Matalena
Le poing replié, accolé au bois de la porte.
Deux jours déjà que les voyageurs avait pu poser leurs respectifs et plus ou moins respectables séants icelieu. Considérant que les d'Assay recevaient aussi peu de visites que nones recluses en vux de silence, ce débarquement d'inconnus n'avaient pas manqué susciter la curiosité maladive des mouflets. Coulant des regards sous leurs cils ("On ne dévisage pas les gens ! Vous voulez une baffe pour apprendre les bonnes manières ?!"), les questionnements et missions d'espionnage allaient bon train. A l'exception d'un petit merle chanteur, qui ne chantaient plus guère ces jours derniers, et se faisait même plutôt discret.
On ne berne pas un enfant, instinctivement si ce n'est intellectuellement. L'arrivée providentielle de ces personnes après les différentes explications sur une prochaine rencontre avec sa mère n'était point un lien difficile à formuler... Et avec elle, une volonté de savoir, rencontrer enfin cette inconnue dont on lui parlait tant.
"Pourquoi tu ne vis pas auprès de tes parents ? Et bien, parce qu'ils sont dans une situation complexe, vois-tu. Il leur faut du temps pour décider de la meilleure façon de t'élever. En attendant ta mère t'a confié à moi parce qu'elle me fait confiance, qu'elle sait que je ferais de mon mieux pour te donner une bonne éducation, et beaucoup d'amour. Elle me demande de tes nouvelles tu sais ? Elle viendra te voir, un jour, bientôt. A ce moment là, tu partiras vivre dans un plus grand domaine, avec plus de serviteurs. Ta mère est très titrée, comme je te l'ai appris, et mariée avec un monsieur très noble lui aussi."
La jeune femme soupira intérieurement, serrant dans ses doigts durs et froids la petite main potelée de l'enfant.
"Bien sur que si, tu pourras revenir nous voir. Nous en parlerons avec Maleus, mais il est également possible que nous venions te rendre visite de temps en temps, quand nous n'aurons pas trop de travail. Tu sais, je suis vassale de ta mère, ça veut dire que nous sommes liées, que nous avons des devoirs l'une envers l'autre, que nous nous sommes engagées devant Deos. Oui, un peu comme un mariage. Alors on ne sera jamais vraiment séparés."
Elle ne pouvait nier une certaine peur. Une boule froide dans ses tripes qu'elle tentait de réprimer au mieux, se sentant coupable d'un tel sentiment. Mais qu'y faire ? Cela passerait. Pour l'instant, il importait que l'enfant ne perçoive rien qu'une présence apaisante à ses côtés. Ses doutes, le sentiment de déchirement qui lui étreignait le cur, tout cela ne devait pas être. En penchant la tête, elle le baisa sereinement sur la joue.
"Non. Je suis sure que nous t'avons élevé ainsi qu'elle l'aurait voulu, alors sois comme d'habitude et tout ira bien. Mais si, elle t'aimera... Elle t'aime déjà tu sais, même sans te voir. Tu vas lui plaire, et elle aussi te plaira, il vous faut juste apprendre à vous connaitre."
La réformée appliqua quelques coups sur la porte afin de signaler leur présence. Il lui paraissait percevoir l'angoisse d'Agnès, coulant de son siège sur le parquet, et du parquet sous la porte, jusqu'à remonter le long des jambes de sa vassale. Elle replaça les quelques boucles qui ombrageaient le front du garçonnet, dégageant ses yeux d'ambre chaud grands ouverts.
Il y avait eut des hauts, des bas. Préparé à cet instant depuis toujours, la réalité soudaine de ce qui n'avait jusque là été que mots avait suscité des réactions imprévisibles, joie, peine, cris, enthousiasme mêlés, s'alternant au gré des humeurs instables du petit. Morrigan avait pleuré, cachée dans les tours, Aëronn froncé les sourcils, bouche pincée. Mais le temps fait prouesse sur les jeunes esprits, elle n'en doutait pas.
Se balançant d'une jambe sur l'autre, le petit être semblait hésiter entre trépigner d'impatience et s'enfuir, aussi entrèrent-ils, mettant fin à l'abstrait.
Agnès ? Je vous ai apporté des confitures et des galettes, vous plairait-il que nous goutions ensemble ?
Elle sourit, la donzelle. Elle sourit et adresse un léger clin dil à son amie, celle dont elle partageait tant d'intimité, de moments capitaux, sans avoir besoin de les mettre en paroles.
