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[RP] Quand l'heure de la revanche a sonné...

Odenaiss
    [ Toulouse - De nuit ]

    Quand le passé s'est décidé à vous rattraper... Difficile d'en réchapper.


Elles sont là qui vacillent, les flammes, leurs ombres dansant sur un pan de mur dont les tourmalines n'arrivent à se détourner.
Elles sont là, qui luttent avec désespoir contre le courant d’air qu’une croisée, légèrement entrouverte, laisse filer dans la chambre qu’elle occupe. A elle de contempler les bougies que porte un vieux candélabre... De les regarder se consumer comme s'épuise sa vie.

Il est encore tôt ce matin, à en juger la couleur du ciel qui n’a pas daigner bon ôter son voile céleste pour faire place aux premières lueurs d'un nouveau jour. Et ce silence qui l'entoure... Il est signe que les ruelles sont désertes. Aujourd’hui, une fois de plus, elle le verra venir le jour, après avoir connu une nuit sans sommeil. Instant de repos qu’elle ne sait plus trouver par faute d’un trop grand nombre de tourments venus l’accabler.
Cruelles insomnies.

Et de ces supplices moraux, il en est un qui prédomine : l'idée même qu'elle puisse perdre celui qui avait su lui redonner goût à la vie.
Elle l'avait déçu incontestablement et en retour, il avait fait choix de dresser barrière entre eux. Était-ce pour se protéger ?
Se faire rabrouer... Était-ce pénitence à subir pour réparer l'outrage qu'elle avait commis ? A moins que ce ne fusse les prémices d'une rupture à venir...

Elle aurait aimé avoir réponse à toutes ces foutues questions. Voulu percer de son simple regard ce mur qui, dressé face à elle, la tenait séparer de lui. Car il était tenu derrière... Si près et pourtant trop loin. Dieu qu'elle la maudissait cette cloison. Tant, qu'elle y avait balancé tout ce qu'elle avait pu avoir à porté de main.
Et comme chaque nuit, ne supportant plus avoir à y faire face, la Brune s' efforçait de quitter sa couche.

Les vêtements qu’elle portait et dont elle ne s’était pas défait depuis la veille, avaient été grossièrement défroissés d’un passage rapide de ses mains sur l'étoffe. Sommairement, la tignasse malmenée d’avoir subi les assauts de mains trop hargneuses, avait été recoiffées sans plus d’attention avant d’être dissimulée par une capuche lourdement rabattue sur sa tête.

C’était emmitouflée dans une cape sombre qu’elle entreprenait de quitter l’auberge. L’habitude était prise d’aller flirter avec les vents nocturne d’une nuit frappée des premières fraîcheurs automnales. Mais avant cela, elle s'accordait un instant pour faire halte devant la porte de la chambre que Theos occupait, le temps de sentir son âme torturée.
A chaque fois, à la dextre d’être retenue de venir y cogner. A la voix de se murer dans le silence et d'étouffer les cris qui n'avaient d'envie que de l'implorer, pour qu'il la laisse entrer, qu’il l’ « aime » aussi fort que toutes ces nuits où son corps avait parfaitement su épouser le sien. Avec violence, elle s'en empêchait, car elle savait que quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, rien ne saurait venir apaiser la colère qu'il éprouvait pour l'heure et que la seule chose à faire était de lui laisser du temps.

Contrainte de faire sans lui, elle rejoignait donc l'obscurité des quartiers, ses pas foulant sans vraiment savoir où elle irait, les pavés de la cité toulousaine. Marcher sans avoir à s'arrêter, ne surtout pas se laisser attirer par l'envie de se replonger dans quelques excès dont elle avait réussi à se détacher. Ne faire que s'enivrer de ce vent d'air frais et penser.

De temps à autre, les tourmalines se relevaient sur une demi-lune venu éclairer les toits des habitations avant qu'elle ne reporte son attention droit devant elle, continuant de songer à cet avenir qu'elle était en train de voir s'étioler.
Peut-être était-il temps en effet pour la Brune de se sédentariser. De laisser de côté ce besoin de courir le Royaume, de vibrer. Temps de se plier aux formalités et aux convenances auxquelles elle avait toujours essayé d’échapper. Qu'y avait-il de plus important à sa vie que Lui finalement ? Rien ! Il était la seule chose qui comptait réellement...

