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[RP] Fuyez pauvre fou !

Lison
- Grmmmpff

En cette belle journée automnale, le soleil réchauffait les cœurs. Les rues étaient inondées de personnes souhaitant encore bénéficier des rares restent de l’été avant les longs mois maussades et frais qui gentiment se laissaient deviner.
Ainsi, en ce jour de marché sur la place de Bordeaux, l’on pouvait lire la joie sur les visages et apprécier l’ambiance festive…

- Feuque

Chants, danses, cris des marchands et rires des enfants rythmaient cette journée qui gentiment se déroulait et qui s’annonçait prospère pour les marchands venus parfois de bien loin pour vendre denrées, tissus ou joyaux.
Seul, dans un coin, une gamine détonnait dans cette atmosphère de fête. Râlant, boudant, battant nerveusement le sol de son pied, elle offrait un sourire grimaçant à ses différents clients.


- D’la toux ? T’nez ! faites infuser ça dans un peu d’eau…
- Quoi ? C’est quoi ? Qu’est-ce que ça peut bien vous faire ! J’vous soigne, vous pouvez déjà être heureux ! Vous voulez pas qu’je vous revende mes secrets pendants que vous y êtes ! Hein ? Non !
- Ouai 2 écus le sachet !... Ouai merci !
- Tss… T’l’as vu cette vieille radoteuse Aristote… c’est pas d’un remède contre la toux qu’elle a besoin ! Faudrait une crème miracle pour la rendre sympathique.

- Miii


Aristote, chaton noir, fidèle compagnon.

- ‘tain mais sérieux ! moi réduite à soigner les petits toussotements des gueux du coin… M’avait promis de m’aider mon idiot de frère ! Même pas un écu ! Rien ! Mort il me serait plus utile au moins je pourrais hériter... Là, j’en suis réduite à faire les marchés pour bouffer.

Elle tapotait nerveusement du doigt la table, voulant faire bonne figure, elle avait laissé sa pipe à l’auberge. Elle regrettait !

- M’dame scusez d’vous déranger mais je…
- Quoi ? Toux ? Constipation ?
- Mais criez pas ça si fort…


Agacée elle lorgna méchamment le jeune homme qui se tenait maladroitement devant elle.
- 3 écus !
- Voilà et… euh… ce soir une fête est organisée et euh… enfin..
- Non mais sérieux… vous vous êtes regardés ! Vous me parlez de vos intestins et proposez un rancard ! Pitoyable ! Allez dégagez de ma vue…


Elle rit, le pauvre diable s’enfuit.

- PFffffff
_________________
Manonlapetite
    Bordeaux. La vie.

    Le coeur partagé entre deux villes - c’est toujours plus confortable qu’entre deux hommes il paraît - l’infidèle retrouvait la capitale avec un plaisir certain.

    L’éternelle voyageuse préparait - encore - ce qu’elle avait coutume d’appeler une de ses ‘ fugues ’ . Elle jouissait de sa liberté comme d’autres du pouvoir, allait où bon lui semblait, quand elle le voulait. Disparaissait sans plus donner de nouvelles, allait voir ailleurs si l’herbe y était plus verte et les pommes moins acides, puis revenait. Sans plus prévenir.
    La seule chaîne qu’elle avait accepté restait légère et ne l’attachait que par le coeur, sans lui donner aucunement l’impression d’étouffer. Il ne demandait rien. Jamais. Ni où elle allait. Ni avec qui. Ni pourquoi. Et elle ne Lui en était que plus reconnaissante.

    La brune se laissa happer par la foule sans grogner pour une fois. Inconnus ou pas, elle ne se laissait pas facilement approcher, elle n’aimait pas le contact des gens. Peu encline aux démonstrations affectueuses, elle passait pour sauvage et n’en avait cure.

    Les étals se succédaient. Déambulant entre les échoppes, la coquette enfouie en elle se détourna des marchands de rubans et pelletiers avec un soupir résigné. Pas cette fois. Elle devait voyager léger. Elle concéda quelques écus à l’achat de pain et de viande séchée, regarda quelques instants un montreur d’ours. L’animal se dandinait ridiculement au milieu des badauds hilares. Pour chasser cette image pathétique, elle tourna les talons.

