Charlyelle
Lorsqu'elle était arrivée à Montpellier et qu'elle avait fait la connaissance d'Enzo, le Seigneur avait su lui indiquer quelques endroits à visiter. Si ces derniers jours avaient vu fleurir autour d'elle anciens amis et amie, la jeune femme n'en avait pour autant pas repris parole donnée.
Elle les avait regardé se mettre en route du haut des remparts de Montpellier. Car la belle brune, outre le fait d'être Dentellière adore arpenter les remparts. Noooon, n'allez pas la confondre avec ces coureuses de remparts surtout si vous ne voulez pas qu'elle vous lacère de la dentelle sur les joues ! Et oui, c'est qu'il y a une sacré différence entre une arpenteuse de remparts et une coureuse des mêmes lieux. Rien à voir. Absolument rien à voir.
Charlyelle leur avait donc fait des au revoir silencieux, et elle profitait du petit jour qui se levait doucement sur Montpellier. Elle ne l'avait encore jamais vu mais elle resta là longuement, le souffle coupé par la beauté des lieux et l'atmosphère de douceur qui s'en dégageait.
La fille du Vent et de la Mère qu'elle est, ne pouvait qu'apprécier un tel spectacle. Et l'étendue bleue qui se réflétait non loin sous ses yeux. Soupir qui lui échappe. Cela ne vient que trop lui rappeller ce que lui a avoué Ilug hier, dans le matin. Son père est en mer. Officiellement pour les Iles du Nord. Officieusement, elle a bien compris le sous entendu d'Ilug. Il se pourrait bien si la lubie lui en prend qu'il s'arrête dans quelques ports françoys. Oui mais Ilug a promis de ne pas donner le nom du lieu dans lequel ils se trouvent. Il a juste dit qu'ils étaient dans le Sud. Son paternel n'allait quand même pas écumer tous les ports du Sud pour lui tomber sur le paletot !
Autre soupir qui lui échappe alors que le gris velouté profond des perles lunées se posent sur les champs plus au Nord. Un fin sourire se joue alors sur les lèvres de mûres.
Elle sait à quoi occuper sa journée.
C'est d'un bon pas qu'elle s'en retourne à sa roulotte et qu'elle se change. La malle de bois ouvragé est ouverte. C'est là qu'elle cache férocement tous les trésors de son passé. Ce qui cache ce qu'elle est réellement. Elle en sort un mantel fait de gris et de blanc. Ceinturé et sanglé de cartouchières en argent qui rappellent l'uniforme que portent les hommes de son père. Des bottes à revers sont enfilées sur un pantalon aussi grisé que son mantel n'y est assorti. Et ses longues boucles brunes sont emprisonnées dans un bonnet de fourrure en renard blanc.
L'allure de la jeune femme n'a plus rien à voir avec celle qu'elle laisse apparaitre au quotidien. Intrépide, altière, c'est la Pallikare qui est de sortie en cette matinée. Cavalière émérite, elle a la sale manie de monter à califourchon. Mais ici peu lui chaud, elle se moque pas mal du qu'en dira t'on. Puis dans sa tenue de haut vol, seuls ses proches ou les sujets de son père pourraient savoir qu'il s'agit d'elle. Et ici le seul proche qu'elle ait c'est Ilug. Depuis qu'elle est sur les lieux, elle n'a rencontré qu'une seule et unique personne qui semblait connaitre son paternel. Un voyageur. Un homme de la mer. Forcément, mieux vaut l'être pour connaitre le paternel.
Nouveau soupir qui s'échappe de la gorge finement recouverte par le col de son mantel. Oublier jusqu'à l'existence de l'engeance qui a oeuvré à lui donner la vie.
C'est découverte de la lavande ce jour ! La druidesse a des envies de naturel. Des envies de lavande et pas de lavandin. C'est pour cela que c'est dans la direction des rocheuses qu'elle s'en ait pris la direction. Elle s'imagine déjà en parfumer son bain, ou son linge. Faire avec la précieuse plante arômatique et médicinale, des baumes et onguents aux vertus cicatrisantes. Elle va pouvoir la distiller pour en extraire une huile divinement parfumée et concentrée. Et faire du miel. Oui du miel de Lavande !