Un bruit vint soudainement la tirer de ses pensées. D’instinct, s’arrêtant de marcher, les yeux pers se mirent à la recherche de ce qui pouvait bien être venu interrompre le calme qui l’entourait. Il aurait pu être le bruit de ses propres pas résonnant sur le pavé, mais pas cette fois…
Non ! Il n'était plus question d'un bruit, mais d'une voix en train de l'interpeller. Comment connaissait-il son prénom ? Sinon de la connaître...
Dans l'ombre se dessinait progressivement les contours d'un homme. De sa voix et de sa démarche, elle ne reconnaissait rien. Ni la stature, ni l'allure. Il ne semblait pas aspirer au danger. Seulement ne disait-on pas qu'il fallait toujours se méfier des apparences pour ce qu'elles étaient souvent trompeuses ?
Elle aurait du s'en rappeler.

Inconsciente, encore sous le coup de la surprise, c'est sans grande méfiance qu'elle se laisse approcher tandis qu'une première question vient de nouveau briser le silence qui s'est instauré :


-"Qui êtes-vous ? Et qu'est ce que vous m'voulez ?"

Erreur fatale pour la Brune d'avoir pris le risque de s'arrêter, bien loin de se douter de ce qui allait lui arriver.
Theos
[ Toulouse - De nuit ]

« La haine est l'amour qui a sombré. » (Sören Kierkegaard)

La fureur qui était venue abîmer la raison et les sentiments de Théos l’avait torturé toute la soirée. L’infâme aversion qu’il entretenait pour son Autre depuis quelques jours n’en finissait pas de troubler sa quiétude, lui interdisant toute ataraxie. Animé par des pensées dérangeantes et par une réelle rancœur à son égard, il ne voyait que la rupture comme issue. Un déchirement, un arrachage de cœur sans anesthésie.

D’un geste de la main, il avait violemment balayé son bureau, saccagé les effets qui décoraient l’endroit, froissé les vélins qui gisaient à présent sur le sol. Dans les chambres voisines des cris d’exaspération s’étaient fait entendre et c’est par des insultes que le Ténébreux ponctua sa pulsion de sauvagerie. La chambre avait perdu tout son charme et avait pris les coutures d’un champ de bataille.

De sa dextre, il arracha la chaîne qui entourait son cou et se laissa tomber sur son lit, dans un soupir de fatigue. Allongé sur le dos, il leva le bras qui tenait le pendentif et l’observa dans un silence lourd. Objet précieux, souvenir tangible offert par son Autre. Il avait promis de ne jamais s’en défaire, de toujours conserver ce gage d’affection au plus proche de son cœur. Il le glissa au creux de sa poche, là où une bague dormait, symbole d’une rencontre interdite au détour d’une nuit, d’une proposition clandestine faite par une jeune femme qui avait su toucher son cœur et qui avait été prête à se priver de sa liberté pour lui.

La rage se dissipait, le calme l’enveloppait, lui permettant une profonde introspection. Il avait le sentiment d’avoir été trahi par celle en qui il nourrissait une imperturbable confiance. Jamais il ne l’aurait crue capable des agissements dont elle avait fait la démonstration et qui allaient à l’encontre même de ses ambitions. Il la savait déterminée à vivre une vie exaltante, intense et délétère. Il sentait que sa personnalité sombre avait anéanti sa fantaisie et détruit sa moralité. La tourmente incessante qui l’accablait n’en finissait pas de la rendre obsessionnelle. Mais jamais il ne l’aurait cru capable de tel affront.

Pourtant, les sentiments qu’il éprouvait pour elle ne s’étaient pas éteints. La colère qui l’emportait flirtait avec la passion, prenait ses aspects, ses contours. Car même si elle était fielleuse, cette sensation le mettait en transe et altérait ses sens. Ne dit-on pas que l’amour est le sentiment le plus proche de la haine ? La souffrance imposée est la même. Elle ronge avec véhémence sa victime, ne lui accordant aucune indulgence.

Heureusement qu’il ne se trouvait pas aux côtés de sa Rebelle. Sans doute l’aurait-il frappée, comme pour la faire expier sa faute. Sans doute l’aurait-il accablée de reproches, sans la ménager, intolérant qu’il était. Il soupira à cette pensée. Il se rendait compte que son impulsivité n’arrangeait pas la situation et était certainement néfaste à leur couple. Il avait conscience de ses erreurs, de la négligence dont il avait fait preuve ces dernières semaines pour rassurer sa compagne quant à sa fidélité et à son envie de poursuivre le chemin à ses côtés. Il s’étaient tous deux éloignés, le quotidien l’avait emporté. Plus aucun projet commun ne les liait.

