Xanthy
Les caramels se firent joyeux, emportés, brillants. Elle écoutait, respirait avec lui, et en même temps, revoyait son père, à qui il ne ressemblait point, maître artisan tisserand, lui narrant ses voyages. Elle s'imaginait à son bras, visitant les musées, rencontrant les artistes puis s'affairant dans sa boutique cherchant l'inspiration.
Un froid tout à coup la prit. Le compliment était flatteur mais pourquoi vouloir à tout prix la marier. Alors qu'il disait ce qu'elle n'aurait et ne voudrait jamais subir, regretter un jour d'avoir fil à la patte.
Son sourire changea et les prunelles de la jeune femme se troublèrent. Elle prit son temps, ne pas lui dire tout de go qu'elle ne voulait point de mariage qui la verrait devenir mère d'enfants qui à peine nés lui serait retirés par la peste ou quelques diarrhées.
Je vous répondrai, messire, qu'avoir tous les hommes à mes pieds ne m'intéresse pas. Je n'en veux qu'un seul que je n'ai pas encore trouvé.
Elle se penche vers lui, l'il espiègle, murmure comme un secret : je ne le cherche pas non plus.
Et puis vous l'avez dit vous-même, si c'est pour se retrouver avec un mari qui vous trompe et vous oublie, pourquoi donc se marier ?
Elle finit de boire son gobelet, le pose doucement et continue :
Et mes amis sont formels et d'accord sur un point, l'homme que je désire, n'existe pas.
Alors, .................... je préfère m'amuser.
Voilà, c'est dit. L'avait-elle choqué ? Allait-il quitter la table, pensant avoir à faire à une gourgandine, une catin, une débauchée ?
Elle ne baissa pas les yeux, le fixant même alors qu'elle reprenait son gobelet, le lui tendait à remplir.