Elle va avoir de quoi occuper son automne et son hiver la Dentellière. Peut-être devra t'elle s'absenter si son amant la réclame auprès de lui mais ils sont loin de l'autre, et ne savent nullement de quoi sont fait leur quotidien. A tel point qu'il doit encore la penser à courir les routes en suivant son hydrique compagnie. Elle ne lui a pas écrit ni donné de nouvelles depuis leur dernière rencontre parisienne et il en est de même pour lui. Peut-être devrait-elle penser à le faire ces prochains jours, dans le calme de ses nuits. Dans l'immédiat, elle galope dans la campagne. Son destrier est bouillonnant et fougueux. C'est ainsi qu'elle aime ses montures. C'est de famille, c'est dans les gènes. Les aides de camp de son père ne sont jamais parvenus à la suivre lorsqu'elle partait dans des folles chevauchées pour la journée. Elle prenait toujours un malin plaisir à les semer et ce n'était qu'habitude de les voir déclarer forfait devant le paternel qui poussait alors des gueulantes dignes de lui. D'ailleurs, ce sont eux qui avaient fichu l'idée en tête à son père de la marier. Oui, ils pensaient que ce serait moins dangereux pour eux d'avoir affaire au mari potentiel qu'à la jeune femme. Car chez eux, nulle femme ne monte sur le trône. C'est le mari qui tient les rênes jusqu'à ce que L'Héritier soit né et en âge lui de prendre le pays en main. Puis il se disait d'elle qu'elle était trop compliquée et imprévisible. La preuve, elle refusait d'entendre raison et s'était durant plusieurs années balader avec une troupe de brigands. Si son amant ignorait qu'elle avait quitté L'Hydre, son père lui en avait été informé pratiquement séance tenante. Ilug !! Elle l'adorait autant qu'elle pouvait parfois le détester. Mais Charlyelle n'y avait pas été de main morte avec les prétendants de son père. Aucuns d'ailleurs ne parlait sa langue à elle, n'oublions pas qu'elle n' a pas été élevée sur les terres paternelles mais sur celles de sa mère, en Ecosse. Les uns après les autres, dans ses missives vives et haineuses adressées au Paternel, elle les refuse. Elle se moque d'eux. Elle les renvoie en défiant son père, lui déclarant que son trône restera vide. Vide d'elle. Vide d'un époux. Vide de L'Héritier. Mais son père était coriace, et ne se laissait pas décourager bien au contraire.
Il en avait même pris la mer.
Défection !! Elle ne laisserait pas le piège se refermer sur elle. Et elle allait continuer de lui glisser telle une anguille entre les mains. Elle y était bien décidée la Sauvageonne celtique.
Perdue dans ses pensées, elle s'enfonçait plus à même dans le paysage. Maintenant, elle avait le sentiment de se trouver au bout du monde, face à un pic majestueux, entouré de forêts touffues. Une magnifique bergerie baignée de soleil levant sous un ciel bordé d'azur défilait sous ses brumes.
Régal de couleurs et de senteurs dans ce sinueux chemin bordé de vignes, de champs mauves et d'oliviers. Bientôt elle arrivera aux premières rocailles.
Sa balade n'est que l'apogée de son humeur du jour !
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Elle les avait regardé se mettre en route du haut des remparts de Montpellier. Car la belle brune, outre le fait d'être Dentellière adore arpenter les remparts. Noooon, n'allez pas la confondre avec ces coureuses de remparts surtout si vous ne voulez pas qu'elle vous lacère de la dentelle sur les joues ! Et oui, c'est qu'il y a une sacré différence entre une arpenteuse de remparts et une coureuse des mêmes lieux. Rien à voir. Absolument rien à voir.
Charlyelle leur avait donc fait des au revoir silencieux, et elle profitait du petit jour qui se levait doucement sur Montpellier. Elle ne l'avait encore jamais vu mais elle resta là longuement, le souffle coupé par la beauté des lieux et l'atmosphère de douceur qui s'en dégageait.
La fille du Vent et de la Mère qu'elle est, ne pouvait qu'apprécier un tel spectacle. Et l'étendue bleue qui se réflétait non loin sous ses yeux. Soupir qui lui échappe. Cela ne vient que trop lui rappeller ce que lui a avoué Ilug hier, dans le matin. Son père est en mer. Officiellement pour les Iles du Nord. Officieusement, elle a bien compris le sous entendu d'Ilug. Il se pourrait bien si la lubie lui en prend qu'il s'arrête dans quelques ports françoys. Oui mais Ilug a promis de ne pas donner le nom du lieu dans lequel ils se trouvent. Il a juste dit qu'ils étaient dans le Sud. Son paternel n'allait quand même pas écumer tous les ports du Sud pour lui tomber sur le paletot !
Autre soupir qui lui échappe alors que le gris velouté profond des perles lunées se posent sur les champs plus au Nord. Un fin sourire se joue alors sur les lèvres de mûres.
Elle sait à quoi occuper sa journée.
C'est d'un bon pas qu'elle s'en retourne à sa roulotte et qu'elle se change. La malle de bois ouvragé est ouverte. C'est là qu'elle cache férocement tous les trésors de son passé. Ce qui cache ce qu'elle est réellement. Elle en sort un mantel fait de gris et de blanc. Ceinturé et sanglé de cartouchières en argent qui rappellent l'uniforme que portent les hommes de son père. Des bottes à revers sont enfilées sur un pantalon aussi grisé que son mantel n'y est assorti. Et ses longues boucles brunes sont emprisonnées dans un bonnet de fourrure en renard blanc.