A présent, il lui avait imposé une distance, pour réfléchir à leur avenir, pour prendre les décisions les plus sensées. Un cruel manque des bras, de la chaire, des lèvres de son Ingrate l’ébranlait. De morsures en griffures, il aurait voulu reconquérir ce corps qui était maintenant séparé de lui. Mais il devait mettre de côté ses envies charnelles.
Il s’endormit. Aucun rêve ne perturba son sommeil. Il était loin d’imaginer ce qui allait arriver à Odénaïss.
Fervantskate
[ Narbonne - à la tombée de la nuit. ]

«La vérité d'un homme, c'est d'abord ce qu'il cache.» (André Malraux)

Un monde où tout n'est que peur, mensonge, violence, où chaque hommes jettent son âme à bouffer au néant, leur laissant le cœur vide, a noyer leur regret, leur remord, leur peine, leur haine, au fond des verres de vins. C'est donc ça, la vie humaine. On nous mène à la cime pour nous traîner à la tombe, on nous torture, notre corps, mais surtout notre âme. Faut-il être fier de notre pouvoir d'humanité ? Se sentir fort face à l'adversité ? Rappelez que l'homme est un loup pour l'homme... Quelle amusante coïncidence...

Le Gael était encore dans ses moments d'égarement. Peut-être facilité par l'alcool, assurément même. Tournoyant le liquide divin au fond de sa chope, c'était l'œil distrait et brillant qu'il se perdait dans ses contemplations sur le monde, en l'occurrence, sur la taverne. Les Narbonnais et autres partageaient de vive voix, d'éclats de rire, de chopes qui s'entrechoquent, la soirée battant à son plein. Le Géant n'était pas le dernier pour s'en jeter quelques uns, malgré sa discrétion légendaire. Il observait, observait, et observait encore, ses pensées fourmillant dans sa tête. Il était aisé de voir comme tous ici présent parlaient d'eux sans contre façon. Un fidèle soldat du village au trait dur mais au nez rouge comme le vin, un gueux du coin abruti par l'alcool, une femme plantureuse pleine de charme, et surtout d'envies, un gai luron se perdant dans les profondeurs de son décolleté, un troubadour qui exécutait à merveille son travail de divertissement et encore autres profils tous plus différents des uns des autres. Lui, il était là, à siroter ses chopes en silence, écoutant, regardant, sans broncher mots.

Il observait le tableau dresser devant ses yeux : une soirée de plus en taverne à dépenser l'argent durement gagné de la journée, avec des personnes souhaitant plonger la tête la première dans les méfaits de l'alcool, pour justement peut-être oublier leur vie qui se poursuit, les jours passants se ressemblant tous. Il se tenta à faire le point sur sa propre existence. Etait-il plus heureux que ces personnes ici présentes ? Il n'était pas un de ces sédentaires, à chercher un foyer chaleureux où rentrer le soir après les tâches quotidiennes de la vie. Non. Voyageur qu'il était, il n'avait eu leur mode de vie. Mais, le sien était-il pour autant meilleur ? Après tout, quelle a été sa vie ? Tout se bouscule dans sa tête, les pensées surgissent, fusent, se frayent une place les unes entres les autres, l'alcool lui monde à la tête, mais pas assez pour être malade, et depuis quelques jours son nez le démange. Soudainement agacé par le badinage de tous, il pris sa cape et sa hache avant de quitter la pièce dans un grognement d'au revoir, comme à son habitude.

La nuit était bien noire depuis quelques temps déjà, on entendait au loin les tavernes faire leur chiffre de la journée, les lumières des foyers n'étaient plus, le monde du jour laissant place au monde de la nuit. L'air était chargé d'humidité, la fraîche installée tel un lit de perle de glace sur le sol et la verdure. Le Gael avait pris beaucoup trop l'habitude de cette ville et commençait à s'en lasser. Bloqué ici pour un mariage auquel il ne croyait pas, il se devait cependant de faire son rôle d'ami fidèle. Et c'est par un grognement que sa pensée s'accompagna, posant un pied devant l'autre pour prendre le chemin de la forêt. Il avait eu du mal, une fois de plus, dans ce village à s'intégrer, les habitants farouches de voir un homme comme lui. Cependant, il ne pouvait leur en vouloir, grand comme il était, affublé de ses vêtements du Nord, sa hache dans son dos et son air peu avenant. Et, ils avaient raison de s'en méfier. Les dires sur lui n'étaient pas toujours faux, surtout concernant sa personnalité et son caractère. Mais, personne n'avait vu le visage du démon de la nuit, tapis dans la forêt, à l'affut, tel un prédateur sur sa proie. Il n'était pas un grand bavard, préférant le silence aux discussions futiles. Il pouvait être un homme froid, distant, méchant, ou encore dangereux. Mais, des personnes avaient su se faire une place dans sa vie, ou encore dans son cœur. Et fidèle il l'était, en amitié, ou encore en amour. Il pensait souvent à eux, ces personnes privilégiés, peu nombreuse mais présentes.
La dernière en compte ? Odénaiss. Il ne parvenait pas encore à savoir pourquoi, pourquoi avait-il foncé tête baissé. Il n'a pas des abord de preux chevalier. Mais, elle lui avait imploré son aide, à lui. Cet homme. Etait-ce parce qu'elle était une femme qu'il avait accepté ? Sûrement pas. Peut-être parce qu'elle lui ressemblait ? Mmh. Non. C'était surtout parce qu'il comprenait ce qu'elle ressentait. Cette peur, cette angoisse, ce sentiment d'insécurité permanente, ce réflexe de regarder toujours par dessus son épaule, craignant l'approche ultime du danger. Ou encore cette facilité de se méfier de tout et tout monde... Il pouvait lire la terreur sur le visage de la jeune femme traquée. C'était ça, ça qu'il l'avait convaincu. Il était certain qu'ils n'étaient pas si différents. Cependant, elle avait besoin d'un traqueur, comme lui. Il lui fallait une protection, il le ferait. Mais pourquoi ? Il ne la connaissait même pas ! Lui, l'homme qui se fiche de tout et tout le monde, celui qui n'accorde d'importance à personne, sans aucune clémence, il offrait ses services à une jeune femme ? Etait-elle si spéciale à ses yeux pour agir ainsi ?

