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[RP] La Veuve & le Bouton Noir.

Khy
A la base, en vérité, c'est une histoire idiote, sans raison d'être, qui n'intéresse personne. Une Vipère, esseulée, qui quitte fils & nourrice pour venir se perdre dans les méandres d'une Paris automnale. Pour l'oreille traînante peut-être, il y a la rumeur d'une vieille cave abandonnée, qu'elle a payé en mains sales à un breton sinistre pour le prix d'une demi-langue de porc. Pour la vision parfaite, aussi, il y a l'ombre d'une jeune femme éperdument brisée qui n'a d'autre passe-temps que de construire les affaires les plus bancales & inaccessibles possible.

Mais peut-être qu'enfin, l'histoire de cette vieille cave vous intéresse. C'est un bouge perdu entre les trop nombreuses avenues parisiennes, près des Halles & Galeries Lafayottes, mais un peu trop loin pour y appartenir. Il y a une rue, passante, une haute grille de fer forgé qui donne sur un mur aveugle, propriété de l'auberge d'à côté. Quand on s'approche, pourtant, & qu'un chat téméraire franchit la grille close, on aperçoit des escaliers de pierre tendant vers un sous-sol inaccessible. S'il vous est donné de passer ces quelques marches, vous trouverez comme entrée principale une lourde porte de sapin qui semble avoir essuyé les tempêtes d'un autre siècle, coincée entre trois murs immenses prêts à l'écraser.


    Il circule la rumeur que cette demeure étrange était la propriété d'un riche bourgeois libertin qui prétendait donner rendez-vous secrets à de riches commerçants orientaux, pour régler quelques affaires pressantes & délicates à l'abri de quelconques regards, alors qu'en vérité il y préservait toute une colonie d'esclaves à la peau noire & brillante & aux cheveux tressés pour en abuser autant qu'il lui plaisait sans que quiconque ne soit au courant.
    On dit que le bourgeois est mort d'un duel à la hache, emportant dans son tombeau la clé de son repaire, & que des jours durant on entendit des hurlements sauvages & des griffes frottant la porte de sapin, avant que progressivement, l'absence d'eau & de nourriture achèvent toutes les esclaves.
    On dit aussi que l'antre est maudit, & que l'héritier, un boucher de Bretagne, serait presque prêt à payer pour s'en débarrasser, pour que les silhouettes galopantes des négresses délaissées cessent de hanter tous ses rêves.


C'est cette histoire d'ailleurs qui est parvenue aux oreilles vipérines. Et l'ennui la pressant, c'est armée d'une hache qu'elle fait sauter le verrou de la grille, & descend précautionneusement les marches inégales. L'équidé au crin rouan s'ébroue dans son dos, lié à la grille par une longe trop courte. La porte est d'abord poussée, de tout le poids du corps, & étonnamment, on entend jusqu'en haut de la rue les gonds & les pentures grincer à en percer les tympans. L'émeraude se perd sur la poignée, & le nez se plisse, contrarié. Il n'y a pas de serrure.
D'une senestre décidée, la porte est ouverte, & la mini-torche trouvée plus tôt aux Halles est brandie d'un geste vainqueur. L'obscurité n'aura pas encore raison d'elle.
Un pas lui suffit pour comprendre que le sol n'est que terre battue, & que l'endroit n'a pour locataires que poussière & araignées. La faible lueur de sa torche dévoile une pièce vide, grande & froide, avec pour seule ouverture sur le monde la lourde porte de sapin qu'elle vient de franchir. Pas d'ossements, de meubles ou de tapisseries, rien que les murs, nus, le sol de terre battue & un plafond haut de poutres énormes & inébranlables. Rien que la poussière, le vide & les toiles d'araignées. Rien qui puisse justifier de telles rumeurs, de tels secrets autour de cette cave. Rien qui ne mérite d'être découvert.

Un soupir lui échappe, l'aventure est déjà loin.
Mais les affaires ne font que commencer.