L'allure de la jeune femme n'a plus rien à voir avec celle qu'elle laisse apparaitre au quotidien. Intrépide, altière, c'est la Pallikare qui est de sortie en cette matinée. Cavalière émérite, elle a la sale manie de monter à califourchon. Mais ici peu lui chaud, elle se moque pas mal du qu'en dira t'on. Puis dans sa tenue de haut vol, seuls ses proches ou les sujets de son père pourraient savoir qu'il s'agit d'elle. Et ici le seul proche qu'elle ait c'est Ilug. Depuis qu'elle est sur les lieux, elle n'a rencontré qu'une seule et unique personne qui semblait connaitre son paternel. Un voyageur. Un homme de la mer. Forcément, mieux vaut l'être pour connaitre le paternel.
Nouveau soupir qui s'échappe de la gorge finement recouverte par le col de son mantel. Oublier jusqu'à l'existence de l'engeance qui a oeuvré à lui donner la vie.
C'est découverte de la lavande ce jour ! La druidesse a des envies de naturel. Des envies de lavande et pas de lavandin. C'est pour cela que c'est dans la direction des rocheuses qu'elle s'en ait pris la direction. Elle s'imagine déjà en parfumer son bain, ou son linge. Faire avec la précieuse plante arômatique et médicinale, des baumes et onguents aux vertus cicatrisantes. Elle va pouvoir la distiller pour en extraire une huile divinement parfumée et concentrée. Et faire du miel. Oui du miel de Lavande !
Elle va avoir de quoi occuper son automne et son hiver la Dentellière. Peut-être devra t'elle s'absenter si son amant la réclame auprès de lui mais ils sont loin de l'autre, et ne savent nullement de quoi sont fait leur quotidien. A tel point qu'il doit encore la penser à courir les routes en suivant son hydrique compagnie. Elle ne lui a pas écrit ni donné de nouvelles depuis leur dernière rencontre parisienne et il en est de même pour lui. Peut-être devrait-elle penser à le faire ces prochains jours, dans le calme de ses nuits. Dans l'immédiat, elle galope dans la campagne. Son destrier est bouillonnant et fougueux. C'est ainsi qu'elle aime ses montures. C'est de famille, c'est dans les gènes. Les aides de camp de son père ne sont jamais parvenus à la suivre lorsqu'elle partait dans des folles chevauchées pour la journée. Elle prenait toujours un malin plaisir à les semer et ce n'était qu'habitude de les voir déclarer forfait devant le paternel qui poussait alors des gueulantes dignes de lui. D'ailleurs, ce sont eux qui avaient fichu l'idée en tête à son père de la marier. Oui, ils pensaient que ce serait moins dangereux pour eux d'avoir affaire au mari potentiel qu'à la jeune femme. Car chez eux, nulle femme ne monte sur le trône. C'est le mari qui tient les rênes jusqu'à ce que L'Héritier soit né et en âge lui de prendre le pays en main. Puis il se disait d'elle qu'elle était trop compliquée et imprévisible. La preuve, elle refusait d'entendre raison et s'était durant plusieurs années balader avec une troupe de brigands. Si son amant ignorait qu'elle avait quitté L'Hydre, son père lui en avait été informé pratiquement séance tenante. Ilug !! Elle l'adorait autant qu'elle pouvait parfois le détester. Mais Charlyelle n'y avait pas été de main morte avec les prétendants de son père. Aucuns d'ailleurs ne parlait sa langue à elle, n'oublions pas qu'elle n' a pas été élevée sur les terres paternelles mais sur celles de sa mère, en Ecosse. Les uns après les autres, dans ses missives vives et haineuses adressées au Paternel, elle les refuse. Elle se moque d'eux. Elle les renvoie en défiant son père, lui déclarant que son trône restera vide. Vide d'elle. Vide d'un époux. Vide de L'Héritier. Mais son père était coriace, et ne se laissait pas décourager bien au contraire.
Il en avait même pris la mer.
Défection !! Elle ne laisserait pas le piège se refermer sur elle. Et elle allait continuer de lui glisser telle une anguille entre les mains. Elle y était bien décidée la Sauvageonne celtique.
Perdue dans ses pensées, elle s'enfonçait plus à même dans le paysage. Maintenant, elle avait le sentiment de se trouver au bout du monde, face à un pic majestueux, entouré de forêts touffues. Une magnifique bergerie baignée de soleil levant sous un ciel bordé d'azur défilait sous ses brumes.
Régal de couleurs et de senteurs dans ce sinueux chemin bordé de vignes, de champs mauves et d'oliviers. Bientôt elle arrivera aux premières rocailles.
Sa balade n'est que l'apogée de son humeur du jour !
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