Mais, il n'était pas un bon protecteur. Il l'avait laissé partir avec son compagnon. Il appréciait l'homme, il savait qu'il vendrait son âme au diable pour protéger cette femme. Voilà pourquoi il l'avait laissé partir. Ses pensées se calmant, il respira profondément pour s'imprégner des arômes flottant dans l'air humide. Sa capacité olfactive très prononcée, il continuait de marcher à travers la forêt pour rejoindre son campement de fortune tout en humant l'air distraitement. Son nez n'arrêtait pas de le gêner, le triturant dans tous les sens pour calmer les picotements. Tout comme Koulak, son frère des bois qui trépignait depuis toute la journée. Puis, il fini par comprendre.

Odénaiss, elle est en danger.
Archambault


    [ Toulouse - De nuit]


    La fin d'une attente.


    Il attend. V'la qui va faire des heures. Des jours même. Cette fois encore il est resté enfoncé, parfaitement tapis dans la nuit. Il n'émet pas un bruit, ne bouge pas de la place qu'il s'est choisi. La seule chose qu'il fasse : il observe, il guète, cette foutue fenêtre qui laisse passer la silhouette qu'ils épient depuis quelques semaines ne se retenant pas de se rincer l'oeil à la moindre occasion.

    La donzelle, la "cible", comme il l'appelait. C'est par coeur qu'ils commencent à la connaître. Ses gestes, ses habitudes, les endroits qu'elle fréquente et surtout, presque autant qu'elle, les personnes qui l'entoure. Et dernièrement, ils n'ont pas manqué remarquer l'éloignement qui s'est opéré entre elle et celui pour qui elle semblait tant baver. La bonne affaire. Avec lui en moins dans les pattes, ils auraient plus facile à attirer la brune dans leurs filets laissant leur piège se refermer sur elle, aussi sec qu'un couperet venu trancher la tête d'un condamné.

    Rien qu'à l'idée, Archambault entendait déjà le paquet d'écus qu'il était conclu qu'ils ramassent à l'issue du coup. La motivation n'était pas des moindres pour l'homme, autrement jamais il ne serait resté là, les pieds dans la flotte et le corps tenus au froid. Sans compter qu'il faisait confiance au commanditaire. Il semblait tellement déterminé à l'avoir entre les mains la Poupée qu'il était prêt à beaucoup, voir même à tout, afin de satisfaire son envie macabre.

    La main fourrée dans sa sacoche, il retire une flasque s'empressant d'en porter le goulot à sa bouche. L'alcool tient chaud même s'il s'avère être infâme et un jet de salive vient finir sa course sur les pavés. A la fenêtre qu'il fixe d'apercevoir la "Cible" avant qu'elle ne disparaisse dans le noir complet. Les bougies du candélabre semblent avoir été soufflées comme un signal que l'on donne. Que fera t-elle cette fois ? Ira t-elle se coucher ou verront-ils la porte s'ouvrir sur elle comme au cours des nuits précédentes ?
    A peine le temps de terminer de se poser la question qu’il la voit et que d'un mouvement de tête l'ordre est donné au complice de se lancer à sa poursuite.

    Il fait nuit, il est grand temps. Ce soir encore, aucune autre silhouette ne la suit, sauf cet homme, seul partenaire de ses nuits d’observation. Voilà quelques jours qu’il a été rejoint. A deux tout serait plus simple. L’autre pour attirer son attention, lui pour achever le travail.