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C.lefebvre

La Veuve & l' Orphelin ? Peut-être.
Il y avait là une Rombière élancée, en élégante veuve tout vêtue de Noir, aux fines lèvres d'un pourpre sombre contrastant avec son minois trop pâle de fantôme sévère sous sa haute coiffe à plumes de jais.
Il y avait là un gamin des rues, aux haillons crasseux, sentant la ville et surtout ses ruelles encombrées. Il allait de l'avant, en bon éclaireur, avide certainement d'une maigre compensation, sonnante & trébuchante. Aux Bambins ainsi qu'aux Sots, les doux rêves sont permis.
Edward aux mains Boueuses ? Se nommait-il seulement Edward ? Elle ignorait son nom, tout juste lui lançait-elle quelques habile & furtifs coup d’œil suspicieux. Était-il seulement Orphelin ? Elle n'en avait cure. Que le supplice prenne fin au plus vite, qu'il se dépêche, mais sans la devancer trop aux risques de se voir assener l'une de ses petites attaques en règles qu'elle réservait aux enfants turbulents : la règle de noyer.


- « Où donc me mènes-tu, Chenapan ?

Nulle réponse. Il avance, vite, bien, au plus vite vers sa récompense. Il se fraye un passage parmi les passants. Passants Ô combien nombreux & grouillant de part en part, au grand désarroi de notre Rombière qui déjà suffoquait telle une carpe échouée sur le bord de l'étang.
Elle suivait le garçonnet, tant bien que mal, du mieux qu'elle le pouvait, se protégeant tantôt d'une épaule hostile, tantôt d'une meute de petits criminels dont le jeu de cerceau inspirait à la Lefebvre une flopée de pensées pleines de reproches envers les gouvernantes. Mais s'il lui était une vielle ennemie, c'était Elle : la lueur du jour. Que le ciel soit rayonne de mille feux, ou qu'il soit gris comme ce jour-là, son ombrelle faite de plumes de corbeau ne quittait la Veuve Noire lorsqu'elle était de sortie... et Dieu sait si la chose était fort rare.
Elle était seul, Angus devrait la rejoindre plus tard. Mais comment ferait-il pour la retrouver ? Elle qui ne savait pas même vers quel lieu le Petit la guidait. Sans doute le jeune artiste confiturier escomptait-il s'octroyer une journée de repos bien méritée... La Rombière trouvera bien quelques petites mesquineries de lui faire payer cette petite « lâcherie ».

Quelques ruelles, râles & coups de baguette derrière les oreilles plus tard, le garçon s'arrête devant une haute grille. Un cheval étroitement lié les regarde d'un air plaintif. Une chaîne brisée gît au sol. La Rombière passe, sans plus d'égard envers l'animal qu'envers le petit bonhomme qu'elle chasse d'un mouvement leste du dos de sa fine dextre de jais gantée.
Elle descend les marches, lentement comme pour mieux savourer cet instant qui précède les victoires assurées.
Une porte de sapin entrouverte, la lueur d'une torche à peine perceptible. Elle est là. L'Insolente est là. Elle est là, et les Affaires avec elle.
Le gamin, derrière, suit de loin la Rombière, peut-être troublé par la lenteur de la scène qui se déroule sous ses petits yeux qui n'en peuvent plus d'attendre... toute comme la Veuve qui, enfin, se décide à tiré la lourde porte dont le grincement harassant lui extirpe une douloureuse grimace.
Un pas, deux pas... Sous son ombrelle la Lefebvre découvre..


- « Splen-di-de... Est-ce donc une mauvaise farce, mon Enfant ?

La Rombière reste plantée, à quelques pas de la porte, perplexe, plus cambrée et le minois plus sévère à mesure qu'elle inspectait les recoins que la lueur de la torche dessinait de cette cave visiblement laissée à l'abandon.
Khy
- Splen-di-de...
- N'est-il pas ?

La seconde remarque n'est pas relevée. Un sourire mutin résolument vissé aux lèvres, l'insolente se retourne vers la trop fameuse Veuve Noire. Dextre au coeur, le corps s'incline & se redresse, plus assuré que jamais. Un instant, à la lueur faiblarde de la torche qu'elle tient, elle déchiffre les traits d'une Lefebvre, souvenirs fidèles d'une rencontre plus printanière. La torche change de main, la senestre farfouille dans une besace maigre pendue à la ceinture.

- Lefebvre... Heureuse de vous revoir. Vous aurez finalement cédé à la tentation... Je n'en attendais pas moins de vous.