* Scar, Le Roi Lion
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Deux jours déjà que les voyageurs avait pu poser leurs respectifs et plus ou moins respectables séants icelieu. Considérant que les d'Assay recevaient aussi peu de visites que nones recluses en vux de silence, ce débarquement d'inconnus n'avaient pas manqué susciter la curiosité maladive des mouflets. Coulant des regards sous leurs cils ("On ne dévisage pas les gens ! Vous voulez une baffe pour apprendre les bonnes manières ?!"), les questionnements et missions d'espionnage allaient bon train. A l'exception d'un petit merle chanteur, qui ne chantaient plus guère ces jours derniers, et se faisait même plutôt discret.
On ne berne pas un enfant, instinctivement si ce n'est intellectuellement. L'arrivée providentielle de ces personnes après les différentes explications sur une prochaine rencontre avec sa mère n'était point un lien difficile à formuler... Et avec elle, une volonté de savoir, rencontrer enfin cette inconnue dont on lui parlait tant.
"Pourquoi tu ne vis pas auprès de tes parents ? Et bien, parce qu'ils sont dans une situation complexe, vois-tu. Il leur faut du temps pour décider de la meilleure façon de t'élever. En attendant ta mère t'a confié à moi parce qu'elle me fait confiance, qu'elle sait que je ferais de mon mieux pour te donner une bonne éducation, et beaucoup d'amour. Elle me demande de tes nouvelles tu sais ? Elle viendra te voir, un jour, bientôt. A ce moment là, tu partiras vivre dans un plus grand domaine, avec plus de serviteurs. Ta mère est très titrée, comme je te l'ai appris, et mariée avec un monsieur très noble lui aussi."
La jeune femme soupira intérieurement, serrant dans ses doigts durs et froids la petite main potelée de l'enfant.
"Bien sur que si, tu pourras revenir nous voir. Nous en parlerons avec Maleus, mais il est également possible que nous venions te rendre visite de temps en temps, quand nous n'aurons pas trop de travail. Tu sais, je suis vassale de ta mère, ça veut dire que nous sommes liées, que nous avons des devoirs l'une envers l'autre, que nous nous sommes engagées devant Deos. Oui, un peu comme un mariage. Alors on ne sera jamais vraiment séparés."
Elle ne pouvait nier une certaine peur. Une boule froide dans ses tripes qu'elle tentait de réprimer au mieux, se sentant coupable d'un tel sentiment. Mais qu'y faire ? Cela passerait. Pour l'instant, il importait que l'enfant ne perçoive rien qu'une présence apaisante à ses côtés. Ses doutes, le sentiment de déchirement qui lui étreignait le cur, tout cela ne devait pas être. En penchant la tête, elle le baisa sereinement sur la joue.
"Non. Je suis sure que nous t'avons élevé ainsi qu'elle l'aurait voulu, alors sois comme d'habitude et tout ira bien. Mais si, elle t'aimera... Elle t'aime déjà tu sais, même sans te voir. Tu vas lui plaire, et elle aussi te plaira, il vous faut juste apprendre à vous connaitre."
La réformée appliqua quelques coups sur la porte afin de signaler leur présence. Il lui paraissait percevoir l'angoisse d'Agnès, coulant de son siège sur le parquet, et du parquet sous la porte, jusqu'à remonter le long des jambes de sa vassale. Elle replaça les quelques boucles qui ombrageaient le front du garçonnet, dégageant ses yeux d'ambre chaud grands ouverts.
Il y avait eut des hauts, des bas. Préparé à cet instant depuis toujours, la réalité soudaine de ce qui n'avait jusque là été que mots avait suscité des réactions imprévisibles, joie, peine, cris, enthousiasme mêlés, s'alternant au gré des humeurs instables du petit. Morrigan avait pleuré, cachée dans les tours, Aëronn froncé les sourcils, bouche pincée. Mais le temps fait prouesse sur les jeunes esprits, elle n'en doutait pas.
Se balançant d'une jambe sur l'autre, le petit être semblait hésiter entre trépigner d'impatience et s'enfuir, aussi entrèrent-ils, mettant fin à l'abstrait.
Agnès ? Je vous ai apporté des confitures et des galettes, vous plairait-il que nous goutions ensemble ?
Elle sourit, la donzelle. Elle sourit et adresse un léger clin dil à son amie, celle dont elle partageait tant d'intimité, de moments capitaux, sans avoir besoin de les mettre en paroles.
* Scar, Le Roi Lion
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