    Enfin, ils allaient pouvoir se jeter sur leur proie, après tout ce travail accompli, toutes ses heures acharnées de surveillance, tout ces pots de vins versés en échanges de quelques renseignements pour en apprendre toujours plus sur le compte de la Traquée. Les pas claquent sur le pavé, calqué sur ceux dont le bruit s’élève dans le silence nocturne. A sa taille, sa ceinture et sa main qui s’en approche, effleure le poignard qu’il y a passé, avant de se pencher et de ramasser la matraque qu'il a apporté. Agir vite ! C’est-ce qu’ils doivent faire. Tant qu’elle s’engouffre dans les venelles encore sombres et dépeuplées. Avant qu’elle ne gagne les remparts de la ville qu’ils l’ont vu si souvent aller côtoyer.

    Lui reste là, encore un peu, tapis dans l’ombre, à l’abri d’un arbre pendant que son acolyte engage la conversation. Il attend le bon moment ! Qu'approche soit faite.
    Le « poisson » ne tarde pas à mordre à l’hameçon, ne reste plus qu’à ferrer et pour se faire, à lui d’entrer en jeu.

    Le dos tourné, l' attention de la brune captivé par l’intervention de son partenaire qui joue l’homme complètement paumé, il a maintenant tout loisir de s’approcher.
    Le décompte de ses pas qui le tient encore éloigné à débuté dans sa tête… 7,6,5 pas tout au plus que déjà le bras se lève… 3,2,1... La voilà à portée. Il ne doit surtout pas râté son coup. Frapper juste, frapper bien. Ni trop fort, Ni trop doux. Juste de quoi l’assommer et la ramener vivante à celui qui rêve qu’elle lui soit remise.
    D’un coup le bras se fait lourd. C’est le choc. La matraque qu’il tient s’abat froidement sur le crâne de la jeune femme qui s’écroule aussitôt sur le sol.

    Vivante ou morte ? Le regard interroge son complice qui se précipite pour s’assurer qu’elle respire encore.

      -C’est bon ! Faut qu’on s’bouge maintenant ! Magne avant qu’on s’fasse repérer par les gars d’la maréchaussée. Vont pas tarder à faire leur ronde…


    Aussitôt, la mécanique se met en marche. Archambault retourne à la hâte derrière cet arbre où il s’était tenu planqué et en revient sans tarder avec un sac; il en tire des liens de chanvre et s'en sert immédiatement pour lier les mains et les jambes de l'inerte. Pendant ce temps, le complice est allé chercher les chevaux, qu'il ramène en les tenant par la bride. Le corps qui semble sans vie est glissé dans le sac, avant d'être placé en travers d'un cheval. Un regard aux alentours pour vérifier qu'il n'y a pas eut de témoins de leur méfait avant qu'il ne croise celui de son partenaire. Les derniers mots fusent avant que les chevaux ne soient lancés au galop au travers des rues toulousaine :

      - Maintenant y a plus qu’à la livrer…



Abzal
[Bonjour, retrait de l'image par moi-même car hors normes. Je vous invite à relire les Règles d'or des arpenteurs. Bon jeu.
Modo Téolisa]




    [ Un lieu bien connu de certain, à la même heure. A la bonne heure. Bonheur ?!]


"La vie n'est qu'un piège où l'on finit toujours par tomber." M. Petrowski

L'attente. L'attente, toujours l'attente. Il en deviendrait fou s'il ne l'était pas déjà. Une folie perverse et destructrice. L'attente. Elle était partie depuis si longtemps cette petite. Mais, pourquoi, pourquoi ? Il ne l'avait jamais très bien su finalement. Et il avait remué ciel et terre pour la retrouver. Il avait embauché les plus grands, les meilleurs. Il avait dépensé des fortunes. De véritables fortunes. Qu'heureusement, il possédait. Non, il n'avait pas compris. Et elle lui avait manqué cette petite. Il avait fondé tant d'espoir en elle.

Oui, mais elle s'était enfuie de sa prison la garce. Elle avait osé bafoué ses règles, ses lois. Le braver lui. Elle avait osé franchir le pas que personne n'avait osé franchir avant elle. Elle l'avait humilié. Et il avait mis du temps à s'en remettre le vieil Abzal. Mais la colère, la rage, la haine avait pris le dessus. Oh, oui, il avait remué ciel et terre pour la retrouver. Il avait payé les plus grands bandits qui soit pour cela. Brigands, mercenaires, fouineurs en tout genre. Mais rien. Il était totalement impuissant. Et la garce échappait sans cesse à ses sbires. Sbires payés cher pour pas grand chose. Et parfois, le nouveau sbire tuait l'ancien pour prendre sa place. Abzal n'aimait pas congédié. Un fou, à soif de souffrance, et de sang. Tant que ses mains restaient propres. Un fou, qui se servaient des gens comme de ses jouets. Un fou, simplement déconnecté de la réalité.