Khy s'est avancée, pour déposer la récompense promise au gamin édenté. L'écu sonne, l'enfant fuit. Son contrat est fini.
Dans un bruissement de jupons, l'immature se retourne sur une sceptique acariâtre qui n'a pas bougé d'un demi-pouce. On peut déjà qualifier d'exploit sa présence, lui demander plus de ravissement pour quelque chose dont elle n'a sans doute entendu que rumeurs, & encore, n’est sans doute que peu approprié.
Pourtant...


- Détendez-vous, ma chère, détendez-vous... Cet endroit n'est-il pas destiné à être un temple de détente & de sucreries fruitées ?

Oh, bien sûr, elle ne sait pas encore. Pourtant elle est sûre, l'insolente, que sa comparse du moment commence lentement à saisir l'ampleur de l'affaire qu'elle propose.

- Vous connaissez bien sûr les sorcières & leurs fameux balais.. Peut-être aussi savez-vous que c'est grâce à ceci qu'elles volent ?

De la besace à l'écu est sortie une petite fiole d'étain joliment ouvragée.

- Déjà diluée. Belladone. Parfaitement équilibrée, je l'ai déjà testée.
Âcre, mais... combinée à vos délicieuses confitures, je ne doute pas que...


Torche à senestre, qui se lève pour éblouir le visage clos de la Lefebvre.
La vipère, elle, arque le sourcil en attendant un mouvement de sa part.


- Dans cette cave, rénovée, tout le gratin de Paris & des provinces alentours pour une grande dégustation de confitures qui feront... rêver.
Au sens propre. Et ils reviendront, ravis & affamés, se perdre dans vos délices, Lefebvre.
J'ai déjà quelques fioles en réserve, achetées à une sor... bref. De quoi vous suffire pour toute l'année qui vient.
Et je ne doute pas que votre fabuleux confiturier saura doser correctement la chose de manière à ce qu'elle ne se sente pas.


A n'en pas douter, elle s'est intimement persuadée que son affaire marchait déjà comme sur des roulettes.
Encore faut-il savoir si cela convaincra résolument l'avide Lefebvre.

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C.lefebvre

Telle une statue de marbre, seul ses prunelles de jais luisantes suivaient, sans que les grandes plumes de sa coiffe ne trahissent le moindre mouvement du chef, l'Adolescente défendant ses plans.
De glace, pas le moindre son ne s'échappa de ses lèvres pourpres. Ses traits inexpressifs étouffant sous la poudre d'un blanc trop pur ne trahissaient plus ni l'intérêt, ni le doute, ni les idées folles qui émergeait en elle. Seules ses prunelles suivaient la scène, attentives.
Rien ne semblait vouloir briser la glace. Non, rien. Pas même la torche qui vint l'aveugler quelques instants.
Oh, bien sûr, en son fort intérieur quelques éclats de voix, quelques râles, quelques ricanement malsains ne demandaient qu'à s'extirper de ce mur glacé. Ses doigts gantés, lorsque claquent ses « Lefebvre », voudraient se crisper tels les serres d'un vieux rapaces colérique venant de rater sa proie
Puis le silence, un long silence. Un silence de plomb. C'est à elle, dorénavant. C'est son tour. La Vipère attend. La Vipère se siffle plus. Est-ce un jeu ? Un Duel ? Peut-être. Visiblement, oui.


- « Me détendre, mon Enfant ? Devant pareil... Chaos ? Est-ce là votre temple, ma Chère Petite ?

Ses prunelles fixe la jeune femme, luisent tandis qu'un léger rictus taquin se laisse deviner sur son minois.
S'en aller ? Refuser ? Nenni. L’Affaire était tentante. Était-ce l'Or ? Non, il y avait autre chose. Bien sûr, elle avait cette quête de l'Affaire en Or ancrée au plus profond de ses veines. Elle l'avait hérité de ses ancêtres. C'était une sorte d'instinct Lefebvre. Mais il y avait autre chose : autre chose qui lui appartenait, qui ne relevait que d'elle. Exister, exister pour elle, exister par elle. Tout cela était nouveau pour elle. Tout cela était... grisant.