    Il lui restait un dernier achat à faire.


    Miouuuuu!

    La voix du destin ou le cri affamé du hasard? Nul n’aurait pu dire.

    Une gamine du genre bourru faisait pendant au chaton malingre. Ce qui n’empêcha pas Manon de s’arrêter.


    “ Bonjorn! Vous avez quoi comme onguents?”

    Devant l’air inquisiteur de la gamine, Manon fut contrainte de préciser en baissant la voix

    “ Du genre qu’on mettrait sur une plaie d’arme blanche... Voyez? Il me faudrait aussi de quoi faire des emplâtres pour atténuer des contusions.”

    Comme si elle achetait de banales victuailles, la petite brune ajouta avec un sourire

    " Vous auriez ça? "
Lison
- Miouuuuu ! RRRRRrrrrRRRRRRRrrrRRRRRRrrrrr

Affalée sur un tabouret « emprunté » au laitier d’à côté, elle distribuait ses infusions comme l’on jette des miettes à des affamés, tout en rêvassant à ses graines de pavots, qui, d’ici quelques heures, lui apporteraient repos et détente... ou oubli ? Bienfaiteur.

Seule concession à un reste de douceur bien enfoui sous ses airs «je m’en foutiste» Aristote reposait sur ses genoux et se laissait dorloter par une main perdue derrière son oreille. Y avait pas à dire, elle avait beau relever le nez et affirmé haut et fort qu’elle s’attachait à rien et que pour rien au monde elle n’échangerait sa liberté contre un peu de compagnie… Bien malheureux serait celui qui prétendrait lui enlever son chat…

C’est ainsi qu’elle vit passer la journée et les clients, tous plus inintéressant les uns que les autres, car franchement «NON mais pour qui il se prend ce foutu frère qui délaisse lamentablement sa soi-disant sœurette adorée ! Obligée à se prostituer… presque… pour se payer une chambre» Par délaisser, soyons d’accord que le seul attrait de la famille tient en une simple bourse.

Elle songeait d’ailleurs à la prochaine lettre larmoyante qui sous peu partirait retrouver LE fameux frère :



« Mon frère,
J’ai la dure mission, en ce jour de t’annoncer, que ton valet qui, sans nul doute devait me porter ces quelques écus me permettant de faire tourner ma petite maisonnée, est un voleur !
Ta chère sœur, qui pense à toi constamment et qui chaque jour ne manque pas de prier pour la paix de ton âme… en est réduite à se prostituer au marché de Bordeaux pour survivre !
Oui survivre ! Car je sens la famine poindre et en ces jours bien froids, je ne sais si je pourrai encore longtemps avoir un toit pour m’abriter.
Ainsi… et ce en souvenir de notre enfance et pour l’amour, que, j’en suis certaine, tu me portes, je te prierai de bien vouloir me sauver de cette misère avant que tout mon honneur ne soit à jamais sali !
Quant à ton vaurien de valet je n’ai qu’un conseil : coupe lui la tête.

Ta sœur qui t’aime.

Elisabeth »


Lettre larmoyante à souhait, il ne pourrait refuser.

Et c’est, toute en posant, en pensée, la dernière touche bouleversante qu’une illustre inconnue eu l’audace de la ramener sur terre.

- …. Onguents ?
- Gne ?
- Du genre qu’on mettrait sur une plaie d’arme blanche... Voyez? Il me faudrait aussi de quoi faire des emplâtres pour atténuer des contusions.

Elle lorgna sa cliente. Elle n’avait pas l’air d’une guerrière, ni d’une brigande… sûrement encore une de ses saintes nitouche de nobliote qui souhaite connaître quelques sensations fortes et partent en « voyage »… Merci les préjugés.

C’est donc avec un air tout aussi avenant qu’à son habitude qu’elle poussa sans ménagement deux pots et d’une voix désabusée récita une leçon apprise par cœur :

- A gauche : à appliquer en premier. Ça peut piquer un peu : mélange d’alcool, ail et sureau… à droite : vous recouvrez la plaie avec cette mixture de miel et thym. Puis recouvrez le tout d’un tissu propre et serrez bien… après quelques jours la plaie aura cicatrisé. Si c’est pas le cas et qu’elle sent mauvais, ouvrez la avec un couteau cuit dans de l’eau chaude et recommencez.