Oui, mais cette fois-ci, le vent avait tourné. Il avait bon espoir. On allait lui apporter cette fois. Lui apporter cette demoiselle qui lui avait tant servi. Lui rapporter son jouet préféré. Odénaïss. Il avait au cours de ses précédentes enquêtes appris quelques éléments sur ce que devenait sa vie, à la demoiselle. Et la colère le saisissait plus encore. Comment pouvait-elle tenter de vivre normalement, après lui ? Oui, mais cette fois, l'homme était de qualité. Archambault. Le pressentiment était merveilleux. Il y croyait. Mais il y avait toujours cru. Pour une terrible déception finale. Alors il attendait avec impatience. Une impatience qui ne cessait d'accroître, plus le temps passait. Non, il n'arrêterait jamais de la traquer. Il la voulait. Il la voulait sous sa coupe à nouveau. Il voulait l'humilier comme elle l'avait fait. Il voulait la faire souffrir. Il voulait se venger. Et faire souffrir, c'était quelque chose qu'il savait merveilleusement bien faire. Un véritable talent chez lui. Un trait inné. Sa véritable nature.

Et il attendait, guettant le retour d'Archambault qui tardait à arriver. Plusieurs jours maintenant. Et Abzal ne quittait pas sa fenêtre des yeux. Il voulait le voir revenir. Et se préparer. A la colère immense, ou à la joie froide et méprisante. Accueillir le dit homme comme il le mériterait. Et surtout, il rêvait de revoir la petite. La frêle. La fugueuse. Oh, ça, elle s'en souviendrait. Il lui apprendrait une grande leçon de vie, à celle-là. Qu'elle n'oublierait plus. Mais alors plus jamais. On ne fuit pas éternellement. Les ombres vous rattrape toujours. On ne quitte pas Abzal. C'est Abzal qui vous quitte. On ne joue pas avec Abzal. C'est Abzal qui joue avec vous. C'est Abzal qui commande. C'est Abzal qui décide. Et toujours, Toujours, c'est Abzal qui a le dernier mot. Abzal. Lui, et lui seul. Et elle regretterait de l'avoir quitté. Oh si, elle regretterait tellement. Le traitement serait tellement plus cruel que précédemment. Et il lui dira, dans un sussure de serpent : "pourquoi m'as-tu laissé, poupée ? Tu vois, tu aurais dû rester. J'aurais été clément... J'aurai été clément." Et il serait parti dans un rire angoissant après avoir dire qu'il ne s'appelerait plus jamais "clément". Mais bel et bien Abzal.

Viens ma jolie. Viens. Reviens voir papa. Tu verras tu seras bien. Ne te méfie pas. Non ne te méfie pas. Reviens moi. Tu m'appartiens.

Et de sauter sur ses pieds en entendant un bruit vers le pas de la porte. Quelle surprise - agréable ou dysphorique - lui présenterait le levé encore endormi du jour.... ?
Odenaiss
    [ Quelque part - Au petit jour - Aux portes de l'enfer ]


    « Il y a des réveils qui sont plus durs que d’autres. » (Paul Carvel)



Et vlan ! Le sommeil touche à sa fin.
Un bruit sourd retentit dans la pièce. Bruit d'un corps qui s'étale, qui se vautre violemment contre le sol.
Rude se fait le choc lorsque celui-ci s'écrase contre le mur avant de retomber, sans pouvoir trouver la force de se relever.

Dort-elle encore ? Est-elle éveillée ?
Comment ne pas confondre entre un cauchemar qui se prolonge et la réalité, qui, bel et bien, vient vous surprendre ?
C'était-elle même à un moment ou à un autre couchée au cours de la dernière soirée ? Impossible pour elle de s'en souvenir, de se remémorer ce qu'elle avait bien pu faire. Elle n'arrivait pas à réfléchir.

Là, les paupières, bien que lourdes cherchent à s'ouvrir, mais tout est noir. Et autour d'elle, des voix qu'elle ne reconnait pas, qui s'approchent.
Et ces mains qui soudain viennent la bousculer, la harceler, l'obligeant à s'asseoir. Puis à cette douleur lancinante, de la forcer d'un coup à ce qu'elle cherche à porter ses mains à l'arrière de son crâne. La résistance est là lorsqu'elle essaient de donner libre court à ses mouvements, mais peine perdue, ses mains sont liées. Elle comprend alors lorsque la pulpe des doigts fragilisés vient palper le tissu qui lui couvre la tête.
La proie qu'elle a toujours été est désormais captive.

