Andrea_
[Dispensaire de Millau]
Je n'ai jamais pensé à la mort.
Simplement parce que je me pensais immortelle. Oh je savais bien qu'un jour la grande Faucheuse viendrait me trouver et m'enlèverait à tout jamais. Mais je n'y pensais pas.
A toujours agir comme quelqu'un de supérieur aux autres, on finit par le devenir.
Je n'ai jamais touché le sol, j'ai toujours volé haut, très haut. Parfois je me suis brûlée, mais au grand damne des autres, je finissais toujours par remonter, encore plus haut que la précédente fois, et, exécédés, les gens arrêtaient de me prévenir.
La dernière fois qu'on m'a sorti le discours habituel, le fameux " C'est ton orgeuil qui te perdra, tu es tellement sûre de toi que tu ne les verras pas arriver".
J'aurais dû y réfléchir, ou du moins écouter, ou.. ou je ne sais pas, mais faire autre chose que cet air condescendant et ce rire bête qui ont fait ma marque de fabrique.
J'ai passé ma vie à défier le destin. A foncer, tête baissée, parce que vous comprenez " je ne crains rien ni personne". C'est assez marrant quand on y pense, parce qu'en effet je ne les craignais pas, je ne craignais ni d'avoir mal, ni de perdre la vie, non, ni rien ni personne. Simplement parce que je ne pensais pas à l'après.
J'aurais aimé dire que je regrette, supplier le très haut de me ramener en bas en promettant de belles choses, telle que " la paix sur terre", "la mort pour tous les brigands", la " chasse aux sorcières", autant de choses que je refuserais de faire en tant normal, le temps normal, avant, quand tout allait bien...
Alors je me fais des idées, puisque maintenant j'ai le temps, même s'il serait ironique de dire que " j'ai la vie devant moi".
Si j'avais été noble, les coups auraient été moins douloureux ?
Si j'avais eu un mouchoir blanc à secouer, m'aurait-on évité?
Si j'avais eu les cheveux blonds, m'aurait-on épargné?
Si j'avais eu le mot " paix" tatoué sur le front, m'aurait-on laissé entière?
Et si j'avais été croyante, m'aurait-on gardé là haut ?
J'ai le temps, donc je pense à tout, d'ailleurs, c'est trop tard pour se mettre à croire ?
Ils étaient nombreux, trop nombreux. Ils étaient armés, pas plus que moi. La chance n'était pas avec moi il faut croire, il y aura eu des bruits de fer, des cris, des coups. Et un souffle...
Ironie du sort je ne suis pas tombée sur des gens comme moi...
J'ai toujours aimé me battre, toujours, seule ou à plusieurs, les combats, avec ou sans armes, équitables ou non. Il n'y avait aucun interet, comme la drogue n'a aucun interet pour quelqu'un qui n'y a jamais touché.
Je ne suis qu'une Colombe accroc. Accroc à l'adrénaline, la pire des drogues sûrement.
On m'avait dit que le plus important, même si l'on râtait sa vie, c'était de réussir sa mort.
Mais même ça, je n'ai pas du assez y penser.
Après plusieurs heures d'un sommeil sans rèves, je pense enfin. Je pense à eux, à lui, à elle.
Je ne suis pas morte.
Ils disent qu'après la vie vient la mort, et j'aimerais leur dire qu'entre les deux, il y a autre chose. Entre les deux, il y a moi.
Je ne suis désormais qu'un esprit vif dans un corps endormi.
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Je n'ai jamais pensé à la mort.
Simplement parce que je me pensais immortelle. Oh je savais bien qu'un jour la grande Faucheuse viendrait me trouver et m'enlèverait à tout jamais. Mais je n'y pensais pas.
A toujours agir comme quelqu'un de supérieur aux autres, on finit par le devenir.
Je n'ai jamais touché le sol, j'ai toujours volé haut, très haut. Parfois je me suis brûlée, mais au grand damne des autres, je finissais toujours par remonter, encore plus haut que la précédente fois, et, exécédés, les gens arrêtaient de me prévenir.
La dernière fois qu'on m'a sorti le discours habituel, le fameux " C'est ton orgeuil qui te perdra, tu es tellement sûre de toi que tu ne les verras pas arriver".
J'aurais dû y réfléchir, ou du moins écouter, ou.. ou je ne sais pas, mais faire autre chose que cet air condescendant et ce rire bête qui ont fait ma marque de fabrique.
J'ai passé ma vie à défier le destin. A foncer, tête baissée, parce que vous comprenez " je ne crains rien ni personne". C'est assez marrant quand on y pense, parce qu'en effet je ne les craignais pas, je ne craignais ni d'avoir mal, ni de perdre la vie, non, ni rien ni personne. Simplement parce que je ne pensais pas à l'après.
J'aurais aimé dire que je regrette, supplier le très haut de me ramener en bas en promettant de belles choses, telle que " la paix sur terre", "la mort pour tous les brigands", la " chasse aux sorcières", autant de choses que je refuserais de faire en tant normal, le temps normal, avant, quand tout allait bien...
Alors je me fais des idées, puisque maintenant j'ai le temps, même s'il serait ironique de dire que " j'ai la vie devant moi".
Si j'avais été noble, les coups auraient été moins douloureux ?
Si j'avais eu un mouchoir blanc à secouer, m'aurait-on évité?
Si j'avais eu les cheveux blonds, m'aurait-on épargné?
Si j'avais eu le mot " paix" tatoué sur le front, m'aurait-on laissé entière?
Et si j'avais été croyante, m'aurait-on gardé là haut ?
J'ai le temps, donc je pense à tout, d'ailleurs, c'est trop tard pour se mettre à croire ?
Ils étaient nombreux, trop nombreux. Ils étaient armés, pas plus que moi. La chance n'était pas avec moi il faut croire, il y aura eu des bruits de fer, des cris, des coups. Et un souffle...
Ironie du sort je ne suis pas tombée sur des gens comme moi...
J'ai toujours aimé me battre, toujours, seule ou à plusieurs, les combats, avec ou sans armes, équitables ou non. Il n'y avait aucun interet, comme la drogue n'a aucun interet pour quelqu'un qui n'y a jamais touché.
Je ne suis qu'une Colombe accroc. Accroc à l'adrénaline, la pire des drogues sûrement.
On m'avait dit que le plus important, même si l'on râtait sa vie, c'était de réussir sa mort.
Mais même ça, je n'ai pas du assez y penser.
Après plusieurs heures d'un sommeil sans rèves, je pense enfin. Je pense à eux, à lui, à elle.
Je ne suis pas morte.
Ils disent qu'après la vie vient la mort, et j'aimerais leur dire qu'entre les deux, il y a autre chose. Entre les deux, il y a moi.
Je ne suis désormais qu'un esprit vif dans un corps endormi.
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