auraient dût se revoir à la lune suivante mais le sort en décida autrement. Cest ainsi que trois longs mois plus tard, lhermine se retrouvait plume en main, prête à noircir le palimpseste comme ce fut le cas de nombreuses fois auparavant. Couché sur le chêne de son bureau, une grande feuille armoriée attendait tandis que la Marquise se remémorait les longues lettres échangées, il y a maintenant - trop - longtemps. Elle aurait aimé lui narrer longuement ses derniers mois, le deces de son fils, lanoblissement de son premier vassal, les retrouvailles avec sa fille et son mal-être qui grandissait un peu plus chaque jour. Cette fatigue qui lui pesait sur les épaules. Maï aurait voulu lui raconter mais à la place sa main fine et blanche déchira une bandelette de vélin et annota simplement quelques mots.
Citation:
- Me voulez-vous encore ? Angers, 15.10.1460. Magda.
Un sourire en coin apparu sur les lèvres bretonnes. Il comprendrait... Elle en était certaine. Le message minimaliste fut roulé sur lui-même. Il ornerait bientôt la patte dun emplumé. Maigrelette estafette des macabres désirs dune bretonne en deuil. Le corps amaigri de la jeune quitta la table et la pièce pour ordonner à la maisonnée de préparer ses affaires. Dans quelques jours elle partirait pour l'Anjou.
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Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche! - Image : MartaNael