- « Intéressant... Intéressant... Ainsi, ne seriez-vous donc point si.. folâtre... que j'ai pu le croire ?

Elle observe la fiole, le suprême délice, le breuvage que lui avait promis son jeune Artiste et qui jamais ne venait.
Belle Dame, Divine Baie, Bouton Noir... C'était le produit qu'elle attendait, le produit dont elle rêvait. Le produit qui asservirait son neveu, le produit qui rendrait Paris fou.
Ses prunelles pétillent. Le produit est là, devant elle, prêt.


- « Parfait... Angus saura en faire une Merveille, à n'en point douter. Sotte, Insolente... Mais vous ne manquez point d'audace et de flair. Vous me plaisez, ma Fille..
Cet... endroit.. sera remis à neuf.


Et sur ses traits tantôt vides, tantôt glacés, s’immisça alors un petit rictus aux coin des lèvres de la Rombière. Non point l'un de ses petits plis taquins. Non, un sourire à peine perceptible. Un sourire malsain, un sourire complice.
Une complicité que l'on retrouve dans l'éclat de prunelles de jais, ainsi que dans sa voix, tandis qu'elle reprend, comme un clin d’œil, comme l'on renverrait la balle :


- « Qu'attendons-nous, ma Fille, pour mettre Paris en bouteille ?
Khy
[Quelques petites semaines plus tard, l'Ouverture.]

- Une missive pour vous, m'dame !
- Plus tard petit, plus tard, je suis occupée là..
- Bougez vot' fion d'là, livrai.. Oh pardon, m'dame !
- Rentre-moi dedans, j'te dirai rien !
Toi, tu poses ces bouteilles - SANS LES BOIRE ! - sur le comptoir & tu vas voir la Lefebvre, qu'elle ramène son derche de viei...
STOOOP ! Tu vois pas qu'la table passe pas comme ça ? Tu veux qu'j't'enfonce un deuxième oeil de verre pour mieux y voir ? Pis un troisième dans l'cul tant qu'j'y suis hein ?!
ET ON CRACHE PAS SUR LES VASES POUR LES FAIRE BRILLER, PAR LES ROTS D'SAINTE BOULASSE !


Assise à un comptoir discret parcourant le fond de la cave, Khy, en bonne maîtresse de maison, fait rouler son affaire à vive allure. Les travaux, qu'on pensait longs & en retard, se sont finis deux semaines à l'avance grâce à une généreuse donation sortie tout droit des caisses de la confiturière. L'aménagement se termine, rapidement & dans un joyeux capharnaüm, parce que l'ouverture a été avancée & parce que Khy, bien évidemment, n'a rien trouvé de mieux que de s'entourer d'une armée de bras cassés.
Il y a, bien sûr, le gamin édenté, qui s'est assigné à la distribution & redistribution de son courrier, par amour de l'écu. Et puis il y a une tripotée d'incompétents qu'elle a embauché pour la matinée, pour installer, livrer, faire briller la salle pour les prochains clients.

La cave est prête, ou presque. Elle a fait installer un judas de bronze sur la porte de pin, préalablement restaurée, ainsi qu'un heurtoir & une serrure simple, de bronze également. Le sol, remis à niveau, s'est vu habillé de tapis orientaux, au même titre que les murs nus & froids, pour rappeler aux connaisseurs la légende de la cave. Tout le long des murs, on trouve fauteuils confortables & tables basses, chandeliers de bronze aux multiples bougies, sonnettes & statues inutiles. Le comptoir, au fond de la cave, est de pin tout comme la porte & recèle déjà de fioles & bouteilles en tout genre. On n'attend plus que la Lefebvre & ses pâtes & confitures.


- Ah Lefebvre, vous voilà ! Cela vous plaît ?
J'ai pris sur moi d'ailleurs de faire creuser une porte donnant sur une chambre à mon nom de l'auberge d'à côté. Là, derrière le comptoir. La tenture rouge. Incroyable comme on ne la voit pas, n'est-ce pas ?
Vous êtes prête pour le grand soir ? Vous avez la liste des invités ?
Par les culottes du pape, JE T'AI DIT DE PAS CRACHER SUR LES VASES !!!
Aaaah.. Ce qu'il me tarde !


Excitée ? Si peu !
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