Assise dans un coin, elle essaie de respirer, laborieusement, un air qui semble brusquement s'être raréfié. Le lin qui la recouvre, à chacune de ses aspirations, est comme happé, cherchant à s'insinuer tant dans sa bouche que dans son nez. Elle étouffe la Brune, habitée par cette impression de se noyer dans un angle de la pièce.
Et cette douleur qui la tiraille, lui martel la tête. Elle ne se souvient pas d'avoir jamais autant souffert, pas même lorsqu'elle avait senti la lame de sa dague s'enfouir en son sein. La douleur l'a engloutie. Elle pulse, violente, comme un coeur qui va claquer.

L'ouïe reste en éveil, alors que l'esprit, lui, cherche à redonner sens aux derniers évènements. Mais pas le temps qu'on lui fait violence une nouvelle fois. Du noir, elle passe à la lumière. De l'état d'asphyxie, elle sent ses poumons se gonfler d'un grand air.
Les yeux ont mal lorsqu'ils devinent la lueur du jour et qu'ils voient une ombre se dessiner. Une ombre déformée, qui s'étire en longueur tel un éventail, à moins que se ne soit l'ombre d'un pendu, qui danse et se déplace sur un mur. Elle la voit qui s'approche, la silhouette, l'ombre d'un visage, d'une main.
Mais qui est ce ?
Les cheveux sont saisis avec cette sensation qu'on les lui arrache par poignées.

Le souffle est retenu prisonnier avant qu'un râle de douleur ne soit lâché et que l'injure l'accompagne.


-"Espèce de raclure... Lâchez-moi ! Lâchez moi !"


Et se souffle qui vient alors mourir au creux de l'esgourde qu'elle a d'offerte alors que son cou est tendu, tête sauvagement maintenue en arrière. Ce souffle... cette impression de déjà vue... cette sensation... celle de l'horreur qui ressurgit. Et l'oeil hagard qui s'ouvre finalement, entièrement, laissant à l'iris de découvrir celui qu'elle a fuit depuis si longtemps.



-" Abzal... C'est toi ! Reeetire tes sales pattes de là avant que je n'te crève !"


Seulement, comment pourrait-elle alors qu'elle se trouvait là, face à lui, soumise, pieds et poings liés ?
Theos
[ Muret et sa campagne - De nuit ]

« Les gens qui nous donnent leur pleine confiance croient par là avoir un droit sur la nôtre. C'est une erreur de raisonnement ; des dons ne sauraient donner un droit. » (Friedrich Nietzsche)


Cela faisait plusieurs jours que l’Insolent caressait le jour sans avoir croisé sa Pimbêche. Et, leurs dernières rencontres n’ayant attisé que des différends, l’absence de celle qui partageait habituellement son quotidien ne vint pas le troubler. Sa nouvelle liberté l’autorisait à se perdre chaque soir en solitaire dans des lieux bien peu recommandables où l’infréquentable flirtait avec le sordide. Malgré toute la droiture dont il était doté, il se découvrait un goût prononcé pour l’interdit, retombant dans les affres de son passé.

Des souvenirs tumultueux hantaient parfois son esprit et lui rappelaient son imposture. Il n’avait rien d’un homme courtois et prévenant. Ses manières pleines d’une vilaine fioriture ne faisaient que dissimuler son caractère d’homme mystérieux et sauvage. Personne ne pouvait prétendre l’avoir dompté, même si les apparences le laissaient penser. Odénaïss elle-même avait failli à cette tâche et n’avait pas su l’apprivoiser.

Alors qu’il accompagnait le silence de la nuit d’un pas déterminé, un rôdeur l’attrapa par la manche et l’obligea à se retourner. Agacé d’être arrêté dans sa course, d’Arenthon laissa éclater l’antipathie qu’il nourrissait pour l’Audacieux qui avait osé entraver son chemin.


Que veux-tu pauvre Gueux ? Ne vois-tu pas que je suis pressé, que je ne te décrocherai pas la moindre pièce ? Misérable, va-t’en retrouver la vermine !

L’Individu se contenta de tendre une lettre à Theos et se dépêcha de déserter la ruelle avant de se faire rabrouer. Très vite le billet fut déplié et lu. L’hostilité disparut, sans rien laisser apparaître sur le visage de d’Arenthon. Il cultivait l’impassibilité avec une aisance tellement déconcertante qu’il était difficile de deviner la portée de ses sentiments.

Le vent chahutait sa chevelure et dansait sous l’écume d’un ciel nuageux. La nuit serait humide. La missive fraîchement reçue venait de compromettre sa soirée et l’intima d’aller chercher sa monture. Il la sella rapidement, avec des gestes maîtrisés. Et c’est dans une course folle qu’il quitta la ville pour aller pour visiter l’incroyable férocité de la campagne. Troisième branche à gauche après les champignons. Il savait où trouver Exquiz.