Elle regarda la Dame, estima le prix qu’elle pouvait lui demander et annonça:
- 40 écus pour le tout
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Manonlapetite
Supportant l’examen de la gamine sans sourciller, la brune se saisit des deux pots les mirant à la lumière, avec l’air de celle qui sait, songeant en aparté

Cherche pas. Fais comme tout le monde, et fie-toi aux apparences... c’est très bien ainsi.

Eh non. Ni nonne ni brigande ^^ la Manon quoiqu’on en dise, bien que le second revienne plus souvent que le premier. Heureusement... Car elle trouvait ça bien plus drôle.

Toute à son observation, elle écoutait malgré tout d’une oreille attentive ce que la gamine racontait.
Couteau cuit dans de l’eau chaude? Elle espérait bien ne pas être amochée à ce point. Mais il suffit de peu parfois. Un pouce de lame en trop et c'en était fait, comme en témoignaient ses cicatrices, traces muettes de combats passés, qui étaient maintenant anciennes. L’étoile blanchâtre qu’elle portait sur les côtes était la dernière et avait été bien soignée. A moins qu’une main ne l’effleure, elle n’y songeait presque jamais.

C’est à l’annonce du prix, que le rire de la brune tinta. Le greffier dérangé fixa la cause de ce bruit de ses prunelles réprobatrices.


“ Tu doutes de rien toi! Bordeaux est rempli de notables fortunés, certes. Mais tu te trompes de pigeon, ma colombe. Et puis... C’est tout de même pas de la poudre d’or que je suis venue t’acheter! ”

Elle avait du culot la p'tite marchande, un trait de caractère qui plaisait d’emblée à Manon. On ne se refait pas .
Faisant mine de déjà porter son attention vers d’autres étals, celle-ci rajouta feignant le désintérêt le plus total.

" Tu ne voudrais pas me voir partir avec mes 40 écus, n’est ce pas? Fais un effort... Complète le lot et je te les donne. T’as quoi d’autre d’intéressant? Et me refile pas tes invendus hein..."

Pas son genre de marchander, mais là elle avait clairement l’impression de se faire flouer.
Et puis c’était pas tout ça, mais la route était longue encore. Et on ne lui tolérerait aucun retard.

Lison
Fallait évidemment tomber sur une coriace. Elisabeth n’essaya même pas de retenir une grimace quand sa cliente tenta de négocier. De ses doigts fins elle ramena contre elle les petits pots et esquissa un vague sourire forcé.
- C’est vous qui voyez mais m’est avis que vos autres choix ne sont que des arnaqueurs qui tenteront de vous refourguer de la graisse de cochon comme remède.

L’œil brillant elle fixa sa proie et ajouta.
- Vous savez certains en sont mort d’avoir dédaigné des conseils avisés pour soigner une plaie… une fois qu’le poison se repend dans le sang y a plus qu’à couper ou crever.

Faire peur, rien de tel pour que ce genre de femme en arrive à supplier voire même payer un supplément pour avoir le remède miracle qui n’abimerait pas leur corps tant chéri.

Elle détourna légèrement la tête et fit mine de ranger le tout dans sa sacoche. Elle était persuadée que sa tactique fonctionnerait, c’est qu’elle avait besoin de ces sous si elle voulait dormir au chaud cette nuit et le camping à la belle étoile ce était pas son genre à elle.
C’est donc avec un sourire narquois qu’elle sortit un petit sachet.
La chasse elle s’y connaissait et pour ferrer une proie fallait un appas. Or ce genre de femme elle savait ce qui les faisait baver en dehors du fantasme de la folle aventure… la promesse d’un amour éternel.

- Mais si vous rajoutez quelques écus j’ai encore mieux…. Une potion miracle…

Air mystérieux, elle se pencha et chuchota.
- Un filtre d’amour… effet garanti !

Evidemment il ne s’agissait que de quelques plantes aphrodisiaques. Il n’empêche dans certaines conditions…
- Pour 42 écus vous avez le tout ! Offre non négociable.. et croyez-moi, vous serez pas déçue.

Un sourire narquois et légèrement moqueur conclut ces paroles et sagement elle attendit, persuadée de la réussite de sa manœuvre !
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