Il aperçut une cabane improvisée et sauta de son cheval, enfonçant sa botte dans un lit de feuilles abîmées. Il s’avança prudemment jusqu’au semblant de porte et y frappa quelques coups, à un rythme mesuré. Code que seule la Blonde pouvait comprendre. Ils n’avaient rien perdu de leur complicité et nourrissaient toujours le même respect l’un pour l’autre malgré tout ce qui était venu les bouleverser. Quand il aperçut la silhouette de son amie, il lança froidement :


Odénaïss a été enlevée par un certain Abzal… Homme pour lequel je travaillais quand nous nous sommes rencontrés elle et moi…
Exquiz
« La confidence avec un bon ami jamais, sans l'offenser, ne s'exerce à demi. »
Pierre Corneille


De toutes ces histoires qui sont les siennes, et qui s’entrechoquent sous forme de souvenir dans l’étendu de sa cervelle, l’Exquiz s’interroge. Il y en a une qui reste infinie. Bordée de doutes et d’incompréhension. Et qui d’après elle, gardera à jamais ce flou volubile qui l’enveloppe.

Certes, elle n’était pas la plus avisée pour parler des relations humaines et les comprendre, mais jamais avant Théos elle n’avait eu à vivre ce genre de séparation, où l’amertume flirtait avec les regrets. Elle avait pourtant oublié, détesté, évincé certaines relations, tout comme elle en avait aimé, sauvegardé, et conservé d’autre. Certaines même, étaient de celles que l’on met de côté…quelques temps, sans savoir si un jour on les retrouvera, sans même en être vraiment concerné, et qui, lorsqu’elles réapparaissent, vous illumine d’un sourire ravie.
Et si jamais elle se sentait trahis, blessée, ou dégradé. Aisément elle occultait. Tournant la page avec une surprenante facilité. Se confortant dans ses convictions, et préférant avancer d’un pas léger.

Avec Théos, elle n’avait jamais pu. Se détacher complétement. S’en défaire.
C’est comme si elle le sentait. Cette histoire n’avait pas sa fin.

Et aujourd’hui, la voilà qui ressurgissait. L’histoire.
Elle le retrouvait, un peu comme avant -Avant avant.
Ils s’étaient quelques fois croisés ou écrits, pour se donner des nouvelles, tentant de défaire quelques nœuds de cette grosse pelote de (l)haine. Les mailles étaient pourtant bien serrées, et pas certaines de se laisser défaire, mais, le temps avait aidé, et le fil s’amollissait.

Aujourd’hui, leur rapport allait bien. Ils avaient fermé un chapitre, pour en démarrer un autre, sans connaitre la suite, mais espérant qu’elle serait mieux. Et doucement, leur complicité refaisait surface, retrouvant tous ces repères qui existaient encore. Bien sûr, il manquait parfois des pièces au puzzle, et il fallait combler les vides, mais, le squelette était là, bien portant, et d’une solidité surprenante.

Chacun avait en sa possession quelques pièces bien précises qui dépendaient du bon fonctionnement du mécanisme, activant les rouages de l’amitié avec finesse. La confiance reprenait sa raison d’être, et les regrets disparaissaient avec les reproches, acceptant désormais le cours des choses.

Etrange aussi, ce nouveau départ qui s’esquissait sur un territoire connu. Un ancien début. Comme si il fallait reprendre l’histoire du début, la refaire, autrement. Faire table rase du passé et avancer de nouveau. C’était survenu un peu par hasard, mais un hasard qui se profile bien. Ils s’étaient retrouvés non loin l’un de l’autre, sans le savoir, et avaient bousculé la rencontre. Les retrouvailles. Ils s’étaient confiés leur vie, apprenant à être patient.
Il était donc temps, de ré-appréhender l’autre, dans sa complexe finissitude.

Le code retentissait. Bruits sourds et martelant qui raisonne dans cette chambre improvisée.
Heureusement, elle ne dormait pas. Aucun doute ainsi que le réveil embué ne nuise à sa compréhension. Pourtant… avec ce qu’elle venait d’entendre, elle aurait pu se poser des questions.
Confession inattendue… la cervelle qui cavale pour comprendre l’évidence.
Multitude de question qui lui brûle la langue. Mais pour l’heure, elle se retient, se contente de celles-ci :


Hum. Tu n’as pas l’air surpris…
Etait-ce quelque chose que tu attendais ? Quelque chose de prémédité ?
Que vas-tu faire ?
….
Qu’attends-tu de moi ?


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